Points forts
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 6 - juin 2014 | 203
»Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, responsable de plus de 30 % des décès
par cancer.
»
La consommation de tabac est associée, après un diagnostic de cancer, à une moins bonne réponse
au traitement, à un risque accru de second cancer primitif, à une aggravation des effets indésirables
destraitements et à une dégradation de la qualité de vie des patients.
»
Il est important de systématiser l'aide à l'arrêt du tabac dans le cadre de la prise en charge des patients
atteints de cancer.
»
L’implication des professionnels de la cancérologie dans la prévention du tabagisme ne s’arrête pas
aux interventions auprès de leurs patients. Ils ont la légitimité nécessaire, en raison du poids de ce facteur
dans la mortalité due au cancer, pour être de véritables porte-parole de la lutte contre le tabac.
Mots-clés
Tabac
Patients atteints
decancer
Arrêt du tabac
Professionnels
delasanté
Highlights
»
Tobacco is the leading
preventable cause of death
in France, responsible for over
30% of cancer deaths.
»
Tobacco use is associated,
after diagnosis of cancer, with
a poorer response to treatment,
an increased risk of second
primary cancers, a worsening
of side effects of therapy and
a degradation of the quality of
life of patients.
»
It is important to system-
atize the support of cessation
included in the care of cancer
patients.
»
The involvement of profes-
sionals in cancer prevention
of smoking does not stop at
an intervention with their
patients. They are legitimate,
by the weight that this factor
represents in cancer mortality,
to be true spokespersons in the
tobacco control.
Keywords
Smoking
Cancer survivors
Tobacco cessation
Health providers
souligne que l’arrêt du tabac représente un enjeu
pour l’ensemble des patients et pas seulement pour
ceux qui sont atteints d’un cancer dont l’étiologie
tabagique forte est bien établie (poumon, ORL).
Les patients atteints de cancer
sont demandeurs d’aide pour
modifi er leurs comportements
L’annonce du diagnostic d’un cancer apparaît, selon
la littérature anglo-saxonne, comme un élément clef
de la motivation pour l’arrêt du tabac chez un grand
nombre de patients. Près de 30 à 60 % des patients
arrêtent spontanément de fumer après le diagnostic
d’un cancer ou pendant les traitements. Et, parmi
ceux qui continuent à fumer, la plupart semblent
fréquemment désirer réduire ou arrêter leur consom-
mation et ressentent le besoin d’être aidés pour y
parvenir (12). Une synthèse bibliographique sur le
sujet montre que certains facteurs renforcent la moti-
vation du patient atteint de cancer, comme le fait
d’être atteint d’un cancer connu pour être principa-
lement lié au tabagisme (cancer du poumon ou ORL,
versus cancer du sein), la gravité de la maladie et la
lourdeur des traitements administrés (radiothérapie/
chimiothérapie versus chirurgie seule). Les périodes
d’hospitalisation ainsi que l’annonce du diagnostic
constituent des moments propices au renforcement
de la motivation du patient. Pourtant, le sevrage
tabagique est souvent perçu par les soignants comme
une privation inutile de l’un des seuls plaisirs qu’il
reste aux patients atteints de cancer. D’une façon
générale, on observe que l’importance que l’onco-
logue apporte aux messages de prévention est un
élément déterminant dans l’adhésion des patients
aux recommandations (11-13). Les patients atteints
de cancer peuvent être très différents vis-à-vis de leur
dépendance au tabac et de la représentation qu’ils
ont des effets du tabac sur leur santé. L’accompagne-
ment à l’arrêt peut ainsi aller de la délivrance d’un
simple message de sensibilisation à l’orientation
vers des spécialistes du sevrage. Ces derniers seront
à même d’adapter la prise en charge de l’arrêt du
tabac en fonction des spécifi cités de chaque patient,
en anticipant les possibles coaddictions, le risque de
dépression, les effets indésirables des traitements
anticancéreux, etc. (14). Le Plan cancer 2003-2007
a permis l’ouverture de nombreuses consultations de
tabacologie sur le territoire. Tous les départements
disposent depuis 2004 d’au moins une consultation
hospitalière de tabacologie.
Tableau I. Effets du tabagisme selon les traitements du cancer (11).
Chirurgie Radiothérapie Chimiothérapie
➤ Augmentation des complications
del’anesthésie générale
➤ Augmentation du risque
decomplications sévères pulmonaires
➤Effets délétères sur la cicatrisation :
– compromet la circulation sanguine
capillaire
–augmente la vasoconstriction
–augmente le risque d’infection
➤Réduit l’effi cacité des traitements
➤ Augmente la toxicité et les effets
indésirables :
–xérostomie
–perte du goût
–pneumonie
–nécrose des tissus mous et osseux
–mauvaise qualité de la voix
➤ Potentielle exacerbation des effets
indésirables, incluant :
–immunosuppression
–perte de poids
–fatigue
–toxicités cardiaque et pulmonaire
➤ Augmentation de l’incidence
desinfections
L’Institut national du cancer (INCa) est l’agence
sanitaire et scientifi que de l’État chargée de
coordonner les actions de lutte contre le cancer.
Créé par la loi de santé publique du 9 août
2004, il est placé sous la tutelle conjointe du
ministère des Affaires sociales et de la Santé
et du ministère de l’Éducation nationale, de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
L’INCa a pour ambition de jouer un rôle d’accé-
lérateur de progrès au service des personnes
malades, de leurs proches, des usagers du
système de santé, de la population générale, des
professionnels de la santé, des chercheurs, des
experts et des décideurs. Ses missions sont de :
➤
coordonner les actions de lutte contre le
cancer ;
➤
initier et soutenir des projets de
recherche et l’innovation médicale,
technologique et organisationnelle ;
➤
agir sur l’organisation des dépistages, des
soins et de la recherche ;
➤
produire des expertises sous forme de
recommandations nationales, de référentiels,
de rapports et d’avis ;
➤
produire, analyser et évaluer des données
dans tous les domaines de la cancérologie ;
➤
favoriser l’appropriation des connaissances
et des bonnes pratiques par les différents
publics.
Retrouvez les publications de l’INCa
sur
www.e-cancer.fr