Les Amis de Circée 1
Association Les Amis de Circée
www.amisdecircee.fr
Assemblée parlementaire de la francophonie
Commission de l'éducation
BRUXELLES le 30 Mars 2012
Quels enfants laisserons-nous à notre planète?
L’Éducation au développement durable, un enjeu majeur aujourd’hui pour demain
« La clé d’un développement durable et autonome est l’éducation. Une éducation qui va
au devant de tous les membres de la société selon des modalités nouvelles et avec des
technologies neuves, afin de fournir à tous de vraies possibilités d’apprentissage
permanent. Nous devons être prêts à promouvoir des attitudes et des comportements
propices à une culture tournée vers la viabilité »
Federico Mayor
Le Développement Durable représente un sujet d’actualité, tourné vers l’avenir, tout
citoyen devant savoir aujourd’hui analyser les multiples informations qu’il reçoit, structurer
ses propres analyses critiques pour exercer des choix responsables pour demain et qui
solidairement n’engagent pas que lui. L’éducation au Développement Durable, dans et hors
les systèmes scolaires, se situe donc au cœur d’un enjeu sociétal, planétaire, fondamental et
amène chacun de ses acteurs à interroger ses propres pratiques.
Si le développement durable s’interroge sur les caractéristiques du monde que nous
laisserons à nos enfants, l’éducation au développement durable, quant à elle, se veut un
espace d’interrogation et de réflexion sur les aptitudes, les compétences et les valeurs
auxquels nous devrons éduquer les jeunes que nous laisserons au monde.
Après Rio en 1992, la décennie de l’UNESCO pour l’éducation au développement durable,
ouverte en 2005, a permis et permet à tous les pays d’initier et de développer une stratégie
de mise en œuvre de cette éducation .
L’EDD vise, par une démarche à la fois personnelle, scientifique et prospective, à développer
les compétences pour agir. Chaque citoyen doit alors pouvoir opérer ses choix et ses
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engagements dans l’optique de la satisfaction des besoins humains et dans les limites des
ressources de la planète. L’EDD conduit, de fait, à une réflexion sur les valeurs, à la prise de
conscience des responsabilités individuelles et collectives et à la nécessaire solidarité intra et
intergénérationnelle et entre les territoires. Elle nécessite questionnement et
décloisonnement pour dépasser les controverses conceptuelles, qui, loin s’en faut, ne
relèvent pas toutes de l’EDD.
L’EDD occupe une place grandissante dans une façon nouvelle de considérer la transmission
des connaissances, des valeurs et des compétences. En effet, si le Développement Durable
doit conduire à de nouvelles décisions économiques et écologiques et introduire des
changements juridiques et institutionnels en faveur du bien commun, il doit aussi s’appuyer
sur une grande participation du public et encourager les changements de pratiques et de
nouveaux comportements individuels.
L’Education au Développement Durable est un concept dynamique qui repose sur une vision
de l’éducation capable de rendre les individus de tous âges suffisamment responsables pour
assumer eux-mêmes l’édification d’un avenir viable.
En milieu scolaire, l’Education au Développement Durable ne peut être considérée comme
une discipline nouvelle, ni se limiter à ajouter une dose de Développement Durable dans les
programmes scolaires. Elle fait appel à des méthodes et à des approches nouvelles.
Hors l’école, l’objectif central reste inchangé, à savoir, donner à chacun la capacité d’œuvrer
à l’amélioration de son environnement et des rapports sociaux, ce qui implique
cessairement engagement et participation.
L’EDD représente aujourd’hui une nouvelle composante de la formation civique, un enjeu de
réelle importance qui ne peut que susciter des interrogations sur nos pratiques éducatives et
pédagogiques.
