T’utlayt ta mazight 5
La Graphie
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Chapitre I
Le choix de caractères
I. Choix de la graphie
Trois types de caractères peuvent être sérieusement envisagés : le tifinagh, l'arabe et le latin.
Cependant, le choix devrait être guidé par l'urgence de la situation quant à la généralisation de la
pratique de l'écrit.
En effet, ce qui manque à l'amazighophone c'est une tradition d'écriture de sa propre langue.
Son absence est en grande partie responsable de la disparité des dialectes, du manque de
communication entre les différentes aires amazighophones, de la perte de terrain de l’amazigh par
rapport à l'arabe et même au français (voir le milieu de l'émigration).
Les média (cinéma, télévision, radio) sont un moyen non négligeable pour l'enrichissement d'une
culture et de son support le plus important, la langue qui la véhicule, aussi on devrait, en parallèle
à la diffusion de l'écrit, favoriser la diffusion de l'image-son afin de sensibiliser l'environnement
culturel ambiant à la composante amazighe de la culture maghrébine.
Pour en revenir à l'écriture, nous devons aussi tenir compte des techniques existantes de
diffusion de l'écrit. De nos jours, les moyens d'impression les plus performants, mais aussi les plus
disponibles, sont au service des langues dominantes, porteuses de technologie et de moyens de
communication. Ces langues sont les langues anglo-saxonnes (anglais, allemand), latines
(français, espagnol, italien) ou slaves (russe). Les Japonais eux-mêmes, pourtant à la pointe des
innovations technologiques, utilisent l'anglais pour diffuser à travers le monde leurs produits.
L'anglais est de plus en plus présent dans tous les domaines de recherche et, à travers l'anglais,
se généralise l'utilisation du caractère latin.
A l'apogée de la civilisation arabo-musulmane, la langue arabe était l'outil de référence dans le
domaine scientifique, parce que le savoir se dispensait dans les universités de langue arabe.
Aujourd'hui l'anglais est sans conteste le passage obligé à toute recherche scientifique,
notamment dans le domaine des technologies de pointe. Ajoutez à cela l'allemand, le français,
l'espagnol, l'italien, le portugais, le hongrois, le polonais, le roumain, le turc, les langues
scandinaves et bien d'autres langues encore, et on se rend vite compte que plus de la moitié de la
planète utilise les caractères latins quotidiennement. Conséquence de tout cela, que vous soyez
au Tibet, au Yémen ou en Patagonie, vous pourrez toujours trouver des moyens d'impression en
caractères latins. Le caractère latin est sans conteste le plus utilisé à travers le monde.
L’amazigh a été écrit par nos ancêtres, on en retrouve les traces à travers toute l'Afrique du nord,
jusqu'aux îles Canaries, ce sont les caractères lybiques. De nos jours, les Touaregs perpétuent la
tradition et continuent à écrire en tifinagh, mais cela reste occasionnel et ressemble plutôt aux
derniers signes d'une tradition qui se perd. La renaissance de l'écriture amazighe nécessite une
prise de conscience préalable de la part des amazighophones quant à la valeur de ce patrimoine
inestimable qu'est la graphie lybico-tifinagh.
La graphie arabe présente des inconvénients et des lourdeurs qui nécessitent des
aménagements importants afin de pouvoir représenter tous les phonèmes de la langue amazighe.
Les principales difficultés sont les suivantes :
1. Impossibilité de combinaison de caractères (comme cela se fait pratiquement dans toutes les
langues utilisant le caractère latin) pour représenter les phonèmes étrangers à l'alphabet arabe.