Mammographies : le dépistage systématique est

publicité
Allo-médecins.fr
15 juillet 2015
Mammographies : le dépistage systématique est-il vraiment efficace ?
Le débat concernant les effets bénéfiques des mammographies régulières et systématiques prend de
plus en plus d’ampleur. Suite à plusieurs études menées entre 1977 et 1996 par des chercheurs
suédois, le dépistage systématique du cancer du sein tel que nous le connaissons à présent a été mis
en place un peu partout en Europe. Mais aujourd’hui, deux nouvelles études dont celle du Dr Philippe
Autier et de son équipe de l’International Prevention Research Institute à Lyon remet tout en cause.
Faut-il arrêter le dépistage systématique du cancer du sein ?
En France et dans de nombreux autres pays d’Europe, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à
passer une mammographie gratuite une fois tous les deux ans afin de prévenir le cancer du sein. Cette
forme de dépistage systématique a été mise en place suite à de nombreuses études réalisées en Suède
entre 1977 et 1996. À l’époque et selon les chercheurs suédois, les mammographies régulières
permettraient de réduire le risque de décès de 20 à 25 %.
Mais est-ce que ces mammographies systématiques sont aussi efficaces que nous le croyons ? Selon le
Dr Philippe Autier et son équipe de l’International Prevention Research Institute à Lyon, le dépistage
systématique ne serait pas aussi indispensable. Les scientifiques lyonnais ont comparé les modes de
calcul des risques de décès utilisés dans différents essais et dénoncent des « erreurs fondamentales »
dans l’analyse statistique des chercheurs suédois. Selon eux, l’avantage du dépistage systématique
aurait un impact bien plus faible sur les décès, de l’ordre de 15 % et non de 20 à 25 %.
Le dépistage systématique rime avec surdiagnostic
Plus inquiétant encore, une seconde étude publiée dans le JAMA International Medicine menée par le
Pr Richard Wilson de l’Université d’Harvard à Cambridge (États-Unis) a révélé plusieurs divergences
concernant les diagnostics ainsi que la mortalité du cancer du sein. Les chercheurs ont comparé les
chiffres obtenus dans 547 comtés américains où la proportion de femmes était différente. Au total, ce
sont 16 millions de femmes de 40 ans et plus qui ont été suivies entre 2000 et 2010.
Les résultats des chercheurs d’Harvard sont plutôt édifiants : pour chaque augmentation de 10 % de la
proportion des femmes ayant eu un dépistage, il y avait également une augmentation de 16 % des
diagnostics de cancer du sein et malgré tout cela, aucune diminution de la mortalité n’a été enregistrée.
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
Et ce n’est pas tout, les médecins ont également observé que l’augmentation de l’incidence des cancers
de tailles petites avaient un lien avec l’augmentation de la proportion des femmes dépistées. En bref, les
cancers de petites tailles sont plus souvent dépistés mais la courbe des décès provoqués par des
cancers avancés et de grandes tailles ne s’amenuise pas pour autant. L’autre remarque faite par les
médecins c’est que le nombre de chirurgies du sein conservatrices a augmenté sans que le nombre
d’ablations totales du sein ne diminuent.
Conclusion des médecins : le dépistage systématique par mammographie provoque de toute évidence
un surdiagnostic tandis que certaines femmes ne passent pas forcément les mammographies dont elles
auraient besoin. Cependant, les chercheurs ne souhaitent pas dénigrer le type de dépistage. Il faut
insister sur la définition de la population à risque, de la prise en charge de ces personnes ainsi que de la
fréquence des dépistages.
Les mammographies ne sont pas toujours indispensables puisque sans elles certaines chirurgies
inutiles pourraient être évitées mais les négliger ne serait pas pour autant une solution efficace.
Charlotte Canonne
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
Téléchargement