Une forme rare de communication interauriculaire : C

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Une forme rare de communication interauriculaire :
quel serait votre diagnostic ?
● F. Bernard, F. Revel, I. Gandjbakhch, O. Helie, O. Guiraudet, J.P. Ollivier*
Observation
Mme C., âgée de 42 ans, est adressée en cardiologie pour l’exploration d’un souffle systolique. La patiente est asymptomatique. Ce souffle est connu depuis la petite enfance. L’auscultation cardiaque met en évidence un souffle holosystolique coté
3/6 maximal au foyer pulmonaire, associé à un dédoublement
de B2.
L’électrocardiogramme inscrit un rythme sinusal de 75 battements/minute avec un bloc de branche droit complet.
L’échocardiographie transthoracique met en évidence une communication interauriculaire (CIA) de type septal inférieur mesurée à 28 mm (figure 1). Les cavités droites sont dilatées, avec
une oreillette droite planimétrée à 20 cm2, une hypertension artérielle pulmonaire évaluée par une pression artérielle pulmonaire
à 50 mmHg et un rapport débit pulmonaire/débit aortique mesuré
à 2,5. L’échocardiographie cardiaque transœsophagienne précise
la topographie du shunt avec une CIA de type sinus venosus inférieur (figure 2).
Une IRM cardiaque est réalisée avant de confier la patiente au
chirurgien afin de rechercher une malformation veineuse associée (figures 3a, 3b, 3c).
Figure 2. Échocardiographie transœsophagienne : communication
interauriculaire de type sinus venosus inférieur.
Figure 1. Échocardiographie transthoracique : communication interauriculaire septale inférieure.
* Hôpital du Val-de-Grâce, service de cardiologie, 75005 Paris.
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Figure 3a. IRM cardiaque : communication interauriculaire. Ectasie
des cavités droites.
La Lettre du Cardiologue - n° 344 - avril 2001
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Figure 3b. IRM cardiaque : abouchement de la veine cave inférieure
dans l’oreillette droite.
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Figure 3c. IRM cardiaque : abouchement de la veine pulmonaire inférieure droite dans l’oreillette droite.
Réponse
L’IRM cardiaque retrouve une communication interauriculaire
(CIA) avec une large solution de continuité septale inféro-postérieure évaluée à 25 mm, avec abouchement de la veine cave inférieure dans l’oreillette gauche et abouchement de la veine pulmonaire inférieure droite dans l’oreillette droite.
La patiente bénéficie d’une chirurgie correctrice de cette CIA par
thoracotomie droite. Il est constaté en per-opératoire la malformation suivante :
✔ il existe un ostium secondaire de 3 cm sur 2 cm sans rebord
inférieur ;
✔ la veine cave inférieure est à cheval sur l’oreillette droite et
l’oreillette gauche ;
✔ la veine pulmonaire inférieure droite se jette dans l’oreillette
droite.
La correction chirurgicale consiste en la mise en place d’une pièce
en Dacron® fermant l’ostium secundum, dirigeant le sang de la
veine pulmonaire inférieure droite dans l’oreillette gauche et le
sang de la veine cave inférieure vers l’oreillette droite.
Commentaires
La patiente de cette observation présente donc une CIA basse de
type sinus venosus inférieur liée à une déhiscence de la partie
inférieure de la paroi musculaire séparant les veines pulmonaires
de l’oreillette droite, avec souvent retour veineux pulmonaire
droit du poumon droit dans l’oreillette droite, adjacente à l’abouchement de la veine cave inférieure dans l’oreillette droite (1).
La Lettre du Cardiologue - n° 344 - avril 2001
C’est une forme rare des CIA de type sinus venosus, celles-ci ne
représentant que 10 % du total des CIA. Le diagnostic anatomique précis préopératoire de cette cardiopathie congénitale complexe peut être pris en défaut par les techniques échographiques,
même transœsophagiennes. Ainsi, devant toute CIA devant être
opérée, et du fait de la fréquente association des anomalies du
retour veineux pulmonaire et de la veine cave, il semble licite de
réaliser une IRM cardiaque ou une échocardiographie tridimensionnelle (2, 3). En effet, la coexistence d’anomalies du retour
veineux pulmonaire et de la veine cave inférieure est une contreindication à la tentative de fermeture de la CIA par prothèse
d’abord percutané et représente une indication formelle de fermeture par voie chirurgicale. Chez la jeune fille et la femme, la
voie d’abord couramment utilisée est la thoracotomie antéro-latérale droite, la cicatrice étant rendue très peu visible par sa position dans le sillon sous-mammaire.
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É F É R E N C E S
B I B L I O G R A P H I Q U E S
1. Houvel L. Communications interauriculaires. Encycl Med Chir (Elsevier,
Paris), Cardiologie-Angéiologie, 11-041-K-20, 1996 ; 6 p.
2. Petit J. Communications interauriculaires. Cardiologie Pratique : Intégrale
n° 499, 999.
3. Plauth WM, Nugent EW, Schlant RC, Williams WH, Kirklin JW. Les cardiopathies congénitales. In : Le cœur. J.W. Hurst ed. Paris : Masson 1985 ; 624-804.
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