
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 2 - mars-avril 2011 | 63
Résumé
La résection des métastases pulmonaires est possible si la maladie est stable. Nous avons revu la littéra-
ture récente concernant la résection de métastases pulmonaires des cancers colorectaux et évaluant la
place de la chirurgie conventionnelle et de la vidéothoracoscopie. Le choix entre les deux techniques reste
controversé et doit être décidé en fonction de l’état du patient.
Mots-clés
Métastases
pulmonaires
Cancer colorectal
Vidéothoracoscopie
Médiastinoscopie
Abstract
Pulmonary resection of
metastatic colorectal cancer
is possible if the disease is
stable and hallmark. Patients
are eligible after highly selected
assessment and acceptable
disease free interval.
We reviewed the recent litera-
ture about pulmonary resec-
tion in metastatic colorectal
cancer, comparing the place
of conventional surgery
through thoracotomy or
through videothoracoscopy.
The survival of these patients
fluctuates between 35 and
61.4% depending on the
series. Video thoracic surgery
allows having R0 resection
of the disease, however only
conventional surgery seems
to allow good lymphatic nodes
removal. Videothoracoscopy
may be useful as an alterna-
tive in fragile and bad shape
patients. Conventional surgery
allows a more complete resec-
tion and bidigital palpation of
the remaining lung. It remains
today the best strategy for
patients able to tolerate it. In
another hand, and according to
our knowledge, there is no solid
randomized study to demon-
strate so and the subject is
still controversial. In that field,
mediatinoscopy clearly keeps
its prominently position in the
therapeutic strategy.
Keywords
Lung metastasis
Colorectal cancer
Videothoracoscopy
Mediastinoscopy
Les éléments pronostiques définis en 2011 sont : un
intervalle libre entre la maladie primitive et l’appa-
rition des métastases, un taux d’antigène carcino-
embryonnaire (ACE), une résection R0, la présence
ou non de métastases ganglionnaires, l’association
éventuelle à des lésions hépatiques, les dimensions
des métastases et leur nombre. Ce dernier point
est controversé depuis la publication de travaux
récents (12, 13).
Chirurgie d’exérèse
par vidéothoracoscopie
La chirurgie vidéothoracoscopique stricto sensu
(sans écartement des côtes) permet d’extraire la
pièce opératoire dans un sac adapté (Endobag®)
au travers d’un agrandissement de l’orifice de vidéo-
thoracoscopie (trocart). Cette chirurgie est réalisée
sous anesthésie générale, en décubitus latéral, avec
une intubation orotrachéale sélective. L’exérèse est
effectuée par des agrafeuses linéaires, les instru-
ments chirurgicaux étant mis en place au moyen
de 3 à 4 trocarts de 5 à 11 mm, disposés dans diffé-
rents espaces intercostaux. Pour certains nodules
plus profonds, le repérage par harpon installé avant
l’opération (la veille ou le jour même) sous contrôle
scanographique est possible. La VATS est une
chirurgie vidéothoracoscopique différente, puisque
associée à une minithoracotomie, elle permet une
palpation du parenchyme et facilite une dissec-
tion. Dans ce cas, un petit écartement des côtes
est nécessaire et cette prise en charge chirurgicale
n’est alors plus exclusivement vidéothoracoscopique.
Ces 2 approches chirurgicales donnent régulièrement
lieu à des confusions sémantiques dans la littérature.
Les recommandations (14, 15) concernant la faisabi-
lité de la vidéothoracoscopie dans l’exérèse pulmo-
naire sont les suivantes :
➤
une à 3 lésions au maximum par côté dans le
parenchyme pulmonaire ;
➤un aspect sous-pleural accessible ;
➤
une résection complète R0 nécessitant un
examen extemporané.
Ces résections parenchymateuses sont réalisées avec
des agrafeuses pulmonaires linéaires. Les avantages
de la vidéothoracoscopie sont, notamment : une
voie d’abord moins traumatique, avec une absence
de section musculaire, une diminution des douleurs
postopératoires, une cicatrice plus esthétique (aléa-
toire), une diminution de la morbidité opératoire
(incluant une probable diminution de l’immunosup-
pression). Les inconvénients de la vidéothoracos-
copie sont : l’absence de palpation parenchymateuse
pulmonaire bidigitale, pouvant ainsi occulter une
lésion associée, l’inaccessibilité des lésions profondes,
loin de la plèvre viscérale, et l’impossibilité d’effec-
tuer une résection complète ganglionnaire (R0).
Depuis les années 2000, plusieurs articles concer-
nant l’utilisation de la vidéothoracoscopie ont été
publiés et certains comparent les 2 méthodes d’exé-
rèse (chirurgicale conventionnelle ou vidéothoracos-
copique) [15-17]. L’équipe de A. Nakas, en Angleterre,
met en évidence un bénéfice en termes de survie à
l’utilisation de la vidéothoracoscopie. Mais on peut
noter l’existence de biais dans ces travaux. En effet,
souvent le nodule est unique (il appartient donc à un
sous-groupe d’excellent pronostic), les thoracoto-
mies réalisées n’ont pas de réel curage ganglionnaire
associé mais plutôt un échantillonnage ganglion-
naire (sampling). Il s’agit d’études rétrospectives sur
une longue période avec, dans le même temps, une
évolution des techniques chirurgicales et du matériel.
Ainsi les malades comparés n’ont-ils, par exemple,
pas bénéficié selon leur date d’inclusion des mêmes
bilans préopératoires et, en particulier, de la même
qualité d’imagerie scanographique. Enfin, certaines
études comparant vidéothoracoscopie et thoraco-
tomie reconnaissent qu’il y a, pour les malades du
groupe thoracotomies, des découvertes fortuites de
nodules pulmonaires, et que, éventuellement, cette
chance se perdrait pour les patients n’ayant pas pu
bénéficier de cette chirurgie conventionnelle…
Chirurgie d’exérèse
par thoracotomie
avec curage ganglionnaire
Cinq techniques chirurgicales principales sont
décrites pour l’exérèse de ces maladies métasta-
tiques pulmonaires : la thoracotomie postéro-laté-
rale simple, la thoracotomie postéro-latérale vidéo
assistée, permettant un abord plus petit, la thoraco-