Congrès annuel de la SZF, Parc Phoenix, Nice, 13-16 septembre 2011 Les macroinvertébrés benthiques des cours d’eau de Kabylie : faunistique, écologie et répartition géographique. Par Abdelkader LOUNACI Dpt. Biologie - Faculté des Sciences Biologiques et Sciences Agronomiques Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou E-Mail: [email protected] Mots Clés : invertébrés benthiques, faunistique, Ecologie, biogéographie, structure des communautés, Kabylie, Algérie. Résumé Ce travail est la première monographie à peu près complète sur l'hydrobiologie d'un réseau hydrographique du Nord de l'Algérie : le Sébaou (Kabylie). Ce dernier est caractérisé par son caractère globalement temporaire, et est exploré des points de vue faunistique et de la répartition spatiale des invertébrés benthiques. 18 stations regroupant une grande variété d'eaux courantes, depuis les ruisseaux jusqu'aux rivières, ont été prospectées. Ces stations sont situées à des altitudes variant de 1680 à 20 mètres audessus de la mer. 466 taxa appartenant à 12 groupes taxonomiques ont été dénombrés. 118 espèces sont des premières citations pour l'Algérie, 25 pour l’Afrique du Nord et 7 sont des espèces nouvelles décrites récemment. La faune benthique d’Algérie est nettement paléarctique, dominée par des éléments à distribution ouest-méditerranéenne. Les éléments d'origine éthiopienne et orientale sont peu représentés. Les endémiques sont nombreux. L’abondance, la richesse spécifique et la distribution longitudinale de la faune récoltée ont été étudiées. La diversité spécifique des différentes stations révèle un gradient altitudinal avec une diversité maximale dans les zones de piémont et de basse montagne qui constituent les zones les plus hétérogènes. Au contraire, la faible diversité des zones de plaine peut être attribuée à une température de l’eau élevée, à un faible débit ainsi qu’à l’influence des perturbations anthropiques. De même, la faible diversité des zones d’altitude semble due aux conditions constantes du milieu (faible température, fond érodé à substrat homogène, couvert végétal absent, assèchement long) La structure des communautés de trois groupes d’insectes: Ephéméroptères, Plécoptères et Diptères Simuliidae, bien représentatifs de la communauté benthique, a été visualisée en utilisant l'analyse canonique de correspondance (ACC) visant à montrer les affinités de chaque espèce pour les variables environnementales sélectionnées et à déterminer la distribution spatiale de la communauté d’invertébrés. L’assemblage des espèces au sein de la communauté a été déterminé en utilisant la méthode des nuées dynamiques. L’étude des associations d’espèces révèle trois groupements, les deux premiers étant essentiellement déterminés par un gradient altitudinal. Les zones amont sont caractérisées par des espèces de Plécoptères alors que les zones de piémont présentent une forte abondance et une forte diversité d’Ephéméroptères et de Simuliidés. Le dernier groupement est caractéristique des sources, avec des espèces de Plécoptères peu fréquentes et peu abondantes. Ces résultats fournissent des informations quant à l’influence de variables environnementales sur la distribution des espèces et la structure des communautés d’insectes aquatiques en Afrique du Nord. 1 1. Introduction Depuis les années 90, un intérêt croissant est porté sur les études de la structure des communautés d’invertébrés benthiques (Barmuta, 1989 ; Lugthart et al. , 1992 ; Bournaud et al., 1996). Cette structure est bien étudiée en Europe et en Amérique du Nord (Wohl et al., 1995 ; Malqmvist et al., 1995 ; Guinand et al. 1996 ; Nelson, 1996 ; Hawkins et al. 1997 ; ; Del Walls et al. , 1997 ; Jacobsen et al. , 1997 ). Néanmoins, les travaux disponibles sur l’Afrique du Nord, généralement limités dans l’espace et dans le temps, sont consacrés le plus souvent à la systématique et rarement à leur écologie ou à leur biogéographie (Berthelemy, 1973 ; Boumaiza et Thomas , 1986 ; Boumaiza et Clergue-Gazeau, 1986 ; Dakki et Thomas, 1986 ; Malicky et Lounaci, 1987 ; Bouzidi et Giudicelli, 1987 ; Gagneur et Thomas, 1988 ; Gagneur et Clergue-Gazeau, 1988 ; Clergue-Gazeau, Lek et Lek, 1991; Moubayed et al. 1992; Boumaiza, 1994 ; Lounaci-Daoudi, 1996; Thomas, 1998 ; Lounaci et al., 2000 ; Mebarki, 2001 ; Arab et al., 2004 ; Lounaci, 2005; Lounaci et Vinçon, 2005). Jusqu’ici, en Afrique du Nord, très peu d'études sur l’organisation spatiale et la structure des communautés benthiques ont été réalisées. Cette région semble pourtant être très intéressante et pourrait, suite aux contraintes climatiques spécifiques à ces milieux très différentes des conditions du sud de l’Europe induire de fortes différences. Les écosystèmes lotiques occupent des bassins exigus et acquièrent leurs particularités sous l’influence d’un climat chaud et sec en été, froid et pluvieux en hiver. L’écoulement de l’eau est irrégulier ; les crues sont soudaines et violentes, les étiages prononcés. En saison estivale, les températures de l’eau sont élevées par les effets conjugués de la réduction du débit et de l’insolation. En ce qui concerne la faune aquatique, sa composition spécifique est plus pauvre que celle de la plupart des régions de l’Europe occidentale. Son originalité est marquée par le fort taux d'endémiques qui relève de l’isolement montagnard. Elle comporte des éléments surtout connus de la sous région méditerranéenne et quelques taxons qui font partis des lignés éthiopiennes et orientales. Les macro-invertébrés benthiques sont généralement utilisés en tant qu'indicateurs biologiques pour élucider l'impact des changements des caractéristiques du milieu et les stratégies écologiques des différentes espèces pour 'restituer' certaines de ces caractéristiques (Dolédec et Statzner, 1994; Townsend et al., 1997; Thierney et al., 1998). Au cours du présent travail, nous allons prendre l’exemple des macro-invertébrés benthiques d’Algérie où des études monographiques sur l’hydrobiologie des cours d’eau de la Kabylie du Djurdjura ont été réalisées depuis 1995. L’objectif est de déterminer l’organisation spatiale et la structure des communautés d’invertébrés en fonction des caractéristiques environnementales. Pour ce faire, après une étude descriptive des peuplements rencontrés, nous allons procéder à l’analyse de l’influence des facteurs topographiques intégrateurs sur la diversité. Suite à ces résultats, par l’usage de méthodes statistiques multivariées (ACC), la généralisation de la structure des communautés sera prise en compte au niveau spécifique. Enfin nous confronterons nos résultats avec ceux des travaux antérieurs réalisés sur le sud de l’Europe. 