UNIVERSITE DU QUEBEC THESE PRESENTE A L'UNIVERSITE DU QUEBEC A TROIS-RIVIERES COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN PHILOSOPHIE PAR ANDRE LECLERC B.A., M.A LE TRRITEHEHT DES RSPECTS ILLOCUTOIRES DE LR SI6HIFICRTIOH DRHS . LR 6RRHHRIRE PHILOSOPHIQUE DE L'EPOQUE CLRSSIQUE , , GENERALE DES MODES VERBAUX AOUT 1989 : (1660-1803) LA THÉORIE Université du Québec à Trois-Rivières Service de la bibliothèque Avertissement L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son mémoire ou de sa thèse. Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son autorisation. _:": -:". * ' .: R esume La premiere La thèse se divise en t r o is part ie s . la Grammaire rec herc~e scientifisue, Imre Lakat o s p our -::>artie en a v1.s notre àes SlX de la pensée; o rien tée 1) et resp ecta nt le sa principale 2) l an gage f o ncti on 3) (l a la la pens ée est la les langues se f o rment repr oduis a nt un activité une certain et nombre 6) le évoluent en mo dè l es de etc. ) La ceinture de protection comp rend les théories auxiliaires suivantes théo rie des idées access o ires; théorie des tropes; et des inversions; 5) 4) est est c ommunica t ion ) (pa ra d igmes de décl inaison et de conjugaison, ~a le il y a des universaux linguistiques vers une fin d'analogie p r inc ip e reconstruit l'usage n o rmal de la par ole est 5) prerr, iè r~ Le noyau dur s e compose à principes suivants me me p ar tout et pour tous; 4 ) rationnelle Cette la ceinture de protection du programme communication des pensées dans le discours; subst an tiels; programme le premier de la Grammaire Générale. l'expression que l'histo r iographie des sciences. e-: le se con d, rec~erche tant en s'inspirant de la méthode proposée par se divise en deux chap it res; n oyau èur, de classique Géné r al e presente 2) 1) la théorie de la synonymie; la 3) la théorie de l'ordre naturel des mots la théorie de la traduction; 6) la théorie d e l'origine de s langues. La seconde QTë:rnmairiens énoncés ~:uj et partie examine philosophes non déclaratifs. dan s ..1.. es * théories concernant les modes des principaux verbaux pour géné ral es Du Marsais, Le résum é doit étre dactylographié à double Interligne .J. les et Nous distinguons deux approches grammaires représentée par Port - Royal, les à ce la première, Harris, J . Burnet-: I _~ • • .: ....... . _ _ ' ~'~. ' .. , t _ _ . • ( ~ o rd Monb o èd c ) c omme et mara u eurs d'act e s de ces ~ cié c laratifs e st ce en r é du c ti onn iste ~ _!e ~. s e ns des én o ncés repré~ent é e l'autre p en s é e; qu'elle ré d u i t d~ c -ara~ifs pri n cipaleme n t appr oche én o ncés les e~primant n on des jugements, Beauzé s . N. p ar C . et Co ndi!la c . . . . Beattie et De stutt de Tracy . "T La tr o isième partie est une é valuati o n critique de ces approches ':: h é ori es ,=rr ô~ mma l'énonciation . de p h ilosophes i rie n s st ru c :ura l istes ," .+ FI () ur l ' histoire et de la place su'elles occupent dans enSUl~e avec celles th é ori es des comparatistes, des les c ompar o ns Nous des et des linguistes et philosophes c ontemp o rains, les nombre confron t er à un certain de critères d 'a d équation empirique . No us cr oyons avoir montré que les modes verbaux constituent le principal d 'une espè c e marqueur de force illocutoire, assez l'avaient jugé utile, simple; les peuples un auraient marqueur pu, verbales caractérist iq ues. les grammairiens philosophes sont restés prisonn iers t raditi o n ren o uveler l o gico-grammaticale séculaire qu'ils ont d'une manière orig inale en anticipant quelquefois des Signature du candidat Date : ) d'une néanm o ins résultats obtenus par nos cont empor ains. r s' il distinguer et marquer toute la variété des d ' illocut i on par des flexions types mais Signature du co-auteur (s'il y a lieu) Signature du co-directeur (s'il y a lieu) Date : Date : mes parents, qui n'ont jamais eu la chance d'entreprendre des études supérieures, et en particulier à ma mère, qui n'a cessé de m'encourager, même s'il lui arrivait de ne pas toujours bien comprendre ce que je faisais. À REMERCIEMENTS Une thèse de doctorat est, "scolaire" d'un philosophe en principe, le dernier travail de formation. philosophes qu'on devient philosophe. la Mais c'est parmi les j'ai eu A Trois-Rivières, chance de découvrir un groupe de philosophes très dynamiques qui m'ont fait profiter de leur enseignement et de leur exemple; un lieu de recherche sans complaisance où la Philosophie exige et donne beaucoup. Ce qui a peut-être le plus d'un philosophe, c'est d'importance dans la l'apprentissage des critères satisfaire un travail philosophique "bien fait" la rigueur, place. Les précision professeurs que doit où la clarté, la et l'élégance doivent avoir Claude Panaccio, formation Nicolas leur juste Kaufmann et Daniel Vanderveken sont sans doute les trois personnes qui, à cet égard, m'ont apporté le plus. Et merci pour tous la confiance témoignée au cours des années et les avis précieux, pris à les remercier ici très Merci de m'avoir fait suer! chaleureusement. l'intérêt Je tiens à mes travaux et projets. Je n'essaierai pas d'évaluer ici ma "dette intellectuelle" envers eux, car ce serait une longue histoire. nous choisissons Dans la mesure où, comme le dit A. vraiment nos influences, orgueil que j'invoquerai celles-là. ce n'est pas Koyré, sans Bon sang! Au cours de toutes ces années, je n'ai pas cessé d'apprendre! Aujourd'hui j'en suis sûr: c'est ma bonne étoile qui m'a conduit à Trois-Rivières pour y étudier la philosophie. V01S Quant à ma dette intellectuelle, je ne pas d'autre façon de m'en acquitter que d'oeuvrer longtemps le plus possible dans les domaines qu'ils m'ont fait connaître et approfondir. J'aimerais avant tout remerc1er a M. Daniel Vanderveken, qui dirigé mon travail de recherche pour cette thèse de J'ai doctorat. eu le privilège d'être l'un de ses assistants de recherche depuis une douzaine d'années et d'être le témoin de sa formidable contribution philosophie la à en théorie général. des (Car actes de discours on peut maintenant et dire théorie des actes de discours ce que Ramsey disait de la des descriptions définies de Russell "une méthode description penser philosophie"; non elle fournit seulement de la philosophie du l'esprit et de la théorie de l'action). de la un la théorie cadre de de enrichissement langage, mais philosophie de Daniel Vanderveken sans doute le philosophe envers qui ma dette est la plus consacré de nous enjoint et permet un de la philosophie transcendantale, Puisse-t-il la elle est vraiment devenue unifiée des phénomènes langagiers, d'une manière systématique, appréciable, aUSS1 de à n'avoir jamais à regretter tout le temps au cours de mes années de formationl est lourde. qu'il Encore une m'a fois merci l André Leclerc. 21 février 1990. TABLE DES MATIERES Introduction ...................................... , p. 1 PREMIERE PARTIE : La Grammaire Générale classique en tant que programme de rechercha scientifique ... , p.41 Chapitre premier: La Grammaire GénérAle classique en tant que programme de recherche scientifique : Le Hoyau dur .................................... . . , p. 42 ChApitre deuxième: La Grammaire Générale classique en tant que programme de recherche scientifique : La Ceintur~ de protection ......................... , Conclusion de la première partie .................. , p. 136 p. 222 DEUXIEME PARTIE: La sémAntique idéAtionnelle des modas d'énoncé Introducti on .................................... , ...................................... , p. 237 p. 238 SECTION 1 : La thjorie des modes verbAux comme marqueurs d'actes de pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , p.253 ..................... , ....... , ........ , .... , p. 254 ChApitre premier Chapitre second Port-Royal : Du MarsAis p. 292 Chapitra troisième James Harris Chapitra qUAtrième James Burnett (Lord Monboddo) Chapitre cinquième James Gregory ................. , ................ , p. 315 p. 334 p. 349 SECTION II : Les th'ories r'ductionnistes des modes verbaux ..................................... , Chapitre sixième: Buffier p. 377 ........................ , p. 380 ....................... , p. 391 Chapitre septième Beauz' • ChApitra huitième Condi 11 ac ..................... , p. 424 Chapitre neuvième Beattie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , p. 461 Chapitre dixième: Destutt de Tracy ............... , p. 474 TROISIEME PARTIE : CONCLUSION GENERALE : La s'mantique id'ationnalle des modes place dans l~histoire des th'ories de d~'nonc' : sa l~'nonciation et son ad'quation empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , p. 492 BIBLIOGRAPHIE p. 548 ..................................... , *** INTRODUCTION Le principal g'njr~l. d.. objet de cette monographie mod.. v.rbAuM dans la Grammaire d'6vAlu.r les diverses grammairiens philosophes thé orique" de la aujourd'hui les encore, pour Philosophique approches mises de l'avant pour rendre compte, Grammaire Générale, compte dans par le lA les "caqre de ce que nous A.p.Ct. illocutoir •• d. rendre thjorie la Son but est de djcrir. de l'époque classique (circ. 1660-1800), et est appelons .ignificAtion, des différents types (ou ou modes) d'énoncés dont certains, selon l'enseignement des linguistes et philosophes (1) langues, aspects se rencontrent dans tout.. les Les aspects illocutoires de la signification sont ces contemporains de la signification qui déterminent littérale d'un énoncé doit compter comme question, prédict i on, requête, si l'énonciation assertion, ordre, témoignage, promesse, exclamation, etc, Ce travail pourrait porter en sous-titre, de paraphraser l'histoire des "Un chapitre de Chomsky (1966) des théories de l'énonciation", théories anné es celui de constitue l'énonciation au cours sans doute un fait Page 1 si on me Le formidable des sans trente permet dans essor dernières précédent(2) dans l'histoire des sciences du langage. travaux du second Wittgenstein et des Mais bien "philosophes ordinaire" --- en fait depuis l'Antiquité ---, les poéticiens, les été à sensibles d'utilisation de avant du les langage les rhétoriciens, logiciens et les grammairiens ont toujours ces "innombrables tout ce que nous et diverses sortes nommons , signes' , , mots' , 'phrases'." (Wittgenstein, Inv.stig.tions philosophiqu.s, paragr. 23) . Les exclamations, les interrogations, les requ@tes, et les impératifs sont parfois des moyens tout indiqués pour un qui veut émouvoir, Dans étonner, un passage bien Aristote renvoie à amuser, connu Tr.it' du la rhétorique et à d'étudier les énoncés non déclaratifs, qui ne sont ni vrais ni interrogations, etc. mentionnent énoncés les ou motiver un faux, d. la orateur auditoire. l'Int.rpr,t.tion, poétique la c'est-à-dire les comme les prières, Traditionnellement, non déclaratifs les que tâche énoncés ordres, logiciens pour mieux ne les distinguer des énoncés déclaratifs, seuls porteurs des valeurs -de vérité. Les philosophes grecs, avaient toutefois développé péripatéticiens des classifications et stoïciens, des "genres de discours" (ou types d'illocution) ou des l.kt. les stoiciens). Les grammairiens grecs et latins Moyen de la âge et l'existence, phrases dans Renaissance) , ne toutes les langues qu'ils interrogatives, optatives, divers (chez (comme ceux du pouvaient ignorer connaissaient, jussives de (impératives) , exclamatives, etc. Les comparatistes du XIX· siècle (M. Bréal, A. Meillet, XX· H. Paul, K. Brugmann, etc.) et les linguistes du (O. Jespersen, G. Guillaume, Jakobson, Benveniste, etc.) ont Page 2 bien sar discuté des modes verbaux et des modes d'énoncé, mais on ne trouve cependant rien dans leurs travaux qui approche, par l'ampleur des des publications, dans le recherches, ce cadre la qualité et le nombre qu'on a produit depuis une trenteine des théories de l'énonciation et des d'années actes de parole. Je voudrais montrer, dans ce travail, que la réflexion des grammairiens énoncés philosophes non déclaratifs, l'histoire des philosophes tradition théories sont, pour au sujet des constitue de modes un verbaux moment l'énonciation. une large part, pour la description Les restés des place modèles dans un vénérés difficultés de contexte la fidèles langues; au déjà cadre imposé par la en créant la concepts mais science grecque et leur et elle médiévale. des Les Renaissance y les langues vivantes résistant souvent grammaire latine. Les Modistes montré une certaine indépendance d'esprit à l'égard tradition à qui n'est guère respectueux éprouvées par les grammairiens de la ont sans doute contribué, dans grammairiens interprétation de la tradition a quelque chose de neuf, prend des important gréco-latine en lui empruntant bon nombre de théoriques et une nouvelle batterie de avaient de la concepts descriptifs, mais leur influence sur les grammairiens philosophes est nulle ou très indirecte. Les grammairiens philosophes furent les premiers à faire un examen théorique des modes verbaux et des modes d'énoncé en confrontant leurs notions et conceptions à Page 3 une variété toujours toutefois, la croissante de plupart langues Julien, (cf. , d'entr'eux se sont limités 1979) ; aux langues indo-européennes et ce sont les comparatistes du XIX· siècle entreprendront langues. cette De toute manière, modes d'énoncé largement le capital philosophes concernant grammairiens les description pour les autres repris générations d'idées les familles légué modes par par les suivantes grammairiens qui n'y ont et et et toujours des ajouté grand'chose. Mieux : la théorie générale des modes verbaux Grammaire des Générale résultats l'énonciation, de recherche des classique obtenus "anticipe" par les d'une Grammaire Générale. et 1 es structural i st es clairement actuelles En de programme fait, avant l'essor manière décisive les et de L. Hjelmslev traditionnelle" ou envers "dépassé Il théories de l'énonciation proposées les n' avai ent La méfiance de F. catégories "normative" est de de Saussure la "grammaire pour beaucoup dans peut-~tre peu d'intérêt montré par les structuralistes pour les verbaux, la ces catégories leur paraissant trop liées au grammaire latine et impropres à la familles cadre de langue que fourni or.tionis) Priscien (mais par Denys de déjà parties Thrace, du d'autres particulier, discours Apollonius en gestation dans les Page 4 En modes paradigme description l'indo-européenne. par le système des légué les pas par les grammairiens philosophes. de théories de la théories de l'énonciation voilà une trentaine d'années, comparatistes le parfois en dépit des limites que lui impose le de la fut linguistes pas de les verbaux est remarquable à bien des égards, qui écrits (p.rt.s Dyscole de le et Platon, d'Aristote et linguistes des stotciens), importants générales, bien fut rejeté par la préoccupés qu'il de plupart questions ait constitué le coeur de des thé oriques la tradition grammaticale en Occident pendant presque deux millénaires. Il ne sera indo- plus évoqué que pour le traitement des langues europé ennes . Plus près de nous, développée par la sémantique des conditions de les philosophes avait très énoncés non concept de fore. illoeutoir. (il utilisait Kr.ft mais les quelques ordres(3) passant. plus déclaratifs. peu à dire Frege fut sans doute à pages qu'il consacre aux ne font, pour ainsi dire, que celle du constamment et insensiblement, et sémantiques), ses ses multiples emplois avant l'étude tout scientifiques positivisme surtout qui des les fit logiques, Reichenbach, langages beaux idé es traitement des modes verbaux et des philosophie du langage ordinaire ses non littéraux, construits à qui aux fort chez types etc. C'est des fins et du Russell, et intéressantes le évolue divers modes syntaxiques. et en (syntaxiques jours de l'empirisme même si nous trouvons des et à cette époque, ordinaire, vagues, du allemand), questions avec ses ambiguïtés syntaxiques, les qu'effleurer le sujet langage expressions sur l'origine en L'étude des langages formels semblait, prometteuse vérité courant pour le C'est la de la grammaire générative et transformationnelle qui allaient imposer une conception plus large de la compétence du locuteur: on doit Page 5 maintenant des tenir compte de sa capacité à produire et énoncés non déclaratifs, et des m~me comprendre énonciations non littérales. "Commander, interroger, raconter, bavarder, appartiennent à notre "histoire naturelle" jouer " , paragr. écrivait 25) . autant que ne d'ordres, manger, boire, Wittgenstein (Inv.stig.tions philosophiqu.s, Un peuple parlant une langue sans phrases jussives (impératives) ou interrogatives, un qui marcher, poseraient composé d'individus jamais de questions et ne donneraient jamais un tel peuple anthropologique . peuple serait, A son tour, semble-t-il, Benveniste écrit, une à bizarrerie propos des "modalités de phrase" : on reconnatt partout qu'il y a des propositions assertives, des propositions interrogatives, des propositions impératives, distinguées par des traits spécifiques de syntaxe et de grammaire, tout en reposant identiquement sur la prédication. Or ces trois modalités ne font que refléter les trois comportements fondamentaux de l'homme parlant et agissant par le discours sur son interlocuteur : il veut lui transmettre un élément de connaissance, ou obtenir de lui une information, ou lui intimer un ordre. Ce sont les trois fonctions interhumaines du discours qui s'expriment dans les trois modalités de l'unité de phràse, chacune correspondant à une attitude du locuteur. ( .... , La déduction transcendantale des forces illocutoires primitives présentée dans Searle et Vanderveken (1985) constitue elle un argument de poids en faveur de l'universalité des Page 6 aussi catégories de la logique illocutoire. de On peut, en apparence, faire beaucoup choses par le discours, illocutoires primitifs, illocutoires primitives mais il n'y a au fond que cinq auxquels correspondent cinq à partir desquelles tout.. permet forces les forces peuvent être obtenues par certaines opérations. autres C'est d'obtenir ces cinq buts illocutoires primitifs. vouloir buts On la peut 1°) représenter comme actuel un état de choses dans le monde (les actes assertifs); faire quelque chose tentative (les 2°) s'engager vis-à-vis d'autrui à actes engageants); faire pour que l'allocutaire fasse quelque chose (les direct ifs) faire en sorte qu'un état de une actes choses existe simplement en affirmant qu'il existe (les actes déclaratifs); exprimer simplement ses émotions et enfin, attitudes et (les actes expressifs). Dans toutes les langues humaines "dignes de ce nom", il doit indirectement, constituent, kinds) possible actes d'accomplir, illocutoires directement de déclaratif et expressif. pour Found.tions of verrons des directif, engageant, (n.tu~.l être ainsi dire, d'emplois du langage. 1110cution.~y Logic, type assertif, Ces catégories "espèces des (Cf. 1985, naturelles" Searle-Vanderveken, chap. 3 et 9). selon conventionnellement partout diverses Nous bientet que les grammairiens philosophes acceptaient principe de l'universalité de la pensée et que les modes servent, ou d'entre certains des et pour tous, Act.. d. p.n.'. eux, qui à le verbaux exprimer sont les m~mes et selon d'autres grammairiens, à marquer id ••• Acc •••oir.. indiquant les Page 7 attitudes du locuteur tout en modifiant ou supprimant l'assertion d'un jugement. La Grammaire Philosophique classique se Q'n'rAl. et rAisonnf.. et le 9~n'r.l • • t "les raisons Grammaire de grammairiens r.isonn'. est (1660), dans manifestaient leur les la mesure clairement donner où leur La les souci (cf., Chomsky, 1966, et Padley, 1985) les normes que l'on se doit de suivre pour bien qu'à la Cour; célèbre langues". ne voulaient pas seulement décrire des faits de donner fois (Lancelot qu'ils veulent toutes rAisonnf., philosophes d'AdfquAtion explicAtive ils en sous-titre à ce qui est commun à Générale à la Les grammairiens de Port-Royal grand Arnauld) affirment, 8r •••• ir. veut langues parler et aussi au contraire, bien parler n'est pas seulement parler selon l'usage et la tradition, c'est aussi parler selon la Raison, d'une manière pertinente, et les faits de langue ne deviennent intelligibles que si on les rapporte aux opérations de l'esprit qu'ils sont censés exprimer et aux fonctions qu'ils sont destinés à remplir. Les langues humaines ne sont du hasard et du caprice; "rendre compte" linguistiques. dans la où et le fruit autrement, il ne serait pas possible de faits de langues et des universaux Grammaire Philosophique est aussi La mesure substantiels des pas elle affiche affirme l'existence clairement ses QfnfrAl., d'universaux pré t ent ions à l'universalité la Grammaire Générale est la grammaire qui donne les des fondements grammaires particulières Page 8 de tout.. l.s IAngu ••. sont conceptuelle La pensée les mêmes partout l'expression de la pensée; et et les opérations de pour tous et c'est à cette fin communication des pensées) qu'il fut le raison pratique. "inventé" Pour la première fois, à grammaire se fait raisonnée et générale. latins, est par les humains. l'oeuvre l'~ge de la classique, la Les grammairiens gréco- ou les grammairiens médiévaux et les grammairiens latins de la Renaissance, l'universalité, faits de affichaient langue, en latin considération parfois aussi leur et ils cherchaient, aristotélicienne (15 ) faites langage (l'expression et la langage est donc un moyen .n vu. d·un. fin, Le l'esprit • dans Mais sur le d'autres eux aussi, le cadre presque latin, prétention à à expliquer les de la science toutes leurs analyses rarement prennent-ils et langues pour mettre l'épreuve à sont en leurs conjectures. Mais à la Renaissance et au XVII- siècle, les choses changent rapidement c. ) . M@me si les grammairiens philosophes classiques font rarement référence à des langues autres europé ennes, avec eux la grammaire devient vraiment qu'indogénérale, universelle. Si nos grammariens philosophes voulaient expliquer ce qu'il y a de "commun à toutes rencontrer partout, les langues", ne devaient-ils eux aussi, ces diverses modalités de phrases et essayer d'en rendre compte? dont nous parlions plus haut, si oui, où? dans quelle partie de la Grammaire Générale? approches furent pas développées pendant les Page 9 cent Et Quelles cinquante ans au cours desquels le mouvement de s'épanouit en France et en Angleterre? que la Grammaire Générale Que faisons-nous de mieux les grammairiens philosophes en cette matière? Nos jeunes théories de l'énon6iation ont-elles quelque chose à apprendre de cent cinquante ans de Grammaire Générale? J'avais ces questions à l'esprit lorsque j'ai abordé l'étude des grammaires générales classiques. Bien sQ.r, nuit sous la des questions de ce genre viennent forme d'un songe insolitej rarement elles sont le la plus souvent suggérées par l'état actuel de la recherche. Ce n'est pas là un défaut d'objectivité, historique, sa condition, t~che mais plutôt le nerf de la son point de départ et d'arrivée. de l'épi stémol ogi e hi st orique" , déterminer recherche écrit M. le sens que des connaissances passées Auroux, "est de peuvent "Ce que nous pouvons connattre d'une connaissance est la plupart du temps le résultat d'une inférence, de départ de cette connaissances." (Ibid., exactitude nous avoir Et plus pour nous". loin de inférence p. c'est 12) . l'état passée et le point de nos Nous ne pouvons prévoir avec quelle direction prendra demain pouvons avenues "La la actuel recherche, tout de m@me dresser une carte assez recherche déjà parcourues. Ce qui précise n'est pas mais des sans intérêt pour les chercheurs actuels, tantôt parce qu'ils désirent voir leurs intuitions confirmées par les grandes autorités Page 10 d'un passé plus ou moins lointain (un peu à la manière 1966, ou Vendler, 1972), passées de tant8t pour découvrir dans les des énigmes oubliées ou des problèmes que pour y découvrir thé oriques, d'exemples, un bric oeuvres théories nos doivent résoudre sous peine d'inadéquation empirique, simplement Chomsky, brac ou encore de concepts d'analyses et de procédures, qui n'ont à peut-@tre pas dit leur dernier mot ... Pour ma part, je fus d'abord frappé par certaines analogies entre le programme de recherche de la Grammaire celui de la Théorie des Actes de Discours. acte. p.n.'. d. illocutoires d'énormes accomplis de de la Grammaire Générale Bien sar, Générale et la Théorie des Actes de Discours, changements (qu'on songe seulement entre les actes il Y a ont l'universalité un fort caractère (contre la particulièrement les Mais les deux programmes de recherche sont • priori, et les "sens prétendent à "relativité linguistique"). Les progrès accomplis par l'historiographie et eu progrès aux "mentalistes", font une large place à la rationalité et au commun l l , les par la logique après Frege et Russell ... ) et nous marquerons avec soin . et mises en garde des des sciences, historiens conventionnalistes (Kuhn, Foucault, Feyerabend, etc.), ne peuvent plus @tre ignorés, comme le souligne aussi avec force M. Page 11 Auroux (ibid., p. 12). Un projet comme le mien éveillera sans doute certaine méfiance pour les historiens sensibles au n'implique-t-il entre des pas fragments de théories élaborées épi stémiques ("paradigmes Il ou deux siècles? "épi stèmè Sil) problème des . dans une de comparaisons des contextes séparés par près de Mais comment évaluer autrement une théorie passée, comment déterminer et indiquer ses lacunes, ses limites, sinon en montrant qu'elle n'arrive pas à faire ce que font nos théories ou qu'elle échoue empirique? à satisfaire Nous méthodologiques. certains reviendrons critères bientôt d'adéquation aux considérations Je voudrais tout d'abord préciser l'objet et le but de cette étude. *** Les modes verbaux sont familiers à fréquenté la petite école. six quatre conditionnel et Le français, par exemple, subjonctif), et deux n'en ont impératif, le chinois n'a le grec ancien a pas, à modes Ainsi, le grec et le un a deux subjonctifs alors que l'hébreu et pas, en compte Mais la nature et le nombre des n'ont pas de conditionnel, l'allemand ayant imp.rsonn.ls modes peuvent varier d'une langue à une autre<?'). latin personne (indica tif, modes (infinitif et participe). toute proprement le optatif, suédois parler, de flexions verbales pour les modes, et des grammairiens discutaient encore récemment sur la reconnaissance Page 12 d'un prétendu mode "présomptif en roumain CIiI ). Presque toutes les grammaires philosophiques( 9 classique, de (la Sr •••• ir. g'n'r.l. Port-Royal [1660] inaugure le mouvement) de l'époque ) .t r.isonn', à Destutt de Tracy est de 1803), contiennent une théorie gjnjral. des modes verbaux. C'est dans le philosophes relat ives cadre de cette classiques ont à la syntaxe sémantique que les grammairiens abordé la plupart des questions (thé ori e de la "e onstruct ion") , à la pragmatique des énoncés djclaratif. et djclaratif.. théorie En effet, n'hésitaient pas la plupart des grammairiens parler à ou de modes conc.ssif, non et philosophes int.rrog.tif, verbaux même si à la aucune flexion verbale ne leur correspond dans les langues qu'ils connaissaient. Les linguistes contemporains qui s'intéressent à la question (par exemple doit Zaefferer C10 » mod.. de faire entre les conditionnel, et insistent sur la distinction que l'on promissif, etc.), optatif, plusieurs "optatif" d'énoncé). tandis d·jnoncj même points désignant Les modes si pris impératif, bien un mode verbaux relèvent de exclamatif, recoupent verbal la (s,nt.nc • • oods, en qu'un mode morpho-syntaxe, S.tz.odi) en charge par l'une ou l'autre Page 13 jussif, jussif-impératif, (indicatif-déclaratif, aussi ou interrogatif, les deux catégories se que les modes d'énoncé habituellement impératif (déclaratif, déprécatif, dubitatif, (indicatif, optatif, infinitif, participe, etc.), subjonctif, mod.. les v.rbauM se des sont trois disciplines de la célèbre tripartition de Morris (1938). la distinction mode maintenue, de ces d'énoncé comme le veut Zaefferer, deux notions premiers Dyscole) doit @tre strictement le développement historique montre à quel point elles sont D'après Nuchelmans (1973), 1 ié es. des verbal/mode Mais si intimement la théorie des modes grammairiens grecs (Denys s'inspirerait directement, de Thrace, verbaux Apollonius du moins en ce qui a trait aux modes personnels, des classifications des modes d'énoncé (ou "genres de discours") avancées par les et les entre les stoïciens modes (11 ) • De plus, de nombreuses péripatéticiens "confusions" verbaux et les modes d'énoncé sont survenues au cours de l'Antiquité et du Moyen âge, chez des auteurs aussi influents que Martianus Capella, d'Espagne C1 : 2 ) , Boèce, Guillaume de Sherwood et Pierre et les recoupements signalés plus haut entre les deux catégories sont probablement la source de ces confusions. Je voudrais, dans cette monographie, montrer l'originalité du point de vue adopté par les grammairiens philosophes dans leur théorie générale des modes verbaux: nécessité de tout en recourir à des critères formels reconnaissant la (morphologiques) pour identifier un mode particulier dans une langue particulière, les grammairiens théorie, marquer d'fnonc' le. et philosophes soutiennent peuple. auraient pu, par ailleurs .'ils l'Avaient JUQ' qu'en utile, distinguer formellement toute la v.ri.t. d.. mode. par des fl.xions verbal •• carAct'ristiqu••• Les modes Page 14 verbaux et les modes d'énoncé ne sont, pour l'essentiel, que deux m~me$ moyens, différents mais équivalents, d'atteindre les exprimer linguistiquement op'rAtions différentes l'interrogation, doute, la de l'esprit), le commandement, concession, Acte. différents la de tels modes d'énoncé (ou le désir (ou le souhait), prière, verbaux po •• ible. que de C'est pourquoi, pen.'e l'affirmation, etc. , etc. grammairiens philosophes affirment qu'en théorie, de fins modes le Plusieurs il y a autant po •• ible •. d'énoncés dans la Grammaire Générale classique, les modes ou types d'illocution sont presque toujours traités au chapitre des modes verbaux. Par ailleurs, les assimiler (infini tif) , les grammairiens philosophes ont tendance impersonnels modes soit aux adjectifs (participe). modes d'énoncé aux modes verbaux, substantifs et adjectifs, avoir soit aux à substantifs En assimilant les et les modes impersonnels aux les grammairiens philosophes semblent placé simplement sous la catégorie traditionnelle du mode verbal les questions relatives aux modes d'énoncé, déclaratifs et non déclaratifs. d'énoncé dans la modes théories à celui délimite tendance (inclure un objet qui l'énonciation. nous de La théorie les modes en exclure les modes verbaux et de la théorie des actes actuelles de et la double catégorie des impersonnels) semblable parole Cette paraît parole des et fort des actes de théorie générale des modes verbaux de la Grammaire Générale visent au fond la même cible : rendre compte des Aspects Page 15 illocutoir •• d. lA siQnification, littérale compte comme une assertion, M~me etc. une question, un d'act. d. p.n.'., nous verrons d'op'rations et celui l'e.prit développé tardivement par les co •• on s.ns. écossais, ou la grammairiens, d'id'. notion acc •• soire que le social.s d. philosoph.rs pour certains remplissent à peu près les mêmes fonctions dans la Grammaire Générale. D'autre part, dans la théorie des actes de parole de (1988) , les actes illocutoires ne sont pas seulement des Searle-Vanderveken (1985) fondamentales sont aussi Y Il en a, effet, un grand Vanderveken unités senti ils la pensée nombre .n p.ns'. significatif que les grammairiens finalement d'actes s.ul ••• nt. philosophes Il aient le besoin d'élargir la notion d'acte de pensée (les soci.l op.r.tions .of th • • ind compte surtout considérés comme des unités de base pour illocutoires qui peuvent être accomplis paratt et de communication dans les langues humaines conceptuelle. me ordre, si les grammairiens philosophes ne disposaient pas des d'acte et de forc. illocutoir •• , concepts concept ce qui fait qu'une énonciation également des accomplis par des actes êtres Thomas Reid) de parole de solitaires, qui ne pour tenir peuvent comme donner un être ordre ou adresser une requête; mais il n'est pas moins significatif que la théorie des actes de du sociaux langage, discours, aux d'abord si attentive aux aspects institutions et aux qui règles déterminent si l'accomplissement d'un acte de discours est réussi ou non dans tel ou tel contexte, considérer les conceptuelle, en soit finalement actes illocutoires comme des car nous pouvons Page 16 accomplir unités venue à de pensée certains actes illocutoires .n sans intention de communication, comme des assertions, des questions, des promesses (comme les pourrait résolutions) , etc. Mon donc se formuler ainsi hypothèse 1. mode du de verbe constitue, m~rqueur la principal force illocutoire. travail da Plus précisément, le mode du verbe indique le but illocutoira d'une énonciation, car des énonciations marquées par le m@me mode peuvent avoir des forces illocutoires distinctes une illocutoire prédiction et et un le m@me mode témoignage verbal ont le m@me l'indicatif; de but m~me, l'impératif peut servir à exprimer un ordre, un commandement, une prière, une concession, etc.) . Plusieurs raisons militent faveur de cette hypothèse et nous en aurons maintes fois l'occasion d'y revenir. La Grammaire Philosophique "idéationnelle" du langage(13) , c'est-à-dire une théorie classique une thé orie selon l'expression de W. Alston, "mentaliste" langue en les rapportant à des est qui explique les faits de opérations de l'esprit, telle la conception, qui produit les idées ou concepts, et le ju;ement les autres actes de pensée ou "mouvemens de l'ame"). de cette conception est clairement seconde partie de la 8r •••• ir. formulé au Le principe tout début de la de Port-Royal Qu. la connoiss.nc. d. c. qui s. p.ss. dans nostr• • sprit, .st n'c.ss.ir. pour co.pr.ndr. l.s fond ••• ns d. la 8r •••• ir.' & qu. c'.st d. Page 17 (et l i qu. d'p.nd 1. div.rsit' d.s .ots qui co.pos.nt 1. discours (p. 26; en italiques dans le texte) . Et Condillac, un siècle plus tard Puisque les mots sont les signes de nos idées, il faut que le systême des langues soit formé sur celui de nos connoissances. Les langues, par conséquent, n'ont des mots de différentes espèces, que parce que nos idées appartiennent à des classes différentes; et elles n'ont des moyens pour lier les mots, que parce que nous ne pensons qu'autant que nous lions nos idées. (8r •••• ir., 1775, p. 433 dans l'édition de G. Le Roy) . Mon but est de reconstruire l'idée d'une .6m.ntique id6.tionnelle de. mode. d~6nonc6, grammairiens telle philosophes, qu'elle fut développée et d'en évaluer les par limites. les Et la théorie générale des modes verbaux constitue, comme on l'a vu, le coeur de cette peut parattre pour la comme sémantique idéationnelle des modes d'énoncé. étrange de parler d'un sémantique thé ori e juger, des vouloir, "act es de pensé e" cons idérant des act es des représentations à la différence de ces actes qui ne semblent pas être; etc. , "idéationnelle" car les idées sont en dé sirer, Il mais cette assimilation des actes de pensée aux est autorisée par Descartes lui-même : ou craignons, le savons lorsque que nous le volonté ou de une idé e étant, pour Descart es, "tout ce qui est conçu immédiatement par l'esprit" (cité par 36) ; voulons nous savons que nous voulons ou craignons, et nous parce que nous avons l'idée de cette cette crainte, idées Dominicy, vouloir et la crainte sont donc mis par Page 18 1984, Descartes p. "au nombre des idées" (ibid.). *** L'histoire cours des des sciences du langage a changé de vingt dernières années. Depuis la visage au parution de jamais les du langage et les linguistes n'ont manifesté pour l'histoire de leur discipline. la période couvrant les XVII- et fort riche XVIII- pour l'histoire des sciences du un très lexicographes, siècles, langage, vaste ensemble comprenant philosophes, logiciens, grammairiens, pédagogues, etc. d'intér~t autant Cela est vrai en particulier pour représente philosophes des rhétoriciens, période car oeuvres elle de poéticiens, Cet ensemble, si vaste soit-il, est maintenant beaucoup mieux connu(14), et les jugements sévères (parfois teintés de mépris) portés à l'égard de la "grammaire traditionnelle" ou de la "linguistique préscientifique" par les comparatistes, et les structuralistes, ne doit les sanskritistes, les philologues demandent aujourd'hui à être nuancés, lorsqu'on pas carrément les ranger parmi les préjugés dénués de fondements C1S ) . L'histoire des sciences du langage, depuis le milieu des années soixante, a grandement profité du renouvellement des idées survenu en historiographie des sciences au cours Page 19 des dernières décennies. On distingue historiographie des sciences<16> L'histoire l'inductivism., des sciences fut selon la première de ces deux tendances, comme une d'abord un données par faite science ensemble induction. aux XVIII- et historiens des sciences, en le et qui conçoit la collection de données objectives et théories solidement fondées sur ces premiers extr~es quelquefois deux tendances XIX- de Les siècles, étaient surtout sensibles aux progrt. des "lumières", aux progrès accomplis sur le plan de la vérité objective. Galilée, Descartes, Huygens, Képler et célébrés pour d'autre part, Ilcontes de bonne conceptions savoir celles des et ou en classique volontiers femme " (et plus comparant les conceptions et les évaluaient et les ressemblaient alors à pr6jug6 (Bacon, mythes, façon "progéni t ure" . cumul cesse à jugés étant passées historiens L'histoire un l'importance savoir en d'inventions voie de qui totalisation, leurs leur de s'ajoutent l es des savoir du La croissance du savoir y est représentée de découvertes ou avec inductivistes une selon du significative. théories jugeaient. les l'évolution admis par les membres de la communauté scientifique, prédécesseurs mais "idé ologie") , retardé d'une savoir; erreurs, tard théories passées ayant au du comme de leurs contemporains que les sciences un philosophie Copernic, Newton étaient justement durables n'y ayant pas contribué sciences déjà la contributions rej etait Descartes) C'est leurs Les comme sans thé ori es nouvelles, pourvues d'un excédent de contenu empirique corroboré, absorbant ce qui, dans les théories plus anciennes, était vrai ou Page 20 près de la et la vérité. science, manifestent en L'histoire est, une balle général peu de neige ... d'intér~t externes concernant, par exemple, pour ainsi dire, une pente, Les pour inductivistes certaines la vie des questions institutions ou la sociologie de la recherche, et pour les conceptions métaphysiques ou religieuses des chercheurs. Grammaire Générale, cette de comme Sahlin (1928) et Harnois (1929) compter Thurot (1796)), de Les premiers historiens tendance. peuvent ~tre la (sans vus comme des représentants L'historiographie inductiviste permettre une meilleure appréciation des théories devait actuelles, en donnant la mesure du chemin parcouru. Les travaux de Duhem, puis Koyré, Kuhn, Feyerabend, Foucault et plusieurs cette autres ont montré ce qu'il y avait première cohérence approche. interne métaphysique et et Les inductivistes l'arrière-fond naif dans négligeaient philosophique religieux) des théories (cf. Koyré, 1966/1973, p. 322); de scientifiques (ou passées et pour évaluer les résultats de ces mêmes théories, ils n'hésitaient pas, nous l'avons vu, comparer par directement avec ceux obtenus dans les leurs contemporains, signification comparaisons élaborées des naives des domaines l'invariance à travers fragments m~mes le isolés à les de temps. de la Ces théories des contextes épistémiques différents et à des époques différentes, sont aujourd'hui reçues avec méfiance. Les historiens dans en présupposant termes théoriques entre la "conventionnalistes" des Page 21 sciences, depuis une trentaine d'années, nous ont plus d'une fois mis en garde contre comparaisons ces en insistant et (holism.) les "gl obal ement" ~ge , t~chant en éléments, m8me Dans cette n'est pas décrire sur la nécessité d'interpréter théories scientifiques d'un ceux qui nous semblent la de problème t~che aujourd'hui de l'historien faire la généalogie du savoir autre tous "farfelus". des actuel, sciences de ou reconstruire le contexte épistémique ("paradigme" ou le sol limoneux dont se nourissent les théories les traditions de recherche d'une époque aujourd'hui quelque chose de beaucoup plus vaste En théorie. 8tre histoire des sciences du langage, considéré comme un représentant et L'uni té particulière. description fondamentale en historiographie des sciences peut les mais "épistémè") , de le d'y intégrer d'une manière cohérente perspective, de sur est qu'une simple Foucault (1966) de tendance la conventionnaliste. Mais conventionnaliste ont aussi leur l'historiographie par accomplis progrès ces contrepartie. Peut-on encore parler d'un "progrès" scientifique réalisé au cours des siècles? L'histoire des "révolutions mesure? sciences scientifiques" Sommes-nous chaque peuple a s. ou de qu'une époque ayant culture, s. science, originale Page 22 succession "paradigmes" irrémédiablement condamnés chaque épistémologique, n'est-elle et sans au de commune relativisme un peu comme incomparable? L'adoption d'un scientifique nouveau "paradigme" n'est-elle irrationnelle, rien par d'autre une acculturation, une qu'une un saut dans communauté "conversion" l'inconnu, une mode? Certains critiques D. Shapere [1966]) du conventionnalisme (en particulier ont toutefois semé le doute quant à l'ampleur des phénomènes liés à l'incommensurabilité, comme les changements de significations des mots lors des révolutions scientifiques. Le mot "planète", par "signification" exemple, (comme ne change le prétend Kuhn pas forcément [1962]), parce que son extension a changé lors du passage du simplement géocentrisme à l'héliocentrisme; le mot exprime toujours le m8me concept, s'il ne s'applique maintenant plus au Soleil et à comprend la Terre dans son extension. tout, des la Lune, fausseté tendances tout en je viens de évidemment des cas extr8mes. rarement reconnaissant des décrire inductivistes ou des brièvement des sciences du Agassi). langage succès il me semble, les défauts la (en sont "purs et Récemment, particulier Auroux (1979) et Dominicy (1984)) ont cherché à éviter, certain vues représentent conventionnalistes dirait historiens et Ces deux Les historiens des sciences durs" certains catégoriquement (ou l'inadéquation empirique) du géocentrisme? que m~me Et puis, ne peut-on, après admirer l'imagination théorique et la profondeur des précoperniciens de avec respectifs un de l'inductivisme et du conventionnalisme. La nature de mon objet et Page 23 les buts sens. que je me suis fixé m'obligent à aller Car, d'une part, ~tre du verbe, de la proposition, du jugement, conjonctif "que", pratiquement l'ensemble m~me le la théorie générale des modes verbaux de la Grammaire Générale classique ne peut du dans reconstruire du "programme et de etc. , exposer à théories des idées accessoires, de la construction, à isolée des ce qui oblige systématiquement recherche" des grammairiens philosophes, selon le voeu des conventionnalistes. D'autre part, comment évaluer critiquement ce que "sémantique idéationnelle j'ai appelé haut la jamais la avec des théories de des modes d'énoncé" d'une manière ou d'une autre, l'énonciation plus récentes et plus riches, plus sans comme la théorie des actes de discours, à la manière des inductivistes? L'historien des sciences a de plus le dans son métalangage théoriques, des conceptuelles, il étudie les descriptif, procédés des d'analyse textes<17). théories passées. de l'exploration termes et des ou Si on d'autres prend bien on peut alors concepts ressources Par exemple, logique illocutoire des textes, pour la ou de fragments de théorie, théories passées. Les compter sur des pour comme présentation de certaines ou pour l'évaluation catégories de la Page 24 de ne pas j'utilise à l'occasion les la théories soin reconstruire et présenter outils parfois précieux pour explorer, catégories d'utiliser, qu'ignoraient tout à fait les auteurs passés dont confondre l'ancien et le nouveau, les loisir théories des des actes de discours peuvent en effet fournir des indications précieuses pour notre travail quoi être elles disent, attentif . d'accomplissement, Les pour ainsi dire, notions de où regarder, but illocutoire, de condition préparatoire, de de à mode condition sur le contenu propositionnel, de condition de sincérité, de degré de puissance ou désignent des d'un acte de direction d'une d'ajustement facteurs ou des dimensions de discours auxquels les de énonciation l'accomplissement grammairiens philosophes sont souvent sensibles dans leur théorie des modes verbaux et ils en tiennent compte de différentes façons; mais les propos qu'ils tenaient en ces matières ne pouvaient guère sembler novateurs intéressants (1929) ... un <1.). à des historiens comme La théorie des Sahlin (1928) et Harnois actes de discours nous fournira arrière-fond pour l'évaluation des théories avancées par grammairiens philosophes De la même façon, des (1957), Popper (1967), (1971), Harsanyi (1976), pour travaux identifier et contemporains sur Watkins (1970), Kasher (1976), reconstruire la ration&litj Rawls (1971), Elster (1979), une théorie de la et du choix rationnel, commune aux rationalistes, et aux "philosophes du sens commun", dans les théories classiques langues, et sur les <1.). je me suis largement inspiré à moments et sur (Simon Richards etc.), rationalité aux empiristes et qu'on trouve à l'oeuvre l'origine l'utilisation du langage. Page 25 certains et l'évolution Je rejoins par des là Aarsleff qui soutient que pour être grammairien il suffit d'être "rationaliste" plus ne le font généralement les large que philosophie) la (en prenant le mot en un historiens sens de la En acceptant l'hypothèse d'une telle théorie de (20) rationalité, nombre philosophe, on parvient facilement à reconstruire un de stratégies d'explication des faits de langue grand dans la Grammaire Générale. C'est une façon de faire qui comporte de nombreux risques, j'en conviens. Mais ce (Rn •• ndung) l'ApplicAtion" que Gadamer (21) ne appelle constitue "le problème de pas seulement un obstacle à l'objectivité en histoire dont il faudrait à tout prix limiter les effets. L'application est une dimension de l'herméneutique historique. un sens "ancien" L'historien se doit aux conditions de un essentielle secteur son époque. particulier d'"adapter" La recherche historique, sur de l'activité scientifique, est forcément déterminée par l'état général de la recherche au moment où l'enquête historique est entreprise. Notre appréhension première des documents historiques est déterminée coup sÜr par l'état de notre savoir; c'est de ce savoir surgissent les questions qui orientent la lecture des qui nous problème examinées fond rendent plut8t davantage qu'à tel sensibles autre, plutôt qu'à tel autre, à au tel etc., Page 26 des de parfois tel théories et c'est encore sur de ce savoir que certaines analogies, que documents, traitement aspect à le frappantes, parfois trompeuses, entre nos entreprises théoriques et celles de nos ancêtres, deviennent sensibles, gare qui se croit capable de faire le celui à étranger simplement prennent du parce qu'il connait bien relief. guide son Mais en pays patelin! M. nous fait voir le ridicule d'"un anthropologue qui, d'une peuplade manipuler des figurines, jouent à la poupé e" ... bric brac à considérer voyant certains de vieilleries théoriques que proposition qu'ils l'on par pourrait proposition. personne ne peut observer le cours de l'histoire du point de vue de Sirius et l'interprète, ne commence jamais à partir de zéro; collège, conclurait On ne doit jamais céder à l'illusion d'un concept par concept, Chose certaine, en individus à l'un ive r s i té, comme dit Heidegger, ce qu'on lui a enseigné, au correspond le plus souvent à ce qu'il estime être "la meilleure explication" de tel ou tel phénomène, à moins qu'il Feyerabend, parmi ne un n'hésitant d'autres l'historien, soit et (:2:2) conventionnaliste radicale pas à faire de la science une Mais il y a plus. La la à idéologie méthodologie tous les instruments conceptuels qu'il de utilise dans son métalangage, lui sont également fournis par le savoir de son époque. Il suffit de lire et comparer, (1928) et Harnois (1929), pour s'en relativement convaincre par exemple, Sahlin avec Auroux (1979) et Dominicy (1984), rapidement. de Gadamer, à l'interprétation de documents scientifiques d'un passé plus ou moins lointain, n'est pas un défaut d'objectivité c'est ce qui fait tout l'intérêt de l'histoire des sciences comme discipline, c'est ce qui fait qu'elle peut être autre chose qu'un Page 27 simple divertissement pour des érudits en savantes et d'exotisme intellectuel. l'étude des théories passées comme mal de Ce n'est pas en considérant l'autopsie de peut le mieux apprécier ces théories; cadavres qu'on c'est en les int.rpr.tAtion. chAritAbl... et en pratiquant des curiosités questionnant Je rejoins M. Auroux lorsqu'il écrit Actuellement, la stratégie la plus efficace parait la concentration sur quelques questions bien localisées. Je veux dire qu'il faut pratiquer une histoire "hypothéticoconfirmative", aborder les documents avec des questions précises à résoudre. C'est au reste la seule façon d'avoir une histoire dont le progrès ne soit pas réduit à l'accroissement (indispensable) de la documentation". ('IL' histoire de la linguistique", dans L.nga. fr.nç.is., déc. 1980, p. 15). Comment reconstruire et présenter cent Grammaire Générale? dans la Le corpus dont j'entreprends la première partie de cette plus importantes cinquànte au XVII- et surtout au XVIII- siècles (de Destutt de autant que pour fixer les bornes). possible aux ouvrages Géné raI e" ; mais grammairiens Grammaire Générale, philosophes d'autres pertinents pour notre ouvrages, les et seront de à limité comme comme principes dictionnaires, enquête Page 28 suis par exemple) écrites selon des Port-Royal identifiés ou des ouvrages de rhétorique, les articles de l'Encyclop'di., aussi Je me clairement grammaires particuli.r •• (du français, des description écrites en français et en anglais "Grammaire de étude comprend la plupart des grammaires générales Tracy, ans de les par la logique, etc. , utilisés sont à l'occasion. le Le choix des dates (1660-1803) , correspond, comme on sait, aux ,..iso",,', de tradition dates de parution de la Lancelot et du grand recherche de de de la Destutt 8,. •••• Arnauld, Grammaire de Tracy, i,.. g,,,,,..l. .t qui inaugure la Générale, la dernière et du de genre la dont l'envergure et l'originalité soient incontestables. La qu'on reconstruction du mouvement de la Grammaire Générale lira dans cette première partie s'inspire largement de m6thodoloQie