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révéler autre chose. De fait, l’extension du concept à d’autres champs d’usage a
contribuéàenrendrelesensplusflou:
«Enmigrantdelasphèrescientifiqueverslasphèrepublique,letermedebiodiversitéest
devenu une notion vague, qui semble référer selon les contextesàdeschosesbien
différentes: nature, environnement, vie sur Terre, ensemble des espèces, équilibres
écologiques,etc.»(MARIS2011,p.39).
Quelssontlessens,lesusagesetlesreprésentationsdutermebiodiversité?
2.Auxorigines:unconcepttrèsrapidementopératoire
Avantleconcept,néauxEtats‐Unis,setrouveuneexpressionqui désigne un champ
d’étude: thebiologicaldiversity. Thomas Lovejoy, biologiste américain, est l’un des
premiers à l’employer. En 1985, le biologiste américain Walter G. Rosen forge le
néologisme «biodiversity» lors de la préparation par le National Research Council
(NRC) du National Forum on Biological Diversity qui se tient l’année suivante à
WashingtonD.C.etdontLovejoyestunmembreducomité.Lemotlui‐mêmen’apparait
dansunepublicationquetroisansplustard,danslecompte‐rendu qui est fait de ce
grandforum.Dansl’introduction,onlitqueWalterG.Rosen«introducedthe
termbiodiversity,whichaptlyrepresents,aswellasanytermcan,thevastarrayoftopics
andperspectivescoveredduringtheWashingtonforum»(WILSON1988:p.VI).
Cet aperçu témoigne de la naissance du terme dans le milieu scientifique, un milieu
relativementhomogène,celuidebiologistes—notammentdesbiologistes de la
conservation—quionttravailléensemble.
Maisunedeuxièmedimensionmérited’êtrerelevée:celledelamilitance.C’estelle,en
effet,quiexpliquecertainementenpartielarapidediffusiondutermeversl’extérieurdu
milieuscientifique.ThomasLovejoyétaitalors—etesttoujours—unmembreduWWF
engagédansladéfensedelaforêtamazonienne.Depuis1994,il est le conseiller du
président de la Banque mondialepour la biodiversité. Il convient également de noter
queleNationalForumon BiologicalDiversitycitéplushaut étaitco‐organisépar The
Smithsonian Institution, «theworld’slargestmuseumcomplexand[is]responsiblefor
publicandscholarlyactivities,exhibitionsandresearchprojectsnationwideandoverseas»
(WILSON 1988, p. II). Il faut noter encore que, dès 1988, le terme estutilisédansle
rapportdela17eAssembléegénéraledel’Unioninternationalepourlaconservationde
lanature(UICN)auCostaRica(untermequin’estpastraduitlittéralement dans la
version française du rapport qui parle de «diversité biologique» (voir référence en
bibliographie).Enfin,poursoulignerlaportéeopératoireduconcept,ilfautsignalerque
letermebiodiversityfutsuggéréàWilsonparlesmembresduNRCparcequejugéplus
«facile à mémoriser» (WILSON 2000, np) et donc plus performant en terme de
communication.