tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à zeus thébain

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 La campagne de fouilles 2012 de l’IEASM à Thônis-­‐Héracléion et « l’image vivante de culte » d’Amon « TOUS CEUX QUI ONT ÉLEVÉ UN SANCTUAIRE À ZEUS THÉBAIN (…) CONSIDÈRENT LES BÉLIERS COMME SACRÉS » David FABRE e
Bélier d’Amon gravé sur une plaque en calcaire. L. 11,50 cm, l. 9 cm, ép. 0,4 cm. VI s. av. n. è. Thônis-­‐
Héracléion. N° inv. IEASM M8-­‐13040 (2012). Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain [Amon-­‐Rê] (…) s’abstiennent de sacrifier des animaux de l’espèce ovine (…). [Ces derniers] prétendent que cette loi leur a été imposée pour la raison que voici : Héraclès [Khonsou], disent-­‐ils, voulait à toute force voir Zeus [Amon], et celui-­‐ci ne voulait pas être vu par lui ; en fin de compte, comme Héraclès insistait, Zeus imagina ce qui suit ; il écorcha un bélier, coupa la tête de ce bélier qu’il tint devant lui, s’enveloppa de la toison, et se montra ainsi à Héraclès. De là vient que les Égyptiens donnent à la statue de Zeus une tête de bélier (…). Et, ils considèrent les béliers comme sacrés » (Hérodote, Histoires, II, 421). 1
Traduction P.E. Legrand, Les Belles Lettres, 1982 www.ieasm.org www.ieasm.org 2 La campagne de fouilles 2012 de l’IEASM À l’automne 2012, après une mission archéologique effectuée dans le port oriental d’Alexandrie, le bateau de recherches de l’IEASM Princess Duda a jeté l’ancre dans la baie d’Aboukir, à une trentaine de kilomètres au nord-­‐est de l’ancienne capitale des Ptolémée2. Les fouilles sous-­‐marines visaient une nouvelle fois à préciser la configuration de Thônis-­‐
Héracléion3, ville désormais engloutie et dont les textes anciens attestaient le rôle de poste de police-­‐frontière, de poste de douane et de port de commerce 4 . Les recherches s’appuyaient sur l’observation de l’état actuel des fonds à l’aide des instruments de prospections géophysique et géologique. Ils avaient permis de détailler une partie de la topographie antique et de faire évoluer la fouille en fonction des résultats. Appliquée à cette zone du delta occidental – des lagunes littorales à l’embouchure de l’ancienne branche Canopique du Nil ouverte sur la Méditerranée –, l’approche méthodique et systématique autorisait à développer une problématique relative à l’organisation de la ville d’après la mise en perspectives des anciennes voies d’eau, bassins portuaires, secteurs urbains/« sacrés » 2
En 2012, les fouilles archéologiques menées par l’IEASM dans le port oriental d’Alexandrie et sur le site de Thônis-­‐Héracléion étaient dirigées, en collaboration avec le Ministry of State for Antiquities, par F. Goddio, assisté de C. Grataloup (céramologue, IEASM), M.-­‐A. Coignard (restauratrice-­‐conservatrice, IEASM), A. Belov (archéologue, IEASM -­‐ CESRAS -­‐ Université Montaigne Bordeaux-­‐3), B. Camier (responsable logistique, IEASM), G. Dalex (archéologue, IEASM), D. Fabre (égyptologue, IEASM), C. Gerigk (photographe, IEASM), J.-­‐.J. Groussard (ingénieur, ARCOCEA), Y. Jean (archéologue, IEASM), G. Lesouef (archéologue, IEASM), A. Meadows (numismate, Numismatic American Society, deputy director), P. Morisset (assistant cameraman, IEASM), C. Obrera (archéologue, OCMA), G. Richardson (archéologue, OCMA), D. Robinson (archéologue, directeur de l’OCMA), M. Rodriguez Barrera (archéologue, IEASM), J.-­‐C. Roubaud (chef-­‐plongeur, IEASM), P. Rousseau (archéologue, IEASM), A. Roy (archéologue, IEASM), P. Sandrin (archéologue dessinateur, IEASM), R. Savoy (cameraman, IEASM), G. Schnepp (ingénieur, ARCOCEA), E. Smith (archéologue, IEASM). La mission a été soutenue par la Fondation Hilti. 3
Nous rappelons que les prospections géophysiques entreprises dès 1996 dans la baie d’Aboukir, permirent de déterminer les contours de la région Canopique submergée, les circonstances et la chronologie des phénomènes qui aboutirent à son immersion, le tracé du lit de l’ancienne branche occidentale du Nil (la Canopique), la position des principaux gisements archéologiques connus des textes anciens, la morphologie du site et la configuration de l’établissement humain. Il apparait qu’un vaste triangle de terre de 10 km de hauteur et de 10 km de base avait été, à la suite des phénomènes d’effondrement et de lente subsidence, submergé par les flots. Assorties des recherches archéologiques, les travaux de l’IEASM ont notamment mis en lumière la topographie générale du site de Thônis-­‐Héracléion, situé à l’ouest du delta du Nil et désormais à plus de 6 km des côtes. Goddio 2006 ; id. 2007; id. 2008. Concernant les résultats des analyses géologiques, voir Stanley 2007. La topographie des lieux s’applique parfaitement à celle établie par J. Yoyotte à partir de l’étude des textes : le nom même de Thônis (T-­‐Hôné) fait référence à une géographie historique particulière ; la ville était installée sur un des « bassins inférieurs (hôné) des bras du Nil à partir de l’endroit où les diverticules qui s’en détachent latéralement forment au bout de la branche du delta inférieur et vont déboucher dans les lagunes littorales, tandis que le seul bras majeur se jette dans la mer ouverte » (Yoyotte 2001, p. 25). Les fouilles ont permis de dégager un mur d’enceinte de temple de plus de 150 m de long. La découverte du naos (chapelle monolithe qui contenait l’image du dieu principal vénéré dans le sanctuaire) dédié à « Amon-­‐Gereb », et les indications de la stèle du Décret de Canope, permirent de révéler l’identité de la ville dans laquelle il s’élevait : Héracléion. Yoyotte 2006, p. 83-­‐84 n°123 ; id. 2008, p. 309 n°115. Une autre découverte vint confirmer l’identité des lieux : une plaque d’or inscrite en grec indiquant que le roi Ptolémée III Evergète avait fondé (ou rénové) en ces lieux un sanctuaire dédié à Héraclès. Yoyotte 2006, p. 128 n°145 ; id., 2008, p. 140-­‐143 n°158. La stèle intacte de granite noir, doublet de la stèle de Naucratis, fut mise au jour sous un mur du téménos ; le texte indiquait qu’elle avait été érigée « à la bouche de la mer des Grecs, dans la ville nommée la Thônis de Saïs ». La Thônis des Égyptiens était l’Héracléion des Grecs. Yoyotte 2001, p. 25 ; id. 2006, p. 218-­‐219 n°120 ; id. 2008, p. 236-­‐240 n°116 ; Bomhard 2012. 4