2. Sites d’étude et méthodes La zone étudiée se localise à une centaine de km à l’Est d’Alger. Elle s’étend depuis les massifs montagneux du Djurdjura (alt. max. 2308 m) jusqu’à la vallée du Sébaou (Tizi-Ouzou). 18 stations échelonnées sur le versant Nord du massif du Djurdjura entre 1700 et 20 m d’altitude ont été choisies. Leurs caractéristiques abiotiques sont résumées dans le Tableau 1. Ces sites nous paraissent bien refléter la diversité des habitats et couvrir un large panel de situations mésologiques. 12 sites se répartissent sur le cours axial des principaux cours d’eau : oued Aïssi 7, oued Boubhir 2, oued Sébaou 3 et 6 autres sur des ruisseaux d'altitude : Thala-Guilef : 4 ; Tizi-N’Kouilal : 1 ; Mekla : 1 (figure 1). Le climat de la Kabylie varie d’humide à sub-humide. Il est caractérisé par un été chaud et sec et par un hiver froid et pluvieux. Dans le massif du Djurdjura (alt. > 1000m), les précipitations annuelles moyennes sont de l'ordre de 1500 mm, et de l’ordre de 900 mm dans la vallée du Sébaou. 2 Le régime hydrologique annuel est marqué par un maximum en hiver et en début de printemps (75% de la pluviosité annuelle) puis diminue ensuite progressivement pour atteindre 5 mm en juillet et août. Les précipitations sont cependant inégalement réparties car une grande partie est concentrée en quelques jours et tombe rapidement sous forme d’orages, occasionnant ainsi des crues brèves et violentes qui perturbent fortement les milieux lotiques. L’étiage est plus ou moins long, de nombreux cours d’eau s’assèchent dès le mois de juin jusqu’au mois de novembre. L’une des caractéristiques majeures des cours d’eau étudiés est leur important réchauffement en été. Dans les cours moyens et inférieurs, la température maximale de l’eau est élevée (27-33 °C) et les amplitudes thermiques annuelles oscillent autour de 20 °C. Dans les parties supérieures, la température maximale ne dépasse pas 20 °C. Le matériel biologique a été récolté au filet de type Surber (vide de mailles = 300m ; surface = 1/10 m2). Des chasses d’adultes ont aussi été effectuées aux abords des cours d’eau, permettant de confirmer les déterminations des stades aquatiques. Les campagnes de récoltes se sont échelonnées sur une dizaine d’années (1995 - 2005) à raison de 5 récoltes en moyenne par an. Dans la mesure du possible, nous avons prospecté le plus grand nombre de stations à la même époque : au printemps et début de l’été, période la plus propice au développement de la faune benthique. L’étude de l’abondance, la richesse spécifique et la structure des communautés ont été limitées à 3 ordres d’insectes aquatiques les mieux connus sur les plans taxonomiques et écologiques : Ephéméroptères, Plécoptères et Diptères Simuliidés. Nous avons d’abord réalisé une analyse descriptive de l'abondance et l’occurrence des espèces pour chacun des trois groupes taxonomiques étudiés dans les cours d’eau de Kabylie. Puis, nous avons analysé l’évolution de la diversité spécifique (indice de Shannon) des 18 stations en fonction de l’altitude. Pour obtenir la fiabilité écologique maximale, l’ajustement a été réalisé par une fonction nonparamétrique de type Lowess (Cleveland 1979) avec une tension f = 0,5. Enfin, la structure de la communauté de macroinvertébrés a été visualisée en utilisant une analyse canonique de correspondance (CCA) (ter Braak 1986) visant à montrer les affinités de chaque espèce pour les variables environnementales choisies et à déterminer la distribution spatiale de la communauté d’invertébrés. Les assemblages des espèces au sein de la communauté ont été recherchés par la méthode des nuées dynamiques, utilisée à partir des coordonnées des espèces sur les cinq premiers axes de l’ACC, et complétée par la classification hiérarchique. 3. Résultats 3.1. Analyse globale de la faune La faune benthique des cours d’eau de Kabylie, sa répartition et son écologie sont longtemps restées mal connues. Les travaux de Lounaci (1987), Malicky & Lounaci (1987), Ait Mouloud (1988), Lounaci-Daoudi (1996), Lounaci et al., 2000 ; Mebarki (2001), Lounaci (2005); Lounaci & Vinçon (2005) et Moubayed-Breil & al (2007) constituent les seules données sur les peuplements d’invertébrés aquatiques de cette région. La présente étude faunistique a permis de recenser 466 taxons dans les différentes stations prospectées entre 20 et 1700 m d’altitude, se répartissant en 12 groupes systématiques (tableau 2). Tous les groupes d’invertébrés benthiques ont été identifiés jusqu’à l’espèce, à l’exception des Diptères non Chironomidiens et Simuliidiens en raison des difficultés de détermination. Nous considérons cet inventaire comme à peu près complet puisqu’il a été établi à partir de prélèvements de stades aquatiques dans les différents habitats, et d’imagos aériens pendant plusieurs cycles annuels, ce avec une fréquence mensuelle. Sur les 466 taxons d’invertébrés benthiques, 399 (soit 85,62%) sont des insectes et 67 (14,37%) appartiennent aux autres classes ou embranchements 3 (Oligochètes, Mollusques,…). Parmi eux, 118 espèces sont, à notre connaissance, de premières citations pour l’Algérie, 25 pour l’Afrique du Nord et 7 sont des espèces nouvelles décrites récemment. Les groupes les mieux représentés sont les Diptères et les Coléoptères (tableau 2). Ils comptent respectivement 234 et 84 taxons, soit 50,21% et 18,02% de la faune totale ; viennent ensuite les Oligochètes (35 espèces, soit 7,51%), les Trichoptères (33 soit 7,08%), les Ephéméroptères (22 soit 4,72%), les Hydracariens (20 soit 4,29%), les Plécoptères (14 soit 3,00%) … La richesse faunistique des cours d’eau de Kabylie est relativement élevée comparée à celle observée dans les autres régions méditerranéennes. En portant cette comparaison à l’échelle du Maghreb, le réseau hydrographique étudié possède une faune plus riche que celle observée dans le HautAtlas (205 espèces) (Bouzidi, 1989), le Moyen-Atlas (230 espèces) (Dakki, 1987) et en Tunisie (148 espèces) (Boumaïza, 1994). La Kabylie, par son relief et sa topographie, offre une grande diversité de biotopes aquatiques. La lecture de la figure 2 relatifs à la richesse taxonomique stationnelle montre que : - Les peuplements des biotopes d’altitude sont les moins riches. Cet appauvrissement peut s’expliquer par le fait qu’en haute altitude la dimension des