106 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 3 - mai-juin 2013
Les pneumopathies de l’enfant immunodéprimé
La pneumonie à CMV chez l’enfant immunodéprimé
survient au cours des déficits combinés sévères, chez
l’enfant infecté par le VIH avec un taux bas de CD4,
chez l’enfant ayant reçu une greffe de moelle pour
lequel le traitement prophylactique est devenu
systématique, ainsi que pour l’enfant bénéficiant
d’une greffe d’organe. La difficulté du diagnostic tient
au fait que la sérologie n’est pas interprétable, car il
s’agit souvent de réinfections, et qu’il y a souvent une
infection chronique a minima. Le diagnostic repose
sur un faisceau d’arguments cliniques (atteinte hépa-
tique, oculaire, etc. associée), le tableau radiologique
(atteinte interstitielle bilatérale en verre dépoli), la
sévérité de l’immunosuppression, l’antigénémie et
le nombre de copies dans le LBA. Actuellement, un
traitement préventif et des immunoglobulines chez
les patients transplantés est proposé au cours des
3 premiers mois après la greffe selon la présence de
CMV chez le donneur et le receveur (12).
Le diagnostic d’aspergillose pulmonaire est systé-
matiquement évoqué devant une fièvre prolongée
chez un enfant en aplasie chimio-induite sous anti-
biothérapie à large spectre. Il repose souvent sur
un faisceau d’arguments cliniques : l’importance et
la durée de la neutropénie, le syndrome inflamma-
toire, le tableau radiologique, la détection d’antigène
galactomannane (GM) d’Aspergillus dans le sérum et
dans le LBA (13). La recherche de GM dans le LBA est
associée aux techniques de diagnostic mycologique
classiques (examen direct et culture). La PCR sur
le LBA ou la biopsie pulmonaire est parfois effec-
tuée en cas de doute sur une culture négative ou de
co-infection. Au niveau radiologique, Aspergillus est
responsable de pneumopathies nodulaires pouvant
évoluer vers l’excavation et des images d’infarctus
segmentaire. Certains signes radiologiques sont
significativement associés au développement d’une
aspergillose pulmonaire aiguë invasive comme chez
l’adulte : le signe du halo et le signe du croissant
gazeux. Le traitement est actuellement l’amphotéri-
cine B liposomale ou le voriconazole. Le traitement
prophylactique ainsi qu’une filtration de l’air sont
également proposés chez les enfants à risque. Le
pronostic reste néanmoins sombre.
Enfin, certaines pneumonies de l’enfant immuno-
déprimé ne sont pas d’origine infectieuse mais sont
secondaires à une réponse immunitaire inappropriée :
pneumopathie interstitielle lymphoïde associée à
une infection à l’EBV chez l’enfant infecté par le
VIH, bronchiolite oblitérante après une greffe de
moelle, syndrome interstitiel après une chimio-
thérapie, protéinose alvéolaire, etc. Le diagnostic
repose sur l’absence d’agents pathogènes infectieux
identifiés et l’examen anatomopathologique du LBA
et, parfois, de la biopsie pulmonaire.
Conclusion
Il faut connaître les situations de pneumopathies
où le DI doit être recherché. En effet, la prise en
charge de l’infection, mais également du DI, est
souvent une urgence et permet d’éviter l’appari-
tion de complications pulmonaires comme les DDB,
parfois irréversibles. La prise en charge préventive,
le dépistage et l’amélioration des traitements des
infections opportunistes au cours des DI ont permis
d’améliorer leur pronostic. ■
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