Fabre 2006, p. 194-­‐202 ; id. 2008, p. 219-­‐234 ; Grataloup 2006, p. 220-­‐225; id. 2008, p. 246-­‐252; id. 2010, 151-­‐
154 ; Pfeiffer 2010, p. 35-­‐51. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 3 de la ville. Il apparaissait qu’un vaste complexe portuaire se déployait au nord et à l’est du temenos dédié à Amon-­‐Gereb, dont les temples et les annexes s’élevaient sur un promontoire central. Au sud-­‐est, il donnait accès à des quais et un vaste avant-­‐port débouchant sur le Nil par une passe étroite à travers un cordon dunaire qui protégeait l’ensemble. Au nord du « Bassin central », et par conséquent au sud du « Passage Est », les repérages systématiques avaient révélé une concentration d’épaves qui datent majoritairement du Ve -­‐ IVe s. av. n. è. 5 Carte synthétique de Thônis-­‐Héracléion. Carte : Franck Goddio © Franck Goddio / Hilti Foundation. Commencée en 2009, continuée en 2010 et 2011, la fouille menée au sud du téménos – englobant le temple d’Amon et celui de Khonsou, dieu-­‐fils dans lequel les Grecs virent une image d’Héraclès6 – a justement permis de mettre en évidence tout à la fois les structures appartenant au sanctuaire (mur d’enceinte en blocs calcaires et débarcadère) en bordure d’une voie d’eau dans laquelle a été découverte une épave7. Le mobilier archéologique – qui 5
Concernant ces épaves, voir Fabre 2011, p. 13-­‐32 ; Fabre & Belov 2012, p. 108-­‐120 ; Robinson 2012 ; Fabre & Goddio 2013, p. 68-­‐75 ; Fabre à paraître ; Robinson à paraître ; Belov à paraître ; Belov en préparation. 6
Héraclès est connu pour avoir fait étape dans cette partie du delta. Les vestiges archéologiques mis au jour au nord du temple d’Amon semblent appartenir au sanctuaire de Khonsou. Voir Goddio à paraître. Sur l’assimilation/association de Khonsou-­‐Héraclès, voir Yoyotte 2004, p. 29-­‐35 ; Fabre 2006, p. 72, 76 ; id. 2008, p. 72-­‐73 ; Höckmann 2010, p. 25-­‐34. 7
Elle fera l’objet d’une fouille archéologique en collaboration avec le Ministry of State for Antiquities lors de la prochaine mission. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 4 compte de nombreuses céramiques entières d’époque ptolémaïque, du IIIe -­‐ IIe s. av. n. è.8 – provient de la couche de destruction consécutive à l’effondrement du mur du temple. Il apparaît en effet que la majeure partie du mur du temple a « glissé » vers le sud suite à un mouvement de terrain résultant d’un tremblement de terre et/ou d’une liquéfaction des sols. Parmi les objets les plus remarquables mis au jour, on peut signaler un fragment de statuette en terre cuite du dieu Bès, armé d’un glaive et coiffé d’une couronne sur laquelle est représentée la vache d’Hathor devant un autel. Protecteur des femmes enceintes, le dieu au visage grimaçant et aux jambes torses était souvent associé à la déesse de l’amour. e
e
Statuette de Bès en terre cuite. III -­‐ II s. av. n. è. Thônis-­‐Héracléion. N° inv. IEASM M3-­‐13134 (2012). Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. Par ailleurs, une autre fouille a été poursuivie dans un secteur situé au nord du temple, à proximité d’un bassin portuaire et au débouché d’un passage qui donnait accès à la branche du Nil aux époques anciennes9. Les fouilles de l’année précédente avaient révélé, sur une couche d’éclats calcaires, la présence de douze « boîtes » vides en calcaire 8
D’après l’analyse céramologique de Catherine Grataloup, IEASM. Catherine Grataloup prépare la publication des céramiques découvertes à Héracléion : Grataloup à paraître. 9
Sur l’interprétation des résultats de fouilles de ce secteur à la lumière de la « topographie sacrée » de Thônis-­‐
Héracléion, voir Goddio à paraître. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 5 parallélépipédiques, éparpillées avec leurs couvercles dans la pente de l’îlot. Il pourrait s’agir de sarcophages destinés à recevoir des momies d’animaux de petites tailles10 tels que des ibis. L’analyse archéozoologique des restes de faune, en cours, devrait permettre de confirmer ou non cette hypothèse, d’autant plus séduisante qu’ont été découverts dans le secteur un porte-­‐étendard surmonté d’un ibis dont on sait qu’il était l’animal sacré du dieu Thot et une plaque en bronze inscrite au nom Amasis (570-­‐526 av. n. è.) mentionnant Khonsou-­‐Thot. Ce dernier était particulièrement adoré à Naucratis11 pour ses talents de justicier, de guérisseur et de gardien de passages ; un sanctuaire en son honneur était tout indiqué au débouché du canal qui reliait les bassins portuaires de la ville à la branche canopique du Nil. Dans la même couche d’éclats calcaires avait notamment été mis au jour un objet inscrit portant la figuration de processions de divinités, donnant à voir en particulier la triade divine de Thônis-­‐Héracléion – identique à celle de Thèbes –, à savoir le dieu Amon, son épouse Mout et leur dieu-­‐fils Khonsou. L’objet portait également la représentation d’un pharaon, coiffé de la couronne bleue, à genoux, offrant les vases à vin ; les cartouches incisés au-­‐dessus révélaient une nouvelle fois qu’il s’agissait d’Amasis. La récurrence des attestations du pharaon de la XXVIe dynastie ne doit pas surprendre. Le roi saïte était connu, notamment d’après d’Hérodote, pour ses mesures à l’égard de Naucratis, son rôle dans l’installation des Grecs, l’organisation et la régulation du commerce dans le nord-­‐ouest du delta, etc.12. Les céramiques prélevées lors des fouilles datent justement du VIe s. av. n. è., avec une majorité de céramiques communes locales associées à des importations attiques – amphores et céramiques fines – et de Grèce de l’Est13. « L’image vivante de culte » d’Amon Lors de l’extension des recherches vers l’est et le nord-­‐est pour préciser les limites du sanctuaire, le dieu tutélaire de la ville est apparu cette fois sous la forme de son animal divin puisque deux têtes de bélier, finement ciselées, figurent au recto et au verso d’une plaque en calcaire 14 . Elles sont sans nul doute la représentation d’Amon qui, sous cette « manifestation visible », animale, exprimait sa force sur terre15. La fonction de l’objet n’a pas été déterminée. Il pourrait s’agir d’un modèle de sculpteur comme celui conservé au musée d’Hildesheim sur lequel sont gravées cinq protomés de bélier 16. Compte tenu du contexte de découverte, il a pu être déposé en ex-­‐voto. L’animal se présente de profil. L’œil 10
Des sarcophages de ce type sont attestés pour des momies de chat et de faucon. Par exemple, Musée du Caire CG n°29785 et 29803. Gaillard & Daressy 1905, p. 136, 147, pl. LVIII, LX. 11
Située à une soixantaine de kilomètres au sud-­‐est de Thônis-­‐Héracléion, sur la branche Canopique du Nil. 12
Hérodote, Histoires, II, 178-­‐179. Sur le débat concernant la date de la création de Naucratis et le statut de la ville – qui doit désormais être (ré)envisagé d’après les découvertes faites à Thônis-­‐Héracléion –, voir, entre autres, Bresson 1980, 291-­‐349 ; id. 2000, p. 65-­‐84 ; id. 2005, p. 133-­‐155 ; Agut-­‐Labordère 2010, p. 353-­‐374 ; Bowden 1996, p. 17-­‐38 ; Hansen 1997, p. 83-­‐105 ; Möller 2000. 13
D’après l’analyse céramologique de Catherine Grataloup, IEASM. 14
N° inv. IEASM M8-­‐13040. Dimensions : L. 11,50 cm, l. 9 cm, ép. 0,4 cm. 15
Sur la zoolâtrie et le fait qu’à la Basse-­‐Époque en particulier, les sanctuaires majeurs entretenaient dans l’enceinte du temple, l’animal du dieu tutélaire qui en était la « manifestation visible », voir la synthèse de Meeks 1986, p. 171-­‐191. Voir ci-­‐dessous les nuances à apporter à l’hypothèse d’un culte « officiel » au bélier d’Amon. 16
Photo dans Vernus & Yoyotte 2005, p. 473. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 6 est rond, le sinus infra-­‐orbitaire prononcé17. Le chanfrein est busqué, la crinière fournie18. Les oreilles de longueur moyenne pendent obliquement vers l’avant. Les cornes sont épaisses à la base, dirigées en arrière, puis recourbées en dessous et en avant. e
Protomé de bélier d’Amon gravé sur une plaque en calcaire (face 1). L. 11,50 cm, l. 9 cm, ép. 0,4 cm. VI s. av. n. è. Thônis-­‐Héracléion. N° inv. IEASM M8-­‐13040 (2012). Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. Cornes et oreilles l’identifient à l’ovis aries palaeoatlanticus. Les oreilles le distinguent de l’ovis platyra aegyptiaca à queue grasse, aux cornes également recourbées, mais aux oreilles penchant obliquement vers l’arrière, qui apparût en Égypte vers le IIIe s. av. n. è. Les cornes quant à elles le différencient de l’ovis longipes palaeoaegyptiacus aux cornes torsadées dont l’espèce s’éteignit au cours du second millénaire av. n. è.19 Bien que l’iconographie du ba 17
Cette commissure palpébrale médiale bien marquée chez certains ovins est une dépression cutanée en forme de fente ouverte de 3-­‐4 cm de long ; la peau qui la revêt est pourvue de glandes sébacées. D’après Giovanni Mogicato, Maître de Conférences -­‐ Anatomie/Imagerie Médicale – PhD – École Nationale Vétérinaire de Toulouse (communication personnelle). 18
Amon est parfois qualifié d’« Amon au protomé de prestige (hat-­‐shefet) ». La crinière shefet « exprimait par connotation le redoutable prestige par lequel les dieux s’imposent au mortels et qui suffit au roi pour renverser les adversaires étrangers ». J. Yoyotte 2005, p. 472. 19
L’adaptation iconographique suite à l’extinction de l’ovis longipes palaeoaegytiacus concerne tout particulièrement un autre dieu bélier : Khnoum. Il se voit doté des cornes recourbées de la nouvelle espèce en sus des longues cornes torsadées. Voir Bickel 1991, p. 55-­‐67. L’animal sacré fut même remplacé par un bouc dont les longues cornes évoquaient certainement mieux celles du « paléo-­‐bélier ». Yoyotte 2005, p. 478 ; Volokhine 2011, p. 627-­‐649. Y. Volokhine signale cette assertion d’Hérodote selon laquelle, dans le nome mendésien (dont la divinité tutélaire est Khnoum) on s’abstient de sacrifier les chèvres, que l’on remplace par des moutons. À l’inverse des adorateurs d’Amon ! (Hérodote, Histoires, II, 42). Voir aussi Cabrol 1998, p. 529-­‐
David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 7 (« âme ») du dieu solaire 20 demeura celle de l’animal aux cornes torsadées du « paléo-­‐