biotopes lotiques est réduite, le substrat est composé essentiellement de la roche nue et parfois de cailloux de faibles dimensions, ensemble dépourvu de végétation et donc à capacité d’accueil limitée. De plus, les espèces susceptibles de supporter les conditions thermiques d’altitude (sténothermes d’eau froide) sont relativement peu nombreuses dans un peuplement où dominent les formes hémisténothermes et eurythermes. - Le peuplement le plus diversifié s’observe dans les zones de piémont et de moyenne montagne (200 à 500 m) qui constituent les zones les plus hétérogènes. Elles sont caractérisées par une vitesse de courant de moyenne à modérée, des températures maximales de l’ordre de 28°C, un substrat hétérogène à dominance de galets, une végétation aquatique peu abondante et une ripisylve composée de feuillus. Elles hébergent les espèces du rhithral avec d’autres éléments à large répartition altitudinale et aussi des espèces remontant en altitude fuyant les habitats d’aval perturbés. - Le peuplement des stations de plaine est moins diversifié que celui du cours moyen. Ceci est dû à la réduction des débits d’été, aux élévations de la température et aux perturbations anthropiques que subissent ces secteurs de cours d’eau. 3.2- Abondance, diversité et structure L’étude de l’abondance, la richesse spécifique et la structure des communautés a été limitée à 3 ordres d’insectes aquatiques les mieux connus sur les plans taxonomiques et écologiques : Ephéméroptères (22 espèces), Plécoptères (14 espèces) et Diptères Simuliidés (19 espèces) (liste faunistique en annexe). Abondance et occurrence Du point de vue quantitatif, en considérant séparément chacun des trois groupes taxonomiques pris en compte, l’analyse de l'abondance et l'occurrence des espèces des cours d’eau étudiés a permis de mettre en évidence 3 grands groupes d’espèces (figure 3) : a- Espèces dominantes: ce sont des espèces très abondantes et très fréquentes. Espèces à large valence écologique: Baetis punicus et Baetis gr. Rhodani. La première est l'espèce la plus abondante et la plus fréquente des cours d'eau de la Kabylie du Djurdjura. La seconde est récoltée avec une fréquence équivalante mais en moindre abondance en altitude. Ces deux espèces, très occurrentes, sont eurythermes et eurytopes. Elles colonisent tous les types d'habitats indépendamment du substrat et de la vitesse du courant. Deux autres espèces, Caenis luctuosa et Simulium. intermedium, pourraient être également considérer à large valence écologique. Elles colonisent respectivement 11 et 10 stations. Leurs abondances 4 maximales s'observent dans les zones de piémont et de plaine. Elles peuvent éventuellement se développer dans les milieux d'altitude, mais seulement dans les biotopes chauds en été et riches en substrat meuble, elles augmentent ainsi leur amplitude écologique. A ces deux éléments, peut s'annexer Simulium. ornatum, espèce commune surtout en plaine mais moins fréquente lorsqu'on s'élève en altitude. L'absence des ces trois espèces dans certaines stations ne peut être que fortuite. Espèces de piémont et de plaine: Baetis pavidus, Simulium. velutinum, et Simulium. pseudequinum Elles sont très fréquentes et très abondantes dans les habitats de piémont et de plaine. Leurs limites altitudinales supérieures sont en général moins élevées que celles des espèces précédentes. Elles sont polluo-résistantes et supportent bien mieux les élévations de température et descendent nettement plus bas dans le cours inférieur. b- Espèces assez fréquentes et peu abondantes: ce sont en général des espèces à populations plus ou moins denses qui peuvent être scindées en trois catégories. La première est composée d'espèces alticoles et sténothermes d'eau froide: Protonemura algirica, Protonemura sp., Prosimulium. rufipes, Prosimulium. albense pour lesquelles nous pouvons annexer Simulium cryophilum et Protonemura ruffoï, espèces également sténothermes mais pouvant descendre à des altitudes plus basses (jusqu'à 500 m). Dans la seconde catégorie on trouve des espèces de moyenne ou basse altitude (Potamanthus luteus). La troisième catégorie comprend des espèces plus ou moins eurythermes (Habrophlebia gr. fusca, Simulium. argenteostriatum) colonisant les milieux de moyenne montagne et de piémont, alors qu'elles ne trouvent des habitats équivalents qu'à des altitudes inférieures en Europe. Leur fuite dans les biotopes amont peut être considérée comme une réponse à l'élévation importante de la température en basse vallée et à l'impact humain. c- Espèces rares, à la fois très peu abondantes et très peu fréquentes: ce sont des espèces très localisées. Elles sont récoltées dans une, deux ou trois stations des cours d'eau de la Kabylie du Djurdjura. Ce sont en général les espèces de biotopes bien spécialisés: - sources et ruisseaux de sources: Baetis maurus, Nemoura lacustris, Nemoura sp., Capnioneura petitpierreae, Brachyptera auberti; - biotopes très rhéophiles (cours d'eau de montagne): Simulium brevidens, Amphinemura chiffensis. Richesse spécifique L'étude de la structure des peuplements stationnels s'appuie sur l'analyse de la diversité des communautés des 18 stations. Nous avons utilisé l'indice de diversité de Shannon et Weaver (Ish) qui tient compte du nombre d'espèces et de l'abondance relative des populations spécifiques composant la communauté. Les résultats obtenus apparaissent sur la figure 4. Les stations B1 et B2 présentent les valeurs les plus élevées de la diversité réelle: Ish respectif 3,04 et 3,05, ensuite viennent les stations A5, A7, A4, A3, A6, TK1, A1 et S1, avec des Ish compris entre 2,94 et 2,63. Les stations du cours inférieur (S2 et S3) et les stations d'altitude (TG3, TG1, TG2, M1 et A2) à l'exception de TK1 (Ish = 2,79) et A1 (Ish = 2,50) ont des indices de diversité variant entre 2,16 et 1,59. La station TG4 d'altitude de 1680 m , avec un Ish de 1,15, est la moins diversifiée. Ce sont en fait les milieux de moyenne altitude et de piémont (alt. 500m - 200m) caractérisés par un courant modéré et des températures estivales peu élevées qui sont les plus diversifiés (Ish compris entre 3,05 et 2,63). La grande diversité d'habitats de ces milieux permet le développement d'une communauté riche en espèces: 15 à 20 espèces par stations Les stations des ruisseaux d'altitudes et des torrents sont relativement peu diversifiées. En effet, les sites d'altitudes ne constituent pas des lieux préférentiels pour les Ephéméroptères et les Diptères Simuliidae. Ceci