de. Lakatos( 2 3 ) . Les notions d'heuri.tiqu. n6Qativ. et d'h.uristiqu. positiv., et protection, proQramme. de surtout celles recherche .ci.ntifiqu. la de noyau dur et d'Imre c.intur. de me semblent particulièrement bien adaptées aux de l'enquête que je poursuis, garanties contre les progressif ou le dans philosophes de P,.og,..ssiv. la programme n'est pas le fait d'une conversion désidérata l'ordre théorie de rejet d'un nouveau d'un entêtement de vieux bouc), des une les Elle fournit de plus une croissance du savoir en termes de p,.obl •• shift, (l'adoption respectifs défauts l'inductivisme et du conventionnalisme. explication de la fins et la méthodologie de Lakatos pour l'historiographie des sciences est peut-être celle qui offre meilleures d. rationalité de recherche irrationnelle ou tout en respectant un bon nombre conventionnalistes. l'énorme production Elle permet littéraire des et d'expliquer la diversité de leurs Page 29 de mettre de grammairiens préoccupations pour des faits de langue qui dépassent quelquefois largement cadre de la Grammaire Générale l'analyse des Olé léments grammaticalement") , l'ordre naturel comme des mots "proprement dite" de la la synonynie, (ellipse, traduction, l'origine des langues ... donc la (limitée proposition la scientifique. à considérée non-littéralité, inversion, etc.) , la La première partie présente Grammaire Générale classique en tant que recherche le programme Cette brève présentation du de mouvement de la Grammaire Générale est avant tout une analyse interne : les questions externes (considérations sociologiques, les querelles de priorité, les influences et filiations, n'occuperont pas une bien grande place. seront peut-être biographiques, déçus, etc .) Les amateurs d'anecdotes mais je crois qu'en accordant plus d'attention au noyau dur de la Grammaire Générale et à certaines de parvenons ses hypothèses ou théories auxiliaires, nous rapidement à l'essentiel et préparons suffisamment le terrain et l'arrière-fond ce pour la seconde et la troisième travail. Dans ma présentation, "statique" des notions (qu'on protection" au déc larati f) de peut j'ai plutôt favorisé "noyau exposer détriment de parties dur" dans l'aspect et un de de l'aspect "ceinture discours "dynamique" de de type des deux "heuristiques" correspondantes (négative et positive), qu'il vaut mieux, forme je pense, exposer dans un langage de type directif (sous d'instructions). Je n'ai pas cherché à découvrir des documents jusqu'ici ignorés par l'historiographie de la Grammaire Générale, et en d'interprétation ce sens, mon travail en est un avant et il repose sur bon nombre de travaux dont Page 30 tout il est redevable, en particulier ceux mentionnés dans la note La seconde partie portera exclusivement sur générale des modes verbaux et des énoncés non la (14) théorie déclaratifs. Elle se divise en deux sections de cinq chapitres chacune, parce je des distingue deux approches concurrentes au verbaux dans la Grammaire Générale classique, sujet modes deux approches que j'ai baptisées en m'inspirant de Shalom Lappin (1982) la première (exposée dans la section I), Selon (24). les modes du verbe sont des différents servent à exprimer littéralement différents pensée (jugement, autres doute, etc.) ; j'appelle modes actes les actes de que le jugement et le discours non déclaratif une certaine autonomie. que souhait, que pensée ont alors Selon la seconde approche (section r'ductionnist_, de les énoncés marqués par un II), mode autre que l'indicatif sont tous analysés comme servant à exprimer des jugements (le plus souvent des locuteur à propos de lui-même : etc.). La représentée première d'autres grammairiens Gregory); .odas, français que porte le "Je souhaite ... ", "Je doute ... " , de ces deux (et ici illustrée) jugements approches est par Port-Royal, et anglais principalement Dumarsais, (Harris, et Monboddo, elle distingue nettement, dans un énoncé, le dicta. du comme le feront Wittgen.tein, Austin, Stenius, Searle, Vanderveken, etc. La seconde approche est défendue principalement (et ici illustrée) par Buffier, Beauzée, Page 31 Condillac, Beattie et Destutt de Tracy; elle rappelle davantage les travaux de ceux (D. D. Lewis, Davidson) qui croient possible de limiter sémantique à un traitement des conditions de vérité. Je dans cette seconde partie, d'crir. de ces deux la t~cherai ; approches en restant le plus près possible des textes classiques se rapportant à la théorie générale des modes verbaux; sorte de catalogue d'auteurs, (1979) Le présentées même; choix des j'ose du un peu à la grammairiens me parait assez moins ce sera en "naturel" espérer que somme manière dont les de par exemple, sont pour se justifier de luile lecteur Il y a certaines Ilomissions" familier des (14) en le Ilcatalogue", ne contient pas d'article sur Court Urbain Domergue ou Gabriel Girard; Julien théories grammaires générales et des ouvrages mentionnés à la note jugera comme moi. une et de plus, de Gébelin, il contient plus d'articles sur les grammairiens français que sur les grammairiens anglais, et allemands. néglige tout à fait les travaux des Les omissions s'expliquent par diverses raisons: particulier les limites fixées à ce travail et répétitions déjà nombreuses. paraissait suffisant pour que en des me illustrer les deux types de théories l'~ge des historiographes de classique. Je Grammaire la à dire que les grammairiens que nous retenus comptent parmi les plus "importants" et les plus "représentatifs" l'ajout plupart s'entendraient Générale avons la l'inutilité L'échantillonnage présenté ici idéationnelles des modes d'énoncé présents à pense grammairiens du mouvement. d'articles Domergue ou de sur Sacy, Au reste, Restaut, Girard, je ne crois Court de pas que Gébelin, eut beaucoup fait augmenter notre capital Page 32 À'idées sur la sémantique idéationnelle des modes d'énoncé ; léger surnombre des français se justifie Grammaire que simplement (six des dix grammairiens présentés) par le fait que le mouvement Générale fut plus vivant et plus prolifique en partout ailleurs; "grammaire" , par op. les cit . , de la France ce qui faisait dire à de Saussure que par "inauguré e principalement Le les (fut) Grecs, 13). continuée lingu.istiqu.. Français ... " p. la On peut déplorer l'absence des grammairiens allemands dans notre "catalogue", mais les allemands se sont surtout fait valoir, il me semble, par leurs travaux en Grammaire Historique et Comparée au XIX· siècle; pour tout ce qui concerne la pensée des Lumières sur les questions linguistiques, cette boutade de l'historien Pierre Chaunu ne manque pas, tout, de vérité monde gris. Dans générale que sémantique théories qui ou huron" servira nous tenterons de conclusion d'fvAlu.r nous avons distinguées et la place les deux qu'occupe idéationnelle des modes d'énoncé dans l'histoire de l'énonciation. structuralistes leurs anglais, troisième partie, notre travail, à approches "Il Y a la France, l'Angleterre et un reste du On est français, la malgré font-ils prédécesseurs déclaratifs? La dans En quoi les preuve leur sémantique comparatistes d'originalité traitement des idéationnelle des Page 33 par des et les rapport énoncés la à non grammairiens philosophes qui satisfait-elle les critères d'adéquation empirique devraient être raisonnablement respectés par une théorie l'énonciation? Nous éléments de réponse à essaierons à tout le moins c~s questions. *** Page 34 d'avancer de des NOTES (1) Par exemple, Benveniste (1966), Zaefferer (1984a et 1984b), Wittgenstein (1953), Zuber (1983), Searle-Vanderveken (1985), et plusieurs autres. Les philosophes et linguistes s'entendent généralement pour admettre que les énoncés déclaratifs, interrogatifs et impératifs (ou jussifs) se rencontrent dans toutes les langues. Les énoncés exclamatifs s'ajoutent souvent à cette courte liste. (2) Cf., S. Auroux, "Actes de pensée et actes linguistiques dans la Grammaire Générale", dans H.E.L., VIII:2 (1986), qui parle du développement des théories de l'énonciation au cours des trente dernières anné es comme d' une véritable "révolution" dans l'histoire des sciences du langage. (3) Cf., Frege, "Sens et dénotation", pp. 114-115, et " La pensée", pp. 174-175, dans la trad. française de C. Imbert, Ecrits logiqu.s .t phi1osophiqu.s, Paris, Seuil, 1971. (4) Benveniste, E., "Les niveaux de l'analyse linguistique", dans Prob1t •• s d. 1inguistiqu. g'n'r.1., Paris, Gallimard, 1966, p. 130. (5) Cf. G.L. Bursill-Hall (1971), les premiers textes du de Joly et Stefanini (1977), et 1. Rosier (1983). recueil (6) Cf., G. Gusdorf, L.s sci.nc.s hu•• in.s .t 1. p.ns'. occid.nt.1., III: L. R'vo1ution 9.1i1'.nn., Paris, Payot, 1969; en particulier les chapitres l (l'La constitution de la philologie classique" et II ("La linguistique préscientifique") de la section V intitulée "Philologie et Linguistique". Les connaissances concernant les langues orientales et la découverte des langues du Nouveau Monde s'ajoutèrent aux nombreux travaux sur les langues indo-européennes entrepris à cette époque (Renaissance et XVII- siècle). (7) Quintillien, dans son Institution or.toir. (Tome 1, Paris, éd. Garnier Frères, 1954), écrivait déjà ceci: "Quant aux verbes, maintenant, est-il homme assez peu cultivé pour Page 35 ignorer qu'ils ont des voix, des modes, des personnes et des nombres? C'est à peu près ce qu'on apprend dans les écoles primaires: ce sont des connaissances élémentaires, mais il y a des phénomènes qui étonneront, parce que la flexion en est équivoque". (P. 63). Notez que Quintillien est réputé @tre le premier grammairien à utiliser le mot .odus pour désigner les modes verbaux. (8) V. Flora: "Existe-t-il un mode présomptif en roumain?", dans L.ng.g • • t psycho.'c.niqu. du 1.ng.g. (pour R. Val in) , éd. par A. Joly et W. Hirtle, Presses Universitaire de Lille, 1980. (9) Grammaires "philosophiques " , ou "générales", ou encore "universelles". Les anglais utilisent plus volontiers "universelles", et les français, "générales", pour qualifier les oeuvres des grammairiens philosophes. (10) Par exemple, D. Zaefferer et G. Grewendorf, "Theorien der Satzmodi", art. du manuel S ••• ntik, éd. par D. Wunderlich et A. von Stechow, manuscrit, juin 1984: "Von dem Satzmodi streng unterscheiden sind die Modi des Verbs (Indikativ, Konjunktiv, Imperativ, etc.), obwohl oder gerade weil zum Teil, z.B. beim Imperativ (Verb- und Satzmodus) enge Zusammenhange bestehen"; l''Les modes verbaux (indicatif, subjonctif, impératif, etc.) doivent @tre distingués strictement des modes d'énoncé, bien qu'il y ait en partie un un rapport étroit entre les deux, en ce qui concerne, par exemple, l'impératif (à la fois mode verbal et mode d'énoncé) "I . (11) G. Nuchelmans,Th.ori.s of Propositions, Ancient and Medieval Conceptions of the Bearers of Truth and Falsety, Amsterdam, North-Holland, 1973, p. 101. (12) Ibid., p. 166 .t p.ssi •• Voir aussi Michael (1970), p. 115. (13) Alston, Th. Phi1osophy of W. J'emprunte ce terme à L.ngu..g., Englewood cliffs, Prentice-Hall, 1964, pp. 11 et suiv. (14) Les ouvrages suivants y sont pour quelque chose H. Aarsleff, Th. Stu.dy of L.ngu.g. in Eng1.nd, 1780-1860, Princeton, Princeton U. Press, 1967; Fro. Lock. to S.ussuMinneapolis, U. of Minnesota Press, 1982; S. Auroux, L'Encyclop'di •• ~8r •••• ir.N .t NL.ngu.N.u X~III· sitc1., Paris, Mame, 1973; S. Auroux, L. S'.iotiqu. d.s r., Page 36 Encyclop4dist.s, Paris, Payot, 1979; J. C. Chevalier, Histoir. d. 1. synt.x.. Naissance de la notion de complément dans la grammaire francaise (1530-1750) , Genève , Droz , 1968; N. Chomsky, L. Linguistiqu. c.rt'si.nn., Paris, Seuil, 1969; M. Dominicy, L. H.iss.nc. d. 1. gr •••• ir • •0d.rn., Bruxelles, Pierre Mardaga, 1984; R. Donzé, L. 8r •• •• ir. g4n4r.l • • t r.isonn', d. Port-Roy.l, Berne, Francke, 1967; D. Droixhe, L. linguistiqu • • t l'.pp.l d. l'histoire (1600-1800), Genève-Paris, Librairie Droz, 1978; A. Joly At J. Stefanini, L. 8r •••• ir. g4n4r.l •. Des Modistes aux Idéologues, Lille, P.U. de Lille, 1977; P. Juliard, Phi10sophi.s of L.ngu.g. in Eight •• nth-C.ntury Fr.nc., La HayeParis, Mouton, 1970; 1. Michael, English 8r •••• tic.1 C.t.gori.s .nd th. Tr.dition to 1800, Cambridge, C.U.P., 1970; G. Nuchelmans, Judg •• nt .nd Proposition. From Descartes to Kant, Amsterdam, North-Holland, 1983; G.A. Padley, 8r •••• tic.l Th.ory in N.st.rn Europ., 1500-1700, Cambridge, C.U. P., 1985; H. Parret (dir.), History of Linguistic Thought .nd Cont •• por.ry Linguistics, Berlin-New York, de Gruyter, 1976; J.C. Pariente, L'Rn.lys. du l.ng.g • • Port-Roy.l. Six études logico-grammaticales, Paris, Ed. de Minuit, 1985; U. Ricken, 8r •••• ir • • t philosophi • • u sitcl. d.s Lu.itr.s Controverse sur l'ordre naturel et la clarté du francais, Villeneuve-d'Ascq, Université de Lille III, 1978; G. Sahlin, C4s.r Ch.sn •• u Du N.rs.is .t son r6l. d.ns l'4volution d. 1. gr •••• ir. g4n4r.l., Paris, P.U.F., 1928; J. Sgard (éd.) Condill.c .t l.s problt •• s du l.ng.g., Genève et Paris, Slatkine, 1982. (15) Voir, par exemple, le jugement porté sur la "grammaire traditionnelle" par de Saussure à la première page de son Cours d. linguistiqu. g4n4r.l. (première édition 1915; Paris, Payot, 1922, p. 13), où il résume cavalièrement en un paragraphe, toute l'histoire de la linguistique avant les comparatistes "On a commencé par faire ce qu'on appelait la Iigrammaire". Cette étude, inaugurée par les Grecs, continuée principalement par les Francais, est fondée sur la logique et dépourvue de toute vue désintéressée sur la langue elle-même; elle vise uniquement à donner des règles pour distinguer les formes correctes des formes incorrectes; c'est une discipline normative, fort éloignée de la pure observation et dont le point de vue est forcément étroit". De Saussure exagère sur plusieurs points et manifeste une réelle incompréhension de la Grammaire Générale. Mais il semble vouloir se racheter et nuancer son premier jugement (plut8t sévère) lorsqu'il écrit ailleurs (chap. III, p. 118) "Il est curieux de constater que leur point de vue (celui des "grammairiens" --- A.L.) sur la question qui nous occupe (la "synchronie" --- A.L.) est absolument irréprochable. Leurs travaux nous montrent clairement qu'ils veulent décrire des états; leur programme est strictement synchronique". Et plus bas, à la même page: "On a reproché à la grammaire classique de Page 37 n'@tre pas scientifique; pourtant sa base est moins critiquable et son objet mieux défini que ce n'est le cas pour la linguistique inaugurée par Bopp." Par contre, Husserl, à la toute fin de la Quatrième R.ch.rch. logiqu., déclarait prendre "fait et cause pour la vieille doctrine d'une "gr •••• ir. g'n'r.l • • t r.isonn'," , d'une grammàire 'philosophique' Il; Husserl attribue Ilau rationalisme du XVII- et du XVIII- siècle l l l'idée d'une telle gr •••• ir. univ.rsell •• Cf. R.ch.rch.s logiqu.s, Tome second, Paris, P.U.F., 1962, pp. 132-133. Voir aussi la discussion critique du projet de la Quatrième R.ch.rch. logiqu. par Merleau-Ponty, IIS ur la phénoménologie du langage ll , dans Elog. d. 1. philosophi • • t .utr.s .ss.is, Paris, Gallimard, 1953 et 1960; pp. 83-84 : IIDans la 4- des Logisch. Unt.rsuchung.n, Husserl propose l'idée d'une eidétique du langage et d'une grammaire universelle qui fixeraient les formes de signification indispensables à tout langage, s'il doit être langage, et permettraient de penser en pleine clarté les langues empiriques comme des réalisations Ilbrouillées i i du langage essentiel li . Pour Merleau-Ponty (ce philosophe de l'ambiguïté), il est dans la nature m@me des langues de tout exprimer avec une certaine Ilambiguï té" . . . (p. 86); et l'uni versaI i té ne peut s'atteindre par "une langue universelle qui, revenant en deça de la diversité des langues, nous fournirait les fondements de toute langue possible ll (p. 90); elle s'atteint plutôt II par un passage oblique de telle langue que je parle et qui m'initie au phénomène de l'expression à telle autre que j'apprends à parler ' et qui pratique l'acte d'expression selon un tout autre style, les deux langues, et finalement toutes les langues données, n'étant éventuellement comparables qu'à l'arrivée et comme totalités, sans qu'on puisse y reconnaitre les éléments communs d'une structure catégoriale unique. 1I (Ibid.). Merleau-Ponty prend ainsi le contrepied du Husserl de 1900-1901, non seulement en admettant la relativité linguistique, mais encore en adoptant "une voie longue ll (comme dirait Ricoeur), une approche plus empiriste semblable à celle des linguistes contemporains, tandis que Husserl privilégiait nettement la Ilvoie courte l l (transcendantale) d'une recherche de l ' . priori. (16) Cette distinction est faite par J. Agassi, dans Tow.rds • Historiogr.phy of Sci.nc., La Haye, Mouton, 1963, et Sci.nc. in flux, Boston Studies in the Philosophy of Science, Vol. 28, Dordrecht, Reidel, 1975. La distinction est reprise et discutée par Dominicy (1984), pp. 8-9. (17) Cf. Dominicy (1984), p. 10: liNon seulement l' hi st ori en d'une discipline scientifique a le droit d'utiliser, si la rigueur le demande, un langage que n'auraient su comprendre Page 38 les auteurs examinés ... , mais sa démarche perd tout intérêt s'il ne compare pas la théorie ainsi reconstruite aux développements postérieurs de la science. Il (18) Par exemple, Harnois (1929) était convaincu que ce qui manquait aux grammairiens philosophes pour avoir un point de vue plus juste, c'est la notion de "fait social" présente chez de Saussure; notez qu'à l'époque, la sociologie, avec Durkheim, Mauss, etc., commençait à se tailler une place importante dans les sciences humaines... Comme quoi l'interprétation des textes d'un passé plus ou moins lointain est bien fonction du savoir admis par les contemporains de l'interprète elle est "historique"; "un texte n'est compris que s'il est à chaque fois compris différemment .11 (Gadamer, ~4rit4 .t .4thod., Paris, Seuil, 1976). (19) Le choix de la théorie des actes de parole pour le rôle que j'entends lui faire jouer me parait justifié dans la mesure où cette théorie (dans la version donnée par SearleVanderveken (1985) et Vanderveken (1988)) représente, à mon avis, la théorie de l'énonciation la plus riche et la plus achevée que nous ayons actuellement. (20) H. Aarsleff, "The History of Chomsky", L.ngu..g., XLVI, 1970. Linguistics and Professor (21) Sur le problème de l'"application", cf. Gadamer, ~4rit4 .4thod., Paris, Ed. du Seuil, 1976, pp. 148 et suiv. .t (22) Par exemple, P. K. Feyerabend, "Philosophy of Science 2001", dans ~.thodology, ~.t.physics .nd th. History of Sci.nc., éd. par R. Cohen et M. Wartofsky, Dordrecht, Reidel, 1984, pp. 137-147: "Sci.nc. is ju.st on. of th• • • ny id.ologi.s th.t prop.l soci.ty (or th.t r.t.rd it) .nd it shou.ld b. tr•• t.d .s su.ch" (p. 143; en italiques dans le texte) . (23) Cf. I. Lakatos, "The Methodology of Scientific Research Programmes Il , dans Philosophic.l P.p.rs, Vol. 1, éd. par J. Worrall et G. Currie, Cambridge, C.U.P., 1978, pp. 8-101. (24) Shalom Lappin, liOn the Pragmatics of Moods", dans Lingu.istics .nd Philosophy, Vol. 4, no. 4 (1982), pp. 559578; en particulier, pp. 559-560, à propos des modes d'énoncé : "The proposaIs for analysing mood which have been put forward to date by linguists and philosophers tend to exemplifly two basic approaches to the problem. The first may be described as reductionist, in that it attempts to charactePage 39 rize aIl moods in terms of the declarative (or indicative). l will refer to the second approach as the mood marker view. It involves representing sentential mood by a distinct marker which appears in the sentence as one of its constituents". (Je souligne). *** Page 40 PRENIERE PRRTIE 1 LA GRAMMAIRE GENERALE CLASSIQUE EN TANT QUE PROGRAMME DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE Page 41 CHAPITRE PREMIER 1 LA GRAMMAIRE GENERALE CLASSIQUE EN TANT QUE PROGRAMME DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE LE 1 HO'lRU DUR Un progr•••• d. r.ch.rch. sci.ntifiqu. r.Qle. m6thodoloQique. pre.crivant 6viter (heuristique n6Qative) est un en.emble le. voie. et celles qui de de recherche sont • • parcourir (heuri.tique positive). L'heuristique négative détermine le noyau dur (h.rd cor.) d'un programme de ensemble de lois, sont c'est-à-dire un de principes ou de conceptions théoriques qui déclarés inattaquables par une" décision méthodologique des chercheurs qui particulier. la s'engagent dans un programme L'heuristique positive, construction d'une ceinture de autour d'hypothèses falsifiées, de recherche Le noyau dur est ainsi soustrait aux procédures falsific~tion. pour recherche, du noyau dur, un auxiliaires qui sont, et qui peuvent être elle, fixe un programme protection ensemble elles, ajustées, de (prot.ctiv. théories susceptibles modifiées, abandonnées au profit d'autres théories ou hypothèses, Page 42 de ou d'~tre ou sans m~me que le noyau dur ait à en subir les contrecoups. Le rapport entre les hypothèses pas auxiliaires et les éléments du noyau dur déductif, entrainerait, recherche. toujours sans par quoi le rejet .odas d'une toll.ns, la n'est hypothèse chute du donc auxiliaire programme de Lorsqu'un programme de recherche voit le jour, il est "plongé dans un auxiliaires doivent océan "digérer" d' anomalies " ; les anomalies, les hypothèses contre-exemples, etc., et prévenir les objections éventuelles pouvant atteindre le noyau dur. Un programme de recherche scientifique ne s'identifie pas à une théorie particulière (m@me si, une théorie particulière sert effectivement de plutôt à une .'ri. la plupart du temps, "modèle"), mais de théories ayant en commun le m@me noyau dur. Le recours à cette méthode de"reconstruction rationnelle" m'apparait pleinement pour la Grammaire parce théorique de toutes les études se rapportant au langage à disait théories "l'oeuvre Du Marsais, de la grammaire est et un des idées la diamant que d'autres théories doivent de l'origine des langues, l'inversion la constitue le fondement Générale classique classique qu'elle justifié source l'âge brut", "polir". accessoires, Les de et de l'ordre naturel des mots, de la traduction, de synonymie, des tropes, de l'ellipse et autres figures, s'inspirent largement des enseignements de la Grammaire Générale. En retour, ces théories proposent des réponses à des questions qui peuvent à première vue sembler embarrassantes pour quiconque Page 43 adopte les principes constituant le noyau dur du hypothèses auxiliaires évidemment pas, dont par exemple, il sera programme. question ne les instruments de concernent mesure, c'est souvent le cas dans les sciences de la nature; remplissent sensiblement les mêmes fonctions dans programme de recherche de la Grammaire Générale. questions Les mais comme elles l'économie du L'examen de ces et réponses sera la matière du deuxième chapitre. Les grammairiens philosophes ne s'occupaient donc pas seulement de Grammaire proprement dite, dont le domaine se limite à l'analyse de la "proposition considérée (selon l'expression de Du Marsais) (Harri s) . propositions" rhétorique, encore figuraient Du des diverses L'enseignement des "espèces de langues, la la poétique, la lexicographie, et bien autres choses à leur attention et leurs efforts. comme ou grammaticalement" Marsais grammairien programme, requéraient Certains grammairiens et Condillac, et rhétoricien; et furent la à philosophes, fois Condillac écrivit de plus et ses thèses concernant des langues eurent une influence considérable. La leur logicien, un gros l'origine méthodologie des programmes de recherche scientifique permet, il me semble, de mettre de l'ordre dans ce vaste ensemble de textes sur le langage légué par les d'articuler diverses philosophes les rapports, théories et grammairiens parfois un peu relevant de la Page 44 classiques, troubles, entre "Grammaire philosophique" et les au sens le plus large du terme. peut jeter un éclairage au Nous pensons que nouveau sur Grammaire Générale l'analyse des diverses espèces de gr amma tic al emen t ") et sens strict les grammairiens philosophes. noyau dur de la les cette rapports (c'est-à-dire "propositions autres théories entre la l'étude et considéré es abordées Les rapports entre ces Grammaire approche par les théories et le Générale seront examinés au chapitre suivant. La première reconstruction partie de ce travail est huma i n e s" <1 essai de Lakatos fut rarement bien imparfaite. appliquée aux j'ai peu insisté sur "sériel" méthodologie de "statique". Mon s'écarte l'aspect Lakatos, "évolutif" pour en donner interprétation, donc de et cette une "inspirée" méthode particulier, version de plutat de la méthode au moins la de par son d'identifier des "statique". C'est "séries" La son application à la Grammaire Générale nécessite ) En caractère à "sciences peut-@tre un certain nombre de "réajustements". Lakatos, de Mais je suis pleinement conscient du fait ne s'agit encore que d'une ébauche méthodo.logie un rationnelle de la Grammaire Générale classique la manière de Lakatos. qu'il donc de qu'il n'est pas toujours théories dans le facile développement Page 45 de ce programme de recherche. La Grammaire Générale ne représente pas une entreprise totalement nouvelle ni longue tradition poursuivie par "révolutionnaire"; inaugurée par les les médiévaux elle se situe dans la grammairiens et les gréco-latins, grammairiens Renaissance. Les grammairiens philosophes classiques de concepts théoriques puisés à même nombreux séculaire, la nouveauté résidant "psychologie rationnelle" Descartes, et dans la principes auxiliaires fondamentaux (ceinture de certains (noyau protection) ont toutefois systématiquement les eu le plus problèmes, dur) et de notre recherche ont donc tous un air de déjà vu; philosophes nouvelle proposé e par exemple ceux liés à l'interprétation des propositions Les tradition puis dans une pragmatique dans le traitement de la hériteront cette (ou "thé ori e des idé es") Port-Royal et Locke, développée, surtout d. par relatives. les théories programme mais les grammairiens mérite de les développer pour expliquer les universaux linguistiques faits de langue l'épreuve" de ces en tenant principes et compte, théories, dans leur d'une "mise plus de diversité de principes dans l'histoire des sciences du langage les ont être mis à l'abri de révisions successives. et à grande L'ancienneté et la persistance langues. de ces peut- Lakatos insiste sur le fait qu'une théorie scientifique doit être évaluée (.ppr.is.d) en tenant toujours compte des théories précédentes; des isolées, précédentes "séries chaque de théories" théorie par l'ajout dans la que plutôt série que se nous évaluons des théories distinguant (ou le rejet et le remplacement) hypothèse auxiliaire (ou de plusieurs). Page 46 Par là, on peut des d'une rendre compte de l'idée kuhnienne expl iquant la "cont inui té" des connaissances de et la "science normale" tout en Ilrat i onal i té" du développement scientifiques. Or, les variantes que l'on trouve dans notre programme de recherche tiennent davantage à la présentation ou à l'organisation de la matière traitée (ou encore au vocabulaire technique utilisé) qu'à des hypothèses auxiliaires rejetées et remplacées par les successeurs d'Arnauld et Lancelot. Ceci dit, l'apparente absence de "séries" successives modèles théoriques et le consensus monolithique des de grammairiens philosophes sur les principes et hypothèses du noyau dur et de la ceinture donner cent de protection de leur programme de l'illusion que ce programme a fait du sur cinquante période, ans; mais en fait, bon nombre d'innovations protection (présentée de la tête de Zeus, de nombreuses développer. C'est cit., cette notre ceinture de n'est pas sortie de Port-Royal la la manière en fait surtout au XVIII- siècle développera graduellement, pendant pendant même si la 8r •••• ir. et indications sur peuvent à l'intérieur d'un De plus, Lo~iqu. place eu, au chapitre deuxième) toute armée de la 8r •••• ir. et de la contiennent il y a "locales" cadre théorique relativement stable. Athéna recherche comme Lo~iqu. de la qu'elle se comme l'a montré M. Auroux (1979, op. p. 20 et p.ssi.) , de telle sorte qu'une présentation moins "statique" que séries théories. de la mienne devrait pouvoir distinguer Dans la 8r •••• ir. Page 47 et la de telles Lo~iqu. des Messieurs, on trouve en effet la notion d'idée accessoire, c'est surtout au notion XVIII- siècle protéiforme dont la qu'elle sera théorie développée fournira un mais en une complément indispensable à la théorie idéationnelle de la signification; on trouve la aussi des · indications concernant la théorie de synonymie, mais celle-ci sera encore développée au siècle suivant par Girard, m~me celle Du Marsais, Beauzé e, Condillac et quelques autres; remarque encore en ce qui concerne la théorie des Tropes de l'ordre naturel, qui seront surtout développées et au siècle des Lumières, par Du Marsais, Beauzée, Condillac, Diderot, etc. sont Les théories de la traduction et de l'origine des langues XVIII- siècle, encore, développés en pour l'essentiel, accord des ajouts du avec les enseignements de la Grammaire Générale. Celle-ci constitue, nous l'avons dit, la base de toutes les études consacrées au langage au cours de la période que nous considérons ici. L'oeuvre d'Arnauld, Lancelot et Nicole contenait donc bon nombre d'indications et d'instructions (c'est-à-dire une pour "heuri st ique protection dont les théories, substantiellement développer une ceinture de chacune à leur façon, augmenteront -- et d'une manière non .d hoc -- le pouvoir explicatif de la Grammaire Générale. A partir de ces indications, nous avons donc une successivement ou "série" de théories simultanément, demi. Page 48 qui se développeront, pendant près d'un siècle et Par ailleurs, aucune ce programme de recherche n'a opposition, ne souffre d'aucune concurrence contrairement à la situation souvent observée "naturelles" ou "humaine's". distinguaient volontiers pratiquement véritable, dans les sciences, Les grammairiens de ceux philosophes qu'ils se appellaient (cf., par exemple, Du Marsais, péjorativement des "grammatistes" art. "Enallage" de l'Encyclop'ditt), ou des "rudimentaires" (selon l'expression de Beauzée, c'est-à-dire des auteurs de "rudiments") plus attentifs à "décrire" "exceptions" (ce qui philosophes) qu'à le "bon exaspérait "expliquer" usage" grandement les faits grammairiens philosophes en appelaient latins de la Perizonius, la langu~ Renaissance etc.) volonté de les faits de langue; leurs d'expliquer mais particuliers, substantiels grammairiens langue. Sanctius, Vossius, "causes de et Renaissance non des encore seulement faits par de leur langue linguistiques des ("ce qui est commun à toutes pas mais ils se distinguent prédécesseurs de la pas Les aux grammairiens voulaient tout comme eux expliquer, seulement décrire, nettement de souvent (Scaliger, les dans leurs traités sur les qui, latine", en multipliant les les langues", écrit Lancelot) . Quant à la relai au début du Grammaire Historique et Comparée qui prendra le XIX· siècle, si elle déclasse et fait vite oublier la Grammaire Générale, ce n'est pas, semble-t-il, suite à Page 49 une confrontation dont elle serait sortie victorieuse. mesure où plus les pour la genèse, l'étymologie et l'histoire des langues (dont Leibniz fut l'un des précurseurs), une continuité davantage qu'une Il) . p. Bien les tard par Rasmus Rask, "lois de mutations précédents dans philosophes ont engouement pour "rupture" sar, les filiations Jones entre le sanskrit et plus la grammairiens philosophes manifestaient de plus en d'intérêt 1978, Dans on peut voir là D. (cf., Droixhe, observées par William langues européennes (confirmé es Franz Bopp et Jakob Grimm), consonnantiques" la Grammaire Générale; de Grimm mais n'ont les terrain la leurs Historique par les pas de grammairiens certes contribué à préparer le Grammaire et à cet propres recherches sur l'origine des langues et l'étymologie; d'ailleurs, à ma connaissance, recherches, assez ils ne se sont jamais opposés à ces nouvelles même si les comparatistes, de leur côté, durement (et sommairement) l'entreprise des ont jugé grammairiens philosophes. Au demeurant, comme le disait en substance Max Planck, les programmes de recherche disparaissent parce qu'il faut bien, ou tard, que meurent leurs principaux Auroux (Innov.tion.t systt •• valoir le Grammaire théories. pas pu fait 1 représentants "coïncide S. 1. t •• ps v.rb.1, manuscrit) fait qu'au début du XIX· siècle, Générale tôt avec une le déclin multiplication de la des C'est en quelque sorte un éclatement. La grammaire n'a résister à la croissance de la Page 50 masse des producteurs scientifiques, comme si un système scientifique ne pouvait progresser sans la domination effective d'une théorie au sein laquelle les innovations viennent prendre place." Générale aurait suscités, théorie La croulé sous l'abondance des travaux "chaque globale grammairien s'institu[ant] qui annule celle de ses de Grammaire qu'elle l'auteur confrères, a d'une et d'une terminologie qu'il est pratiquement seul à maîtriser" (ibid.). Il ne s'agit programme pas, selon Auroux, "d'une ' dégénérescence' de recherche au sens où Lakatos emploi ce suppose une recherche close sur elle-même, inventant des hypothèses.d hoc pour justifier de nouveaux n'a pu prédire. Il théories, des grammairiens grammaticale, C'est (Ibid.) . terminologies, sur le la après-coup faits qu'elle des le manque de consensus parmi les les dénominations à utiliser dans l'absence d'une qui foisonnement la science base institutionnelle solide pour l'enseignement de Générale les universités), dans donc terme, d'un Grammaire (pas de chaires de Grammaire la prédominance de l'intérêt pédagogique sur l'intérêt théorique, l'absence de discussions des théories antérieures finalement contribué c'est tout cela qui, selon Auroux, aurait à la chute du programme de recherche de la Grammaire Générale. L'approche méthodologique que j'adopte ici outre le défaut de présenter cent cinquante Générale comme si, ans tout au long de cette période, Page 51 a peut-~tre de en Grammaire le concept de avait toujours été appréhendé de la m~me Grammaire qui n'est pas le cas, manière , comme l'a montré S. Àuroux(2) ce Néanmoins, au cours de toute cette période, l'essentiel du "cadre théorique " fourni par la la et 8r •••• ir. 94n4r.l • • t r.isonn4. est préservé, constante référence à l'oeuvre des Messieurs assure la continuité d'une tradition de recherche corps relativement comporte invariant de quelques principes. "simplifications " , l'unité (3) fondée sur Si notre elles ne et un travail tiennent pas forcément à la méthode utilisée, mais plutôt aux limites que nous nous sommes fixées, l'arrière-plan théorique idéationnelle des première notre partie but étant dans lequel modes d'énoncé. simplement s'inscrit de la fournir sémantique Je crois néanmoins que cette constitue une introduction fort utile pour la description et l'évaluation de cette théorie. Les sections 3 et principes autres; (qui sont des S commentaires sur les 3 et S du noyau dur) sont un peu plus longues que le l'uniformité postulat de l'universalité de de la nature humaine) la pensée est évidemment (ou les de central pour toute l'entreprise, mais j'attache la plus grande importance à la conception de la rationalit. pratiqu. les grammairiens thématiser, dans philosophes mettent à leur théorie l ' usage normal de la parole. stratégies et du choix rationn.l des Cette conception fournit d'explication des faits de langue Page S2 sans la langues et contribution, sur l'origine et des que plusieurs universaux linguistiques en plus de contribuer à clarifier l'idée suivant laquelle les langues sont l'oeuvre et l'instrument de la Raison. L'objet de ce l'examen du noy.u premier dur de chapitre la est l'identification Grammaire Générale et classique . l'objet du suivant. ••• La Grammaire Générale classique se présente comme une sci.nc., que les grammairiens philosophes opposaient volontiers à l'Art grammatical qui, d'une langue grammaires des lui, se limite à l'étude de la grammaire particulière. On trouve particulières (françaises, grammairiens philosophes cependant par exemple) selon les aussi des écrites par principes de la Grammaire Générale un pl.n nouv •• u (1709) de Claude Buffier, des Princip.s g'n'r.ux .t r.isonn's d. 1. gr •••• ir. fr.nçois. (1730) de Pierre des ~r.is Girard, et Condillac. Princip.s d. 1. l.ngu. fr.nçois. de la seconde partie de la (1747) Sr •••• ir. Restaut, de Gabriel (1775) de Mais je ne crois pas que l'on puisse parler, comme le 1966, p. 106), d'une grammaire générale du français, de l'anglais, de l'allemand, etc. Page 53 Ces grammaires "générales", Générale français particulières sont "raisonnées", mais non même si elles s'inspirent largement de la Grammaire leur but est de rendre compte des faits de langue du (ou de l'anglais, de l'allemand, etc.), et non de rendre compte de ce qui est commun à toutes les langues. L'un des plus illustres représentants du mouvement de la Grammaire Générale, l'encyclopédiste Nicolas Beauzée, définissait en ces termes la Grammaire Générale : La 8r •••• ir. g'n'r.l. est donc la science raisonnée des principes immuables et généraux du Langage prononcé ou écrit, dans quelque langue que ce soit. La 8r •••• ir. g'n'r.l. est une sci.nc., parce qu'elle n'a pour objet que la spéculation raisonnée des principes immuables et généraux du Langage. La sci.nc. gr•••• tic.l. est antérieure à toutes l~s langues, parce que ses principes ne supposent que la possibilité des langues, qu'ils sont les mêmes que ceux qui dirigent la raison humaine dans ses opérations intellectuelles; en un mot, qu'ils sont d'une vérité éternelle. (8r •••• ir. g'n'r.l., 1767, pp. V-VI). D'autres grammairiens, Beauzée, préfèrent toutes les langues" au tempérament moins parler d' "observations (Du Marsais) . "rationaliste" qui Buffier (1709), conviennent à par exemple, laisse clairement entendre que la tâche du grammairien Page 54 que n'est pas de prescrire "le bon usage", mais plut8t d'expliquer les usages effectifs d'une communauté de sujets parlantsj il va même jusqu'à affirmer : "La raison n'a proprement rien à faire par rapport à une langue, sinon l'étudier" (cité par Auroux;, 1979, p. 228). ajoutait cependant que l'usage étant ce qu'il est, "raisonnable" de le suivre et de "parler comme on parle" il Il est si l'on tient à être entendu. La Grammaire Générale classique cherche à déterminer quels sont les types ou catégories d'expressions qui sont "n.c •••• ir •• " • l·.>cpr ••• ian communic.tion hum.in.. temps, comp1.t. .fficac. po•• 1b1 ••• d. 1. d.. Je p.n.' • •t p.n.... dis dan. ".uffi.ant." tout •• 1 •• "nécessaires", dans parce que certaines parties d'oraison sont conçues comme "nécessaires" à l'analyse • la 1.n;u•• un premier effectivement (ou à l'expression, ou encore à la représentation) complète de la pensée dans toutes les langues, tandis que d'autres parties du nécessaires 1 sont jugé es simpl ement "ut i 1 es Il discours, (" sans être suffi sant es") pour la communication des pensées. Auroux défend, de grammairiens en se basant Condillac, sensualistes, la thè se aucune Page 55 sur deux passages voulant partie du que pour discours de la les n'est nécessaire; il n'y aurait, suffisantes à l'expression de toutes les pensées l l rationalisme pour eux, l'analyse . et d'4pist4.o109i. de l'UQAM, que "des classes de mots linguistique" no. 8710, ilLe (Auroux, (1987) , p. 8). Il en serait ainsi parce que, pour les sensualistes, les parties du discours ont une Dans sa 8r •••• ir. genèse (ibid.). 456), Condillac espèces de affirme mots substantifs, pour en effet exprimer des adjectifs, tel que le verbe .tr. 1I (éd. G. Le Roy, "qu'il ne toutes faut nos pp. 445 et que quatre pensées des des prépositions, et un seul verbe, (p. 445); plus loin (p. 456), on retrouve la même tournure (Ilil ne faut que l l ) quatre éléments. Dans l'interprétation de M. Auroux, lIil ne faut que l l la est équivalent à "il suffit l l appliquée à chacun Jean-Claude Parienta • théorie du verbe de Condillac l l , dans Sgard (dir.) , Condi11.c .t 1.s prob1t •• du 1.n9.9., p. 258), autrement le passage cité plus haut une condition nécessaire (p. 445) nécessaire et suffisante ne équivalent à Ille dans ce débat, serait donc malgré tout, lIil faut et il suffit l l de me ranger du côté de (IISur 1982 lit et y trouve plutôt verbe et suffisant pour permettre au langage faut que l l ces semble-t-il, fonction qui est d'exprimer toutes nos pensées l l ; lIil de .tr. d'assurer est sa selon Pariente, dans ce contexte, Je crois préférable, M. Pariente, pour trois raisons fort simples : 1°) Condillac distingue philosophes), (noms, ce qu'il adjectifs, (comme la plupart des grammairiens appelle prépositions 1I1 es vrais élémens du discours l l et le Page 56 verbe .tr.) des autres parties du discours conjonctions) d'abréger le qui (adverbes, sont composées discours. " suffisants" certes Les pour moyens conventionnels; pronoms, des vrais verbes adjectifs premiers éléments exprimer toutes dans le du discours et but sont nos pensées par des mais s.ns eux, on ne voit pas comment une langue pourrait remplir cette fonction; 2°) Destutt de Tracy, sensualiste et principal continuateur de Condillac, parle sans hésiter des livrais élémens dont elle (la propos i t i on) est néces sairement composé e" (S,. •••• i,.., souligne) ; la à page précédente, p. faut IIII il écrit 67; je donc absolument, pour former une proposition, un sujet et un attribut, et il ne faut que cela ll (ibid., un nom et un verbe, faut absolument" exprime sÜrement ici une et "il ne faut que cela l l L'argument de M. pas en général pour tous les faut que ... 11 peut bien, suffisante chez condition nécessaire, IIC ela suffit veut sans doute dire ici à former une proposition". Condillac, Auroux ne vaut donc L'expression sensualistes. à elle seule, p. 66). IIII exprimer une lIil ne condition mais elle n'exclut pas forcément, il me semble, l'idée d'une condition nécessaire, compte tenu du fait que les parties du discours discours" apparaissent sont composées évidemment alors comme fondées des sur les fondements livrais ces élémens derniers nécessaires de du qui tout l'édifice du langage; 3°) Les règles qu'enseigne la une très large mesure des Grammaire Générale sont dans règles Page 57 que Searle appelle "constitutives", et M. cit., p. 231, note 171); et Foucault ("La grammaire générale de 7, 1967 i p. 7) présente ces règles comme qu'une langue signes qui langue humaine c'est empiriste "les règles auxquelles il un bien bien système de @tre une "parler en dehors des règles revient à ne pas la "nécessité" des universaux dont nous je pense, le lui qui faut ne satisferait pas ces règles ne pourrait parler du tout" (ibid.); si l'avait bien vu, s'ordonne pour pouvoir exister"; parlons ici est, op. Auroux le reconnaît lui-même (1979, cas, relative à ces règles constitutives; cet te "née ess i té Il nominaliste comme Condillac peut en est bien une qu'un accepter. Les universaux seraient alors des éléments nécessaires d'une certaine activité définie par des règles, un peu comme on ne saurait jouer au football sans un ballon et deux filets (ou quelque chose d'équivalent qui en tienne lieu). Quant à l'argument de la genèse avancé par M. Auroux à propos des sensualistes, il faudrait, me semble-t-il, l'appliquer également à Destutt de Tracy; reconnaissait l'existence nécessairement composée". nous avons vu que ce or, d'éléments dont la Bien sÜr, dernier proposition " est pour eondillac, les langues (ces "méthodes analytiques"), dans les commencements, sont encore bien imparfaites, qu'elles analysent" possible, et elles "ne (8,. •••• 1,.., se l, perfectionnent iii, p. 435); qu'autant il est donc à l'origine, que les langues aient manqué de telles ou Page 58 telles parties d'oraison, mais elles ne pouvaient alors analyser et adéquatement toutes nos pensées, qu'en évoluant, que les , "primitives" I, "pol icé es" . ce n'est en progressant vers la réalisation de cette fin, langues (S,. •••• i,.,' et viii) Dans la ont pu comme y résoudre leurs sont arrivées mesure où les langues problèmes les sont langues faites pour analyser et communiquer complètement et adéquatement toutes pensées, et thèse de qu'il n'est pas possible (sauf si l'on leur origine divine) d'assumer fonctions dès les premiers balbutiements, ces la accepte ces c'est relativement d'avoir des substantifs, à entendre des quatre parties d'oraison chez Condillac. peut alors dire qu'il est nécessaire, la parfaitement fonctions d'analyse et de communication qu'il faut "nécessité" nos On pour toute langue poliej., des adjectifs, des prépositions et un verbe substantif. La t~che de la Grammaire Générale est donc de rendre compte "de ce qui est commun à toutes les est "raisonnée" et cherche à les rapportant aux opérations [1985]) (Port-Royal); elle .)(pliqu.r les faits de langues en de l'esprit qu'ils sont censés Les grammairiens philosophes manifestaient par là leur exprimer. souci langues" Chomsky [1966] d'AdjquAtian .)(plicAtiv. (cf., et entreprise distinguaient jalousement, théorique des travaux Page 59 de nous l'avons ceux qu'ils et vu, Padley leur appelaient (pé j ora t i vement) grammairiens les sans "gramma t i st es" , ambitions l'enseignement des langues, bon usage", la de "contenant tourné s très respecté M. de la Grammaire Générale qu'elle les langues; la des autres, la de la pensée énoncés dans communicAtion de la ~tre les dans M. thé orie La Grammaire Générale peut encore (4) repr6.entAtion les un peu à une comme l'étude de deux types de contraintes concernent vers Vaugelas. est principes de la construction toutes les langues" des et qui s'emploient à enregistrer "le (malgré tout) dit décrite thé oriques , celui des écrivains et des gens instruits, façon du Auroux c'est-à-dire unes toutes pensée les dans le discours. La Grammaire Générale est ainsi l'étude des contraintes que doit satisfaire compl.tement la tout système de pensée et pour signes la pour communiquer c'est-à-dire clairement et sans trop d'embarras. bien étant distingué liées à communication. qu'une ces deux types de la logique, Condillac efficAcement, Foucault contraintes, les autres expliquait au langue serait bien "imparfaite, (dans cit., p. 14) op. "La grammaire générale de Port-Royal", représenter les tenant a très premières plus à jeune Prince de si elle se la Parme servoit de signes aussi embarras sans que les chiffres romains" 1775, p. 435). après avoir Et Destutt de Tracy examiné les nécessairement composé e", parties rendre facile." l'expression (Je souligne). dont la 1803, p. 67), proposition "est se propose "d'examiner les différentes sortes de mots dont on se sert pour (8~ •••• i~., dans nos langues perfectionnées, de la pensée plus us) complète et (Les idé es de repr6.entAti on de Page 60 plus la pensée dans logique et de communicAtion des pensées se trouvent aussi l'interprétation de la Ducrot dans le 1.ng.g. Grammaire Générale présentée par O. Dictionn.ir. [1972, pp, .ncyc1op'diqu.. 15 et suiv.J; analogue dans la théorie de la on trouve une distinction J. Searle dans signification de [1983, pp. 165 et suiv.J). Int.ntion.1ity Une grammaire générale comprend une partie portant sur "les sons et les langage. des lettres", c'est-à-dire la Cette partie, "face matérielle" du qui occupe habituellement moins du quart grammaires générales, correspond grosso .odo à ce que nous appelons aujourd'hui "phonétique" et/ou "phonologie". On y trouve une description de l'appareil phonatoire, des principaux organes qui contribuent à la production des voyelles et des consonnes, des rapports les idées, diverses entre règles les lettres, touchant la examinent la "face spirituelle" syntaxe, sémantique niveau la la de conv.nAnc./syntaK. choses en d'.KplicAtion d. Les les ,.6gim., les autres La syntaxe grammairiens en parties distinction ont néanmoins fait rapports de qu'entretiennent délimitant, Page 61 comme le est philosophes, syntAK. le qui d. évoluer les d6t.,.minAtion et (pour les propositions relatives), et et du langage, que se partagent la vieille travaillant "déterminant/déterminé" l'énonciation, prosodie. et et la pragmatique. le moins développé; héritaient les sons ou le les mots fait Du rapport dans Marsais, différents niveaux de "construction" "naturelle" ou "analytique", Tracy décrivait en syntaxe (construct ions "figurée" et "usuelle"). Destutt de la syntaxe en des termes très modernes comme "l'art de calculer les idées de tout genre par le moyen de signes (8,. •••• donnés" jours, que i,.. , la p. 157) , Grammaire et estimait, comme Montague de nos Générale devait s'appliquer à tout système de signes (comme l'algèbre), et pas seulement aux langues naturelles (ibid., p. sémantique, 153) . retiennent philosophes. davantage D'ailleurs, contenue dans la La pragmatique, surtout l'attention des la syntaxe est déjà. théorie des et grammairiens pour ainsi dire. parties du discours, les possibilités combinatoires de chacune; la qui examine elle constitue. comme disait Du Marsais. les "préliminaires de la syntaxe " . La théorie des parties du discours forme le coeur des grammaires générales. Les noms (propres adjectifs. et appellatifs. et leurs cas). pronoms. verbes. adverbes. participes. articles. prépositions. conjonctions et interjections. y sont traités séparément. jamais indépendamment de leur contribution à l'expression pensée complète. Le point de vue de la Grammaire mais d'une Générale est celui de la fonction; c'est le r81e ou la contribution sémantique d'une expression qui détermine son appartenance à telle ou telle classe de mots. Chez la plupart des grammairiens philosophes. les critères purement syntaxiques ou morphologiques se Quant à la pragmatique, "Une pragmatique occupait dans grammairiens M. Dominicy a montré générale") les la conceptions de Port-Royal. place font (1984, Page 62 chap. 3 : qu'elle considérable logico-grammaticales en prenant toutefois ici rares . le des terme "pragmatique" au sens très large que lui donnait Morris en où il désigne 1938 l'étude des rapports entre les signes et leurs utilisateurs, en tenant compte de leurs intentions et du contexte d'énonciation. la thèse de doctorat de Julien, 1979, (Voir également Pariente, 1985, p. 349, et Auroux, "Actes de pensée et actes linguistiques dans la Grammaire Générale", 1986). Cette pragmatique reconstruite par Dominicy à partir de la Sr •••• ir. et de la Logiqa. des Messieurs (et surtout des oeuvres d'Arnauld) (effabilité, maximes de est fondée sur un vraisemblance, rationalité etc.) , ensemble de sur un gouvernant les nombre de échanges discursifs, et tient compte de l'historicité des langues, et des phénomènes liés à la d.terminAtion discours (polysémie, Condillac, dans son équivocité, etc.) . Rrt d"crir. (1775), certain des idées accessoires des mots dans Un siècle plus affiche mêmes préoccupations : Chaque pensée, considérée en elle-m~me, peut avoir autant de caractères, qu'elle est susceptible de modifications différentes il n'en est pas de même, lorsqu'on la considère comme faisant partie d'un discours. C'est à ce qui précède, à ce qui suit, à l'objet qu' on a en vue, à l'intérêt qu'on y prend, et en général aux circonstances où l'on parle, à indiquer les modifications auxquelles on doit la préférence; c'est au choix des termes, à des tours, et m@me à l'arrangement des mots, à exprimer ces modifications: car il n'est rien qui n'y puisse contribuer. (Ed. de G. Le Roy, p. 517). Page 63 principes encore le tard, les *** Le noyau dur de la Grammaire Générale se réduit à mon avis aux quelques principes suivants 1) L. l~ng~ge e.t l'expr ••• ion (au l'analy •• ) d. l~ p.ns'. (définition ou hypothèse?) ; 2) La d •• principal. fonction du p.n •••• ; lang~Qe •• t la 3) La p.n •• e •• t la m*me partout .t pour tau. communication (postulat de l'universalité de la pensée); 4) Il Y ad •• univ.r.aux lingui.tique. sub.tanti.l. 1 pour repr •••nter (analyser) compl.tement la p.n... et la communiqu.r .fficacement, tout •• 1.. langu•• humain •• ont b ••oin •• nsiblem.nt d •• m*me. cat.gori •• d'.xpr ••.ion . t suivent ••n.ibl.ment 1 •• m*me. r.gl •• ; ~) L'u.ag. normal d. la parole •• t une activit. rationn.ll. ori.nt •• v.r. un. fin (principe de rationalité appliqué à l'usage normal de la parole); 6) L. princip. d'analogi. 