La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVII - n° 4 - juillet-août 2012 | 145
ÉDITORIAL
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quipratiquaient le dépistage régulièrement (1/3 étaient dépistés au moins 1 fois
par an)[12]. Dans la continuité de ces études, des actions de prévention sur le terrain,
utilisant des TROD, ont été mises en place afin d’atteindre des personnes qui n’iraient
pas spontanément vers le dépistage ou une structure de soins.
En 2009, la HAS a également recommandé de dépister au moins 1 fois lapopulation
générale, hors notion de prise de risque. Proposer le dépistage à l’ensemble
delapopulation permet de rencontrer les personnes qui ne se considèrent pas
ou qui ne sont pas considérées comme étant à risque et celles qui échappent
audépistage ciblé. Une étude récente a évalué la capacité du système de soins à détecter
les personnes infectées par le VIH, et notamment les personnes à risque. Cette étude,
réalisée sur un millier de patients nouvellement diagnostiqués pour le VIH, montre
que 90 % d’entre eux voyaient un médecin généraliste au moins 1 fois par an avant
lediagnostic(14). Près de la moitié des participants étaient des HSH ; seuls 50 % d’entre
eux avaient mentionné être HSH à un médecin. Ce dernier, lorsqu’il connaissait
l’exposition au risque du patient, ne lui proposait un test qu’une fois sur deux.
End’autres termes, moins de 1patient HSH sur 4 était dépisté pour le VIH la première
fois qu’il rencontrait son médecin traitant. Cette étude apporte donc des arguments
enfaveur d’un dépistage généralisé hors notion de risque. Il a par ailleurs été démontré
qu'un tel dépistage est coût-efficace enFrance(15).
Deux études ont évalué un dépistage généralisé du VIH dans des services d’urgences
d’Île-de-France, région métropolitaine où la prévalence de la maladie est la plus
élevée(16,17). Elles rapportent des prévalences du VIH non diagnostiqué supérieures
à0,1 %. Sur des critères de coût-efficacité (0,1 % : valeur seuil de la prévalence du
VIHentermes de coût-efficacité), et selon le modèle des politiques de dépistage
auxÉtats-Unis et en Angleterre(18,19), on peut donc dire que ces études appuient
ledépistage généralisé, au moins en Île-de-France. Mais elles montrent également
desdifficultés en termes de faisabilité et, notamment, un essoufflement de la motivation
du personnel soignant devant l’utilité peu visible au quotidien d’un tel dépistage.
Par ailleurs, une stratégie de dépistage généralisé est une stratégie certes coût-efficace,
mais coûteuse. Comme cela a été soulevé par la Cour des comptes, on peut se poser
la question de l’impact budgétaire d’une telle stratégie, surtout en période de crise
financière.
Tout en ciblant les populations à risque d’acquérir le VIH avec un éventail d’offres
de dépistage adaptées à leur besoin, tendre vers un dépistage généralisé semble être une
des solutions les plus efficaces pour détecter le maximum de personnes infectées
parle VIH, quelles que soient leurs caractéristiques et leur perception du risque.
Mais les questions de faisabilité et de coût sont majeures. Pourquoi ne pas proposer
un dépistage qui soit à la fois généralisé et ciblé ? Il s’agirait deproposer le dépistage
defaçon généralisée, soit à une zone géographique où la prévalence du VIH
estélevée(20), soit à une population donnée, notamment les hommes,
chez qui l’incidence et la prévalence du VIH sont beaucoup plus élevées que chez
lesfemmes(9, 11, 21).
Quelle que soit la politique de dépistage envisagée, le choix doit être fait
enconcertation étroite avec les soignants, et notamment avec les médecins généralistes,
afin qu’ils adhèrent à ces nouvelles stratégies mises en œuvre contre le VIH.
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