Chapitre 1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?

Chapitre 1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?
La révolution industrielle a ouvert la voie à deux siècles de croissance ininterrompue. Ce
processus récent à l'échelle de l'Humanité a été très spectaculaire dans la mesure il a
bouleversé rapidement et durablement les modes de production et de consommation. Mais,
qu’est-ce que la croissance économique ? Comment la mesurer ? Quels sont les intérêts et
les limites du PIB dans la mesure de l’activité économique ?
Si la question de la relance de la croissance se trouve aujourd'hui au cœur des préoccupations de
nombreux gouvernements à travers le monde ce n'est certainement pas un hasard. Comme l'on
démontré les économistes c'est la croissance qui rend possible une meilleure satisfaction des
besoins fondamentaux des populations. La volonté de comprendre et d'améliorer les
performances économiques des pays a amené les économistes et les décideurs politiques à
s'interroger très tôt sur l'origine, les sources, les moteurs de la croissance. D’où vient la
croissance économique ? D’où vient le progrès technique puissant vecteur de
croissance ? Si certaines nations sont devenues riches tandis que tant d’autres restaient
pauvres, n'est ce pas parce qu'elles ont pu s’appuyer sur certaines institutions
favorables ?
Plan
I. Qu’est-ce que la croissance économique ?
A. Définition, mesure et évolution de la croissance économique
B. De nouveaux indicateurs pour mesurer le bien-être
II. Comment expliquer la croissance économique ?
A. Croissance extensive et croissance intensive : deux manières d'accroître la production
B. Comment favoriser la croissance ?
C. La croissance : un processus de destruction créatrice
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économique.
1. Comment définir la croissance économique ?
Document 1 - Quelle culbute ! En 1820, le milliard d’hommes qui peuplait alors la planète produisait, du
fait de son activité économique, pour un peu plus de 4 000 milliards de francs de revenus. En 1992, les
5,4 milliards d’hommes en ont produit...165 000 milliards de francs. Miracle des exponentielles, car cette
multiplication par quarante correspond en fait à un rythme annuel moyen de croissance de 2,2%. Un
chiffre bien faible en apparence, mais qui répété année après année durant cent soixante dix ans -la
durée de deux vies humaines-, a bouleversé le mode de vie de très nombreuses personnes et sans
doute rompu bien des équilibres sociaux et environnementaux que les sociétés humaines avaient bâtis
au fil des siècles. Une fois retirée de l’augmentation de la population, la production par tête a été
multipliée par huit, soit un rythme annuel moyen de 1,2%.
(source : Denis Clerc, Alternatives économique es n°150, Juillet-Août 1997)
Document 2 - Pour F. Perroux (1903-1987), « la croissance est l’augmentation soutenue
pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimension, pour une nation, le
produit global en termes réels ».
Il faut distinguer le phénomène de croissance d’un certain nombre d’autres concepts :
La croissance est différente de l’expansion notamment qui est davantage utilisée dans l’analyse
des fluctuations et des cycles de court terme.
F. Perroux distingue également la croissance du progrès économique : la croissance n’est en effet
pas nécessairement progressive, il peut y avoir augmentation du produit global (et même du
produit moyen) et cependant creusement des inégalités économiques, c’est la situation qu’ont
connu et que connaissent certains pays du tiers-monde ; mais même dans les pays riches, des
inégalités (régionales par exemple) peuvent se creuser.
La croissance doit être enfin être distinguée du développement économique : F. Perroux souligne
ainsi que le « développement englobe et soutient la croissance »
(source : A. Beitone et alii. Dictionnaire des sciences économiques. A. Colin2007)
Document 3 - La croissance économique est souvent présentée comme le remède à de nombreux
maux. Dans les pays développés, c’est sa reprise qui devrait permettre de diminuer le chômage, de
restaurer l’équilibre des comptes publics …Dans les pays en développement, elle est attendue pour
réduire la pauvreté et accroître le bien-être des populations. Elle semble d’autant plus être la panacée
qu’elle est souvent un processus cumulatif : la croissance appelle la croissance.
Q1 Quelles sont les principales caractéristiques de la croissance économique ? Proposez une
définition de cette notion.