1 1 •• lanQu.. s. forment .t .volu.nt en r ••pectant certain. mod.l.. r.lativem.nt bi.n .tablis (comm. 1 •• paradigm•• de conjuQai.on.t d. d.clinai.on), .ans quai ell.. devienn.nt trop irr.Quli.r • • •t difficil •• ~ appr.ndre. Examinons maintenant ces principes un à un. Page 64 La définition du langage comme expression de la pensée est; pour l'essentiel, aristotélicienne. L•• mat • •ant 1 • • • i;n •• d •• id ••• (des "états de l'âme", d. disait Aristote dans le On retrouve le l'int.rpr~t.tion). m~me Tr.it~ principe chez Augustin (par exemple, L.s Conf.ssions, Livre 10, chap. XII), et l'on sait à quel point fut durable et profonde l'influence d'Augustin en expression des Occident d'Aristote Cette conception du <.). langage comme de la pensée est à la base de la théorie logiciens et grammairiens de et des Port-Royal, et signes peu de philosophes l'ont autant développée et discutée que Locke dans le troisième (1690). Livre de son Ess., Ce troisième Livre, conc.rning Hu •• n Und.rst.nding si important pour la philosophie du langage des Lumières, définit ainsi la "signification première ou immédiate des mots" "words, in their primary or immediate signification, stand for nothing but th. id•• s in th• • ind of hi. th.t us.s th•• , are collected how imperfectly soever or carelessly those ideas from the things they are supposed to represent" (chap. II, paragr. 1). Grammaire La Générale "idéationnelle" du langage; est classique une théorie une théorie mentaliste qui obéit au "principe de la référence des faits de langage aux opérations de (Pariente, op. cit., p. 109). la pensé e" stratégie C'est là sa principale d'explication des faits de langue. l'esprit sont la canc.ptian, le ju;.m.nt, Ces opérations de qui produit les concepts ou idées, d'~tre vraies qui produit des pensées susceptibles Page 65 ou fausses, et tous les autres "mouvemens de l' ame l l l'interrogation, le commandement, la prière, que , le sont doute, la concession, etc. Nous reviendrons plus loin sur la logique et la psychologie lesquelles la Grammaire Générale Notons sur simplement que la sémiologie des prend Lumières s'élève général sur une structure ternaire chose-son-idée : quelque li.u en un signe est chose (par exemple un mot écrit ou prononcé) d'une idée dans l'esprit du locuteur, une chose dans le monde. qui et Du Marsais par choses. exemple) structure quaternaire (Sur structures ternaire et quaternaire les c 1 a s s i qu e , représente Les mots sont les signes sont des représentations des (Arnauld auteurs laquelle Le monde se divise en choses, la pensée et le discours en mots. en idées, idées appui. Mais de certains pré fèrent chose-son-idée du son-idée de la la des une chose. sémiotique cf. chap. 1). M. Auroux (ibid., p. 70, et p.ss1.) appelle langage-traduction" "hypothèse du la conception classique de la sémiosis. Une interaction discursive peut être décrite comme suit: en parlant, un locuteur construit une "image" de ses idées et de ses pensées; formellement, le locuteur applique une fonction F à une idée produisant le son L'auditeur, lui, S~, pour signe de l'idée i, comprendre soit l'énonciation F (i) du = S~. locuteur, c'est-à-dire pour déterminer l'idée associée par ce dernier à Page 66 i, S~" F-1 appliquera la fonction inverse Parler, c'est associer, S~, à F-1 soit selon certaines règles, (S .. ) = ses idées i. et pensées à des sons (mots) conventionnellement choisis à cette fin et adoptés par le plus grand nombre. mot est presque toujours Mais la signification complexe et structurée d'un pour les classiques, et nous aurons plus loin (chap. 2) à tenir compte des Acc ••• oir •• qui souvent s'ajoutent à une idée id ••• laquelle terme principAl., constitue la signification principale du mot. n'exprime jamais plus qu'un. idée principale, Mais s'il un est utilisé selon son sens propre (primitif) ou littéral dans un même contexte; il peut cependant exprimer une idée autre que celle qui lui fut attachée, comme cela se produit dans le cas des tropes. 2) La principal. fonction du lan;A; • • •t lA communicAtion d •• p.n ••••• Plusieurs philosophes classiques (Locke, Condillac) d'autres outre, admettent fins et il Mais de support à la le langage pensées; mémoire pour peut il admettent, sauf aux facultés supérieures Berkeley (cf., servir peut, l es ou à raisonner à part soi et en silence "donne de l'exercice" tous que que la communication des servir abstraites", volontiers Leibniz, Berkeley, en "pensé es (Leibniz) , de l'âme. Princip.s d. 1. conn.iss.nc. hu•• in., paragr. 20), que sa principale fonction est Page 67 la communication des pensées, et le point de vue exprimé ici par Leibniz est bien représentatif de la période que nous examinons : "sans le désir de nous faire entendre nous n'aurions jamais formé de langage " (Houv •• ux .11.11 ..• , Livre III, 236). p. l'anthropologie classique (à l'exception de Hobbes), l'homme pour la vie en société, organes de la caractérisaient présentes classique. parole. déjà dans La La l'Homme et la Sociabilit., aristotélicien, l'anthropologie première Dieu a créé avec une âme rationnelle et Raison de les qui sont toujours de l'époque philosophique page du N.r •• s Dans James Harris est également représentative de la période que nous considérons Si la nature avoit destiné les hommes à vivre isolés, ils n'auroient jamais senti de penchant qui les portât à communiquer entre eux. Si elle leur avoit refusé la raison comme aux animaux d'une espèce inférieure, ils n'auroient jamais pu reconnottre les matériaux propres du discours. Or, puisque la faculté de . parler est le résultat de la double énergie de nos plus nobles et de nos plus. excellentes qualités, de celles qui assurent à l'homme la supériorité sur les autres espèces d'animaux, qui forment son caractère distinctif et sa principale prérogative (je veux dire la raison et la sociabilité), on ne peut refuser une sorte d'intérêt et d'estime à ces recherches, dont le but est de résoudre le discours dans ses éléments naturels, et de le recomposer en combinant ces mêmes éléments. (Dans la trad. de Thurot aux pages 1-2). Est-ce le langage qui rend la société possible ou question fut débattue au XVIII- siècle Rousseau, etc.), l'inverse? (Mandeville, La Condillac, mais à tous le langage apparatt comme le ciment de la vie sociale. Page 68 postul.t Le d. l'univ.rs.1it4 l'unifor.it4 d. 1. n.tur. hu•• in. programme pourrait de d. p.ns4. 1. ou est évidemment central pour le recherche de la Grammaire Générale. Le langage être l'expression de la pensée sans que la pensée la même partout et pour tous. de Si c'était le cas, la soit Grammaire Générale serait sans fondement. Comme l'écrit S. Auroux (1979, p. 193) "l'uni versali té univ.rs.11. correspondance il faut la pensé e entre les entendre ici avant tout opposition Descartes de à est l' é talon langues. 1I p.n.'. la IIpenséell, A la au début l'imagination (1662), de H4dit.tion), les premiers paragraphes de la 6· leur Logiqu. ou l'.rt d. p.ns.r par suite les Messieurs de Port-Royal distinguent soigneusement, de la conc.ptu.ll., l'imagination et à la sensation. (cf., Par de d'un polygone à 1996 c8tés, qui ne donne qu'une image mentale confuse, de la conc.ption du même polygone qui, claire et distincte, la penseurs Ainsi conçue, même partout et pour tous. Proposition, 1983, classiques conc.ptus obi.ctiuus de Descartes, produit une idée une idée qui est bien la m'" pour tous les géomètres de toutes les époques. être elle, chap. 2) voit la pensée devait Nuchelmans chez Descartes et une survivance des et d'.ss. obi.ctiv. notions médiévales dans le de vocabulaire lIêtre objectivement dans l'entendement ll , Page 69 d'autres c'est y ~tre "par représentation". tant que signification "concepts passifs", Les concepts ou idées, des mots, sont considérés en envisagés comme des des représentations "de quelque chose". Ces concepts ou idées sont le produit de l'intellection pur. (ou de "l'entendement pur", comme dit Malebranche, Dit 1. rltch.rchlt dit 1. v'rit' [1674], Livre troisième), par la "réflexion"; perceptions qui car, n'ont ou doivent avoir été élaborés ainsi que l'écrivait jamais sont pas proprement des idées. été l'objet de la dans l'âme, auxquelles il manque, d'être considérées comme l'ori~inlt signification des identifiées aux Vorstlt11un~ltn classiques parlent souvent propos des idées. (A d'ordre étymologique). nature partout réflexion, images" pour être des humaine mots, ne Les doivent donc de Frege, même si idées, sur idé es, être p~s les auteurs d'"images peintes dans le cerveau" cela, il Le postulat Y a d'ailleurs de sera sans cesse réaffirmé les hommes ont la même dit Condillac, ne Ess.i (Condillac, dits connoiss.nclts hu•• inlts [1746], p. 47). en tant que "des Elles ne sont que des impressions faites des Condillac, des raisons l'universalité par les à de la empiristes; "conformation naturelle", comme les mêmes sens et les mêmes besoins fondamentaux, et partout les idées se forment selon les mêmes principes : Or la pensée, considérée en général, est la même dans tous les hommes. Dans tous elle vient également de la sensation; dans tous, elle se compose et se décompose de la même manière. Les besoins qui les engagent à faire l'analyse de la pensée, sont encore communs à tous; et ils emploient tous à cette analyse des moyens semblables, parce qu'ils sont tous conformés de la même manière. La méthode qu'ils suivent est donc assujettie aux mêmes règles dans toutes les langues. Page 70 On trouve une conception fort semblable chez (1748); expriment David Hume dans les mots qui en différentes langues des idées complexes doivent se correspondre assez étroitement : Dans différentes langues, même dans celles entre lesquelles nous ne pouvons soupçonner la moindre connexion ou communication, on trouve que le. mots significatifs des idées les plus complexes se correspondent étroitement preuve certaine que les idées simples, comprises dans les idées complexes, sont liées par un principe universel d'influence égale sur tous les hommes. ( 7 ) A ma connaissance, le seul philosophe classique qui ait osé mettre en doute le postulat de l'universalité de la Maupertuis, est dans ses Rffl.xions philosophiqu.s sur l'origin. d.s même année que l'Enqu.t. ce pensée de Hume. Cet opuscule contient en effet qui peut passer pour la première formulation du principe ... on trouve des Langues, sur-tout chez les peuples fort éloignés, qui semblent avoir été formées sur des plans d'idées si différents des netres, qu'on ne peut presque pas traduire dans nos Langues ce qui a été une fois exprimé dans celles-là. (iiI) Page 71 de Les Ilpl Ans d· id ••• di~~.r.nts" de Maupertuis furent immédiatement condamnés et rejetés par les philosophes français qui avaient la chance de lire l'opuscule d'exemplaires circulaient. rejoint dont à peine une eu douzaine La réaction de Turgot (un empiriste) les idées exprimées par Hume dans le passage cité plus haut : Les pl.ns d'idées diff'r.nts sont de l'invention de Maupertuis. Tous les peuples ont les m~mes sens, et sur les sens se forment les idées aussi nous voyons les fables m~me de tous les peuples se ressembler beaucoup. ( 9 ) La réaction Maupertuis de ira Condillac aux dans le m~me "plans sens. d'idées différents" Dans une lettre adressée de à Maupertuis (datée du 25 juin 1752), il écrit : Il y auroit de la différence entre la philosophie de deux peuples qui n'auroient eu aucun commerce ensemble, et la différence des langages pourroit y contribuer je doute cependant que cette différence füt aussi considérable que vous paroissez le supposer, les hommes ayant partout les m~mes sens et des besoins semblables; je crois que sans se communiquer, ils seroient sÜrement conduits à faire les m~mes abstractions et les m~mes raisonnements. ( 1 0 ) Cette réaction aux "plans d'idées différents" de Maupertuis se fait encore sentir plus d'un demi-siècle plus tard, "Note sur les Réflexions de Maupertuis et Turgot Page 72 au dans la sujet de l'origine des langues·· reproche (1815) de Maine de Biran, où ce dernier à Maupertuis de n'avoir donné aucun exemple d' idé es·· irréductibles aux netres, et de n'avoir de ··plans point cité IId'idiomes où il n'y eat pas eu tels signes pour exprimer substances et leurs. modes, effets; les causes et leurs autres pour exprimer l'union de l'attribut et du etc ... Alors pas sujet les tels intime, nous aurions eu la preuve que ces notions ne primitives et essentielles à l'esprit humain.·· (11) sont Un peu plus loin, il ajoute : Or, voilà ce qu'on doit trouver de tout à fait pareil dans la comparaison des langues, m~me les plus sauvages, s'il est vrai, comme nous n'en saurions douter, que la forme primitive du jugement, ou de la perception d'une qualité attribuée à un sujet et distinguée de lui, soit l'apanage naturel et commun de l'esprit humain, le vrai caractère distinctif de tout ~tre pensant. C'est sous ce rapport qu'on aurait pu défier, je crois, Maupertuis de citer quelque langue étrangère qui füt formée sur des plans d'idées si différents des nôtres que la traduction füt .bsolu•• nt i.possibl •. ( 1 2 ) De toute évidence, le postulat de l'universalité de pensée et de l'uniformité de la nature humaine n'est pas de que l'on remet facilement en question lorsqu'on est philosophe ... d'utilité Il jouit épistémique. manifestement L'heuristique d'un très négative la ceux grammairien fort enjoignait degré les grammairiens philosophes de ne pas entreprendre de recherches sur Page 73 une hypothèse contredisant l'un des principes noyau dur de leur programme. du programme Plusieurs fondamentaux "hypothèses auxiliaires" de recherche de la Grammaire Générale la traduction, accessoires, de l'inversion et de l'ordre et du (théories de naturel, des idé es de l'origine des langues) servent en partie à mettre ce postulat à l'abri de contre-exemples par trop évidents. Il convient ici je crois de toucher quelques mots à de la logique et la thé ori e de l ' esprit "psychologie classique. Grammaire rationnelle " , ou encore ("thé ori e propos des idé es" , "Idéologie") de l'~ge Car les deux disciplines sur lesquelles se fondent la Générale sont très liées du fait toutes les deux, qu'elles mais chacune à leur manière, de la s'occupent "pensée " . La logique s'intéresse avant tout à certaines opérations de l'esprit (concevoir, où ces opérations, ju;er, raisonner, ordonner), dans la mesure conduites sous la droite Raison, nous rendent capables d'atteindre la vérité dans les sciences. La "pensée" qui importe aux yeux des grammairiens philosophes produisent les deux conception et le significations des premières jugement. mots opérations Les lorsque les signifier. idées ceux-ci convention, pour s'expriment dans le discours par des de est l'esprit sont propositions utilisés, quant que la deviennent Les jugements, Page 74 celle à les par eux, déclaratives composées d'un sujet, souvent d'une copule d'un prédicat (ou attribut), chez les philosophes classiques, ce puisqu'on ne parle guère pour ainsi dire, pour mais plutôt presque toujours pour dire que l'on juge des objets conçus; n'est, plus Il Y a une nette primauté du jugement (13) dire ce que l'on conçoit, et le de plus, qu'une extension du le raisonnement jugement, puisque raisonner, c'est former un nouveau jugement à partir de jugements dé j à donné s discours par des grammatica1ement" l'unité Parce que les jugements s'expriment dans (14). propositions, la (selon l'expression de considéré e Du Marsais) de fragments de discours plus étendus. ses (1751), théories auxiliaires peuvent Ainsi, distingue clairement la tâche est de diviser Harris, tant la rhétorique, qu'il les diverses l proposition (considérée son de tandis que la logique discours en (inférences, propositions argumentations), sont des disciplines "synthétiques". lA des ana 1ytique" Ilespèces parce qu'elles s'intéressent au est composé de suites de dans si la Grammaire de la Logique propositions" en leurs parties naturelles, et même embrasser et de la Rhétorique : la première est une discipline dont constitue maximale d'analyse dans la Grammaire Générale, certaines H.r.ts "proposition le grammaticalement) L'unit. d. est lA L'analyse de la proposition dans la Grammaire Générale sera entièrement empruntée à la logique, toutefois modifications des grammaticale, la en devenant proposition n'est plus seulement porteuse valeurs de vérité, ou subardonn'. importantes (1~). elle se fait aussi avec des principAl., Cette théorie des propositions ne reconnaît Page 75 pas l'existence des relations et cherche à ramener propositions à propositions peuvent négative), ou singulière) . proposition Tracy; de la la générale varier selon quantité les Sujet-Copule-Prédicat. Les la qualité (affirmative, (universelle, particulière, On trouve cependant des analyses bipartites de chez Buffier, Du Marsais, Beauzée et Destutt la copule (ou le verbe) est alors une partie l'attribut. l'~ge forme toutes la syllogistique n'est pas de essentielle La logique for . . l l . n'est pas très classique; la cultivée à considérée comme un véritable instrument de découverte, ni l'instrument privilégié de la Raison dans scolastiques les sciences. Tout ce fatras embrouille et alourdit la démarche de lieu d'accélérer sa progression. de règles l'esprit au Descartes et Locke opposent une sorte d'intuitionnisme au formalisme de la logique médiévale; ce qui la importe, nécessité dans le Royal, du c'est de saisir clairement et distinctement lien qui unit chaque proposition à cours d'une démonstration. la précédente de Dans la Logiqu. la logique formelle occupe moins du sixième de (Pariente, op. cit., p. 113). Port- l'ouvrage La tendance s'accentue encore dans les logiques de Du Marsais et Condillac. La logique classique est d'abord une discipline destinée à "former le jugement"; le centre d'intér@t de la logique se déplace du raisonnement (théorie inférences) vers le jugement (théorie des propositions). est l'un des rares philosophes classiques qui aient cette tendance, p. 425). Leibniz résisté à lui qui persistait à voir la syllogistique comme un "art d'infaillibilité" (Houv •• ux .ss.is ••• , XVII, des Ce "calcul des idées" Page 76 Livre qu'est IV, la chap. logique classique est pour une large part fondé sur la fameuse Port-Royal" "Loi de sur la variation inverse de la compr6hension et de l'6tendue des idées (ou concepts) plus un concept est riche en compréhension, moins il. a d'étendue, et plus il a d'étendue, plus pauvre sera sa compréhension. nous donnons "renfermé e" notre (ou Le jugement est un acte par lequel assentiment au "contenue") dans une fait qu'une autre. idée Ainsi, est la phrase "L'homme est un animal rationnel et sociable" exprime le jugement que les idées d'animalité, de rationalité et de sociabilité sont contenues dans celle d'humanité; mais le jugement "L'animal est recevable, homme" n'est pas parce exprimé que par l'idée d'animalité est "plus générale" que celle d'humanité. En général, si • et b sont des idées, moins générale que", alors. + b = •. Si la et si "(" repré sent e la rela t i on "~tre alors, dans la logique classique, si • ( b, (cf., Auroux et Rosier, 1987, pp. 16-17). logique classique est essentiellement aristotélicienne, la psychologie de l'époque a plutôt des allures La cartésiennes. acceptent plupart des auteurs que nous considérons ici en effet la distinction cartésienne entre l'ame et corps; c'est le caB, Marsais (1.) et par exemple, Condillac (17) le d'empiristes avoués comme Du qui suivent par ailleurs Locke dans son rejet des idées innées et l'importance qu'il attache aux sens et à l'expérience. C'est bien davantage la genèse des idées et connaissances que la nature de l'esprit qui est en cause Page 77 dans la querelle opposant les sensualistes aux m~me c ' est là le seul critère valable permettant de démarquer les groupes. Le "matérialisme vulgaire" est foncièrement spiritualiste. se rationalistes; donne principalement pour l'esprit, genèse diffère mis à part, le XVIII- siècle La théorie classique de l'esprit t~che de déterminer la de ses facultés et de ses opérations, de nos idées et grandement Descartes, connaissances. L'~me d e celle d'Aristote. Sous se l'~me voit retirer toute L'explication de ces fonctions vitales circulation sanguine, physiologie conçue Nul de besoin piné al e" , Cette est comme un conception, bien l'animisme, chap. 1). classiques l'influence des vitale. digestion, l'affaire de de de la univ.r •• l. la " glande "animaux-machines " . jamais l'unanimité; par avec G.H. Stahl, devait faire un retour en force au XVIII- siècle (cf., La.itr.s, et ne fit sllr, des mjcani.m. chapitre du de et d'étudier la (respiration, maintenant " esprits animaux" nàture fonction rappeler ici le fameux épisode des exemple, etc.) deux F. Duchesneau, L. Physiologi. d.s Mais la distinction cartésienne des deux substances (étendue et pensante) étend son ombre sur pratiquement toute la période maintenant l'idée. Et un qui nous occupe. ab~me En entre l'idée et la dans le r.pr' •• ntatiannali.m. il conséquence, chose représentée classique y a par (exception faite des co ••on s.ns. philosoph.rs qui s'écartent de l'"idéisme" lockien) , les connaissances. que reçoit matière) idées les seuls objets immédiats Dans la psychologie aristotélicienne, l'~me des sont perçus eux-mêmes. Page 78 Dans la nos les formes (sans dans la sensation sont les formes objets de leur nouvelle "psychologie rationnelle", les choses relèvent de la r.s .xt.ns., et les idées, de la r.s cogit.ns passer dans les secondes; rien des premières ne peut ou plutôt, l'esprit, ses facultés, ses opérations et devant monde des choses étendues. le s es idées ont maint enant subjectivité JJ , psychologie retient une ré ell e Cette "découverte la tradition l'attribue à Descartes. cependant de l'ancienne la des auteurs pensée De plus, ou entendement et volant.. classiques, sont demeurés division la anciens expression; présentes pensée toutes est déjà là, que faite, les parties d'une pensée sont à l'esprit du locuteur, croy.nce ou langage m~mes toute exemple, la les avant son simultanément alors que l'expression de dans une phrase française précède le substantif, et chez pensée dans le discours doit forcément s'ordonner dans le Par des pour la plupart les rapports entre le essentiellement les de la La nouvelle facultés actives de l'âme en perception et volant., et d'.ir, aut onomi e déclarative, la temps. l'article celui-ci précède normalement le verbe, le verbe son complément, etc. Cependant, les penseurs des Lumières, en seront de plus en plus sensibles particulier Condillac, effets positifs de l'acquisition du langage sur le de la pensée. Mais m~me aux développement Condillac sera critique à l'égard de sa première tentative de 1746; en effet, dans la lettre à Maupertuis citée plus haut, JJtrop donné aux progrè s le il avoue finalement s' signes" en voulant ~tre faire "trompé JJ "voir de l' espri t dépendent du langage. JJ ( 1 . ) besoin de communiquer aux autres nos Nous pensées; et comment avoir les ressentons mais pour arriver à les communiquer clairement et efficacement, nous devons Page 79 d'abord les analyser, les diviser en parties et parties successivement et dans le bon ordre. Condillac, pensée; 427) . Les présenter ces langues, pour sont les instruments nécessaires de l'analyse de la "m6thod •• &n&lytiqu•• " p. elles sont des (Sr •••• ir", Cette mise en valeur du langage comme analyse de la pensée et de l'expérience, et la notion de 1 9 6ni." que nous verrons plus loin (chap. 2), atténuent quelque peu, il me semble, la portée du reproche adressé langage, celui "sac à mots", Condillac "Une régulièrement avec la douées phonique ... Il d'un l&ngu. de la est un instrument de comme classique "nomenclature", selon communication Martinet selon lequel différemment dans chaque communauté, contenu du (Comparez la conception de < 1.) définition l'expérience s'analyse, unités conception de concevoir le langage ou "répertoire" langue à la sémantique et d'une en expression (20»). La psychologie des Lumières fait aussi une l'& •• ociationni.m.; les large place à "associations d'idées" sont d'une grande variété et ces associations, tant naturelles que linon naturelles" (le cas des superstitions et des oeuvres d'imagination), sont des trouble-fête linguistique qui manifestent leur présence sur le plan et dont l'analyse classique du langage cherchera rendre compte, en partie, à l'aide du concept d'idée accessoire. Page 80 à (Le lecteur trouvera chez S. chap. 1) deux intéressé par la théorie classique des Auroux (1979, excellentes chap. études 3) et M. formelles idées Dominicy (1984, et détaillées de cette théorie) 4) Il Y de. univer.Aux linguistiqu•• substAntiel •• A m~me La pensée est la est l ' analyse produire une complète, ou l'expression de la "image", claire et grammaticalement est langage Le langage une repr6.entAtion de la pensée du moins doit aussi dans les et "policées". La proposition considérée la représentation d'un jugement "action de notre esprit". l ' esprit (désirer, le pensée. précise que possible, langues "perfectionnées" autre partout et pour tous et interroger, mêmes partout et pour tous, ou d'une Le jugement et ces actions de commander, prier, etc.) sont les et les êtres humains, pour analyser, représenter et communiquer la pensée, ont eu recours sensiblement à la même méthode, pourrait dire, aux mêmes catégories d'expressions. reprenant la distinction de Quine Lagie, 1970, pp. 19-20), On (Phi losophy of que la Grammaire Générale cherche avant tout à rendre compte des catégories trAn.cendAnte., l'explication des catégories immAnente. étant particulières. Page 81 l'affaire des grammaires Partant d'une analyse de la proposition Prédicat (ou Sujet-Prédicat), les en Sujet-Copule- grammairiens philosophes estimaient, suivant en cela une très longue tradition remontant à Platon et Aristote, que toutes les langues devaient disposer moyens pour "marquer", ce que nous ensuite, d'abord, voulons dire l'action de notre esprit qui commande, de les objets que nous de affirme, ces nie, concevons; objets; et enfin, désire, interroge, prie, conjoint, etc. Une langue qui ne disposerait pas moyens pour remplir ces fonctions serait, incomplétude expressive, cause à un bien piètre outil de de développement doivent donc disposer son communication. Les langues policées ou ayant atteint une certaine maturité leur de de noms dans communs (appellatifs) et des déterminants (articles, que pour désigner les objets que concevons et les relations possibles entre ces objets (ou Toutes les nous des prépositions ou des cas, certaines circonstances pouvant les langues doivent pareillement avoir, la pensée, nous "@tre", affecter). pour analyser des adjectifs ou des participes, affirmons ou nions des objets le verbe "substantif", adjectifs), conçus. ainsi complètement pour marquer ce que Enfin, le leur paraissait nécessaire verbe dans toutes les langues pour marquer l'action de notre esprit qui unit les deux termes des (Sujet-Prédicat) grammairiens "primitives", de la pensé e, philosophes d'une proposition. La plupart distinguent catégories les qui sont nécessaires à la représentation complète des catégories "dérivées" (comme les adverbes, ou Page 82 les conjonctions chez Condillac et Destutt utiles mais non nécessaires à et qui s'obtiennent à partir abréviation; ce sont des de Tracy), la représentation des primitives de Destutt de Tracy. Ce dernier distingue de la par "mots elliptiques", qui sont pensée, contraction ou selon l'expression soigneusement ce qu'il appelle les 6l6m.nts d. lA proposition, c'est-à-dire les éléments nécessaires à la représentation complète de la pensée, des 6l6m.nts du discours, qui sont dérivés ou composés des premiers. Les catégories jugées Ilnécessaires" pensée le sont à la représentation de parce qu'elles reflètent la structure de la notre esprit, et principalement la structure du jugement. La primauté du jugement, le fait que nous parlons presque nions, voulons, toujours pour dire ce que nous affirmons, etc. , et très rarement pour dire seulement ce que nous concevons, nous oblige nous à utilisons lier les unes aux autres pour former "toutes l'allocutaire; une seule les les expressions pensée dans écrit langues, l'esprit Du conviennent en ce qu'elles ne forment de sens que par le ou la relation que les mots ont entre eux dans la (Fr.g •• nts sur 1.s c.us.s d. 1. p.ro1., 228; voir aussi l'art. in "Construction" de ~.ri. que de Marsais, rapport proposition." 1ing~istic., l'Enc,/c1op'di.). p. La syntaxe est ainsi l'étude des signes établis dans une langue pour marquer le nombre, les cas, etc., le genre, la personne, les temps, les modes, et des règles d'après lesquelles les mots doivent Page 83 être ordonnés et accordés pour former un seul sens dans de l'auditeur. d'autres ne Certaines concernent Condillac, chap. IV: est que les 6r •••• ir., règles langues 1775, p. "Une syntaxe sémantique") pratiquement grammairiens soutenait signes ces la universelles; mots Du (cf., particulières pp. 153- 443; et S. Auroux, 1979, La "syntaxe de convenance " même dans toutes de Port-Royal. que les sont 9r •••• ir. g4n4r.l • • t r.isonn4., Arnauld et Lancelot, 154; de l'esprit les Marsais langues (art. sont à la fois les selon les "Construction " ) instruments et de la division ou de l'analyse de nos pensées; les nous ne pouvons parler à quelqu'un sans analyser nos pensées au moyen de signes; or, il n'y a, dans toutes les langues du monde, "qu'une même manière nécessaire pour former un sens avec les mots c'est l'ordre mots, dont successif des relations qui se trouvent entre les les uns sont énoncés comme devant être & les autres comme modifians ou déterminans" dé terminé s , comparez avec J. H. Greenberg, "Construction"; (art. of Meaningful in J. H. Greenberg (éd.), Univ.rs.ls of L.ngu.g., 1966, p. 76). modification, et le rapport d'identité édit. , ou "Sorne Universals of Grammar with Particular Reference to the Order Elements", modifiés Ces rapports de détermination (sur lequel se ou de fondent partout, par exemple, les règles pour l'accord de l'adjectif avec son substantif en genre et en nombre), construction analytiqu. "simple") , "naturelle", usu.ll. règles et figur6. de la (ou laquelle sont les fondements de la construction s'oppose qui varient d'une langue à construction analytique ou Page 84 "nécessaire", aux constructions une nécessaire autre. (la Les même partout) engendrent, profondes", et si reflètent l'on peut dire, les les conditions nécessaires "structures de toute compréhension linguistique. Les idiotismes et les énoncés figurés ne la seront compris par un auditeur que s'il parvient à construction analytique sous constructions usuelle et figurée. les déguisements méthode d'analyser la pensée, d'analyse de des Condillac, qui considérait les langues comme autant de "méthodes analytiques", manières retrouver ou prétendait lui aussi la pensée qu'est le langage différentes que cette avait des aspects universels. Il définissait ainsi l'objet de la Grammaire: On appelle gr •••• ir. la science qui enseigne les principes et les règles de cette méthode analytique. Si elle enseigne les règles que cette méthode prescrit à toutes les langues, on la nomme gr •••• ir. g'n'r.l.; et on la nomme gr •••• ir. p.rtieulitr., lorsqu'elle enseigne les règles que cette méthode suit dans telle ou telle langue: (8r •••• ir., p. 443) . Quel est le statut de ces règles "universelles" enseignées par la Grammaire Générale? Il semble que nous ayons là affaire règles nommées par Searle eonstitutiv.s. générale les de Port-Royal", op. eit., règles universelles de p. 7) la distingue Grammaire "règles auxquelles qu'une langue pouvoir exister". règl es, clairement Générale il s'agit plut8t, faut bien des Foucault ("La grammaire "prescriptions d'un législateur"; il à dit-il, s'ordonne des de pour M. Auroux (1979, p. 231, note 171) dit que ces "dans une large mesure", sont des règles "constitutives" en référant à Searle (Sp •• eh Rets, 1969). Les règles universelles Page 85 du langage comme méthode d'analyse de la être conçues comme des (Rsp.cts pensée "universaux de forme" peuvent-elles au sens de Chomsky d. l. th4ori. SVnt.xiqu., 1971 pour la trad. fr.), des universaux qui "mettent plutôt en jeu le caractère des règles qui apparaissent dans les grammaires et la façon dont être corrélées" (p. 48)? elles Chomsky lui-même (ibid., la Iigrammaire universelle traditionnelle" peuvent p. 47) décrit uniquement comme Ilune théorie des universaux de substance ll et Àuroux fait de même (ilLe rationalisme et l'analyse linguistique", op. cit., p. 11). Chomsky, l'étude des universaux formels (ces conditions abstraites que doivent satisfaire toutes les grammaires possibles) est une entreprise récente en Selon théorie humaines générale du langage. Les règles universelles de la construction analytique et de l'analyse linguistique de la pensée ne telles conditions abstraites affectant sont-elles pas "le caractère des qui apparaissent dans les grammaires" de règles de toutes les langues? Je me contenterai ici de laisser cette question ouverte. L'universalité dont il s'agit n'est universalité qui ne laisse aucun choix, langues sans exception ses catégories. voit les grammairiens philosophes les Générale champ des sont universelles phénomènes (cf. , forcément une qui impose à toutes les M. Àuroux (1979, p. 226), évoluer catégories en ce sens Destutt de Page 86 pas vers de qu'elles Tracy, un la concept Grammaire épuisent le Sr •••• ir., p. 152). Toutes les langues doivent avoir recours à l'une ou l'autre des catégories n'est Nous recensées dans la Grammaire nullement Générale; nécessaire qu'une même langue les mais ait toutes. retrouvons le même type d'universalité dans la théorie actes de discours; n'importe quelle mais il des n'importe quel acte illocutoire accompli dans langue doit entrer dans l'une ou l'autre cinq catégoriss d'actes illocutoires primitifs reconnues dans théorie; il n'est nullement nécessaire que toutes des la les langues disposent de moyens syntaxiques pour exprimer directement tous ces actes de discours (très peu de langues ont syntaxe les moyens de former, promissif) . par exemple, dans leur des phrases de type Il en va de même avec les "traits distinctifs" de la phonologie. Les grammairiens philosophes voulaient expliquer est commun à toutes les langues"; montrer que toutes les langues, complètement la pensée, ils pour ce faire, pour analyser et qui devaient représenter doivent disposer de parties du remplissant partout les mêmes fonctions puisque le systême des idées a par-tout les mêmes fondemens, il faut que le systême des langues soit, pour le fond, également le même par-tout; par conséquent, toutes les langues ont des règles communes; toutes ont des mots de différentes espèces; toutes ont des signes pour marquer les rapports des mots. (Condillac, Sr •••• ir., p. 435). Page 87 "ce discours Sans verbe, par exemple, nous ne pourrions "prononcer", comme dit Condillac, aucun jugement. Mais, encore une fois, l'universalité dont il est ici question n'en est pas une qui impose forcément à toutes les langues les m@mes catégories, en particulier parce que toutes les "perfection" langues n'ont pas atteint le dans l'analyse de la pensée, peuples "primitifs" et isolés, m@me degré de comme les langues des qui analysent peu la pensée parce qu'ils ont peu de besoins qui les y poussent. ~) L'USAg_ normAl d_ lA pAraI • •st un. Activit' rAtiann.ll. orient'. v.rs un. fin. Pour les le rationalistes langage est (Port-Royal, (Descartes, Arnauld, l'''une des plus grandes preuves 1660, p. l'instrument de la Raison, dessus des bêtes" Les 27) . langues de sont Cordemoy) , la raison" l'oeuvre une faculté qui nous place "fort et au- et qui est de loin supérieure à leur instinct. Tous les commentateurs s'entendent là-dessus. Mais aux empiristes (ou sensualistes), on attribue souvent Condillac nature" en ces termes (8,. •••• i,.., p. (21) "les langues sont 432). de l'origine philosophes (Beauzée, des l'ouvrage Rationalistes et seraient encore une fois opposés sur une question la thèse formulée par langues; question génétique, certains la sensualistes la grammairiens Beattie) préfèrent encore adopter, Page 88 de en se chap. la thèse de l'origine divine. lieu entre les "rationnelle" II, versets 20-22), Mais la véritable lutte aurait partisans des langues, (rationalistes) de eu l'origine et les partisans (sensualistes) de l'origine "naturelle". Il me semble que cette façon de voir sous-estime grandement le caractère profondément sensualiste. J'estime "rationaliste" de la philosophie de plus que le slogan de Condillac ("les langues sont l'ouvrage de la nature") doit âtre réinterprété à la lumière de sa philosophie de la Raison et de sa notion de natur •. Mes conclusions rejoignent en partie celles de Cassirer (22), qui voyait les rationalistes et les empiristes, à part égale, comme des langues libre partisans de création de la philosophe, Bouveresse thèse faisant . des "une raison humaine"; elles rejoignent aussi celles de (23) Aarsleff la il qui suffit (24) proclame d'âtre que pour grammairien être "rationaliste"; celles de qui reproche à Chomsky d'avoir sous-estimé le caractère rationaliste de la pensée de Locke. sens étroit des "Rationaliste" doit pas être pris ici philosophie, qui ce terme désigne avant tout un groupe pour au et historiens penseurs partisans de la thèse de l'innéité des notion. (Descartes, Wolff, Arnauld, etc.). Cordemoy, Malebranche, ne de la de commun •• Spinoza, Leibniz, L'interprétation de Chomsky (1966, en particulier la section intitulée "L'acquisition et l'utilisation du langage") a le défaut d'associer la "linguistique Page 89 cartésienne" à l'innéisme provoquer pouvait des la ~tre rationalistes; réaction des la à historiens qui grammairien philosophe Locke et Condillac alors ce qui eut pour voyaient (A. Joly) , ou Stefanini) aristotélicienne" (J. fait fausse route cartésienne" de bien qu'on montrant partisan de (comme l'avait vu Harnois, 1929). "linguistique condillacienne" en se conséquence Iigrammaire la Chomsky, opposa III ingui st ique la mÊ!me On me semble-t-il, a les notions communes (ou idées innées) n'ont rien à voir avec l'idée que l'usage normal de la parole est "une des plus grandes preuves de la raison". voir Elles n'ont rien à non plus avec l'idée que les langues sont l'oeuvre de la Chomsky a peut-~tre, linguistique des dans son classiques, enthousiasme injecté dans pour son Raison. la pensée interprétation quelques-unes de ses propres idées concernant l'apprentissage langage ... remarque sans Il insiste sur les passages de Descartes où que peine m~me les hommes les plus "hébétés" à comprendre en créant eux-mêmes des signes à cet effet, les animaux, celui-ci peuvent et que les sourds et muets parviennent même les plus parfaits de leur espèce, du se parler faire alors que n'arrivent pas à en faire autant. Mais cela montre seulement combien il faut peu de raison pour être capable de faire usage de la que la Raison est le propre de l'homme; seul animal capable de parler. y a, of L.ngu.g.) démontrer et voilà pourquoi il est le On ne peut conclure de cela qu'il pour Descartes et les classiques, "faculté de langage" parole, une telle chose qu'une innée. Monboddo (Of th. Origin .nd Progr.ss consacrera une bonne partie de son la fausseté de cette idée qui fait de la Page 90 ouvrage "faculté à de langage" une faculté "na t urell e l l aux humains. Je voudrais, dans cette section, esquisser une certaine conception de la rAtionAlit6 prAtique; il s'agit d'une conception de " sens commun", jamais vraiment thématisée par les philosophes classiques mais constamment utilisée par eux dans leur théorie de l'origine et conception aux l'évolution qui langues; et est sous-jacente à (principalement, me semble c'est cette commune aux rationalistes l'idée de la parole est une activité rationnelle fin Agassi des de la raison pratique, sensualistes, normal une de la communication dans le vrai lorsqu'il des que l'usage orientée pensées). écrit, propos à et vers J. du problème de la rationalité pratique "In the Age of Reason, the Enlightenment, the question was known but th. Rufklirung (sic), not discussed." (Sci.nc • •nd Soci.ty, classiques ont avancé plusieurs soulever p. idées beaucoup 458). sur le sujet, ou de sans polémiques. Je crois que cette conception de la raison pratique par certains traits, ce nous sens que "maximiseurs"; sommes des discussions mais apparemment se rapproche, de Les philosophes de celle de Simon (1957), en s.tisfic.rs avant d'~tre des par d'autres traits, elle rappelle celle de Rawls (1971) et Richards (1971) parce que les explications données par les grammairiens philosophes font souvent appel, implicitement ou explicitement, à des mAxime. de chaix rAtionnel. Page 91 Les sensualistes, pas moins que les rationalistes et souvent davantage, ont préféré l'autorité de la Raison à celle de la Tradition; la méthode, moins que les rationalistes, ils Chouillet cru trop aux aux nous rappelle fort historiens doivent se méfier des " a f fa ire ont ont fait la lutte aux préjugés, Jacques s'empresse de de l'éducation, de la tolérance politique, etc.; pas "lumières", etc. eux aussi ont fait la promotion de la science, progrès superstitions, justement "étiquettes" "D' une manière que les commodes que l'on souvent d'accoler à un auteur avec c las sé e Il des générale, la mention ces grandes classifications philosophiques qu'on a coutume d'opposer les unes aux autres, sensualistes, rationalistes, n'existent que dans la conscience universitaire du siècle suivant, des contemporains." philosophiques" (~t5) Ces "grandes mais elles n'ont rien de définitif. vrai en particulier pour le XVIII- siècle; être considéré pour lui-même. On doit pas, s'étonner de rencontrer des thèses rationalistes et Paul Hasard l'ordre Cela est chaque auteur devrait ne chez les mêmes auteurs de l'Rafklirang. celle classifications sont sans doute commodes pour mettre de dans nos archives, y mais non dans au fond, sensualistes Comme le dit prudemment "l' esprit du XVIII- siècle, tel qu'il prend ses racines dans le XVIIe, est rationaliste par essence, et empiriste par transaction." (~.) Pierre Chaunu semble du même avis la démarche des Lumières sens" Il découle ... (~7) Page 92 de la raison toute et des Un examen rationalistes divergences, et le comparatif des conceptions de des la empiristes révèle au fond Raison assez des peu principal objet de litige étant le statut de des notions communes. Pour les deux clans, la Raison est une faculté donnée Dieu aux hommes pour leur permettre de découvrir et de par justifier la vérité dans les sciences, et pour choisir (ou reconnaître) les actions qui peuvent le mieux assurer leur Salut. Pour les philosophes classiques, c'est dans les sciences que la Raison est à son mieux et se manifeste de la manière la plus éclatante. Mais le rappelle Condillac (Dictionn.ir. comme "Bon sens", p. 95) , n'est pas pleinement Sinon bien et bien démêler ce qu'il faut penser tout à la fois la théorie et seulement dans usage sa Raison. de art. la Raison concerne tout autant la pratique voir ce qu'il faut faire embrasse synony•• s, "Qu'est-ce en effet que la r.ison? que la théorie elle d.s les sciences On la que la pratique." l'on retrouve partout dans des hommes. rationnelles, il Y a tout l'art quotidien de l' à-peu-près , de la du "seulement probable", tout exclue. extrême pour des faire l'"industrie" prudence, A côté de la certitude peut Ce et la Raison n'en est pas du Descartes n'écrit-il pas : "Et j'avais toujours un désir d'apprendre à distinguer le vrai d'avec voir clair en mes actions, sciences le et marcher avec assurance Page 93 faux, dans cette vie. 11 56; je souligne). chapitre XVI de la quatrième partie de la Logiqu. justement à "nous rendre plus espérances & nos craintes. Il (P. 429). leur Port-Royal IIDu jugement qu'on doit faire des accidents futurs ll ) (inti tulé vise de Le ouvrage en rappelant que la raisonnables dans nos Et les Messieurs finissent pire des imprudences est d'employer son temps et sa vie à autre chose que la recherche Salut éternel, du et que Ceux qui tirent cette conclusion, & qui la suivent dans la conduite de leur vie, sont prudents et sages, fussent-ils peu justes dans tous les raisonnements qu'ils font sur les matières de science; & ceux qui ne la tirent pas, fussent-ils justes dans tout le reste, sont traités dans l'Ecriture de fous et d'insensés, & font un mauvais usage de la Logique, de la raison & et de la vie. (P. 431). Descartes, néanmoins le grand champion de la raison théorique, souhaitait que la Nouvelle Science servit à réduire les l'humanité et à la soulager des tâches les plus maux ingrates. de Dans Garnier Frères, 1963, rechercher seulement p. 79), il écrit, sérieusement à propos de "celui qui veut la vérité des choses ll à développer la lumière naturelle de pour résoudre telle ou telle difficulté d'école, "qu'il sa songe raison, mais pour qu'en chaque occasion de sa vie son entendement montre à sa volonté choix qu'il faut faire l l • Et lorsqu'il écrivait que le est la chose du monde la mieux partagé e ll , Page 94 non le Ilbon sens il ne pensait sOrement pas à la seule communauté des "sc;avants". abord et le plus souvent pratique, La Raison est de prime c'est-à-dire: recherche des moyens les plus apprapri •• à la réalisation d'une fin, du meilleur moyen à prendre en vue d'une fin. La chaiK ou faculté par laquelle nous distinguons le vrai du faux est un don du Ciel pour la conduite de la vie en général, et pas seulement pour atteindre le vrai dans les sciences. que les Messieurs C'est l'une des premières s'empressent de donner au précisions tout début du "Premier discours" de leur Logiqu.. Ce n'est pas seulement dans les sciences qu'il est difficile de distinguer la vérité de l'erreur, mais aussi dans la plupart des sujets dont les hommes parlent, & des affaires qu'ils traitent. Il y a presque par-tout des routes différentes, les unes vraies, les autres fausses; & c'est à la raison d'en faire le choix. Ceux qui choisissent bien, sont ceux qui ont l'esprit juste; ceux qui prennent le mauvais parti, sont ceux qui ont l'esprit faux, & c'est la première & la plus importante différence qu'on peut mettre entre les qualités de l' espri t des hommes." (P. 35; je soul igne) . Les sciences, sont considérées déclarées inutiles. "en elles-m@mes & pour C'est très bien elles-m@mes", d'utiliser sa pour trouver (et prouver) les vérités dans les sciences, devrait surtout se "servir au contraire, Raison mais on des sciences comme d'un instrument pour perfectionner sa raison." (Ibid.) Les Messieurs y insistent encore à la page suivante : Les hommes ne sont pas nés pour employer temps à mesurer des lignes, à examiner les ports des angles, à considérer les divers Page 95 leur rapmou- vements de la matière. Leur esprit est trop grand, leur vie est trop courte, leur temps trop précieux pour l'occuper à de si petits objets : mais ils sont obligés d'~tre justes, équitables, judicieux dans tous leurs discours, dans toutes leurs actions, & dans toutes les affaires qu'ils manient; & c'est à quoi ils doivent particulièrement s'exercer et se former. Nous reviendrons sur la rationalité pratique et la notion de choix rationnel dans un moment. Les succès retentissants de la Nouvelle Science mettaient surtout en vedette la raison théorique. Locke (quatrième Livre de l'Ess.y ••• , chap. XVII) et Leibniz (Houv •• ux .ss.is ••• , Livre IV, chap. XVII) distinguent divers usages du mot "raison". Il Y a un usage où ce mot est opposé à "foi", et un usage que critique qui ne nous intéresse guère ici (Ess.y ••• , XVII, paragr. 24) . XVII, paragr. 1) finale"; Livre Locke IV, chap. Locke distingue encore quatre usages (chap. "raison" se prend quelquefois pour ou pour un ensemble de principes d'une vérité "cause évidente ou pour des déductions faites à partir de principes. Enfin, et c'est ce dernier usage qui nous intéressera dans la suite, se distingue des facul té, vérités ces nous "raison" désigne une faculté par laquelle l'homme b~tes et les surpasse de beaucoup. Gr1ce à cette percevons les rapports nécessaires entre et pouvons étendre nos connaissances au-delà du limité de nos intuitions et perceptions. Page 96 les domaine Pour les classiques, la Raison est avant tout une faculté de disc.rnement (analyse) et de liaison (synthèse). distinguons le vrai du faux, laid, ou distinguons, caractères liaison ou le bien du mal, etc. des parties, Elle est aussi une générales un dans propositions) s.ul dans (l'abstraction); jugement, un idées jugements raisonnement, et de individus plusieurs plusieurs des faculté nous rendant capables de considérer plusieurs un. s.ul. idée générale sous et même le beau du dans une même chose, qualités, Par elle, nous (ou plusieurs raisonnements dans un. s.ul. démonstration ou théorie <3.'