L’ENMG…AUTOUR DU PIED Wang FC*, Courtois AC*, Laurent L*, Kaux JF*, Lozza A** * Département de Neurophysiologie clinique, CHU Liège, Belgique ** IRCCS Neurologico Casimiro Mondino, Pavia, Italie Généralités ETIOLOGIES • Traumatique – fracture – entorse ( ± hématome secondaire) – luxation – plaie par balle ou arme blanche • Iatrogène par section ou compression-étirement – – – – arthroscopie ostéotomie biopsie nerveuse injection intraneurale • Syndrome de masse – kyste – tumeur bénigne ou maligne – exostose – ostéophyte – muscle surnuméraire – anévrisme ou pseudo-anévrisme • Fibrose posttraumatique • Syndrome canalaire PLAINTES • Aspécifique • Localisée au territoire du nerf lésé • Plaintes surtout sensitives – douleurs – paresthésies – hypoesthésie / anesthésie • Plaintes motrices – crampes – amyotrophie – déficit musculaire • Exacerbation à la marche et amélioration lors du déchaussage EXAMEN CLINIQUE • Pathologie nonneurologique – tendinopathie – ténosynovite – aponévrosite / fasciite plantaire – bursite – trouble statique plantaire – fracture de fatigue – séquelle d’entorse • Pathologie neurologique non exclusivement monotronculaire – polyneuropathie – mononeuropathie multiple – radiculopathie EXAMENS COMPLEMENTAIRES • ENMG • Diagnostic d’atteinte neurologique tronculaire du pied imagerie exclure compression nerveuse intrinsèque • Absence de masse conflit relatif au chaussage ou syndrome canalaire évoqué • Remarque : – douleur à l’avant plan (surtout à l’effort) évoquer un syndrome des loges (loge latérale et NFS, loge antérieure et NFP, loge postérieure et NT) TRAITEMENT • Présence masse exérèse chirurgicale • Ponction / drainage kyste articulaire • Traitement conservateur 6 mois – éviter les chaussures serrées et/ou à talons hauts – corriger les troubles statiques plantaires – infiltration locale corticoïdes – bloc nerveux anesthésique – réduction pondérale • Si échec neurolyse chirurgicale Nerf fibulaire superficiel Anatomie - le NFS (2) s’individualise du NFC (1) à la sortie du tunnel fibulaire - descend dans le compartiment latéral et innerve les muscles long et court fibulaires - perfore le fascia au 1/3 inf. de la jambe où il devient sous-cutané - se divise en ses branches cutanées dorsales, médiale et intermédiaire Anatomie - La branche médiale - La branche intermédiaire donne les 1er, 4e et 5e nerfs donne les les 6e-9e nerfs digitaux dorsaux des orteils digitaux dorsaux des orteils Neuropathies isolées du NFS • Causes : – lésion au tiers inférieur de la jambe, lorsqu’il perfore le fascia (syndrome canalaire, traumatisme local, entorse de la cheville, tumeur, hernie musculaire) – pathologie iatrogène (biopsie neuromusculaire) – chaussure trop serrée – coups répétés sur le dos du pied (football) – conflit avec la chaussure lors de l’association d’un pied creux et d’un tarse bossu • Symptomatologie purement sensitive Variantes anatomiques - la branche intermédiaire du NFS fait défaut (20-25%) => le territoire d’innervation du NS s’étend sur le dos du pied - l’innervation du muscle court extenseur des orteils (CEO) est assurée en partie, rarement en totalité, par un nerf fibulaire accessoire naissant de la partie proximale du NFS (15-28%) ce nerf accessoire descend sur la face latérale de la jambe, contourne en arrière la malléole latérale et innerve le CEO. Variantes anatomiques Variantes anatomiques - des anastomoses sont décrites entre le NS et la branche intermédiaire du NFS et entre le NS et la branche médiale du NFS, en l’absence de la branche intermédiaire - ces anastomoses sont retrouvées dans 50% des cas, pour moitié proximales (région de la cheville) et pour moitié distales (région métatarsienne) - des branches communicantes sont également décrites entre la branche médiale du NFS et le nerf saphène Neurographie sensitive NFS Branche médiale Branche intermédiaire 1er nerf digital dorsal Neurographie sensitive NFS Br. méd. Br. inter. St. n. sural Sujet N 0 br. inter. Nerf fibulaire