Jean MOULIN (1899 -1943)

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Jean MOULIN (1899 -1943)
ÉTUDE
Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers dans une famille républicaine et catholique de petits
notables de province. Sa jeunesse se passe tranquillement. Après la Grande guerre, à laquelle il ne
participe pas, il est diplômé en droit et s’engage dans une carrière administrative. C’est alors un jeune
homme classique, habillé toujours correctement, réservé et au physique banal. Sa taille est moyenne,
1,70 mètre, ses cheveux sont bruns, ses yeux marrons et aucun signe particulier n’est à signaler. Ses
supérieurs soulignent son intelligence et son esprit ouvert, ses qualités morales et sa force de caractère,
mais ses faibles talents oratoires. .Sous-préfet à partir de 1925, sa carrière connaît une accélération, à
partir d’octobre 1933, en liaison avec les portefeuilles ministériels de Pierre Cot. Au printemps 1938, il
réintègre la carrière préfectorale. C’est avec la guerre que Jean Moulin entre dans l’Histoire de France.
Tag(s) : Personnage, Patrimoine, Histoire
Date : 02/01/2007
J e a n
M o u l i n ,
r é s i s t a n t
Préfet de l’Eure-et-Loir depuis janvier 1939, il est passé à tabac par des officiers de la Wehrmacht le 17 juin 1940 qui le
pressent à signer un texte déshonorant, ce qu’il refuse. Il tente alor de se suicider en se tranchant la gorge. Le port de
l’écharpe a pour vocation à cacher cette cicatrice. Rétabli, il s’efforce de remettre son département en état de marche
dans une France occupée. Il est démis de ses fonctions par Vichy le 2 novembre 1940. Redevenu simple citoyen, il a
une nouvelle identité, celle de Joseph-Jean Mercier qu’il va utiliser pour se rendre à Lisbonne le 12 septembre 1941, puis
à Londres le 20 octobre 1941. Il se range aux côtés du général de Gaulle*. Il est parachuté en France le 2 janvier 1942.
Sa mission, qui va durer dix- huit mois, a pour but de tisser des liens entre la France libre et les mouvements de
résistance de la zone Sud. Le débarquement américain en Afrique du nord en novembre 1942, et l’occupation de la zone
sud par l’Allemagne changent la donne et compliquent la mission confiée à Jean Moulin, alias Régis, alias Rex, alias
Max. En effet, les partis politiques cherchent à retrouver une place dans la France combattante et les Alliés
reconnaissent l’autorité de Giraud en Afrique du Nord. C’est à Lyon le 14 décembre 1942 qu’il se rallie au projet de
Conseil de la Résistance. Il passe de nouveau à Lyon début février 1943 pour y rencontrer Brossolette. Lorsqu’il retourne
à Londres le 14 février 1943, il est fait compagnon de la Libération, représentant du Général pur toute la France et
président du Conseil de la Résistance regroupant les huit mouvements de résistance des deux zones, six partis
politiques et deux syndicats. Lors de son retour en France le 20 mars 1943, il est considéré, dans un contexte de rivalités
résistantes, comme l’homme du Général et subit de nombreuses critiques des dirigeants de la zone sud, Frenay en tête.
C’est
le
27
mai
qu’il
préside
le
premier
Conseil
national
de
la
Résistance.