. C'est en ce sens que la Raison est faculté de discernement, pensée une Comme la Raison rend possible l'analyse de la qu'on trouve déjà toute faite dans les langues Marsais, Beauzée et surtout Condillac. elle discursiv•. faculté selon Du Comme faculté de liaison, permet d'unir en un discours suivi les signes d'une foule d'idées et de jugements. Rationalistes et empiristes ne divergent sérieusement qu'en ce qui concerne le statut notions des commun.s. Pour les rationalistes, la Raison a un cont.nu, comme l'a bien vu Cassirer un 48) , principes comme "le généraux tout et abstraits d'une est plus que l'une de Page 97 contenu certitude ses fait de irrévisable, parties", "si on retranche une m@me quantité à deux quantités demeure", etc. Parce que l'induction et égales, l'égalité l'expérience ne peuvent jamais nous donner de certitude qui égale celle de ces principes, les rationalistes inné es. ont conclu Les sensualistes, possible au contraire, innés des rationalistes "proverbes des philosophes", s'en Condillac abstraits" Spinoza, Malebranche, systèmes étaient croyaient malgré Condillac qu'ils ne disait sont prend Leibniz) . l'arbitraire à des (nommément Les Descartes, principes abstraits qu'une maison est plus que l'une de ses pièces, etc. ces principes dans un système est ne peuvent jamais conduire à parce que doigt, De plus, le arbitraire des des premières; je peux observer à tout moment qu'une main est plus qu'un principes les "systèmes rationalistes ne sont pas des connaissances de des que je sais que le tout est plus que l'une de ses parties, choix tout parce qu'ils présupposent une foule rationalistes des connaissances déjà acquises. connaissances (1749), ces de les dériver de l'expérience. principes de que et ces connaissances particulières et utiles. Les seuls systèmes valables, aux yeux de Condillac, obs ervé s" , "Raison " conceptions sont ceux qui se fondent la manière du système à l'Encyclopldi, de de la Raison. de départage Pris sur M. fort absolument, des "faits L'article Newton. bien le bien les mot deux "Raison" désigne une "faculté naturelle dont Dieu a pourvu les hommes pour connaitre la vérité, quelque lumière qu'elle suive, ordre de matières qu'elle s'applique". Page 98 & à quelque Puis l'auteur ajoute: On peut entendre par r.ison cette même faculté considérée, non absolument. mais uniquement en tant qu'elle se conduit dans ses recherches par certaines notions. que nous apportons en naissant. & qui sont communes à tous les hommes du monde. D'autres n'admettent point ces notions. entendent par lumière naturelle. l'évidence des objets qui frappent l'esprit, & qui lui enlèvent son consentement. Mais cette divergence. si importante soit-elle. ne prend tout son relief que sur le fond d'un ensemble de similitudes. Une comparaison plus serrée entre Descartes et Condillac est à mon avis fort révélatrice. Si l'usage normal de la parole constitue pour Descartes une "preuve de la raison". universel qui peut c'est que servir en "la raison est un toutes sortes cinquième Partie); est "faculté illimitée une Raison est ainsi la de rencontres" dit autrement. elle d'innovation seule de nos instrument adaptée" facultés qui La puisse nous rendre capables de faire un usage créateur de la parole. c'est-àdire d'adapter et tous nos discours à n'importe quelle de répondre avec pertinence au sens quel discours prononcé en notre présence. de situation n'importe Une machine peut bien être construite de façon à répondre d'une manière appropriée à un nombre relativement restreint de stimuli déterminés; par exemple. elle pourrait demander ce qu'on lui veut si on la touche à tel endroit précis. ou dire qu'elle a mal si Page 99 on la frappe violemment, etc. Mais façon lié aux stimuli; d'un locuteur l'usage le langage humain n'est jamais de la parole n'est pas une réponse mécanique à son environnement. normal de cette la parole L'emploi est libéré des de identifiable (cf., S. Auroux, 1979, p. 44). signes tout dans stimulus Parler n'est pas une transaction causale avec le monde: c'est une activité rationelle orientée vers une fin. L'usage normal de la parole est une preuve de la Raison parce qu'il est "moralement impossible" de comme animaux-machines. d'inventions Sans ou la Raison, d'innovations le nous (Descartes) comportement serions intentionnelles des incapables adaptées aux situations nouvelles. Ce n'est pas seulement la capacité à former des phrases nouvelles qui est la marque de la Raison; c'est avant tout le caractère parlante" une chose de ce appropri6 qui est dit. est plus qu'une simple chose étendue pensante, dans la mesure où elle La "chose elle est aussi peut arranger diversement ses paroles pour répondre d'une manière pertinente une infinité de situations nouvelles. Ce qui est routinier, "mécanique", dans le comportement humain, la Raison en cause habitudes, ou une routine, "efficaces" ou (m@me s'il est rationnel lorsque celles-ci se "appropriées"; c'est surtout à habituel, ne met pas de suivre sont leur des avérées adoption première qui met en cause la Raison) . De m@me, pour Condillac, Page 100 c'est dans les situations nouv.ll •• que la Raison se met en vedette. (1755), la Raison est présentée en ces termes : La mesure de réflexion que nous avons au-delà de nos habitudes est ce qui constitue notre raison. Les habitudes ne suffisent que lorsque les circonstances sont telles qu'on a qu'à répéter ce qu'on a appris. Mais, s'il faut se conduire d'une manière nouvelle, la réflexion devient nécessaire, comme elle l'a été dans l'origine des habitudes lorsgue tout ce gue nous faisions étoit nouveau pour nous. (30) (Je souligne) . Nous avons plus d'habitudes que les b@tes parce que plus de besoins; ne sont pas, nous mais les habitudes ne sauraient suffire: elles il s'en faut de beaucoup, en proportion l'infinie variété des situations et problèmes nouveaux sommes L'instinct des susceptibles de rencontrer. très sar, avons avec que nous animaux est mais très limité; les @tres humains, par contre, faillibles, mais leur Raison est sont illimitée et permet de répondre adéquatement à n'importe quelle situation nouvelle. Un autre point de comparaison intéressant entre et Condillac tourne autour de la notion de choix point est création particulièrement et l'utilisation exercice de la volonté important des langues parler, pour Page 101 rAtionn.l. puisque présupposent c'est agir; vouloir, et par suite, choisir. nous Descartes Ce la le libre c'est donc aussi Au début de sa quatrième f.cult.s ,lig,ndi (faculté N4dit.tion, d'élire ou de équivalent de "volonté" et "libre arbitre" la (c'est-à-dire circonstances) , ou De fait, représente "le il Descartes, à été, elles (31 ) A. Kenny, 1970, "meilleur" "approprié" moyen à dans degré zéro" de si la liberté la l'on les en vue d'indifférence liberté" (quatrième De veut. est clair que les expressions plus, pour linguistiques ont volontaire; dit ont été choisi •• comme moyen en vue d'une fin instituées par communication Réponses bas "degré l'origine, autrement, pour Descartes, plus le comme J du meilleur plan d'action à adopter d'une fin. N4dit.tion) , utilise Nous agissons librement lorsque plus le choisir) (c f . Raison prescrit à la volonté le choix du prendre (la chap. 2). 1983, et Nuchelmans, Descartes imposition des idées et pensées). Descartes affirme " pour l'ordinaire imposés par des personnes fait qu'ils ne conviennent pas toujours Dans ses les cinquièmes noms ont ignorantes, assez été ce qui proprement aux choses qu'ils signifient"; et dans les Princip.s d. philosophi. : liA peine saurions-nous concevoir aucune chose si distinctement que nous séparions entièrement ce que nous concevons paroles qui avaient été choisies pour l'exprimer" sera le choix des mots, représente, langue bien choisi. avec soin. les (3::2) Meilleur plus parfaite sera la langue. L'algèbre à l'âge classique, faite, d'avec l'exemple le plus achevée d'une langue dont tous les signes Ce n'est que par la Raison que les Page 102 d'une ont été langues peuvent se perfectionner, parce que seule la Raison rend possible un quelconque progrès dans les affaires humaines, par le choix de moyens peut plus appropriés aux fins poursuivies. parfois @tre fondé sur de mauvaises raisons (ce arriver avec des "personnes ignorantes "), arbitraire, Le choix des il mots qui mais il n'est peut jamais n'est jamais le fruit d'un simple hasard ou du caprice, et la plupart du temps, ce choix, sans être le meilleur, n'en est pas moins satisfaisant dans les circonstances le moyen choisi n'est peut-@tre pas le meilleur, mais il suffit à se faire entendre. Raison, Si et on peut dire que les langues sont l'oeuvre de que l'usage normal de la parole en est c'est avant tout parce que rationn.l, et pertinente et qu'il utilise parce qu'un "responsable" et une la preuve, les mots ont fait l'objet d'un choix locuteur ne peut parler d'une façon sans "analyser" les choisir ( 3 3 ) pensées les qu'il expressions exprime. Les notions communes ou idées innées n'ont pas grand'chose à voir làdedans. Chez Condillac, à celle de volonté. la notion de choix est analytiquement liée Dans son Tr.it4 d.s .ni •• ax, il explique que la phrase "je veux" ne signifie pas seulement qu'une chose agréable, mais encore qu'elle est l'objet de mon choix m'est (34). Et lorsqu'il explique, dans sa Sr •••• ir. (1775), pourquoi il préfère parler de signes "artificiels" (comme d'ailleurs [1675] avant lui), Bernard plut8t que de signes "arbitraires", ceci Page 103 Lamy il écrit En effet, qu'est-ce au fond que des signes arbitraires? Des signes choisis sans raison et par caprice. Ils ne sauroient donc pas entendus. Au contraire, des signes artificiels sont des signes dont le choix est fondé en raison : ils doivent ~tre imaginés avec tel art, que l'intelligence en soit préparée par les signes qui sont connus.(3~) Et un peu plus loin, il ajoute On se trompe donc, lorsqu'on pense que dans l'origine des langues, les hommes ont pu choisir indifféremment tel ou tel mot pour être le signe d'une idée. En effet, comment avec une telle conduite, se seroient-ils entendus? (3.) L. L.»9u. Dans sa dernière grande oeuvre (d'ailleurs inachevée), (parue en 1798), IIEntre Condillac écrit encore plusieurs (expressions---A.L.) il Y en a toujours une qui mérite d'être nos préférée; bien faites, "Lorsqu'un et toutes langues seroient si on avoit toujours su choisir .11 peuple choisit mal les analogies, (37) également Plus loin : il fait sa langue sans précision et sans goût, parce qu'il défigure ses pensées par des (3.) images qui ne leur ressemblent pas, Cela se produit ou qui les avilissent" "parce que nous nous contentons de savoir à-peu-près ce que nous voulons dire, et que nous nous embarassons moins avec encore de savoir ce que les autres des expressions qui sont disent, à-peu-près Page 104 nous celles qui parlons nous conviennent. Il Et en parlant des peuples, (39) au moment de la formation des langues: " ... lorsqu'ils choisissent mal, ce n'est pas qu'ils choisissent sans raison, devroit déterminer offrir. Il (40) connaissances ne c'est que la raison qui s'offre pas à eux, Ils ne choisissent pas sans et ne les peut raison, mais (les informations dont ils disposent) s'y leurs sont encore trop grossières pour leur permettre d'envisager 1. moyen le propre à servir leurs fins (celui attendue ll ). Il en va ainsi, à l'origine, pour les individus; de la parole, il en va encore de dans les langues soit, qu'il Iimaximise l' utili té pour les peuples comme m~me pour l'usage normal " po licées ll . Dans la rhétorique qu'il écrivit pour le jeune Prince (1775) , qui plus de Parme, ». l'Rrt d'~crir. il lui explique "pourquoi, dans un cas donné, quel qu'il il y a toujours une expression qui est la faut Ilarbitraire", savoir saisir." (41) Plus meilleure, une langue et est plus elle est imparfaite; c'est pourquoi l'algèbre est la seule langue Ilbien faite ll Ilrien n' y paroit arbitraire ll , dit-il. Mais les langues ne sont point Ilarbitraires l l parait ~tre langue n'est, , et ce qui un caprice d'un peuple dans le choix des mots de sa pour Condillac comme pour Descartes, qu'ignorance, défaut de jugement et mauvais goüt. S'il y a une différence entre entre les deux sur ces matières, Iidegré de liberté l l elle réside peut-~tre dans et de conscience de soi avec lequel le Page 105 le choix des mots, à l'origine, a été fait; plus ou moins "maîtres du choix", pour Condillac, nous sommes car la natur., "qui commence tout", et par la suite l'analogi., guident sans cesse nos "Les hommes qui ont fait les langues, la nature, choix. ont de même été guidés par c'est-à-dire par les besoins qui sont une suite de notre conformation" (Condillac, Sr •••• ir., p. 442). Que le besoin de communiquer nous soit naturel n'implique pas, les langues soient réfléchissons, hommes l'oeuvre de la nature. Souvent, et plus mal nous choisissons. sar, bien plus Mais les n'avaient pas le loisir de faire des choix que nous premiers sophistiqués; ils avaient probablement intérêt à ne pas se tromper, et à bien se faire entendre, car leur survie, sans doute, en dépendait; les langues n'ont pas invention été faites pour potiner et bavarder; répondait sÜrement à un besoin vital puisque tous peuples qui ont survécu y ont répondu de la même façon, dire, leur par un langage de sons articulés. les c'est-à- Mais Descartes a très peu écrit au sujet de l'origine des langues et nous ne savons pas qu'elles étaient, selon lui, les conditions dans lesquelles s'est fait le choix des mots à l'origine. une "métaphysique présidé, dans les d'instinct débuts, et Du Marsais, de lui, sentiment" à la formation des invoquait qui aurait langues, classification des choses et à l'analyse de la pensée. évoquera également une "métaphysique de sentiment" à la Condillac qui Iifait les langues" (Condillac, D. l'Rrt d. r.isonn.r, p. 620). La rationalité qui est en cause dans Page 106 la formation des langues et l'usage normal de la parole est une rationalité de Les notions communes et innées ne jouent aucun r6le particulier dans l'invention des langues et l'usage parole. Bien communiquer sar, les nos pensées langues sont d'abord de faites et la structure de notre esprit la pour impose des contraintes à l'ensemble des grammaires possibles; mais pour un pour un miroir de sensualiste rationaliste l' espri t ". comme Condillac, Leibniz, Les (42) grammairiens pas "le princ ipes moins langage qui que est s ont le invoqué s philosophes pour expliquer l'invention d'institution principes comme et l'usage normal de la parole ne des sont généraux et abstraits qui ne peuvent être par les signes pas dérivés des de l'expérience, mais simplement des maxim •• d. cheix ratiennel, des maximes du genre de celles discutées par Rawls (1971) et Richards (1971), puis Dominicy utilisées en pragmatique par (1984, chap. 3 chez Arnauld sept comportement (1976). "Une pragmatique générale") "maximes de rationalité" sémiologique Kasher dans la qui mesure M. découvre régissent tout celui-ci est où rationnel. Les maximes que nous présentons ici valent pour toute action général, en et pas seulement pour le comportement sémiologique, où les mey.ns utilisés sont d'ordre linguistique et la fin poursuivie est (principalement) la communication. Je crois qu'à l'aide de ces principes, nous pouvons reconstruire bon nombre d'explications données par les grammairiens philosophes et mettre pleinement en évidence leur caractère "raisonné". Page 107 EtAnt donné un. fin voulu. (d.sir •• , poursuivi.) un ~Qent, si celui-ci est rationn.l, il choisira le moyen 1. plus "approprié" (ou 1. plus ".~tisf~i.~nt" étant donné. les moy.ns .t l.s informations dont il dispos.) lui p.rm.ttant d'att.indr. cette fin au moindre coat, c.t.ris (P.1) p~r p.ribu.s. ce Souvent, rationalité" principe (comme [1970]); Watkins est appelé le font, par Rawls et exemple, "principe de nous appellerons (P.1), comme Richards, Le moyen le plus approprié, l'évaluation de l'agent, c'est le le moyen "meilleur" qui permet et plusieurs "approprié" figurant dans ma formulation est da. à Popper Le de [ 1967] Popper mais comme il sera ici question principes de choix rationnel, font simplement le mot (1967) . moyen, selon d'atteindre efficacement la fin visée d'une façon économique, compte tenu des moyens agent et informations disponibles dans les rationnel cherche donc à actions, ne circonstances. "maximiser" le résultat pouvons évaluer les choses du point de vue de ses Sirius. Les classiques étaient trop conscients de la "finitude" l'homme et des limites de nos capacités cognitives, nous avons le temps et les capacités passer en revue toutes les chacune de ou la solution aux problèmes qu'il rencontre. Mais nous penseurs que Un qu'il solutions possibles, un calcul coa.ts/bénéfices, pour de croire faudrait effectuer et choisir finalement pour sur celle qui, selon la règle bayésienne, "maximise l'utilité attendue". Le plus souvent, nous nous contentons d'une solution qui, sans objectivement la meilleure, sommes des s.tisfic.rs est néanmoins avant d'être Page 108 des satisfai.ant.. "maximiseurs". ~tre Nous Le passage suivant, Hume, de témoigne de la présence d'une conception assez semblable à l'âge classique Comme l'homme est un être raisonnable et qu'il est continuellement à la recherche du bonheur, qu'il espère atteindre par la satisfaction d'une passion ou d'une affection, il agit, parle ou pense rarement sans but ni intention. Il a toujours quelque objet en vue; et, quelle que soit parfois l'impropriété des moyens qu'il choisit pour atteindre sa fin, il ne perd jamais celle-ci de vue et il ne laissera même pas se perdre ses pensées et ses réflexions quand il n'espère pas en obtenir quelque satisfaction. (Op. cit., pp. 60-61). Une telle conception de courante à l'âge classique, être Il la rationalité pratique m'apparaît et elle est assez fondamentale pour attribuée aussi bien aux sensualistes qu'aux rationalistes. s'agit en fait d'une conception de "sens commun"; nous présumons toujours de la rationalité des agents dont nous voulons comprendre le comportement. Parmi les maximes de rationalité que Dominicy p. (1984, chap. 3, 119) retrouve dans l'oeuvre de Arnauld, la "maxime d'intelligibilité" dit que toute personne est censée parler de façon à se faire entendre, sans raison ni jugement. sans quoi elle parle Mais les moyens choisis peuvent ne pas toujours être ceux qui produisent les meilleurs résultats pour un observateur ou expérimentateur impartial, concerné, s'agit, quoique pour l'agent ces moyens puissent être tout à fait satisfaisants. Il pour reprendre l'expression de Watkins (1970) et Page 109 Elster (1979), d'une l'origine, rationalité ont (Descartes) , à-peu-près "imparfaite". pu @tre choisis par des Ainsi, les Ilpersonnes mots, ignorantes" ou par des personnes qui se contentaient de ce qu'elles voulaient dire à (Condillac); savoir mais ils suffisaient, en dépit de leur impropriété, pour se faire entendre efficacement. (P. 1) est un princ ipe pour @tre considéré comme rationnel, normatif chercher d'une Tel que formulé plus haut, à fin multiples faire le choix du meilleur moyen à à réaliser; applications par contre, po.itiv •• l'explication du comportement humain prendre ce principe peut pour la doit un agent en vue avoir description de et (cf., J. Harsanyi, 1976, p. 90) . Le second principe est une variante du précédent; l'appelle "principe d'inclusivité", ' et Richards, Rawls "principe de dominance" (P.2) Etant donn' d.UH plan. d·action A .t B qui n. p.uv.nt .tra m.n' • • bi.n .imu1tan'm.nt, un aQant, .·i1 ••t rationn.1, choi.ira 1. plan d·action A d. pr.f'r.nc • • B .i A p.rm.t da r'ali ••r tau. 1.. obj.ctif. vi.'. par B .t un autre (ou p1u.i.ur. autr •• > an surplu., c.t.ris p.ribus. Je ne puis être à Montréal et à Québec au m@me moment; mais aller à Montréal me permettrait de réaliser tout ce que je pourrais faire à Québec, plus certaines autres choses que je ne pourrais faire à Québec; rationnellement, je devrais donc choisir d'aller Page 110 à Montréal. L'un la fois auteurs de l'article écrivait : "Les .,thod.s l'Encyclop~di. à des un préférables aux grand nombre .~thod.s des questions isolées" de bornées, liMé thode" de générales pour résoudre questions, sont infiniment & particulières pour résoudre Nous verrons, au chapitre suivant, (43). que c'est un tel principe qui explique pourquoi les peuples, lors de la formation des langues, ont préféré un langage fait de sons articulés au langage d'action, le premier étant une méthode plus efficace, plus facile d'usage et plus complète pour l'analyse et la communication de la pensée. Le troisième principe, est nommé par Rawls par Richards, lui aussi une variante du premier, " pr incipe de la plus forte probabilité" " pr incipe de la loterie"); on peut le (et formuler comme suit (p.3) Nous Etant donn. d •• but. ou obj.ctif • • imi1air •• qui pourraiant *tr. accompli. par d.ux plan. d'action bi.n di.tinct., un aQ.nt, .'il ••t rationn.l, choi.ira toujours c.lui d•• d.ux plan. qui a 1. plu. d. chanc •• d. succ •• , c.t.,.is p.,.ibu.s. retrouvons sensiblement le m@me principe sous la plume de Descartes: "Et ainsi, les actions de la vie ne souffrant souvent aucun dé lai, c'est une vérité très certaine que, lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, Page 111 nous devons suivre (Discours les plus probables." • ,thodtt, 1• Le tout dernier chapitre de la Logiqutl troisième Partie, p. 76). de Port-Royal, dtl qui veut nous rendre plus "raisonnables dans nos espérances", et matière. Sur le plan linguistique, il peut arriver, par exemple, l'usage d'un cependant pour d'un terme usuel et en bien connu soit terme plus recherché, plus précis, "moins de chances" d'être entendu d'autres rhétorique est raisons; qu'il la par première règle vaut toujours mieux de la préférable à mais qui a l'allocutaire, abstrus ou qui ce terme peut sembler obscur, sortes partie m~e craintes que l'usage discute nos de savoir pour toutes toute à saine qui l'on s'adresse si l'on veut maximiser l'efficacité de la communication et augmenter ses chances de succès. Il ne s'agit, encore une fois, esquisse Elster de sacrifie toujours à l'originalité de chaque et une auteur. (1979) examine brièvement les théories du choix rationnel Pascal Ulysses que d'une esquisse, et Descartes (chap. and the Sirens"). II "Imperfect L'examen de celle de Rationality Leibniz sans doute aussi fort instructive (Houvtl.u.x tlss.is ••• , serait Livre IV; Ess.is dtl th'odic'tI, en particulier, le Discours dtl 1. confor.it, dtl 1. foi .VtlC 1. r.ison). De plus, ces principes devraient recevoir différentes formulations pour le court et le long terme, ou lorsque le choix implique plus d'une collective et stratégique). Par exemple, Page 112 personne (rationalité il n'est pas rationnel de changer constamment le sens des mots, m@me si ces changements représentent une réelle amélioration de la langue, changements constants communication. de Nous mettraient en danger supposons toujours une parce que ces l'efficacité de la certaine stabilité la signification attachée aux mots que nous employons n'est pas rationnel de la changer à l'insu des donner un "langage privé". sommes et il de se nous ne autres, Descartes l'avait bien vu: pas libres de changer la signification des mots une qu'elle a été reçue (cinquièmes Dominicy (1984, stabilité" toujours chap. 3, op. Réponses, pp. 114-115), cit., appelle un semblable principe chez Arnauld. autorisés attribuant allocutaire d'abord interpréter les à le sens s'attendent mots courant, p. fois 231). "maxime de Nous sommes donc d'autrui usuel. en leur Locuteur mutuellement à ce que l'un et et l'autre utilisent et comprennent les mots selon leur sens usuel. Ces principes de choix rationnel sont très souvent utilisés tacitement formation paradigmes par les philosophes classiques et l'évolution des langues, de flexions raisons d'économie, pour expliquer le choix des mots et pouvant alors @tre justifié par la des des d'efficacité, de simplicité, de commodité et d'élégance. Ils jouent formulation des règles l'efficacité du discours; également un rhétoriques grand rôle visant à dans maximiser le mot "choix" revient pratiquement (1775) Page 113 de la Condillac. à Les raisons d'ordre économique sont particulièrement importantes. Les langues humaines permettent de perceptions, pouvons ne sont viables que dans la faire des avoir beaucoup idées avec peu; mesure où le nombre car et pensées de toutes sortes ou que nous pouvons apprendre et maîtriser mots). Il y a des noms communs (quelques de langues, parce que nous ne pouvons retenir une infinité de propres, tandis qu'avec quelques centaines de noms un illettré n'importe arrive, quelle (articles, avec un situation. peu La toutes les noms communs, et un enfant ou adjectifs) , d'imagination, plupart nous moyens milliers une poignée de déterminants dans des que excède de beaucoup le nombre des mots linguistiques elles des décrire à grammairiens philosophes insistent sur cette économie considérable que permet de réaliser l'usage de noms communs (appellatifs), et sur l'usage qu'on en fait pour classifier les choses mettre de l'ordre dans nos pensées. d'abreger le discours" est constamment (genres, être (Br •••• ir. 94n4r.l • • t r.isonn4., élégante, elle plus "naturelle", avec promptitude laquelle Toute l'esprit". l'efficacité p. invoqué par les grammairiens philosophes. préférée; la moins est d'ailleurs souvent plus énergique; les et "Le désir que les hommes ont deux manières de parler également efficaces, doit espèc es) pensées Entre coüteuse jugée plus elle rend mieux la "viennent nous économie discursive qui ne met pas en de la communication est en accord 93) avec (P. à danger 1) • Le recours à l'ellipse est ainsi autorisée par la raison (Condillac, D. l'Rrt d'étonnant d'4crir., dans le p. 541). Destutt de Tracy ne fait qu'une bonne partie Page 114 de ce voit rien que nous exprimons plus demeure sous-entendu, souvent que les mots qui reviennent dans le discours (les indéclinables, prépositions et les conjonctions) soient presque le comme toujours, les dans toutes les langues, des monosyllabes, et que les mots déclinables aient la capacité d'exprimer plusieurs significations, verbes, qui peuvent exprimer l'attribut, comme les le temps, la personne, le nombre, la voix, l'existence, et l'action de l'esprit, et les noms, peuvent qui exprimer, principale, le nombre, de ses moyens; d'informations, donner s'il est signification rationnel, s'il dit peu de choses, moins à Ainsi, en leur le genre et le cas qu'il refuse de nous présupposons locuteurs donnent le maximum leur de sera s'il donne peu nous sommes autorisés à penser qu'il ne peut davantage, conversation. qu'il plus Un locuteur, 43, économe en coüte coopérer constamment d'informations assez de les dans la que les pertinentes, donner et en parce qu'ajouter des informations supplémentaires plus ou moins pertinentes serait une dépense inutile (cf., "maxime de quantité" Grammaire Générale, Dominicy, 1984, chez Arnauld). pp. Il Y quelque chose comme un effort" dans l'usage de la parole, 119-120, pour la a dans la donc, "principe du moindre ou une instance de la fameuse loi de Zipf en théorie de la communication; O. Jespersen croyait lui aussi que les langues évoluent suivant une tendance visant à obtenir un maximum d'efficacité par l'utilisation d'un minimum de moyens. Page 115 Ces Grammaire langues principes de Générale, connues rationalité à expliquer pourquoi, des grammairiens des verbes "adjectifs ll , adverbes, utiles, aussi, dans dans la plupart philosophes, il et des pronoms. s'entendaient sur ce point effet, servent y a des des Car tous, en ces parties d'oraison sont mais non nécessaires à la représentation complète de pensée dans la langue; la la on peut les éliminer, sans perte de sens, en les remplaçant par d'autres parties du discours. On peut ainsi sans perte de sens, les adverbes en les remplaçant par éliminer, des syntagmes prépositionnels = "sagement" "avec sagesse ll ; on peut faire de même avec les verbes adjectifs, que l'on décompose, en copule + participe présent suivant la tradition, Ilest aimant Il; classiques d'un les pronoms, que définissent d'abord par leur capacité à Cà nom philosophes enfin partir de reconnaissent Beauzée les cependant, grammairiens les parole) . grammairiens au pronom la fonction de marquer le l'acte de En conséquence, ces trois parties du discours ne sont nécessaires à la représentation complète de la toutes tenir lieu de l'idée qu'il représente Clconfusément ll ) à rapport pas et les langues passer. Mais communication les a théoriquement, on pourrait langues sont faites pour ses exigences. permettent une économie amoindrie par une perte d'efficacité de la dans partout s'en communiquer Les adverbes adjectifs pensée discursive et qui les et verbes n'est communication. la pas Leur invention et leur usage sont donc en accord avec les canons de la raison pratique. Les Messieurs de Page 116 Port-Royal nous demandent d'imaginer de quoi aurait l'air une conversation où les locuteurs seraient constamment obligés de se nommer au lieu de dire simplement "Je" et "tu" ... Un dernier relativement à la parole point Condillac de la nature", pas littéralement. faites en la rationalité formation des langues et lorsque l'ouvrage concernant l'usage normal de la affirme que "les langues il me paraît clair qu'il ne Cette phrase signifie : prenant pratique pour modèle le sont s'exprime les langues ont langage d'action été dont les éléments sont innés et donc "naturels". Dans son Dictionn.i,.. d.s S'Inon'l •• s, aux articles "langues" et "langage", il explique qu'il y a deux types de langage : gestes, d'abord le lanQAQ. d'action, fait de de cris inarticulés, de mouvements des yeux, de la t@te, etc., et ensuite, le lAnQAQ. d • • •on. articul' •. Le premier n'est pas le propre de l'espèce humaine; espèce animale a le sienl bien au contraire, Mais c'est le langage chaque des sons articulés qui s'appelle proprement "langue", et les langues, il y insiste, sont faites de signes d'institution attacher certaines idées, comme il le disait déjà dans su,. l'0,.i9in. d.s connoiss.nc.s hu•• in.s chap. IV). Dans "l'impuissance proprement où dite" linguistique, une sont (44) • lettre les à J.H.S. b@tes de Chez Condillac, pour l'Ess.i il Formey, se faire ce qui est parle une de langue proprement conventionnelle dépend de la réflexion et du choix. Page 117 y (1746, première partie, tout ce qui concerne l'expression de nos idées et pensées, choisis Et le mot Ilnature" veut d'abord dire, chose", pour lui, "premier état d'une et par extension, tout ce qui s'explique par les lois de la mécanique (cf., art. "Nature" et "Naturel" du Dictionn.i,.. d.s Le premier langage d'action est naturel parce qu'il n'est qu'une suite de notre "conformation naturelle"; un seul cri de douleur en dit souvent davantage que bien des jérémiades. Mais il en va autrement des signes d'institution, qui supposent une convention et une raison qui fait adopter le mot ou l'expression 419) . (op. cit., p. 431), il dit que si nous sommes conformés pour parler le langage d'action, nous le sommes également pour le langage des sons articulés. Mais ici la nature nous laisse presque tout faire. Cependant, elle nous guide encore. C'est d'après son impulsion que nous choisissons les premiers sons articulés, et c'est d'après l'analogie que nous en inventons d'autres, à mesure que nous en avons besoin. (Je souligne) . La nature nous montre la voie, Condillac, et elle continue à l'analogie, qui entendre. Le communication doit être elle "commence", nous guider dans respectée si on nos désire comme dit choix par se faire premier langage d'action demeure au niveau de animale; signes mais dès qu'il s'enrichit de la d'institution, la Raison (ou la réflexion) et le choix deviennent nécessaires. Page 118 Par ailleurs, d'une imposition l'idée que les mots résultent d'un choix volontaire (vo1ont.ry i.position) se ou trouve aussi chez Locke, le père du sensualisme moderne; on ne peut donc la réserver aux seuls "rationalistes". les cris inarticulés, les grimaces, A l'inverse, l'idée que mouvements des membres, des yeux, etc., constituent "la première des langues", se trouve dans le Discours physiqu. d. 1. p.rol. (1666) du cartésien Gérauld Cordemoy semble-t-il, naturels mais ce n'est là encore qu'une façon de (4~) puisque des l'auteur distingue aussitôt signes d'institution et affirme que seraient impossibles sans l'intervention de la Raison. "langue" "langage" et rationalistes et sont parfois les sensualistes, utilisés, pour désigner parler, ces ces signes derniers Les mots par les toute d'expression (naturelle ou conventionnelle) des pensées; sens les strict, conventionnelle utilisé lui "nature choisit des aussi les "langues" ne pensées. concernent Le mot "choix" dans un sens extensif voies choisissent par instinct " , les etc. plus par que est forme mais au l'expression quelquefois Condillac simples", les la "bêtes Mais à l'article "Préférer" Le mot de choisir marque plus particulièrement la comparaison qu'on fait de tout ce qui se présente, pour connoître ce qui vaut le plus et le prendre. (P. 453). Page 119 de du sens, la nature et les animaux ne préfèrent pas et ne choisissent pas. Quant à l'instinct, définition toutes les ré flexion (c f ., art. pour Condillac, son concept exclut par opérations "Inst inct" • auxquelles participe la Dicti onn.i "tt dtts synony.tts. p. 340) . La Raison thèse voulant que les lAnQues soient peut donc sensualistes", thèse être attribuée dans également l'ouvrage aux l'oeuvre ont fait l'objet d'un choix à une clarté satisfaisante. l'origine, clairement les signes rationnel, n'était pas forcément le meilleur choix possible, qui tout de même suffisait, la Les langues sont de la Raison parce que les sons articulés, d'institution, avec dépasser distinguent les signes naturelles des signes d'institution. la "grammairiens la mesure où ils cherchent à de l'origine divine du langage et de mais un qui choix pour se faire entendre L'usage normal de la parole est une activité rationnelle, non seulement parce qu'il faut anAlyser ses pensées pour les communiquer et lier en un tout (proposition) les signes de ces pensées, mais encore parce qu'il faut savoir choisir les signes Appropri's. Mais les principes de choix rationnels d'une certaine façon innés? Locke (Ess., ... , rej etait l' idé e qu' il y ait des "principes de Page 120 ne sont-ils pas Livre I, chap. II) prat ique " inné s, sauf peut-être cette tendance mise en nous par la nature à heureux et principe (donc notre aversion pour la misère. n'est inné e) quelconque Leibniz, que l ' expression d'une de au contraire, principe) l'est L'universalité (Houv •• ux Il se peut également que des soient la (Du de cette résultat d'une 73) . p. pourrait "dispositions" vers de bien le de ce genre d'instinct Marsais) ou de la "métaphysique Pour la vérité (le .ss.is ... , "métaphysique ce "naturelle " "inclination (naturelle) de l'âme bien". sentiments" lui, entendement. principes de choix rationnel dépendre d'une telle source notre le "s i le penchant est inné, aussi" des pour inclination l'âme vers le bien et non vérité innée imprimée dans Mais être et de sentiment" (Condillac) qui guidait "les premiers hommes" (semble-t-il à leur insu) pour la division des choses en genres et espèces et pour la formation des langues. *** Page 121 Le et principe différents à d'analogie niveaux intervient de dans la multiples Grammaire façons Générale. Chez plusieurs sensualistes (Locke, Du Marsais, etc.), il explique la genèse des c'est l'analogie qui, selon It noms généraux lt Condillac, guide (appellatifs) le choix des mots tout au formation et de l'évolution des langues. qui contribue à l'établissement morphologiques douteux, et dans une langue, C'est aussi système des lan~ue, qui règle l'usage dans les qui lui donne de la consistance, et la trop grand nombre d'irrégularités. fait que nos langues européennes aient été faites à au hasard occupations. Toutes décevantes pour linguistiques pour une s'obscurcit (modèles, langue, génie préserve Condillac déplorait partir le des parlées par des peuples qui se sont des guerres, langues les invasions, ont de ces le sens commun et les enfants faire l'apprentissage. cas autres C'est encore l'analogie qui façonne le débris de langues anciennes, la significations d'un imposés de l'analogie qui explique le mécanisme des métaphores et tropes apparentés. d'une du long conquêtes, irrégularités qui doivent en Une trop grande multiplication des formes paradigmes) car dans ce cas et se complique l t , peut de plus être "le mécanisme de la comme le remarque de propos des irrégularités causées par les changements troisième Page 122 partie, néfaste langue Saussure à phonétiques chap. IV, section 1). L'analogie établir est une sorte de raisonnement qui une proportion entre plusieurs termes en terme manquant. consiste découvrant à le De Saussure nous dit que L'analogie suppose un modèle et son imitation régulière. Un. fora • • n.logiqu• • st un. fora. f.it • • l'ia.g. d'un. ou plusi.urs .utr.s d'.prts un. rtgl. d,t.rain',. (Ibid.) Ainsi, le féminin de "directeur", etc. , donne : "directrice", Il inst i t ut eur l l, Ilinstitutrice" et Ilproduct eur ll , Ilproductrice", respectivement; le féminin de "recteurll sera donc Ilrectrice ll . si même, Ilréaction ll donne Ilréactionnaire ll , Ilrépression ll De fera "répressionnaire", etc. Ce mécanisme, les grammairiens classiques l'ont connu et bien mis en valeur, d'une façon un peu vague, ressemblance" (Condillac, même si on le définit souvent comme un simple L. L.ngu. d.s c.lculs, "rapport op. de cit., p. ~tre des 419) . Ainsi, d'après Locke, les premiers mots devaient noms propres destinés à nommer un seul objet perçu par la suite, objets constatant les ressemblances entre nommés et les objets de la même espèce, les par les sens; les premiers hommes tout naturellement étendu la signification des noms propres qu'ils désignassent également tous les objets de la Page 123 m~me ont afin espèce, les noms propres devenant ainsi, de proche en proche, communs, signes des idées générales. des noms Ici, la première nomination sert de modèle pour les autres : un objet ressemblant fortement à celui de la première nomination sera nommé de la même façon. Ce processus décrit par Locke, Du Marsais, etc., rappelle une figure trope que utiliser Du Marsais appelle "antonomase", un et qui nom propre comme s'il s'agissait d'un consiste nom à commun; c'est ainsi que nous disons d'un homme grand et fort que c'est un "Hercule", c'est ou d'un autre qui se donne des airs triomphants, un "Napolé on" , concevoir la contraire, etc. Leibniz s'opposait à cette façon genèse des noms appellatifs; il prétendait, que de au que beaucoup de noms propres, à l'origine, avaient un contenu général descriptif (Houv •• ux .ss.1s ••• , Livre III, chap. III) . A l'origine, le choix des premiers mots, chez Condillac en particulier, mais "fondé en raison", ne devait pas nous l'avons vu "arbitraire", ~tre et un choix fondé en raison est un choix qui peut @tre "justifié", pour lequel on peut donner une "raison " (cause finale), en montrant, par raisonnement pratique, le lien qui unit la raison donnée au choix effectué. sans doute, Or, l'analogie est dans les commencements et par la suite, moyen de se faire entendre, telle façon toute personne car elle fait choisir les signes que leur signification soit aisément connaissant le plus sar les autres signes connaissant seulement certains traits saillants et Page 124 entendue déjà admis de par ou pertinents du contexte d'énonciation. langue, les Dans de l'origine philosophes classiques font souvent ressemblance son-chose: plus leur théorie intervenir le mot (son) nouvellement utilisé de chances d'être entendu s'il évoque déjà la nomme. Les enfants utilisent ignorent "le mot juste"; souvent ce le son caractéristique qu'elle produit. ont des mots formés de cette façon, que procédé aura qu'il lorsqu'ils Toutes les même si leur langues nombre n'est en français, par exemple, nous disons que les chats "ronronnent", croyait chose la ils remplacent alors le nom de la chose par jamais très élevé; des que les crapauds "coassent", c'est en procédant de cette manière nommé les animaux dans le Paradis Terrestre. etc. Leibniz qu'Adam avait Par ailleurs, si on désire introduire un néologisme dans la langue, on essaiera de le faire, autant aisément ait de façon à ce qu'il que possible, par les locuteurs compétents de la langue, même besoin d'avoir recours à une permet ainsi de limiter les effets absolu profit au absolument Les modi fié e, qui l'arbitraire arbitraire (Tisch etc.) , moderne, de "tablette" langues, pour relatif. de Si "attabler" l'arbitraire "tabl e l l en exprimer la le sont même idée qu'on explicite. en allemand, et compris sans définition L'analogie moins. soit est grec relativement diversement choisissent presque toutes de faire usage de morphèmes modifient, légèrement mais distinctement, le m~e mot (le même "radical"), plutôt que de créer à chaque fois un mot nouveau et distinct. Par exemple, "amoureusement" , les mots lIamour", lIaimera", lIaimât l l , principal. (disons, l'idée d'amour), Page 125 "aimer", "aimant". etc., expriment la mais chaque fois m~e id •• modifiée par diverses id ••• Acc.ssoir •• , qu i s" 1 a j 0 u t en t" à l ' i dé e (ou signification) principale d'un mot, pour déterminer s'il signifie à la manière d'un - substantif, d'un infinitif, d'un participe présent, d'un adverbe, ou d'un verbe avec telles circonstances de temps et de signification principale, modes. Pour complète les des classiques, d'un mot se compose d'abord d'un. la idée quelquefois appelée significAtion obj.ctiv., et puis de certaines idées accessoires, par grammairiens morphèmes (qui qui peuvent marquent alors exprimées ~tre le significAtion form.ll. ou .p'cifiqu. du mot, plus soit souvent la s'il signifie à la manière d'un substantif, d'un adjectif, d'un verbe, etc., ou s'il est de tel genre, tel nombre, tel cas, à telle personne, tel mode et tel temps), soit par l'intonation ou l'expression du visage au moment de l'énonciation. joindre (régulièrement (Certaines idées accessoires peuvent se ou à l'occasion) dans l'esprit des locuteurs à la signification principale des mots qu'ils utilisent ou entendent et les faire paraître "injurieux, civils, aigres, honn~tes", etc., comme disent les Messieurs; par exemple, pour un puritain, le élevée peut mot avoir quelque chose de dégradant (Pour la théorie d. "bordel" dans la bouche d'une p.ns.r (1662), des idées accessoires, chapitres XIV et XV; cf. ou personne bien d'avilissant. L. Logiqu. ou l'.rt nous y reviendrons au chapitre suivant). Les phénomènes analogiques Page 126 concernent surtout les significations étranger "formelles" nouvellement linguistique verbales, prendra morphologiques; introduit dans l'usage tout naturellement les adjectivales, par cette communauté ou adverbiales, (comme "tripper ll , ainsi, un mot d'une communauté formes nominales, etc., de la langue parlée Iitrippant Il, "trippatif", etc.), et devra être décliné et conjugué selon les formes que lui impose ces formes (modèles ou paradigmes) qui donne de la consistance à une langue et sa langue adoptive. C'est le respect de tend à réduire les irrégularités qui pourraient la rendre plus en plus difficile et compliquée. Tel déclinera ou se conjuguera comm. tel autre, autre. On voit système de formes mode, en nouveau se sur le modèle de tel tout de suite l'économie formidable qu'un tel (pour le genre, le nombre, le cas, le temps, le etc.) permet de réaliser, discours mot de et la clarté qu'il apporte liant les éléments de la chaine parlée comme au ils doivent l'être, selon le nombre, le genre, la personne, le temps, etc. le Si le féminin de "recteur" futur du verbe "aimer" sémant ique ll faire devait être "blitigri", faisait "broubaga", (comme disent les cognitivistes) les frais ... notre devrait C'est pourquoi Turgot écrit ou si "mémoire alors ilL' ordre objets qu'on a les premiers désignés dans les langues, a été en des le même partout, ainsi que les premières métaphores et les premières idées abstraites gui règlent les conjugaisons. l'analogie des langues les plus barbares", les déclinaisons, (Di scou.,-s su.r Porset, 1970, p. 133; je souligne), Ailleurs Page 127 ("S ur les progrès de l' esprit humain" [1750]), Turgot parle encore de c'est à dire l'art de former des conjugaisons, d'exprimer les rapports des objets, l'''analogie, les déclinaisons, d'arranger les expressions dans le discours" (également dans 1.I.,.i. 1inguistic., p. 127). C'est encore métaphores. (1730), Du l'analogie qui explique le mécanisme des Marsais, montre qu'un locuteur qui fait une métaphore a toujours une "comparaison dans l'esprit"; •• t.pho,. • • st b,..vio,. si.i1itudo disait c'est Quintillien; dire d'une personne qu'elle est dire qu'elle est (ou se comporte) comm. un ressemble à un loup sous tel ou tel rapport, d'analogie était déjà invoqué des etc. Le qu'elle principe grammairiens litigieux; dans ses R••• ,.qu.s su,. 1. 1.ngu. ,,..nçois. (1647), il exemple, que nous devons dire témoin" et non "je vous prends à témoins", "je etc. vous prends à partie", (46) • pour et non régler comme qui par constamment loup, loup, Vaugelas, conclut, l'utilisait par un des Ilje vous prends cas à parce que nous disons "je vous prends à parties", Condillac attachait à ce principe une telle importance qu'il allait jusqu'à dire que les principei de toutes les langues se réduisaient au fond à deux l'analogie (8,. •••• 1,.., L'analogie l'analyse (de la pensée) et p. 431). s'oppose à l'anomalie qui est Page 128 un écart par rapport peine, beau à la loi ou à la règle. pour terminer cette section, passage de l'article Et je pense qu'il vaut la de citer in .xt.nso ce très "Encyclopédie" de Diderot dans l'Encyclopfdi., qui traite de l'analogie et des écarts (comme les idiotismes) par rapport à l'analogie dans le cadre "grammaire générale raisonnée" Elle (= l'Académie française) n'aura pas oublié sans doute de désigner nos gallicismes, ou les différens cas dans lesquels il arrive à notre langue de s'écarter des loix de la grammaire générale raisonnée; car un idiotisme ou un écart de cette nature, c'est la même chose. D'où l'on voit encore qu'en tout il y a une masure (sic) invariable & commune au défaut de laquelle on ne cannait rien, on ne peut rien apprécier ni rien définir; que la grammaire générale raisonnée est ici la mesure; & que sans cette grammaire un dictionnaire de langue manque de fondement, puisqu'il n'y a rien de fixe à quoi on puisse rapporter les cas embarras sans qui se présentent, rien qui puisse indiquer en quoi consiste la difficulté, rien qui désigne le parti qu'il faut prendre, rien qui donne la raison de préférence entre plusieurs solutions opposées, rien qui interprète l'usage, qui le combatte ou le justifie, comme cela se peut souvent. Car ce seroit un préjugé que de croire que la langue étant la base du commerce parmi les hommes, des défauts importans puissent y subsister long-temps sans être apperçus & corrigés par ceux qui ont l'esprit juste & le coeur droit. Il est donc vraisemblable que les exceptions à la loi générale qui resteront, seront plutôt des abréviations, des énergies, des euphonies, & autres agréments légers, que des vices considérables. On parle sans cesse, on écrit sans cesse; on combine les idées & les signes en une infinité de manieres différentes; on rapporte toutes ces combinaisons au joug de la syntaxe universelle; on les y assujettit tôt ou tard, pour peu qu'il y ait d'inconvénient à les en affranchir; & lorsque cet asservissement n'a pas lieu, c'est qu'on y trouve un avantage qu'il est quelquefois difficile, mais qu'il seroit toujours impossible de développer sans la grammaire raisonnée, l'analogie et l'étymoloPage 129 de la gie, que j'appellerois les ailes de l'art de parler, comme on a dit de la chronologie & de la géographie que ce sont les yeux de l'histoire. *** Page 130 NOTES (1) Le seul exemple que j'aie rencontré d'une application de la méthodologie de Lakatos à une science humaine se trouve dans un article de Mark Blaug, "Kuhn versus Lakatos, or Paradigms versus Research Programmes in the History of Economics", dans P.r.dig.s & R.vo1utions. Applications and Appraisals of Thomas Kuhn's Philosophy of Science, éd. par Gary Gutting, Notre Dame, University of Notre Dame Press, 1980. Blaug applique l'approche de Lakatos, qu'il estime préférable à celle de Kuhn, aux théories keynésiennes (cf., en particulier, pp. 147 et suiv.). Lakatos lui-même estimait que le marxisme n'était qu'une pseudo-science, à cause de l'attitude de ses partisans devant les problèmes suscités par certaines "anomalies" (les événements de Hongrie en 1956) ou par l'échec de certaines prédictions (la paupérisation absolue du prolétariat), en invoquant des théories qui n'ajoutaient aucun contenu empirique corroboré par les faits; ainsi la contre-révolution hongroise ne serait pas une "authentique" contre-révolution, mais les marxistes ne se donnaient pas la peine de préciser ce qu'est une "authentique" contre-révolution; ils répondaient de même au problème de la paupérisation absolue en créant une théorie .d hoc -- celle de l'impérialisme-- dont le seul support empirique était justement le non-appauvrissement de la classe laborieuse des pays occidentaux industrialisés. John Worrall, par contre, arrive, lui, à la conclusion que le marxisme est bien un programme de recherche scientifique, mais un programme "décadent" ou "dégénérescent"; à ce sujet J. Worra11, "The Ways in which the Methodology of Scientific Research Programmes Improves on Popper's methodology", dans Progr.ss .nd R.tion.1ity in Sci.nc., éd. par G. Radnitzky et G. Andersson, Dordrecht, Reidel, 1978, pp. 55 et suiv.; voir aussi la note 33. (3) S. Auroux, L. S'.iotiqu. d.s Encyc1op'dist.s, p. 228, note 159; et M. Dominicy, L. N.iss.nc. d. 1. gr •••• ir • • od.rn., p. 14. (4) S. Auroux, ilLe temps verbal dans la Grammaire Générale", dans Innov.tion . t systt •• , chap. 1, manuscrit. (5) Cf., Chomsky, L. Linguistiqu. c.rt'si.nn., p. 54 (pagination de l'édition originale anglaise); et J.