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L’ESSENTIEL DU COURS
Nourrir l'humanité (1re)7
L’ESSENTIEL DU COURS
Nourrir l'humanité (1re)
un phénomène de « marées vertes » ou d'eutrophisa-
tion. L’oxygène de l’eau est alors consommé en masse,
ce qui provoque la mort par asphyxie de la faune
aquatique, et détruit l’écosystème.
Les produits phytosanitaires présentent également
des risques importants pour l’environnement. Ils
s’accumulent dans les sols, l’eau, les poussières, et les
organismes vivants, et contaminent les écosystèmes
environnants. Ils peuvent même être toxiques pour
certains animaux non visés par leur utilisation
initiale.
L’eau est un bien précieux très inégalement réparti
sur notre planète. L’agriculture et l’élevage intensifs
participent à cette inégalité : l’irrigation des cultures
représente environ 70 % de la consommation en
eau. Cependant, la quantité d’eau nécessaire varie
beaucoup en fonction du type de production et du
type de distribution de l’eau.
L’impact de certaines pratiques
agricoles sur la santé
Les nitrates en excès se retrouvent également dans
l’eau de boisson. Une eau est potable si elle contient
moins de 50 mg de nitrates par litre, mais dès 25 mg
par litre, la consommation de l’eau par les nourris-
sons est déconseillée car pouvant provoquer la mort
par asphyxie des cellules.
Il a été démontré que les nitrates se transforment
en substances cancérigènes. Il est donc déconseillé,
même pour les adultes, de boire de l’eau contenant des
nitrates, même si elle est considérée comme potable.
Les produits phytosanitaires, comme le DDT ou
le chlordécone, désormais interdits, se sont avérés
toxiques pour les végétaux et pour les animaux et
se sont accumulés le long de la chaîne alimentaire.
On impute à ce type de produit une augmentation
du taux de cancers, des troubles du système nerveux,
une baisse de la fertilité et des perturbations hormo-
nales. Parmi les produits phytosanitaires critiqués,
certains ont provoqué une brutale diminution de
la quantité d’abeilles, insectes pollinisateurs indis-
pensables à la reproduction de nombreux végétaux.
Le principe de la sélection
génétique et ses conséquences
sur l’environnement et la santé
Depuis des millénaires, les agriculteurs et les éleveurs
sélectionnent les meilleurs représentants d’une es-
pèce animale ou végétale pour que leur croisement
donne des individus plus vigoureux et résistants :
les hybrides (on parle de vigueur hybride).
Intéressante pour le rendement et la résistance,
la sélection génétique présente cependant des
inconvénients majeurs : elle est catastrophique
pour la biodiversité, puisque les espèces ou sous-
espèces moins « rentables » sont progressivement
abandonnées et finissent par disparaître. En outre,
l’espèce sélectionnée n’est pas à l’abri d’un nouvel
agent pathogène (parasite, virus, etc.) et peut être
décimée sans qu’il soit possible de la remplacer par
une espèce voisine.
Les OGM (organismes génétiquement modifiés végé-
taux) sont l’objet de violentes controverses : l’épandage
d’engrais n’est pas forcément réduit, on a constaté le
transfert de gènes d’un OGM vers d’autres espèces
(risque de mauvaises herbes résistantes, problème
de la pérennité de l’agriculture biologique, etc.) et
l’innocuité des OGM, végétaux ou animaux, pour la
santé n’est pas démontrée.
Concilier production
et gestion durable
de l’environnement
Quelques mesures peuvent être prises pour concilier
production et gestion durable de l’environnement :
– la sélection génétique, dans le respect de la
biodiversité, permet d’employer moins de produits
phytosanitaires et moins d’engrais ;
– la micro-irrigation ainsi qu’une répartition des
espèces cultivées en fonction des caractéristiques
climatiques des régions réduisent la consommation
d’eau ;
– la reconstitution d’écosystèmes riches possédant
de nombreuses espèces complémentaires est à
préférer à la culture d’une seule espèce ;
– la culture biologique diversifiée doit être déve-
loppée ;
– la lutte biologique peut être employée (utilisation
de « recettes » agricoles anciennes, oubliées par une
logique de rendement et un raisonnement à court
terme, telles que la symbiose entre plantes, etc.) et la
limitation des insecticides (par exemple, l’utilisation
des coccinelles), etc.
