MISE AU POINT Les pneumopathies de l’enfant immunodéprimé Pneumoniae in immunocompromised children V. Houdouin* L e poumon figure au premier rang des organes concernés par l’atteinte infectieuse de l’enfant immunodéprimé. On distingue les déficits immunitaires congénitaux, causées par diverses mutations dont plus de 130 sont connues (1), des déficits immunitaires acquis (traitement immunosuppresseur, greffe, VIH). Deux situations se présentent pour le clinicien : soit l’atteinte pulmonaire révèle le déficit immunitaire (DI), soit l’infection respiratoire basse (IRB) survient au cours d’une immunodépression connue. L’urgence thérapeutique réside alors dans l’identification du ou des agents pathogènes et dans la prise en charge de l’atteinte respiratoire, souvent sévère. * Service des maladies digestives et respiratoires de l’enfant, hôpital Robert-Debré, Paris ; université Paris-VII. Quand penser à un déficit immunitaire devant une atteinte respiratoire ? L’infection des voies aériennes respiratoires de l’enfant est fréquente, mais certains critères cliniques Tableau I. Quand suspecter un déficit immunitaire au cours d’une infection respiratoire basse ? • Antécédents familiaux • Consanguinité • Infection respiratoire à pyogène sévère • Infection respiratoire basse (IRB) répétée – 2 dans l’année – ou plus de 3 quel que soit le délai • Otites répétées – plus de 8 otites par an avant 4 ans – plus de 4 otites par an à partir de 4 ans • Cassure staturopondérale • Infection respiratoire basse sévère chez un nourrisson de moins de 6 mois • Candidose oropharyngée récurrente • Eczéma profus • Diarrhée chronique 102 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 3 - mai-juin 2013 doivent faire rechercher une susceptibilité accrue aux infections (tableau I). Infections respiratoires basses répétées : déficit de l’immunité humorale Le tableau respiratoire est souvent banal, mais il peut se compliquer d’une dilatation des bronches (DDB), d’un abcès, d’un empyème. L’association à des otites aiguës récidivantes ou à des infections sinusiennes chez les enfants plus grands est fréquente. Le tableau clinique survient souvent après l’âge de 6 mois, en raison de la persistance des immuno­ globulines maternelles. Le bilan de première intention est réalisable en routine et comprend une numération de formule sanguine (NFS), un dosage pondéral des immunoglobulines (/g) et des sousclasses d’IgG ainsi qu’un contrôle des sérologies vaccinales (2). La NFS est généralement normale, et le diagnostic se fait sur le dosage pondéral des immunoglobulines et sur les sérologies vaccinales et postinfectieuses. Le dosage pondéral des immunoglobulines sériques (IgA, IgG, IgM) et les sous-classes d’IgG doivent être interprétés en fonction de l’âge. Les sérologies postvaccinales et postinfectieuses permettent d’évaluer la capacité de production des 2 types d’anticorps spécifiques : les anticorps antiprotidiques (diphtérie, tétanos), qui nécessitent une coopération entre les lymphocytes T et B, et les anticorps antipolysaccharidiques (pneumocoque, méningocoque, Haemophilus influenzae), dont la production ne dépend que des lymphocytes B. Si les examens de première intention mettent en évidence un défaut isolé de production d’anticorps postvaccinaux, il faut revacciner le patient et contrôler à nouveau le taux d’anticorps 3 à 6 semaines après. Si celui-ci reste bas, le bilan doit être complété par un phénotypage lymphocytaire et des tests de Mots-clés Points forts »» L’infection respiratoire basse peut être révélatrice des déficits immunitaires (DI) congénitaux ou acquis de l’enfant. La plupart des DI sont dépistés à l’aide d’examens de routine qu’il faut savoir interpréter en fonction de l’âge. »» Les infections bactériennes sont le plus souvent rencontrées au cours des DI humoraux. Les infections opportunistes, virales, fongiques ou à mycobactéries le sont au cours des déficits de l’immunité cellulaire. »» Ce sont souvent des urgences diagnostiques et thérapeutiques. Les techniques d’identification par biologie moléculaire sur les aspirations nasopharyngées permettent un diagnostic exhaustif et moins invasif que le lavage bronchoalvéolaire (LBA). Leur interprétation est parfois difficile