La pédagogie étant une façon de s’adresser à l’autre, de transmettre savoirs et valeurs pour
développer des compétences, comment alors envisager la transmission des savoirs et des
notions liées à l’environnement et au développement durable (complexité, globalité,
systémie, observation), comment organiser la transmission des méthodes (scientifiques,
d’investigation, d’expérimentation) comment assurer la transmission de valeurs partagées
vers plus de solidarité, de tolérance, d’autonomie et de responsabilité ?
Autant de questions que devront se poser les acteurs concernés dans chacun des pays
souhaitant relever ce défi.
Cela signifie-t-il une seule école pour une seule planète ? Une éducation mondialisée? La
convergence vers un type d’école unique ? L’agrégation autour d’un modèle importé d’un
pays pris comme point de repère ? Ne serait-ce pas plutôt le cheminement des acteurs de
chacun des pays composant cette humanité vers une éducation partagée ? Une éducation
dont ils définiraient conjointement les valeurs et les objectifs prioritaires pour répondre aux
besoins environnementaux, sociaux et économiques locaux en tenant compte des
spécificités culturelles pour en décliner localement les processus de mise en œuvre ?
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L’UNESCO a intégré dans le développement durable la dimension culturelle chère aux pays
de la francophonie. Ce monde commun est riche de sa biodiversité animale, végétale et
humaine, de ses cultures, de ses coutumes proches du vivant, un kaléidoscope de couleurs
et de formes.
La dimension culturelle de l’éducation au développement durable englobe, au-delà de cette
richesse, les valeurs partagées par les populations, les orientations et les préférences
sociales, les croyances, la langue, les idées, le savoir. Elle s’étend à l’ensemble des us et
coutumes d’une société, à son vécu, à son histoire, à son patrimoine.
Si les élus aujourd’hui, considèrent que la culture et la valorisation du patrimoine culturel
(artisanat, arts) est un outil au service dun développement durable alors il devient urgent
d’introduire l’éducation au développement durable auprès de tous, tout au long de la vie.
Dans ce contexte, mondialisé et multiculturel l’éducation au développement durable revêt
de multiples enjeux ; celui de la formation dun citoyen qui a conscience des enjeux de la
planète et de son territoire, capable de penser par lui-même et de développer son esprit
critique ; celui de la posture éducative juste, entre les prophéties apocalyptiques et la
protection excessive, afin d’éviter fatalisme et attitudes de repli et de fuite pour sensibiliser
les jeunes sans les affoler et leur donner des raisons d’espérer et de se battre pour un
monde meilleur.
Ces deux enjeux sont indissociables, ils s’ancrent dans la pensée d’Edgar Morin « Enseigner
la compréhension pour sortir les relations humaines de leur état barbare et constituer les
bases pour la paix dans notre village terre. Développer une connaissance permettant
d’inscrire en termes de relation, le partiel et le local dans le global et le complexe. » (Les sept
savoirs de l’éducation du futur).
L’éducation au développement durable est donc une école du village planète, dans laquelle
on apprend à composer avec la variété des mondes, avec les traditions culturelles, avec
« l’école hors l’école » qui joue un rôle déterminant en complément de l’école formelle, par
la recherche de l’équilibre entre le bien de l’homme et de l’économie et avec le respect des
ressources de la planète. Elle est l’un des défis majeur de notre temps.
Dans l’école, et c’est un autre défi, l’éducation au développement durable se doit de
prendre en compte un quadruple changement de perspective (Scientifique, Économique
Éthique et Politique) pour intégrer interdisciplinarité, complexité, approche systémique,
échelles de temps et d’espace, incertitudes, responsabilité envers les générations actuelles,
futures et les autres êtres vivants, vie sur terre, production correspondant au respect de
l’environnement, évolution des modes de prise de décision collective, gouvernance, risques
nouveaux et diffus.
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Une éducation qui fait le lien entre l’environnement, la citoyenneté, la santé, l’Inter
culturalité, la consommation, l’éducation aux choix, l’égalité des chances... une éducation à
la Paix.