-C. Pariente, LI~n.1ys. du 1.ng.g • • Port-Roy.l, pp. 109-110. (6) Sur l'influence d'Augustin à Port-Royal, cf. A. Robinet, L. L.ng.g • • 11*g. c1.ssiqu., Paris, Klincksieck, 1978; d'après Dominicy (1984, p. 15), Robinet exagère la portée de cette influence; sur l'influence d'Aristote, on peut lire, par exemple, les premiers textes du recueil de Joly et Stefanini, L. Sr •••• ir. Page 131 S'n'r.l •. Des Modistes aux Idéologues, 1977. (7) D. Hume, Enqu.t. sur l'ent.nd ••• nt hu•• in Paris, Aubier Montaigne, 1947, p. 59. (trad. fran.) , (8) P.L. Moreau de Maupertuis, R'fl.xions philosophiqu.s sur l'origine des l.ngu.s.t 1. signific.tion d.s .ots, dans V.ri. linguistic., éd. par C. Porset, Bordeaux, Editions Ducros, 1970, p. 27. (9) A. -R. Turgot, "Remarques critiques sur l es Ré flexi ons philosophiques de Maupertuis sur l'origine des Langues et la signification des mots", dans V.ri. linguistic., p. 26. (10) Condillac, Corr.spond.nc., Condill.c, Vol. 2, p. 537. dans O.uvr.s philosophiques de (11) Maine de Biran, "Note sur les Réflexions de Ilaupertuis et Turgot au sujet de l'origine des langues", dans R. Grimsley (éd.) Sur l'origine du l.ng.g., Genève, Droz, 1971, p. 87. (12) Ibid., p. 88. (13) A propos des analyses bipartites de la proposition à classique, cf. Nuchelmans, 1983, chapitres 5 et 9. l'âge (15) S. Auroux, ilLe temps verbal dans la Grammaire Générale", op. cit. (16) Cf. Du Marsais, le premier Logiqu• • t Princip.s d. Sr •••• ir •. article de sa Logiqu., dans (17) Condillac, Ess.i sur l'origin. d.s connoiss.nc.s hu•• in.s, dans O.uvr.s philosophiqu.s d. Condill.c, vol. 1, première partie, section première, chapitre premier. (18) Cf. la lettre à Maupertuis citée plus haut à la notei•. (19) Cf. G. Mounin, L.s Probl ••• s th'oriqu.s d. 1. tr.duction, Paris, Gallimard, 1963, pp. 21-22. (20) A. Martinet, El' •• nts d. Armand Colin, 1970, p. 20. linguistiqu. g'n'r.l., Paris, (21) Par exemple, selon J. T. Andresen, IIFranç ois Thurot and the First History of Grammar in Historiogr.phi. linguistic., V:1/2, 1978, p. 49; et Rüdiger Schreyer, IICondillac, Mandeville, and the Origin of Language in Historiogr.phi. linguistic. (même numéro) , p. 20, Condi llac est censé rej eter l' idé e cartésienne, adoptée par Port-Royal, d'une invention rationnelle du langage. Mais nous verrons plus loin que cette affirmation n'est vraie que du premier langage d'action; elle cesse de l'~tre ll ll , , Page 132 pour un langage d'action plus développé, comme la danse ou la pantomime, et à plus forte raison pour le langage des sons articulés et "choisis", comme le dit bien Condillac. Nous verrons aussi que le premier langage d'action n'est pas le propre de l'espèce humaine (chaque espèce animale a le sien), et que le mot "langue" ne s'applique proprement qu'au langage des sons articulés, c'est-à-dire un langage fait de "signes d'institution" choisis pour la représentation et la communication des pensées. L'affirmation de Condillac ("les langues sont l'ouvrage de la nature") ne peut être interprétée littéralement; c'est la raison humaine, dans s on usage "pratique", qui faç onne les signes "artificiels", et non pas la nature, quel que soit le sens que l'on donne au mot "nature". Par ailleurs, R. Grimsley, dans l'''Introduction'' de son recueil Sur l'ori')in. d.s 1.n')u.s, p. 20, prétend que Maine de Biran, parce qu'il "croit que le langage garde toujours un rapport vital avec la raison", montre par là qu' "il se rapproche... bien plus du rationalisme que de l'empirisme". Les rationalistes n'ont jamais eu le monopole de la Raison; les sensualistes avaient eux aussi une conception de la Raison et j'estime que son rale dans leurs théories de l'origine et de l'usage du langage est loin d'être négligeable. Aarsleff défend la même idée; cf. "The Tradition of Condillac The Problem of the Origin of Language in the Eighteenth Century and the Debate in the Berlin Academy before Herder", dans Dell Hymes (dir.) Studi.s in th. History of Linguistics. Traditions and Paradigms, Bloomington et Londres, Indiana University Press, 1974, p. 118 "If by rationalism is meant the doctrine that reason is the principal source of certain knowledge as weIl as of aIl ordered knowledge even when not certain in that sense, then Locke was surely nothing but a rationalist, in spite of all that we have been told to the contrary -- though chiefly by Victorian conservatives"; on trouve le même texte dans Fro. Lock. to S.ussur., pp. 146-210. On lira également avec profit l'''Introduction'' à L' •• piris•• d. Lock. de François Duchesneau (La Haye, Martinus Nijhoff, 1973), qui met en perspective les relations de Locke à l'oeuvre de Descartes et des cartésiens. (22) Cf. Cassirer, L. Phi10sophi. d.s for •• s sy.bo1iqu.s (1923), Tome 1, Paris, éd. de Minuit, 1972, p. 92. (23) Aarsleff, "The History of Linguistics Chomsky", dans Fro. Lock. to S.ussur., p. 106. and Professor (24) Bouveresse, "La linguistique cartésienne Grandeur et décadence d'un mythe", dans Critiqutl, fasc. 384 "Comme beaucoup d'autres " Chomsky sous-estime totalement l'aspect profondément rationaliste de la pensée de Locke et se méprend sur la signification exacte de sa polémique contre l'innéisme, qui est, entre autres choses, un plaidoyer pour le libre examen, la rationalité et la tolérance contre l'autorité et la tyrannie, dont chacun sait qu'elles n'ont que trop tendance à se retrancher derrière des vérités et des principes "innés", c'est-à-dire supposés évidents et indiscutables pour tout homme normalement constitué." (pp. 422-423). Plus loin, Bouveresse trouve étonnante Page 133 (tout comme Aarsleff) l'absence de Condillac dans les références historiques de Chomsky, et il ajoute: "Pour Condillac comme pour Leibniz, le langage est bien le miroir de l'esprit humain: son origine et ses progrès sont le reflet direct des capacités créatives et évolutives de la raison humaine et constituent une voie d'accès privilégiée à la connaissance de l'être humain." (P. 424) . (25) J. Choui 11 et, "Descart es et le problème de l'origine des langues au XVIII- siècle", dans Dix-huitit •• sitc1., IV, p. 51. (26) P. Hasard, L. Cris. d. 1. consci.nc • • urop'.nn., 1680-1715, 2, Gallimard, 1969 (première édition, Arthème Fayard, 1961), p. 10. (27) P. Chaunu, L. Civi1is.tion d. l'Europ. d.s Lu.itr.s, Paris, Flammarion, 1982, (première édition, 1971), p. 198. (28) F. Thurot, dans ses Remarques à sa traduction du H.r.ts de James Harris (1796) (éd. par A. Joly, Genève-Paris, Droz, 1972) parle d'une "faculté connective et unifi.nt." (qui est manifestement la Raison), qu'il décrit en ces termes : "Au moyen de cette faculté, l'esprit considère une idée générale dans plusieurs individus, une seule proposition dans plusieurs idées générales, un syllogisme dans plusieurs propositions; jusqu'à ce qu'enfin, à force de multiplier et d'unir les uns aux autres les syllogismes, comme ils doivent être liés, il s'élève aux régions brillantes et immuables de la science." (P. 378). Soit dit en passant, Thurot est un sensualiste avoué, grand admirateur de Condillac, qu'il considérait comme l'égal des Képler et Newton; et comme grammairien, il le juge même supérieur à Du Marsais. Cf., F. Thurot, T.b1 •• u d.s progrts d. 1. sci.nc. gr •••• tic.1., (Discours préliminaire à H.r.ts), 1796, éd. par A. Joly (1970), p. 117. (29) J'emprunte cette expression, J.-C. Pariente, 1985, p. 54. inspirée de Chomsky (1966), à (30) Condillac,Tr.it' d.s .ni •• ux, dans O.uvr.s phi1osophiqu.s d. Condi11.c, Vol. 1, p. 363. (31) Descartes, 1974, p. 231. H'dit.tions .'t.physiqu.s, (32) Descartes, Princip.s d. Phi1osophi., Frères, 1973, première partie, # 74. 5- Réponses, P.U.F., Tome III, Garnier (33) Martinet, E1' •• nts d. 1inguistiqu. g'n'r.1., Paris, Àrmand Colin, 1970, p. 27 : "11 est clair que tous les choix que fait un locuteur à chaque point de son discours ne sont pas des choix gratuits." Voir aussi p. 32. Page 134 (35) Condillac, 9r •••• ir., op. cit., p. 429. (36) Ibid., p. 431. (37) Condillac,L. 1.n9u. d.s c.1cu1s, dans O.uvr.s philosophiqu.s d. Condill.c, Tome II, p. 419. (38) Ibid., p. 419. (39) Ibid. (40) Ibid., p. 420. (41) Condillac, D. l'Rrt d"crir., dans O.uvr.s philosophiqu.s d. Condill.c, Tome I, p. 517. (42) Cf., Bouveresse, op. cit., p. 424. (43) Article d'Alembert. "Méthode " de l'Encvclop'di. de Diderot et (44) Condillac, Lettre à J.H.S. Formey, 25 février 1756, dans Corr.spond.nc., O.uvr.s philosophiqu.s d. Condill.c, Tome II , p. 540. (45) Cordemoy,Discours phvsiqu. d. 1. p.ro1. (1666), dans O.uvr.s philosophiqu.s, éd. par Clair et Girbal, Paris, 1968, p. 197. (46) Vaugelas, R••• rqu.s sur 1. 1.n9u. fr.nçois. (1647), cité par M. Arrivé et J.-C. Chevalier, L. 9r •••• ir., Paris, Klincksieck, 1970, p. 31. *** Page 135 CHAPITRE DEUXIEME LA GRAMMAIRE GENERALE CLASSIQUE EN TANT QUE PROGRAMME DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE 1 LA CEINTURE DE PROTECTION Les six principes qui constituent, dur de la Grammaire Générale épistémique. philosophes les Il n'est développé donc pas étonnant que et objections de toutes plusieurs théories inspirées des principes du noyau dur, en effet des réponses à des en danger du programme signalé l'ensemble le noyau ont un très haut degré les aient cherché à les protéger contre contre-exemples ainsi à notre avis, ou d'utilité grammairiens les anomalies, sortes. hypothèses de qui proposent pourraient recherche. ont auxiliaires et ces théories questions Ils mettre Nous avons au commencement du chapitre -premier que la 8r •••• ir. la Logiqcul de Port-Royal contenaient une Ilheuristique positive ll , un certain nombre d'indications ou de suggestions sur la fa~on développer des théories respectant les principes du noyau dur les mettant à l'abri de la falsification. d'une Grammaire Générale, créé un. et En de en l'idée avan~ant les Messieurs n'ont donc pas seulement (comme théorie, Page 136 Einstein en 1905 pourrait-on dire) , quoique la plupart de ces théories aient été surtout développées par les grammairiens du siècle suivant. Si la pensée est la même partout et pour tous, vient la difficulté de traduire? alors d'où et d'où vient que l'ordre mots n'est pas le même dans toutes les langues? Si les des langues se forment partout sur les mêmes principes, alors d'où vient leur diversité? Les principes universels de la sont-ils à l'oeuvre dès le départ? Et Grammaire comment Générale expliquer que certaines parties du discours jugées "nécessaires" à l'expression de la pensée ne se trouvent pas dans particulier les langues anciennes ou est à principes d'économie (l'efficacité au "synonymes", et moindre inutilement, etc.)? métonymies, synecdoques, de et cette d'idiotismes (latinismes, synonymie, de la Raison commune pas multiplier les entités profusion de tropes ironies, hyperboles, (métaphores, etc.), et gallicismes, germanismes, anglicismes, de Les théories des idées accessoires, de la l'inversion et de l'ordre naturel des tropes et autres figures, Grammaire Générale; mots, des de la traduction, et de l'origine des langues, s'inspirent toutes, à la qui parait contredire les qui se moquent des règles de la langue et y introduisent tant d'irrégularités? de ne (en comment expliquer cette simplicité coat, langues "primitives")? Si la Raison l'oeuvre dans toutes les langues, profusion de termes dits etc.), certaines l'~ge classique, des enseignements en retour, Page 137 elles répondent à ces questions et protègent les éléments les plus importants du dur (la théorie l'universalité de de la la signification, le noyau postulat pensée et de l'uniformité de la de nature humaine, le principe de rationalité, et le principe d'analogie). Dans la Sr •••• ir. et la Logiq«. de Port-Royal, des indications auxiliaires". siècle pour de ces "théories que reviendra la tâche de les construire, plus ou moins ordonnée, autour du noyau augmentant, faits observés. par ajouts On trouvera, successifs, d'une dur Grammaire Générale, laquelle se développe ainsi en une théories trouve Mais c'est surtout aux grammairiens philosophes du suivant manière développer la plupart on de la .'ri. de l'adéquation tout au long de ce aux chapitre, indications historiques relatives aux principaux des moments qui ont marqué les développements de notre ceinture de protection. • La théorie important des idées accessoires centrale tropes et la théorie de la notions, d'autres (notion typiquement théorie que traduction. nous présenterons, la et par sert d.. donc la du accessoire théorie ;'ni. C'est "dix-hui tiémiste") . fort protection Elle comme celle de Page 138 rôle La notion d'idée pour la théorie d. la synonymie, définir cette un dans la construction de la ceinture de noyau dur de la Grammaire Générale. est joue encore des à langu •• d'abord suite les théories qui en dépendent directement (théories de la et des tropes). Nous examinerons enfin synonymie les théories de l'ordre naturel des mots, de la traduction et de l'origine des langues. *** 1) LES IDEES ACCESSOIRES M. Dominicy (L. N.iss.nc. d. 1. gr •••• ir• • od.rn., p. 132), dont l'érudition est inconstestable, signale théorique" de la notion d'idée accessoire Il jus qu' ici . " ajoute, avec raison, que le lin' a guère été que "la notion "statut étudié d'idée accessoire survivra encore au XVIII- siècle" (ibid.). Je voudrais montrer dans cette section que la notion d'idée accessoire a seulement survécu au XVIII- siècle, notion protéiforme, "signification principale" subsumant ajoutée", et mais s'est développée en une pratiquement toutes espèces ajoutée "objective" tantôt d'un à philosophes anglais apparentée, celle de aient Français, mot, souvent quoique eu "consignification". Page 139 de la "signification tantôt "signification spécifique". Il s'agit enfin d'une surtout développée par les non sa notion qui fut les recours à grammairiens à une notion Nous l'avons vu (chap. 1, section 1) classiques, le le monde se divise en choses, la pensée en idées, et discours en mots; et les mots sont les signes des idées sont des représentations des choses. bien : chez les grammairiens existent par elles-mêmes, (accidents, qualité s, existent par elles-mêmes (cf., Les choses représentées, ou ou bien sont attributs, qui modes, des modifications etc.) des choses par exemple, qui L. Logiqu. ou l'.rt d. p.ns.r, première partie, chap. II, p. 73; ou la Sr •••• ir. Condillac, p. 456). Les premières s'appellent substances, et les secondes, dont l'existence dépend de s'appellent attributs (ou propriétés, celle des accidents, de substances, etc.) . Sur le plan de la pensée et du discours, on retrouve la même dichotomie: il y a des idées principales et accessoires, et de même, des mots "principaux·· et "accessoires". Les mots principaux sont ceux qui désignent les "objets de nos pensées"; ce sont des des mots possédant par eux-mêmes une signification, et dans cette signification notre modifier id.. esprit indépendamment de substantifs nominatif) est une (utilisés toute référentiellement, sont de cette espèce. (c'est-à-dire principal. autre qui existe idée. Les c'est-à-dire au Mais d'autres mots servent d.t.rmin.r en étendue ou axpliqu.r à [ou d.v.lapp.r] en compréhension) les mots principaux, et souvent les "accessoires·· des mots principaux ne sont distincts, mais des flexions adjectifs, selon Condillac (Sr •••• ir., des idées accessoires, pas d'autres mots (nominales ou verbales). Ainsi, les p. 454), n'expriment que contrairement aux substantifs, qui eux expriment des idées principales. Les premières n'existent que par Page 140 les secondes qu'elles modifient selon exemple, certains dans rapports. "frère" exprime Par l'idée principale, tandis que "votre" et "illustre", expriment des idées accessoires. De ces trois idées, celle de frtr. est la principale; et les deux autres, qui n'existent que par elle, sont nommées .cc.ssoir.s, mot qui signifie qu'elles viennent se joindre à la principale, pour exister en elle et la modifier. En conséquence, nous dirons que tout substantif exprime une idée principale, par rapport aux adjectifs qui le modifient, et que les adjectifs n'expriment jamais que des idées accessoires. (Condillac, Sr •• •• ir., p. 454) Les adjectifs expriment toujours, m~me accessoires, chez Condillac, lorsqu'on les retrouve dans les des idées verbes dits "adjectifs", sous la forme de participes. Comme c'est déjà le cas l'attribut exprimé un verbe adjectif est une "signification jointe", temps et de la personne (p. comme le disait déjà Leibniz), le premier cas, comme celle du Les suiv.). (ou en adjectifs "intension" ou en .t.ndu. (extension), ils indiquent qu'une qualité existe dans Dans un comme la blancheur dans Socrate lorsque je dis : "Socrate est blanc", frère " , et les substantifs en compr'h.nsion modifient sujet, 96 par Dans la second cas, l'adjectif détermine le certains conditions cas, de les idées par exemple "votre" dans "votre substantif en accessoires vérité d'un énoncé, Page 141 extension. semblent lorsqu'elles affecter modifient Dans les en extension une idée principale, restreignent l'application; c'est-à-dire en déterminent ou en idée est modifiée en compréhension, les conditions de vérité ne sont pas affectées. "les hommes qui sont Par exemple, charitables", restreint la dans dans proposition l'extension cas où une incidente sont ne pourrait donc supprimer l'incidente sans changer la valeur de vainquit Darius", dans aux sont on mais sujet pieux pieux; vérité; du les "Alexandre, l'incidente changer la valeur de vérité seuls hommes qui était fils pourrait être de Philippe, supprimée sans (cf. Pariente, L'Rn.1vs. da 1.ng.g• • Po,.t-RoV.1, p. 61 et suiv.; aussi Auroux et Rosier, "Les sources historiques de L.ng.g.s, déc. la conception 1987) . de deux Toutefois, types dans de relatives", certains cas, suppression d'une relative explicative (ou non restrictive) affecter la valeur de vérité, en particulier lorsque le la peut contenu de la relative entretient un rapport intime avec l'attribut de la comme dans "Alexandre, qui était fils de proposition principale, Philippe, p.ns.,., était seconde petit-fils d'Amintas" (L. Logiqa. oa l'.,.t Partie, ailleurs, chap. VII, p. 171). Par lorsqu'un substantif figure en position d'attribut un philosophe") , il modifie le sujet en étendue, appartenance à éléments discours du une classe. Le sujet substantifs qui peuvent individus dans le discours; qu'obliquement, Les introduire ("Socrate est indiquant sont les comme "Socrate" dans "la blancheur de être plus ou moins complexes. Le sujet Page 142 son seuls directement mais il arrive qu'ils ne le et l'attribut d'une proposition d. des fassent Socrate". grammaticale (un substantif), peuvent selon Condillac, des peut @tre propositions modifié soit par des adjectifs, incidentes, précédée d'une préposition soit par un ("de Socrate") autre Les soit par substantif prépositions à cet égard jouent un rôle des plus importants, en particulier chez Condillac modifier et Destutt de Tracy; un substantif toutes les façons (qu'il soit sujet ou différents rapports marqués par les ainsi, Il l'incidente P oè t e gé nia 1" , l'adjectif "qui a du génie", équivaut à laquelle équivaut à son tour à : Ilpoète de génie". Et lorsque l'attribut est un adjectif transformé en participe marchant] Il, exprimant suj et, le comme idées les l'attribut dans accessoires peuvent se prépositions; Igénia1" un simple rapport marqué par une préposition modifiant de attribut) réduisent aux dans possibles encore "Aristote associées ~tre marche à et [est l'adjectif modifiées par des substantifs précédés d'une préposition, c'est-à-dire des adverbes ("Aristote marche [est marchant] lentement [avec lenteur] "). circonstances de temps et de lieu sont les accessoires le verbe qui ne signifie proprement que la "~tre", Les modifiant co-existence de l'attribut dans le sujet. Les substantifs, les adjectifs, les prépositions et le seul verbe "~tre" pour exprimer complètement p. 456). toutes suffisent donc, nos pensées en théorie, (Condillac, Ce sont là les vrais "é1émens du discours", tandis que les verbes adjectifs, les pronoms, les adverbes et les conjonctions sont des expressions composées équivalentes à plusieurs éléments du discours. nous l'avons propo.i t ion, et "dérivées", Destutt de Tracy, d. 1. qui sont n.c ..... ir •• à l'expression complète de la vu, distinguait de Page 143 m~me les 'l'm.nt. pensé e, (ou de l'oraison), commodes, utiles, mais non nécessaires, qui car ils sont sont toujours équivalents à plusieurs éléments de la proposition. La notion d'idée accessoire, au XVIII- siècle, est de plus fondamentale pour la morphologie verbale : Chaque forme qu'on fait prendre au verbe, ajoute quelque idée accessoire à l'idée principale dont il est le signe. Avoir de l'amitié ou de l'amour est, par exemple, l'idée principale que le verbe . i •• r signifie dans toutes ses variations, et chaque variation exprime ce sentiment avec différens accessoires. Le présent est l'idée accessoire de la forme j'.i •• ; le passé l'est de la forme j'.i •• i, et le futur, de la forme J'.i •• r.i. (Condillac, Sr •••• ir., p. 469). Cette conception des flexions verbales temporelles n'est pas sans rappeler la définition chap. aristotélicienne du verbe 2) dans la traduction de consignific.r•. Boèce, De m@me, chez Priscien, le temps et le mode sont des significations lIajoutées l i Les modes sont : le verbe signifie cu. t •• poribus également considérés Condillac comme des lIaccessoires du verbe ll , par Beauzée et Beauzée assure que les modes définis ou personnels se distinguent entre eux par idées accessoires destinés à qu'ils servent à exprimer. marquer le nombre et le genre dans Page 144 et Les les les morphèmes substantifs sont encore appelés, par Destutt de Tracy, des "accessoires" (cf. sa 8r •••• ir., p. 73). Un siècle plus tôt, dans la Logiqu. de Port-Royal, les idées accessoires avaient compte tenir de ce ces "connotations", d'abord été introduites que nous (en appelons valeurs Ilaffectives" partie) aujourd'hui logique Mais le mot courant au Moyen âge dans la terministe) n'est plus guère utilisé à l'âge classique. 31-32-33) , Ilconnotationii apparatt, Iisignification confuse ll adjectifs ll vaguement dits IIconcrets", comme directement les obj ets et et (ou obliquement blancheurs les Ils montrent significations"; obliquo) , et signification que mot désigner une de ces aussi l'une (p. 34) Cet usage rappelle logic •• , pour les termes Ilblanc ll , blancs, qui et obj et s . que est distincte C 1) fait Les signifie ou enfin Messieurs l'adj ect i fil l'adjectif mais signifie qui Il cons igni fi e ll , expl iquent que c'est la "connotat i on (qui) 32) . le qui distingue la signification des . II noms d'Occam dans la Su ••• celui s.cund.rio IIC onnot e") pour de celle des Il noms substantifs ll . connotatifs pri ••rio c'est mais les Iladdi t i onnell es ll et des mots qui donnent tant de soucis aux traducteurs. Ilconnotationii (du latin connot.tio, pour (p. Iideux a indirecte l'autre est confuse mais directe (in r.cto). (in La distincte est une Iiforme accidentelle ll , signifiée in obliquo par l'adjectif Ilblanc ll , Page 145 et la signification confuse et directe est le sujet de cette blancheur. admis de "forme "ce qui a de la blancheur", Le nominaliste Occam accidentelle" dans sa n'aurait sémantique, signification secondaire (la connotation), chez lui, et pas la est oblique (et non directe) et n'est jamais "confuse", ou indéterminé e. Mais nous retrouvons à Port-Royal l'idée d'une l'une directe, l'autre oblique. double signification, "Blanc" ne peut subsister dans le discours sans un nom substantif exprimé ou ce que ce nom substantif signifie directement et c'est le sujet d. la blancheur, (aussi) directement tandis mais confusément le distinctement, "blanc" mâme sujet, blancheur ou signifie à son sujet pourrait ainsi âtre marqué par des cas ou La signification distincte, "connotation qui fait signification Le rapport obliquement. oblique et accessoire (comme plus tard chez la "Blanc" blancheur", "quelque chose" en la et des prépositions. c'est tout de directement, "blancheur", signifie blancheur. serait donc équivalent à "quelque chose ayant la "quelque chose qui a la blancheur", où sous-entendu; que signifiant distinctement mais obliquement la seul confuse), en tout cas, Condillac), l'adj ectif" puisque (c'est-à-dire et non la signification est " distincte. la Du Marsais (Tr.it, d.s Trop.s, p. 226) reprendra aussi cette analyse adjectifs ne dans le sens concret, les "en effet, des "adjectifs concrets" on forment qu'un tout avec leurs sujets; ne les sépare point l'un de l'autre par la pensée"; "Le concret renferme donc toujours propriété". Le deux terme (pp. idées, celle du "connotatif" 74 et 97); sujet, celle revient dans la mais Page 146 et de la Logiqa. ou. "connotatif" ne renvoie pas ici non contemporains, Dans plus aux "connotations" des linguistes à des valeurs affectives ajoutées aux mots. Logiq«. . (première leur partie, chap. XIV et les Messieurs introduisent les idées accessoires avant tout tenir compte cadre de de leur ces "valeurs affectives . ajoutées", théorie de XV) pour dans le accessoires, ou la définition : les hommes ne considerent pas souvent toute la signification des mots, c'est-à-dire que les mots signifient souvent plus qu'il ne semble, & que lorsqu'on en veut expliquer la signification, on ne représente pas toute l'impression qu'il font dans l'esprit. Car signifier, dans un son prononcé ou écrit, n'est autre chose qu'exciter une idée liée à ce son dans notre esprit en frappant nos oreilles ou nos yeux. Or il arrive souvent qu'un mot, · outre l'idée principale que l'on regarde comme la signification propre de ce mot, excite plusieurs autres idées qu'on peut appeller accessoires, auxquelles on ne prend pas garde, quoique l'esprit en re~oive l'impression. (L. Logiq«. 0« l'.rt d. p.ns.r, p. 130) Les Messieurs distinguent deux types fa~ons plutôt deux de joindre commun et relativement le idées accessoire~ aux ou bien elles sont jointes par un significations principales usage les d'idées locuteur au stable, de le l'énonciation. sont uniquement par premières, dans la mesure où il est possible de les lexicaliser, relèvent de la sémantique, moment ou bien elles tandis que les secondes Page 147 Les relèveraient plutôt de la pragmatique. espèce (qui peuvent Les idées accessoires de la @tre lexicalisées) qu' ell es affect ent di ffé rent s mentez! Il, dites", ont synonymes); et la "Vous savez le même signification mais la première, Par exemple, les contraire de ce principale et non la seconde, ell e "une idé e de mépri s et d'outrage, celui aux 130) . p. De même, signification principale, l'idée que d'une certaine "père" l'Eglise, n'avaient sont emporte avec et elle (fait) croire que et "papa" mais le second terme injure" ont la l'usage devait, "honteux" en par la suite, disposition d'esprit, de l'impudence" (ibid., associées de du leur premier. mais & qui tient quelque chose du libertinage & p. 135). Ces idées accessoires sont donc l'omniprésence humaines, de y joindre "l'image d'une mauvaise mais toujours relativement à un "état de langue". langues Pères temps, aux mots avec régularité dans l'esprit des donnée m~me emporte avec lui familiarité qui est exclue rien vous (elles utilisés par les étant phrases qui nous (la) dit ne se soucie pas de nous faire (ibid., mots Ilcaractè res" qui peuvent 1 es faire prendre en bonne ou en mauvaise part. II VOUS confèrent première des recommandent locuteurs, Les Messieurs, dans idées accessoires aux lexicographes d'en compte : Ces idées accessoires étant si considérables, et diversifiant si fort les significations principales, il seroit utile que ceux qui font des dictionnaires les marquassent, et qu'ils avertissent, par exemple, des mots qui sont injurieux, civils, aigres, honn@tes, déshonn@tes; ou plutôt qu'ils retranchassent entièrement ces derniers, étant toujours plus Page 148 les tenir (L. utile de les ignorer que de les savoir. Logiqu. ou l'.rt d. p.ns.r, p. 135) Les la idées accessoires de l'autre type (celles qui relèvent de pragmatique) sont excitées dans l'esprit du locuteur " par le ton de la voix, autres signes naturels qui attachent à nos paroles une d'idées, jugements, Y a en y joignant l'image des des opinions de celui qui parle. & voix pour instruire, reprendre" (ibid.). ton, tantôt sur l'allocutaire. Les un Dans m~mes autre, voix pour paroles, mouvements, Il flatter, les ne feront pas le idées même exprimables " par les symptômes universels de nos par signification effet M. etc. , sur Dominicy , mouvements' les "signes naturels" que sont le l'air du visage, pour accessoires seraient toujours p. c'est-à-dire voix prononcées tantôt sur un l'interprétation proposée par 135) des p. 130). (Ibid., (op. cit., voix, infinité qui en diversifient, changent, diminuent, augmentent la signification, "Il par les gestes, & par les par l'air du visage, de la et lorsqu'elles se joignent à la principale par le fait d'~tre ton associées à un son (ou à l'idée du son chez Port-Royal et Du Marsais) prononcé ou des caractères écrits (ou à la perception de mots se conformant au chargent alors de valeurs accessoires très fines, (ibid.) ; supplémentaires, "désir que les hommes ont d'abreger p. à ces caractères), "c'est qu'un processus d'économie sémiologique a opéré" les Il, 93) . expriment des nuances très diversifiées le se discours" Les et idées souvent et les rapports idées principales/idées accessoires Page 149 vont de la simple "détermination" "c opi er" (ex. "contrefaire" , c'est sophistiquées (dire en exagé rant --Condi llac , jusqu'aux allusions littéraires les plus "Harpagon" pour "avare"; cf. Auroux, 1979, pp. 271-272). Les Messieurs distinguent encore d'autres idées accessoires qu'ils utilisent pour rendre compte de l'usage des démonstratifs. Un démonstratif comme "ceci" a une signification très et très confuse ("cette chose") , générale "n'y ayant que le néant à quoi on ne puisse appliquer le mot de chose" (L. Logiqu.•. .. , p. 136). L'usage présente de "ceci" fait concevoir une chose comme étant au moment de l'énonciation; mais seul attribut de chose; "l'esl?rit n'en demeure pas à ce il y joint d'ordinaire quelques attributs distincts" (ibid.). autres "Ceci" utilisé en pointant vers un diamant le fait concevoir comme une chose présente, mais l'esprit "y ajoute forme " . les idées de corps dur & éclatant qui a une Appliqué à différentes choses, le mot "ceci" telle suscitera à chaque fois différentes idées accessoires. L'interprétation que donnent Arnauld Christ, "Ceci est mon corps", est particulièrement intéressante, car on peut y l'idée et Lancelot de la phrase prononcée voir assez aisément la nature du par rapport principale si;nifi'. par "ceci" et les idées Jésus- entre accessoires .xcit ••s lors de son utilisation. Certains ministres du culte sont trompés en pensant que "ceci", devait si;nifi.r le pain. dans "ceci est mon se corps", En fait, "ceci" ne signifie jamais que Page 150 l'idée de chose présente, devient de phrase, pleinement analysée, IICeci, que vous savez éltre du pain, est mon corpsll. La proposition l'idée et la incidente C1que vous savez éltre du pain ll ) accessoire qui est Ajout •• à la signification IIcec i (à Il savoir, l' idé e de par Ilcecill. chose principale pré sent e), Les rapports entre idée mai s principale idées accessoires ne semblent pas toujours aussi clairs idées accessoires du premier type, ces précise valeurs non et pour les affectives ajoutées à certains mots par un usage relativement constant dans une communauté de locuteurs. Il n'est pas toujours facile de voir comment on pourrait les analyser, à la manière de Condillac, par des propositions incidentes ou des syntagmes prépositionnels. La chose se complique encore lorsqu'on envisage la r81e tenu par les idées accessoires signification, 131-132), dans la théorie des ,tropes, les figures rôle déjà signalé par les Messieurs (Logiqu., pp. et sur lequel insistera Du Marsais dans son Tr.it, d.s Ildépendance ll Trop.s. Mais les rapports de entre idée accessoire et signification principale sont clairement caractérisés par grammairiens contiguïté, etc.), de dans la théorie tout-partie, le des tropes plus pour le moins, (ressemblance, contrariété, ce qui est loin d'@tre le cas lorsqu'ils font jouer idées accessoires le r81e de Le plus souvent donc, les aux IIconnotationsll. la signification d'un terme tout composé d'un. idée principale (11111), Page 151 et d'une ou est un plusieurs idées accessoires ("i1, ... , in"). Beauzée, dans l'article "Grammaire" de l'Encyclopfditl, distingue le .an. fondam.ntal, le •• n. ap6cifiqu., et le •• n. accidant.l d'un m@me mot, distinction sera encore reprise par et Fontanier au siècle (Ltls Figurtls du discours, pp. 59-60) (2). cette suivant Le premier est constitué par l'idée "principale" ou "fondamentale" qui peut @tre commune à des mots de différentes espèces, , ,a i ma nt" , "ami t ié" , constitué mot, "amoureusement", etc. ; le second le sens au verbe en tant que verbe, accidentel est celui accidens des mots, tels que les cas, qui "résulte etc. ; divers les genres, les personnes, 60) . Le sens accidentel est bien un sens accessoire, sens fondamental; le caractère moins de de les temps, les modes." (L.s Figur.s du discours, p. les nombres, est est par l'idée "fondamentale" associée à chaque espèce au nom en tant que nom, enfin comme "amour", "aimer", "aimé", évident après "accessoire" tout, ajouté au du sens spécifique n'est-il pas, lui aussi, constitué d'une idée "fondamentale", représentant la fonction (ou grammaticale propriété) différentes espèces d'un peuvent mot? avoir l'idée fondamentale? à des m@me la N'a-t-elle un caractère "secondaire" et accessoire? affaire si mots de signification la signification spécifique ne mofifie-t-elle pas, fondamentale, elle aussi, Mais une idée fondamentale, elle pas, N'a-t-on pas mais signifiée aussi, toujours tant~t à la manière d'un verbe, tantôt d'un adjectif, d'un adverbe, etc.? Par ailleurs, m@me synonymes tous expriment la si les grammairiens les termes (catégorèmes) d'une m@me m@me idée fondamentale, Page 152 appellent philosophes ils ne vont langue pas qui jusqu'à qualifier "aimer" , de synonymes les "aimant", différentes qui série etc. portent comme Ce "amour", sont des mots de l'indice d'une fonction d'une contribution spécifique à l'analyse et à la communication avoir "amoureusement", espèces, grammaticale, mots d'une d'une pensée complète. En outre, il une hiérarchie dans la modification des idées par les idées accessoires signification semble y principales les idées spécifiques modifient principale (objective ou fondamentale) d'un la mot, tandis que les sens accidentels modifient le plus souvent le sens spécifique (comme le mode et le temps) . Si nous principales dénotons et la signification accessoires) d'un mot totale (1 es idé es quelconque (un catégorème) de la langue L1 par " . . (Mt.L1)", alors on peut écrire: les crochets ("[", "]") indiquant le accessoire des valeurs ajoutées i1, grand nombre de cas, i:z , caractère ..., • ~n et et Dans un (3) il semble possible 'd'analyser entre les idées accessoires dépendant • les rapports l'idée principale en les rendant par des propositions incidentes, ou par des prépositions suivies d'un substantif, lequel signifie secondairement une et idée modifiant directement une autre idée par un autre substantif. Page 153 signifiée C'est et obliquement premièrement ainsi que les choses se présentent chez Destutt de Tracy dans sa théorie de la pr6posttion, un élément du discours qui est extr~mement remarquable; non-seulement il joue un rôle très-important qui lui est propre, mais il entre comme élément dans la formation et la signification de presque tous les autres avec lesquels il s'incorpore et dont il devient partie intégrante. Il est donc sinon absolument nécessaire, du moins bien essentiel" (S,. •••• i,.., pp. 103-104). A l'origine, il n'y avait dans les langues que des interjections et des expressions (le plus souvent) monosyllabiques, en fait des onomatopé es servant int er j ecti ons de noms. C'est par l'analyse (qui expriment des propositions entières) des que se sont formés les autres mots et les "radicaux primitifs" Comment considérerons-nous toutes ces syllabes qui ont été successivement sur-ajoutées aux signes originaires, qui forment tous les dérivés de ces radicaux primitifs, et au moyen desquels les uns et les autres sont devenus, suivant le besoin, des verbes, des adjectifs, des adverbes, etc.? Pour moi, je déclare que je les regarde comme de vraies prépositions·· (ibid., pp. 108-109). Si la première fonction des prépositions est de marquer ··certains rapports simple, entre un nom et un autre nom, soit combiné avec le verbe .t,..,·· ou un adjectif, (ibid., p. 109), ont aussi un autre effet, qu'elles ne produisent qu'en s'unissant à un autre mot, dont elles deviennent la syllabe Page 154 soit elles désinentielle, (qui) est de remplir à peu près le même objet, en formant ce qu'on appelle les cas des déclinaisons. On peut ajouter à ces cas les syllabes qui constituent les conjugaisons, lesquelles sont absolument du même genre. Il (Ibid. ) Destutt de Tracy entrent dans mettre, pro-mettre, mettre, etc. , en distingue les la composition des prépositions mots, comme .'pArAbl.. qui sou-mettre, d~- r.-mettre, des prépositions ins'parAbl •• , comme la désinence pour les adverbes; et toutes les syllabes désinentielles qui indiquent les variations de genre, de nombre, de mode, de temps, de personne, des noms, des adjectifs et des verbes, et toutes celles qui forment tous les dérivés des mots primitifs, ont la même origine que les prépositions proprement dites; elles rendent un service presque semblable. C'est pourquoi nous les avons regardées aussi comme des prépositions, à la seule différence près, qu'étant inséparables des signes qu'elles modifient, elles ne deviennent pas un élément du discours distinct des autres .11 (Ibid., p. 150). Le "rapport de dépendance" entre les noms est souvent marqué "et il peut toujours l'être par des prépositions." (Ibid., p. 171) . Il faut noter aussi que les prépositions ont de multiples emplois métaphoriques, ce qui les rend capables d'exprimer un nombre plus grand encore accessoires. prépositions ceux-c1 de Quoi qu'il des semblent entre rapports rapports des en les idées principales soit de cette explication idée principale/idées plus variés, Page 155 et les idées et par les accessoires, accessoires embrassent aussi ayant à voir avec la peu accidentelles bien les nuances affectives exprimées Grammaire, par que les les des morphèmes et plus fines, significations jouant un rôle déterminant comme "moyens de syntaxe". Un dernier point, ne sont pas seulement ajoutées aux idées modifient, du mot idées du son). Nous verrons dans un ont la m@me idée principale, accessoires; or, associée à deux mots distincts cette même qu'elles si moment que mais se distinguent la m@me idée principale deux par est (ex.: Ilpère" et "papa"), pourquoi idée principale n'éveille-t-elle pas dans l'esprit la même idée accessoire pour les deux mots, idée accessoire d'un mot) L'idée principales mais sont aussi associées aux mots (sons) ou à l'idée (idée synonymes les mais d'importance: les idées accessoires sinon parce est attachée à l'un des deux mots et pas seulement à l'idée principale accessoire est donc liée au complexe que cette (ou à l' idé e qu'il exprime? s ,on-idé e (cf. , Auroux, 1979, p. 271; Dominicy, 1984, p. 134). 2) LES SYNONYMES Il n'y a pas de synonymes "parfaits" dans la philosophie du Page 156 langage des Lumières. synonymes tous Les grammairiens philosophes les termes d'une même langue qui ont le pour signification principale, synonymes doivent se distinguer par les car s'''il idées y avait des synonymes parfaits, dans une même langue. et contraire l 246) ; la Raison, l il accessoires, aurait deux Quand on a trouvé le signe d'une idé e, on n'en cherche pas un autre", p. même comme "père " et "papa". Mais tous les langues appellent y comme l'explique Du Marsais cela serait parfaitement inutile qui ne produit jamais deux instruments différents et appropriés pour accomplir exactement la même tâche. Beauzée, dans l'article "Synonyme" de l'Encyclop'di., insiste lui aussi cité sur le clarté, la rationalité de l'usage des synonymes même passage du Tr.it, la précision et responsable mots synonymes, préférence l "ce qui d.s réfléchi qu'il celui qui convient la "mieux tout autre mot signifiant la même dont raison même, conséquent il doit en êtr~ la locuteur plusieurs la situation, de idée principale : l'autorité la manière constate l'usage, & par du entre l avoir justesse, exigent choisisse, se prouve dans chaque langue par écrivains la trop.s; et même l'élégance après des est fondé bons sur la de même dans toutes les langues formées et polies" (Beauzée). Lorsque deux mots d'une même langue se voient assigner exactement la même en général utilisé, l'un comme ressemblance de des deux devient désuet et "maint" et "plusieurs" signification conservé que l'un de ces termes, inutile." qui est cause signification, n'est "c'est que plus guère la grande l'usage n'a et qu'il a rejeté l'autre comme 246). (Du Marsais, Page 157 Ainsi, l'équation n'est jamais vraie dans les langues naturelles, valeurs aj outé es et un M~ a donc toujours au mo~ns un contexte où deux m~me langue l'autre. des ~tre ne peuvent La que quelconques d'une substitués m~me langue. synonymes indifféremment les Messieurs font remarquer Il d'une l'un relation de synonymie ne vaut pas seulement éléments du lexique; les ne coïncident jamais de part in M~ et d'autre pour un y ... , i:z , parce à entre que , les phrases "Vous mentez!" et "Vous savez le contraire de ce que vous dites" expriment le idées m~me accessoires près. expriment, "une volonté (Condillac, De même, semble-t-il, l'indicatif produit un fond de pensée la la "Fais-le!" et "Tu le même pensée, plus absolue dont on ne se permet Sr •••• ir., en va-t-il de demande mais pas aux feras!" futur de représente d'appeler" p. 472); l'usage du futur de l'indicatif m~me s'il pleut", le commandement plus "positif" ; ' parait augmenter le "degré de puissance" du être pensée, m~me commandement. pour les phrases "Pleut-il?" et etc.? (Nous reviendrons sur ce Peut"Je te point en temps et lieu). C'est pour la 1.s l'abbé Girard qui discuta le premier cette matière langue française (L. just.ss. d. 1. 1.n9u. fr.nçois. diff'r~nt.s signific.tions d.s Page 158 .ots qui p.ss.nt ou pour (1718), s'Inon'l •• s repris et augmenté sous le d.s T,..it~ justesse l l qui ouvrage ) . Pour parler "avec il faut apprendre à reconnattre les idées accessoires , distinguent entre eux les mots synonymes; beaucoup titre d'occasions une nécessité de choix, "d'où natt dans pour les placer à propos, et parler avec justesse. Il (Girard, cité par Auroux, 1979, p. Diderot, 269) . l'Enc'lclop~di., dans l'article "Encyclopédie" aborde aussi la question des synonymes en des mêmes termes. Condillac, qui fut de usant également l'auteur d'un enseignait de la même façon au jeune Prince de est Parme qu'il y a toujours une préférable concurrentes. à toutes autres expression dont le choix expressions (synonymes) De même, Beauzée, dans l'article "Synonyme" : "Les chef-d'oeuvres immortels des anciens sont parvenus jusqu'à nous les entendons, nous les admirons même; mais combien beautés réelles y sont entièrement perdues pour nous, nous ne connaissons pas toutes caractérisent le choix qu'ils ont fait leur langue!". le dévolue. lexique parce nuances fines de que qui & ont da faire des mots de La Raison enseigne qu'il ne faut pas multiplier les entités sans nécessité; dans ces nous; un mot nouveau ne se fait une que s'il peut remplir une tâche à Il en coate assez de former des mots nouveaux, mémoriser et d'apprendre à les utiliser convenablement, multiplier inutilement. Page 159 place lui de seul les sans les 3) LES TROPES (1730) , reprend et Marsais Du développe ainsi l'explication de l'origine du sens figuré qu'avaient déjà entrevue les Messieurs dans leur Logiqu. : La liaison entre les idées accessoires, je veux dire, entre les idées qui ont rapport les unes aux autres, est la source et le principe des divers sens figurés que l'on donne aux mots. Les objets, qui font sur nous des impressions, sont toujours accompagnés de différentes circonstances qui nous frappent, et par lesquelles nous désignons souvent, ou les objets m~mes qu'elles n'ont fait qu'accompagner, ou ceux dont elles nous réveillent le souvenir. Le nom propre de l'idée accessoire est souvent plus présent à l'imagination que le nom de l'idée principale, et souvent aussi ces idées accessoires, désignant les objets avec plus de circonstances que ne le feraient les noms propres de ces objets, les peignent ou avec plus d'énergie, ou avec plus d'agrément. De là, le signe pour la chose signifiée, la cause pour l'effet, la partie pour le tout, l'antécédent pour le conséquent, et les autres Tropes dont je parlerai dans la suite. (Tr.it, d.s Trop.s, p. 28). Les tropes apparaissent lorsque nous mettons le nom d'une idée accessoire à la place du nom de l'idée principale à laquelle la première se trouve régulièrement associée dans locuteurs. l'idée Par exemple, l'esprit à l'époque de la navigation de voile était régulièrement associée à celle de l'idée de bateau faisait spontanément venir Page 160 à des voile, bateau; à l'esprit celle de voile. Dans ces conditions, l'idée accessoire . à la place du nom de l'idée principale il est possible de mettre le nom de et de dire "voile l l pour "bateau". Le rapport entre l'idée accessoire et l'idée principale est ici de la partie pour le tout (synecdoque). C'est sur l'idée la nature des rapports entre principale figures que métaphore, sont fondées l'idée les accessoire diverses et classes de lorsque le rapport est de comparaison, de ressemblance; métonymie, lorsque le rapport est du signe pour la chose signifiée, ou de contenant à contenu; synecdoque, lorsqu'on met la partie pour le rapport est de ("Metaphor" , tout ou contrariété, 1962) et S. vice versa; ironie, etc. le Comme Auroux (1979), lorsque font Max le Black on peut représenter la plupart des figures de signification comme des opérations F1, F2, ... , Fn, (S1), qui, appliquées au signe ou nom propre d'une idée permettent à S1 d'exprimer une idée j i différente de celle qui constitue ordinairement sa signification propre, soit F1(S1)= S~ (et similairement pour F2, F3, etc.). L'opération F1 peut être fondée sur contrariété, signifier F2 un rapport de ressemblance, etc. une Ces idée opérations sur un permettent qui n'est pas sa à rapport un signification de mot de propre ou primitive. "Les Tropes sont des figures par lesquelles ont fait prendre à un mot une signification qui n'est mot" (ibid., "signification propre" signification propre classiques, la de ce Page 161 pas p. d'un précisément la Pour les est sa 18) . mot primitiv., signification qu'il a reçue litt.ral. sa à l'origine est d'abord "première signification", par et imposition. avant tout La celle celle signification qui se présente imm.di.t.m.nt et régulièrement à l'esprit des locuteurs. la théorie jamais s'ils pour sont de la signification des signification qu'une seule idée les mots n'ont principale, susceptibles d'une multitude d'usages Auroux, 1979, p. 282). ne Lumières, Et dans figuré s m~me (cf. Les significations primitive et littérale coïncident pas toujours, comme cela se produit dans le cas des catachrèses; les mots IIfeuille", "patte" et "aile" n'ont plus leur signification primitive dans les expressions 'lune feuille de papier'l, Illa patte de la table" et Ill'aile de l'hôpital ll , mais celles-ci ne présentent jamais qu'un sens littéral à l'esprit des locuteurs, un sens littéral figuré Il n'y a pas le cas (cf. Auroux, 1979, p. 280). substitution d'une expression pour une .autre des catachrèses, contrairemeht aux autres figures signification. Un siècle après Du Marsais, Fontanier dans de (4) exclura les catachrèses de la tropologie et de la rhétorique des figures justement parce qu'elles sont des tropes forcés et nécessaires où le locuteur ne fait, à une 1457b) ; comme le disait Aristote, aucun chose d'un nom qui en désigne une autre'l le signe d'une idée est simplement nouvelle jouent l'évolution des la langues, en permettant la mémoire des locuteurs, Page 162 Po4tiqu.., langue. par là un rôle important dans la genèse l'expression nouvelles sans augmenter le nombre des mots, surcharger (L. appliqué à une qui n'avait pas de signe propre dans catachrèses Iitransport car la idée Les et d'idées et par suite, signification sans des expressions catachrétiques est "motivée". Les grammairiens métaphores et les philosophes savaient autres figures ne sont bien pas de que ces les choses réservées à une élite savante et lettrée. Boileau disait qu'il se faisait plus de figures en un seul jour de marché aux Halles y faisait qu'il ne s'en trouve dans toute l'En4id.; Dumarsais allusion lorsqu'il "il se fait écrivait à son tour: plus de figures en un seul jour de marché aux Halles qu'il ne s'en fait à l'Académie mots", en plusieurs séances consécutives". les carences lexicales, recours aux tropes. des "bons commun au langage que celui désigner ou d'ailleurs, des savants académiciens est est On pensait également que une ~tre plus un le humains dépassant le stade des gestes et inarticulés devait pour expliquent en partie ce fréquent d'Amérique XVIII- siècle. des "disette de Que le langage des enfants, des illettrés et sauvages" tropologique La lieu premier des cris tropologique; dès qu'un signe fut utilisé chose, les humains ont naturellement eu tendance à l'appliquer aux choses qui ressemblaient à la première chose nommée. hommes quand Selon Condillac, dans les ne multiplièrent pas les mots commencements, sans ils commencèrent à en avoir l'usage: nécessité, il leur en trop pour les imaginer et pour les retenir." (Ess.i sur p. 85) ; sur-tout coütoit l'ori~in. il leur fallait donc utiliser en leur faisant prendre divers sens. Page 163 "[l]es les Les sujets parlant une langue pauvre, une langue dont le lexique est déficient en comparaison avec une langue associée à une "grande civilisation", sont constamment obligés d'utiliser le peu de mots qu'ils avec plus d'imagination que nous pour arriver à exprimer ont toutes leurs pensé es, tandis que les personnes "cultivées " ont presque toujours mot juste". par le d'exprimer des idées nouvelles à l'aide de mots déjà en langage "le Cette possibilité offerte usage permet une économie sémiologique appréciable, du moins dans la mesure où ces significations nouvelles sont mati tropes ne servent pas qu'à combler les carences ont encore fonction plusieurs autres usages. ornementale, permettent v, ••. lexicales; Par exemple, d'embellir Mais les le ils ils ont une discours, de l'ennoblir, de lui donner plus de concision, plus d'énergie, plus de force, et même plus de clarté et de d'intérêt et d'agrément. les idées les plus précision, Les tropes permettent aussi abstraites en les présentant enfin plus d'exprimer sous les apparences de choses sensibles, etc. La théorie des tropes permet non seulement de préserver validité de la théorie de la signification (cf. Auroux, 1979, p. 283) dont elle est un complément indispensable, voir clairement la rationalité sous-jacente à ces divers tropologiques. Les tropes ne contredisent pas d'économie et de simplicité de la Raison commune; toutes ces manières "détournées" de s'exprimer, Page 164 la mais elle les fait usages principes au cqntraire, qui s'écartent plus ou moins permettent exprimer de l'expression simple non seulement beaucoup et une économie d'idées en variant commune des considérable l'usage des idées, (on peut mots), mais elles accroissent en plus l'efficacité de la communication de concision, plus d'énergie, plus d'agrément, etc.) , (plus donnent plus d'étendue au langage en nous rendant capables d'exprimer des choses intangibles, temps, de décrire les passions, notre expérience du notre expérience amoureuse, l'usage sache heureux religieuse, des tropes exige de la part du etc. De plus, locuteur qu'il le trope qui convient le mieux au sujet choisir parle et aux circonstances de l'énonciation, dont il comme le souligne à plusieurs reprises Condillac dans D. l'.rt d'4crir •. Au siècle suivant, Fontanier considère qu'''il est évident qu'on ne peut pas les (=tropes) employer au hasard ni indifféremment. ne peut pas les employer au hasard doit donc en ~tre ni Mais, indifféremment, si on l'usage nécessairement réglé et par la raison et par le goüt." (L.s Figur.s du discours, p. 182). Du Marsais Grammaire la Grammaire, faisait de la tropologie une partie de la "ce traité me parait être une partie essentielle de puisqu'il est du ressort de la Grammaire de faire entendre la véritable signification des mots, et en quel sens ils sont employés dans le discours." (Tr.it4 d.s Trop.s, p. 22). Pour Du Marsais, la Grammaire Générale doit donc prendre l'explication prendre un de m~me ces "différents sens dans mot dans une m~me langue", Page 165 lesquels en charge on non seulement peut parce qu'ils sont tentative d'un usage et en question Générale. de "le bon sens locuteur doit de la Grammaire rendre ne permet pas idé es des di ffé rent es Il utilisés sérieusement et littéralement, qu'une idée principale. de certaines exprimer la Mais cet communication; circonstances, des il préserver même les ; mots, n'expriment jamais est des idées nouvelles ou pour Le (15) la à plus usage est trop limité pour les d'utiliser manière des idées rebattues. donc toute mais aussi parce que les tropes remettent certains des principes du noyau dur muets", expression de que Comme l'écrit Diderot, dans sa fameuse "Lettre sur les et besoins universel pour rendre compte de la compétence du forcément s'y arrêter, sourds si fréquent donc rationnel, dans courants pour mots exprimer d'une nouvelle grammairien philosophe soucieux l'intégrité de son programme de recherche devait expliquer les divers usages (ou "écarts") tropologiques invoquant des principes conforment à ceux du noyau dur de en son programme. Cette approche théorique de la non-littéralité est-elle sémantique ou pragmatique? viv., Seuil, sémantique 1975), de la la tropologie classique est "métaphore-mot" "changent de sens l l constaté (chapi tre dans le premier) expliquant discours. à la Nous suite une théorie comment les avons de mots cependant plusieurs commentateurs, que la logique et la grammaire classique faisaient Page 166 une large place à la "pragmatique" (entendu au sens de pourquoi en irait-il autrement de la tropologie? que la Grammaire, comme le dit Du Marsais, Morris); D'autant plus doit faire Ilentendre la véritable signification des mots ll (sens primitif et littéral), et leurs divers uSAge. dans le discours (écarts par sens littéral). Si la signification des mots et énoncés ne sont Ildéterminés ll que dans le rapport le discours, au sens des relativement aux intentions des locuteurs, aux circonstances de l'énonciation, cette détermination du sens (en contexte) vaut. fortiori, semble, pour les tropes. Par ailleurs, l'affirmation malheureuse que les le discours, étrangères aurions mots si on s'en il me tient Ilchangent de sens" dans qu'ils se chargent de significations nouvelles leur signification à alors courante en termes affaire, plus et littérale, contemporains, à et nous à une approche sémantique de la non-littéralité. 