bélier », Amon criocéphale se vit attribuer les cornes recourbées du palaeoatlanticus. Au point que ce dernier fut communément dénommé « bélier d’Amon ». L’espèce apparut vers 2000 av. J.-­‐C. en Égypte, peut-­‐être en provenance de Nubie dont les populations s’adonnaient intensément à l’élevage. L’adoption du palaeoatlanticus comme image du dieu de Thèbes suivit justement l’annexion au Nouvel Empire du pays de Koush par les Thoutmosides. Les origines nubiennes de son culte pourraient expliquer l’association du bélier d’Amon et des eaux fécondantes, d’où l’adjonction de cornes recourbées aux couronnes de roi régnant ou de roi défunt lors de rituels spécifiques, représentés dans le temple d’Abydos21. e
Protomé de bélier d’Amon gravé sur une plaque en calcaire (face 2). L. 11,50 cm, l. 9 cm, ép. 0,4 cm. VI s. av. n. è. Thônis-­‐Héracléion. N° inv. IEASM M8-­‐13040 (2012). Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. 538. Les cornes torsadées resteront durant toute l’histoire de l’Égypte pharaonique la base de nombreux cimiers royaux et divins dont le plus connu est la couronne atef d’Osiris, bien que, étrangement, les béliers « n’interviennent pas comme acteurs dans les principaux mythes fondateurs, comme la genèse initiale du cosmos, les aventures des yeux du soleil ou la légende osirienne » (J. Yoyotte 2005, p. 472). Voir néanmoins Khnoum potier qui façonne l’œuf primordial dont jaillit le soleil au début du monde ou, à Deir el-­‐Bahari, Amon criocéphale qui actionne le tour pour donner naissance au divin enfant royal et à son ka (« force vitale »). 20
Le ba du dieu bélier, à savoir la manifestation du dieu solaire, vient d’un rapprochement théologique issu de l’homophonie avec ba, « bélier » – évidente onomatopée –, qui procède d’une racine signifiant l’activité procréatrice. Des mots tels que bah « phallus », baaoût « puissance sexuelle », baty « testicules », ont été élaborés à partir de cette désignation/fonction fécondatrice de l’infatigable ba « bélier ». Volokhine 2011, p. 627-­‐649 ; Yoyotte 2005, p. 471-­‐478 ; id. 1983-­‐1984, p. 135 n. 41. Sur l’homophonie de ba « bélier » et de son bêlement, voir Montet 1957, p. 147-­‐148. 21
Sur la « connexion » entre la Nubie et le bélier amonien, voir la synthèse de J. Yoyotte 2005, p. 482, 485. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 8 Amon-­‐Rê devenu divinité principale de l’Empire pharaonique, le motif de la tête de bélier aux cornes recourbées n’aura de cesse d’être reproduit jusqu’aux époques ptolémaïques et romaines. Ce furent bien ces cornes recourbées du roi des dieux qui flanquèrent, sur les monnaies, les tempes d’Alexandre le Grand, reconnu fils de Zeus (Amon) par l’oracle du temple de Siwa (« l’oasis d’Ammon »). Selon Callisthène, la décision divine fut rendue par un signe du « visage d’Amon » installé à l’avant de la barque sacrée – était-­‐ce une tête de bélier à l’instar de celle qui ornait l’embarcation du dieu de Thèbes ? Cette filiation s’exprima différemment quelques siècles plus tard. Dans le Roman d’Alexandre (IIIe s.), il est écrit que la mère du futur conquérant fut visitée par Amon, ou plutôt par Nectanébo, dernier pharaon indigène, glissé dans la peau du dieu, revêtu « d’une délicate toison de bélier, avec des cornes sur les tempes »22. Tétradrachme d’Alexandrie en argent. Diam. 2,7 cm. Époque Ptolémaïque, Ptolémée Ier Sôter (c. 310-­‐305 av. n. è.). Thônis-­‐Héracléion, secteur du téménos d’Amon-­‐Gereb. N° inv. IEASM H1-­‐3195, SCA 554. Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. Droit : tête d’Alexandre coiffé de la dépouille d’éléphant avec la 23
corne de bélier derrière l’oreille. Revers : Athéna Alkidèmos avançant vers la droite . La première fois que « l’image de culte vivante »24 avait montré le bout de son museau à Thônis-­‐Héracléion, c’était sur un poids monétaire du IVe s. av. n. è., gravé sur un côté d’un protomé de bélier sensiblement identique, et de l’autre le revers d’un tétradrachme athénien25 ; il confirmait l’importance du temple d’Amon dans la gestion de l’économie de la ville. En définitive, poinçonné dans du plomb ou ciselé dans du calcaire, « les choses se présentent comme si le bélier d’Amon avait justement prêté sa tête au graphistes sacerdotaux comme une marque servant à personnaliser les affaires du dieu »26. 22
Cité par J. Yoyotte 2005, p. 490. Après Alexandre le Grand, la dynastie lagide s’est aussi rattachée filialement à Amon, le Zeus égyptien, avec l’adjonction du qualificatif « l’élu d’Amon » au prénom de Sôter et de l’épithète « aimé d’Amon » à celui de Philadelphe. Yoyotte 1983-­‐1984, n. p. 134 n. 38. Arsinoé II est qualifiée de « fille d’Amon », voir ci-­‐dessous. 23
Voir Meadows 2006, p. 268-­‐269 n°327 ; id. 2008, p. 365 n°434. 24
Selon la définition de l’animal sacré d’Hornung 1983, p. 136, reprise aussi par Meeks 1986, p. 171. 25
Meadows 2006 ; id. 2008. 26
J. Yoyotte 2005, p. 484, qui remarque que « dans les tableaux de son temple majeur à Karnak, sa figuration sous la forme d’un ovin entier est pratiquement inexistante et ses images en hommes criocéphales y seront relativement rares, comme d’ailleurs dans les autres temples royaux de Thèbes ou d’Abydos ». David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 9 e
Poids monétaire en plomb. L. 2,6 cm, l. 2,6 cm, ép. 0,6 cm, poids 41,6 g. IV s. av. n. è. Thônis-­‐Héracléion. N° inv. IEASM H-­‐9484, SCA 110. Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation. Tête de bélier d’Amon en bronze. L. 4,4 cm, l. 3,3 cm, e
e
H. 2,6 cm. VII -­‐ II s. av. n. è. Thônis-­‐Héracléion. N° inv. IEASM H-­‐9471, SCA 506. Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation.