lorsqu’il s’agit de distinguer portage et infection. Le LBA, lorsqu’il est réalisable, reste l’examen de choix pour le diagnostic des agents pathogènes. transformation lymphoblastique. Les déficits de l’immunité humorale, caractérisés par un défaut complet ou partiel de la production d’anticorps, sont les DI les plus fréquents de l’enfant (3). Il en existe différents types, dont l’évolution est variable, qui sont parfois associés à un tableau syndromique (tableau II). La prise en charge des déficits de l’im- munité humorale repose sur le traitement des infections évolutives par antibiotiques et l’administration d’immunoglobulines (4). Les germes rencontrés sont souvent Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae. L’antibiothérapie alternée, une prophylaxie par triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) ou une antibiothérapie adaptée aux Tableau II. Déficits de l’immunité humorale. Défaut de production d’anticorps Clinique Diagnostic Déficit en IgA Pneumopathies bactériennes Otites Dilatation des bronches Eczéma Auto-immunité IgA Lymphocytes T et B N Proliférations T N Sous-classe d’IgG* N Déficit en sous-classes d’immunoglobulines Pneumopathies bactériennes Otites 1 ou plusieurs sous-classes d’IgG* Lymphocytes T et B N Déficit en IgA et en sous-classes d’IgG Pneumopathies bactériennes IgA Auto-immunité Allergie 1 ou plusieurs sous-classes d’IgG Lymphocytes T et B N Déficit immunitaire commun variable Révélation plus tardive DDB Otites à répétition Lymphoprolifération Pathologie granulomateuse Infection virale, parasitaire ou fongique Dosage IgG** IgA IgM ou N Lymphocytes B N ou Lymphocytes T N ou Agammaglobulinémie (maladie de Bruton) Liée à l’X Infections respiratoires Infections ORL Infections digestives (giardiase) Infection grave à entérovirus IgG IgA IgM Lymphocytes B ou absents Syndrome de Wiscott-Aldrich Liée à l’X Eczéma Pathologies auto-immunes Thrombopénie Lymphomes Infections bactériennes et groupe herpès IgM IgA N ou CD8 Lymphocytes B N Ataxie-télangiectasie Ataxie Télangiectasies Cancers IgA Sous Classe d’IgG* Lymphocytes T Lymphocytes B N Elévation α-fœto-protéine Syndrome de Di-George Pneumopathies bactériennes à répétition Otites à répétition Hypoparathyroïdie Dysmorphie Cardiopathie IgG ou N IgA ou N IgM ou N Lymphocytes T N ou Lymphocytes B N Infections respiratoires basses Déficits immunitaires congénitaux Déficits immunitaires acquis Infections opportunistes Pneumopathie sévère interstitielle Highlights »» The link is usual between pneumoniae and immunocompromised children and we have to identify the child for which we have to perform routine or specific tests. »» Recurrent bacterial pneumonia and bronchial suppuration are the most frequent complications with humoral immunodeficiency. Fungus, mycobacteriae, opportunistic or severe viral infection usually occur with cellular immunodeficiency. »» Sometimes it’s an emergency to treat the infection and detect the type of immune deficit. Molecular diagnostic upon nasopharyngeal aspiration or nasal swab is usefull. The problem is to make the difference between infection and colonization. Bronchoalveolar lavage is still usefull to detect all pathogens. Keywords Respiratory tract infections Primary immunodeficiency diseases Acquired immunodeficiency diseases Opportunistic lung infections Interstitial pneumoniae N : normal. * Les sous-classes d’IgG sont interprétables après l’âge de 18 mois. ** Les immunoglobulines maternelles peuvent passer par le placenta ; l’interprétation peut être difficile avant l’âge de 6 mois, il faut savoir les recontrôler. La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 3 - mai-juin 2013 | 103 MISE AU POINT Les pneumopathies de l’enfant immunodéprimé examens cytobactériologiques des crachats (ECBC) est proposée (5). La kinésithérapie, les vaccinations si elles sont réalisables, la prévention du tabagisme et la pratique d’une activité physique sportive sont utiles à mettre en place dès le jeune âge. Tableau de pneumopathie aiguë bactérienne sévère : asplénie – déficit en fraction du complément Si le tableau clinique est celui d’une infection bactérienne respiratoire sévère à germe encapsulé (Streptococcus pneumoniae ou