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LA PYRALE DU BUIS
La Pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est un papillon de nuit que l'on peut voir
également voler le jour. Ce papillon dont les chenilles se nourrissent exclusivement de feuilles
de buis est originaire d'Extrême-Orient (Chine, Corée et Japon). L'installation massive des
chenilles entraîne rapidement la défoliation totale des arbustes et leur affaiblissement.
L'espèce est strictement inféodée au buis, la chenille trouve dans les feuilles les substances
nécessaires à son développement et à sa défense contre les parasitoïdes et les prédateurs,
l'amertume du buis dissuadant ces derniers. Si, en Asie, la Pyrale du buis s'attaque aussi à
certains Fusains d'ornement, en Europe, l'espèce ne se reproduit que sur le Buis.
Biologie de l'espèce
En Europe occidentale, l’espèce semble produire deux à trois générations par an : une
première au printemps puis une seconde émergence en juin ou en juillet et une troisième en
septembre.
- L'hivernage se fait sous forme de jeunes chenilles, dans des cocons de feuilles et de soie,
situés à l'intérieur du feuillage des plans infestés.
- La première génération des papillons prend son vol en juin.
- La ponte des œufs en groupe se fait sur la face inférieure des feuilles.
- Les œufs donnent naissance aux chenilles.
- Les chenilles au dernier stade mesurent 35-40 mm de long. Elles se transforment alors en
nymphes.
- La nymphose dure environ un mois (pendue par la queue, tête vers le bas, généralement dans
un cocon tissé entre les feuilles).
- Les papillons en sortent deux à trois semaines après.
- Il existe deux formes d'imagos, un clair et un foncé.
Forme claire
Forme foncée
- La dernière génération passe l’hiver en l’état de jeunes chenilles logées dans des cocons.
Dès mars, elles quittent leurs cocons et recommencent à s’alimenter sur les feuilles de buis.
Contrairement à la plupart des papillons de nuit, l'espèce possède une trompe et est
butineuse, les adultes volent sur toutes les fleurs pour se nourrir.
Statut de l'espèce
Il s'agit d'une espèce envahissante, qui figure depuis 2008 sur la liste d'alerte de
l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP, 2007)
Son apparition en France (Alsace) date de 2008, par l'installation de papillons venant
d'Allemagne où l'espèce à été accidentellement introduite en 2005 à partir de buis importés
d'Asie.
En 2008, seuls les deux départements alsaciens étaient touchés par cette Pyrale. En
2015, ce sont plus de 50 départements qui sont concernés.
Carte de répartition éditée par la société alsacienne d'entomologie
Moyens de lutte
En moins d'une décennie, ce ravageur a réussi son implantation en France. Sa
prolifération rapide (avec plusieurs cycles annuels ;), l'absence de prédateurs naturels et la
faiblesse des moyens de lutte fait qu'il est très difficile de s'en débarrasser une fois l'insecte
implanté.
Dans les zones d'origine (Asie) une régulation naturelle (Frelon asiatique, entre autres)
s'est mise en place puisque l'espèce y est implantée de longue date.
En Europe, l'invasion récente nécessite du temps pour que prédateurs naturels et parasitoïdes
s'adaptent et créent ensuite un équilibre des populations. Les diverses études menées sur la
prédation de la Pyrale du buis montrent qu'au fil des années certains oiseaux (moineaux,
mésanges, merles) commencent à se nourrir des chenilles. Les papillons adultes sont
consommés en grande quantité par les Chauves-souris. Il semble aussi qu'une variété de
guêpes à longues pattes s'en nourrit largement. L'invasion étant très récente, nous manquons
d'études sur la durée pour évaluer l'impact exact de la prédation naturelle.
D'autres moyens de régulation ont été développés, exclusivement sur les buis cultivés.
Ce sont soit l'élimination manuelle (les chenilles ne sont pas urticantes et peuvent être
ramassées à la main), soit le traitement par pulvérisation à l'aide du Bacille de Thuringe (ce
produit ingéré par les chenilles les paralyse), soit la pose de pièges à phéromones qui attire les
mâles et permet leur destruction.
Dernier moyen de lutte développé cette année, la lutte biologique par lâchers de
parasites oophages, 'insectes miniatures de moins d1 mm, les trichogrammes, qui se
reproduisent grâce aux œufs de la pyrale. La femelle trichogramme adulte pond dans les œufs
de la pyrale, ce qui empêche la naissance des chenilles. D'autres trichogrammes naissent qui
iront à leur tour parasiter d'autres œufs de pyrale.
Si les buis cultivés peuvent être protégés, il n'en va pas de même pour les buis
sauvages qui ont subi de plein fouet les attaques de cette chenille depuis un an. Si certains
arbustes n'ont pas résisté, d'autres repoussent. On peut espérer une réaction naturelle du buis
qui peut émettre des phéromones pour se protéger des insectes. Mais l'adaptation risque d'être
longue, aussi longue que la croissance de cet arbuste qui a modelé les paysages de notre
région.
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