4) LES INVERSIONS Si la pensée est la même partout pourquoi l'ordre des mots n'est-il pas le langues? mots fut Le problème l'occasion grammaticales études c., . du et pour tous, toutes les des inversions et de l'ordre naturel des d'une XVIII-. des u. plus Ricken m@me dans célèbres y controverses consacra plusieurs D'après lui la théorie de l'ordre naturel est du rationalisme; alors issue défendue par Port-Royal, Du Marsais et Beauzée, Page 167 cette doctrine suscitera l'opposition de Batteux, Diderot, lieu Condillac tous sensualistes. Le problème de l'inversion serait le d'un autre affrontement entre les deux principaux philosophiques toile et qui de fond, modernes sur française. traversent le siècle des courants Lumières(7). il y a l'affrontement entre les anciens les mérites Mais ce qui, respectifs au fond, des langues En et les latine et importe pour nous dans cette querelle, c'est que le postulat de l'universalité de la pensée ou de l'uniformité de la nature humaine, et le principe d'analogie soient à l'abri des mauvais coups, et que l'usage ne contredise pas constamment les principes de la Raison commune. Dans les éléments de syntaxe donnés par les Chapitre XXIV ou Construction traditionnelle des syntaxe présentée et discutée. doivent une la convenance/syntaxe Syntaxe convenir ensemble", genre et personne; (ibid.); partout l'autre utilisent [lJ a Syntaxe arbitraire" ... est "quand les mots c'est-à-dire s'accorder en 153) . La nombre, syntaxe "la mesme dans toutes les de regime (p. p. 154) , au contraire, des prépositions. Page 168 est et diffère d'une les unes se servent de flexions plutôt régime syntaxe de régime, "quand l'un des deux cause est pratiquement Il distinction de de convenance, variation dans l' autre l l (8.8.R., convenance "De la Syntaxe mots de Messieurs Mais il y a, Langues" presque langue casuelles, de à d'autres disent les Messieurs, des "maximes generales, qui sont de grand usage dans toutes les Langues" (p. 155). Parce nous parlons presque toujours pour (et dire ce que nous attribuons aux rarement pour dire seulement ce choses que nous que nous concevons concevons), un nominatif doit toujours ~tre sous-entendu" (ibid.). De même, il ne peut y avoir de verbe sans nominatif affirme, (exprimé marque ou le en rapport avec un verbe "exprimé ou sous-entendu), jugement, puisque seul le verbe et qu'il faut bien qu'il quelque chose sur lequel porte le jugement. Enfin, n~ de génitif le régime des verbes est habituellement marqué par les cas (accusatif ou datif) prépositions, "en quoy toutes les Langues" (p. il faut toa.jours 157) . ait Ensuite, il ne peut y avoir d'adjectif sans rapport à un substantif; sans un nom auquel il se rapporte. y ou les consulter l'Usage de Les Messieurs nous assurent que "s'il se rencontre quelque chose de contraire en apparence à ces règl es, c'est par figure ... " L'ordr. idées natur.l des mots est donc calqué dans le jugement concevons, "figures et ensuite, de hyperbates, construction, ~tre (p. 154). d'abord, peuvent l'ordre marquer les objets que ce que nous disons de ces construction" etc.) sur (syllepses, affecter objets. ellipses, l'ordre des nous Les pléonasmes, naturel de la mais la liaison des idées dans le jugement ne peut altéré sans provoquer des absurdités et il est le Page 169 m~e dans toutes les nations. Les propositions considérées grammaticalement sont des images de nos jugements (et des autres l'âme"), faveur Iimouvements de mais ces images peuvent s'écarter de leurs modèles à la de certains effets expressifs, qui font prendre au discours plus d'élégance, plus de vivacité, etc. Les figures nontropes, comme les figures tropes, mettent souvent, en apparence, l'usage en contradiction avec la Raison. C'est le cas avec les syllepses, lorsque nous faisons l'accord en tenant compte des pensées et du sens, et non des mots effectivement uti.lisés, comme "la plupart sont venus" au lieu de "la plupart est venue", ou "il est six heures" au lieu de "elles sont six heures", etc. Fontanier, ex-professeur de Grammaire Générale, traite ces cas sous le titre "Synthèse"; voici ce qu'il écrit à français propos d'un cas curieux de synthèse dans "Les vieilles gens sont soupçonneux". peut-il @tre à la fois féminin et masculin dans une le genre en Comment "gens" m~e phrase? Ne serait-ce pas là une bizarrie inconcevable dans les lois de la grammaire, qui ne doivent @tre fondées que sur la raison? Mais voyons si la raison elle-m@me ne viendra pas ici justifier l'usage l'usage, en fait de langue, est bien moins souvent en opposition avec elle qu'on ne croit. (Lits Figurlts du discours, p. 309). "Persuader et convaincre, tel est le but de la R.ison dans le discours", écrit-il ailleurs . (p. 463). Lorsque ses propres moyens Page 170 lui font défaut, de la Raison fait appel aux ruses et aux artifices l'esprit et de. l'imagination. "hommes" sont réunissant presque les Ainsi, synonymes, deux genres, parce que "gens" est "gens" conçu permettant l'ellipse de et comme "hommes" ("Les vieilles gens sont [des hommes] soupçonneux"). A part les syllepses aussi ellipses (ou synthè ses) les Messieurs mentionnent (lorsque des éléments du discours sont les pléonasmes renverse retranchés) (lorsque des éléments du discours sont ou superflus dans l'énonciation). les et redondants Il y a enfin l'hyperbate, "qui l'ordre naturel du discours" (S.S.R., p. 160) . Ces figures furent souvent appelées "figures de grammaire", car grammairiens les considéraient traditionnellement comme relevant de leur juridiction, leur connaissance étant fort rendre compte d'un grand nombre de constructions. les utile pour L'ellipse, en particulier, joue un rôle très important pour retrouver, sous les irrégularités "l'analogie de de la la langue, langue". les Son règles usage de est la fondé grammaire, en raison (Condillac), puisqu'il est inconvenant et inutile de prononcer ou de répéter des paroles dont on peut faire l'économie sans risquer de porter atteinte à l'efficacité de usage de moins jusqu'aux la communication. l'ellipse dans la Grammaire philosophique grammairiens latins L'ordre naturel remonte de la Renaissance, est celui que suit la pensée particulier Linacre et Sanctius c . , Cette au en • Page 171 dans ses opérations. Du Marsais reprend et développe cette doctrine dans l'article "Construction" de l'Encycloplditt. Du Marsais distingue d'abord entre "construction" et IIConst,.uc t i on, . il, peut Il syntaxe" . di t- ne présente que l'idée de combinaison et d'arrangement"; dire on ou il y a là trois constructions différentes, puisque l'arrangement n'est pas le m@me, seule syntaxe, mais il n'y "car dans chacune de ces a qu'une constructions, il y a les mêmes signes des rapports que les mots ces ont entre eux; rapports sont les m@mes dans chacune de Marsais distingue encore trois types de ces ainsi phrases". constructions Du la construction "naturelle" (ou "simple", "analytique", "nécessaire" ou "fondamentale"), la construction "figurée", et la construction "usuelle". La (ellipses, construction figurée, pléonasmes, etc.), provoque rapport à la construction simple; philosophe doit (ibid.) . La pénétrer construction le avec ses certaines anomalies par c'est pourquoi III e grammairi en mystère usuelle de est leur un irrégularité I l mélange elle autorise des tours particuliers, premières; inversions des deux des idiotismes qui sont devenus des habitudes de parler d'un peuple. Mais ce qui fait d'une sensé e, c'est naturelle. naturelle construction figurée ou usuelle une construction la possibilité de la "réduire" à la construction Une phrase qui ne peut @tre ramenée à la construction ou analytique n'est simplement pas une phrase La construction naturelle est le seul moyen nécessaire pour énoncer nos pensées par la parole, puisque les autres Page 172 sensée. sortes de constructions ne forment un sens, que lorsque par un simple regard de l'esprit nous y appercevons aisément l'ordre successif de la construction si.pl •. Et parce qu'elle est nécessaire, on la retrouve dans toutes les langues Ainsi je trouve que dans toutes les langues du monde, il n'y a qu'une manière nécessaire pour former un sens avec les mots c'est l'ordre successif des relations qui se trouvent entre les mots, dont les uns sont énoncés comme devant être modifiés ou déterminés, & les autres comme modifians ou déterminans les premiers excitent l'attention & la curiosité; ceux qui suivent la satisfont successivement. Et plus loin Comme par-tout les hommes pensent, & qu'ils cherchent à faire connoitre la pensée par la parole, l'ordre dont nous parlons est au fond uniforme par-tout; & c'est encore un autre motif pour l'appeller n.tur.l. Dans l'ordre naturel du discours, les mots modifiés ou déterminés précèdent L'ordre donc normalement les mots modifiants ou de la construction naturelle est le compréhension linguistique" selon Page 173 déterminants. "fondement de toute l'expressionn de Ricken Marsais soutient que la nature et la raison nous enseignent qu'il ~tre faut subir avant d'opérer, l'action d'un autre, réelle ou imaginée" Pourtant, pour ~tre qu'il faut ou exister et qu'il faut avoir ~tre avant "une de existence qualifié de telle ou telle Du Marsais n'hésite pas à parler de cet ordre façon. naturel comme d'une connoissance acquise dès les premières années de la vie, par des actes si souvent répétés, qu'il en résulte une habitude que nous regardons comme un effet naturel. Je comprends mal, à la lecture de ce dernier passage, que Ricken puisse Du faire simplement de sur Marsais l'idée un rationaliste que l'ordre naturel en est se basant universel et qu'il devrait, en conséquence, @tre l'expression des idées innées de la Raison (c f . , note admettait l'existence expression linguistique. doctrine des (7»), ou parce indépendante Du Marsais des qu'il (Du pensées ne parle idées innées lorsqu'il aborde la Marsais) avant leur jamais de la question de la genè se des idé es (cf. p.,.ol. ou l'art. "Construction"); dans l'article "Fini, Finie" de l'Encyclop~dj., non équivoques : écartés de il dénonce la théorie des idées innées en termes "Les partisans des idées innées se sont si fort la voie simple de la nature & de la droite raison, qu'ils soutiennent que nous ne connoissons le fini que par l'idée innée que nous avons, disent-ils, Page 174 de l'infini"; et plus loin, critiquant l'hypothèse connoissons les rationaliste suivant laquelle êtres particuliers, l'idée de l'être en général", cette étrange hypothèse, que parce que "nous nous plus on la trouve contraire On sait par que Du Marsais n'admettait pas la doctrine des "L'Eloge sensualistes, de Du Marsais" par toutes facultés trAnsform6.s, la formule de à humaine; des si ••nsAtions Condillac partout et et ses grands moments sont donnés dès l'origine, pour Quant à l'existence autonome des leur expression, de existent et que les genèse des facultés est la même ainsi dire, Destutt nature de l'âme sont réduites selon cette avant ailleurs faute d'admettre des notions communes innées, n'en pas moins l'universalité de la pour tous, à animaux-machines d'Alembert), admettaient les avons il aj out e : "Pl us on ré fléchi t sur l'expérience & aux lumières du bon sens". (cf. , ne les sensualistes (Condillac, Tracy) admettent que les idées formant simultanément Diderot, un dans l'esprit du locuteur et pensées jugement que c'est dans l'expression du jugement qu'elles deviennent successives: Si toutes les idées, qui composent une pensée, sont simultanées dans l'esprit, elles sont successives dans le discours ce sont donc les langues qui nous fournissent les moyens d'analyser nos pensées. (Condillac, 8r •••• ir., p.436). (Bien sl1r, important pour pour Condillac l'Acquisition du le d6v.lopp.m.nt de la pensée, langage aussi est fort bien pour l'enfant que pour les peuples à l'origine; mais c'est là une tout autre question) . Chez Condillac, Page 175 certainement indépendant du langage et des signes artificiels; mais il en va autrement du jUQamant comm. AffirmAtion: même opération de l'esprit, mettre en ordre les idées mais on n'arrive à qui c'est la distinguer et à composent une pensée qu'en leur assignant des signes artificiels: il L' affirmation est, en quelque sorte, les moins dans votre esprit que dans les mots qui prononcent rapports que vous 437-438). perception Les apercevez. Il rapports (dans le (Condillac, envisagés d'abord jugement de perception) pp. Sr •••• ir., relativement le sont à ensuite relativement aux idées (dans le jugement comme affirmation). perception (ou sensation) ne devient une idée (la la Une signification d'un mot) qu'après avoir été l'objet de la réflexion, lorsqu'elle est considérée comme une "image", quelque chose. comme une représentation de (Condillac, Ess.i sur l'origin. d.s connoiss.nc.s hu •• in.s, p. 47). Les sensualistes, de Tracy, nommément Condillac, soutiennent des idées proches de celles de Du en ce qui a trait à l'ordre naturel. da. id' •• détermine, idées": Diderot et Destutt chez Condillac, Le Marsais principe de la liAi.on "l' arrangement naturel des " pour ne point choquer l'arrangement naturel des idées, il suffit de se conformer à la plus grande liaison qui est elles" (Ess.i sur l'origin. d.s connoiss.nc.s hu•• in.s, Seules comptent la liaison et la subordination des entre p. 92) idées lorsque le substantif présente d'abord l'idée principale dont Page 176 on parle, que que les adjectifs sont liés immédiatement au ce dernier discours phrases se les son régime, naturel des idées. "Alexander vicit Darium" et "Darium et sont aussi "naturelles" l'une que l'autre, déclinaisons latines permettent de varier les liaison fréquentes le Les vicit sont l'une et l'autre conformes à l'arrangement en respectant la la celui-ci conforme à l'arrangement latines Alexander" idées précède le verbe et substantif, des m~me syntaxe. idées est des parce que constructions Une construction qui n'altère pas naturelle. Les inversions, plus dans les langues "transpositives" comme le latin dans les langues "analogues" comme le français de l'Abbé Girard, 1747 (9»), (selon les ont par ailleurs des que termes avantages sur le plan de l'harmonie, de la force et de la vivacité du style. Le français, par contre, avec sa structure en Sujet-Verbe-Objet, se conforme davantage "à la plus grande liaison favorise plutôt simplicité la et la des netteté idées", du discours. Condillac en fait un principe dans son Rrt d'4crir. (p. "le principe que vous devez vous faire en écrivant, est de conformer toujours à la plus grande liaison des idées". n'exclut pas le recours à des constructions peu qu'elles ne soient pas "vicieuses", et 520) Ce "renversées", c'est-à-dire, vous qui pour qu'elles ne relâchent pas trop la liaison des idées. Le problème de l'inversion est le premier abordé par Diderot dans sa fameuse ilLettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux Page 177 qui entendent et qui parlent" (1751) Diderot distingue l'ordre naturel de l'ordre d'institution (ou ordre scientifique). L'ordre naturel, objets pour Diderot, sensibles ont été les premiers perçus, sensibles, exprimé es distinguées. Il par les et adjectifs, substantifs les qualités premières les abstraits Les ("couleur" , "figure", "étendue", etc.) n'ont été inventés la suite. qu'un corps, par Les impé né trabi 1 i té Il , que c'est l'ordre de la genèse. Si on veut maintenant définir ce on dira, substance étendue, que c'est en suivant l'ordre d'institution impénétrable, figuré e, colorée et "une mobile"; mais si on enlève de cette définition les adjectifs, il ne reste qu'un définition, être imaginaire appelé "substance". rendue selon l'ordre naturel de la genèse, figuré e, impénétrable, étendue, La même devient mobile, "co10ré e, Cette substance". dernière ne comporte aucune inversion suivant l'ordre naturel la genè se; mais la première définition (selon de l'ordre scientifique), elle, inverse l'ordre naturel. Les adjectifs représentant, pour l'ordinaire, les qualités sensibles, sont les premiers dans l'ordre naturel des idées; mais pour un philosophe, ou plutôt pour bien des philosophes qui se sont accoutumés à regarder les substantifs abstraits comme des ~tres réels, ces substantifs marchent les premiers dans l'ordre scientifique, étant, selon leur façon de parler, le support ou le soutien des adjectifs. (pp. 350-351). Diderot attribue à l'influence d'Aristote philosophes de réifier les cette "êtres imaginaires" des désignés par les substantifs abstraits, habitude qui aurait selon lui Page 178 habitude exercé une certaine influence sur la formation de la langue française. En ce sens, les il Y a autant sinon plus d'inversions en français que dans langues anciennes. Mais lorsqu'il examine la propos du langage d'action et des question à "propositions gesticulées", il retrouve Du Marsais et Condillac Sur quelque étude - du langage des gestes, il m'a donc paru que la bonne construction exigeait qu'on présentât d'abord l'idée principale, parce que cette idée manifestée répandait du jour sur les autres, en indiquant à quoi les gestes devaient ~tre rapportés. Quand le sujet d'une proposition oratoire ou gesticulée n'est pas annoncé, l'application des autres signes reste suspendue. C'est ce qui arrive à tout moment dans les phrases grecques et latines; et jamais dans les phrases gesticulées, lorsqu'elles sont bi en construites. (P. 360). Cette manière présentant d'abord rapportent, idé es" , de etc.) , faire connaitre aux autres même puis les idées Diderot l'''ordre l'appelle qui (en s'y didactique des l'ordre auquel nous devons assujettir nos idées pour les ordre, il pensées l'idée principale, communiquer clairement, cet nos complètement et efficacement. Et suivant on peut dire "qu'il n'y a point, ne peut y avoir d'inversion dans Parce que le français, et que l'esprit" peut-être (p. 370) . avec sa structure Sujet-Verbe-Objet, suit à merveille cet ordre didactique, Nous disons les choses 'en français, comme l' esprit est forcé de les considérer en quelque langue qu'on écrive. Ciceron a, pour ainsi dire, suivi la syntaxe française avant que d'obéir à Page 179 la syntaxe latine. D'où il s'ensuit, ce me semble, que la communication de la pensée étant l'objet principal du langage, notre langue est de toutes les langues la plus châtiée, la plus exacte et la plus estimable; celle, en un mot, qui a retenu le moins de ces négligences que j'appellerais volontiers des restes de la b.lbutift des premiers âges". (P. 371) Destutt de Tracy appellera "naturel" cet ordre didactique, que nous avons déjà rencontré chez Du Marsais et Condillac ce qui est incontestablement naturel, c'est-à-dire conforme à notre nature, c'est que les signes suivent les idées; que, par conséquent, la phrase commence par l'idée dont on est le plus préoccupé, et que toutes les autres viennent ensuite à proportion de leur rapport avec celle-là. (8r •••• ir., p.158). Sous l'effet d'une passion vive, commencer par nommer, qui la cause" sang-froid, ou l'affection qu'on éprouve, n'y a assurément rien de d'exprimer d'abord l'idée dont on s'occupe, remarque ensuite comme y étant renfermée, l'attribut" (ibid., construction ou "de l'objet Mais lorsque nous parlons calmement et de (ibid.) "il il est tout à fait naturel naturelle ou p. le m~me si, que l'on sujet, C'est là l'ordre construction inv.r •• est tout aussi naturel. Page 180 naturel puis celle que c'est-à-dire 159) . dir.ct., plus et de la quelquefois, la La pensée, à coup sar, est extrêmement rapide; nos conceptions ont assarément un commencement et cet ordre doit être respecté commencement ne soit pas construction directe est pensé e" 165) . (p. ("il ne avant et que une fin, et que le L'ordre de la marche de la peut fin"). "l'ordre conforme à la pas Il ne suffit pas que le sujet avant l'attribut; il faut de plus nom la se mais toutes soit exprimé que tout sujet commence par un tout attribut commence par le verbe "être". principe s'étend aux propositions incidentes ou subordonnées Ce aux principales. Il faut, par suite, que chacune des idées accessoires du sujet et de l'attribut soit rapprochée de l'idée principale, à proportion du degré de liaison qu'elle a avec elle; et que, dans l'énonciation de celles dont l'expression est composée de plusieurs signes, ces signes soient rangés suivant l'ordre de leur dépendance les uns des autres. (Ibid. , pp. 165-166) . Destutt de Tracy, directe et naturelle linguistique qu'en refaisant marche tout comme Du Marsais, fait de la construction fondement de toute compréhension on ne peut bien saisir une construction la construction analytique pour de notre esprit", intellectuelle" le (ibid., retrouver ou "l'ordre invariable de p. 159) . Ricken a inverse "la l'opération peut-être raison d'affirmer que les sensualistes ont tendance à considérer l'ordre des mots comme un produit du développement Page 181 historique (Produkt le résultat des parler d'un peuple; habitudes mais je pense que la doctrine de de l'ordre naturel a été soutenue également par les grammairiens philosophes sensualistes , et que cette controverse sur l'ordre naturel des mots n'est pas le reflet d'une controverse gnoséologique à propos de l'origine de nos idées, mais plutôt --j'en fais l'hypothèse--, le reflet d'un devant et processus d'affirmation nationale (le français l ' emporter sur le latin pour la clarté et la simplicité) d'un souci de préserver le postulat de l'universalité pensé e (ou de l'uniformité de la nature humaine) . quel mots, n'affecte en rien l'ordre qu'il soit, les diverses nations peuvent bien avoir idées habitudes de parler, qui est la ~) m~me de la L'ordre des naturel des leurs propres cela ne change rien à leur façon de penser, partout et pour tous. LA TRADUCTION Nous pouvons maintenant aborder le problème de la traduction au siècle des Lumières. traduction" m~me fins En fait, il n'y a pas de "problème de la pour les grammairiens philosophes. partout et pour tous; l'expression (ou La pensée est les langues servent partout les l'analyse) des pensées et la m~mes leur communication; de là il suit que toutes les langues doivent avoir Page 182 des mots de différentes espèces, "parce appartiennent à des classes différentes; que nos et elles (les idées langues) n'ont de moyens pour lier les mots, que parce que nous ne pensons qu'autant que nous lions nos idées. vrai de toutes les langues qui (Condillac, p. linguistiques substantiels. de Vous comprenez que cela ont fait 433) . Il quelques y a des est progrès." universaux Toute langue ayant atteint un stade développement lui permettant de représenter complètement la pensée, doit forcément disposer d'expressions servant à "marquer" les objets de nos pensées, et l'action de notre ce que nous attribuons à ces esprit qui affirme, nie, commande, souhaite, etc., c'est-à-dire le sujet, le verbe copule : proprement dit, dont la objets, interroge, l'attribut, fonction est unir les deux termes d'une proposition. celle de et la Les universaux de la Grammaire Générale assurent le traducteur de solides points d'appui pour établir des correspondances entre les lexiques d'une langue-source et d'une langue-cible. Nous avons vu (chap. premier, section 3), comment les grammairiens philosophes avaient réagi aux "plans d'idées différents" de Maupertuis, qui mettaient en question jusqu'à la possibilité de traduire. Dans sa réponse aux Rlfl.xions ••• de Maupertuis, Turgot ne se contente pas de réaffirmer l'universalité des sens et de la pensée; il identifie ce qui représente à ses yeux les principaux obstacles accessoires, à la et traduction la les métaphores, disparité du niveau Page 183 de les développement idées des langues (1 eur pl us ou moins grande "perf ecti on") La difficulté de traduire n'est pas si grande que l'imagine Maupertuis, et elle ne vient pas d'un pl.n d'idées diff'r.nt, mais des métaphores qui à la longue s'adoucissent dans une langue policée. Deux langues imparfaites se ressemblent ainsi que deux parfaites. Il me vient une comparaison sensible: une langue imparfaite dira : t. conduite est pleine de s.uts d. chtvr., et nous dirions plein. de c.prices. C'est la même chose, et l'un vient de l'autrej mais l'idée accessoire comme trop grossière s'en est allée. ("Remarques critiques sur les Réflexions philosophiques de Maupertuis sur l'origine des Langues et la signification des mots", op. cit., p. 26). La difficulté de traduire augmente donc proportionnellement l'écart qui existe entre le développement de la langue-source celui la de langue-cible ("Deux langues ressemblent ainsi que deux parfaites") traduire langue Maine et se pas facile, en effet, de les expressions d'une langue "policée" par celles d'une et vic. v.rs., "primitive", possible langue imparfaites à même si cela est toujours à condition de bien vouloir enrichir le lexique primitive (10) On se rappellera aussi la de la réaction de qui ne croyait pas qu'on puisse jamais de Biran, trouver "quelque langue étrangère qui fG.t formée sur des plans d'idées si différents des nôtres <11) l'époque, fut La que position de des fG.t Maupertuis, donc rejetée en bloc par ses réaffirmèrent l'universalité l'esprit et traduction la sens et héroïque contemporains, des opérations pour qui de l'existence d'universaux linguistiques substantiels, Page 184 cherchant plutôt différents" à expliquer l'apparence des "pl ans d'idées évoqués par Maupertuis en faisant valoir les degrés variables d'évolution et de perfection des langues (qui sont liés au progrès de la civilisation et des "lumières"), et en mettant à contribution les concepts d'idées accessoires, de synonymes, de tropes, de figures de construction, de génie des langues, etc. Le concept de traduction interlinguale est pensé, au XVIIIsiècle, sur le fond d'une notion déjà familière aux Les termes "traduction" et considérés comme Condillac. Mais "parfaits", tous se que synonymes nous qu'il n'y les uns des autres "version" Girard, a par pas dans tous les contextes. de ont en commun l'idée d'une et synonymes synonymes certaines Ainsi, sont Beauzée qui bloquent la substitution de ces termes, pour les autres, "traduction " savons l'Abbé les termes qui passent pour distinguer accessoires par latinistes, doivent idées les uns "version" et "copie qui se fait dans une langue d'un discours premièrement énoncé dans une autre"(1:2) ; et les idées accessoires qui les distinguent sont expliquées de la manière suivante par Beauzée dans l'article de "Traduction " Il me semble que la v.rsion est plus littérale, plus attachée aux procédés propres de la langue originale, et plus asservie dans ses moyens aux vues de la construction analytique; et que la tr.daction est plus occupée du fond des pensées, Page 185 plus attentive à les présenter sous la forme qui peut leur convenir dans la langue nouvelle. et plus assujettie dans ses expressions aux tours et aux idiotismes de cette langue. De plus. et Ilversion i i se dit plus volontiers des langues anciennes. "traduction" des langues mentionnés s'entendent Condillac. est en modernes. sur ce point langue moderne Les la auteurs tr.du.ction. "La et trois v.rsion écrit en langue ancienne. Ainsi la Bible franc oise de Sacy est une tr.du.ction. et les Bibles latines. grecques. arabes et syriaques sont vttrsions. Il Enfin, aussi 538) . la traduction s'oppose non seulement à la au (figures commentaire. soucieuse à son "génie"; d'adapter version. assujettie aux mais "tours" et les idiotismes) propres à la traduction. la plus langue- l'auteur est libre d'ajouter ou des éléments à la pensée qu'il cherche à rendre langue; il la est elle. la pensée traduite au génie de Dans un commentaire. retrancher sa La version est tropes et non-tropes, langue-source. cible. des n'est plus assujetti aux règles strictes de dans de la version et de la traduction. "Rien n'est plus difficile ...• écrit Beauzé e. et rien n'est plus rare qu'une excellente tr.du.ction, parce que rien n'est plus difficile ni plus rare que de garder un juste la milieu entre la licence du commentaire et la servitude de lettre. 11 Marmontel. cosignataire (avec Page 186 Beauzé e) de l'article "Traduction" de l'Encyclop4di. (il complète l'article rubrique variabl es traduisante", et écrit-il, de ce que Mounin appell e le ou d'historien, ou à plus indispensable des est de rendre la pensée; en technique l'ouvrage d'un poète. devoirs du "Le tr.duct.ur, et les ouvrages qui ne pensés sont aisés à traduire dans toutes les cite "l' opé rat i on suivant que l'on a affaire à un ouvrage philosophe premier que une insiste sur les degrés de di fficul té de par sont langues." exemple la fameuse traduction que fit Pierre Il Coste de laquelle parut en 1700 après "Mais, avoir poursuit-il, été revue et approuvée par Locke lui-m~me. si un ouvrage profondément pensé est écrit avec énergie, la difficulté de le bien rendre commence à se faire sentir". Et la traduction sera d'autant plus malaisée que les caractères de la pensée exprimée seront liés de près au choix des termes utilisés par l'auteur: Ainsi à mesure que dans un ouvrage le caractère de la pensée tient plus à l'expression, la traduction devient plus épineuse. Or les modes que la pensée reçoit de l'expression sont la force, comme je l'ai dit, la noblesse, l'élévation, la facilité, l'élégance, la gr~ce, la naïveté, la délicatesse, la finesse, la simplicité, la douceur, la légèreté, la gravité, enfin le tour, le mouvement, le coloris et l'harmonie; et de tout cela, ce qu'il y a de plus difficile à imiter n'est pas ce qui semble exiger le plus d'effort. Par exemple, dans toutes les langues le style noble, élevé, se traduit; et le délicat, le léger, le simple, le naïf, est presque intraduisible. (Ibid.) Page 187 Ce que dit ici Marmontel, et ailleurs où il parle du charme des la "ouvrages d'agrément" matière", n'est où "le travail est plus précieux que pas sans rappeler ce propos de la "fonction poétique", le genres littéraires à la palette de l'orateur, il, Jakobson lorsque l'accent est message pour son propre compte"(13) , différents qu'écrit "mis sur Marmontel compare palette d'un à peintre; de l'historien ou du philosophe n'a, les la dit- que des "couleurs entières qui se retrouvent partout", alors que celle du poète "est mille fois plus riche en couleurs", couleurs peintes par le poète ne se retrouvent pas partout, la mesure où langage ressources dans Ille coloris de l'expression tient à la richesse métaphorique, et cet chaque traducteur a ses traduction d'une poésie doit alors faire preuve de créativité et sa palette de nouvelles couleurs, de tours et d'expressions qui langue la langue Le égard du entreprend enrichir particulières", à Les enrichir sa propre nouvelles, Prenons les difficultés selon l'ordre que nous avons suivi, en commençant par les idées accessoires et les synonymes, La traduction est elle-m@me une relation de synonymie interlinguale, le premier "devoir du traducteur" étant de "rendre la pensée", la pensé e exprimée signification dans la langue-source (le sens ou des phrases n'étant rien d'autre que les idées la et pensées exprimées par un auteur ou un locuteur), Dans une languePage 188 source (L1) et une langue-cible (L2) , on peut trouver de part et d'autre de nombreux synonymes (c'est-à-dire des termes ayant pour signification la même idée principale) , mais les peuples n'associent pas forcément les mêmes idées accessoires aux termes qu'ils utilisent. Le traducteur d'une expression quelconque énoncée devra dans quelconque M~ la même possible trouver un mot dans L2 qui satisfasse à l'équation un traducteur doit s'efforcer de trouver, dans la Dit autrement, langue-cible, autant que M~ un mot quelconque idée principale I~, qui non seulement signifie bien mais qui soit de plus mêmes valeurs ajoutées (idées accessoires); trouver la perle rare, chargé s'il n'arrive pas des à il n'aura d'autre choix que de recourir à Les langues n'ont pas toutes les mêmes synonymes, la périphrase. et les peuples ne distinguent pas tous les mêmes nuances dans les phénomènes ou dans les moeurs; chacun procède selon ses besoins et intérêts, et développe, ces intér@ts, un vocabulaire plus ou moins abondant pour décrire les en proportion de ces besoins et mêmes phénomènes (les Esquimaux pour la pour le chameau, les Français pour le pain, etc.). peuvent avoir plusieurs termes L2, les Arabes Deux langues (synonymes) pour signifier de part et d'autre la même idée principale; de neige, de mais il n'y a pas correspondance un à un entre les synonymes de L1 et forcément ceux de car les idées accessoires ne sont pas forcément les mêmes de part et d'autre. Page 189 Pour traduire Turgot, provient des métaphores; métaphoriquement lui, on s'en rappelle, "le coloris de toute la et ce que l' expression l l la richesse du langage métaphorique l l I là difficulté de Marmontel appelle tient, d'après , Avant • eux, Du Marsais, difficulté que représentent les tropes pour le traducteur. Toutes les langues ont des tropes; chacune a les siens. donnera souvent malheureusement pour le La traduction mot à mot quelque chose d'outré et de traducteur, d'une métaphore ridicule dans la I l il langue-cible. Un mot ne conserve pas dans la traduction tous les sens figurés qu ' il a dans la langue originale: chaque langue a des expressions figurées qui lui sont particulières, soit parce que ces expressions sont tirées de certains usages établis dans un pays, et inconnus dans un autre, soit par quelque autre raison purement arbitraire. (Tr.it4 d.s Trop.s, pp. 36-37). Dans ces conditions, le traducteur n'a pas le choix doit à quelque autre expression propre avoir recours langue qui réponde, s'il est possible, figurée à celle de de sa son auteur l l (1 bid.) . Du Marsais distinguait lui aussi deux types de traduction : la version, et la traduction proprement dite. Page 190 Dans la traduction proprement dite, la lettre, " on doit alors s ' attacher à la pensée et non lui-m~me et parler comme l'auteur à aurait parlé, si la langue dans laquelle on le traduit avait été sa langue naturelle" (ibid. , 37-38) . pp. Dans la version, au contraire, traduire littéralement, pour bien faire voir "le tour de Du Marsais insiste sur le fait la langue-source. dictionnaires bilingues de son époque (en on doit original " que particulier les les dictionnaires latin-français) confondent souvent les différents sens que l'on donne par figure m~me mot dans une m~me langue; et les différentes significations que celui qui traduit est obligé de donner à un m~me mot ou à une expression, pour faire entendre la pensée de son auteur. (Ibid., p. 38). à un Les lexicographes, soutient Du Marsais, ne doivent pas joindre " à la signification propre d'un mot quelque autre figurée qu'il n'a jamais tout seul en latin" (p. usage normal et le plus courant, signification Dans son 39) . un nom signifie habituellement une idée principale + [des idées accessoires]; mais dans certains contextes, nom il arrive que cette idée principale signifiée par soit "accessoire" relativement à une autre que veut signifier, le le locuteur et que le nom de cette idée accessoire soit plus présent à l'imagination que celui de l'idée principale qu'il veut signifier; mis dans de tels cas, pour celui de l'idée principale, identifier le trope, veut où le nom de l'idée accessoire est exprimer le traducteur devra bien déterminer quelle est l'idée principale que l'auteur et son rapport à l'idée Page 191 accessoire qui l'annonce. Après cela, il pourra se mettre en quête de l'équivalent le plus approprié dans sa langue. S'il vient à bout des idées accessoires (les et des tropes, connotations) le traducteur devra encore s'attaquer aux figures de construction. A cet égard, la première tâche du traducteur est de retrouver, inversions, exprimée. le déguisement pléonasmes, analytiqu. nécessaire sous ellipses, natur.ll •. ou La des figures etc.), (syllepses, construction la construction analytique à la compréhension véritable et entière de la Le traducteur devra donc, pour retrouver la réduire les métaphores (et autres tropes), est pensée pensée, combler les ellipses, éliminer les redondances, et effectuer les renversements qui sont nécessaires pour revenir à l'ordre naturel. correspond donc grosso Cette première étape .odo à la version, qui est comme un préalable à la traduction proprement dite où l'on doit s'efforcer de rendre autant que possible une figure par une autre genre. près La version doit permettre au traducteur, la trappes construction analytique, de la langue-source (tropes, idiotismes et autres "tours particuliers"), les ressources pensée tient de que en suivant d'identifier figures du les de construction, pour évaluer rendre en respectant les divers "caractères l l expressifs l'expression de chausses- et de mieux lui offre la langue-cible m~me la qu'elle (noblesse, légèreté, naïveté, simplicité, etc.) . Page 192 La traduction est un art complexe et global négliger aucun traduction, rendre des aspects des deux pour être "bonne", langues , , fi ab le" , qui en ne peut cause. Une se doit avant tout de avec exactitude le même "fonds de pensée". Les Lumières appellent "version" une traduction qui s'en tient à cela. Mais la version ne donne jamais un "ouvrage d'agrément", heurte constamment au g'ni. de la langue-source. .ontr,r le "traduire", génie de la langue-source, car traduit pas; le génie d'une langue, elle se La version doit mais elle ne peut le ne se par définition, et s'il ne peut être traduit, chercher à le traduire? car pourquoi devrait-on Montrer le génie de la langue-source, ce n'est pas encore traduire au sens strict. Dans la Sr •••• ir. g'n'r.l • • t r.isonn'., la notion de génie des langues n'apparaît que négativement; s'intéressent avant tout à parce que les Messieurs "ce qui est commun toutes à les langues", le génie des langues apparatt dans leur oeuvre comme ce qui résiste aux principes de la Grammaire Générale, aux principes qui sont valables pour toutes les langues. qui est propre Générale, langue. mais Ce à une langue ne relève plutôt de la grammaire L'explication de pas de la particulière qui distingue deux langues du point de vue Page 193 ce Grammaire de de cette leur génie, c'est, selon Auroux (1979, p. 109), "la différence dans la signification encore, des selon A. particuliers mots Joly, et des tournures grammaticales", "l'organisation spécifique des éléments qui distinguent une langue d'une autre" (14). génie d'une langue dépend du génie du peuple ou de la nation la parle et c'est (encore une fois) par un accessoires que ou Condillac explique la recours notion aux de Le qui idées génie des langues : Je demande s'il n'est pas naturel à chaque nation de combiner ses idées selon le génie qui lui est propre, et de joindre à un certain fonds d'idées principales différentes idées accessoires, selon qu'elle est différemment affectée. Or ces combinaisons, autorisées par un long usage, sont proprement ce qui constitue le génie d'une langue. (Ess.i sur l'origin. d.s connoiss.nc.s hu•• in.s, p. 103). comme beaucoup d'autres, Condillac, poètes que croyait que "c'est chez les le génie des langues s'exprime le plus vivement." (Ibid.) . De-là, poursuit-il, la difficulté de les traduire : elle est telle qu'avec du talent, il seroit plus aisé de les surpasser souvent que de les égaler toujours. A la rigueur, on pourroit m~me dire qu'il est impossible d'en donner de bonnes traductions car les raisons qui prouvent que deux langues ne sauroient avoir le m~me caractère, prouvent que les m@mes pensées peuvent rarement ~tre rendues dans l'une et dans l'autre avec les m~mes beautés. (Ibid.). Le génie des langues dépend de celui des cause de leurs institutions, de Page 194 leurs peuples; moeurs certains, et de à leurs pratiques, s'habituent accessoires à associer à certains termes des différentes de celles qu'associent d'autres idées peuples (avec d'autres institutions, moeurs, etc.) aux termes équivalents (quant à la signification principale) de leur langue Ces idées accessoires, respective. et les tournures grammaticales typiques d'une langue, lui confèrent un certain caractère, un génie bien à elle qui ajoute quelque chose de particulier à la plupart des pensées qu'elle sert à exprimer. Si une théorie de la traduction doit donner les de l'art de traduire, principe possible, montrer comment la maximes alors il ou règles qui guident et fournir aux est effectivement pouvant la pratique, l'âge à et pas seulement un "empirisme de la traduction" au XVIII- siècle, une théorie qui sous-tend, justifie la pratique de la traduction, en traducteurs y a bel et bien une théorie de la traduction classique, Il y a, traduction identifier les principaux obstacles affecter le succès de l'entreprise, des fondements (U5) • guide et et le traducteur désireux de pénétrer les arcanes de son art n'était pas totalement livré à un empirisme de trucs et de recettes, intuitions de locuteur bilingue. 6) L'ORIGINE DES LANGUES Page 195 ou aux aléas de ses J'ai déjà traité en passant le sujet de l'origine des langues au chapitre premier (section 5). Je voulais alors montrer qu'il n'y avait pas vraiment d'opposition entre les rationalistes et les sensualistes en ce qui concerne le lien qui unit la Raison et illustrer le principe suivant lequel l'usage de et la Parole, la parole est une activité rationnelle orientée vers une fin. voudrais seulement ajouter ici quelques remarques Je concernant cette problématique et faire voir plus clairement comment opèrent les principes (chap. de choix rationnels, premier, section 5), avancées suivis que nous avons formulés dans les explications conjecturales par les grammairiens philosophes à propos des par les "premiers hommes " lors de la procédés formation des langues. On distingue souvent trois thèses dans la problématique classique de l'origine des langues qu'elle fut enseignée ou inspirée à Adam par Dieu dans le Paradis Terrestre, conformément au récit de la 8.nts. (Chap. II, verset 18-23); 2) qu. 1 •• pr.mi.r •• 1.n;u•• fur.nt 1 P ouvra;. d. la ou des Rai.on, créations libres de nos facultés naturelles supérieures; Page 196 qu'elles se formèrent à coup de conventions et d'impositions volontaires; 3) qu. 1 •• pr.mi.r •• langu •• fur.nt l'ouvrag. d. la qu'elles ne sont qu'une suite de notre "conformation Natur.; naturelle", c'est-à-dire, au fond, de nos besoins et passions. Les classiques adoptent en général deux attitudes à l'égard de la thèse philosophes de l'origine (Beauzée, divine Beattie) certains l'acceptent d'admettre qu'il ait été possible à des ~tres grammairiens tout en refusant humains d'arriver à se donner une langue sans aucun secours extraordinaire; d'autres, plus nombreux, prennent mentionnent avec respect le texte biblique, ensuite l'épisode de la la liberté de supposer qu'après le Tour de Babel, leS humains se mais Déluge ou dispersèrent, retournèrent en quelque sorte à l'état sauvage, et furent bient8t dans l'obligation seules facultés imaginèrent de se donner une langue à naturelles. alors divers Ces l'aide grammairiens scénarios, S.d.nk.n.xp.ri •• nt où interviennent les besoins, de leurs philosophes conjectures ou les passions et la Raison. Les auteurs classiques qui ont eu recours à la conjectures" "méthode des ne se faisaient pas d'illusions sur la validité Page 197 de leurs résultats. Rousseau, dans son Discours sur l'origin. d. (1754), écrit à propos des conjectures sur l'état de nature et les commencements de l'humanité Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothètiques et conditionnels plus propres à éclaircir la nature des choses qu'à en montrer la véritable origine, et semblables à ceux que font tous les jours les physiciens sur la formation du monde. ( 1 . ) chap. bien l'utilité des conjectures en II1) , Condillac montre histoire, qui permettent quelquefois de suppléer "au silence des historiens", des lacunes dans nos connaissances du conjecturer a ses règles", risque alors de ne "qu'ébaucher un roman" des l'origine passé; mais et si elles ne sont pas 1979, pp. 57 d'où cit., p. 110) vient leur de suivies, on (17) Les spéculations des classiques sur ne sont, du comme dit qu'une reste, p. 14, Kant, façon note 24; et 60) et l'idée d'arbitraire. Si les langues sont fondées partout sur les alors "l'art rien langues d'autre, combler faire d'approfondir "l'essence du langage" (Chomsky, Auroux, de diversité? Certains, m~mes comme principes, Maupertuis évoqueront l'épisode de la Tour de Babel. D'autres Page 198 évoqueront climat, les différences dans le milieu les moeurs etc., peuples (cf. l'art. probablement diversement "Langage" De Jaucourt); "tempérament" et le génie l'Enc'lclop4ditt, de ainsi, de l'Enc'lclop4ditt) Marsais l'abondance ajoute que les langues (quand une (8ra ••• irtt, diffèrent langue n'est pas sont des principalement par là que les langues diffèrent selon Condillac Du des Beauzée, ou les choix qu'ils font et c'est le signé D. J., les différents peuples mots (sons) et des "moyens de syntaxe", 435). ambiant, influencés dans les "décisions" (comme dit "Langue" art. ou le naturel aussi aussi développée p. par ou "parfaite" qu'une autre), et par les idiotismes (Frag.ttnt sur ltts caustts d. 1. paroI., in ~.ria linguistica, pp. 226-227). Les commentateurs contemporains n'ont pas toujours il me semble, grammairiens l'origine pensée appelle la philosophes des qui à tentation et de leurs thèses nature" traversent l'époque "conventionnaliste" voulant (1.) que les en D'après principaux fondamentales question. courants Ainsi, la thèse qui présente les langues Joly, représenterait le point de vue cartésienne", les langues par rapport aux deux grands comme des créations libres de la Raison, thèse situer résisté, et soient la thèse A. sur de Joly langues "naturaliste", la "l'ouvrage la de conventionnaliste rationaliste de la "linguistique et la thèse naturaliste, celui des sensualistes et de la "linguistique condillacienne". Page 199 Descartes, les Messieurs de Port-Royal, seraient Locke, partisans Président de Harris, Maupertuis, de la première, Brosses, Turgot, et tandis Rousseau et quelques que autres Condillac, Court de le Gébelin seraient les champions de la seconde. C'est ainsi que l'on oppose couramment la Raison à la Nature et à l'instinct, l'invention consciente et réfléchie à l'imitation instinctive de la nature, l'innéisme statique à la genèse de nos idées et facultés. Je crois avoir montré thèse (chap. premier, section 5) que la naturaliste ne doit pas @tre entendue littéralement, du et il semble bien que ceux qui tentent de moins chez Condillac, la soutenir jusqu'au bout (de Brosses, finalement comme Court de Gébelin) doivent faire une place au point de vue "conventionnaliste", l'a montré C . • 'chaniqu, d,s l.n9u,s ,t d,s Princip,s physiqu,s d, l'Ety.o1ogi, (1765)<19' la nature peut bien nous arracher des pleurs et des grimaces, convention, mais pas un mot, ni aucune règle, cris, des ni une chanson, ni une car toutes ces choses présupposent ce que Rousseau appelait la "puissance de choisir", quelque chose qui perd ne s'explique pas par les lois de la tous ses droits à partir du moment où l'homme faire selon certaines r.gl •• " par conformation" 431) . mécanique. une suite de sa Le La nature commence ce qu'il ne faisait jusque là premier langage d'action, Page 200 (Condillac, 8r •••• ir', "la première des à que p. langues" comme disaient Lamy (1675), déjà les cartésiens Cordemoy (1666) n'est premier langage personne n'ait communiqué Ensuite, qu'une "suite de notre est inné, jamais sans le naturel; eu à vouloir nous avant et conformation"; nous le parlons l'enseigner. de vouloir qu'ils involontaires, ces pouvaient signes naturels, en simulant, utilisés L'esprit humain transformer en en quelque sorte, signes nouvelle, faite" (ibid.) . il les hommes réactions signes naturels. S'il fait le fait sur le modèle d'une autre C'est ainsi que tous les arts avons volontairement "n'a qu'une manière de procéder. chose que communiquer. ces les ce sans Nous en observant mutuellement leurs réactions, comprirent Bernard sont une qu'il nés. a Les premiers signes artificiels seront faits eux aussi sur le modèle des suivant signes naturels, en l'analogie, et ainsi nouveaux signes inventés pour répondre à d'autres besoins. seulement nombre les à partir du moment où ils disposent suffisant de signes conventionnelles ou humains perçoivent peuvent de mieux et ce qu'ils pensent, en mieux des volontaire sont signes et libre. des ce et lier leurs idées sont le plus souvent et des tacites. que qu'ils avec une Le grand d'un usage Mais l'invention et l'usage de ces explicites, "n'ont pas dit, et c'est qu'il activités régies par des règles quelquefois mot, artifiels, d'un artificiels liberté que seul permet l'usage de signes artificiels. avantage C'est librement analyser des signes conventions, Les hommes f.isons unfl 1.n9ufl : ils ont senti le besoin d'un ils ont prononcé le plus propre à représenter la qu'ils vouloient faire connoître" (Condillac, Page 201 chose 8r •••• irfl, p. 433; je souligne); "le plus propre", le plus approprié, c'est celui que la Raison ou la réflexion présente au "pouvoir de choisir", Diderot distingue trois après l'état du 1.n9a9. ani.al langues l'état "états" dans le développement for.ation, de naissance et l'état l'état L'état est un mélange de langage d'action et du sons articulés, conservent la même terminaison, sans de langage "un composé de mots et de gestes", partout n.iss.nc., de p.rf.ction. de des des où les mots déclinaison ni conjugaison. Dans l'état de formation, les cas, les genres, les conjugaisons, etc. , disposaient des exprimer". Dans l'''harmonie'', font leur apparition; dès lors, les humains "signes l'état oratoires de nécessaires perfection, on pour s'est tout attaché "parce qu'on a cru qu'il ne serait pas inutile à de flatter l'oreille en parlant à l'esprit." ("Lettre sur les sourds et muets", p. 372). Dans les commencements, des hommes ignorants et grossiers ne pouvaient aux toujours choisir les sons qui conviennent choses et aux idées qu'ils expriment; réflexion n'étaient faisaient n'étaient présente à pas assez étendues peut-~tre ell e-même" (cf. , leur raison et les choix pas toujours le fait d'une Turgot, Page 202 le op. ci t. , mieux et leur qu'ils "raison p. 50). linguistic., de C'est en suivant l'analogie, par une sorte "métaphysique d'instinct et de sentiment", que les premiers mots se forment et que leur application à une classe d'objets détermine. c'est Mais m@me pour un rationaliste avoué comme notre insu" "à que nous sommes éternelle" Chomsky, 1767, 1966, p.63, de envisager pp. par Beauzée, la xv-xvi; "raison cité par note 110; cf. également Leibniz, Houv •• ux chap. l, p. 61, ess.is ••• , principe guidés se à propos de maximes contradiction innées comme le "on emploie ces maximes expres sément ") . Suivre l'analogie n'est sans les pas un comportement qui exclut la Raison, comme semble le penser A. Joly ("Introduction" au T.bl •• u d.s P,.og,.ts d. 1. sci.nc. g,. •••• tic.l. de Thurot, p. 46); au contraire, c'est l'analogie qui permet de justifier et d'expliquer le choix, elle le "fonde en raison", car s'il n'était que communication, dans le d'un fait hasardeux les commencements, caprice, aurait été tout à Grammaire Générale à la théorie rationnaliste de l'esprit, qu'on ne doit pas identifier le communes" avec la Raison (1966, ouvrage 18), (p. de lorsqu'il décrit la communication et qui "fournit 13) , notions la manière "typiquement distinguer le Chomsky langage mentionne le qui caractérise la vie mentale de la base souligne Dominicy (1984. p. Chomsky, "en qui concerne ce des admet et ailleurs dans le m@me j animale, "princ ipe de ' choix ré fléchi' , l'homme", p. 62) "système qu'avait A. W. Schlegel de cartésienne " humain fait Chomsky, qui plus que tout autre a lié le sort de la inefficace. lui-même la du que langage l'interprétation l'innéisme ... Page 203 humain". soulève M. de plus de difficultés encore, dans la mesure où aucun auteur ma connaissance du moins, ses positions laquelle la à des données linguistiques pour appuyer en la matière , I I Grammaire n'utilise, L' hypothèse fondamentale Générale tente d'expliquer par l'existence des universaux linguistiques n'est pas une hypothèse portant sur les idées innées (ou notions communes), mais plutôt une hypothèse que j'appellerais volontiers, avec le linguiste hollandais S. C. Dik, Cette l'hypoth •• e moyen-fin ("Means-Ends hypothesis") (20) hypothèse est "rationaliste" au sens large du terme qui pas les sensualistes et ceux qui rejettent l'innéité des c'est la Raison, communes; les au idées Les langues sont ou instruments en vue d'une fin et Sans pensées. Raison n'auraient pu atteindre cette fin; ou besoins en matière de communication qui surviennent constamment, fur et à mesure qu'ils se présentent. moyens notions dans son usage pratique, qui façonne langues et satisfait du mieux qu'elle peut tous les nouv.