profond Anatomie - le NFP (3) s’individualise du NFC (1) à la sortie du tunnel fibulaire - descend dans le compartiment antérieur de la jambe, assure l’innervation motrice des muscles, tibial antérieur, long extenseur des orteils, long extenseur de l’hallux et troisième fibulaire - à la cheville, passe sous le retinaculum des extenseurs Anatomie - se divise en une branche latérale terminale motrice pour le muscle court extenseur des orteils et une branche médiale terminale sensitive qui se dirige vers le premier espace interdigital pour donner les nerfs digitaux dorsaux, latéral de l’hallux et médial du 2e orteil (2e et 3e nerf digitaux dorsaux) Neuropathies isolées du NFP • Causes: – lésion partielle du NFC (atteinte limitée aux fascicules nerveux du NFP) d’origine iatrogène (arthroscopie, ostéotomie) • à la fibula • à la partie supérieure de la jambe – tumorale (kyste, ostéochondrome) – traumatique (traction ou compression externe) – port de chaussures serrées ou à lanières, associé souvent à des hauts talons – coups répétés sur le dos du pied (football) – compression sous le feuillet supérieur du retinaculum des extenseurs ( « syndrome du canal tarsien antérieur ») Neuropathies isolées du NFP • Branche médiale terminale sensitive – comprimée sous le feuillet inférieur du retinaculum des extenseurs – comprimée sous le tendon du muscle court extenseur de l’hallux (partie médiale du CEO) • Clinique : – amyotrophie isolée du CEO – déficit sensitif localisé au premier espace interdigital Neurographie sensitive - difficile - aucune réponse : 20% ou + (> 65 ans) - erreur : potentiel sensitif > NFS Dos Pied 1er espace Dos Pied 1er espace STIM NFS cheville STIM NFP cheville Nerf sural Anatomie - le NS (3) provient de la réunion de la branche communicante du sural (2) (issue du NFC (1)) et du nerf cutané sural médial (8) (issu du NT (9)) - à la cheville, le NS contourne la malléole latérale et donne des rameaux calcanéens latéraux (6) et le nerf cutané dorsal latéral du pied (4) qui se termine en nerf digital dorsal latéral du 5e orteil (10e nerf digital dorsal) (5) Neuropathies isolées du NS • Causes : – compressions externes (plâtre, orthèse, appui prolongé, chaussure ou chaînette) – traumatisme • iatrogène (biopsie neuromusculaire) ou non – lésion tumorale • Symptomatologie : exclusivement sensitive Variantes anatomiques - la réunion de la branche communicante du sural et du nerf cutané sural médial est plus haute, plus basse ou absente (variante pas toujours symétrique) - la branche communicante du sural ou le nerf cutané sural médial devient la branche principale - le nerf cutané dorsal latéral du pied est formé de plusieurs branches - le territoire du NS s’étend sur le dos du pied en l’absence de la branche intermédiaire du NFS - anastomoses entre NS et NFS Variantes anatomiques Neurographie sensitive * ** Nerf tibial Anatomie - le NT (1) devient superficiel à l’approche de la cheville (versant médial du tendon d’Achille - passe sous le retinaculum des fléchisseurs (5) dans le canal tarsien - Canal tarsien (profil et coupe transversale antéropostérieure) : nerf tibial (1), nerf calcanéen médial (2), nerf plantaire latéral (3), nerf plantaire médial (4) Syndrome du canal tarsien • Compression du NT ou une de ses branches (NPM, NPL, NCM), à la cheville lors du passage dans le canal tarsien • Rare (incidence et prévalence réelle inconnues) • Plus fréquent chez la femme adulte Syndrome du canal tarsien • Causes : – syndrome d’enclavement – traumatique – post-traumatique (fibrose réactionnelle) – microtraumatique (étirement répété par un pied valgus avec hyperpronation dynamique, course à pied) – augmentation du contenu dans le canal tarsien (masse tumorale, ganglionnaire ou kystique, muscle surnuméraire ou hypertrophie musculaire, ténosynovite ou tendinopathie) – certaines endocrinopathies (diabète, hypothyroïdie, acromégalie) – certains rhumatismes (polyarthrite rhumatoïde) – hypersensibilité