Puisque les sols sont épuisés et pollués, les espèces
se raréfient. Il est donc temps de passer à un rai-
sonnement respectueux de l’environnement à
long terme.
TROIS ARTICLES DU MONDE À CONSULTER
• Pour nourrir la planète, l'« agroécologie » doit remodeler l'agriculture p. 10
(Laetitia Van Eeckhout, 9 mars 2011)
• Un fléau possible à combattre sans sacrifier l'agriculture p. 10-11
(Grégoire Allix, 28 juillet 2011)
• Ressources naturelles p. 11
(Jérôme Porier, 5 avril 2011)
La différence entre écosystème
et agrosystème
Un écosystème est un ensemble d’organismes vivants
qui vivent et interagissent les uns avec les autres
(biocénose) et avec leur environnement (biotope). La
matière et l’énergie y sont produites, consommées et
recyclées avec peu de pertes, mais il est globalement
peu rentable. Les écosystèmes voisins échangent
également un peu de matière et d’énergie. L’homme
prélève de la biomasse (matières organiques) dans
les écosystèmes, ce qui peut détruire leur équilibre
si la quantité de matière perdue est trop importante.
Mais, en général, la partie prélevée reste assez faible.
Un agrosystème est bâti à partir d’un écosystème,
naturel et équilibré. Il est modifié par la main de
l’homme pour répondre à des exigences totalement
différentes, à savoir la production d’un maximum
de biomasse pour ensuite la prélever dans un but
nutritionnel (alimentation), énergétique ou indus-
triel. Un agrosystème présente généralement un seul
producteur de biomasse (le maïs par exemple), toutes
les autres espèces qui pourraient diminuer la récolte
ayant été supprimées. La quantité importante de
biomasse produite et son exportation déséquilibrent
complètement l’agrosystème ; on
est alors obligé de rajouter des
intrants (engrais, pesticides) pour
fertiliser le sol et supprimer toutes
les espèces parasites.
Les bilans d’énergie
et de matière
Dans un écosystème, la matière et
l’énergie sont produites, consom-
mées puis recyclées avec peu de
pertes. Du fait de la très faible
exportation de biomasse dans un
écosystème équilibré, le stock d’élé-
ments tels que l’azote, le phosphore
et le potassium est très important.
Les éléments puisés dans le sol
par les producteurs primaires se
retrouvent presque intégralement,
en bout de chaîne, à nouveau dans le sol, du fait de
l’action des organismes décomposeurs.
Dans un agrosystème, les pertes de matières et
d’énergies sont importantes. Une grande quantité
de biomasse produite étant exportée, l’apport d’eau,
d’engrais et de pesticides est nécessaire pour retrouver
l’équilibre perdu.
L’impact de certaines pratiques
agricoles sur l’environnement
La déforestation par le feu s’intensifie pour laisser la
place aux cultures, ce qui libère une quantité énorme
de dioxyde de carbone et participe au réchauffement
climatique.
L’agriculture intensive, pour la consommation ou
pour l’alimentation des animaux, demande un apport
d’engrais important. Ces engrais azotés sont souvent
pulvérisés en excès : environ 19 % de l’azote apporté
reste dans le sol, se transforme en nitrates et s’infiltre
vers les nappes phréatiques, entraîné par les eaux de
pluie, ou s’écoule vers les fleuves, les mers et les océans.