Un décret provenant de Naucratis27, daté du règne de Ptolémée II Philadelphe (282 av. J.-­‐
C) et émis en l’honneur de Chemaménopé fils d’Harpakébis et d’Esnebtech offre un parallèle intéressant avec les objets issus de la fouille de Thônis-­‐Héracléion, tant la plupart les protagonistes sont les mêmes : Khonsou-­‐Thot, Amon et son bélier 28 . Dans la partie supérieure de la stèle, Chemaménopé adore le « bélier d’Amon-­‐Rê, seigneur de Baded », devant lequel un autel est chargé de pains et de plantes. Au-­‐dessous, le texte en démotique remercie Chemaménopé pour la gestion des biens sacrés et les soins prodigués à l’animal divin dont « il a fait la garde », de la part des « oulètes de Naucratis ». Il faut très certainement voir chez ces derniers « une collectivité d’éleveurs de moutons, relevant d’un temple, certains étant prêtres de rang mineur et liés au service de l’Offrande Divine d’Amon »29. La stèle renseigne sur la vie (et la mort ?) de l’animal sacré d’Amon. On lui construisit un local à son intention et on lui livra du sel30 – dont on sait que les ovins sont 27
Kesley Museum, Ann Arbor, Michigan, n°25803. Yoyotte 1983-­‐1984, p. 133-­‐135 ; id. 1993-­‐1994, p. 689-­‐690 ; Guermeur 2005, p. 133-­‐134, 138, avec bibliographie. Sur les vestiges archéologiques du temple d’Amon-­‐Rê de Naucratis, voir la synthèse de Leclère 2009, p. 120. 28
Le témoignage de Strabon (Géographie, XVII, 1, 40) selon lequel les « Saïtes » vénérait « la brebis », pourrait faire référence justement à ce bélier sacré d’Amon-­‐Rê adoré à « Naucratis du nome Saïte » ; ce culte n’est en effet pas attesté à Saïs, ville de la déesse Neith. Yoyotte 1993-­‐1994, 689-­‐690 ; Yoyotte & Charvet 1997, p. 153-­‐
155 et n. 377. 29
Yoyotte 1993-­‐1994, p. 690, d’après un acte démotique du Fayoum mentionnant un oulète et la dédicace IG Fayoum 73. 30
Yoyotte 1993-­‐1994, p. 690, s’interroge sur le sens à donner à ce « sel alimentaire ( ?) ». David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 10 particulièrement friands 31 . À moins qu’il ne s’agisse de natron « au lieu de faire la prescription », pour que l’animal bénéficie à sa mort des rites funéraires de momification, à l’instar des taureaux Apis, Boukhis ou Mnévis32. Pourtant, « l’immense information archéologique, iconographique et textuelle dont on dispose sur Karnak, ne suggère en rien que des béliers y aient bénéficié du même genre de traitement officiel »33. Qu’en serait-­‐il alors pour un temple d’Amon hors de Thèbes ? Un petit nombre de stèles de particuliers du Nouvel Empire laissent supposer que des personnes rendaient un culte à un bélier amonien réel. Les momies de « bélier d’Amon » mises au jour sont rares au regard des inhumations en série des taureau sacrés, mais ne sont pas inexistantes. Quelques-­‐unes, d’ovis platyra aegyptiaca, sont conservées au British Museum à Londres et au musée d’égyptologie de Berlin. C. Gaillard et G. Daressy signalent des axes osseux provenant de puits à momies d’Abousir et un crâne conservé au Musée du Caire34. Et d’après l’examens de deux momies de bélier de Saqqara au Muséum de Lyon, ils ajoutent que les béliers ont bien été momifiés suivant le même procédé que les taureaux : « Ces spécimens se composaient (…) du crâne seulement et d’un certain nombre de pièces du squelette, complètement débarrassées des parties molles. Le tout était entouré de nombreuses bandes de toile et de tiges de papyrus entrelacées »35. Les sources textuelles qui abordent le sujet sont confuses et d’interprétation difficile. Hérodote raconte comment un bélier était sacrifié par « ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain » – le passage fait suite au texte cité plus haut : « Un jour par an, à la fête de Zeus [Amon], ils abattent un bélier, le dépouillent, revêtent la statue de Zeus comme le dieu s’était revêtu, et ensuite approchent de la statue avec une autre statue représentant Héraclès [Khonsou] ; cela fait, tous ceux qui sont attachés au sanctuaire se frappent en l’honneur du bélier ; puis ils l’ensevelissent dans un cercueil sacré »36. L’auteur grec aurait mal compris les rites funéraires qui entouraient le bélier d’Amon, trépassé, s’il en est, de mort naturelle… ou mal interprété un rite relatif à la résurrection d’Osiris. Le Rituel pour la conservation de la vie reposait en effet sur l’association en un seul être d’Osiris et de Rê dans une statuette conservée dans une peau de bélier ; la peau de l’animal solaire était symbole de résurrection ; la renaissance se faisait à travers elle37. Pour conclure avec J. Yoyotte, « faute de découvrir les traces d’un culte éminent institué par l’État pharaonique pour le bélier d’Amon, il semble qu’on puisse déceler l’organisation marginale de cultes privés à lui adressés par les professionnels de la laine »38. À lire le décret honorifique pris par l’association d’éleveurs de moutons, le bélier d’Amon bénéficia de son vivant d’un cheptel de femelles. Cette faveur accordée par le président de 31
Cette appétence s’explique par une nécessité métabolique dans la mesure où le chlorure est un élément d’un acide sécrété par la caillette, essentiel à la digestion des lipides et des protéines qui ont échappé à la digestion ruminale 32
Hypothèse soutenue par Guermeur 2005, p. 138. 33
J. Yoyotte 2005, p. 487. 34
Gaillard & Daressy 1905, CG n°29529. 35
Gaillard & Daressy 1905, p. 32. Difficile néanmoins de savoir si ces momies ne concernent pas d’autres divinités ovines telles que Khnoum ou Hérishef. Voir id., CG n°29669, 29672, p. 100, 101, pl. XLI et le couvercle de sarcophage du bélier de Mendès : id., CG n°29792, p. 138. 36
Hérodote, Histoires, II, 42. 37
Papyrus Salt 825, British Museum. Dechain 1965, p. 35-­‐37, 55, 154. 38
