EDITORIAL
DECEMBRE2010
MERKUR
1
Les résultats de la 18eéditionde l’enquêteconjoncturelle annuelle
de l’association des Chambres de Commerce et d’Industrieeuropéen-
nes, Eurochambres, semblent indiquer que«lepire» estpassé, mais
lesindicateurs de confiancerestenttoutefoispour la fin2010 et 2011
en deçà de leursniveaux d’avant-crise. Il subsiste en effetcertaines
incertitudes liées à l’arrêt des mesures de relance, àla mise en place
de mesures fiscales visant l’assainissementbudgétaire dans le cadre
desnouvelles dispositions européennesde renforcement de la gou-
vernance économique ainsiqu’à l’accès aux crédits, considéré comme
trop restrictif parlesentreprisesde plusieursEtats membres. En Alle-
magne, lesentreprises apparaissentplus optimistes dans cetteenquête
EES2011. Ces résultats se traduisent dans lesprévisions macroéco-
nomiques,puisqu’une croissance de 3,7%pour 2010 et de 2,2%
pour 2011 est attendue,ce quifait de l’Allemagnela locomotive de
la repriseeuropéenne,alorsquel’Espagne, la 4epuissance économi-
quede la zone euro, a de sérieusesdifficultés à attraper le trainde la
reprise. D’autres pays,commela Grèce, l’Irlandeet le Portugal ont
étédurement touchésparla crise.
Quant au Grand-Duché, l’enquêteEurochambres 2011 traduit
une reprise au sein des entreprises luxembourgeoisessurl’annéequi
s’achève.Cettereprise a tout d’abord un fort contenumécanique. En
effet, le niveau d’activité enregistré parlesentreprises aconnuune
importante contractionen 2009 et le plancher de l’évolutionconjonc-
turelle aété atteint la même année, avec unecroissance du PIBnéga-
tive de l’ordre de -3,7 %. Cettechute de l’activité économique est
allée de pair avec un déstockage important. En 2010,le niveau d’ac-
tivité estdonc repartimécaniquement à la hausse suitenotamment
au restockage industriel.Or,cettereconstitution desstocks est désor-
mais achevée. Afin de pouvoirconsolider ce niveau d’activité àl’ave-
nir, et ce de façondurable,lesentreprises luxembourgeoisesdoivent à
présentimpérativement offrir des produits et des services compétitifs
sur des marchésglobalisés et hautementconcurrentiels.
Parailleurs,lesmesures de relancemisesen œuvreparle Gouver-
nement luxembourgeoisont dopéstemporairementl’activitéécono-
mique. Les entreprises luxembourgeoisesne pourront toutefoisplus
profiter à l’avenir desdites mesureset devrontdonc,de parleurs acti-
vités, retrouverseules le chemin de la croissance.
Enfin, même si lesentreprises ontenregistréen2010unchiffre
d’affaires en hausse parrapport en 2009,il ne faut pasoublierque
le niveau d’avant-crisen’estpasencore atteintpour beaucoupd’entre
elleset quelescoûtsdesfacteurs de production ontprogressérapi-
dement, avec des effets négatifs surlesmargesdesentreprises.Ceci
affecte égalementlaconfiancedes entreprisespourl’avenir, notam-
ment leur propension àinvestir et àrecruter.
Si lesprévisionspour2011sontrelativementoptimistes quantaux
anticipationsen matière de chiffred’affaires, elles restenttrès hésitan-
tes quant à l’appréciation du climat desaffaires. En raison de l’évolu-
tion conjoncturelle encore incertaine au Luxembourg et de la situa-
tion difficile au niveau macroéconomiqueet desfinances publiques
dans plusieurspays membresde la zone euro, lesindicateurs peinent à
retrouverleursniveaux d’avant-crise. Lesentreprises luxembourgeoises
affichent un optimisme de circonstance réservéet uneprudenceindé-
niable.L’enquête2011 ne comporte en tous caspasde signes évidents
quele potentiel de croissance historiquedu Luxembourg,c’est-à-dire
unecroissance du PIBde 4-5%,puisseêtre atteinten 2011.De très
nombreuses hésitationsexistentencore à différents niveaux sectoriels
ou en fonction de la taille des entreprises interrogées.
Desincertitudes subsistent égalementquant à l’évolution de l’em-
ploien 2011.Cetteprudence traduitla méfiance des entrepreneursen
ce quiconcerne l’ampleur et la durabilité de la reprise. Elle metégale-
ment en évidence leurscraintes quant à l’évolutiondes coûtsdu facteur
de production «travail»et quant à leur capacité de mettre en œuvre
leur stratégiede développementavecdes automatismes réglementaires
et deshaussesdescoûtssalariaux plus marquéequel’évolution de la
productivité.Ainsi, pour diminuer ces coûts, un moyen à disposition
desentreprisesestl’ajustement vers le basdeseffectifs,ou au mieux,
leur stabilité. Or,aprèsles taux de croissance historiques de l’emploi
(quelque 4%enmoyenne entre1995et2008),même une relative sta-
gnationde l’emploi aura commeconséquence de faireapparaître des
déséquilibres manifestes au niveau du financementdu modèle social
et unepoursuitede la hausse du taux de chômage.
Lesniveaux desinvestissements futurssont égalementemprunts
d’unegrande réserve, alorsquele soutienanticyclique aux entreprises
locales à traversl’investissementpublic aétémoins prononcéqu’ini-
tialementannoncéparle Gouvernement.Suite à la criseéconomique
et financière, la croissance potentielle luxembourgeoise aétédurable-
ment touchéeet tout investissementcapable de renforcerle potentiel
de croissance endogène estcependantbénéfique, voiremême indis-
pensable, à la genèse de nouvelles activitéséconomiques, de nouveaux
emplois et de nouvelles basesfiscales.
Au vu des incertitudes persistantes auprès des entrepreneursluxem-
bourgeois, la Chambrede Commerce resteainsien attente de vraies
mesures en faveur de la compétitivité, quipourraient fournir aux
entreprises uneboufféed’oxygène sous formede mesures d’amélio-
ration concrètes. Elle regrette l’immobilisme et l’absence de vision à
long terme,alorsquetout report des inévitables réformes et touteperte
de temps à cetégard rendrontlesmesures àadopter plus incisiveset
impopulaires.
n
EnquêteEurochambres 2011: L’immobilisme fige l’emploi et
réduit le potentielde croissance de l’économie
La Chambrede Commerce souhaite à tous
sesressortissants un joyeux Noël et de
bonnes fêtesde find’année!