MERKUR 1
EDITORIAL
SEPTEMBRE2013
Compétitivité: unestagnation qu’ilesttempsd’enrayer
Dans l’édition2013-2014du «Glo-
bal CompetitivenessReport»,dont le
voletluxembourgeoisestréaliséen col-
laborationavec la Chambrede Com-
merce,le«WorldEconomicForum»
(WEF)classe le Luxembourg,tout
commel’an dernier,au 22erang mon-
dial deséconomieslesplus compéti-
tivesparmi148pays.Le Luxembourg
ne parvient donc toujours pas àrétablir
sonmeilleur positionnement de 2010-
2011 au 20erang.Si notrepaysvoit
s’éroder certains de sesatouts tradition-
nels,notammentsesavantagesinstitu-
tionnels (confiance dans lespolitiques,
équilibre budgétaire et environnement
macroéconomique),il progresseindé-
niablement en matière de capacité d’at-
tirerdes talents, ce quiestlouable.Tout
commela belle 11
e
placedans le pilier
relatifauxrésultatsde l’innovation, en
amélioration constantepar rapportaux
éditions précédentesdu rapport.
La Suissedomine toujours le clas-
sement généralet estsuivie de près
par Singapouret la Finlande.On
peut se réjouirqueles pays euro-
péenssoient bien représentésdans le
top10 du classement avec,aux côtés
de la Suisseet de la Finlande,l’Alle-
magnegagnant2placesau 4erang,la
Suède,lesPays-Bas et le royaume-Uni
aux 6e, 8eet 10erangsrespectivement.
Cetteannéeencore,le Grand-Duché
se retrouve placéen-deçàde sesprin-
cipaux partenairescommerciauxdu
classement WEF, sauf la France,clas-
sée23
een perdant 2 rangs par rapport
àl’annéeprécédente.
L’enquête àlaquelle ont participé
de nombreux chefsd’entreprise luxem-
bourgeoispermet notammentd’iden-
tifier lesprincipaux facteurs entravant
l’amélioration de la compétitivitéet
la facultédesagents économiquesà
entreprendre.Tout commel’année
dernière,la rigidité du droitdu travail
constituela principale difficulté, sui-
viede la difficulté croissante àrecru-
ter du personnelqualifié et deslour-
deurs administratives.
Le classement finalestcomposé
de troisindicesprincipaux composés
d’unecentaine d’indicateurs, àsavoir:
lesfondamentaux de la compétitivité,
dits «Conditions de base»,lesfacteurs
améliorant l’efficience desprocessus
de production,dits «Facteurs d’effi-
cacité»et les«Vecteurs d’innovation».
Alorsquele premierindice concer-
nant lesconditions de base esttradi-
tionnellementl’indice le plus fortdu
Grand-Duché, le pays cède troisplaces
cetteannéeen se classant au 11erang
mondial. Lespiliersresponsablesde
ce reculsont ceux desinstitutions, des
infrastructures,de la santéet de l’édu-
cation fondamentale (chute de 8rangs
àla 36eplace). A noter aussiunenette
dégradationde certains points fortsins-
titutionnels traditionnels. Ainsi, l’indi-
cateur de confiancedans lespolitiques
chutede 2places supplémentairesàla
9eposition par rapportàl’annéepré-
cédente (5eplaceen 2009-2010).Il en
va de même pour l’indicateur d’effi-
cience du cadrelégal, quirecule aussi
d’uneplace pour s’établirau 9erang
(2een 2009-2010).Lesrésultatsrestent
mitigéspour le critère de l’efficience des
dépenses publiques oùla 18eplacereste
inchangée.
Leschiffres du pilier de l’environne-
ment macro-économique restentaffec-
téspar lesfaiblessesconjoncturelleset
structurelles(15eplace, -3 rangs par
rapportà2012)ce quimeten relief
l’inexorable dégradationde la compéti-
tivité-coûts et prix desentreprises, dou-
blée d’unecrisede confiancedesmar-
chés et d’unemise sous pression forte
desfinances publiques. La Chambre
de Commerce s’inquiète particulière-
ment du mauvaisrésultat enregistré
pour l’indicateur d’équilibre budgétaire
(chute de 24 places au 57erang), d’au-
tant plus alarmant qu’ilestcalculéen
pourcentages du PIBet ne relève donc
pas de l’appréciation desdécideurs éco-
nomiques ayant participéau sondage.