J. Yoyotte 2005, p. 487. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 11 la confédération des moutonniers de Naucratis à l’animal sacré trouvait certes sa justification dans le plaisir que pouvait lui procurer un tel « harem », mais plus vraisemblablement dans la volonté d’accroître et renouveler le troupeau, voire d’assurer sa descendance si l’animal vint à mourir et si un des agneaux présenta les signes divins. Du reste, des attestations existent, datant du IVe au IIe s. av. n. è., de personnes dénommées « L’Enfant de la Brebis », témoignant peut-­‐être « d’une dévotion pour les mères qui avaient mis bas un bélier sacré »39. Quoi qu’il en soit, les brebis élevées par les « oulètes » de Naucratis et amenés au bélier d’Amon étaient des brebis de Milet 40 . Les revenus issus de leur tonte servaient au « paiement du fourrage du bélier ». Or, les bêtes à laine milésiennes, très estimées dans le monde méditerranéen41, étaient justement réputées pour leur toison42. Il n’était pas rare que la race fût exportée depuis la cité d’Asie Mineure. Polycrate, tyran de Samos, qui tenait à renouveler son cheptel acclimata dans son royaume les meilleures races, parmi lesquelles les brebis de Milet43. Était-­‐ce parce que la laine d’Égypte, semblable à du poil, ne « pouvait servir à la fabrication des étoffes », tout juste bonne à « garnir les habits usés pour les faire durer longtemps »44, qu’on fit venir des ovins milésiens ? Indigènes ou exogènes, les brebis savaient apprécier l’herbe des « si beaux champs des Égyptiens »45. « Les pâturages [de la Vallée du Nil], dit Diodore, étaient si riches que les troupeaux de brebis qu'on y nourrissait donnaient une double portée et une double tonte »46. Laine et textiles en laine sont attestés en Égypte sur plusieurs sites dont certains remontent à l’époque prédynastique47. L’idée erronée selon laquelle les Égyptiens n’utilisaient pas de laine vient de la mauvaise interprétation de commentaires de certains auteurs classiques. En vérité, ces derniers font état de prescriptions rituelles. Hérodote constate que les jeunes gens « étaient vêtus de tunique de lin (…) ; en outre ils portaient jetés par-­‐dessus, des manteaux de laine blanche. Toutefois, ils n’introduisaient pas de vêtements de laine dans les sanctuaires, et ils ne se faisaient pas ensevelir avec ». Il évoque également l’interdiction rituelle, pour les initiés aux mystères orphiques et bacchiques (osiriens), « de se faire ensevelir dans des vêtements en laine »48. Plutarque indique que « les prêtres d’Isis s’abstenaient de se vêtir de laine de brebis et de se nourrir de sa chair »49. Si l’Égypte produisait de la laine, elle en importait aussi. Dans un registre douanier d’époque perse qui enregistre les taxes prélevées à l’entrée et la sortie d’Égypte – très certainement à l’embouchure de la branche Canopique, en l’occurrence 39
J. Yoyotte 2005, p. 474. À noter que les Milésiens étaient connus pour avoir fondé un temple d’Apollon à Naucratis (Hérodote, Histoires, II, 178) 41
Athénée, Les Deipnosophistes, XII, 540d. À noter qu’Athénée est né à Naucratis. 42
Virgile, Georgiques, III, 306 (les « fuseaux de Milet offre une laine pure ») ; IV, 334 (« des Nymphes filaient les toisons de Milet ») et aussi, entre autres, Athénee, Les Deipnosophistes, XII, 519b ; Élien, De la nature des animaux, XVII, 34 ; Tertullien, Du manteau, III ; Clément d’Alexandrie, Le Pédagogue, II, 10. La laine pouvait être vendue hors de Carie, brute, teinte où en produits manufacturés. Ezéchiel, XXVII, 18 ; Aristophane, Lysistrate, 729. Pline mentionne la laine de Milet comme l’une des meilleures, avec celles de Tarente et de Galatie. Pline, Histoire Naturelle, XXIX, 9, 4. 43
Athénee, Les Deipnosophistes, XII, 540d. Elles produisirent des laines et des tapis égaux à ceux de Milet. Théocrite, Idylles, XV, 123. Voir Daremberg & Saglio 1879-­‐1919, s. v. « Lana » 44
Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, VIII, 73, 3. 45
Homère, Odyssée, XIX. 46
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 36. 47
Vogelsang-­‐Eastwood 2003, p. 268-­‐269. 48
Hérodote, Histoires, II, 81. Voir Dunand 1975, p. 16 n. 24 ; Coulon 2013, p. 173. 49
Plutarque, Isis et Osiris, 4. 40
David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 12 Thônis-­‐Héracléion – de 42 navires d’Asie Mineure (de Milet ?) et probablement de Syro-­‐
Palestine, la laine compte parmi les matériaux d’artisanat/industrie qui composent les cargaisons50. Pastoralisme chez « ceux qui habitaient la région des marais » Derrière la dévotion – la zoolâtrie diraient certains – qu’implique l’image de culte, gravée ou vivante, de l’animal d’Amon, transparaît l’importance du pastoralisme dans les franges septentrionales de la Vallée du Nil. L’archéologie témoigne de la pratique de l’élevage dans le delta dès l’époque prédynastique, tant pour la production de laine, de peau, de viande, de lait que d’objets en corne51. Les analyses paléoostéologiques des restes d’animaux retrouvés sur les sites deltaïques montrent que les ovins sont quantitativement moins importants que les bovins mais dépassent en nombre les caprins et les suidés52. « À cet effet, précise K. Blouin, l’affirmation, au moins dès l’Ancien Empire (2635-­‐2140), de Banebdjed, « Bélier Seigneur de Djedet », comme dieu tutélaire du nome [mendésien] semble refléter l’importance du pastoralisme dans l’anthropisation de cette région du delta [nord-­‐est du delta], dont les nombreuses terres humides impropres à l’agriculture étaient particulièrement bien adaptées à cette activité ». Sans trop extrapoler, on se demandera s’il n’en est pas de même au nord-­‐ouest du delta compte tenu de la forte implantation du culte d’Amon : Amon-­‐Gereb de Thônis-­‐Héracléion, Amon-­‐Baded de Naucratis, Amon de la Thèbes du nord du Grand Royaume de l’Occident, etc.53. À Kom el-­‐Hisn (à 12 km au sud environ de Naucratis), existait à l’Ancien Empire un centre d’élevage de troupeaux de bovidés et d’ovins, consommés en dehors de cette localité et entrant dans « des circuits économiques qui liaient des centres de production de la couronne avec le ravitaillement des travailleurs ou des expéditions au service du roi » 54 . La pratique le l’élevage extensif 55 se prêtait particulièrement bien aux terres humides (lacs, marécages et lagunes d’eau douce, saumâtre ou salée, permanents, saisonniers ou occasionnel)56, impropres à l’agriculture, des marges 50
Papyrus palimpseste d’Éléphantine (TAD C 3, 7), texte en araméen. Briant & Descat 1998. Vogelsang-­‐Eastwood 2003, p. 268-­‐269 ; Van Driel-­‐Murray 2003, p. 301 ; Krzyszkowska & Morkot 2003, p. 327 ; Serpico & White 2003, p. 407-­‐409 ; Ikram 2003, p. 656, 658, 669. 52
Voir Blouin 2007, p. 7, avec bibliographie. Sur l’importance du bétail dans l’économie royale et l’idéologie en Égypte de l’Ancien au Moyen Empire, voir Moreno Garcia 1999. L’élevage de bovins est parfois associé à celui d’ovins. Id., n. 9 p. 243, p. 252. 53
Sur ces Amon hors de Thèbes, voir Guermeur 2005, p. 106-­‐150. 54
Moreno Garcia 1999, p. 252. Voir aussi Redding 1992. Les bovidés, essentiellement, et les ovins, partiellement, étaient consommés dans la région de Memphis et dans les camps de travailleurs de Giza. Localement, il ressort des analyses d’archéozoologie que les ovins étaient élevés pour d’autres raisons que la consommation, probablement pour produire du lait et de la laine. Moreno Garcia 2003, p. 78 ; id. 2010, p. 59-­‐