est lié au caractère très contraignant du milieu (basses températures, largeur du lit faible, fond en général érodé) ne permettant pas l'installation d'une faune benthique diversifiée. En aval, dans les stations S2 et S3, les valeurs des Ish sont également faibles: respectivement 2,01 et 1,73. Les actions anthropiques et l'élévation excessive des températures en été constituent des facteurs limitant le développement d'un grand nombre d'espèces Structure des communautés 5 De nombreux travaux ont montré que la distribution spatiale des macroinvertébrés benthiques est régie par un complexe de facteurs environnementaux qui varient d'une station à une autre. Certains d'entre eux, comme la nature du substrat, la vitesse du courant, la hauteur de l'eau sont habituellement considérés comme facteurs écologiques susceptibles d'influencer directement la répartition de la faune benthique (Minshall et Minshall, 1977 ; Lavandier, 1979 ; Angelier et al. , 1985; Thierney et al. , 1998). Dans ce travail, 11 descripteurs environnementaux sont pris en compte pour caractériser chacune des 18 stations. Un certain nombre de paramètres sont évidemment liés entre eux car ils représentent l'évolution progressive le long d'un profil d'équilibre tel altitude et pente décroissantes, distance à la source, largeur du lit, températures estivales et actions humaines croissantes et ils rendent compte, de façon directe ou indirecte, de la distribution spatiale de la faune des cours d'eau. L'analyse des corrélations entre les différents paramètres pris en compte a montré que la plupart des variables sont inter-corrélées et particulièrement altitude, pente, distance à la source, largeur du lit, hauteur de l'eau, vitesse du courant, température de l'eau (maximale et minimale). Leurs coefficients de corrélation canonique sont hautement significatifs (>0.7) et indiquent que ces paramètres sont fortement corrélés. Le niveau de liaison est tel qu'un nombre réduit de descripteurs suffit à rendre compte du complexe stationnel. Sur la base de cette analyse, les descripteurs considérés dans ce travail sont : - la nature du substrat (galets, graviers, limons) et la vitesse du courant : facteurs reconnus comme majeurs dans la répartition des espèces ; - l'altitude qui rend compte de façon directe ou indirecte de la pente, de la distance à la source, de la largeur du lit, de la hauteur et de la température de l'eau et de la pollution ; - la ripisylve et la végétation aquatique. Compte tenu de la complexité des relations entre les caractéristiques biologiques ou écologiques et la structure du peuplement, une analyse multivariée d'un tableau de contingence croisant stations (18 stations), espèces (55 espèces) et paramètres (7 variables environnementales) a été réalisée par le moyen d'une ACC. Puis, une classification ascendante hiérarchique calculée à partir des coordonnées des relevées sur les axes factorielles a permis de connaître à quel niveau sont reliées les espèces fréquemment associées. Les résultats obtenus avec cette classification et l'examen simultané des positions des relevés faunistiques et de la représentation vectorielle des paramètres sur les plans F1-F2 (figure 5), ont permis de mettre en évidence: - 3 groupements d'espèces se succédant le long de la structure; - les espèces à large amplitude écologiques, généralement fréquentes et abondantes et représentatives du réseau considéré dans son ensemble, occupent le centre du graphique (tel que baetis punicus); - des espèces ayant des profils biologiques particuliers présentent des distributions spatiales caractéristiques: Rhithrogena gr. germanica, Habrophlebia gr. fusca, Caenis sp. Le plan factoriel F1-F2 est celui qui extrait le maximum d'informations faunistiques. La projection du nuage de points sur l'axe 1 montre que les relevés faunistiques sont ordonnés en fonction de leur localisation sur les cours d'eau selon un gradient orienté grossièrement amont-aval. Le peuplement macrobenthique des zones de piémont et de plaine, en position positive sur cet axe, se caractérise par une certaine homogénéité de la structure faunistique et des caractéristiques biologiques. Il s'oppose nettement au peuplement d'altitude, en position négative, qui par ailleurs manifeste une certaine hétérogénéité. L'axe 2 paraît représenté un facteur de spécialisation. Il permet d'opposer le peuplement le plus alticole, en position positive, qui manifeste une affinité plus forte pour les substrats à dominance de graviers et une tendance plus nette à la réophilie, au peuplement sténotherme à large amplitude altitudinale, en position négative, plutôt caractéristique des milieux à dominance de galets où la ripisylve composée de feuillus est assez dense. La classification ascendante hiérarchique permet de traduire l'isolement de groupements d'espèces qui se rattachent aux autres à des niveaux de liaison très faibles. Elle intègre beaucoup plus d'informations que les deux premiers plans factoriels. 6 Le groupe 1 présente un cortège d'espèces sténothermes d'eau froide peuplant principalement les ruisseaux de courtes dimensions (largeur moyenne de 50 cm, profondeur de 5 à 10 cm) à pente élevée (20 à 40%). Ces espèces manifestent une affinité plus forte pour les habitats d'altitude (>à 1000m) caractérisés par un substrat grossier (blocs, cailloux, graviers) et une tendance plus nette à la rhéophilie. Les Plécoptères dans leur ensemble 6 espèces sur 14: (Capnopsis schilleri, Nemoura lacustris, Nemoura sp., Protonemura ruffoï, Protonemura sp, Brachyptera auberti), Prosimulium rufipes, Prosimulium albense, Simulium brevidens, Simulium gr. vernum, Cleoen dipterum, Alainites gr.muticus, et Baetis maurus sont les éléments caractéristiques de ce peuplement. Le groupe 2 est composé d'éléments eurythermes. Il est plus riche et plus diversifié que le précédent. Il est corrélé aux paramètres altitudes basses (inférieures à 400m), pentes faible, vitesses du courant lentes à modérées, substrat hétérogène marqué par une granulométrie fine et abondance de végétation aquatique. Les espèces qui le compose, généralement abondantes et assez fréquentes, appartiennent principalement aux Ephéméroptères et aux Diptères Simuliidae, bien connues pour leur pullulation dans les habitats riches en matières organiques. Eoperla ochracea, connu pour son caractère thermophile est le seul Plécoptère observé dans ce peuplement. Le groupement 3 est lié principalement aux paramètres ripisylve plus ou moins dense et au substrat