héréditaire à la compression nerveuse (HNLPP) Syndrome du canal tarsien • Symptomatologie : – principalement sensitive (brûlures, paresthésies, dysesthésies, sensations de serrement, douleurs crampiformes) – localisée à la plante du pied – parfois irradiée proximalement – exacerbée par le lever ou la station debout prolongée, la marche et parfois à recrudescence nocturne – souvent améliorée au repos et lors du déchaussage – talalgies plantaires persistantes après 6 mois de traitement bien conduit Syndrome du canal tarsien • Examen clinique : – Tinel – hypoesthésie de la partie antérieure du pied et/ou du talon – exacerbation des plaintes lors d’une manœuvre de dorsiflexion-éversion du pied associée à une dorsiflexion maximale des orteils • Imagerie : – IRM • Traitement : – orthèses plantaires – infiltration – Chirurgie (exérèse / neurolyse) Syndrome du canal tarsien A B C Nerf plantaire médial Anatomie - le NPM atteint la plante du pied en passant sous l’attache osseuse du muscle abducteur de l’hallux (canal de l’abducteur en arrière du tubercule de l’os naviculaire ou scaphoïde tarsien) - puis à travers un espace ostéofibreux formé par l’attache, aux os du tarse, du muscle court fléchisseur de l’hallux Anatomie - le NPM assure l’innervation motrice des muscles abducteur de l’hallux, court fléchisseur des orteils et court fléchisseur de l’hallux - Le NPM se termine en donnant les trois premiers nerfs digitaux communs plantaires (innervation du 1er lombrical) qui se poursuivent, en passant entre les têtes métatarsiennes, en nerfs digitaux propres plantaires (2e-7e) Anatomie - La branche terminale la plus médiale du NPM est le nerf digital propre plantaire médial de l’hallux (1er nerf digital propre plantaire) Neuropathies isolées du NPM Causes : – tumeur nerveuse – kyste synovial – enclavement du nerf dans le canal de l’abducteur – SCT se limitant au NPM – lésion neurapraxique chez le joggeur Névrome de Joplin • Atteinte du nerf digital propre plantaire médial de l’hallux lorsqu’il croise la première articulation métatarso-phalangienne ou sur le bord médial du gros orteil • Secondaire au développement d’une fibrose périneurale – traumatisme – iatrogène ou non – microtraumatismes souvent en rapport avec une compression par des chaussures mal adaptées Nerf plantaire latéral Anatomie - le NPL atteint la plante du pied en passant sous l’attache osseuse du muscle abducteur de l’hallux - La première branche collatérale du NPL, qui naît parfois directement du NT, est le nerf calcanéen inférieur ou nerf de Baxter ou encore nerf de l’abducteur du V Anatomie - Le NPL passe ensuite entre les muscles court fléchisseur des orteils et carré plantaire - Il se divise en une branche superficielle sensitive donnant le 4e nerf digital commun plantaire et les 8e-10e nerfs propres plantaires et une branche profonde motrice (innervation des muscles : interosseux plantaires et dorsaux, trois derniers lombricaux, adducteur de l’hallux et court fléchisseur du V) Neuropathies isolées du NPL • Causes : – tumorale – traumatiques – SCT se limitant au NPL – enclavement dans le canal de l’abducteur • Plaintes sensitives localisées à la partie latérale, et souvent antérieure, de la plante du pied Neuropathies isolées du NCI • Atteinte du nerf calcanéen inférieur = nerf de l’abducteur du V = nerf de Baxter • Talalgie antérieure ou antéro-interne sans déficit sensitif clinique • Causes : - étiré lors de son horizontalisation à hauteur du carré plantaire - comprimé par un abducteur de l’hallux hypertrophié (athlètes), une épine calcanéenne, un muscle accessoire ou une inflammation avec épaississement de l’aponévrose plantaire (athlètes, joggeurs) Neuropathies isolées du NCM • Causes : – SCT ne touchant que le NCM – enclavement entre le fascia profond de la partie proximale du muscle abducteur de l’hallux et la face interne du calcanéum (course à pied) • Les plaintes se limitent à une talalgie Variantes anatomiques - Les variations