36 | La Lettre du Rhumatologue • No 358 - janvier 2010
DOSSIER ACR 2009 Spondylarthropathies
risque de voir apparaître un syndesmophyte dans cet
angle. Ils confirment aussi qu’aucun syndesmophyte
n’est apparu dans un coin vertébral où persistait
de l’inflammation. Enfin, la régression de l’inflam-
mation est fortement associée à l’apparition d’un
néo-syndesmophyte, en particulier chez les patients
traités par anti-TNF.
La chronologie des examens est cependant une
des limites de cette étude. En effet, les clichés IRM
n’ont pas été faits à 2 ans, en même temps que les
nouveaux clichés radiographiques. Le délai moyen
entre les 2 IRM était de 18 mois, sans que la four-
chette exacte de cet intervalle ait été précisée. Il n’en
reste pas moins que ces résultats confortent a priori
l’hypothèse physiopathologique du “frein TNF” :
tant que l’inflammation persiste, le TNF via DKK-1
inhiberait la formation de néo-syndesmophyte, en
inhibant la voie Wnt. En cas de disparition de cette
inflammation, il y aurait une levée de l’inhibition de
la formation osseuse. Cela ne permet pourtant pas
d’expliquer la majorité des atteintes rachidiennes,
puisqu’il n’en reste pas moins que la majorité des
syndesmophytes est observée dans des coins où il
n’y a jamais eu d’inflammation IRM.
Imagerie diagnostique
de la spondylarthrite ankylosante
Le diagnostic précoce de SpA axiale et de SA reste
difficile aujourd’hui. Différents outils diagnostiques
ont été présentés pendant le congrès.
◆IRM des sacro-iliaques des sujets sains
Depuis 2 ans, les limites de l’IRM, et de sa spécificité,
en particulier, sont mises en exergue. Lors du congrès
ACR de 2008, Weber avait rapporté l’existence de
lésions inflammatoires rachidiennes chez les sujets
sains. Cette année, il s’est attaqué aux IRM des sacro-
iliaques chez les sujets sains (Weber, abstract 2025).
L’étude MORPHO est une étude multicentrique
visant à évaluer les anomalies sacro-iliaques en IRM
(T1 STIR, coupes coronales) chez les sujets jeunes
sains, avec rachialgie commune ou avec des signes
de SpA. Ainsi ont été inclus 26 patients atteints de
rachialgies communes, 77 de SA, 25 de rachialgies
inflammatoires, et 59 volontaires sains. Tous avaient
moins de 45 ans. Sur chacun des clichés IRM, 4 cri-
tères étaient évalués : l’œdème osseux (STIR), l’éro-
sion (T1), l’involution graisseuse (T1) et l’ankylose
(T1). À la suite de chaque évaluation, le lecteur devait
poser ou non le diagnostic de sacro-iliite face à ces
images IRM, sans aucune donnée clinique associée.
Des lésions évocatrices d’atteintes sacro-iliaques
actives et/ ou chroniques ont été observées chez un
tiers des sujets sains et des patients avec rachialgie
commune. Le diagnostic de sacro-iliite (faux positifs)
a été posé chez 6,8 % des volontaires sains et 7,7 des
rachialgies communes. Cette étude nous incite à
rester vigilants. L’IRM n’aura jamais une spécificité
de 100 %. Il est important maintenant de bien définir
les lésions, d’entraîner les lecteurs et d’établir les
seuils de significativité.
◆Romanus graisseux en IRM
L’équipe de Leeds, elle, a montré que les lésions
inflammatoires graisseuses dans les coins vertébraux
avaient autant d’intérêt que les lésions inflamma-
toires IRM (Bennett, abstract 526). Ainsi, 174 patients
avec une pathologie du rachis (64 SpA, 45 arthroses
rachidiennes, 45 néoplasies, 20 autres pathologies
du rachis incluant des spondylodiscites tuberculeuses
et des fractures ostéoporotiques) et 11 témoins sains
ont été inclus dans leur étude. Chaque patient avait
un cliché d’IRM du rachis en totalité et en coupes
sagittales avec des séquences T1 SE et STIR, et
les clichés étaient lus par 2 personnes indépen-
dantes ignorantes du diagnostic et de la clinique.
Le Romanus graisseux était défini comme un signal
triangulaire dans un coin vertébral en hypersignal T1
et disparaissant en séquence de saturation de graisse
Fat Sat. La corrélation entre les observateurs était
excellente : rachis cervical (concordance = 100 % ;
κ = 1,00), rachis thoracique (95,7 % ; 0,76) et rachis
lombaire (95,2 % ; 0,811).
Cette étude est riche en informations :
➤
les Romanus graisseux n’étaient pas fréquents
(29/185 IRM) ;
➤ils étaient significativement plus présents dans
les SpA que dans les arthroses (T = 0,018) ;
➤
au sein des patients atteints de spondylarthrite,
il n’y avait pas de différence d’âge ni de durée d’évo-
lution de la maladie entre les patients avec et sans
Romanus graisseux ;
➤
la localisation était principalement thoracique
dans les SpA (59 %) et majoritairement lombaire
dans les arthroses (73 %) ;
➤
la présence de ces Romanus graisseux pourrait
constituer une aide diagnostique précieuse (LR :
4,7), car ils ont permis de poser le diagnostic chez
25 % des patients atteints de SpA à clichés radio-
graphiques normaux et sans lésion inflammatoire
IRM ;
➤
enfin, leur valeur prédictive négative serait
bonne : aucun Romanus graisseux n’a été rapporté
chez les sujets témoins.