à dominance de galets. Il rassemble 5 Plécoptères (Capnioneura petitpierraea, Perla marginata, Protonemura algirica, Afroperlodes lecerfi, Amphinemura chiffensis) et un Diptère Simuliidae (Simulium monticola). Ce groupement reste encore mal défini. Peu fréquentes et peu abondantes, ces espèces paraissent être à priori sténothermes et plus ou moins alticoles. Elles peuvent descendre à des altitudes plus basses (480m) et peuvent être le prolongement de celles du groupement 1. Discussion La faune lotique des cours d’eau de Kabylie présente dans son ensemble une diversité moyenne comparativement à celle des autres cours d'eau du bassin méditerranéen. La richesse spécifique des Ephéméroptères (23 espèces) est comparable à celle de Sicile (26 espèces), de Corse (19 espèces) et de l'Argens (21 espèces) (Giudicelli et al.,1985; Ferrito, 1984), mais elle reste faible à celle du Haut-Atlas marocain (31 espèces) qui comporte une forte proportion d'espèces orophiles endémiques (Bouzidi, 1989), et encore plus faible à celle des réseaux de l'Europe: 40 espèces dans la bassin du Doubs (Verveaux, 1973), 22 à 79 espèces selon les réseaux polonais (Sowa,1975), 64 espèces dans la sud ouest de la France (Thomas, 1981). Le genre Baetis est présent dans toutes les stations étudiées. Les espèces les plus constantes sont B. punicus et B. gr. rhodani. Elles sont à large valence écologique avec une fréquence et une abondance plus élevées pour le secteur supérieur pour B punicus. Ces deus éléments cohabitent dans 16 stations. Néanmoins, B. punicus est le plus cryophile de la faune des cours d'eau étudiés. Il peut vivre dans des biotopes à conditions extrêmes: altitude supérieure à 1600 m et température maximale inférieure à 10°C. Dans les zones supérieures du réseau hydrographique, la richesse spécifique des Ephéméroptères est faible:.10 espèces seulement ont été inventoriées. Il faut noter en particulier, la très faible diversité des formes sténothermes d'eau froide qui, en Europe, présentent une plus grande variété spécifique. Les trois éléments observés sont alticoles et ont une répartition très localisée: B. maurus, Alainites gr. muticus et Cleoen dipterum. Ils sont rhéophiles et caractéristiques des ruisseaux les plus élevés. Dans les cours d'eau de moyenne montagne et de piémont, 19 espèces dont 10 exclusives à ces zones, parmi lesquelles 5 endémiques, ont été recensées: Afroptilum. dimorphicum, Baetis. numidicus, Choroterpes atlas, Choroterpes lindrothi, Ecdyonurus rothschildi (espèces endémiques), Nigrobaetis rhithralis, Rhithrogena sp, Caenis pusilla, Acentrella sinaïca, et Baetis navasi. Ces espèces colonisent pour la plupart les habitats les plus diversifiés à courant moyen à rapide. Par contre, dans la zone inférieure (Stations S1, S2 et S3), le nombre d'espèces est réduit à 14 dont seul Caenis sp. est exclusif. Elles sont eurythermes et polluo résistantes. 7 Les Plécoptères sont représentés par 14 espèces, soit 28% des éléments répertoriés en Algérie dont 5 sont endémiques. La comparaison avec le peuplement de certaines régions de bassin méditerranéen est peu significative: 16 dans le Haut-Atlas, 11 en Corse, 18 en Sicile. Dans nos cours d'eau, les Plécoptères sont peu fréquents et peu abondants. Toutes les espèces sont cantonnées dans les parties supérieures au dessus de 400m sauf Eoperla ochracea et Tyrrhenoleuctre minuta récoltées entre 140 et 200 m d'altitude. La plupart des espèces sont sténothermes d'eau froide. Les larves ont pour habitat les parcours ombragés et les ruisseaux froids d'altitude. En effet, selon Berthelemy (1973), les Plécoptères ne sont abondants que dans les cours d'eau bordés d'arbres à feuilles caduques. La rareté des débris végétaux, source de nourriture pour les larves et les fortes températures estivales sont les facteurs déterminants. Les éléments les plus constants sont d'une part, Protonemura ruffoi et Protonemura sp, caractéristiques des ruisseaux d'altitudes et, d'autre part, Protonemura algirica et Afroperlodes lecerfi, à large amplitude altitudinale qui caractériseraient les cours d'eau de moyenne montagne bordés de feuillus et Eoperla ochracea, forme nettement thermophile et potamobiante. Les Diptères Simuliidae sont représentés par 19 espèces. Cette richesse spécifique est également comparable à celle du Haut-Atlas marocain (24 espèces), de Corse (14 espèces) et de Sicile (15 espèces), mais reste toujours faible à celle de l'Europe: Pyrénées 25 espèces (Vinçon et Clergue-Gazeau, 1988). Comme pour les Ephéméroptères, la richesse spécifique des Diptères Simuliidae est moyenne à proximité des sources (10 espèces), maximale en moyenne montagne (16 espèces) et assez faible en plaine (5 espèces). Simulium. intermedium et Simulium. ornatum sont les formes les plus communes et les plus ubiquistes d'Europe. Elles sont eurythermes, eurytopes et polluo résistantes. Elles sont également très fréquentes dans tout le Maghreb. Prosimulium albense, Prosimulium rufipes et Simulium gr. vernum sont montagnardes, sténothermes d'eau froide et exclusives des ruisseaux de source. Simulium cryophilum est également sténotherme, mais ces limites altitudinales inférieures sont beaucoup plus élevées que celles des espèces précédentes. Dans les zones de moyenne montagne et de piémont, Simulium. variegatum, Simulium. gr. aureum, Simulium. angustitarse et Simulium argenteostriatum sont caractéristiques . Elles sont rhéophiles et à tendance thermophiles. Simulium pseudequinum, Simulium intermedium et Simulium velutinum sont de loin les espèces les plus abondantes et les plus fréquentes des milieux de basses altitudes (< à 400 m). Les larves et les nymphes abondent dans les secteurs proches de l'assèchement, riches en matières organiques et en algues filamenteuses, où les températures peuvent atteindre 33°C. L'analyse de la structure du peuplement du réseau hydrographique a permis de montrer que les milieux de moyenne altitude et de piémont (alt. 500 - 200m) sont les plus diversifiés (Ish compris entre 3,05 et 2,63). Ils sont caractérisés par une vitesse de courant de moyenne à modérée, une pente comprise entre 1,5% et 2,5%, des températures maximales de l'ordre de 28°C, un substrat hétérogène à dominance de galets, une végétation aquatique peu abondante (de l'ordre de 20%) et une ripisylve composée principalement de feuillus. Ils hébergent les espèces du rhithral (Ecdyonurus rothschildi, Rhithrogena sp.,caenis pusilla, Acentrella sinaica, Afroptilum dimorphicum, Choroterpes atlas, Choroterpes lindrothi, Eoperla ochracea, Simulium gr. aureum) avec d'autres éléments sténothermes d'eau froide à large répartition altitudinale (Afroperlodes lecerfi, protonemura algirica, Leuctra sp., Simulium cryophilum) et des espèces remontantes en altitude fuyant les habitats d'aval perturbés (Simulium argenteostriatum, Habrophlebia gr. fusca). Dans ces tronçons de cours d'eau, les conditions écologiques semblent être favorables. La grande diversité d'habitats a permis le développement d'une communauté riche en espèces et assez équilibrée (15 à 20 espèces par station). Ceci montre que le peuplement benthique a probablement gardé sa structure originelle et n'a pas encore été notablement perturbé. 