~ux n'exclut la ni communication réflexion, les des des humains c'est donc par le choix (plus moins réfléchi selon les auteurs) des moyens qu'ils y sont parvenus, et non grâce à un bagage inné de notions communes. Par ailleurs, il me semble que les idées innées, ou ces vérités premières imprimées par le Créateur dans nos âmes encore vierges, furent le plus relativement mathématique, certitude invoquées par aux sciences abstraites et métaphysique), les théoriques rationalistes (géométrie, dont les vérités paraissent d'une irrévisable en plus d'être indépendantes des de l'expérience; raison, souvent sens et pour Leibniz par exemple, toutes les vérités de c'est-à-dire toutes les Page 204 propositions analytiques, sont innées (Nouv •• ux .ss.is ••• , Livre I, chap. II nécessaires, et III). Quant aux principes concernant pratique, Locke reconnaît que l'inclination de l'âme vers le bien, l'envie d'~tre heureux et l'aversion pour la misère, Leibniz, lui, ne se ont fait bien sQr pas la quelque chose d'inné; tirer l'oreille pour admettre des principes de pratiques innés. Il davantage est vrai qu'en général, les sensualistes sur l'origine des langues, d'ailleurs surtout discutée ont écrit une problématique qui dans la deuxième moitié d'un fut XVIII- siècle dominé par l'empirisme en France et en Angleterre. Mais je ne crois pas pertinente que l'opposition rationalisme/sensualisme pour l'étude de la Grammaire Générale. La soit Grammaire Générale est un programme de recherche relativement autonome par rapport des aux discussions gnoséologiques concernant le statut notions communes; pas le à tout le moins, noyau dur du programme. Les soucieux de décrire la genèse de sensation, alors impossible à sensualistes que les réaliser seront ces discussions sensualistes aussi une partie plus croient cette d'entre elles; attentifs aux gnoséologiques liées à l'acquisition des signes et, plus nombreux Mais la à écrire sur le sujet de l'origine Grammaire Générale, théorie de l'esprit, grammairiens sont plus toutes nos idées à partir de la rationalistes pour n'affectent philosophes qui sont des Page 205 les questions en général, des langues. bien que fondée en partie jouit d'une certaine immunité; t~che sur il Y a "rationalistes" au la des sens strict (Arnauld. Beauzée). et d'autres qui sont des sensualistes convaincus (Condillac. Destutt de Tracy). mais il n'y a pas Grammaire Générale rationaliste ou sensualiste. de la Grammaire Générale, l'expression quelconque. complète Les de universaux les catégories qui sont nécessaires d'un jugement ou d'un acte de à pensée dépendent de la structure de l'acte en question. et non des idées innées. Les sensualistes ne refusent pas l'idée que l'homme possède. par nature, une "âme rationnelle" pourvue certaines facultés; ce qu'ils refusent. encore un coup. de ce sont les idées innées. les principes abstraits des rationalistes; pour les ils facultés. "histoire tâcheront naturelle". d'être plus attentifs à leur genèse à partir de la à leur sensation. Mais même pour un sensualiste radical comme Condillac. l'acte de juger (comme la pensée considérée en général) est le même partout et pour tous. mêmes bien que tous les peuples ne se fassent n'ayant idé es. institutions. La pas tous décomposition de les la mêmes pensée communication se fait partout de la même façon. invoquer des idé es tous même chez les sensualistes. les pratiques et exigée par la sans qu'on ait à sur ce point des notions communes innées. (la "marche de l'esprit") pas Et l'ordre est le même partout et pour bien que l'ordre des mots ne problématique de soit pas partout le même. Le XVII- siècle s'occupe peu de la l'origine des langues; ce sera surtout l'affaire des sensualistes Page 206 du siècle des Lumières. tout moment Arnauld et Lancelot nous que les signes ont été "inventés", rappellent · à sans préciser davantage comment cette invention a pu se faire. Mais l'oratorien Bernard Lamy, dans sa Rh,toriqu. ou l'.rt d. p.rl.r (1675), qui admet explicitement les vérités innées, examine par hypothèse ce qu'aurait l'avait pu être l'origine du langage articulé si donné à notre "premier ancêtre". d'hommes Il imagine Dieu ne un groupe descendus du ciel ou sorti des entrailles de la Terre, qui se retrouve d'un coup sur une ile déserte, sans contact avec aucune communauté parlante. De quelle façon ces hommes tout faits mais auxquels manque encore l'usage de la parole arriveront-ils à se donner pensées par eux-mêmes une langue pour et leurs besoins les plus commencer avec ce que l'on a, naturels (cris inarticulés, qui et.c.) s'imposent "première langue". aux organes premiers de Les à se communiquer pressants? Il faut bien et dans ce cas, ce sont les signes mouvements de la eux en premier tête, et et moyens de communiquer, devant des yeux, constituent cris inarticulés donnent de la parole, leurs l'exercice l'insuffisance nos humanoïdes leur de imaginaires ces se rendent compte graduellement qu'ils peuvent faire plus facilement avec leur seule voix ce qu'ils font maladroitement avec tout leur corps. Ils découvrent ainsi qu'il ne tient qu'à eux de multiplier à volonté les sons articulés pour y attacher de nouvelles Le langage des sons art iculé s fut alors "pré fé ré" choisi de préférence) au langage d'action, Cc' est-à-dire, parce qu'il constitue un instrument de communication plus efficace, complet plus commode, plus et plus approprié aux fins de la communication Page 207 idées. humaine. Les raisons articulés auteurs. de cette sont nombreuses et se pour le langage retrouvent des chez sons plusieurs Le langage des sons articulés peut @tre utilisé de nuit comme de jour, et n'exige pas une aussi grande proximité que langage d'action; langage préférence l'exécution d'une "proposition gesticulée" d'action est souvent interprétation, hasardeuse. contraire, d'une est la laborieuse, lente, du et son Le langage des sons articulés, rapidité qui égale presque celle au de la pensée et l'exécution d'une proposition orale est aisée, efficace la nuit comme le jour, une distance humaine. variété, De qui et elle peut être entendue et comprise n'est limitée que par la portée plus, les sons articulés sont d'une la très voix grande au point qu'en les assemblant suivant certaines règles, on parvient à exprimer n'importe quelle pensée, idée, de à même les plus "abstraites " , n'importe quelle d'une façon univoque et avec une précision que le langage d'action 'ne peut toujours approcher. Locke (Ess.y ••• , Livre III, chap. II) énumère les avantages du langage des sons articulés (en particulier l'abondance des sons, la rapidité et l'aisance de leur production) avec l'intention faire voir que les sons articulés étaient (et de loin) les aptes à servir les fins de la communication. raisons, d'action; le il langage des sons articulés constituait une méthode (21 ) le "principe de dominance" (P.2). "Le langage communication efficace à tous égards et le choix de cette méthode est au langage plus Pour toutes ces supplanta de de plus conforme d'articulation ainsi formé, et préféré avec tant de raison à ceux du geste et de l'intonation, les bannit presqu'entièrement" Page 208 (Maupertuis, Diss.rt.tion sur l.s diff'r.ns .oy.ns dont l.s ho ••• s s. sont s.rvis pour .xpri •• r l.urs id'.s. op. cit •• p. 94). Revenons aux humanoïdes du Père Lamy. sont les plus "commodes". Soit. choix du matériel linguistique. dit Lamy? Les sons articulés Mais comment s'effectuera de ces sons "artificiels" Il donne alors trois règles pour procéder rationnel des mots. Premièrement des mots de peu de syllabes. comme au choisir autant que le choix possible faciles à prononcer et à mémoriser. L'apprentissage ne doit pas. en effet. être trop coüteux en temps et en énergie. la parole règle surtout dans les commencements où les organes manquent est en encore de souplesse accord rationnel P.1). avec notre Deuxièmement et d'exercice premier principe (cette de choix choisir autant que possible des mots dont le son ressemble ou rappelle le bruit qu'émet la nommée. dans car (Condillac. utiliser a le plus de chances l' "analogie" 8r •••• ir.. est alors on ne p. 432). le moyen qui offre. disponibles. les plus entendue plus sensible Il est rationnel de chercher à comparativement aux autres grandes chances de succès. moyens Toutes le succès nos d'une surtout dans un environnement qui n'est pas stable et où l'on doit tenir compte d'autrui. en d'être peut actions sont susceptibles de succès ou d'échec; action, chose Cette façon de nommer les choses est en effet celle qui. les commencements. (P.3). de particulier lorsque n'est jamais pleinement assuré, le succès dépend Page 209 de la compréhension d'autrui, moyen l'upt.k. (pour parler comme Austin). de (linguistique) doit se faire en fonction d'autrui, qu'il sait ou de ce que l'on pense qu'il sait; on Le choix succè s . utiliser Il fallait sans doute, certains traits saillants et dans ce en agissant ainsi augmente ses chances de voir ses actes de parole avec de du les s'accomplir commencements, mutuellement connus de l'environnement pour arriver à attirer l'attention sur une chose sans aucun pouvoir la montrer. bruit particulier, "couleurs" ou on Pour les objets qui n'émettent pouvait encore certains caractères douceur de certains sons, utiliser expressifs, les divers accents, la certaines dureté, la la rapidité ou la lenteur de la prononciation, etc., pour essayer de les suggérer à l'auditeur. Et troisièmement : choisir un ensemble de paradigmes de flexions, genre, mots un ensemble de marques pour les cas, les temps, entre les modes, etc., le nombre, le qui permettent de lier les eux lorsque les choses qu'ils désignent entre elles. Sans cela, sont notre discours n'aurait aucune liées clarté; seule une syntaxe peut y mettre de l'ordre et lier convenablement les mots dans le discours de façon à éviter les ambiguités, la confusion, l' obscuri té, précision. Les langues "n'ont des moyens pour lier les mots, que parce et satisfaire le besoin de clarté et de que nous ne pensons qu'autant que nous lions (Ibid., p. 433). que produisent ressemblances tel autre, idées." On voit que l'analogie joue un raIe déterminant dans les deux dernières règles de Lamy, sons nos soit par l'imitation des les choses nommées, soit dans la langue même (tel verbe se en créant conjugue des comma tel substantif se décline sur le modèle de tel autre, Page 210 etc.). Les langues ne se sont améliorées que sur une très longue période de temps, période au cours de laquelle elles ont dü faire concurrence au langage définitivement. réalisation Ces progrès, d'une communication. rhétorique", Les d'action, même avant bien sür, fin de le supplanter contribuèrent tous à la maximiser l'efficacité de la Et les ornements dans le discours, les "fleurs de y contribueront par la suite à leur façon. langues diffèrent donc d'abord par comme signes des idées (elles sont les sons "arbitraires" choisis en ce sens que les raisons qui motivent le choix ne sont pas partout les m@mes), par l'abondance de ces sons (les langues "policées" en ont que les langues "primitives"), plus par les idiotismes (chaque langue a les siens -- latinismes, gallicismes, etc.), et par les "moyens de syntaxe", Si régime. commun en à nécessaires particulier en ce qui concerne la Grammaire Générale doit expliquer la les toutes à tous langues, les et systèmes que de ses syntaxe ce qui est sont principes la signes, de thé ori e de l'origine des langues doit expliquer d'où provient leur diversité sans remettre en cause ces mêmes principes. Les principes fondamentaux qui régissent les langues policées doivent déjà être à l'oeuvre dans les commencements, langues; et ce sont bien, principes. l'origine Les des lors de du moins pour conjectures mises formation l'essentiel, les des m~mes de l'avant dans la théorie de langues protègent le noyau dur Page 211 la de la Grammaire Générale en montrant comment (et ont doivent partout évolué) en reconstruire les langues se sont partout formées respectant ses principes; l'''histoire naturelle" de la parole déroger aux enseignements de la Grammaire Générale. manière d'une commencements variation de l'art eidétique, de parler les sans Un peu à la conjectures fournissent elles une sur les sorte de confirmation des principes qui sont vraiment essentiels à toutes l es langues (ou systèmes de signes). Mais les instruments d'analyse et de pensées que sont les langues naturelles, genèse, ne pouvaient remplir adéquatement, fonctions d'analyse et de communication. communication parce qu'ils dè sIe ont une départ, ces Leur évolution consiste justement à remplir de mieux en mieux ces fonctions. Condillac, dans hu. •• in.s, conjecture que dans les commencements, exemple, 85) ; "Monstre les hommes disaient, par terrible" pour "Ce monstre est terrible" (p. c'était avant que les verbes ne fussent en usage. Lorsqu'il affirme, (p. des dans sa S,. •••• i,.., que le verbe est 467) , jugement, et que c'est "l'~me sans lui nous ne pourrions donc relativement à une du discours" prononcer langue aucun achevé e, "policée", qui remplit adéquatement ses fonctions d'analyse et de communication des pensées. On peut ainsi dire du verbe qu'il est nécessaire (exprimé ou sous-entendu) dans toutes les propositions et admettre, sans contradiction, qu'il pouvait Page 212 ~tre absent dans les langues encore contemporains en état de formation. linguistes admettent qu'il y a des langues qui n'ont (22) (comme le sémitique ancien), simple Les juxtaposition et c'est d'éléments nominaux que l'on pas par la obtient une Ilphrase nominale" avec, comme seul trait marquant la prédication, une pause entre les termes. philosophes à ce contre-exemple, dans toutes La réponse nécessaire donc simplement à dire que Il [1] es langues ne que les grammairiens eux qui tenaient le verbe pour qu'autant qu'elles analysent" des les propositions, (Condillac, se .tr~ consisterait perfectionnent Sr •••• ir., p. 435), et hommes n'analysent qu'autant qu'ils en ressentent le besoin, qu'ils en voient l'utilité. Il n'y a donc rien d'étonnant à constater l'absence de certains éléments proposition dans des langues lorsqu'on policée l'analyse constate par et "nécessaires" "primitives" ou fort anciennes. l'absence de tels éléments dans ailleurs pourvue de tous les moyens à l'expression des pensées, même *** Page 213 Et langue théorie à de contre-exemples s'il s'agit là d'une solution qui fort prisée par les linguistes contemporains. une nécessaires c'est la l'ellipse qui sauve la Grammaire Générale de ces "apparents", de la n'est pas NOTES (1) Cf. William of Ockham, Ockh •• 's Th.ory of T.r.s : Part I of the Su ••• logic •• , trad. M. Loux, Notre Dame (Ind.), Notre Dame Press, 1974; en particulier, les paragraphes 10 et 33; également Claude Panaccio, "Nominalisme occamiste et nominalisme contemporain", in Di.logu., XXVI (1987), pp. 281-297. (2) Pierre Fontanier, Flammarion, 1977. L.s Figur.s du discours (1830), Paris, (3) Nous adoptons ici une idée du linguiste Edward Sapir, L. L.ng.g.. Introduction à l'étude de la parole (1921) (Paris, Payot, 1967, pp. 28 et p.ssi.). La conception exposée par Sapir à propos des significations morphologiques rappelle d'ailleurs étrangement celle des grammairiens philosophes; je me permets de citer in .xt.nso un assez long passage qui le montre clairement : Ce qui distingue ces éléments, c'est que chacun d'eux est le signe d'une idée particulière, que ce soit d'un concept unique (ou image) ou d'un nombre de ces concepts, ou images, étroitement liés entre eux pour former un tout. Le mot isolé n'est pas forcément le plus simple élément d'expression; les mots anglais sing, sings, singing, sing.r (chanter, il chante, chantant, chanteur)traduisent chacun une idée bien déterminée et intelligible, quoique cette idée soit isolée et par conséquent sans valeur pratique au point de la fonction. Nous admettons tout de suite que ces mots sont de deux sortes : le premier sing est une entité phonétique indivisible, traduisant la notion d'une certaine activité spécifique; les autres mots participent tous de la même notion fondamentale, mais gr~ce à l'addition d'autres éléments phonétiques, cette notion prend une signification particulière qui la modifie ou la précise; ces mots représentent des concepts composés qui se sont greffés sur un concept fondamental. Nous pouvons donc analyser sings, sing.r, singing, comme des expressions binaires comprenant un concept fondamental ou concept concret (sing) , et un autre de caractère plus abstrait : personne, nombre, temps, conditions, fonctions ou plu214 sieurs combinés. Si nous symbolisons sing par la notation algébrique A, nous devrons symboliser sings et s1ng.r par la formule A + b. L'élément A peut être soit un mot complet et indépendant (s1ng), soit la substance de base, ce qu'on appelle la racine, ou la souche, ou encore le radical d'un mot. L'élément b (s, ing, er) indique un concept secondaire et normalement plus abstrait, qui impose au concept de base une limitation de forme, en comprenant ce mot dans son sens le plus large nous pouvons l'appeler "élément grammatical" ou affixe ... Chacun de ces types d'éléments grammaticaux ou de modification possède cette particularité qu' il ne peut pas, dans la plupart des cas, être employé isolément, mais doit être associé, de quelque façon que ce soit, ou soudé, au radical pour que sa signification prenne toute sa force. Il est donc préférable pour nous de modifier notre formule A + b, en A + (b), les parenthèses symbolisant l'incapacité d'un élément à être isolé. (pp. 28-29). Sapir utilise les majuscules pour les concepts fondamentaux, et les minuscules pour les "éléments grammaticaux". Les idées accessoires que nous examinons ici ne sont pas toutes représentées par des éléments grammaticaux distincts, comme les idées accessoires qui distinguent entre eux des termes synonymes. (4) Pierre Fontanier, L.s Figur.s du discours. En particulier le "Supplément à la Théorie des Tropes", p. 213 .t p.ssi •. (5) Denis Diderot, "Lettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux qui entendent et qui parlent", dans O.uvr.s co.pltt.s d. Did.rot, éd. par J. Assézat, Paris, Garnier Frères, 1875 (Kraus Reprint Ltd, Nendeln, Liechtenstein, 1966), p. 363. (6) Cf., pour la controverse concernant l'ordre naturel, Ulrich Ricken, 8r•••• ir. .t philosophi. .u sitcl. d.s Lu.itr.s controverse sur l'ordre naturel et la clarté du français, Villeneuve-d'Ascq, Université de Lille III, 1978; et du même auteur, "Die Kontroverse Du Marsais und Beauzée gegen Batteux, Condillac und Diderot -- Ein Kapitel des Auseinandersetzung zwischen Sensualismus und Rationalismus in der Sprachdiskussion der Aufklarung", dans Histor'l of Linguistic Thought and Cont •• por.r'l Linguistics, éd. par H. Parret, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1976, pp. 460-487. 215 (7) U. Ricken, "Die Kontroverse Du Marsais und Beauzée gegen Batteux, Condillac und Diderot"; l'article commence ainsi: So wie die Entwicklung der franzosischen Aufklarungsphilosophie wesentlich gepragt war durch die Auseinandersetzung mit der rationalistischen Ideenlehre Descartes', dem Kernstück seiner Metaphysik, so reflektieren sich auch in der sprachtheoretischen Diskussion des 18. Jh. die gegensatzlichen Positionen des Sensualismus und des Rationalismus. Das ist naheliegend für solche vieldebattierten Probleme wie das Verhaltnis Sprache - Denken, den Sprachursprung, die Methodik des Spracherlernung, die Zweckmassigkeit oder Unzweckmassigkeit einer bildhaften Sprache. Weniger zwingend erscheint auf den ersten Blick die Relevanz der philosophischen Grundpositionen für die Theorie der Wortstellung. /Tout comme le développement de la philosophie française des Lumières fut essentiellement portée par la confrontation sur la doctrine rationaliste des idées de Descartes, le coeur de sa métaphysique, de m@me les positions contradictoires du sensualisme et du rationalisme se reflétèrent dans la discussion grammaticale du XVIII- siècle. Cela est manifeste pour des problèmes vivement débattus comme le rapport Langage-Pensée, l'origine des langues, la méthode d'enseignement des langues, et l'utilité ou l'inutilité d'une langue artificielle. La pertinence des positions philosophiques fondamentales semble moins contraignante à prem1ere vue en ce qui concerne la théorie de l'ordre des mots./ Ricken parle ensuite de la distinction entre le corps et les organes des sens d'une part, et l'âme, d'autre part, l'~e dont les opérations les plus importantes reposent sur des idées innées (d.r.n Nichtigst. D.nkop.r.tion.n .«f .ing.bor.n.n Id •• n b.r«h.n); puis il touche un mot à propos de la pensé e "pure l l et indépendante du corps, pour finalement conclure: Die r.ison, ein Ausdruck der allen Menschen gemeinsamen eingeborenen Ideen, wurde zur Basis der rationalistischen Grammatik. Weil die Sprache aIs Mitteilungsinstrument des Denkens auch in ihrem Aufbau den Prinzipien des Denkens entsprechen muss, galt die in allen Menschen gleiche r.ison 216 aIs die gemeinsame Grundlage der Grammatik Sprachen. aller ILa raison, une expression des idées innées et communes à tous les hommes, devint la base de la grammaire rationaliste. Parce que le langage comme moyen de communication de la pensée doit aussi refléter dans sa structure les principes de la pensée, la raison, la même dans tous les hommes, valut comme fondement commun de la grammaire de de toutes les langues.1 Un peu plus loin (p. 463), il dit que le problème de l'ordre naturel des mots est devenu le point central d'une controverse dans laquelle s'opposent des positions rationaliste et sensualiste méconnaissables (unv.rk.nnb.r). Il voit finalement en Du Marsais un défenseur des principes sensualistes sur les points les plus importants de sa Grammaire et de sa méthode d'enseignement, mais, ajoute-t-il, en ce qui a trait à la doctrine de l'ordre des mots, Du Marsais "hat die Theorie vom ordr. n.tur.l verteidigt und ",eiter ausgebaut" la défendu et renouvelé la théorie de l'ordre naturel/. Je crois qu'on pouvait faire cela tout en restant sensualiste, comme j'essaie de le montrer dans cette section. Il n'y a pas d'inversions relativement à la pensée, même dans les cas où nous sommes dominés par des passions, l'ordre le plus naturel consistant toujours à présenter l'idée principale, puis les idées qui s'y rapportent. C'est ainsi, aussi bien chez les rationalistes que chez Du Marsais, Condillac, Diderot ou Destutt de Tracy. Enfin, je ne crois pas, comme le présuppose Ricken, que les discussions grammaticales aient été fortement influencées par les positions gnoséologiques opposées des sensualistes et des rationalistes (ou celles des co •• on s.ns. philosoph.rs), ni sur la question de l'ordre naturel, ni sur la problématique de l'origine des langues, ni sur les rapports entre le langage et la pensée. Condillac est un bon spiritualiste, et même s'il ne parle pas d'''intellection pure" à la manière de Descartes et Malebranche, ou de "pensée pure" comme dit Ricken, les sensations, pour lui, ne deviennent des idées qu'en devenant l'objet de la réflexion (c'est-à-dire de la Raison), qui les considère comme des représentations, comme des images, qui sont simultanément devant l'esprit avant que le discours ne leur impose un ordre successif. Bien sar, Condillac, plus qu'aucun autre peut-être, est sensible aux effets positifs de l'acquisition du langage sur le développement de la pensée, de ses facultés et opérations; mais de leur cSté, les rationalistes rêvaient d'une "caractéristique universelle", une langue qui représenterait si clairement et si efficacement toutes nos pensées que sur n'importe quel problème suscitant une querelle entre deux partis, il suffirait de dire, 217 comme le souhaitait Leibniz, "Asseyons-nous et calculons!". science est une langue bien faite" disait aussi Condillac. "La (8) C'est surtout à partir des grammairiens philosophes de la Renaissance, en particulier Linacre, Scaliger et Sanctius, que les figures de rhétorique sont invoquées pour protéger les règles de la Grammaire contre des anomalies apparentes. Des figures comme l'énallage et l'ellipse sont très importantes pour le traitement des modes (Jacques Julien, R.ch.rch.s sur l'histoir. d. 1. c.t'gori. du .od. v.rb.1 d'Rristot • • Port-Roy.1, thèse pour l'obtention du doctorat de troisième cycle en linguistique générale, Université de Paris VIII, Vincennes, sous la direction de J.-C. Chevalier, juin 1979). Sur l'ellipse, cf. les travaux de G. Clérico et de M. Breva-Claramonte sur Sanctius. Aussi, de B.E. Bartlett, "Les rapports entre la structure profonde et l'énoncé au XVIII- siècle", in L.ng.g.s, 1980. Voir aussi les articles "Enallage" et "Ellipse " de Du Marsais dans l' Encyc1op'di.. Du Marsais rejette l'énallage, que les "grammatistes" invoquent un peu trop souvent à son goüt pour justifier des usages qui sont carrément fautifs. Mais l'ellipse demeure pour lui une figure très précieuse pour retrouver les règles universelles de la Grammaire apparemment bafouées par certains usages d'une langue, et pour retrouver, sous les déguisements des constructions usuelles et figurées, la construction analytique. (9) Peter Swiggers, dans son "Introduction" aux (Jr.is princip.s d. 1. 1.ngu. fr.nçois. (1747) de l'Abbé Gabriel Girard (GenèveParis, Librairie Droz, 1982), présente la typologie des langues de l'Abbé Girard (langues "transpositives", "analogues" et "mixtes") et affirme que la première fonction de cette typologie est de préserver "l'universalité de la forme de concevoir": "La première fonction de la typologie des langues est donc -- et ceci n'est pas paradoxal -- d'assurer la thèse de l'isomorphie entre les niveaux de la réalité, de la pensée et de la parole, et de réaffirmer l'universalité de la forme de concevoir" (p. 45). Cette typologie des langues est bien sÜr étroitement liée à la question des inversions et de l'ordre naturel; c'est pourquoi nous nous sentons pleinement justifier de faire figurer la théorie de l'ordre naturel dans la "ceinture de protection" de notre programme de recherche. (10) R. Jakobson, Ess.is d. 1inguistiqu. g'n'r.1., Paris, Editions de Minuit, 1963, p. 82. (11) Maine de Biran, "Not es sur 1 es ré fI exions de Maupertuis et (1815), in Sur Turgot au sujet de l'origine des langues" l'origin. d.s 1.ngu.s, éd. par R. Grimsley, op. cit., p. 88. (12) Beauzée & Marmontel, art. "Traduction" de l'Encyc1op'di •. 218 (13) R. Jakobson, "Linguistique et poétique", dans Ess.is dtt 1inguistiqutt g'n'r.1tt, op. cit., p. 218. (14) Joly, À. phi10sophiqutts "Introduction" sur 1. gr •••• ir. à Httr.ts ou univ.rstt11tt, trad. rttchttrchtts F. Thurot (1796), Genève et Paris, Librairie Droz, 1972, p. 46. (15) G. Mounin, L.s prob1t.tts th'oriqutts dtt 1. tr.duction, Paris, Gallimard, 1963, p. 12. (16) J.-J. Rousseau, Discours sur l'origintt d. l'in'g.lit" op. cit., p. 254. (17) E. Kant, "Conjectures sur les débuts de l' histoire humaine" (1786), dans Kant, L. phi10sophitt d, l'histoir., Paris, Editions Gonthier, 1947 (pour les Editions Montaigne), p. 110. (18) À. Joly, "Introduction" au r.b1 •• u d.s progrts d. 1. sci.nc. de F. Thurot (Discours préliminaire à IIHermès"), Bordeaux, Editions Ducros, 1970. gr •••• tic.1. (19) Charles Porset, "Note sur le mécanisme et le matérialisme du Président de Brosses", dans L.ng.g.s, déc. 1980, p. 61 : "il est significatif qu'à mesure qu'il avance dans ses analyses, on le voie réintroduire l'arbitraire et le contingent au coeur de la langue. Il (20) S. C. Dik, "Somes Remarks on the Notion ' Universal Semantics''', dans Logic, ~.thodo10gy, .nd Phi10sophyof Sci.nc. 1~, éd. par Suppes, Henkin, Joja, Moisil, 1973, p. 842. cit., p. 8 : The comfort and advantage of society not being to be had without communication of thoughts, it was necessary that man should find out some external sensible signs, whereof those invisible ideas, which his thoughts are made up of, might be made known to others. For this purpose nothing was so fit, either for plenty or quickness, as those articulate sounds, which with so much ease and variety he found himself able to 219 make. Thus we may conceive how Hords, which were by nature so weIl adapted to that purpose, came to be made use of by men as the signs of their ideas; not by any natural connexion that there is between particular articulate sounds and certain ideas, for then there would be but one language amongst aIl men; but by a voluntary imposition, whereby such a word is made arbitrarily the mark of such idea. Encore un coup: le langage est un moyen en vue d'une fin; c'est pourquoi le véritable langage humain ne commence qu'à partir du moment où des gestes ou des sons en viennent à être utilisés volontairement et librement. Locke ne discute pas du langage d'action, comme le feront ses successeurs; il relève les avantages du langage des sons articulés sans dire par rapport à quoi il est plus avantageux. L'homme sort des mains du créateur avec les organes qu'il faut pour produire les sons articulés qui lui conviennent. Mais cela ne suffit pas, car les perroquets en font autant; ce qui tranche, c'est la capacité de les utiliser pour être signes des conceptions de l'âme. Mais pour Condillac et les sensualistes français, ce n'est que peu à peu que le langage des sons articulés s'est imposé; plus il fut utilisé, plus ses avantages furent remarqués, comme les enfants qui commencent à parler et qui nous pressent de leur apprendre le nom de toutes les choses qui les entourent. (22) Cf. E. Benveni ste, '" Etre' et 'avoir' dans 1 eurs f onct ions linguistiques", chap. XVI des Problt •• s d. Iinguistiqu.s g4n4r.I.s, op. cit.. Benveniste commence son article en remarquant que l'existence de "phrases nominales" caractérisées par l'absence de verbe est "un phénomène universel", m~e s'il admet que ces phrases ont "pour équivalent une phrase à verbe '~tre'" (p. 187). Il admet aussi que cette absence à eu tendance à se combler avec le temps "En nombre de langues, à diverses époques de l'histoire, la fonction jonctive, assurée généralement par une pause entre les termes, comme en russe, a tendu à se réaliser dans un signe positif, dans un morphème. Mais il n'y a pas eu de solution unique et nécessaire. Plusieurs procédés ont été employés; la création ou l'adaptation d'une forme verbale n'est que l'un de ces procédés." (p. 189). Quelquefois, au lieu d'une simple pause, c'est un pronom qui fait office de copule, comme en araméen ou dans les langues turques. Ailleurs, dans "La phrase nominale" (chap. XIII du m~me ouvrage), il remet encore en cause le "privilège" du "verbe d'existence" étant donné l'ampleur du phénomène représenté par les phrases nominales, phénomène présent dans presque toutes les familles de langues, à l'exception des langues européennes modernes "A quelle nécessité est donc liée la phrase nominale pour que tant de langues différentes la produisent pareillement, et comment se fait-il -- la question semblera étrange, mais l'étrangeté est dans les faits -- que le verbe d'existence ait, entre tous les 220 verbes, ce privilège d'@tre présent dans un énoncé où il ne figure pas?11 (p. 152). Mais plus loin Cp. 154) dans le même texte il dé fini t le verbe comme Ill' élément indispensable à la constitution d'un énoncé assertif finill; suit immédiatement sa célèbre bipartition des fonctions verbales en fonction con'siv. et fonction .s•• rtiv.; cette approche est d'ordre syntaxique et non morphologique; en ce sens, les phrases nominales peuvent servir également à produire des énoncés assertifs finis, m~me si la Iifonction verbale l l est Iimatériellement ii absente; cette approche permet de conclure que Illa phrase nominale ne saurait @tre considérée comme privée de verbe ll (p. 159), les fonctions verbales, définies syntaxiquement, pouvant se réaliser autrement que dans une forme verbale caractéristique. Il n'y a donc pas ellipse du verbe dans les phrases nominales. *** 221 CONCLUSION Cette première partie n'est, pour ainsi dire, qu'un rappel de l'arrière-plan théorique de la théorie idéationnelle des modes d'énoncé des grammairiens Lakatos, j'ai philosophes. En voulu présenter la Grammaire Générale comme un programme de recherche scientifique, un noyau dur de conceptions ou de comme des principes, principes aussi généraux longtemps s'imposer sans tôt ou tard ~tre et à "statique" la suite du noyau dur. Il y utiles m'apparaissaient a notre nécessaires ne peuvent que j'ai tenté de quelque chose rat i onnell e" dépit préconisé e, est de Lakatos; qui de notre pl us qu'un compte tenu des limites "reconstruct i on semble Je pense qu'en "roman historique". Mais une telle approche ne va pas de soi. comme me attaqués -- et défendus des quelques écarts relativement à la méthode simple qui dans l'usage que j'ai fait de la méthode de je m'en suis expliqué au chapitre premier. enquête, classique (environ 150 ans); --, une ceinture de protection fut construite, décrire de en isolant d'abord invariant pour toute la période considérée ici et m'inspirant nous l'avons fait, la Grammaire Page 222 Peut-on Générale, isoler, oeuvre de philosophe( 1 le ) des grands courants philosophiques qui traversent , siècle, Plusieurs nommément le rationalisme et commentateurs pensent que non. le sensualisme? Il est vrai qu'on ne peut isoler totalement la Grammaire Générale de la logique, de la théorie de l'esprit et de la rhétorique, pas les traits d'une discipline (Dominicy, 1984, critique" p. quelconque corps de autonome et M. Dominicy 7) . "s'efforce qui et qu'elle ne de doctrine qui un d'un la théorie p. 14). Nous (Ibid., l'avons vu naturel et de l'origine des langues, où les rationalistes et les sensualistes opposées sont théorie de souvent présentés comme soutenant l'ordre des thèses sur des questions grammaticales précises. Ce l'approche dans particulier à propos de la "courant l'inexistence caractériserait linguistique entre Port-Royal et Humboldt ." en professionnalisée mentionne prouver présente la courant critique de Chomsky, est une réaction et elle est justifiée et mesure où celui-ci liait tout le Grammaire Générale à la vis-à-vis de compréhensible développement de "théorie rationaliste de l'esprit" la et à ses thèses sur l'innéité des notions communes. Mais, nous l'avons vu également, Descartes, toutes est sortes "illimité" la un de Raison, pour Condillac pas "instrument universel, rencontres", une moins qui peut faculté servir pour en caractère d'un qui nous rend capables d'adaptar toutes aux situations nouvelles, que nos actions et en particulier, d'adapter nos actes Page 223 de parole aux sens exprimés par ceux des mots, c'est à la Raison que nous devons pertinent. d'une façon "en toutes autres. d'~tre sortes En capables de parler de rencontres". Raison est au-dessus des instincts et des habitudes. fait peu de choses par instinct, d'autres La Parce qu'il l'homme serait, sans la Raison, "l'enfant de la nature le plus délaissé" (2) selon l'expression de Herder. Les rapports entre la Raison et le langage, ou entre la pensée et le langage, ne sont pas affectés de manière essentielle par les querelles gnoséologiques. passages de Descartes et Cordemoy que cite Chomsky ne montrent nullement en quoi idées innées interviennent dans l'usage normal la les parole ou dans son apprentissage; de conclure, comme il le fait l'apprentissage de Et les quelques ces passages ne permettent pas (1966, p. 4), que la parole ne peuvent être liés l'usage à en termes plus actuels, peu Descartes a écrit sur l'apprentissage du "dressage" ou de bref, "condi t i onnement" question des idées innées. Page 224 (3) qu'il appel à une certaine forme il n'y ou Le langage les articles 44 et 50) fait plutôt l'''industrie" et à l'''habitude'', ce "l'intelligence générale". appelle, que de est à de nullement A l'inverse, lorsque Turgot écrit que "les langues ne sont elle-m~me", point l'ouvrage d'une raison présente à forcément le lien qui unit la Raison au langage, pas que la Raison puisse avoir conduit leur insu; il ne rompt car il n'exclut "les premiers hommes" s'il avait voulu dire que la Raison n'a rien à à voir avec les langues, il l'aurait dit, tout simplement. Au lieu d'une exclusion, une nous avons une restriction ce n'est peut-être "raison présente à elle-même", mais rien ne dit que n'est pas tout de même la Raison qui forme les langues; ouvert qui le combien louange la premier 138) , "vraie métaphysique dont Locke le chemin", écrit qu' "elle nous a fait instrument de l'esprit que l'esprit sentir (les signes ou les langues --A. L.) et dont il fait tant d'usage dans opérations, mécanique de sa offroit a a formé ses cet ce ailleurs ("Ré fI exi ons sur l es langues", Turgot, pas de considérations importantes construction et de son action". sur Il la parle également des "signes de nos idées inventés pour les communiquer aux à autres", la manière des Messieurs de Port-Royal. Livre rationalistes l Les et II; admettent que la Raison nous dirige souvent à notre insu; art. "Conjugaison" de les sensualistes (Du l' Encyclop4di.; Condillac, Marsais, L'Rrt d. admettent quant à eux une "métaphysique de sentiment" qui aurait présidé à la formation des langues. <4) Il y a là plus un déplacement d'accent qu'une opposition farouche. comme dans artificiels l'autre, est le processus reconstruit et d' "invention" pensé Page 225 sur le Dans un des modèle cas signes d'une d'ci.ion volontaire, là, d'un choix r.tionn.l, et c'est surtout par il me semble, que la Raison intervient dans la formation des langues et l'usage de la parole, que le langage des signes artificiels est une création de la Raison, et que l'aptitude à le parler normalement "chos e étendue" est la "meilleure (un corps humain) preuve" qu'une est bel et bien simple une "chose pensante", et pas seulement un automate. Cette interprétation est simple, conforme à un grand nombre de textes, et claire que l'interprétation Chomsky et de (comme Ricken), l'idée vague que le langage est le "reflet" ses qui de recourt à l'innéisme beaucoup plus quelques autres et contente de de la Raison et de Nous avons vu de idé es inné es ou le "miroir" de l' espri t . se quelle façon la notion de choix opérait chez Condillac. à plusieurs reprises, art. Beauzée, parle des "décisions de l'usage" (par ex., "Préposi t i on" de l' [ne yel op4düt) de quelque bizarrerie qu'on accuse l'usage, ce prétendu tyran des langues, j'ai reconnu dans un si grand nombre de ses décisions, taxées trop légèrement d'irrégularité, l'empreinte d'une raison si éclairée, fine, & en quelque sorte infaillible, que je ne puis croire le systême des pr4positions aussi inconséquent qu'on l'imagine dans notre langue. Toute invention, toute résolution de problèmes nouveaux, comme toutes les actions en général (langagières ou non), requièrent le consentement choisir". de Pour la volonté, c'est-à-dire d'une les rationalistes et les empiristes, d'union entre la Raison et le Langage, Je "puissance le trait c'est la notion de choix. ne vois là aucune différence ou opposition majeure entre Page 226 de les deux grands courants. Même chose en ce qui concerne la doctrine de l'ordre naturel des mots des sensualistes (Du Marsais, Destutt de Tracy) la défendent autant que les rationalistes (Arnauld, Beauzée); il n'y a pas d'inversion relativement à la pensée; suivant le même ordre, et la manière la nous pensons tous en plus "naturelle" parler consiste à exprimer d'abord l'idée principale dont on le plus occupé, et les autres par la suite selon qu'elles de est se rapportent plus ou moins à la première. On peut pécher contre cet ordre pour des raisons d'élégance ou pour rendre la communication plus "efficace"; mais sous l'empire de la passion, il peut être tout aussi naturel de nommer d'abord cette passion ou l'objet qui la cause, et de renverser certains membres de Beauzée Marsais, développer, et Destutt de Tracy en cette matière, des idées ne la font phrase. encore Du que qui respectent le cadre théorique posé par la 8r •••• ir. g4n4r.l • • t r.isonn4., lorsqu'ils font de la construction analytique la base de toute compréhension langagière. Même remarque encore à propos des rapports entre le langage et la pensée. Il est évident que les sensualistes sont attentifs aux effets positifs de l'acquisition du langage sur Page 227 plus le développement réflexion) de la pensée (mémoire, imagination, raison et qu'ils insistent fortement sur le fait que les signes d'institution permettent d'analyser et de librement semble tandis qu'un Descartes, seuls communiquer au contraire, regretter que nos idées soient si étroitement mots, été nos pensées, ou liées aux qu'il soit si difficile de les en détacher, parce qu'ayant choisis par des hommes grossiers et ignorants, souvent à une conception "claire et distincte" ils nuisent des idées. Mais Beauzée admet lui aussi la nécessité des signes pour analyser les pensées et les rendre communicables, l'Encyclop4di. (Du Marsais) . comme son prédécesseur Et nous avons vu que, de part à et d'autre, sensualistes et rationalistes admettent l'antériorité de la pensée sur l'esprit, les son expression idées verbale. doivent s'ordonner Simul tané es pour rendre dans possible leur analyse et leur communication, car il y a peu de pensées qui peuvent être rendues parfaitement par un seul geste. opposer les rationalistes aux sensualistes l'autonomie le celles-ci étant les fruits de pour les premiers, opération purement spirituelle, l'âme (Pr4cis d.s l.çons l'"intellection pour Condillac, est une qui se déroule tout entière dans pr41iain.ir.s, p. Descartes, qui inclut sous le terme "pensée" 416), les comme chez "opérations de l'imagination et des sens" ("Raisons qui prouvent l'existence Dieu qui est entre et la distinction de il faut aussi pour les seconds, que la sensation, de (comme et des produits de la sensation et l'usage des signes artificiels, considérer question des idées et pensées relativement aux signes fait Ricken), pure" sur la Si on veut Page 228 l'esprit et le de corps humain", annexe aux tant "Secondes Réponses"), que significations des mots, choses élaborées par et que les idées, sont des représentations la réflexion (Ess.is connoiss.nces sur 47) ; p. en des l'origin, des l'engouement des rationalistes pour le projet d'une "caractéristique universelle", une langue si bien faite qu'elle permettrait un véritable des idé es; pour eux aussi, les langues sont précieux pour le développement de la pensée, un calcul instrument mais peu de langues sont aussi bien faites que celles parlées par les mathématiciens, et Condillac sur ce point les rejoint pleinement, la science comme "une langue bien faite" moins arbitraire et l'algèbre, et la mieux faite de toutes les surplus, si les pensées, pour les rationalistes, indé.pendantes des signes, (comme Descartes), l'affirmation partout éloignés de et les faire (Condillac, artificiels communication lui qui voyait comme la langues; au sont à ce point pourquoi se plaignent-ils quelquefois de leur trop étroite association? Enfin 3°) répétée des sensualistes que les idées se la même manière et que même les peuples forment les plus sans commerce avec nous en viendraient sûrement mêmes abstractions Lettre à Maupertuis, qui des sont et raisonnemens" mêmes les 25 juin 1752). nécessaires pensées ne sont pas à Si les l'analyse partout "à et les signes la à mêmes, la traduction est néanmoins, en principe, touj6urs possible pour les la pensée peut toujours sensualistes et les rationalistes; rendue fidèlement accesso1res par rapport près. d'une langue dans une aux autre, Les pensées ont donc une relative aux diverses langues dans lesquelles Page 229 on être idé es autonomie peut les exprimer. Ricken qualifie de "méconnaissables" les positions rationalistes et sensualistes qu'il rencontre les discussions grammaticales de l'époque; part, qui je pré fère, ne voir là que des positions · de grammairiens finissent toujours par se rejoindre sur les plus importants de la science grammaticale; n'enlève leur à originalité pour ma philosophes, principes ce qui, comme dans les bien sQ.r, philosophes ou grammairiens. Certes, les sensualistes, du siècle de Louis XIV, connaître, vont limiter sévèrement notre pouvoir de et rarement les voit-on expliquer comment dans l'âme, tout contrairement aux rationalistes les échafauder des systèmes pour objets pouvaient faire des impressions ou comment l'âme pouvait mouvoir le corps; cela se fait-il? C'est le secret du Créateur", "Comment répond (J.,.i. dans Marsais lingu.istic., p. parallélisme, d'occasionnalisme ou de choses de ce genre. 