Sur les 10 745 oiseaux examinés à l’institut, la prévalence des affections oculaires est de 7,6%
en général : 26% chez les accipitriformes, 20% chez les strigiformes (chouettes, hiboux…) et
20% chez les falconiformes (faucons, aigles, buses…). Le fond d’œil est atteint dans 22% des
cas et bien plus souvent chez les rapaces sauvages (67%). Les oiseaux de fauconnerie
montrent des affections du segment postérieur dues Salmonella spp, Mycobacterium avium,
Toxoplasmose et à d’autres affections générales. Alors que 88% des affections du fond d’œil
chez les rapaces sauvages sont dues à des traumatismes. Le principal symptôme en est une
hémorragie vitréenne SANS lésions du segment antérieur de l’œil. L’examen du fond d’œil
est donc un geste indispensable devant un trouble du système nerveux central suite à un
traumatisme chez ces espèces sauvages. Une hémorragie au niveau de l’oreille est
généralement accompagnée d’hémorragie du fond d’œil et de trouble visuel. Rechercher aussi
les traces d’hématomes au niveau de la membrane nictitante et au niveau des narines.
Sur 12 000 oiseaux, plus de 32% d’oiseaux ayant subi un traumatisme présentaient une
hémorragie vitréenne provenant du pecten. La résorption de l’hémorragie peut prendre
plusieurs mois.
Contrairement aux espèces sauvages, la cécité n’est pas une indication pour l’euthanasie chez
les psittacinés et les oiseaux domestiques du moment que leur environnement en cage reste
stable.
L’œil est le principal organe des sens chez les oiseaux et il est hautement spécialisé selon les
conditions de vie. L’acuité visuelle est 2 à 8 fois plus élevée que chez les mammifères, le
champ visuel est de 360° ou plus, le spectre visuel est beaucoup plus large que chez l’homme
et s’étend de l’UV à l’infra rouge. Chez les oiseaux diurnes, la présence de cônes sensibles
aux ultra violets joue un rôle très important dans les communications inter et intra-spécifiques
basées sur la réflexion du plumage aux UV, sur la réflexion des UV sur la peau des fruits
murs, sur les phénomènes de camouflages, sur l’orientation etc ….
L’examen des oiseaux se fait comme pour les mammifères, sachant néanmoins que l’iris étant
un muscle strié, il est impossible d’obtenir une dilatation pupillaire avec nos produits
habituels. La d-tubocurarine, qui passe très peu la barrière cornéenne, doit être injectée
directement en chambre antérieure pour que l’effet mydriatique s’instaure avec tous les
risques que cela implique (hémorragies, passage systémique…). Une autre technique utilisée
est l’anesthésie par perfusion du sac aérien (APA) qui consiste en une perfusion rétrograde du
système des sac aériens avec un mélange isoflurane-N2O. Pour plus de détails sur cette
technique, me demander une copie du proceeding…
Quelques particularités du fond d’œil des oiseaux :
- Rétine avasculaire (anangiotique)
- Rétine sans fovea, ou avec une ou 2 fovea
- Cônes sensibles aux UV chez les oiseaux diurnes
- Présences de cônes et bâtonnets
- Pas de tapis
- Epithélium pigmenté très pigmenté chez les diurnes et très peu pigmenté chez les
nocturnes (vaisseaux choroïdiens visibles)
- Présence d’une structure très pigmentée, d’origine choroïdienne et faisant protrusion
dans le vitré : le PECTEN
- Papille presque invisible, recouverte en partie par le pecten et apparaissant comme une
ligne blanche à la base du pecten
- Aspects variables du pecten : conique, plissé en général
- Plus de 32 rôles supposés pour le pecten : rôle nutritif pour le vitré et la rétine.
Régulateur de température ou de pression. Il est irrigué par un seul vaisseaux
choroïdien.