voyage longue distance.
Pour autant, la croissance du tourisme urbain ne concerne pas tous les types de produits et toutes les régions du monde.
L’offre et la demande sont en constante évolution au niveau international. On observe tout d’abord une croissance très
forte de la demande asiatique, croissance qui reflète le boom économique de cette région. A contrario, la dynamique de
la demande est moins forte en Europe, du fait de la crise bien sûr mais aussi du vieillissement de la population. Du côté
de l’offre, on assiste à l’éclosion d’une multitude de nouvelles destinations, en Asie à nouveau, au Moyen-Orient, mais
aussi en Europe (notamment en Europe de l’Est) où de plus en plus de villes aspirent à devenir des destinations
touristiques. Bilbao ou encore Liverpool en sont des exemples emblématiques. Autrement dit, l’offre de destination
s’accroit à une vitesse accélérée, ce qui tend à exacerber la concurrence entre régions et au sein des régions.
Aujourd’hui, comment voyez-vous évoluer la concurrence entre métropoles au sein du marché européen ?
Les métropoles leaders restent globalement les mêmes, avec deux villes hors catégorie que sont Londres et Paris. Pour
le reste, il faut rester prudent sur les classements de villes. Ils dépendent des types de variables prises en compte. De
plus, chaque ville a son propre système d’observation des clientèles. Le champ d’observation le plus évident est celui de
la fréquentation hôtelière pour laquelle nous avons des données relativement homogènes. A cet égard, les travaux du
réseau European Cities Marketing (ECM) constituent une réelle avancée et apparaissent comme les plus solides
aujourd’hui pour comparer les métropoles européennes. Il faut cependant garder à l’esprit que l’approche par les nuitées
marchandes repose sur des données déclaratives et, surtout, laisse le plus souvent de côté les excursionnistes à la
journée, ou les séjours dans des hébergements « non marchands » (famille, amis mais aussi hébergements locatifs).
Autrement dit, les outils d’observation actuels ne mesurent qu’une partie des flux touristiques qui irriguent les villes.
D’une manière générale, nous manquons cruellement d’informations pour évaluer les retombées économiques du
tourisme sur les territoires. Le développement des outils d’observation de ces flux et de l’économie qu’ils génèrent
constitue à l’évidence un enjeu majeur pour mieux valoriser le tourisme et mieux positionner les villes les unes par
rapport aux autres.
Selon vous, en dehors de Paris, comment se situent les métropoles françaises sur la scène touristique
européenne ?
La spécificité des villes françaises est qu’elles ont aujourd’hui une visibilité plus faible que celles d’autres pays. On
pense notamment à des pays comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie qui disposent de plusieurs métropoles régionales
bien identifiées et qui sont en capacité de capter des flux touristiques importants. Le constat sur le manque de visibilité
est particulièrement notable sur le champ des offres numériques (packages, WE...). Pour autant, certaines villes
françaises ont fait des progrès sensibles ces dernières années et ont émergé sur la scène européenne. On peut citer par
exemple Nantes, Nice, Montpellier, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou encore Lille.
Les villes françaises n’accusent-elles pas un certain retard par rapport à d’autres métropoles européennes dans
la prise en compte des enjeux touristiques ?
D’une manière générale, il faut se rappeler que les villes ont longtemps été perçues comme des lieux de travail, comme
des lieux dissociés des lieux de loisirs. De même, le phénomène touristique a pu apparaitre comme noyé dans la vie
urbaine, passant plutôt inaperçu ou pouvant paraitre négligeable. Or, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Tout d’abord,
depuis plus de vingt ans, les villes européennes sont engagées dans de multiples démarches visant à améliorer la
qualité de vie urbaine. Une illustration de cette évolution est le lancement de travaux de restructuration et de valorisation
des centre-villes et de leur patrimoine. En France, Lyon et Bordeaux, mais aussi Lille, Nice, Toulouse, Rennes et
d’autres en sont de magnifiques exemples. L’économie touristique a pris appui sur cette préoccupation pour la qualité de
vie et s’est développée à partir de cette mise en valeur. Les villes ont en retour pris conscience qu’elles pouvaient être
agréables et attractives non seulement pour leurs habitants mais également pour une clientèle de loisirs. Aujourd’hui, on
assiste à un approfondissement de cette logique dans la mesure où les villes réalisent que leur attractivité économique
comme résidentielle dépend aussi de leur attractivité touristique. Il y a un effet cumulatif qui laisse à penser que l’intérêt
des villes pour le tourisme va s’amplifier à l’avenir.
Pour répondre à votre question, la prise de conscience de l’enjeu touristique a été effectivement plus tardive en France
que dans d’autres métropoles européennes. Toutefois, les choses sont en train d’évoluer rapidement. Nombre de villes
se sont emparées de la question touristique. Les élus prennent conscience que le tourisme constitue un enjeu de
premier plan non seulement en termes de retombées économiques mais aussi d’attractivité globale. Ils portent un
discours de plus en plus mobilisateur sur le sujet. La mobilisation de Metz suite à l’arrivée du Centre Pompidou est un
bon exemple de cela. Nantes est un autre exemple de volontarisme politique en faveur du tourisme. Sur un plan
opérationnel, les villes sont en train de renforcer les compétences de leur office de tourisme pour développer leur
attractivité touristique. Dans les grandes villes, les offices de tourisme tendent à devenir de véritables agences de
développement prenant en charge non seulement l’accueil des touristes mais également le développement et la
promotion de l’offre, voire l’exploitation d’équipements (musées, ...). Pour autant, on observe de grandes disparités au