En revanche,la Chambrede Com-
mercesaluel’amélioration indéniable
du deuxième indice:celuidesfacteurs
améliorant l’efficience desprocessus
de production oùle Luxembourg gagne
2places. L’efficacité du marché du tra-
vail gagne15 places pour atteindre le
22erang mondial, affichant desmarges
de progression parmilesplus impor-
tantes.L’excellente capacité du pays d’at-
tireret de retenir lestalentsestàsaluer.
La positiondu Luxembourg restepeu
favorabledans lesindicateurs«tradition-
nels»de flexibilitédu marché du travail,
avec notammentl’indexation dessalaires,
lespratiquesd’embauche et de licencie-
ment (116erang)et lesrigiditésen décou-
lant,quientrenten lignede compteet
procurentdesdésavantagescompétitifs
majeursen comparaisoninternationale.
Le Luxembourg gardesa 2eplace
dans le pilier des aptitudestechnolo-
giques.Il convient de noter quel’in-
dicateur de disponibilitédestechnolo-
gies de pointe et celuid’investissements
étrangersdirectset de transferts techno-
logiques stagnent àun haut niveau,alors
quecertains indicateurs relatifs àInter-
net(bande large, nombre d’utilisateurs,
etc.)onttendanceàse détériorerlégè-
rement.Au Luxembourg d’améliorer
encore sa positioncompétitiveen pour-
suivantseseffortsen matière de déve-
loppementdesTIC, de la fibreoptique
et descentresde données, pour ne citer
quecesexemples.
Desreculs sont àacter au niveau du
pilier de l’efficacité du marché desbiens
et du développementdu marché finan-
cier –un pilier pourtant traditionnelle-
ment fort au Luxembourg –qui cède 2
rangspour se placer àla 14eplace. Force
estde constater quedesprogrèsrestentà
faireen matière de simplificationadmi-
nistrative pour lesentreprises, comme
le démontrent l’indicateur du nombre
de procédures de lancementd’une
entreprise quin’évolue pas(47eplace
contre une26eplaceen 2009-2010),
ou encore le reculde 2rangsde l’indi-
cateur du nombre de jourspour créer
uneentreprise(82eplace).La Chambre
de Commerce renvoiedans ce contexte
àsa propositiond’introduction d’une
s.àr.l. simplifiée.
Enfin, le Luxembourg progressede
deux places au 19erang mondialdans
le troisième indice quesont lesfacteurs
d’innovationet de sophistication,soit
uneconsolidationpour ce groupe d’in-
dicateurs particulièrement pertinent
pour leséconomieslesplus compéti-
tives. La Chambrede Commerce se féli-
cite de la progressionde l’indicateur de
dépenses desentreprisesen R&D(dela
15eàla 13eplace),malgré un contexte
conjoncturel et structurel pour le moins
mitigé.Elle salueégalementla progres-
sion de 5places en matière de capacité
d’innovation(116eplace).
Le bilancompétitivité2013-2014 a
le mérite de montreràquel pointil est
importantd’adopter desmesuresstruc-
turellesrenforçantdurablement la com-
pétitivité et la productivité desentre-
prises au Grand-Duché. A l’avenir,le
salutéconomique de notrepaysprovien-
dradavantagede la cohérenceet de l’in-
telligencede nosdécisionsde politique
économique,de notrecapacité d’inno-
vation,desqualifications de nosentre-
preneurs et salariés.Il n’estpastrop tard
pour entreprendre lesréformes structu-
relles et sociétales nécessairespourvu
quelesréformes soient àla hauteurdes
enjeux.Le gouvernement quisortira
vainqueurdesprochaines électionssau-
ra-t-ilfairerapidementlesbons choix?
n