Haemophilus influenzae), il faut penser à rechercher sur la NSF des corps de Jolly, témoins d’une asplénie fonctionnelle. Une échographie abdominale permet également d’évaluer la présence et la taille de la rate. De façon plus spécifique, une exploration des voies classiques et alternes du complément sera réalisée (dosage CH50 et AP50) [2]. Pneumopathie sévère chez un nourrisson de moins de 1 an révélant un déficit immunitaire combiné sévère Devant un tableau de pneumopathie aiguë sévère bilatérale et alvéolo-interstitielle, le déficit immunitaire combiné sévère (DICS) doit rapidement être recherché, ainsi que l’étiologie de l’atteinte respiratoire. Sur la radiographie thoracique, la présence d’un syndrome interstitiel doit faire rechercher l’absence de thymus. La NFS, à la recherche d’une lymphopénie en dessous de 3 000 lymphocytes/mm3, permet alors d’évoquer le diagnostic. Une consanguinité, une transmission liée au chromosome X, le jeune âge, l’évolution brutale et sévère, le retard staturopondéral, l’atteinte digestive associée, les infections fongiques (candidose), un eczéma sévère, une bécégite, etc., évoquent un déficit profond de l’immunité cellulaire. Sur le plan biologique, la lymphopénie portant principalement sur les lymphocytes T et l’agammaglobulinémie confirment le diagnostic de DICS, dont il existe différentes formes génétiques (1). Compte tenu de leur extrême gravité, les DICS doivent être rapidement diagnostiqués. À l’heure actuelle, le traitement consiste en une greffe de cellules souches hématopoïétiques, qui offre une survie de 70 à 90 % (6). L’origine de l’atteinte respiratoire peut être virale (virus respiratoire syncytial [VRS], métapneumovirus, adénovirus, cytomégalovirus [CMV], virus para-influenzae, etc.), opportuniste 104 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 3 - mai-juin 2013 (Pneumocystis jirovecii) ou fongique. La possibilité d’un traitement antiviral curatif par cidofovir (CMV, HHV6 et adénovirus), et ribavirine (VRS, coronavirus, métapneumovirus, virus para-influenzae, adénovirus) rend nécessaire une recherche virale. La réaction en chaîne par polymérase (Polymerase Chain Reaction [PCR]) multiplex permet ce type de diagnostic et peut être réalisée chez l’enfant de façon non invasive sur une aspiration nasopharyngée ou un écouvillonnage nasal. L’interprétation reste néanmoins difficile, en raison de la possibilité d’une réplication virale asymptomatique. Pneumopathie sévère chez un nourrisson de moins de 1 an révélant une infection par le VIH En France, la plupart des infections par le VIH sont actuellement diagnostiquées en période périnatale. Elles sont devenues rares, avec un taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant de 0,4 % si la charge virale est faible. Toutefois, certains enfants peuvent être diagnostiqués tardivement, et il faut d’autant plus y penser si les parents sont issus d’un pays à forte endémie. Chez le jeune enfant, la maladie progresse rapidement, et le tableau respiratoire est souvent celui d’une pneumocystose pulmonaire associée, comme pour le DICS, à un retard staturopondéral, une diarrhée, des infections fongiques. La lymphopénie est alors profonde. Le lavage bronchoalvéolaire (LBA), s’il est réalisable, permet de poser le diagnostic d’une atteinte respiratoire souvent multiple (CMV, mycobactéries, virus d’Epstein-Barr, Cryptococcus neoformans, aspergillose, etc.) [7]. Une prise en charge spécialisée est nécessaire pour la multithérapie rétrovirale et la prise en charge globale de l’enfant et de ses parents. Malgré la multithérapie, les pneumonies restent plus fréquentes chez l’enfant infecté par le VIH, et une surveillance radiologique est nécessaire pour repérer une éventuelle DDB tardive (8). Enfin, chez les adolescents dont le diagnostic d’infection à VIH est fait tardivement, il existe un risque d’évolution vers une atteinte respiratoire sévère (9). Tableau d’infection respiratoire fongique Si l’enfant se présente avec un tableau évocateur d’une infection fongique, un déficit portant sur les polynucléaires doit être recherché : une neutropénie isolée est responsable de manifestations cliniques MISE AU POINT lorsqu’elle est en dessous de 500/­mm3. Les infections