ECHANGE ET POUVOIR
O. Kyburz
Table des matières
Séance 1................................................................................................................................................2
Séance 2................................................................................................................................................4
Séance 3................................................................................................................................................5
Séance 4................................................................................................................................................6
Séance 5................................................................................................................................................9
Séance 6..............................................................................................................................................10
Séance 7..............................................................................................................................................13
Séance 8..............................................................................................................................................14
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Séance 1
Marie Mauzé « Boas, les Kwagul et le potlatch »
Les Kwagul méridionaux, peuple de chasseurs pêcheurs cueilleurs établi sur la cote est de l’ile de
Vancouver et sur le littoral continental en face de l’ile. Langue le kwakwala. Economie
traditionnelle fondée sur le stockage des biens consommables, avec production d’un surplus en
biens consommables et de prestige, captés et accumulés par les chefs. Population répartie en une
20n de tribus, chacune correspond à un regroupement local= village d’hiver.
Le numayn, terme indigène et retenu par Boas pour qualifier ces regroupements : « ceux qui sont de
la même sorte ». Numayn est un groupe de parenté se réclamant d’un ancêtre fondateur commun
par un groupe de descendance patrilinéaire. Les descendants directs forment la noblesse, les autres
sont des acteurs sociaux communs. C’est aussi un lieu, une unité de résidence, un quartier du village
d’hiver. C’est aussi une unité économique : un domaine foncier constitué de sites de pêches, terrains
de chasse, et lieux de cueillette.
Unité cérémonielle : chaque numayn détient des richesses non matérielles : blasons, noms attachés à
des positions hiérarchiques, des danses,…
Tous, les nobles et les gens du commun se partagent de manière très inégalitaire les biens matériels.
Seuls les nobles, se partagent le patrimoine symbolique du groupe, selon des droits héréditaires.
Ex : les noms, associés à des privilèges, sont détenus par un nombre limité de noble et transmis de
générations en générations. Ainsi que par l’alliance, c.a.d un gendre peut devenir propriétaire du
nom transmis par le Numayn de son épouse, pour pouvoir le transmettre à ses enfants.
Dans cette société strictement hiérarchisé, les différences de statut entre les membres de la
noblesse se définissent en termes de biens symboliques.
Ex modèle général : l’accession à la fonction de chef de Numayn. L’intéressé, le numayn invitant,
distribue des biens aux chefs de numayn invités (des autres Numayn de la tribu, ou d’une tribu
voisine) qui sont souvent des partenaires d’alliance, alliés.
Les statuts et privilèges attachés à un numayn, sont acquis en fonction de la position
généalogique, mécanismes de la filiation et de l’alliance (peu de marges de manœuvre), puis
font l’objet d’une validation publique par une distribution de biens vers un autre groupe de
même importance. Cette distribution a aussi fonction d’affirmation de l’unité et de l’identité
du Numayn, ainsi que d’intégration au groupe de la personne qui distribue.
A l’origine du Potlatch une idée de base : pour qu’un évènement quelconque de la vie individuelle
ou collective acquiert une valeur sociale, il faut qu’il soit ratifié collectivement, c’est une validation
sociale de l’événement célébrée. s lors le cadeau (les richesses reçues) par l’invité est la
rétribution d’un service rendu, en même temps qu’invités et invitants réactualisent ensemble les
règles de fonctionnement du Numayn.
C’est seulement lorsqu’il y a compétition à une même fonction, que le potlatch devient lieu de
rivalité/tensions. Les distributions servent alors à écraser, voire humilier un adversaire.
« Il y a don une forme générale du Potlatch et de multiples actualisations de cette forme, que l’on
peut hiérarchiser entre elles en fonction de l’enjeu de la manifestation. »
Double articulation du Potlatch : accumulation/distribution des biens. Organisation verticale et
horizontale. Système profondément hiérarchisé et inégalitaire.
Augmentation du prestige pour le donateur, diminution pour le donataire.
2 types de biens :
Consommation courante /alimentaire: quantité de subsistance conservée, le surplus est capté de
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droit par le chef à la fin de la saison d’été. Prélèvement égalitaire de la production des familles.
Usage surplus alimentaire : en cas de pénurie du Numayn ou d’un groupe voisin, pour
consommation immédiate lors d’un potlatch, ou distribuée aux gens des plus bas statuts.
Biens de prestige : Obtenu par la solidarité qui doit unir les nobles à leurs chefs. Chacun donne en
fonction du rang qu’il occupe dans le groupe. Contribution volontaire proportionnelle au rang
occupé.
Usage : exclusivement destiné à la distribution. Ils engagent l’ensemble du groupe à travers la
personne du chef.
Puis 3 phénomènes conjoints contribuent au changement de l’institution à l’époque ou Boas
l’étudie.
Diminution de la population : 1835 : 7000 8000 Kwagul, puis diminution de 75% entre 1835
Et 1885 à cause des ravages dus à l’alcool et aux maladies importées : variole, tuberculose,…
1924 : 1000 seulement. Avant seul les chefs pouvaient organiser les cérémonies, dès 1870 des
personnes enrichies s’arrogent ce droit, il y a donc une compétition intense.