2. Comment mesurer la croissance économique ?
Docu
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ent 4 : Le
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esure du PIB
La première façon de faire est de construire le PIB à partir de la production. L'estimation de la valeur de
la production pose, d'un point de vue strictement comptable, un peu moins de difficultés que le reste. En
partie parce qu'elle se rattache au chiffre d'affaires, une grandeur codifiée par la comptabilité privée
auquel on ajoute les stocks non vendus. Mais comment évaluer la production non marchande ? Celle
des administrations publiques n'est pas vendue ou son prix est sans rapport avec son coût. Les
comptables nationaux pouvaient essayer d'estimer la valeur marchande de ce type de production.
Exemple : combien coûterait l'école si on la confiait au privé ? Mais, alors comment évaluer le service
que rend la Défense nationale ? Les administrations ne font pas de profits ; ils ont donc estimé que la
valeur de leur production non marchande était égale à son coût, constitué des rémunérations des
salariés, des amortissements et des impôts. Les administrations ne sont pas les seules à avoir une
production non marchande: les ménages sont aussi dans ce cas. Une bonne partie de leur activité
pourrait être interprétée comme des services gratuits rendus à autrui (éduquer les enfants, faire la
vaisselle, par exemple). Une fois la production chiffrée, il faut retirer ce qui a été détruit dans le
processus (les consommations intermédiaires) pour évaluer la création de la valeur (la valeur ajoutée).
(Source: Louis Maurin, Alternatives économiques n° 143, décembre 1996)
Q1 Rappelez les finitions de production marchande et de production non marchande ?
Q2 A partir du texte et du vocabulaire suivant, complétez les équations : quantités produites (x
2), quantités vendues, production non marchande, prix de vente, stocks, coût unitaire de
production, production marchande.
Valeur de la production marchande = ……………………………………………x…………………………………………………
Chiffres d’affaires =………………………………………………………x………………………………….………………………...
Valeur de la production marchande = Chiffres d’affaires +/- ……………………………………………………………………..
Valeur de la production non marchande =…………………………………….x………………..…………………………………
Valeur de la production = …………………………………………..+………………………………………………………………..
Q3 Définissez la valeur ajoutée et le PIB à partir des mots suivants : Valeur de la production, TVA,
Subventions, Somme des VA, Consommations intermédiaires, Droits de douane :
VA brute =………………………………………………………....-…………………………………………………………………….
PIB = …………….……………………+……………+ …………………………………….-………………………….………………
3. La croissance un processus récent et inégalement réparti dans l'espace
Avant le XVIIIe siècle, la production mondiale augmentait très faiblement (moins de 1% par an) et de
façon très irrégulière, l'expansion étant suivie de profondes crises liées aux mauvaises récoltes. Au
début du XIXe siècle la révolution industrielle amorce un processus d'augmentation cumulative
de la production dans les pays européens. Depuis lors la plupart des régions du monde ont
connu une croissance économique plus ou moins soutenue et plus ou moins régulière.
Docu
m
ent 5 –manuel page 19 Doc.3
Q1 Pourquoi utilise–t-on le PIB/habitant ?
Q2 Que représente le taux de croissance annuelle moyen ?
Q3 Rédiger une phrase en utilisant les données entourées afin d’en expliciter la signification.
Q4 Que pouvez vous déduire de l'analyse du document ?
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bien-être
Le PIB semble être un bon instrument pour mesurer l’activité économique et son évolution (la
croissance). Mais il laisse dans l’ombre les éléments non matériels du niveau de vie, comme la qualité
de vie qui ont une influence sur le bien être des populations. Ainsi, le PIB rend-il bien compte de la
performance économique ? Au-de de la performance économique, la croissance du PIB est-elle
un indicateur de progrès social et de bien-être ?
1. Les limites du PIB comme indicateur de croissance des richesses par habitant
a. Le PIB ne prend pas en compte la totalité des richesses produites
Document 1 – La sous-évaluation de l’économie souterraine ou informelle
En gros, comme l’a montré Jean-Charles Willard, l’économie souterraine peut se décomposer en
trois secteurs. Tout d’abord, une activité productive, mais illicite : le commerce de drogue, le
proxénétisme, etc. Cette part échappe complètement aux comptables nationaux qui ne tentent pas de
l’évaluer. Il existe ensuite tout un pan de l’économie l’activité est légale, mais non déclarée. Soit
parce que les entreprises elles-mêmes ne sont pas déclarées : du peintre amateur qui offre ses
services pour l’appartement du voisin aux ateliers clandestins organisés : on parle alors de travail
au noir. Soit parce que l’entreprise est enregistrée, mais qu’elle ne déclare pas l’ensemble de son
activité : il s’agit de fraude fiscale. Les compta ables nationaux redressent les statistiques de base
pour tenir compte de cette économie souterraine. L’Insee l’estime à 4% du PIB.
