
3
I. Les SPL et les SYAL : deux notions d’approche du développement local de l’espace
rural de Boghni.
La stratégie de développement mise en œuvre en Algérie au début des années 1970, basée
sur l’industrie lourde comme moteur de développement économique, a occulté les spécificités
économiques, culturelles et historiques propres à chaque territoire et marginalisé les régions à
faibles potentialités agricoles. L’objectif d’introversion de l’économie nationale, tel que
prévu par le planificateur, dépendait pour l’essentiel des échanges de flux entre l’industrie et
l’agriculture. Pour ce faire, la croissance agricole est recherchée dans la grande exploitation
située sur les zones à fortes potentialités, tandis que l’agriculture de montagne représentée
essentiellement par la petite exploitation n’a pas fait l’objet d’intérêt de la part des pouvoirs
publics. Cette approche qui en est faite par le planificateur du développement économique en
général et de la montagne en particulier ne rend pas compte de la diversité des situations
territoriales et du système d’évolution que les changements économiques et sociaux national
et régional imposent à chaque territoire. Or ce dernier est devenu l’élément déterminant dans
la nouvelle approche du développement après la crise du fordisme. Ce modèle ayant montré
ses limites, beaucoup de chercheurs ont proposé de nouvelles alternatives ou d’autres
logiques de développement. Les nombreux travaux orientés dans ce sens ont abouti aux
notions de SPL (Courlet, 2001), de SYAL (CIRAD-SAR, 1996 ; Muchnik, 2000 ), et de
Clusters (Porter,1989 ; Nadvik, et Schmitz 1996). Dés lors, les formes spatialisées de
régulation furent réhabilitées dont les problématiques ont mis en avant les spécificités
territoriales et locales. Il existe une littérature abondante et des études empiriques très
poussées portant sur les S.P.L. où les territoires deviennent les acteurs actifs. L’intégration de
l’espace ou du territoire dans l’analyse économique est à l’origine de nombreux travaux de
recherches contemporains, entre autres, ceux de (Aubert, 2009) ; (Becattini,1992) ;
(Courlet,2001,2003) ; (Muchnik,2008,2009) ; (Greffe,1984) ; (Leberre,1992) ; (Maillat,
1995) ; (Pecqueur, 1994, 2001, 2003) ; (Porter, 1989, 2001) ; (Rallet et Torre, 1995) ;
(Requier-Desjardins, 2007) ; (Torre, 2003) … La synthèse effectuée par (Courlet,2001)
relative à ces travaux sur les SPL, lui a permis d’affirmer : « Combien les concepts
théoriques développés par Marshall trouvent un large écho dans une série de travaux
contemporains portant sur cette réalité. Le SPL permet de saisir l’organisation qui lie les
entreprises sur un territoire et d’expliciter la nature des avantages (externalités positives,
réduction des coûts de transaction, meilleure coordination des acteurs d’un territoire, …) que
génère la proximité ». L’approche en termes de systèmes de production localisés a l’avantage
de prendre en considération tous les paramètres propres à un territoire donné. Ce dernier est