bactériennes sont fréquentes et diverses dans ce cas (atteinte cutanée, otite moyenne aiguë, etc.). Le déficit de la fonction des phagocytes associe souvent un tableau fongique évolutif (envahissement de la plèvre et de l’os) à un tableau inflammatoire modéré. Le diagnostic se fait grâce à l’exploration du chimiotactisme des polynucléaires (défaut des molécules d’adhésion leucocytaire), mais également à l’aide de l’étude de l’explosion oxydative (cytométrie de flux ou test NBT) à la recherche d’une granulomatose septique (figure). Le traitement prophylactique par itraconazole et, exceptionnellement, la greffe de moelle ont permis de réduire la mortalité à moins de 10 % (10). Devant une infection fongique sévère s’associant à une staphylococcie cutanée sévère, un eczéma, des anomalies faciales et dentaires, il convient de réaliser un dosage des IgE, l’élévation des IgE étant présente dans le syndrome d’hyper-IgE. Figure. Infection aspergillaire diffuse au cours d’une granulomatose chronique. Quelle attitude adopter devant une atteinte respiratoire chez un patient présentant un déficit immunitaire connu ? L’IRB survenant chez un patient immunodéprimé est une urgence thérapeutique et pose le problème des outils diagnostiques disponibles chez l’enfant. En présence d’un déficit de l’immunité humorale, les examens complémentaires ne diffèrent pas de la prise en charge des pathogènes communautaires : la réalisation d’hémocultures est nécessaire en présence d’un tableau fébrile ; toutefois, moins de 10 % des hémocultures sont positives. L’ECBC peut être interprété si chaque champ contient plus de 25 leucocytes et moins de 10 cellules épithéliales. Il existe des limites liées à l’âge pour la réalisation d’un ECBC chez l’enfant. Un seuil de 107 UFC/ml chez l’enfant permet de différencier la colonisation de l’infection. La recherche de l’antigène urinaire pneumococcique chez l’enfant n’est pas interprétable compte tenu de la fréquence du portage pharyngé. Les isolements du virus chez l’enfant par immunofluorescence, puis PCR multiplex en cas de négativité de l’immunofluorescence, doivent être réalisés sur les aspirations nasopharyngées ou l’écouvillonnage. La PCR multiplex doit être la plus exhaustive possible. En présence d’un déficit immunitaire cellulaire, un bilan plus complet est souvent nécessaire pour rechercher les agents responsables d’infections opportunistes : une recherche virale exhaustive par PCR sur aspiration nasopharyngée ainsi qu’une recherche de Pneumocystis jirovecii peuvent être réalisées chez le nourrisson et l’enfant. La réalisation du LBA, lorsque celui-ci est possible, permet un grand nombre de recherche virales, fongiques et parasitaires par biologie moléculaire. L’interprétation de la positivité de ces examens est parfois difficile. En effet, la détection d’un agent pathogène par biologie moléculaire ne permet pas toujours de distinguer un portage d’infection. La culture du LBA reste indispensable pour les infections bactériennes, fongiques et virales. Le scanner thoracique est une aide au diagnostic, en particulier pour celui des infections fongiques. Il peut également guider le lavage alvéolaire ou la biopsie à l’aiguille. L’agent pathogène fréquemment retrouvé devant une pathologie interstitielle associée à un déficit cellulaire est Pneumocystis jirovecii. Le diagnostic classique repose sur la mise en évidence microscopique des différentes formes de Pneumocystis et sur l’immunofluorescence. Actuellement, les techniques moléculaires permettent de diagnostiquer une pneumocystose pulmonaire sur des prélèvements autres que le LBA, en particulier sur des expectorations induites et des aspirations nasopharyngées, y compris chez l’enfant. Mais la PCR conventionnelle ne permet pas de différencier la colonisation de l’infection. La colonisation existant chez l’enfant dès la première année de vie, il faut savoir interpréter les résultats en fonction de la clinique. Le traitement de référence de la pneumocystose reste le triméthoprime-sulfaméthoxazole en première intention à la dose de 100 mg/kg/j de sulfaméthoxazole pendant 3 semaines, puis à dose prophylactique. L’adjonction de la corticothérapie reste discutée chez l’enfant, surtout en cas