(Source : Louis Maurin, Alternatives économiques n° 143, décembre 1996)
Document 2 – La sous-évaluation des activités non marchandes
a Les estimations actuelles des services ne sont pas satisfaisantes, notamment en ce qui concerne
les services publics comme la santé et l’éducation. Les statisticiens s’en remettent d’ordinaire au coût
des facteurs de production comme le revenu des médecins, infirmiers et enseignants qui sont
inférieurs aux prix de marché. De plus, cette méthodologie ignore l’amélioration de la qualité des
services publics, une faiblesse d’autant plus problématique vu leur poids substantiel dans le PIB (18 %
en France et 19,6 % en Allemagne en 2009), et leur accroissement régulier dans les économies
contemporaines. Surtout, ces difficultés empêchent d’élaborer des comparaisons internationales. Si
par exemple, un pays a opté pour la fourniture de la plupart de ses services de santé via le
secteur public, et si ceux-ci sont sous-estimés par la thode d’évaluation susmentionnée, ce pays
semblera moins riche qu’un autre dont les mêmes services sont fournis par le secteur privé et
évalués à leur prix courant.
(Source : CAE, Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité. Paris 2010)
b Le PIB ne prend pas en compte toutes les activités non marchandes qui contribuent de manière
majeure à notre bien- être : les services rendus entre voisins, le bénévolat et, bien entendu, tout le
travail domestique, la préparation des repas, le ménage, le lavage et le repassage du linge, l’éducation
des enfants dans le cadre familial.
(Source : Louisa Toubal, Philippe Frémeaux, Alternatives économiques n° 193, juin 2001)
c Si ce travail était rémunéré, c'est à dire si l'on engageait des cuisinières, des bonnes et des gardes
d'enfants, au lieu de dépendre des maîtresses de maison, le PIB inclurait ce type de services au
titre de la production finale puisqu'ils seraient achetés sur le marché. Le travail des maîtresses de
maison n'étant pas rémunéré, il est exclu du PIB. La difficulté posée ici est que l'on considère des
services rendus l'extérieur" de la maison. Les laveries, les pâtisseries, les restaurants, etc., font tous
le travail qui est habituellement effectué à la maison. Ainsi, le fait de monétariser l'activité fait grimper les
statistiques du PIB, ce qui ne reflète pas complètement la production réelle.
(Source : R.Heilbroner et L.C.Thurow, Comprendre la macro-économie, Economica, 1981)
Q1 A l’aide des documents, complétez le texte à trous :
Initialement destiné à fournir aux gouvernements un moyen de pilotage des politiques économiques,
le....…... est devenu, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’instrument privilégié de mesure de
l’activité. Il fait pourtant, de longue date, l’objet de nombreuses critiques :
Initialement destiné à fournir aux gouvernements un moyen de pilotage des politiques
économiques, le....…... est devenu, au lendemain de la Seconde guerre mondiale,
l’instrument privilég de mesure de l’activité. Il fait pourtant, de longue date, l’objet de
nombreuses critiques :
1. Le PIB prend mal en compte les activités de l'économie ………………………. ou informelle,
qui regroupe toutes les activités productrices qui échappent aux ………………........nationaux.
Cette économie comprend :
Les activités productrices gales non……………….. : fraude ou évasion fiscale d’entreprises
déclarées, travail au noir ou production non déclarée d’entreprises n’ayant pas d’existence légale.
Les activités ……………………telles que le trafic de drogue, la prostitution, etc.
Les comptables nationaux essaient d’évaluer une partie de ces activités à partir d’enquêtes.
