Incontinence urinaire Dédramatiser les situations Bien que n’étant pas toujours un grave handicap, l’incontinence urinaire est souvent mal vécue. Trois millions de personnes sont concernées en France, dont seulement un tiers sont âgées de plus de 65 ans. Le sujet est encore tabou alors que des solutions existent dans plus de deux cas sur trois. I l suffit souvent d’en parler. C’est pourquoi l’Association d’aide aux personnes incontinentes (AAPI) lance une campagne d’information, livret d’explications à l’appui*. L’incontinence n’est pas une maladie mais un symptôme commun à plusieurs maladies. Un symptôme qui fait souffrir avec, notamment, tous les fantasmes qui l’entourent. Le Pr Alain Pigné précise : « Il ne faut pas être âgé pour être incontinent. Il y a de nombreux(ses) incontinent(e)s en France et la personne doit savoir qu’elle n’est pas un un cas isolé. Il n’y a pas un traitement de l’incontinence mais des traitements, et il est exceptionnel que l’on ne puisse, à défaut de guérir totalement, au moins essayer de rendre la vie plus confortable. » L’incontinence est une perte involontaire d’urine lors d’un effort important ou même minime. Une consultation médicale et des examens doivent toujours précéder un éventuel traitement. L’incontinence atteint surtout les femmes (70 %) car, chez elles, le plancher pelvien, plus vulnérable en raison de l’existence du vagin, devient fragile, notamment sous l’effet de la pesanteur et des accouchements. Diagnostic Après un questionnement approfondi, l’examen urodynamique (UD) peut être prescrit. Il s’agit d’analyser ce qui se passe lorsque la vessie se remplit et lorsqu’elle se vide. Grâce à une sonde introduite dans la vessie par l’urètre et reliée à des instruments de mesure, les variations de pression sont enre- gistrées de façon constante pendant les phases de remplissage et de vidange, au niveau de la vessie et de l’urètre. L’examen comporte plusieurs phases comme la débitmétrie (mesure des flux urinaires), la cystomanométrie (comportement de la vessie au cours de son remplissage progressif), la sphinctérométrie (mesure des pressions dans l’urètre au repos, à l’effort et en retenue). Les résultats, qui concernent à la fois la vessie, l’urètre et le sphincter, sont interprétés par le médecin qui peut prescrire d’autres examens plus approfondis. Solutions La rééducation périnéale et sphinctérienne est souvent un traitement de première intention. Ce traitement, qui fait appel à un rééducateur spécialisé, a pour but la connaissance, la maîtrise et l’efficacité des muscles du périnée. Trois techniques sont utilisées : la rééducation manuelle, la stimulation électrique et le biofeedback. Elles ne doivent pas être douloureuses. La technique manuelle permet de localiser l’endroit précis à contracter afin de faire travailler progressivement les muscles. La stimulation électrique se pratique à l’aide d’un appareil qui délivre de petites impulsions électriques par une électrode. Elle est contre-indiquée en cas d’infection urinaire ou gynécologique. La technique du biofeedback (dite active) permet de visualiser, à l’aide de voyants lumineux ou sonores, l’intensité de la contraction volontaire des muscles entourant la sonde qui peut être identique à celle utilisée pour l’électrostimulation (dite passive). On combine souvent ces deux méthodes. Le patient doit s’exercer tout seul et poursuivre les exercices commencés avec son kinésithérapeute. Afin de mieux comprendre comment contracter le périnée, des méthodes sont utilisées, notamment en gériatrie. C’est l’intérêt du “stop-pipi”, dont le but n’est pas de rééduquer. Il doit être dirigé, car il comporte certains risques contraires à l’objectif. Le calendrier mictionnel consiste, lui, à observer et à permettre de retarder progressivement le moment d’aller aux toilettes. Son principe est d’étudier le comportement spontané du patient et, éventuellement, de déterminer les médicaments appropriés. En cas de dysfonctionnement grave, l’autosondage intermittent est une méthode enseignée par l’infirmière à son patient. Son but est d’assurer une vidange complète de la vessie chez des patients ayant une rétention urinaire chronique. L’enseignement doit se fonder sur celui du respect d’une hygiène rigoureuse, selon un protocole précis. La sonde à demeure est, elle, l’ultime recours, avec tous les risques infectieux que cela comporte. Selon l’origine de l’incontinence, des médicaments peuvent être prescrits : ils diminuent ou augmentent l’activité de la vessie, le tonus de l’urètre. Ce sont aussi les estrogènes ou les médicaments du système nerveux central. Et, en dernier recours, la chirurgie peut réparer un périnée, mais une rééducation s’impose toujours ensuite pour le remuscler. Lucie Galion * Le petit livret est disponible à l’AAPI, 5, av. du Maréchal-Juin, 92100 Boulogne. Tél. : 01 46 99 78 99. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001 9