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La dépression : des pratiques aux théories 9
l’admission, une commission for-
mée de trois psychiatres et d’un
représentant de l’administration
hospitalière décide la poursuite ou
non des soins pendant une durée
de trois jours. Pour une durée plus
longue. il faut la décision du tri-
bunal pour la poursuite de l’hos-
pitalisation.
Comment traitez-vous les patho-
logies dépressives ? Quelles
stratégies thérapeutiques utili-
sez-vous ?
Le traitement de la dépression en
première intention est la prescrip-
tion d’antidépresseurs. Pour les
dépressions graves, dites psychoti-
ques ou mélancoliques, le choix se
porte sur les antidépresseurs tri-
cycliques par voie intraveineuse.
Un traitement antipsychotique
par neuroleptiques classiques est
associé en cas de présence de
symptômes psychotiques. Lors
de l’amélioration symptomatique
du patient, un relais par inhibi-
teurs de la recapture de la séro-
tonine et de la noradrénaline est
initié. En cas de dépression résis-
tante, après un mois de traite-
ment inhibiteur de recapture de
la sérotonine par antidépresseurs
tricycliques, l’électroconvulsivo-
thérapie est indiquée. Environ
10% des patients béné cient de
ce type de traitement.
En Angleterre, les antidépresseurs
tricycliques sont largement utili-
sés pour des raisons économiques.
En France, les inhibiteurs de la
recapture de la sérotonine et les
inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine et de la noradrénaline
sont les molécules antidépressives
les plus utilisées. Qu’en est-il en
Russie ?
Les antidépresseurs tricycliques
sont plus fréquemment utilisés. Le
critère de choix de l’antidépresseur
est l’intensité de l’épisode.
Pouvez-vous nous parler d’un pro-
gramme de recherche se tenant
dans votre département ?
Plusieurs projets de recher-
che concernent l’hypochondrie,
le syndrome neurotique et les trou-
bles psychosomatiques. Pour notre
équipe, ces troubles comprennent
les troubles ischémiques cardiaques
par exemple. Ces maladies ont une
part génétique et psychologique.
Ainsi nous évaluons l’ef cacité des
médicaments psychotropes dans les
pathologies psychosomatiques.
25% des patients hospitalisés en
hôpital général présentent des
pathologies psychosomatiques ou
psychiatriques. Si une pathologie
psychiatrique est dépistée lors de
l’hospitalisation en hôpital général,
une aide psychiatrique est souvent
dispensée par le médecin de l’unité
et parfois par un psychiatre inter-
venant de manière ponctuelle dans
le service.
Les cénesthopathies sont ici consi-
dérées comme un symptôme fré-
quent de la schizophrénie. Leur
traitement est donc basé sur les
antipsychotiques atypiques.
Quelle stratégie thérapeutique
adoptez-vous pour la prise en
charge des troubles bipolaires ?
En cas de trouble à cycles rapides,
les sels de lithium et les anticon-
vulsivants tels que la carbama-
zépine sont utilisés. L’association
avec les antipsychotiques est fré-
quente. L’utilisation des sels de
lithium n’est pas commune en cas
d’épisode thymique isolé.
La toxicomanie est de plus en plus
répandue en France. Son rôle dans
la transition psychotique est de
plus en plus avancé en particulier
le cannabis. 40% des sujets souf-
frant de schizophrénie consomment
ou ont consommé du cannabis.
Qu’en est-il en Russie ?
Le lien entre toxicomanie et trou-
bles psychiatriques sont forts. La
consommation de cannabis n’est
pas répandue en Russie.
La prévalence des troubles du com-
portement alimentaire est-elle aussi
importante qu’en France ? Quelle
est la part de diagnostic de person-
nalité borderline au sein de cette
population ?
D’après mon expérience, il me sem-
ble que la boulimie est plus répan-
due que l’anorexie. Les troubles du
comportement alimentaire peu-
vent aussi être un mode d’entrée
dans la maladie schizophrénique.
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 641-640, Cahier 2