Ainsi, la
production de l'Italie fait l'objet d'un redressement égal à 17% de son PIB déclaré. Celle de la
France de
4%. Mais, il restera toujours une partie de la production qui échappera aux statistiques
particulièrement dans les pays en développement.
b. Le PIB mesure mal le niveau de vie des populations
Docu
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ent 3 : Le
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parfait pour
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être des populations
Observer que le PIB a augmenté ne signifie pas forcément une augmentation de la production de
biens et de services, mais peut simplement signifier une monétisation accrue du volume d'activité. Si
certains actes peuvent duire le PIB, d'autres tels que certaines activités domestiques (garde
d'enfants) en tombant dans la sphère marchande contribuent à l'augmentation de la production. La
même prudence s'impose vis-à-vis du travail au noir ou souterrain. Une augmentation de la pression
fiscale peut conduire à une réduction artificielle de la croissance. De me, spatialement,
le volume des services domestiques est plus important dans le
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en développement, ce
qui conduit à un « biais » dans la comparaison avec les pays développés.
L'abus porte également sur le PIB par habitant, considéré comme un indicateur de bien-être. Or,
c'est oublier que celui-ci n'a pas pour objectif de tenir compte de la finalité des biens et des
services. Ainsi, si des consommateurs accordent une utilité élevée au tabac ou à l'alcool et, en
même temps, consomment des services de santé rendus cessaires à cet usage, l'utilité de ces
deux types de demande sera positive, mesurée en valeur monétaire. De même, B. de Jouvenel note
que le PIB augmenterait si la cathédrale de Notre-Dame devait être truite et remplacée par un
parking. L'objectif de l'indicateur n'est pas de mesurer le bien-être, le bonheur ou la
satisfaction sociale. L'économiste n'a pas à se prononcer sur le caractère désirable de telle ou telle
consommation. (...) Il en va de me des problèmes environnementaux. Les indicateurs de la
comptabilité nationale ne prennent pas en considération l'épuisement des ressources naturelles et
les gradations environnementales dues à la production ou à la consommation. A
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I B . (source : D. Delalande « Croissance économique », Cahiers Français n°279 1997)
2. Le PIB sous-évalue les activités non………………………: le PIB privilégie les activités
marchandes même s’il prend en compte des ……………….. non marchands produits par les
administrations publiques évalués à leurs ……….....de production. En conséquence :
Le PIB sous-évalue les services……………………………….produit par les administrations. En
effet, ces derniers sont évalués à leurs…………de production puisqu'ils n'ont pas de prix. Or, un
certain nombre de ces services (santé, éducation...) peuvent être offerts par le marché. Si on
comptabilisait une heure de cours offerte par le service public d’éducation au prix d’une heure de
cours dans un établissement privé, la production du service public d’éducation serait
bien……………………….Un pays, qui privilégie les services publics, voit donc sa production être
sous-évaluée (le prix du marcest toujours supérieur au coût) par rapport au pays qui privilégie
les services du marché pour une me production. Enfin, l’amélioration de la
…………………….du service rendu n’est pas prise en compte dans la valeur produite alors
qu’elle l’est dans le prix d’un produit vendu sur le marché.
Le PIB sous-évalue l'auto…………………………. des ménages (production des jardins,
construction ou réparation du logement, élaboration des vêtements…) qui représente souvent une
grosse partie de la production réalisée dans les pays les moins avancés.
Le PIB ne prend pas en compte la production............marchande, réalisée par les personnes
au foyer (travail domestique), le bénévolat ou l'entraide de voisinage, qui représente pourtant une
fraction non négligeable de l'activité hors-marché. Or, ces activités sont génératrices de
bien-..............., soit à travers les biens et services qui sont ainsi autoconsommés, soit directement
dans le cas du loisir. La commission Stiglitz estime la production domestique à 35% du PIB dans le
cas de la France, mais les comptables nationaux ne disposent pas toujours de données
suffisamment précises pour tenir compte de cette production dans leurs agrégats. Des études plus
précises sur le temps de travail domestique sont donc indispensables pour affiner l'évaluation de
cette production.
La monétarisation de ces activités fait ………………….le PIB sans croissance véritable de la
richesse produite. Ainsi, le fait de faire laver son linge dans un pressing au lieu de le laver soi-
même augmente le PIB sans que la richesse créée ait véritablement augmenté. Inversement,
comme le soulignait Cecil Pigou, « épousez votre femme de ménage et vous ferez …………...... le
PIB ».
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