ACTUALITÉS RECHERCHE Vers de nouveaux médicaments à base de probiotiques ! Rédigé par

218 | La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue Vol. XIV - n° 5 - septembre-octobre 2011
ACTUALITÉS RECHERCHE Rédigé par
M. Chamaillard, Inserm U1019, CHRU de Lille
Vers de nouveaux médicaments
à base de probiotiques !
Une déconvenue fut de constater la très faible ef cacité des probiotiques, que ce soit en
termes de prévention ou en termes de traitement des maladies infl ammatoires chroniques
de l’intestin chez l’homme. Bien que plusieurs souches de probiotiques présentent des
propriétés anti-infl ammatoires in vitro ou chez la souris, une des limites à leur application
chez l’homme réside dans notre incompréhension de la nature même de leurs principes
actifs et de l’utilisation de souches vivantes en santé humaine. Une récente étude publiée
dans la revue Journal of Clinical Investigation vient de dévoiler l’un des mécanismes par
lesquels la souche Lactobacillus rhamnosus GG exerce son effet anti-infl ammatoire et
antiapoptotique chez la souris. Il s’agit de la protéine p40, dont la stimulation sur des
cellules épithéliales coliques suffi t à prévenir leur mort cellulaire induite par la réponse
infl ammatoire. La sévérité des ulcérations pour l’infi ltrat infl ammatoire et pour la destruction
de l’épithélium était signifi cativement atténuée après délivrance colique de la protéine
p40 recombinante dans 3 modèles expérimentaux de colite chez la souris. Également
effi cace pour prévenir la survenue de la colite chez la souris, le potentiel anti-infl amma-
toire de ce composé était dépendant de la fonctionnalité du récepteur au facteur de
croissance épithéliale.
Commentaire
Au-delà de l’originalité de ce mécanisme d’action
pour un probiotique, cette étude a permis d’iden-
tifier une nouvelle molécule à potentiel anti-
inflammatoire qui pourrait se substituer à des
micro-organismes vivants et ainsi optimiser les futurs
essais cliniques visant à valider leur ef cacité chez
l’homme. Dans la mesure où des antagonistes de
l’Epidermal Growth Factor Receptor (EGFR) semblent
être effi caces contre certains cancers, une attention
toute particulière devra également être portée à
l’innocuité de l’activation de l’EGFR par ces composés
chez les patients atteints de maladies infl ammatoires
chroniques de l’intestin pour lesquels le risque de
développer un cancer colorectal est doublé.
Référence bibliographique
Yan F, Cao H, Cover TL, Washington MK et al. Colon-specifi c
delivery of a probiotic-derived soluble protein ameliorates
intestinal infl ammation in mice through an EGFR-dependent
mechanism. J Clin Invest 2011 Jun 1;121(6):2242-53.
Vers une “fl ore du mal” dans le cancer colorectal !
La fl ore intestinale est composée d’innombrables micro-organismes très diversifi és dont
l’interaction avec la muqueuse intestinale joue un rôle bénéfi que en santé humaine.
L’instabilité dans la composition des communautés bactériennes intestinales, phénomène
communément appelé “dysbiose”, a été associée à des troubles intestinaux importants
chez l’homme, tels que le cancer colorectal, comme le soulignent 2 récentes études
publiées dans la revue PLoS ONE. La première étude menée par le centre MICALIS
à l’Inra de Jouy-en-Josas démontre un excès du groupe des Bacteroides/Prevotella
chez des patients atteints de cancer colorectal par comparaison avec les témoins, qui
semblent être lié à un excès de sécrétion de la cytokine pro-infl ammatoire IL-17 chez
ces patients. En complément de ces observations, une étude anglo-néerlandaise vient
de mettre en évidence des différences de fl ore au sein même du tissu tumoral par
comparaison avec les zones adjacentes non tumorales du même patient. À la surprise
des auteurs, a été constaté au niveau de ces prélèvements tumoraux un appauvrisse-
ment de souches potentiellement pathogéniques d’entérobactéries, telles Citrobacter,
Shigella et Salmonella spp. En revanche, un excès de souches productrices de butyrate,
comme certaines Coriobacteria, a été observé, ce qui pourrait représenter une possible
source énergétique pour les tumeurs de ces patients.
Commentaire
Aucun des traitements actuels ne permet de
guérir des maladies infl ammatoires chroniques
de l’intestin qui touchent plus de 4 millions d’indi-
vidus dans les pays industrialisés et émergents. À
la douleur, la fi èvre, la fatigue et les diarrhées qui
handicapent la qualité de vie de ces patients au
quotidien s’ajoute un risque de cancer colorectal
doublé ! Même si l’interprétation de ces 2 études
est limitée du fait du faible nombre de patients,
il reste désormais à analyser en quoi la dysbiose
associée au cancer colorectal se distingue de celle
observée chez les patients atteints à la fois de
maladies infl ammatoires chroniques de l’intestin
et de cancer colorectal.
Références bibliographiques
Sobhani I, Tap J, Roudot-Thoraval F et al. Microbial dys-
biosis in colorectal cancer (CRC) patients. PLoS One 2011
Jan 27;6(1):e16393.
Marchesi JR, Dutilh BE, Hall N et al. Towards the human
colorectal cancer microbiome. PLoS One 2011;6(5):e20447.
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