8 Les stations des ruisseaux d'altitudes et des torrents sont relativement peu diversifiées. Elles présentent une faune caractéristique où les forment sténothermes dominent. Leur indice de diversité est compris entre 2,16 et 1,59 à l'exception des stations TK1 et TG4 dont les Ish respectifs sont de 2,79 et 1,15. La station TK1, caractérisée par un écoulement de l'eau rapide, une ripisylve dense, un substrat grossier (à dominance de galets et de graviers) et des températures maximales d'été les plus basses, a la particularité d'héberger d'une part, le plus grand nombre d'espèces de Plécoptères (7 sur les 14 recensées) et d'autre part, les espèces d'Ephéméroptères et de Simulies rhéophiles et sténothermes d'eau froide: Beatis maurus, Prosimulium albense et Prosimulium ruffoi. La station TG4 est, au contraire la moins diversifiée. La faible valeur de l'Ish obtenue résulte de la faible richesse spécifique observée dans ces biotopes (7 espèces) et de la dominance de Baetis punicus dont la densité relative dépasse 80%. En effet, les habitats d'altitude constituent pour les Plécoptères leurs sites de préférence là où les conditions de température et d'oxygénation sont favorables, facteurs importants dans la distribution de ces espèces, confirmant ainsi les observations d'Aubert (1961) et de Berthelemy (1973). En aval, dans les stations S2 et S3, les valeurs des Ish sont également faibles: respectivement 2,01 et 1,73. En effet, les élévations de température, l'accumulation des rejets urbains et les réductions des débits défavorisent le développement d'un grand nombre d'espèces. La faune de ces milieux est caractérisée par la disparition de la plupart des taxons des cours moyen et supérieur et seule, se développent les taxons cosmopolites, eurythermes, généralement très fréquents et très abondants tels que S. pseudequinum, S. intermedium, S. velutinum, C. luctuosa, B. gr. rhodani et B. pavidus. La faune lotique d'Afrique du Nord en général et d'Algérie en particulier est marquée par une diversité plus faible que celle des cours d'eau de l'Europe occidentale. La plupart des familles et des genres sont pauvres en espèces: Heptageniidae, Leptophlebiidae, Leuctridae, Capniidae, Perlodidae..., par contre ces taxons ont une grande variété spécifique dans les réseaux européens. La baisse importante de cette diversité est due aux températures plus élevées qu'en Europe. En effet, les taxons eurythermes, vivant habituellement dans les cours d'eau de plaine ou de piémont, s'élèvent en altitude et occupent ainsi une zone altitudinale plus large que dans les réseaux de l'Europe. Les taxons hémisténothermes à large amplitude écologique en Europe acquièrent des spectres plus restreints. L'originalité de cette faune est marquée par la proportion d'endémiques qui prédominent nettement chez les Plécoptères (57%) et les Ephéméroptères (39%). L'élément endémique est toujours présent, même dans les eaux courantes de l'Europe occidentale, mais il devient important dans les régions méridionales du bassin méditerranéen (Giudicelli, 1984). Les endémiques ibériques représentent 35% de la faune lotique, 37% de la faune de Corse, 26% de la faune des cours d'eau du Liban et plus de 40% pour les groupes les plus importants du Maroc (Ephémères, Plécoptères et Trichoptères). Ils appartiennent principalement à des lignées sud européennes, ce qui témoigne de l'existence d'une faune autochtone importante surtout connue dans la partie occidentale du bassin méditerranéen. L'analyse du peuplement étudié montre que la plus grande proportion des endémiques se rencontre dans les biotopes d'altitude, caractérisés par la très faible variabilité des facteurs écologiques. Ils ont une grande valeur biogéographique et ils sont considérés comme habitats refuges. Ils hébergent non seulement les endémiques, mais aussi les représentants d'une faune sténotherme dont la plupart sont peu abondants et peu fréquents dans les cours d'eau de Kabylie du Djurdjura. En effet, la zone amont par sa valeur écologique, se manifeste par la présence d'éléments qui peuvent, par ailleurs, être présents à des altitudes moins élevées dans d'autres régions de l'Europe. Par exemple les taxons des genres Hepatagenia, Rhithrogena, Habrophlebia, Cleoen, Perla, Leuctra, Capnia se cantonnent dans le rhithral ou dans le crénal, alors qu'en Europe, ce sont des éléments en général, constants du peuplement des rivières de piémont ou de plaine. De plus, en Europe, la grande richesse spécifique de certains taxons a permis d'observer fréquemment le remplacement progressif amont-aval entre espèces congénériques tels que les Hydraena, les Rhithrogena, les Brachyptera, les Protonemura et les Leuctra (Berthelemy, 1966; Vinçon, 1987), alors qu'en Afrique du Nord, ce phénomène semble être rare. Lounaci (1987), sur les 346 taxons inventoriés dans la région de Tizi-ouzou, n'a observé que très peu de cas de remplacement amont-aval. Citons parmi eux: Rhithrogene sp1 par Rhithrogena sp2, Agapetus numidicus par Agapetus sp, Hydropsyche punica par Hydropsyche resminoda. Dans les cours d'eau de la 9 Kabylie du Djurdjura, ceci s'explique par le réchauffement des eaux de la moyenne et basse vallée et les perturbations anthropiques des habitats avals qui ont entraîne la montée des organismes d'altitude moyenne et basse et les faibles diversité spécifiques de certains taxons. D'après Giudicelli et al. (1985), au Maroc (dans le moyen Atlas et le Rif), le fait que ces organismes se cantonnent exclusivement dans les sources froides permet d'avancer qu'ils ont eu dans le passé, une répartition géographique et écologique plus vaste et ils se retrouvent dans ces zones en position rélictuelle. Il est probable que la dégradation des conditions écologiques de ces cours d'eau a amené des organismes