Elle demande un apprentissage interdisciplinaire et holistique en favorisant la comparaison
et la confrontation. Elle demande une pensée critique dans la résolution de problèmes, un
enseignement avec plusieurs méthodes, une participation aux prises de décision, des
contenus et des actions en lien avec les territoires et les cultures.
Dans les systèmes éducatifs, l’introduction de l’éducation au développement durable
représente un enjeu institutionnel. En soulignant que l’éducation du jeune est un processus
qui développe une vision et construit des compétences, elle approche l’apprentissage au-
delà de l’étude des concepts avec une approche socio économique et un esprit critique qui
intègre la durabilité.
Elle poursuit un enjeu innovant par la manière d’enseigner et la culture de l’école, en
réorientant les systèmes éducatifs et les pratiques.
En ce début de troisième millénaire, l'humanité n'a jamais disposé d'autant de ressources
matérielles et de richesses humaines. Et pourtant, du Nord au Sud, le déséquilibre mondial
est multiforme, le « mal développement » général. Personne ne doute qu’un autre monde
soit souhaitable tant celui qui existe est menaçant et menacé. Mais quel monde? Organisé
selon quelles lignes de force principales ? Obéissant à quel principe de cohérence central ?
Selon sa sensibilité, sa trajectoire intellectuelle, religieuse ou idéologique propre, chacun
s’inquiétera et aura envie d’agir. Mais par commencer ? À quoi s’attaquer en priorité ?
Qui doit et qui peut faire quoi ? Et comment permettre une mobilisation en faveur d’une
réelle solidarité internationale, pour construire, à terme, des rapports sociaux et
économiques équitables et un développement durable pour toute la population mondiale ?
Passer à l’action veut dire se situer et comprendre, avoir obtenu des réponses à ses
questions et inquiétudes, s’être inscrit dans une démarche qui au-delà de l’information
permet de choisir en citoyen éclairé et responsable face aux multiples champs d’action
possibles.
Passer à l’action c’est avoir bénéficié d’une éducation spécifique, la démarche éducative
permettant en effet, à chacun de sortir de la confusion pour mieux aborder la complexité et
le choix réfléchi.
L’éducation au développement durable et à la solidarité internationale, par une meilleure
compréhension des inégalités au Nord comme au Sud, des interdépendances dans le
processus de mondialisation, de la complexité des mécanismes sources d’inégalités sociales,
économiques et culturelles, ouvre une flexion autour de solutions efficaces pour
construire un monde solidaire.
C’est une éducation dynamique, ouverte à la participation active et créative, orientée vers le
changement et l'action. Elle peut être vue comme composante d'une citoyenneté
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responsable à dimension internationale. Il ne s'agit pas de choisir à la place du citoyen, ni de
lui imposer un type de réflexion et des attitudes à adopter mais de lui offrir la possibilité de
remettre en question sa place dans la gestion de la planète, de lui donner les moyens, par
l'information, l'appel à la réflexion et à l'action de décider de ce qui est de nature à fonder
un choix de citoyen du monde responsable et solidaire.
Cette éducation est avant tout un processus, un mouvement en évolution qui opère des
liens entre plusieurs actions, entre plusieurs idées, entre plusieurs pays. Sa spécificité, par
rapport à d'autres processus de formation, se situe dans son internationalité qui lui confère
une puissante dynamique par l'apport d'arguments originaux et de nouvelles approches
dans la connaissance.
L’éducation au développement durable vise à changer les mentalités et les comportements
de chacun afin de construire collectivement un monde juste, solidaire et durable. Elle
informe non seulement sur les causes de la pauvreté et du mal développement, mais elle
éveille également l’esprit critique et présente des alternatives et des propositions
d’engagement accessibles à chacun. C’est un acte éducatif, politique, ancré sur une valeur
partagée : la solidarité entre partenaires décidés à agir ensemble pour la transformation des
relations entre tous.
Renée Paule BLOCHET
Présidente de l’association « les amis de Circée »
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