60. 55
Suite à l’analyse lexicographique de P. Vernus, il apparaît que le terme menmenet renvoie à la pratique de l’élevage extensif et à une transhumance locale tandis que celui de âout s’applique à l’élevage en étables. Voir Moreno Garcia 2010, p. 57. On s’interrogera sur l’existence d’une véritable transhumance qui reliait les pâturages du delta. À propos des définitions et des pratiques de la (des) « transhumance(s) » dans le bassin méditerranéen, voir Laffont 2006. 56
Ces milieux humides rendent d’ailleurs difficiles les recherches archéologiques des anciennes délimitations terre-­‐eau, tant elles sont promptes à se confondre, et par conséquent la réalité topographique de Thônis-­‐
Héracléion. 51
David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 13 deltaïques57. Aujourd’hui encore, malgré les changements géomorphologiques du delta, il n’est pas rare d’apercevoir, en amont de l’étroit cordon littoral, que les Grecs nommaient taenia – comme le ver solitaire, cette langue de terre est plate et étroite –, des bovins aux cornes recourbées vers l’arrière, immergés jusqu’à l’encolure et plongeant la tête sous l’eau pour arracher quelques herbes au fond des marécages salés58. Ces zones humides étaient jadis le domaine des bouviers, dont les habitations et les activités se déployaient sur les terres « surélevées »59 entourées de voies d’eau, navigables ou non. La mention des boukoloi dans les textes grecs indique que l’élevage constituait une activité importante dans les zones humides septentrionales60. Ils étaient notamment célèbres pour la révolte qu’ils menèrent au milieu du IIe s. Rebelles insoumis, ils témoignent de l’ambivalence de la représentativité des habitants des marais dans les sources littéraires61. Dans le Cycle de Pétubastis – texte en démotique du début de l’époque hellénistique et inspiré d’événements troubles de la Basse-­‐
Époque –, les « bergers » (âamou) des marais sont de fiers guerriers du « district des papyrus », partisans d’un jeune prince d’Horus de Bouto (ville située au nord-­‐ouest du Delta) venu à Thèbes revendiquer la succession de son père, le grand prêtre d’Amon. Mais le portrait qu’en font les adversaires de l’héritier n’est guère reluisant : pirates dangereux, disgracieux, cannibales 62 . Se référant au témoignage d’Érathosthène, Strabon explique comment, à l’origine, la surveillance de la côte égyptienne aux abords d’Alexandrie (et donc de la région Canopique) aurait été confiée aux habitants des Boukolia, qui étaient tout à la 57
C’est aussi vrai pour les zones arides. Les terrains dévolus au pastoralisme et à l’élevage étaient des zones humides et arides, impropres à l’agriculture. C’est particulièrement probant aux premiers siècles de notre ère quand les Romains donnent priorité à la céréaliculture. Blouin 2007. Pour des époques plus anciennes, voir aussi les pasteurs nomades et semi-­‐nomades Shasou qui venaient abreuver leurs troupeaux, après avoir obtenu l’autorisation des autorités égyptiennes, dans la partie occidentale du Ouadi Toumilat. Sources et commentaires critiques dans Somaglino 2010. À noter que ces bédouins pouvaient être employés comme bergers par les Égyptiens, au moins à partir du Moyen Empire. Menu 2004, p. 37. Signalons également, dès l’Ancien Empire, des titulaires de fonctions royales concernant le contrôle des troupeaux (bovins, ovins, caprins, suidés) et des pâturages dont des « intendants des marais ». Moreno Garcia 1999, p. 243 n. 6-­‐7 ; id. 2010, p. 58. Par ailleurs, à la lumière des études récentes, il faut établir une ligne géographique en Basse-­‐
Égypte sur l’axe est-­‐ouest tracé par les localités de Tell Ibrahim Awad, Minshat Abou Omar, Bouto, Kom el-­‐Hisn. Au Nord, des régions côtières marécageuses où l’agriculture et l’élevage côtoyaient d’autres activités productives : élevage extensif, pêche, cueillette (bien que l’expansion des centres urbains ait entraîné la dessiccation des zones inondables au profit des cultures). Au Sud, un paysage cultivé où le bétail était en étable et les pâturages situés à distance des établissements humains. « Ces différences résultent des utilisations sélectives du territoire, donc de l’intervention humaine, non d’une opposition nette entre les espaces naturels et des zones cultivées, bien que, du point de vue idéologique, les textes égyptiens se plaisent à les présenter comme antagonistes » (id., p. 57-­‐58). Voir l’ensemble de l’analyse de Moreno Garcia 2010, avec sources et références. 58
e
Rappelons que Xoïs, ancienne métropole de la VI province de Basse-­‐Égypte, dans le delta septentrional, portait le nom de « Celui de la fondrière », expression qui évoquait les taureaux sauvages ou semi-­‐sauvages qui parcouraient les prairies des franges deltaïques. Vernus 1973, p. 27-­‐39 ; Guermeur 2005, p. 151. 59
Herb 2001, p. 258-­‐261, 267-­‐270. 60
Blouin 2010, p. 386-­‐422. K. Blouin établit un judicieux parallèle entre les boukoloi et les Ma’dan ou « Arabes des Marais » du delta de l’Euphrate qui peuplent encore aujourd’hui le sud de l’Irak : « le mode de vie des Ma’dan, principalement centré sur la pêche, l’élevage du buffle et la culture des roseaux, est semblable à celui en vigueur dans la région à l’époque assyrienne et présente de nombreuses similitudes avec celui des habitants de zones marécageuses du delta du Nil dans l’Antiquité » (id., p. 398). 61
Si l’assimilation des boukoloi historiques à des rebelles insoumis relève pour une part d’une certaine réalité, celle-­‐ci doit être « nuancée » et « contextualisée » (Blouin 2010, p. 407-­‐408, avec bibliographie). 62
Maspero 1911, p. 259-­‐280 ; Yoyotte & Chuvin 1983, p. 60 ; Rutherford 2000, p. 109-­‐110 ; Blouin 2010, 407-­‐
408. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 14 fois éleveurs et naufrageurs 63 . Pour Hérodote, ils n’étaient pas si différents des autres habitants de la Vallée du Nil ; ils étaient « ceux qui habitaient la région des marais », « suivant en général les mêmes usages que les autres Égyptiens », ceux-­‐là mêmes qui vivaient dans « les régions où l’on ensemence la terre »64. Nul doute qu’ici comme ailleurs, les hommes tirèrent profit d’un système agro-­‐pastoral tant pour la fertilisation des sols65 que pour l’ensemencement des terres arables. Les bas-­‐reliefs de mastabas ne montrent-­‐ils pas des scènes de semailles dans lesquelles le berger attire avec du grain la brebis de tête afin que les autres, à sa suite, viennent enfoncer de leurs sabots les semences dans la terre humide66 ? Quelques deux mille ans plus tard, Diodore de Sicile donnait un texte à l’image : « Le Nil surpasse tous les autres fleuves du monde par les biens dont il comble les indigènes. Ses eaux commencent à croître à partir du solstice d'été ; ses crues continuent jusqu'à l'équinoxe d'automne, formant sans cesse de nouveaux atterrissements, et arrosant la terre inculte aussi bien que celle qui est ensemencée ou cultivée, et cela pendant tout le temps que les laboureurs le jugent nécessaire. Comme le courant est très lent, ils le détournent aisément au moyen de petites digues, et font répandre les eaux dans les champs quand ils le jugent à propos. Tout cela rend la culture du sol si facile et si profitable qu'après sa dessiccation les laboureurs n'ont qu'à y jeter la semence et à y conduire les bestiaux, qui la foulent sous leurs pieds ; au bout de quatre ou cinq mois ils reviennent pour la moisson »67. … Et lorsque l’ancienne cité de Thônis-­‐Héracléion, aux dires de Sophrone (IVe s.), ne fut plus qu’un village habité par des chrétiens monophysites et des religieuses qu’on présume de confession byzantine, le pastoralisme eut encore cours quelques siècles avant l’immersion définitive de la région, en marge des ruines du temple impie du dieu-­‐bélier68. C’est ce qui 63
Strabon, Geographie, XVII, 1, 19. Chuvin & Yoyotte 1983, p. 60 ; Yoyotte & Charvet 1997, p. 80 n. 78, p. 114-­‐
115. Derrière cette anecdote, il apparaît que les populations « marginales » des marais n’échappent pas à l’action de l’État puisqu’elles participent au contrôle des rivages du nord-­‐ouest du delta, en même temps qu’elles exploitent les ressources d’une zones écologique particulière (élevage extensif). C’est aussi ce qui ressort de l’étude de la gestion des zones marginales aux époques anciennes (en dehors des périodes « d’anarchie »). Moreno Garcia 2010. 64
Hérodote, Histoires, II, 77 et 92. 65
e
Dans bien des régions du monde, et en France en particulier avant le XIX s. (par ex. Landes de Gascogne), l’omniprésence des élevages ovins sert, non pas uniquement pour la production de viande, de lait ou de laine, mais (parfois essentiellement) à la fertilisation des sols par l’apport azoté des restitutions animales, pour la culture des céréales. En Égypte ancienne, je n’ai pas connaissance de sources historiques relatives à la fumure des champs par des troupeaux menés. 66
Mastaba de Ti à Saqqara, Ancien Empire ; tombe d’Ourarna à Cheikh Saïd, Moyen Empire. Murray 2003, p. 519, avec bibliographie. Ces scènes sont rares au regard des nombreuses scènes de mastabas représentant des troupeaux de bovidés qui, eux, « expriment la richesse et la prospérité dues à l’initiative du fonctionnaire modèle » (Moreno Garcia 2003, p. 75). J. C. Moreno Garcia a bien montré les limites de l’iconographie pour l’étude des pratiques agricoles et alimentaires des Égyptiens et la nécessité de prendre en compte les enquêtes archéozoologiques et paléobotaniques pour appréhender les formes de production des paysans dans un contexte domestique où l’élevage des ovicaprins et des porcs jouent un rôle essentiel. Id. 2003. D’une manière générale, voir ses mises au point sur la gestion des aires marginales. Id. 2010. 67
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 36 68
Les autorités chrétiennes s’étaient installées, prés du débouché occidental du Grand Canal, à proximité de l’ancien grand temple – disponible comme carrière. L’IEASM y a mis au jour une aire couverte de décombres incluant de nombreuses petites colonnes en calcaire et quelques éléments de marbre, des croix en plomb ainsi que des monnaies byzantines frappées au nom d’Héracleius. Voir Goddio 2007, p. 120-­‐124; Stolz 2006, p. 182 n°405 ; id. 2008, p. 210 n°341 ; Morrisson 2006, p. 186, n°329-­‐330 ; id. 2008, p. 352 n°428-­‐430. David Fabre « Tous ceux qui ont élevé un sanctuaire à Zeus Thébain (…) considèrent les béliers comme sacrés » www.ieasm.org 15 semble ressortir de la dernière utilisation des naos d’Amon et celui supposé de son fils Khonsou. Percés de trous circulaires, ils furent renversés et transformés en abreuvoir. Alors on se plaît à imaginer des moutons, chrétiens ceux là, se désaltérer dans les chapelles monolithiques des antiques divinités païennes. Et à se souvenir avec Poseidippos, d’Arsinoé-­‐
Aphrodite « fille d’Amon » 69 , dont le sanctuaire du Zéphyrion construit par Callicratès, s’élevait « Entre la falaise de Pharos et l’embouchure de Canope (…), au milieu des vagues (…), aux confins de la Libye70 riche en brebis »71. Photo : Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation 69
Cette appellation figure sur plusieurs monuments d’Égypte et de Nubie. Sauneron 1960, p. 103. Elle témoigne de l’étroite association d’Amon et de la personnalité divinisée d’Arsinoé II. Quaegebeur 1971, p. 191-­‐
217. À la mort d’Arsinoé II, fut émise une série de monnaies portant la tête de bélier d’Ammon, en style grec, mais avec un disque égyptien. Kahrstedt 1910, p. 264-­‐265. Voir aussi la triade représentant la reine, son époux et le dieu Amon, découverte à Alexandrie et provenant très certainement de la région Canopique. Sauneron 1960, 103-­‐108. Voir aussi la statue d’Arsinoé Aphrodite découverte par l’IEASM à Canope : Yoyotte 2006, p. 106-­‐108 n°25 ; id., 2008, p. 124-­‐129 n°18). 70
« Confins de la Libye » ou « confins libyques », plutôt que « Libye », d’après le contexte, qui correspondent à la marge occidentale du delta du Nil. « La Libye commence à la bouche Canopique du Nil » (Scylax, Périple, 107 ; Bernand 1970, p. 193) et s’étendait jusqu’à l’actuelle Libye. Aristote (Problèmes, X, 47) louent la fécondité des brebis de Libye et avant lui Homère : « Les brebis là-­‐bas sont portantes trois fois l’année : là-­‐bas, jamais ni maître ni berger ne manquent de fromage, de viande ou de lait doux, car les mamelles des brebis ne peuvent point tarir. » (Odyssée, IV, 85 ; trad. P. Jaccottet, 1992). Virgile a consacré à leurs bergers de jolis vers : « Vois les bergers de Libye et leurs courses errantes ; Là, leurs troupeaux épars, ainsi que leurs foyers, Et paissant au hasard durant des mois entiers, Soit que le jour renaisse ou que la nuit commence, S’égarent lentement dans un désert immense : Leurs dieux, leur arc, leurs pénates roulants, Tout voyage avec eux sur ces sables brûlants » (Géorgiques, III, 339-­‐345 ; trad. J. Delille, 1997) 71
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