sténothermes a quitter leur habitat normal (le rhithral) pour trouver dans le crénal une zone refuge qui leur a permis d'échapper aux fortes fluctuations thermiques et hydrologiques que subissent les cours d'eau. D'une manière globale, Cette faune lotique est caractérisée dans la plupart des groupes d'invertébrés par une diversité plus faible que celle des cours d'eau de l'Europe. Ceci résulte d'une part, des causes paléogéographiques comme l'isolement de l'Afrique du Nord de l'Europe et des régions éthiopiennes et orientales et, d'autre part, de causes écologiques telles le régime thermique et les ressources trophiques des eaux. Ce peuplement est de type paléarctique. Il s'apparente surtout à la faune de l'Europe méditerranéenne, avec une faible intrusion des formes éthiopiennes (Oligoneuriopsis, Laccophilus, Bidessus, S. ruficorne, …) et orientales (S. pseudequinum). Il présente également des endémiques nombreux qui se rattachent à des lignées dont les éléments ont une répartition dans le bassin méditerranéen. La distribution spatiale des macroinvertébrés benthique du réseau hydrographique étudié est sous la dépendance de facteurs environnementaux. Les variations observées dans la structure des communautés dépendent plus ou moins directement des modifications de ces facteurs. En effet, plusieurs travaux ont montré que la nature su substrat (Statzner et al., 1988) et la vitesse du courant (Degany et al., 1993) sont les paramètres prépondérants. D'autres facteurs ont également une certaine importance dans la répartition des espèces: la température et la ripisylve (Berthelemy, 1966), les phénomènes biotiques (Richardson, 1991; Dobson et Hildrew, 1992), les caractéristiques chimiques de l'eau (Thierney et al., 1998) mais, le degré accordé à ces facteurs semble s'imposer selon un ordre hiérarchique qui peut varier d'une espèce à l'autre. La projection des variables environnementales sur le plan F1-F2 (fig. 5) met en évidence l'importance prépondérante de ces variables dans la structure des communautés. L'axe 1 décrit un gradient décroissant de l'altitude, de la vitesse du courant (des plus basses au plus élevées) et de la granulométrie (du substrat grossier vers les limons/vase). En altitude, les habitats sont caractérisés par une granulométrie formée de gros galets et de graviers et des vitesses d'écoulement de l'eau moyenne à rapide. Ils sont préférentiellement colonisés par des organismes parfaitement adaptés: rhéophiles, alticoles et sténothermes d'eau froide. A l'opposé, sur la partie positive de cet axe, les habitats sont plus diversifiés. Ils sont caractérisés par un substrat hétérogène avec présence de Bryophytes et de matières organiques, des vitesses lentes à modérées. Ils sont colonisés par une faune abondante et assez diversifiée. Avec ces deux groupements, existe un troisième, en position intermédiaire, caractérisé principalement par la ripisylve et à un degré moindre par la nature du substrat hébergeant une communauté très peu diversifiée. La structure du réseau hydrographique présente une diversité d'habitats dont la complexité structurale entraîne une richesse spécifique relativement importante. Celle ci n'évolue pas selon un gradient longitudinal. L'altitude seule, ne peut expliquer cette évolution. D'autres facteurs liés ou combinés à l'altitude tels que la distance à la source, la pente, la vitesse du courant, la ripisylve, la température et l'impact humain en seraient responsables. L'effet station, dépend évidemment de la structure et de la composition de la mosaïque d'habitats offertes à la faune des invertébrés benthiques. Cet effet inter-stationnel démarque nettement les groupements d'espèces définis dans l'ACC et les espèces ayant des profils biologiques particuliers. Le premier appartient aux stations des ruisseaux de haute montagnes, le second aux stations d'altitude inférieure à 400m et le troisième, très mal défini, aux stations de la tranche d'altitude 500m - 1000m. Notons cependant que: 10 - Baetis gr. rhodani très fréquent et très abondant dans les habitats de des cours d'eau de moyenne et basse altitude, bien que constant dans le groupement 2, n'est pas caractéristique à cause de sa large valence écologique. - Rhithrogena gr. germanica et Habrophlebia gr. fusca fréquentant habituellement les habitats de moyenne et basse vallée se trouvent ici remontantes en altitude fuyant les élévations de température et la pollution des habitas d'aval. - Caenis sp. est récoltée à 20 m d'altitude dans un substrat meuble riche en matières organiques. L'absence d'adultes mâles n'a pas permis de statuer sur ce taxon. - Simulium cryophilum et Leuctra sp., situés en position intermédiaire entre les groupes 1 et 3, sont des espèces sténothermes à large amplitude altitudinale. Elles vivent aussi bien dans les ruisseaux d'altitude que dans les cours d'eau de moyenne montagne bordés de feuillus. Les différences dans les caractéristiques physiques et environnementales des zones du réseau hydrographique reflètent relativement bien la distribution de la faune et l'isolement des différents groupes d'espèces. Les Plécoptères prédominent dans les groupements 1 et 3. En effet, les ruisseaux relativement froids ou à eau très fraîche d'altitude et les torrents de montagne bordés d'une végétation feuillue constituent les lieux de prédilection ou les habitats privilégiés des Plécoptères. Ces résultats sont en accord avec les observations d'Aubert (1961) et de Berthelemy (1966) qui situent les Plécoptères en amont des stations où prédominent les autres groupes. Le groupe 2 est plutôt dominé par les Ephéméroptères et les Diptères Simuliidae. Les zones lotiques d'érosion caractérisées par les vitesses d'écoulement modérées et les températures relativement élevées, hébergent les espèces rhéophiles comme Rhithrogena, S. variegatum et S. monticola. Par ailleurs, les zones lénitiques caractérisées par un substrat meuble une végétation aquatique abondante, hébergent les espèces limnophiles et les espèces dont les larves et les nymphes abondent dans les milieux riches en matières organiques, facteurs favorables à la prolifération des stades immatures: Caenis luctuosa, S. velutinum, S. intermedium, et S. pseudequinum. 