du NCM sont tellement nombreuses et variées, qu’il est pratiquement impossible de définir une anatomie normale - le NCM est formé d’une à quatre branches qui naissent au-dessus et/ou dans le canal tarsien, à partir du NT et/ou du NPM et/ou du NPL. Recommandations de l’AANEM American Association of Neuromuscular & Electrodiagnostic Medicine 1) montrer un allongement de la latence distale motrice du NT avec recueil des réponses sur les muscles abducteurs de l’hallux et du V 2) montrer un allongement de la latence au pic ou un ralentissement de la conduction nerveuse à travers le canal tarsien par l’étude des conductions des nerfs mixtes NPM et NPL 3) montrer un ralentissement de la conduction nerveuse à travers le canal tarsien et/ou une amplitude réduite ou une absence de réponse par l’étude des conductions sensitives des NPM et NPL 4) l’intérêt de l’utilisation de l’électromyographie à l’aiguille électrode reste incertain Neurographie motrice du NPM Neurographie motrice du NPM 1 1 2 2 Aiguille électrode ? Neurographie motrice du NPL Neurographie motrice du NPL 1 2 Conduction de nerf mixte ? Conduction de nerf mixte ? Conduction sensitive 1 1 2 2 3 3 Maladie de Morton Neuropathies des NDCP • Causes : – compression chronique – microtraumatismes répétés – processus occupant l’espace intermétatarsophalangien (bursite, arthrite, synovite, ostéomyélite, granulome) – affaissement de l’arche antérieure associé au port de chaussures serrante fibrose périneuronale + prolifération vasculaire locale + œdème endoneural + dégénérescence axonale Maladie de Morton • Tous les espaces intermétatarsiens mais le plus souvent les 2e et 3e espaces • Nette prédominance féminine (rôle probable des hauts talons et des chaussures étroites) • Symptômes : – métatarsalgies plantaires – parfois accompagnées de paresthésies et d’engourdissements – irradiation vers les orteils et/ou proximalement. – exacerbés par la station debout prolongée et la marche – cèdent au repos et au déchaussage Maladie de Morton • Examen clinique : – palpation de l’espace interdigital douloureuse – manœuvre de Gaenslen + – Lasègue des orteils + – Lasègue inversé + • Imagerie : – échographie – IRM (coupes coronales) : petite masse en forme de poire au pôle antéro-inférieur de l’espace interdigital, hypointense en T1 et rehaussée par l’injection de gadolinium Maladie de Morton Maladie de Morton • Traitement : – correction de la statique plantaire et du chaussage – perte de poids – infiltrations – excision du nodule fibreux Neurographie sensitive - La démonstration électrophysiologique d’une compression d’un NDCP n’est pas aisée - la conduction sensitive orthodromique est habituellement étudiée par la stimulation des nerfs digitaux propres plantaires d’un espace interdigital et le recueil des potentiels évoqués en arrière de la malléole interne par des électrodes aiguilles monopolaires - les potentiels sensitifs évoqués sont de très faible amplitude (quelques µV) et peuvent être absents en l’absence de neuropathie (sujet âgé) - il est également légitime de se demander s’il est réellement possible de stimuler de façon spécifique un seul des 2 nerfs digitaux propres plantaires d’un orteil Neurographie sensitive Sujet témoin Maladie de Morton 2e espace Nerf saphène Anatomie - le nerf saphène, branche terminale sensitive du nerf fémoral, dont il se dégage quelques centimètres en dessous du ligament inguinal, est issu des racines L3 et L4 - il entre dans le canal de Hunter au tiers inférieur et interne de la cuisse - au genou, il donne la branche infrapatellaire et continue sa course le long de la face interne de la jambe, de la cheville et du pied dont il assure l’innervation sensitive Neuropathies isolées du n. saphène • Causes : – traumatique (genou, cuisse, entorse cheville) – iatrogène chirurgicale (chirurgie des varices, cathétérisme de la veine saphène) – tumorale – compressive (kyste, bursite, compression externe) MERCI http://cf-enmg.blogspot.com/