L y o n ,
2 1
j u i n
1 9 4 3
Lyon, pour Jean Moulin, est une ville carrefour où il est possible de rencontrer d’autres résistants. Jusqu’en novembre
1942, cette ville est située dans la zone dite libre, ce qui lui a permis d’être un vivier de la Résistance, en particulier des
grands réseaux, tels Combat, Libération sud ou Franc-Tireur, mais aussi de petites organisations, tel le Coq enchaîné. A
Lyon, grande ville où il assez facile de se cacher, se tissent les réseaux de résistance, se croisent les combattants de
l’ombre, se négocient les ralliements et les alliances. C’est bien pour cela que la Gestapo et la Milice surveillent, arrêtent,
torturent, font suivre ceux et cellesqu’elles suspectent de résistance. Dans la biographie de Jean Moulin Lyon n’apparaît
que comme une étape terminale. C’est en effet à Lyon, au fort Montluc, que Jean Moulin est torturé par Klaus Barbie
après son arrestation à Caluire, dans la maison du docteur Dugoujon, le 21 juin 1943. Il ne meurt pas à Montluc, mais en
quittant cette ville, son état de faiblesse est tel qu’il ne survit que quelques jours. Si la date officielle de son décès est le 8
juillet à Metz à la suite d’un arrêt cardiaque, il meurt vraisemblablement lors de son transfert vers l’Allemagne.
Dans la vie du quadragénaire Jean Moulin, Lyon s’inscrit donc comme une fin prématurée, mais une fin digne d’une
tragédie à l’antique. En effet, Max est mort sans parler, sublimant pas sa mort courageuse son engagement résistant
auprès du général de Gaulle, engagement ayant pour ambition de libérer la patrie en danger et de laver l’honneur perdu
de la France en juin 1940, lui qui, en tant quepréfet de l’Eure-et-Loir avait connu alors le déshonneur.
Quels liens existe-t-il entre Jean Moulin et Lyon ? Lyon n’a été qu’un lieu de torture pour Jean Moulin, ce qui n’est pas
très glorifiant pour cette ville. De plus, ce n’est pas à Lyon, mais dans un train en partance pour l’Allemagne qu’il est
mort. L’historien a beau chercher, Lyon n’est qu’une halte sur le chemin de croix de Jean Moulin ! Cependant, c’est bien
à Jean Moulin, fédérateur de la résistance intérieure, que le général de Gaulle rend hommage quand il déclare Lyon
capitale de la Résistance lors de son discours du 14 septembre 1944 à Lyon.
Jean
Moulin
ou
la
Résistance
en
personne
Le passage par Montluc appartient aux moments douloureux de notre histoire nationale, mais nombreux sont les
résistants
à
être
morts
avant
et
après
lui
dans
des
actions
de
résistance.
Pourquoi avoir fait de Jean Moulin le héros éponyme de la Résistance, surtout que les critiques à son égard sont
nombreuses en 1943 ? Certes, Jean Moulin n’est pas un résistant ordinaire, puisqu’il est le premier président du Conseil
national de la résistance (C. N. R.), artisan de l’unification des mouvements de résistance. Il est surtout l’homme du
général de Gaulle, celui grâce à qui la France a figuré aux côtés des Alliés. L’héroïsation de Jean Moulin date de sa
panthéonisation le 19 décembre 1964 avec un Malraux au verbe sublime qui fait de Jean Moulin le successeur des
Danton, Gambetta et Clémenceau. De Gaulle a choisi Jean Moulin parce qu’il fut son messager en un moment difficile
du gaullisme et qu’il est mort en martyr. Or, jusqu’à son transfert au Panthéon, Jean Moulin est presque un inconnu,
puisque l’urne funéraire du Père Lachaise, porte l’inscription suivante : « Inconnu incinéré le 9 juillet 1943, présumé Jean
Moulin ». Seule sa famille, sa soeur Laure en l’occurrence, sait que dans les cendres de cette urne dort un homme qui a
su dire « non ».
Depuis décembre 1964, l’histoire de France et la mémoire de la résistance associent Jean Moulin et Lyon. Si le premier
est le héros éponyme de la résistance, la seconde confirme ainsi le titre que de Gaulle lui avait décerné en 1944. De
l’union éphémère, on est passé à l’unionéternelle. Dans ce couple, c’est la mémoire qui, ici, a fait l’histoire !
B i b l i o g r a p h i e
:
Daniel
Cordier,
Jean
Moulin.
La
République
des
catacombes ,
Gallimard,
1999.
- Jean-Pierre Azéma, Jean Moulin, le rebelle, le politique, le résistant, Perrin, 2003.
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