11 Tableau 1: Caractéristiques des 20 stations étudiées. Larg: largeur du cours d’eau (m), Prof : profondeur moyenne (cm), Vit : vitesse du courant (4 classes, de lent (1) à très rapide (4)), alt : altitude (m), Pent : pente (%), DisS : distance à la source (km), Tmax : température maximale (°C), Tmin : température minimale (°C), Rip : ripisylve (4 classes, de rare (1) à très abondante (4)), Vaq : végétation aquatique (4 classes, d’absente (0) à très abondante (3)), Pol : pollution (4 classes, de non perturbé (0) à fortement perturbé (3)), Gal : galets (%), Grav : graviers (%), Sab : sable (%), Lim : limons (%), MatO : matières organiques (%). Sites Larg Prof Vit Alt Pent DisS Tmax Tmin Rip Vaq Pol Gal Grav Sab Lim MatO TG1 TG2 TG3 TG4 TK1 TS AS 0,5 1 0,5 0,4 0,5 0,4 0,5 5 10 5 5 10 5 10 3 3 3 3 3 2 2 1480 1200 1680 1680 1300 1300 1000 30 20 30 40 40 20 15 0,5 0,8 1 0,1 0,5 0,5 0,6 14 18 18 13 12 18 16 4 6 6 5 5 6 5 1 4 1 1 3 1 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 70 70 70 70 70 50 50 30 30 30 30 30 50 30 0 0 0 0 0 0 20 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 M1 A1 A2 A3 A4 A5 A6 A7 B1 B2 S1 S2 0,5 1 0,5 1,5 4 5 8 10 2 5 10 10 10 20 10 20 30 30 30 30 20 30 40 40 3 4 2 4 3 3 3 3 2 1 1 1 940 920 810 480 380 300 200 140 220 160 100 60 30 10 10 10 2,5 1,5 1,4 0,8 2,5 1,2 0,2 0,6 0,4 0,5 0,7 3 4,5 11 20 30 25 40 45 75 13 14 16 16 28 27 27 31 30 30 32 33 5 8 10 9 11 11 11 11 9 11 11 12 3 4 4 4 1 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 1 2 3 3 0 0 0 0 0 1 1 1 1 2 3 3 50 70 30 90 50 50 50 50 50 40 15 15 0 30 50 0 20 15 15 15 10 10 15 15 0 0 0 0 20 15 15 15 15 20 30 30 50 0 0 10 10 10 10 10 15 10 10 10 0 0 20 0 0 10 10 10 10 20 30 30 Tableau 2 : Nombre d’espèces, de genres et de familles par groupe zoologique Groupes zoologiques Tricladida Oligochaeta Hirudinae Mollusca Hydracarina Ephemeroptera Plecoptera Odonata Heteroptera Coleoptera Trichoptera Diptera Total : 12 Nb Familles Nb genres Nb espèces 2 6 1 5 9 5 6 1 5 17 11 20 88 2 20 3 7 11 13 11 1 6 38 20 95 229 2 35 3 7 20 22 14 2 10 84 33 234 466 12 S3 10 40 1 20 0,5 90 33 13 2 3 3 10 10 40 10 30 ALGER ALGERIE Mer Méditerranée N S3 S2 Freha B2 Draa-Ben Khedda Tizi-Ouzou b ou B u ed A7 hir S é b a o u S1 Mekla O ed Ou si Aï s O u ed Bo u gdo u ra O u e d Azazga B1 A s if E c h esm l ili A6 Ath-Kheir A5 Larbaa-N’ath A4 Ouacif TG2 TG1 As sif N’Ath-A gad A L a r s s if ba a M1 TG3 TG4 Thala-Guilef A3 A2 A1 TK1 Tikjda MA S S I F Col de Tirourda Thizi-N’Kouilal DJURDJURA DU Figure 1 : Cours d’eau étudiés et emplacement des stations. Figure 2 : Richesse spécifique des stations prospectées. 13 0 Km 10 3000 2500 * Espèces très abondantes - large distribution - moy. montagne et plaine Abondance 2000 A b u n d an ce B.punicus 1500 1000 500 B rhodani S pseudequinum C luctuosa S intermedium S velutinum S ornatum * Espèces abondantes - alticoles et sténothermes Protonemura sp P algerica P rufipes B maurus * espèces peu abondantes - rares et localisées Nemoura sp 0 Species Occurrence 18 16 14 * espèces occurrentes - constantes à large valence écologique - moy. montagne et plaine: eurythermes Occurrence 12 10 8 * Espèces assez fréquentes - sténothermes descendant jusqu’à 500m - moins eurytherme (remontantes en alt.) * Espèces rares et localisées - dominance Plécoptères 6 4 2 0 Figure 3: Abondance et Occurrence des espèces des cours d’eau étudiés. 14 Shannon diversity index 3 2 1 0 500 1000 1500 Altitude (m) Figure 4. Evolutionde ladiversité spécifique (indice de Shannon) de 18stations enfonctionde l’altitude. (l’ajustement a été réalisé par une fonctionnon- paramétrique de typeLowess -trait continu- avecune tension f =0,5). 15 a) Alt Vite -0.60 Axis 2 0.15 Figure 5. Plan F1-F2 de l’Analyse canonique des Correspondance (ACC) entre les abondances des espèces et les 7 variables environnementales retenues. Gra Vaq Limo Axis 1 0.60 Ripi -0.30 Gale Axis 2 5.00 a- Représentations des variables environnementales b) Amu C di P sp C sh N la S b r N sp P ru Bma P pr P pa B au -4 .00 1 S ve C sp S or N rh Adi C lu C li S p s S se B rh P lu S g v C si 3.20 S an B p a Axis 1 P st S ar S g a C p u A si S in S b e R spE ro C a t 2 S hi E oc T m iB n u Rge S va A fu Bpu S gg S go S cr L sp Cp e Pma Pal S mo A le Ac h -7.00 3 b-- Représentation des associations d’espèces en fonction des variables environnementales - caractères normaux: Simulies - en italique: Ephémères - gras et souligné: Plécoptères Similarity 69 c) 79 89 100 3 1 2 c-- Classification hiérarchique des coordonnées des espèces sur les 2 premiers axes de l’ACC montrant les 3 groupements d’espèces, les autres espèces sont dispersées au sein du gradiant de similarité. 16 Références bibliographiques Ait Mouloud S. 1988. - Essais de recherches sur la dérive des macro-invertébrés dans l’oued Aïssi : faunistique, écologie et biogéographie. 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Rhodani Nigrobaetis rhithralis Cloeon dipterum Cloeon gr. Simile Procloen stagnicola Rhithrogena sp. Rhithrogena gr.germanica Ecdyonurus rothschildi Caenis luctuosa Caenis pusilla Caenis sp. Choroterpes (C.) atlas Choroterpes(E) lindrothi Habrophlebia gr. fusca Potamanthus luteus Amu Asi Cdi Bma Bnu Bpa Bpu Brh Nrh Cdi Csi Pst Rsp Rge Ero Clu Cpu Csp Cat Cli Hfu Plu 2 1 2 6 2 10 30 15 200 35 250 12 200 8 2 2 40 15 60 25 150 80 200 8 80 120 40 200 200 35 6 200 200 40 3 10 3 10 40 6 20 200 200 2 6 10 200 3 3 3 8 10 30 2 2 35 15 30 40 6 10 3 3 150 200 2 40 6 80 15 2 6 3 2 1 8 10 150 80 15 60 3 8 55 3 60 80 80 100 2 2 2 8 2 2 2 3 8 5 2 6 5 3 15 25 12 2 2 3 2 2 200 2 6 Plécoptères Brachyptera auberti Nemoura lacustris Nemoura sp. Amphinemura chiffensis Protonemura algerica Protonemura ruffoi Protonemura sp. Leuctra sp. Tyrrhenoleuctra minuta Capnioneura petitpierreae Capnopsis schilleri Afroperlodes lecerfi Eoperla ochracea Perla marginata Bau Nla Nsp Ach Pal Pru Psp Lsp Tmi Cpe Csh Ale Eoc Pma 7 5 3 3 15 3 80 11 50 80 2 8 3 2 3 70 2 60 15 8 6 2 3 3 1 2 8 2 90 3 2 20 15 60 8 5 10 Diptères Simuliides Prosimulium (P.) albense Prosimulium (P.) rufipes Simulium (E.) gr. Aureum Simulium (E.) velutinum Simulium (N.) angustitarse Simulium (N.) brevidens Simulium (N.) cryophilum Simulium (N.) gr. Vernum Simlulium (S.) Argenteostriatum Pal Pru Sau Sve San Sbr Scr Sve Sar 6 7 60 70 2 5 20 12 3 30 80 6 3 15 5 20 8 2 3 2 15 30 15 40 2 3 3 3 6 6 3 200 200 8 6 2 2 Simulium (S.) intermedium Simulium (S.) hispaniola Simulium (S.) monticola Simulium (S.) ornatum Simulium (S.) gr. Ornatum Simulium (S.) variegatum Simulium (S.) gr. Variegatum Simulium (T.) bezzii Simulium (W.) pseudequinum Simulium (W.) sergenti Sin Shi Smo Sor Sgo Sva Sgv Sbe Sps Sse 2 8 15 2 6 3 2 80 2 3 10 200 200 3 2 2 3 3 20 15 200 2 8 2 3 2 2 6 40 3 2 2 3 15 200 20 21 200 3 200 200 3 40 200 200 6