de déficit immunitaire sévère (11). La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 3 - mai-juin 2013 | 105 MISE AU POINT Les pneumopathies de l’enfant immunodéprimé La pneumonie à CMV chez l’enfant immunodéprimé survient au cours des déficits combinés sévères, chez l’enfant infecté par le VIH avec un taux bas de CD4, chez l’enfant ayant reçu une greffe de moelle pour lequel le traitement prophylactique est devenu systématique, ainsi que pour l’enfant bénéficiant d’une greffe d’organe. La difficulté du diagnostic tient au fait que la sérologie n’est pas interprétable, car il s’agit souvent de réinfections, et qu’il y a souvent une infection chronique a minima. Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques (atteinte hépatique, oculaire, etc. associée), le tableau radiologique (atteinte interstitielle bilatérale en verre dépoli), la sévérité de l’immunosuppression, l’antigénémie et le nombre de copies dans le LBA. Actuellement, un traitement préventif et des immunoglobulines chez les patients transplantés est proposé au cours des 3 premiers mois après la greffe selon la présence de CMV chez le donneur et le receveur (12). Le diagnostic d’aspergillose pulmonaire est systématiquement évoqué devant une fièvre prolongée chez un enfant en aplasie chimio-induite sous antibiothérapie à large spectre. Il repose souvent sur un faisceau d’arguments cliniques : l’importance et la durée de la neutropénie, le syndrome inflammatoire, le tableau radiologique, la détection d’antigène galactomannane (GM) d’Aspergillus dans le sérum et dans le LBA (13). La recherche de GM dans le LBA est associée aux techniques de diagnostic mycologique classiques (examen direct et culture). La PCR sur le LBA ou la biopsie pulmonaire est parfois effectuée en cas de doute sur une culture négative ou de co-infection. Au niveau radiologique, Aspergillus est responsable de pneumopathies nodulaires pouvant évoluer vers l’excavation et des images d’infarctus segmentaire. Certains signes radiologiques sont significativement associés au développement d’une aspergillose pulmonaire aiguë invasive comme chez l’adulte : le signe du halo et le signe du croissant gazeux. Le traitement est actuellement l’amphotéricine B liposomale ou le voriconazole. Le traitement prophylactique ainsi qu’une filtration de l’air sont également proposés chez les enfants à risque. Le pronostic reste néanmoins sombre. Enfin, certaines pneumonies de l’enfant immunodéprimé ne sont pas d’origine infectieuse mais sont secondaires à une réponse immunitaire inappropriée : pneumopathie interstitielle lymphoïde associée à une infection à l’EBV chez l’enfant infecté par le VIH, bronchiolite oblitérante après une greffe de moelle, syndrome interstitiel après une chimiothérapie, protéinose alvéolaire, etc. Le diagnostic repose sur l’absence d’agents pathogènes infectieux identifiés et l’examen anatomopathologique du LBA et, parfois, de la biopsie pulmonaire. Conclusion Il faut connaître les situations de pneumopathies où le DI doit être recherché. En effet, la prise en charge de l’infection, mais également du DI, est souvent une urgence et permet d’éviter l’apparition de complications pulmonaires comme les DDB, parfois irréversibles. La prise en charge préventive, le dépistage et l’amélioration des traitements des infections opportunistes au cours des DI ont permis d’améliorer leur pronostic. ■ Références bibliographiques 1. Fischer A. Human primary immunodeficiency diseases. Immunity 2007;27(6):835-45. 2. Picard C. Comment explorer un déficit immunitaire héréditaire ? Rev Prat 2007;57(15):1671-6. 3. The French national registry of primary immunodeficiency diseases. Clin Immunol 2010;135(2):264-72. 6. Gennery AR, Slatter MA, Grandin L et al. Transplantation of hematopoietic stem cells and long-term survival for primary immunodeficiencies in Europe: entering a new century, do we do better? J Allergy Clin Immunol 2010;126(3):602-10. 4. Baris S, Ercan H, Cagan HH et al. Efficacy of intravenous immunoglobulin treatment in children with common variable immunodeficiency. J Investig Allergol Clin Immunol 2011;21(7):514-21. 7. Nesheim SR, Kapogiannis BG, Soe MM et al. 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