Défaillances du modèle québécois
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1. LA MONDIALISATION ET LES RÉGIONS-RESSOURCES DU QUÉBEC : OU L’AVANTAGE
D’ÊTRE EN RETARD
Depuis l’avènement durant les années 80 de ce qu’on qualifie désormais la mondialisation, toutes
les régions-ressources du Québec et en particulier les cinq régions périphériques évoluent
selon une trajectoire continue de déclin de leurs assises économique, socio-démographique et
spatiale.
À l’exception des régions-ressources bénéficiant de l’effet d’étalement de la zone de Montréal
comme la Montérégie, les Laurentides ou Lanaudière, le déficit démographique1 est systématique
pour les régions périphériques depuis 1986.
La ceinture verte reliant l’Outaouais à la région de la Chaudière en passant par l’Abitibi, le
Saguenay, Charlevoix, la Côte-Nord et la Gaspésie enregistre une perte nette de 34 000
habitants entre 1986 et 2000.
Pour l’an 2016, ces cinq régions2 auraient perdu 80 000 habitants sur un total initial de 881 000
en 1986 soit une moyenne de 9%. Cette saignée est aggravée par l’effet anticipé du
vieillissement qui se projette sur le plan économique par un accroissement du coût des services
publics d’une part, la réduction du potentiel de développement des activités de services liées au
volume de la population, d’autre part.
De toute évidence, l’analyse de la configuration spatiale des indicateurs de performance de
l’économie québécoise révèle une tendance lourde et continue d’accroissement des écarts entre
les trois composantes du territoire québécois :
§ la région de Montréal avec sa zone directe d’influence localisant 59% de la population du
Québec en l’an 2000;
§ les régions-ressources du centre du Québec ayant 20,5% de la population du Québec en
2000;
§ les régions périphériques avec 11,5% soit 847 000 habitants en 2000 contre 881 200 en
1986.
Ces écarts sont observés quelque soit l’indicateur économique retenu : le niveau de l’emploi et
du revenu, la disponibilité et l’accessibilité aux services publics, la part des transferts sociaux
dans le revenu disponible, le taux de chômage de longue durée, etc.
Sur le pan théorique, une économie industrielle avancée comme le Québec peut évoluer selon
une dynamique spatiale comportant deux vitesses, si l’expansion globale de l’économie permet
de compenser les coûts économiques et sociaux des régions qui connaissent une dégradation de
leurs assises productives, ou de leur niveau de croissance.
Dans ce cas, la problématique des régions ressources en retard de croissance, trouverait une
solution par la conversion et l’adaptation de ses structures aux nouvelles exigences du
développement. La mobilité démographique d’une partie de la population active serait un facteur,
facilitant la conversion structurelle de ces régions.
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1. Voir l’annexe 9, page 62.
2. Figure 1 à la page suivante.