En effet, après la formation de leur couronne, ces deux dents migrent
progressivement vers la gencive en se verticalisant au contact de la face
distale de la molaire précédente, décrivant la classique « courbe de
Capdepont ».
Anomalies d’évolution des dents de sagesse et leurs conséquences
:
Normalement, le processus de verticalisation aboutit à l’éruption de la
dent en bonne position sur l’arcade ; l’épithélium gingival se continue sans
interruption avec l’épithélium péricoronaire qui disparaît au moment de la
mise en place définitive de la couronne.
Puis la couronne va à la rencontre de ses antagonistes, tandis que se
termine l’édification des racines et du parodonte.
Le premier écueil à ce bon ordonnancement est le manque de place sur
l’arcade pour l’évolution de la dent : pour la 2e molaire,
l’espace postérieur est le plus souvent suffisant ; ce n’est pas toujours le
cas pour la DS inférieure notamment, coincée sous le bord antérieur de la
branche montante par insuffisance de l’espace rétromolaire.
De plus, cette dent se met en place à un moment où l’os mandibulaire est
mature : elle va devoir traverser un os particulièrement compact dans
cette région.
Le deuxième écueil peut être l’impossibilité pour la DS inférieure de se
verticaliser complètement, même en présence d’un espace rétromolaire
suffisant : un redressement d’axe trop important pour la dent
en formation peut être incriminé, de sorte que la dent n’achève pas son
trajet et sa couronne reste enclavée sous le collet de la dent de 12 ans ;
de plus, à une obliquité potentiellement défavorable du germe se
surajoute le développement vers l’arrière de l’arc mandibulaire, qui
entraîne également vers l’arrière l’ébauche des racines en les incurvant.
Bien sûr, c’est sans compter une éventuelle malformation du germe, une
détérioration traumatique, voire iatrogène lors de l’avulsion d’une 2e
molaire, ou une tumeur bénigne qui lui ferme le chemin.
Au maxillaire, l’absence d’obstacle osseux permet à la DS de faire plus
facilement son éruption, soit en bonne position, soit plutôt en
vestibuloversion sur le versant inféroexterne de la tubérosité.
Pour expliquer l’inclusion de cette DS, en dehors d’une pathologie du
germe dentaire, Cauhépé évoque le rôle de la sangle musculotendineuse
ptérygoïdienne qui conditionnerait l’orientation de croissance de l’os
alvéolaire tubérositaire et repousserait en avant la DS.
En fait, les deux étiologies qui viennent d’être exposées (manque de
place, défaut de verticalisation) paraissent le plus souvent s’intriquer.