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LES ORCHIDEES
DE L’ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE
Texte et photos de Philippe Deflorenne
es orchidées sont très certainement les plantes qui fascinent le plus l’imaginaire collectif.
Il est vrai que certaines d’entre elles possèdent un raffinement et une beauté à nul autre
pareil. Si les orchidées, en provenance des tropiques et du savoir faire des horticulteurs, ont
maintenant envahi notre quotidien, peu de personnes savent qu’une belle panoplie d’entre
elles croissent dans nos campagnes. De taille souvent plus modeste, elles dégagent toutefois
une franche envie d’en connaître davantage sur le mystère qui les entoure.
Dans les années 1980, de très nombreux naturalistes ont commencé à s’intéresser à nos
orchidées indigènes, mettant, du même coup, un peu d’ordre dans la systématique de la
famille, dans les cartes de répartition mais aussi, tout simplement, dans leur connaissance
générale. Depuis lors, il faut bien le reconnaître, l’effervescence est un peu retombée,
pourtant, de nombreux mystères restent encore à découvrir à leur sujet.
Le but de la présente étude est de faire un point complet, plus de 20 ans plus tard. Que sont
devenues nos différentes espèces ? Sont-elles encore toutes présentes ? Certaines d’entre elles
sont-elles menacées ? Demandent-elles des mesures spéciales ? D’autres sont-elles en
expansion ?
Le bilan est mitigé. Certaines espèces, comme l’Ophrys abeille (Ophrys apifera), semblent
avoir progressé, de nouvelles stations ont été découvertes. Plus généralement, les orchidées
profitant des mesures de gestion, notamment sur les pelouses calcaires de Calestienne,
semblent se maintenir à un niveau acceptable. Par contre, d’autres sont très rares ou au bord
de l’extinction. C’est le cas par exemple de l’Epipactis des marais (Epipactis palustris), de
l’Epipactis à labelle étroit (Epipactis letpochila leptochila), de l’Epipactis négligé (Epipactis
leptochila neglecta), du Limodore (Limodorum arbotivum),… Les espèces éteintes sont au
nombre de 2, elles relèvent de disparition très anciennes. Elles seront aussi évoquées dans le
présent travail.
Beaucoup de démarches ont été nécessaires pour faire renaître l’histoire de cette famille
fabuleuse. Trop peu d’écrits mais beaucoup de souvenirs dans la mémoire des naturalistes
locaux. Je tiens donc à remercier particulièrement Sébastien Carbonnelle, Stéphane Cordier,
Emmanuel Dehombreux, Pierre Delforge, Thierry Dewitte, Stéphane Herbay, Anne Lambert,
Marc Lambert, Alain Paquet, Olivier Roberfroid, Bert Van der Krieken, Eric Walravens et
Patrice Wuine pour la franche collaboration apportée à ce dossier, sans oublier les personnes
qui, d'une manière ou d'une autre, ont transmis leurs observations, depuis de nombreuses
années.
Pour des raisons que vous comprendrez facilement, il ne sera fait nulle part mention de sites
précis, même pour les espèces plus communes, certaines stations ayant fait l’objet, de par le
passé et encore tout récemment, de destructions ou de prélèvements volontaires.