Conséquence : changement des conditions de distributions. Plus de positions vacantes que
d’individus en droit de les occuper, perturbation de la reproduction social. Au lieu de valider une
position hiérarchique héréditaire, le potlatch et l’acte même de distribution de biens publique donne
accès à la position hiérarchique.
Bouleversements économiques : de l’éco traditionelle à une éco de traite, qui accroit
Considérablement le volume des richesses. Ainsi que la monétarisation des revenus, qui favorise
l’émergence d’une classe de « nouveaux riches ».
Conséquence : de collectif, le mode d’accumulation des richesses devient individuel. Avant le chef
a besoin des fruits du travail collectif de tout le Numayn pour accumuler assez de richesse pour la
cérémonie.
De +, l’accès aux biens de consommations change la notion de valeur des biens de prestige et leurs
nature: de rareté (temps et compétences spécifiques liés à la fabrication) du qualitatif vers le
quantitatif ; des blasons vers les couvertures de la compagnie de la baie d’Hudson/machines à
coudre/phonographes.
Arrêt définitif des guerres indiennes : de 1860 à 1865. Le Potlatch devient le lieu de
L’affrontement entre rivalité intertribales.
Conséquence : le Potlatch s’élargit du Numayn, à une tribu entière, puis tribus voisines.
Critique de Boas : l’info recueillie concerne une société en situation de transformation rapide, due à
la dépopulation, aux changements économiques et à l’arrêt des guerres, qui n’est pas prise en
compte dans l’analyse. Boas occulte le caractère colonial et post traditionnel de ces cérémonies. (cf.
Claude Meillassoux)
L’institution est décontextualisée : taxée d’un nom étranger, séparée pour l’analyse, alors que le
Potlatch constituait la trame même de l’activité sociale, politique, religieuse, et économique de la
société.
Critique de l’anthropologie : Absence de sens critique des chercheurs : alors même que les analyses
de boas sont souvent en contradiction avec les données recueillies par Hunt son principal
informateur, et aussi par Curtis.
Décontextualisation de cette cérémonie, pour la manier en concept applicables pour l’analyse
d’autres rituels et d’autres sociétés. Or le maniement de certaines grilles d’analyse peuvent masquer
aux chercheurs certains agencements/ articulations des phénomènes décrits.
Cf. : la thèse de Mauss sur le don.
Recap’ : Dans des sociétés très hiérarchisées, la cérémonie du potlatch vient valider le statut
supérieur des chefs. En interne ponction des biens, qui servent en externe à la redistribution lors de
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la participation des groupes extérieurs. C’est précisément la venue des invités qui donnent accès au
statut.
Séance 2
Luc de Heusch « Essai sur le symbolisme de l’inceste royal en Afrique », 1958
Les Tetela, population bantoue du Congo, et analyse comparée des systèmes politiques dans la
région des grands des lacs.
« Mythes et rites bantoues» , 3 volumes. 1 er
1972
Luc de Heusch est cinéaste et anthropologue belge, appartient à l’anthropologie Structuraliste. Il
travaille aussi au Rwanda et au Congo belge. Ses thèmes de prédilections : le politique, les mythes,
et les sacrifices. Même lignée de Robert Flaherty et Jean Rouch.
Méthode ethnographique : observation et description très fine + comparaison avec les groupes
voisins. Pour faire émerger les points saillants de similitudes et divergences.
Les Tetela
Systèmes politiques très peu complexes, sociétés segmentaires : sens qq peu différent de Evans
Pritchard, puisque les segments sont inégalitaires : supériorités des lignages aines sur les cadets.
Rappel : Sociétés segmentaires, Nuer d’Evans Pritchard. Le statut identitaire n’est jamais figé, il
évolue selon l’interaction, il est modulable. Le contexte d’interaction détermine avec qui on l’est
et contre qui on est : système instable ; et parfaitement égalitaire et structurel.
Etudie la société des « maitres de la forets ». Pour devenir chef de lignage les prétendants doivent
organisées des dilapidations festives, lors desquelles : dons des plus grands en 1ers aux ainés, puis
donc les + simples en derniers aux cadets. Le chef n’a aucun pouvoir religieux
C’est la carte généalogique qui organise les dépenses rituelles. La distribution publique vient
renforcer et réaffirmer les positions sociales. Pertinence d’utiliser le mot Potlatch ??
En fait cérémonie récemment introduite par un groupe voisin y ayant séjourné, l’auteur va donc
étudier les Hamba pour mieux comprendre cette pratique. La confrérie est composée de plusieurs
grades, fortement hiérarchisées, les prétendants doivent être initiés pour y participer et payer un prix
très élevé aux autres membres qui se partagent les richesses données. En échange ils ont alors le
privilège de porter des objets de prestige : colliers de dents de Léopard, coiffures de plumes
d’aigles,… Description très fine et précise, car l’auteur a lui-même été initié. Dans ce groupe le
pouvoir est donc partagé entre les initiés de la confrérie les « nkumi »et les ainés de lignage.
