L’hiver aussi, le rayonnement solaire peut être dangereux Soins Libéraux 36

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Soins Libéraux
La kératoconjonctivite
L’hiver aussi, le rayonnement solaire
peut être dangereux
On oublie trop souvent, en hiver, le danger que représentent les
rayons solaires. Si l’on n’a pris garde de s’équiper de bonnes lunettes,
on risque, après une journée neige et soleil, de faire une kératoconjonctivite, encore appelée ophtalmie des neiges.
A
Focus
...
Le larmoiement
Un larmoiement
réflexe, est déclenché
par le manque de
larmes lubrifiantes.
Cette mauvaise
lubrification entraîne
une kératite
ponctiforme captant
la fluo, surtout
distribuée au niveau
de la fente
palpébrale. Un test
de Schirmer peut être
utile au diagnostic.
Cependant,
l’observation du film
lacrymal est souvent
suffisante pour faire
le diagnostic.
Les larmes artificielles
constituent
la principale forme
de traitement.
près avoir passé toute la
journée sur les pistes de
ski, sous un beau soleil,
sans lunettes pour ne pas gâter son
bronzage, Pauline se plaint de brûlures au niveau des yeux : « La
lumière me fait mal et mes yeux
pleurent, j’ai l’impression d’avoir du
sable à l’intérieur et j’ai envie de
me les frotter ».
C’est une pathologie qui touche les
personnes soumises à un rayonnement solaire important, prolongé,
direct ou par réflexion, comme les
skieurs, les marins pêcheurs ou les
plaisanciers, les paysans, mais aussi
les personnes travaillant en lumière
artificielle comme les photographes
ou les personnels de salons d’UV.
Une exposition solaire prolongée
ou régulière sans protection efficace (les lunettes doivent être filtrantes, de bonne qualité, sans
oublier de les choisir avec de
bonnes protections latérales) est
un facteur de dégradation prématurée du cristallin.
Les signes
Quelques secondes pour un coup
d’arc, quelques heures pour une
exposition solaire sans protection
sont suffisantes pour causer une
très forte irritation oculaire. Les
signes caractéristiques sont alors un
larmoiement, une douleur oculaire,
une photophobie. Parfois, l’impression retrouvée est celle d’un corps
étranger intra-oculaire, parfois
apparaît un blépharospasme (soit
la fermeture spasmodique des paupières). Devant ces signes d’appel,
un traitement d’urgence s’impose
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
sous peine de voir apparaître des
complications.
Dans tous les cas ne nécessitant
pas de consultation d’urgence, on
mettra immédiatement, en fait dès
l’apparition des premiers signes, les
yeux au repos. Occlus par des pansements, ils seront ainsi protégés
de la lumière, qui sera elle-même
tamisée. On peut proposer l’application de masques oculaires apaisants au bleuet, à l’eau de rose, à la
camomille romaine ou encore au
plantain, qui soulagent. Les compresses imprégnées de ces produits à base de plantes sont laissées en place 10 à 15 minutes.
Ensuite, et toutes les heures, on
pourra instiller des collyres anti-irritants (Uvicol, Uveline®). Il conviendra aussi de masser les paupières
au moyen d’huile d’amande douce
et d’une pommade cicatrisante à
base de vitamine A. En cas de douleurs trop importantes, on peut s’aider de la prise d’un antalgique. En
12 à 14 heures, après un traitement correctement suivi, la kératoconjonctivite doit rentrer dans
l’ordre ; sinon, il convient de
consulter un spécialiste.
JB
Quand consulter
un ophtalmologiste
Une consultation s’impose devant :
– l’apparition d’une cécité
mono- ou bioculaire ;
– la présence de céphalées, de
vomissements ;
– l’existence de douleurs
intenses véritablement transfixiantes au niveau d’un œil ou
des deux ;
– si l’accident fait suite à un
coup d’arc ou encore s’il est
récurrent ;
– si la personne concernée est
un jeune enfant : avant un an,
90 % des UVA et 50 % des UVB
parviennent au cristallin ; avant
12 ans, le cristallin n’est pas
mature et risque une dégradation plus importante.
Les personnes âgées sont également à risque, ainsi que toutes
les personnes qui présentent
une rétinite pigmentaire.
Dans tous ces cas, il s’agit d’une
véritable urgence médicale sous
peine de complications importantes, notamment au niveau
du cristallin, mais aussi de la
cornée, qui peut être définitivement détruite en cas d’expositions prolongées (possibilité de
création d’ulcères chroniques).
La conjonctivite virale
De loin la plus fréquente, la conjonctivite virale est causée, entre autres,
par les adénovirus et le HSV. Le patient rapporte l’apparition progressive
d’une rougeur à un œil puis, parfois, à l’autre œil. Il se plaint aussi de
sensations de brûlure, d’inconfort ou de picotement. Il a un écoulement
clair. La vision est normale. Cependant, si une kératite est associée, il a
aussi une sensation de corps étranger, une photophobie et une baisse
d’acuité visuelle. Une histoire d’infection des voies respiratoires
supérieures est fréquente.
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