Les eaux surchargées en nitrates voient les algues
vertes (et autres plantes aquatiques) proliférer, créant
MOTS CLÉS
BIOCÉNOSE
Il s’agit de la totalité des êtres
vivants qui peuplent le biotope :
animaux, végétaux, bactéries et
champignons.
BIOTOPE
Le biotope est l’environnement
physico-chimique de l’écosystème
(composantes inertes : sol, air,
eau, lumière, etc.).
ÉCOSYSTÈME
L’écosystème est composé de l’as-
sociation de deux composantes
en interaction l’une avec l’autre :
le biotope et la biocénose.
Écosystème = biotope + biocé-
nose.
INTRANTS
Ce sont tous les produits apportés
à la terre et aux cultures : eau,
semences, engrais, produit phy-
tosanitaires ou pesticides…
NITRATES
Les nitrates, de formule NO3–,
sont des substances chimiques qui
entrent dans le cycle de l’azote et
sont un composant majeur des
engrais inorganiques.
OGM
L’homme a modifié le patrimoine
génétique des organismes afin de
les doter de nouvelles propriétés.
Ainsi, on peut insérer dans le gé-
nome d’une plante des gènes qui
la rendent résistante aux insectes
ou à un herbicide.
NOTION CLÉ
Biodiversité
Le scientifique américain Edward
O. Wilson (1929-) donne la défini-
tion suivante : « la biodiversité est
la totalité de toutes les variations
de tout le vivant ».
La biodiversité comprend donc
tous les êtres vivants qui existent
sur notre planète et se décline
en diversité écologique (milieux),
diversité des espèces et diversité
génétique.
la biodiversité tient compte des
interactions dans les milieux en
changement.
Vers une agriculture
durable
La population humaine est en constante progression et de-
vrait passer de 6,5 à 9 milliards d’individus dans le courant
du xxie siècle. Comment nourrir l’humanité ? L’agriculture in-
tensive est coûteuse et source de pollutions. Une gestion durable
est indispensable pour le respect de l’environnement et le main-
tien d’une qualité sanitaire des aliments.
PERSONNAGE
IMPORTANT
Père fondateur des lois l’hérédité, il
réalise de nombreux croisements
entre différentes variétés de petits
pois pour comprendre la transmis-
sion des caractères chez les hybrides.
Il est à l’origine des « lois de Mendel »
qui définissent cette transmission
d’une génération à l’autre.
Les lois de Mendel :
– première loi : uniformité des hy-
brides de 1re génération (F1) suite au
croisement de deux races pures ;
– deuxième loi : ségrégation de
plusieurs couples de caractères en
deuxième génération (F2) suite au
croisement de deux hybrides de la
1re génération ;
– troisième loi : disjonction
indépendante des caractères
héréditaires en seconde généra-
tion (F2) suite au croisement de
deux races pures différant par
plusieurs caractères.
ZOOM SUR…
La notion de lignée pure et hybri-
dation chez les végétaux.
Certains caractères des plantes sont
déterminés par un gène qui pos-
sède plusieurs versions, ou allèles.
Une lignée pure pour un caractère
a les mêmes allèles pour le gène
considéré. On obtient des lignées
pures en réalisant plusieurs fois le
croisement entre races possédant
le même caractère. On réalise ainsi
une sélection. Le croisement de li-
gnées pures permet de maîtriser la
transmission du caractère. Un croi-
sement entre variétés différentes
donne un hybride pouvant avoir
des caractéristiques intermédiaires
intéressantes. Ainsi, le maïs M1 a de
petits grains, le M2 de gros grains :
l'hybride peut avoir des moyens.
L’énergie chimique potentielle
de la matière organique.
La matière organique se constitue de :
– glucides (1 gr = 17 kilojoules) ;
– protides (1 gr = 17 kJ) ;
– lipides (1 gr = 34 kJ).
Elle contient donc de l’énergie
potentielle utilisée lors de la respi-
ration ou transformée en chaleur.
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