Chez les Nkutshu, les initiés sont les « nkumu », eux sont investis d’un pouvoir sacré et religieux
« l’ekopo » qui les rapprochent des rois sacrés. Alors que chez les Tetela-Hamba, le rituel perd ses
caractéristiques sacrées en s’étendant, il s’agit d’une désacralisation du pouvoir qui peut mener à
l’édification de structures étatiques. Sacralisation/désacralisation du pouvoir sont à la base et non le
résultat de l’Etat. (En désaccord avec les évolutionnistes.)
Recap’ : Société peu hiérarchisée, avec seulement prédominance du lignage ainé. Les
redistributions ont lieu principalement en interne. Etranger sont toujours de lointain parent
généalogique. Chef acquiert son prestige lié à sa place généalogique au sein de la parenté. De plus
l’accession au pouvoir et la distribution des biens peut être largement différé + 15 ans.
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Séance 3
Les Royautés sacrées
Sociétés de l’ouest de la cuvette congolaise: pouvoir fortement sacralisé. Réf: Frazer « le rameau
d’or ». Il a introduit une séries de notions qui se sont révélées être des acquis de la discipline,
notamment cette notion de royauté sacrée. On peut la définir selon 4 critères principaux.
- Un roi sacré est un roi à qui l’on prête le pouvoir d’agir sur la nature, sur l’univers. Il est considéré
comme étant sur le centre de l’univers. On lui prête la possibilité d’agir sur l’univers. Son action se
focalise généralement sur les grands équilibres cosmiques: il a un rôle dans le bon déroulement des
saisons, il est garant des équilibres, pluie sécheresse, froid, chaleur, abondance des récoltes, mais
aussi de la fertilité animale, des troupeaux et de la fécondité humaine. Il garantie par les pouvoirs
qu’il détient de la croissance du bien être, de l’abondance.
Depuis le 3e s av JC jusqu’au 19e voir 20e Siècle, on considérait que le souverain avait le mandat
céleste, la volonté divine. Tout tremblement de terre, épidémie, ou catastrophe: calamité de dieu,
signe qu’on lui retirait ce mandat. Le souverain est le garant du bon équilibre du monde.
- La personne même du souverain est considérée comme porteuse, chargée d’énergie. On lui
associe une certaine dangerosité ca il n’est pas un être ordinaire. Donc on ne se comporte pas à son
égard de manière ordinaire. Ce sont des êtres considérés comme étant de nature différente, on ne les
rencontre pas dans des circonstances ordinaires. Les souverain vivent alors reclus entourés de
serviteurs et n’ont des contacts avec l’extérieur que dans des situations de contrôle. La vie
quotidienne est très réglementée, tous les faits et gestes sont codifiés et obéissent à un rituel. Le
corps même su souverain est considéré comme chargé d’énergie dangereuse, son intégrité physique
doit être garantie. Ses cheveux, corps, nourriture, la vaisselle dans laquelle ils mange sont soumis à
des traitements particuliers.
- La conception associé a tout cela est que cette charge du souverain de protéger la socié toute
entière est associé a l’idée d’usure. Un souverain doit être en pleine possession de ses moyens et le
moindre signe de défaillance est considéré comme une marque d’usure et il faut alors changer de
souverain.
Frazer fait référence à Westerman qui avait observé les Shilluk du Soudan, il publie un ouvrage qui
s’intitule « Shilluk People » en 1912. Il parle de la conception qu’ont les Shilluk de leur souverain:
Un souverain ne meurt pas il disparait. La disparition du souverain n’est jamais une disparition
naturelle, quand les gens pensent que sa fin est proche car il est trop âgé, une de ses épouses
l’étrangle avec une pièce de vêtement. Le souverain Shilluk s’appelle le Reth. Il est la réincarnation
du fondateur du royaume, un personnage appelé Nyakang auquel on rend un culte et chaque roi est
considéré comme sa réincarnation. Il n’est pas autorisé a devenir vieux et impotent car on pense que
cela va avoir un effet sur l’équilibre de la productivité. C’est pourquoi ils vont mettre a mort le roi
pour éviter le désordre qui pourrait accompagner son vieillissement. Il semble n’y avoir aucun
doute sur la mise a mort de leur souverain chez les Shilluk au premier signe de faiblesse. Qui est la
faiblesse sexuelle décelée par les épouses. Le meurtre du roi ne pouvait avoir lieu que la nuit. La
journée il était entouré de gardes du corps. La nuit la situation est différente, roi est seul dans sa
concession avec ses épouses. Il passe sa nuit constamment en éveil armé, scrutant les zones
d’ombre. Apres la mort du souverain s’en suit une période pendant laquelle les princes rivalisent et
se battent pour succéder a leur père, le plus vigoureux remporte. Enfermé dans une case avec une de
ses épouses et privé de nourriture et d’eau on les laissait mourir. La mise a mort est programmée
selon un calendrier préétablit.
Un certain nombre d’ethnographes ont remis en cause cette vision Frazerienne de la royauté sacrée,
dont Evans-Pritchard qui a donné une conférence à Cambridge en 1948. Chaque année Cambridge
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