220) Pas d'"harmonie Du préétablie", de Cette confiance aveugle dans les pouvoirs quasi illimités de la Raison, cet enthousiasme, et c'est se est cause des "mauvais systèmes " montrer "raisonnable" que de (Condi llac) , reconnaître notre ignorance en des matières qui sont "au-dessus de la raison". Mais pour le reste, sensualistes, terme le rationalisme n'est pas mal si j'ose dire. "rationaliste" ne servi par les Il est permis de regretter que le soit utilisé, Page 230 en histoire de la philosophie, que pour désigner les partisans cartésienne des idées innées. au "rationalisme empiriste " de la doctrine M. Auroux a m@me consacré un texte (~) des Lumiè res , où il discute surtout, comme il se doit, les thèses de Condillac. Il y a, nous l'avons dit, rationalistes (Arnauld, Beauzée), (Du Marsais, Condillac, rattacher à la sympathies grammairiens philosophes d'autres qui sont sensualistes Destutt de Tracy), J. comme le Père Buffier, des Beattie et J. m~me, et il y en a Gregory, que l'on doit Ilphilosophie du sens commun". Quant à Harris, ses pour le néo-platonisme de Cambridge (principalement représenté par R. Cudworth) sont bien connues. Cependant, malgré les philosophiques théorie divers partis pris tous les connaissance, acceptent connaissance, grammairiens en philosophes, que le langage est l'expression de la à ma de la pensée, que sa principale fonction est la communication des idées et pensées, est la que la nature humaine est uniforme et que la même partout et pour tous, linguistiques, qu'il y a des que l'usage normal de la parole est une pensée universaux activité rationnelle régie par des règles et orientée vers une fin, et que l'analogie joue un raIe l'évolution des langues. fondamental dans la formation Il y aurait donc un certain "corps de doctrine qui caractériserait la théorie linguistique entre Royal et Humboldt". mon avis, et Port- C'est ce que la méthode de Lakatos permet, à de mettre en évidence. Page 231 La Grammaire Générale jouit donc. comme discipline philosophique, d'une relative par rapport aux théories de la connaissance, autonomie comme le reconnaît M. Dominicy (1984, p. 14) Il est bien évident que la philosophie du langage professée par les Lumières se réclame presque toujours de Locke, puis de Condillac, et manifeste dès lors un anticartésianisme constant. Toutefois, il n'existe pas de grammaire lockienne ou condillacienne, dans la mesure où l'appareil mis en place à Port-Royal continue à fonctionner pour l'essentiel. La méthode de Lakatos offre aussi l'avantage de mettre un peu d'ordre dans les diverses théories dont se sont grammairiens philosophes et qui débordent le occupés cadre les de la Grammaire proprement dite, c'est-à-dire l'analyse et l'examen des "éléments de la proposition " . Ces diverses théories (la ceinture de protection) protègent, confirment ou complètent les fondamentaux du noyau dur. mots principes Les idées sont les significations des et chaque mot ne peut avoir plus qu'une seule signification (idée) principale; à l'occasion, susceptibles partout mais ils peuvent se charger, régulièrement ou d'idées accessoires de toutes sortes, de divers usages figurés. et pour tous langues, car des nous m~me la la puisque la traduction, en principe, doit toujours @tre possible (du moins pour le l'ordre La pensée est il faut alors expliquer à quoi tient difficulté de traduire, pourquoi et ils sont " sens mots n'est pas le m@me parlons tous avec entendre nos pensées et ces pensées sont, principal"), dans l'intention toutes de pour l'essentiel, et les faire les m@mes partout et pour tous. L'usage de la parole est une activité Page 232 rationnelle qui simplicité; d'où fait une toutes langues l'on rencontre l'économie . L'analogie est un principe ne sont-elles principes Ces ont-ils la tropes d'où viennent toutes ces irrégularités partout et diversité? à fondamental que qu'apparentes? langues sont partout fondées sur les mêmes principes leur et vient l'abondance des synonymes et des dans toutes les langues? en large place à Les d'où vient prévalu dès le commencement? Et comment expliquer l'absence de catégories jugées "nécessaires" à l'analyse de la pensée, langues en particulier dans très anciennes ou appartenant à des civilisations les m01ns évolué es? J'admets volontiers qu'il faudrait mener une pour vaste examiner les rapports entre le noyau plus enqu~te dur et ceinture de protection de la Grammaire Générale et en faire histoire plus détaillée. par ce centrales survol, pour un la une Mais je crois avoir déjà mis au jour, nombre important de notions l'analyse des modes verbaux et des déclaratifs. ••• Page 233 qui seront énoncés non NOTES (1) Du Marsais, L.s v4ritabl.s princip.s d. 1. gr •••• ir., ou Nouvell. gr •••• ir. raisonn4. pour appr.ndr. la l.ngu. l.tin. (1729) "Pourquoi fonder les régIes de grammaire, dira-t-on, sur des observations de logique et de métaphysique? Faut-il être philosophe avant que d'être grammairien?" "Je réponds qu'il seroit à souhaiter que ceux qui enseignent la grammaire fussent philosophes. Les grammairiens qui ne sont pas philosophes, ne sont pas même grammairiens. La grammaire a une liaison essentielle avec les sciences qui traitent de nos idées, et des opérations de notre esprit, parce que la grammaire traite des mots, en tant qu'ils sont les signes de ces idées et de ces opérations." In (Jaria l inguistica, p. 285) . Les philosophes français des Lumières appellent souvent "mé taphys ique" la thé ori e de l' espri t ou thé ori e des idé es. (2) J.G. Herder, Tr.it' sur l'origine d. la l.ngu. (1770), trad. par P. Pénisson, Paris, Aubier-Flammarion, 1977, p. 68. Cette "illimitation" constitue le point de départ de Herder. Les animaux ont un "cercle" ou une "sphère" d'actions pour la plupart très limité, contrairement à l'homme; plus le cercle est étroit, plus les instincts dominent et gouvernent les créatures. Sur ce point, Herder semble très proche de Descartes et Condillac. Paris, Gallimard, (3) Descartes, L.s Passions d. l'a •• (1649), "Que chaque volonté est naturellement jointe à 1969. Art. 44 par industrie ou par quelque mouvement de la glande; mais que, dans cet article, habitude, on la peut joindre à d' autres l l ; Descartes écrit Et lorsqu'en parlant nous ne pensons qu'au sens de ce que nous voulons dire, cela fait que nous remuons la langue et les lèvres beaucoup plus promptement et beaucoup mieux que si nous pensions à les remuer en toutes les façons qui sont requises pour proférer les mêmes paroles, Page 234 d'autant que l'habitude que nous avons acquise en apprenant à parler a fait que nous avons joInt l'action de l'âme, qui, par l'entremise de la glande, peut mouvoir la langue et les lèvres, avec la signification des paroles qui suivent de ces mouvements plutôt qu'avec les mouvements mêmes. Et à l'art. 50, on peut lire encore que chaque mouvement de la glande semble avoir été joint par la nature à chacune de nos pensées dès le commencement de notre vie, on les peut toutefois joindre à d'autres par habitude, ainsi que l'expérience fait voir aux paroles qui excitent des mouvements en la glande, lesquels, selon l'institution de la nature, ne représentent à l'âme que leur son lorsqu'elles sont proférées de la voix,ou la figure de leurs lettres lorsqu'elles sont écrites, et qui, néanmoins, par l'habitude qu'on a acquise en pensant à ce qu'elles signifient lorsqu'on a ouï leur son ou bien qu'on a vu leurs lettres, ont coutume de faire concevoir cette signification plutôt que la figure de leurs lettres ou bien le son de leurs syllabes. (4) Du Marsais, art. "Conjugaison" de l'Enc'lclop'dift S'il eut été possible que les langues eussent été le résultat d'une assemblée générale de la nation, & qu'après bien des discussions & des raisonnemens, les philosophes y eussent été écoutés & eussent eu voix délibérative; il est vraisemblable qu'il y auroit eu plus d'uniformité dans les langues. Il n'y auroit eu qu'une seule conj~g.ison & un seul paradigme, pour tous les verbes d'une langue; mais comme les langues n'ont été formées que par une sorte de métaphysique d'instinct & de sentiment, s'il est permis de parler ainsi; il n'est étonnant qu'on n'y trouve pas une analogie bien exacte, & qu'il y ait des irrégulari té s. D'Alembert dans l'''Eloge de Du Marsais", déclare que langues "ont été plus l'ouvrage du besoin que de la raison" Page 235 les Un des plus grands efforts de l'esprit humain est d'avoir assujetti les langues à des règles; mais cet effort n'a été fait que peu à peu. Les langues, formées d'abord sans principes, ont été plus l'ouvrage du besoin que de la raison. La Raison, encore une fois, n'est pas totalement exclue; nos besoins en matière de communication, comme tous nos besoins, demandent à être satisfaits. Mais la satisfaction de nouveaux besoins exigent souvent de la réflexion, une capacité de choisir librement, comme on la vu chez Condillac. (5) Cf. S. Auroux, "Un rationalisme empiriste", XII/3, pp. 475-505. Page 236 DEUXIEME PARTIE 1 LA SEMANTIQUE IDEATIONNELLE DES MODES D'ENONCE: LR THEORIE BENERRLE DES HODES ~ERBRUX (DE PORT-ROYAL A DESTUTT DE TRACY) 237 INTRODUCTION Le verbe fut longtemps considéré par grammairiens occidentaux comme ou comme "l'âme du discours". Tous les grammairiens admettent qu'il y a autant de propositions "le mot par excellence", les dans une période qu'il y a de verbes sous-entendus) . Sans verbe, (utilisés nous ne pourrions prononcer ou aucun jugement (Condillac), ni aucun autre acte de pensée. Du point de vue de la morpho-syntaxe, d'un système complexe de flexions le verbe est variées pour porteur marquer la personne, le nombra, le temps et le moda, qui sont les principaux Accidents du verbe(1) . importants ces Le temps et le mode sont particulièrement pour les grammairiens (surtout après deux accidents sont propres au verbe, parties du discours (comme les pronoms) Priscien), tandis que peuvent car d'autres porter les marques de la personne et du nombre. Mais le mode semble jouir d'une certaine primauté temps et les principaux accidents du verbe mentionnés plus même s'il n'est pas, sur le haut, de tous ces accidents, "celui qui a le plus 238 d'étendue" (:2) du verbe sans le fait En effet, • ~tre qu'un l'impératif, le mode détermine les autres accidents m~me de la manière déterminé par eux. verbe soit à l'indicatif, détermine le susceptible (en français nombre et deux à l'impératif); n'admettra pas le l'indicatif (singulier subjonctif temps dont huit temps à l'indicatif, subjonctif m~me des au de la m~me Ainsi, façon, ou pluriel) , et de m~me à il est quatre au un nombre de personnes suivant qu'il ou à l'impératif; ou verbe est encore pour le à nombre car c'est le mode qui détermine si le verbe doit ou non en porter la marque (c'est le cas dans tous les modes, sauf l'infini tif) . comme le remarque Beauzée dans l'article "Mode" de De plus, l'Encyclop~die, En d'autres moins aux vues de celui qui parle". modes sont, majorité siècle des grammairiens occidentaux, avant J.C.) à André Martinet reconnaissent que les Thrace utilisait .nklisis ce qu'ils servent à ani.i); les (4) grande de Denys de Thrace (Synt.x. modes La très (3). g~n~r.l., servent à conventionnellement certaines "inclinations de l'âme" que mots, de tous les accidents du verbe, ceux qui tiennent le à l'int.ntionnAlit. du sujet parlant plus accidents du "semblent tenir de plus près aux vues de la Grammaire, ou verbe, du les modes, davantage que les autres 1985), exprimer (Denys pour désigner aussi bien les exprimer, et pour les Modistes du Moyen âge, 239 (11- de modes Priscien, les modes indiquent les diverses "qualités" (indication, commandement, souhait, doute) de co.positio, la du lien qui unit construction intransitive élémentaire; les deux termes d'une les grammairiens de Port- Royal parlaient dans le même sens des "actions. de nostre esprit" ou des "mouvemens de l'ame"; Du Marsais, qui reprend sur ce point le vocabulaire des Messieurs, "considérations particulière-s anglais des Lumières (par associent aux operations of parle aussi de certaines "vues" ou modes de l' espri t"; exemple, Harris, grammairiens Monboddo, certaines .n.rgi.s of th • • ind, les th. et Monboddo soutient Gregory) .ind, m~me ou des qu'il est essentiel au verbe d'exprimer l'une ou l'autre de ces "énergies", ce qui fait du mode plus qu'un simple Ilaccident" du verbe; Beauzé e, Condillac et Destutt de Tracy, Acc •• soir •• qui accessoires indiquent jours encore, distinguent Martinet (Syntax. modes qu'un très court passage, qu'ils servent locuteur leur à ce sont certaines id ••• les modes entr'eux les états de l'~me g~n~r.l.) du fut, ces locuteur. qui ne De nos consacre aux rendre explicite Ilune prise par rapport à l'actionll(S). de à C'est donc surtout dans philosophes langues modes verbaux l'un des lieux privilégiés pour discussion des rapports entre le langage et la pensée. 240 du propositionnelles. donc penser que la théorie générale des l'époque classique, sujet position l'étude des procédés que nous utilisons dans les peut idées écrit tout de même à leur humaines pour exprimer nos diverses Attitud.. On et théorie des modes verbaux que les grammairiens feront chez la Je distingue deux approches dans la théorie générale modes des grammairiens philosophes. La première est principalement Marsais, Gregory par Port-Royal, et de Sacy. Du Pour ces représentée Harris, grammairiens, des Monboddo, certains énoncés servent conventionnellement à exprimer des jugements catégoriques (comme ceux dont le verbe est à l'indicatif), et d'autres servent à exprimer soit des jugements non subjonctif) , (impératif, soit catégoriques des actes de pensée interrogatif, (conditionnel, autres que optatif, etc.). le jugement Les modes sont alors considérés comme des m.rqu.ur. dP.ct •• d. p.n •••. Par exemple, Du Marsais (art. énoncés en catégoriques) "Construction") propositions et (qui non la classe expriment La telle qu'on la trouve déjà dans seconde approche, tous que j'appelle les jugements des actes : ce qui correspond grosso .odo distinction traditionnelle entre les énoncés déclaratifs, de des en .nonciations (qui expriment pensée autres que le jugement) la divise déclaratifs de à et Aristote (DfI r.ductionnist., est représentée principalement par Buffier, Beauzée, Condillac, Court de Gébelin, Beattie et Destutt de Tracy. Pour ces auteurs, toutes nos énonciations expriment, importe le mode. après analyse, des jugements, peu Ainsi, un énoncé bien formé dont le verbe est à l'impératif ou à l'optatif, signifie rien de plus, ou encore un énoncé interrogatif, ne quant au "fond de pensée" (ou 241 "structure profonde") , première qu'un personne "J'ordonne souhai te que ... I l le le verbe "Je demande + et Les phrases principal l'indicatif (ou "Je t'ordonne de. etc. ) interrogatives dont du singulier de que ... " "comment", dont énoncé si. Il + " principal signifia locuteur qui ordonne, comme infinitif) (ou impératives, l'action la à présent, + "Je "pourquoi", optatives ne sont que des ellipses de phrases verbe est et déc larat ives accomplie par le exprime un souhait ou interroge. Les modes autres que l'indicatif, et l'ordre des mots dans l'interrogation, sont le signe restitution d'une d'une ellipse qui hyperphrase n'est signifiant comblée que par directement la l'état psychologique du locuteur. Avant d'examiner plus en profondeur ces deux crois utile conceptions de faire logiques un et bref retour approches, historique grammaticales du verbe et sur des je les modes verbaux qui ont marqué la tradition grammaticale en Occident. Les premiers grammairiens grecs, Denys de Thrace et Apollonius Dyscole, utilisent surtout des critères morphologiques pour définir le verbe, qu'ils nous présentent comme une partie du discours sans inflexion casuelle, le temps, la passion admettant des inflexions les personnes et le nombre, c. , . L'absence et signifiant l'action ou de flexion casuelle apparaît comme 242 pour un critère aussi important que la présence sémantiquement, la passion. du des autres flexions; le rôle du verbe consiste à désigner l'action ou Enfin, notons l'absence du mode dans la définition verbe des grammairiens grecs, les autres accidents du étant mentionnés comme il se doit; mais lorsque Denys de verbe Thrace donne la liste des accidents du verbe, c'est le mode qui vient en note premier (cf. Chez Priscien, (1»). est sensiblement différente de la définition du verbe elle mentionne toujours flexion casuelle et que la signification principale du est l'action ou la passion qu'il désigne, accidents propres, t~.poribus du verbe soit le ~t d'existence" .odis qu'elle signale temps (7') et le mode mais les sont ceux le "~tre", fut perdue dans la traduction de Priscien qui rh'.. par v.rbu. subst.ntivu., les Apollonius et impératif, optatif, et Priscien reconnaissent cinq l'infinitif apparait comme le cas non marqué, mode cu. "verbe parce qu'il cette idée, rend qui hyp.rktikon français. modes subjonctif et infinitif. sont signifie fut retrouvée au XVIII- grammairiens philosophes anglais seuls lui Cependant, les grecs appelaient (hyp.rktikon rh' •• ) le verbe verbe deux qui verbe marque l ' existence d'un attribut dans ' un sujet; par l'absence siècle Denys, indicatif, Chez Apollonius, le plus simple, le dans lequel tous les autres peuvent se résoudre, comme un radical commun exprimant simplement l'action (pr.g •• ) sans marque de nombre ni de personne. de temps, Quant aux modes personnels, explicite l'acte illocutoire qu'ils servent à exprimer conventionnellement aux Apollonius phrases les dont analyse de manière à rendre le verbe est à l'indicatif, 243 à l'impératif et à l'optatif, il fait correspondre, respectivement, des phrases à l'indicatif présent se terminant par un infinitif ("marcher") et commençant par "Il affirme (ou "définit") + marcher", "Il ordonne + et "Il souhaite + marcher" marcher", loin que cette conception des rapports l'infinitif) et grammairiens les autres philosophes, modes Nous verrons plus ce) entre revient tels Harris, l'indicatif chez (ou plusieurs Beattie et Destutt de Tracy. Mais bien philosophes d'Athènes sujet du verbe. lui) , " [l] e quelque grammairiens avaient déjà exposé d'Alexandrie, plusieurs verbe est ce qui aj out e à sa propre CCP) • Ici les critères le verbe a une signification propre, idées au s igni fica t ion sont surtout un certain il affirme l'existence d'un attribut dans un sujet; et "ajoute à sa propre signification celle du temps". Par ailleurs, les philosophes (péripatéticiens et stoiciens) développeront classifications d'énoncé) . les et "il indique toujours quelque chose d'affirmé autre chose" sémantiques attribut; les Pour Aristote (et bon nombre de logiciens après celle du temps", de avant pour Ainsi, l es "genres de di sc ours" (ou des modes Aristote distingue (D. l'int.rprlt.tion, 17a) "le discours dans lequel réside le vrai et le faux" des genres de discours" tout discours n'est pas une seulement le discours dans 244 proposition, mais lequel réside le "autres vrai et le faux, ce qui n'arrive pas dans tous les cas; ainsi la prière est un discours, mais elle n'est ni vraie, ni fausse. Laissons de côté les autres genres de discours leur examen est plutôt l'oeuvre de la Rhétorique ou de la Poétique. C'est la proposition que nous avons à considérer pour le moment. également L. Po,tiqu" (Cf. exemple, distinguaient interrogatif, 1456b) . Les cinq genres de impératif, péripatéticiens, discours déprécatif déclaratif, vocatif<10) . et stoïciens en distinguaient deux fois plus. Ces permis de influence sur penser leur 1973, Nuchelmans, qu'elles ont classification p. et V- siècles, à pu exercer des modes une fut utilisé une prolifération exhortatif, moins on certaine verbaux (cf. pour la première des modes, avec minatif, s'attache Marius qui ajoutent à la liste désormais classique des grammairiens grecs des modes promissif, général, il D'après Julien (1979), on assiste, aux IV- Victorinus et Pompeius Festus, impersonnel, et 102) . Il semble que le terme .odus fois par Quintillien. Les classifications étaient sans doute connues des grammairiens d'Alexandrie, est par à etc. la concessif, (c f. Jul i en, 1979). forme et aux En critères morphologiques, plus on a tendance à multiplier les modes. La tradition des grammairiens, 245 avec leurs cri tè res morphologiques, sémantiques, chez les et se celle ou A.vec eux, la passion, succession et avec leurs critères rencontrent pour la première fois au Moyen Modistes(11). l'action des logiciens, le le verbe mais plutôt flux; et ne l'être, s'ils age désigne le plus devenir, retiennent les traits morphologiques soulignés par les grammairiens (les flexions le temps, flexion les modes, casuelle), le nombre, pour les personnes et l'absence c'est surtout les aspects la sémant iques , de la "manière de signifier" du verbe qui les intéressent. Cependant, ils logiciens; ne retiendront pas tels quels les critères des l'affirmation n'est retenue que par Michel de Marbais (12) , et le temps comme est ramené au rang de simple accident du verbe chez les grammairiens ---, et on dit maintenant, comme le faisait déjà Boèce(13), qu'il est consiQnifi' par le verbe. L'affirmation est remplacée par le critère de .'pArAtion la le verbe séparément du sujet, une modification ou un changement signifie, quelconque dans le sujet, ce qui distingue le verbe du participe, qui signifie lui aussi le changement et la succession, liaison avec le sujet dont il prend, adjectivale, mode du le genre et le nombre. verbe La mentionné e crée le exprime co.positio une en raison Chez Thomas "qualité" est ce de qui entre les intransitive élémentaire. sont l'indication, correspondent, deux parties sa annule la de le la séparation c'est d'une en nature d'Erfurt, particulière plus haut entre le sujet et le verbe; lien mais ce qui construction Les diverses qualités de la co.positio le commandement, respectivement, le souhait et le doute (qui à l'indicatif, 246 à l'impératif, à l'optatif et au Modistes, servent lesquels se de verbaux, verbaux, pour les donc à exprimer certains états de l ' âme sur fondent etc. commandement, nombre subjonctif). (14) les Les modes "qualités" d'indication, de Les médiévaux ont introduit un certain • distinctions importantes pour comme distinctions les l'analyse .ctus des modes exercitus/actus conceptusj nous reviendrons à l'occasion sur ces distinctions. L'un des plus grands s.u d. c.usis 1ingu •• Sanctius l'existence des modes, fondée, grammairiens parce que de la 1.tin.~, Renaissance, 1587), niera catégorie grammaticale qui lui parait mal les grammairiens ne s'entendent pas sur la nature, le nombre et la dénomination des modes. Ramus avait déjà, exprimé les m@mes doutes à leur sujet. avant lui , Sanctius sera suivi sur ce point par quelques grammairiens, et m@me, plus tard, par Claude Lancelot, dans sa ~'thod. pour .ppr.ndr. faci1e.ent et .n p.u d. t •• ps 1. 1.ngu. 1.tin. (1644). qu'il écrira avec Arnauld, les modes ont la place qui leur revient dans la théorie du verbe. un commentateur espagnol de Sanctius , Sr •••• ire Mais dans la Périzonius, critiquera l'attitude du Maitre sur la question des modes et introduira l'idée que modes sont aux verbes ce que les cas sont aux nomSj ce qui les fait du mode un moyen de syntAxe, et pas seulement un moyen d'exprimer les attitudes grammairiens du locuteur. philosophes (en Cette idée sera critiquée particulier 247 Beauzée), par les car la comparaison entre les flexions casuelles et les modes verbaux ne mène la pas loin mesure l'indicatif ressemble au nominatif les deux apparaissent comme des cas où linon "directs", qui se tiennent seuls "debout et droits" Heidegger <1~) avec le vocatif, comme dirait et le subjonctif retient quelque parce subordonné es déviants " , l ' impératif a également une certaine ressemblance , l'accusatif, dans qu'il sert à former des chose de propositions qui font office de complément d'objet de certains verbes. Mais on voit mal comment poursuivre la comparaison. Nous verrons tout de certains m~me grammairiens Marsais, Beauzée, Destutt de Tracy) subjonctif, car ce philosophes qualifier d'oblique mode ne sert qu'à former des le mode propositions incidentes ou accessoires qui sont des parties d'une proposition complète, tout choucrout e" n'est qu'une part i e de l' ëI. t tribut. L' idé e que le mode est un moyen subjonctif, la comme (Du de "de la choucroute" dans "Je mange de syntaxe vaut est l'ajout d'un grammairien anglais Thomas Linacre, par "should" <1 . ) par surtout pour le qui marque la subordinAtion. Une autre innovation de Renaissance anglais, d'ailleurs la les verbes mode "potentiel" par le et ce mode serait marqué, en auxiliaires "may" , "might", ou Nous verrons que cette idée sera plus tard reprise • l'écossais J. Beattie. Notons enfin cette théorie psychologique très remarquable que Scaliger a soutenue (De causis 1540) , dl11ibl1ratio < 17) chez l' homme" , de qui subordonne les modes verbaux à une "capacité de choix qui ne se que Scaliger reprend d'Aristote<1&), laquelle il explique l'oriQin. du mode. 248 Le mode trouve la que et à l'aide aurait été inventé pour répondre à un besoin : "il a été indispensable de rendre manifeste par une physionomie déterminée des verbes ce qui se faisait pendant après"(19). la délibération et ce qui se faisait D'après Julien (1979), cette théorie n'est pas sans rapport avec celle de Port-Royal. les Messieurs écrivent en effet, à propos des modes Il les hommes ont trouvé qu'il estoit bon d'inventer encore d'autres inflexions pour expliquer plus distinctement ce qui passoit dans esprit" leur (p. Cependant, 112) . l'interprétation que nous avons proposée dans la première est juste, l'invention seulement Port-Royal la et délibération a l'utilisation avec les modes, quelque du langage chose en à si partie voir général, avec et pas et ce que disent les grammairiens à propos des modes, ils le disent aussi des se de autres flexions et parties du discours. Dans (première de pensé e, les j'examinerai d'abord section) la théorie des modes comme marqueurs d'actes et réductionnistes. sont exposées chapitres par la qui suite suivent, (seconde section), l es thé ori es Ces deux sections sont divisées en chapitres où les théories des grammairiens estime en général @tre les plus importants. * * * 249 philosophes qu'on NOTES (1) Dans l'art. "Accident" de l'Encyclopldi., Du Marsais donne une liste de neuf accidents dans les verbes: l'Acception (propre ou figurée), l'espèce (s'ils sont primitifs, comme "parler", "boire", ou dérivés, comme "parlementer", "buvoter"), la figure (s'ils sont simples, comme "venir", ou composés, comme "convenir"), la voiK (active, passive, neutre), le mode, le temps, la personne, la conjug_i.on (distribution de toutes les inflexions des verbes), et enfin l'AnAlogie ou l'anomAlie (s'ils sont réguliers ou irréguliers). Ces accidents du verbe sont déjà présents chez Denys de Thrace, sauf l'acception. Il donne, dans l'ordre: les inflexions (modes), les voix, les espèces, les figures, les nombres, les personnes, les temps, et les conjugaisons; voir aussi Jacques Julien, R.ch.rch.s sur l'histoir. de la cat'gori. du .od. v.rbal d'Rristot. • PortRoyal, thèse de doctorat en linguistique générale, sous la direction de J.-C. Chevalier (Paris VIII), juin 1979. (2) Du Marsais, art. "Conjugaison" de l' Encyclop'di. "le mot voix est celui qui a le plus d'étendue; car il se dit de chaque mot, en quelque mode, temps, nombre ou personne que ce puisse être" . (3) S. Auroux, "Act es de pensé e et act es 1 ingui st iques dans la Grammaire Générale", dans Histoir., Epistl.ologi., Langag., VIII: 2, 1986. (4) G. Nuchelmans, Th.ori.s of propositions. Ancient and Medieval Conceptions of the Bearers of Truth and Falsety, Amsterdam, North-Holland, 1973, p. 101. Voir aussi Jacques Julien (1979), passi •. (5) A. Martinet, Synt.x. glnlr.l., Paris, Coll. V, Armand Colin, 1985, pp. 134-135. (6) On trouve ces définitions mentionnées un peu partout; par exemple, G.L. Bursill-Hall, Sp.culativ. 8r •••• r of th. Hiddl. Rg.s. The Doctrine of part.s orationis in the Modistae. La HayeParis, éd. Mouton, 1971, p. 197; Nuchelmans (1973), Julien (1979), etc. 250 (7) Busill-Hall, op. cit., p. 198. (8) Nuchelmans, 1973, p. 102; voir auss i Jacques Jul i en, "Mode verbal et Di.th.sis chez Apollonius Dyscole", dans Histoir •• Epist~.ologi •• Langage, VII-l, 1985. (9) Aristote, De l'int.rprftation, trad. J. Librairie Philosophique J. Vrin, 1966, p. 81. Tricot, Paris, (10) Nuchelmans, 1973, pp. 97 et suiv .. (11) Bursill-Hall, op. cit., p. 196; voir aussi I. Rosier, "Grammaire, logique, sémantique, deux positions opposées au XIIIsiècle Roger Bacon et les Modistes", dans Histoire. Epist~.ologi •• L.ng.g., Tome 6, fasc. 1, 1984, pp. 21-34. (12) Ibid., p. 196. (13) Sa définition est citée par Bursill-Hall, op. cit., p. 197 "Verbum est, quod consignificat tempus ... ". (14) Bursill-Hall, op. cit., pp. 215 et suiv., et Irène Rosier, L. gr •••• ir. splcul.tiv. d.s Nodist.s, Presses Universitaires de Lille, 1983, pp. 118 et 121; le mode verbal, en tant qu'il Ilindique" une "qualité" de la co.positio, est un "mode de signifier accidentel du verbe"; voir aussi I. Rosier et A. de Libéra, "Intention de signifier et engendrement du discours chez Roger Bacon", Histoir •• Epistl.ologi •• L.ng.g., VIII-2, 1986, pp. 64-65 pour la distinction entre l'.ctus signific.tus et l'actus .x.rcitus relativement à la typologie médiévale des énoncés. Aussi G. Nuchelmans, "The Distinction !Ictus .x.rcitus/!lctus signific.tus in Medieval Semantics", dans N•• ning .nd Inf.r.nc. in N.di.v.l Philosophy, éd. par N. Kretzmann, Kluwer Academic Publishers, 1988. (15) M. Heidegger, Introduction i 1 • • It.physiqu., Paris, Gall imard, 1967, p. 69. C'est l'infini tif du verbe "@tre" qui sert à désigner, dans la plupart des langues européennes, l'objet de l'ontologie. C'est pourquoi Heidegger examine les modes dans la grammaire grecque. Il glose .nklisis (.odus) par "inclination vers un c8té", et rapproche l'.nklisis de la pt6sis (c.sus), qui désignait à l'origine toute espèce de modification des mots, aussi bien les noms que les verbes. (16) Ian Michael, th" 251 Tradition to 1800, Cambridge, C.U.P., 1970, pp. 115 et 425. (17) Cf. le chapitre consacré à 1979. Linacre dans la thèse de Julien, (18) Julien (1979) cite (p. 276) le passage du Tr.it4 d. 1'*_. (III, II, 434a), où Aristote n'attribue l'imagination délibérative qu'aux êtres doués de Raison. (19) Julien, 1979, p. 277. * * * 252 SECTION l LES MODES VERBAUX EN TANT QUE NRRQUEURS D1RCTES DE PENSEE Dans la première section de présentons d'actes la Du Marsais, philosophes, l'expression de Les Harris, le jugements, littérales verbaux de que sont discours n'est aussi de et d'autres pas philosophes, sont (ou auraient pu jamais par commandements, traités, de "mouvements de l'âme". les ~tre) ces divers actes de pensée, ne marqueurs seulement et les par ces "marques Il énoncés déclaratifs exprimant des actes de pensée autres que le catégorique nous Monboddo, et Gregory. Pour ces mais d'interrogations, modes partie, théorie qui fut principalement défendue grammairiens souhaits, seconde théorie des modes verbaux en tant de pensée, Port-Royal, cette non jugement grammairiens comme des phrases elliptiques qui expriment, après analyse, des jugements. Dans la section "réductionnistes" comme Buffier, que "[tJout nous traiterons des des grammairiens philosophes qui Beauzée, discours est propositions l l II, (Condillac, thé ories considèrent, Condillac, Beattie et Destutt de Tracy, une proposition ou une Sr •••• ir., p. 450), suite de une proposition étant l'expression d'un jugement, seul acte de pensée retenu dans cette approche. 253 CHAPITRE PREMIER : PORT-ROYAL Les logiciens divisaient les parties du les grammairiens, d'clin~bl.5 et ind'clin~bl ••. divise en deux groupes objets des pensées, eux, en en mots Le grand Àrnauld, pous sa part, les il Y a les mots "qui signifient les & les autres la forme ou la maniere de nos pensées" (t!Jra ••• irfl gfnfral • • t raisonn'., 30) . discours ci-après t!J.t!J.R., p. Cette division correspond à la plus grande distinction de ce qui se passe dans notre esprit, (qui) est de dire qu'on y peut considérer l'objet de nostre pensée; & la forme ou maniere de nostre pensée, dont la principale est le jugement. Mais on y doit encore rapporter les conjonctions, & autres semblables operations de nostre esprit; & tous les autres mouvemens de nostre ame; comme les désirs, le commandement, l'interrogation, &c. Il s'ensuit de là que les hommes ayant eu besoin de signes pour marquer tout ce qui se passe dans leur esprit, il faut aussi que la plus générale distinction des mots, soit que les uns signifient les objets des pensées, & les autres la forme & la maniere de nos pensées, quoy que souvent ils ne la signifient pas seule, mais avec l'objet, comme nous le ferons voir. (t!J.t!J.R., pp. 20-30). Les noms, adverbes, articles, ' appartiennent pronoms, au participes, premier 254 prépositions, groupe; les et verbes, conjonctions discours et interjections, appartenant signifier "rien hors au monde. ne sert second second. groupe ont de nous"; conception de l'esprit, aucune au Les en aucune n'est parties commun le de signe d'une représentation de quelque à décrire quelque chose qui se passe du ne d'une chose; dans le C1 ) Ainsi, les interjections, qui sont "des qu'artificielles", exprimer "Hal", comme "Hé las l " , "mouvemens de nostre ame", les servent quelque chose vives stupéfaction, une forme ou exprimées par les n'est se Les mais qui qui à représentation de quelque chose qui se passe hors de lui ( 2 ) . émotions locuteur, etc. , une dans du plus naturelles pas passe l'esprit V01X interjections (surprise, horreur, etc.) peuvent donc être considérées comme manière de nos pensées, au même titre que le jugement, le désir, l'interrogation, le commandement, etc. Il en va de même l'interrogation, comme n., latin, pour les marques "la particule de l'interrogation" de en qui "n'a point d'objet hors de nostre esprit, mais marque seulement le mouvement de nostre ame, de diverses sçavoir une chose." (Ibid. , par lequel nous souhaitons p. 151) . Les pronoms interrogatifs sont des pronoms (ils tiennent "la place d'un nom") 255 auxquels "est jointe la s igni fica t i on de m," . Mais cette "signification ajoutée" est quelquefois exprimée par "l'inflexion de la voix, appelle (?) (ce Il dont l'écriture avertit par une petite marque, qu'on la marque de l'interrogation, (Ibid., p. 152). mouvement tantôt par de l'âme qui les interjections. pronoms souhaite dans savoir) , ainsi comme disent s'exprime tantôt inflexions de la voix étant qu'artificielles", figure Cette signification ajoutée ou accessoire des signes conventionnels, "naturels", Oc que l'on par des "plus les Messieurs à donc signes naturelles propos des Toutefois, Àrnauld et Lancelot ne rangent pas les le groupe des mots qui signifient la forme manière des pensées, ou la car leur principale fonction est de marquer confusément les objets de nos pensées. Les conjonctions ne marquent pas non plus des représentations de quelque chose, mais seulement la forma logiqu. de ces l'esprit représentations, sur des certaines propositions conjonctions comprend la propositionnel, ou opérations "simples". plupart des opérateurs y compris l'adverbe de négation La qu'effectue liste du "non", "ou", "si" et "donc"; si on fait bien reflexion, on verra que ces particules ne signifient que l'operation mesme de nostre esprit, qui joint, ou disjoint les choses, qui les nie, qui les considere absolument, ou avec condition; par exemple, il n'y a point d'objet dans le monde hors de nostre esprit, qui ré256 des calcul "Sc", ponde à la particule non, mais il est clair qu' elle ne marque autre chose que le jugement que nous faisons qu'une chose n'est pas une autre. (9.9.R., p. 151). M. Dominicy a donc parfaitement raison d'appeler "assertoriques" opérateurs ces (les conjonctions) qui "dé rivent de proposition modifiée une autre proposition" (Dominicy, 166) . à Mais l'assentiment ou l'affirmation, juste cité, (3) qui marque non ne le serait mais l'adverbe "le jugement que qu'une chose n'est pas une autre". faisons dans les parties pensées, entre celles qui expriment certaines op'rAtions de notre comme les interjections et le verbe. lorsqu'ils à des "forme" la de nos "operations de nostre seraient assertoriques, interrogatifs tandis pensées. esprit" toujours que Les conjonctions mais elles servent bien à rendre parlent des conjonctions, lesquelles esprit, et celles qui expriment des mouvements n'expriment pas de "mouvement", manifeste les et Lancelot, renvoient constamment (9.9. R. , exprimées les Arnauld par des interjections, 151) , 29, pp. opérateurs les pronoms et les modes verbaux ne signifient jamais que "mouvements de l'âme" non assertoriques, la de Port- du discours qui expriment la forme et la manière de nos de l·ame, plus (ou nous Notons que les MM. Royal semblent mettre une certaine différence, comme les "conjonctions", p. comme dans le passage tout , où ce n'est plus le verbe, "c onj onct ion ") 1984, marqué par le verbe l'indicatif dans les propositions simples, dans les propositions "composées" la et seraient assimilables à des opérateurs c'est-à-dire des opérateurs qui tirent proposition une autre proposition qui n'exprime plus un 257 des d'une jugement catégorique (Dominicy). d'une proposition Les parties du discours formant le .odu. se réduisent donc aux interjections et aux verbes avec leurs modes. Il Y a enfin le verbe, d'abord que Lancelot et Arnauld définissent "un .ot dont le principal usag. est de comme signifier l'affir •• tion c'est à dire de marquer que le discours où mot est le discours d'un homme qui ne conçoit est employé, seulement (6.8.R., les choses, 95) . p. Il mais y qui en juge St qui les a quelque chose d'étrange pas affirme" dans cette définitionj les Messieurs disent d'abord "principal usage", "signification divers point principale" grammairiens (Aristote, considéré le verbe est l'affir.ation" (p. 98j que l'affirmation) verbe lorsqu'il Cesse-t-il d'~tre lui est Buxtorf, Scaliger) je souligne). de principal n'est pas utilisé n'avoir essentiel, en quel du qui verbe s'oppose sens peut- (marquer Qu'arrive-t-il donc "essentiel"? selon à Nous sommes passés de "secondaires", l'usage puis et reprochent plus loin Puisqu'un usage "principal" forcément à d'autres usages dire 96), "selon ce qui luy est "principal" à "essentiel". on (p. ce l'usage au "principal"? verbe? La réponse des Messieurs, c'est "que l'on s'en sert encore pour signifier d'autres mouvemens de nostre amej 258 &c. Mais ce n'est qu'en changeant d'inflexion et de Mode." (Ibid., auteurs pp. 95-96). Il Y a une ambiguïté ici : nos disent que l'on se "sert encore du verbe pour signifier d'autres mouvemens ... " , e t la présence de l'adjectif ("autres") semble indiquer que l'affirmation est également un "mouvement de l'âme" le comme les autres; jugement, par ailleurs, l'affirmation, ou est l'une des "trois operations de nostre esprit" (p. 27) dont traitent les logiciens (concevoir, juger, raisonner) la "signification principale" 96) , du verbe lorsqu'il "est celle qu'il l'indicatif" (p. pourrait effet se demander si l'affirmation en "autres mouvemens modes, si les l'affirmation, exprime de l'ame" ce que l'indicatif est "mouvemens comme le de l'ame" regret, par a ne pas aux aux autres pré suppos ent exemple, à On l'affirmation. n'est Et pas présuppose un jugement que tel état de choses est le cas (et le souhait que cet état de choses ne soit jamais arrivé) . l'indicatif, dans la 8.8.R., grammairiens de tradition des déclaratif vs Port-Royal philosophes, Nous verrons bientôt n'est pas vraiment un semblent qui ici partent qui distinguent, et la sous l'unité d'une marquent plus aucun m~me 259 la le plus souvent, catégorie, des formes et des formes "mouvement de participe, gérondif, supin). entre tradition des grammairiens, verbales qui ne marquent plus l'affirmation, ne Les l'opposition de non déclaratif et marginalisent, le discours non déclaratif, qui déchiré s mode. que m~me l'âme" (infini tif, Il n'y a pas affirmer dans une Sr •••• ire et la Arnauld, Lancelot "l' action de et notre divers es idé es, différence nette entre Logiqu.e la Nicole définissent esprit, il affirme bien par de le laquelle juger Port-Royal jugement joignant et (4) • comme ensemble de l'une qu'elle est l'autre, ou nie de l'une qu'elle soit l'autre" (L. Logiqu.. ou. l'.rt de penser, p. aussi, S.S.R., p. 28). 59; je souligne; cf. Le jugement est une opération de l'esprit indépendante du langage, la langue que ce soit, m~me en quelque quelque chose qui se fait entièrement dans l'esprit du sujet qui donne son assentiment à l'inclusion ou à la non-inclusion d'une idée dans une autre (Dominicy, 165) .(~) ('Ile discours d'un homme qui ne conçoit pas seulement les choses, affirme") ; Le toutefois, et explicitement, Goffic, mais qui en juge est catégorique lui, que cette "affirmation" est prise sert à marquer la force assertive 77), l'affirmation, (.ctu.s mais .x.rcitu.s) Contrairement une (6) les clair verbe "il & qui est (1978, p. 235). Le (Nuchelmans, 1983, p. par le comme manifestation d'un acte de jugement" autrui(?) cit., p. Ailleurs (8.8.R., p. 95), l'affirmation parait s'opposer au jugement et lui @tre postérieure locut.ur op. AffirmAtion Accomplie qui fait entendre ses à ce qui sera le cas plus pensées tard à chez Condillac, l'affirmation, à Port-Royal, est autant dans la pensée que dans les mots. en L'affirmation peut pensée qu'en parole; qu'un acte illocutoire, ~tre accomplie aussi elle est tout autant un acte de ou mieux 260 bien pensée un acte illocutoire qui peut être accompli l'affirmation, lien pensée mais Ou pas seulement 'ICEu Le • comme le font les "j'affirme" verbe mots "affirmation" qui affirmation conçue par le locuteur signifie marquent une (.ctus signific.tus) , parce qu'ils ne la signifient qu'entant que par une reflexion d'esprit elle est devenuë l'objet de nostre pensée; & ainsi ne marquent pas que que celuy qui se sert de ces mots affirme, mais seulement qu'il conçoit une affirmation. (6.6. R., p. 95). un En locuteur accompli t une affirmation marquée par la copule implicitement contenue dans verbe adjectif signifie une tandis que le affirmation attribuée à Pierre. conçu. par le De même, locuteur participe et par lui si je dis "J'affirme", j'accomplis une affirmation marquée par la copule ("Je suis affirmant"), je m'attribue une affirmation conçue. (1984, signale Royal Dominicy p. une ambiguïté dans la notion d'''affirmation'' chez tantôt le terme recouvre à la fois idée dans une autre) .t l'assentiment, ont le tendance à le restreindre seulement à nos 164) Port- l'inclusion et tantôt, et (d'une auteurs l'inclusion. Mais dans l'interprétation générale que M. Dominicy adopte finalement, la copule exprime l'inclusion et l'assentiment, aussi symbolise par la barre de jugement de Frege. dans les modes autres que l'indicatif, l'assentiment (ou l'affirmation) et [l'inclusion + un mouvement de l'âme]. 261 qu'il Il semble bien que le verbe cesse de marquer ne signifie plus que Avec le critère de l'affirmation, les grammairiens de PortRoyal semblent revenir à la définition du verbe des logiciens. En fait, Arnauld direction; Harris, et Lancelot ne font que quelques Beauzée, verbe Condillac, perd reconnaissait plus deux des Aristote dans un sujet, sont en cette les grammairiens philosophes des Lumières (Dumarsais, Beattie, fonctions signification essentielles signifier l'existence et indiquer le temps. que des Destutt de Tracy, "significations principale etc.) Dans la 8r •••• ir. de Port-Royal, iront plus loin sur cette voie. le pas du que d'un lui attribut L'attribut et le temps aj outé es Il verbe qui aj outé es , est de à ne la marquer l'affirmation. Pour cette raison, le verbe, sous sa forme la plus pure, est le verbe éternelles", "~tre" tel qu'utilisé dans les à la troisième personne du singulier de l'indicatif présent, comme dans: "Tout corps .st plus grand que sa partie", attribut, aucune car particulier, tous, une "signification personne qui d'sign.tion •• rqu. dé fini tion principale" où le verbe particulière du ilLe tout n'exprime et aucun aucun temps et verbe qui principaux "ajoute" pour d. qu.1qu. du no.br., à accidents (pour les verbes "adjectifs") .ttribut, & du t •• pS" "l es hommes se portent naturellement 262 .st Mais les Messieurs proposent ses l'.ffir •• tion d. 1. p.rsonn., C'est parce que divisible", ces propositions sont vraies partout l'expression d'un attribut .ot etc. , et sans égard à aucun temps. néanmoins "propositions (p. à sa et "Un avec 103) . abreger leurs expressions" (p. 96) qu'ils ont joint à la signification principale du verbe d'autres significations pour les réunir en un seul mot. celle-ci Le mode n'est pas absent de cette caractérise le verbe à l'indicatif, l'affirmation "on ne sçauroit trouver l'affirmation qui ne soit verbe, marquer, lorsqu'il de ni de verbe, au moins dans l'Indicatif" (p. définition, mot car exprime qui marque qui ne serve à la 101; je souligne). Mais l'indicatif n'est pas vraiment un mode pour Arnauld et Lancelot. Cette restriction nous renvoie à haut l'embarras si le verbe n'est pas verbe qu'à signalé l'indicatif, plus s'il ne cesse pas d'être verbe à l'impératif, à l'optatif, au subjonctif, etc. , il faut dépendent en donc que ces emplois . "secondaires" quelque façon de l'indicatif. des Je ne verbes crois pas que l'on puisse interpréter la primauté de l'indicatif chez PortRoyal fait par une simple question de fréquence d'emploi Julien dans sa thèse (1979, usage l l p. par "usage le plus fréquent") plus "fondamental" 453) qui (comme rend le "principal L'indicatif n'est parce qu'il est utilisé plus fréquemment, pas ou parce que les assertions seraient en fait plus fréquentes que les ordres, parce les priè res , qu'il serait les expressions de souhait, etc., ou enfin premier dans l'ordre de la genè se. J'essaierai plut8t de développer l'idée que l'indicatif est "fondamental " que les autres modes 263 parce que ces plus derniers "présupposent" logiquement l'indicatif et qu'ils en dépendent en quelque le manière, nominatif. un peu comme les cas obliques présupposent Ainsi, de même qu'un nom au nominatif ne perd pas sa qualité de nom (ni sa signification) un cas obl ique dans (9) sont opérateurs (que des Plutôt, appelle verbe les modes autres "modifications" Dominicy dans d'~tre le verbe ne cesse pas non plus , ses emplois "secondaires". l'indicatif lorsqu'il est utilisé de "non l'indicatif, des assertoriques") qui suspendent l'affirmation catégorique normalement exprimée par verbe à l'indicatif, comme le génitif, référence du nom Socrate", ne réfère pas à Socrate, (la description modes sont des "ajouts", par exemple, définie: "la mais à sa présuppose suspend la blancheur blancheur). toujours une forme comme un définit pas un nom au génitif ou au datif, les Messieurs ne (substantif) en donnant sa Les nom, Et comme on signification mais celle qu'il a au nominatif, de même définissent pas le verbe signification au subjonctif ou à l'optatif, l'indicatif. de nom au nominative du même tout comme l'''accessoire'' présuppose le "principal". ne le des "accessoires" du "verbe indicatif"; les modes présupposent donc le verbe indicatif, génitif que en donnant sa mais celle qu'il a à Mon interprétation, comme celle de M. Dominicy dont je me suis largement inspiré, présente l'indicatif comme le "pôle non marqué des oppositions modales" (Dominicy, op. cit., p. 166), tout comme Lancelot, verbes le nominatif est un cas lorsqu'ils énumèrent à la fin du chapitre XIII, "non marqué" . les "princ ipaux mentionnent Arnauld acc idens" "ceux qui et des sont communs à tous les verbes, la diversité des personnes, du nombre, 264 1 . & des temps" (p. le 104) , mode n'y figure pas, n'est pas pour eux, et le mode est absent de cette liste; S1 c'est sans doute parce que à proprement parler, un "mode". L'indicatif n'est d'ailleurs pas traité au chapitre des n'est qu'en l'opposant aux autres modes personnels l'aligner sur eux et le (10) des Les modes l'affirmation marquée modes faire entrer dans la autres que l'indicatif obliqu.. contextes l'indicatif verbaux. qu'on peut catégorie du mode créent, semble-t-il, en ou catégorique du "verbe Ce indicatif"; retirant l'affirmation par le verbe est alors suspendue et la liaison du sujet et du prédicat n'est alors plus présentée que comme possible, d'une dépendante probabl e Le (1:2) rattache condition, alors ou d'un "mouvement de l'âme" fait ou contingent ou exprimé par le mode à la "matière d'un jugement possible" se (suj et + prédicat), selon l'expression de M. Dominicy (op. cit., p. 167) "les opérateurs , quoique' , qui, non-assertoriques (' ne' , le subjonctif, etc.) dérivent de la proposition modifiée une prononcée ou écrite, exprime un "mouvement de l'âme", différent de l'assentiment et attaché à la matière d'un possible". tu marches" jugement Ainsi, en supposant que "Marche l", et "J'ordonne que soient des énoncés équivalents, le contenu clausule ("que tu marches") n:J •• t pa. l'obj.t d:J un• phrase complète, elle, exprime bien un jugement; accompli par l'énonciation du locuteur ma1s signifiée par son énoncé (.ctus 265 la même si la dans ce de parole qui était consignifié par le verbe plus de affirmation; il ne serait que la "matière d'un jugement possible", l'acte phrase signific.tus) ne cas, serait comme la phrase "Plat à Dieu qu'il vienne", exprime un souhait vienne " entre indique signifie le m@me souhait. il n'y a aucune pas Reste à préciser et le reste trace de cela dans la G.G.R., place pour les explications des modes par ellipse, comme le faisaient les grammairiens de la et m@me Lancelot dans sa /44thod. de latin ( 1 3 ) Logiqu., le locuteur ("Pla.t au Ciel"), alors que "Je souhaite qu ' il l'hyperphrase ("J'ordonne que") mais que • le de rapport l'énoncé; qui ne fait effacement ou Renaissance , De même, dans la Arnauld et Nicole ne font aucune tentative pour réduire les énoncés non déclaratifs aux déclaratifs (Nuchelmans, 1983, p. 75) , comme le faisait Apollonius, plusieurs grammairiens des Lumières Destutt de Tracy). et comme le (Harris, Nous y reviendrons. feront Buffier, encore Beattie, Jetons d'abord un coup d'oeil au système des modes. * * * Les modes verbaux, les dans la 8r •••• ir. principaux marqueurs des actes de pensée, "manières de nos pensées". L'affirmation la principal. manière de nos pensées, commandement, la prière, sont 266 des diverses (ou le jugement) la concession, Nous sont exprimées par les modes autres modes se répartissent finalement en ou est mais l'interrogation, les i mp l e dé sir , aussi des manières de nos pensées. dernières Les de Port-Royal, sont l'avons que mod •• d. vu, le etc. , ces l ' indicatif. l'affirmation distinguaient traitaient pas encore sous l'affirmation ce (ou (les Messieurs ne conditionnel du subjonctif et le dernier de Le subjonctif les formes l'entendement), en -rais) tandis relève que les de modes optatif, concessif et impératif relèvent de la volonté. Considérons d'abord les modes de l'affirmation les verbes reçoivent différentes inflexions, selon que l'affirmation regarde differentes personnes & differens temps. Mais les hommes ont trouvé qu'il estoit bon d'inventer encore d'autres inflexions pour expliquer plus distinctement ce qui se passoit dans leur esprit; Car premièrement ils ont remarqué qu'outre les affirmations simples, comme il .i •• , il .i.oit, il y en avoit de conditionnées & de modifiées; comme quoy qu1il .i •• st, qu.nd il .i •• roit. Et pour mieux distinguer ces affirmations des autres, ils ont doublé les inflexions des mesmes temps, faisant servir les unes aux affirmations simples; comme ai •• , .i.oit, & reservant les autres pour les affirmations modifiées; comme . i •• st, .i •• roit . .. Donzé (1967, n'expliquent ce "conditionnée " interpréter Lancelot. 118) observe que ni la Sr •••• ir. p. ces Une qu'il et faut entendre "modifiée"; ni la Logiqu. par ici en conséquence, termes en faisant retour sur affirmation est "simple", il les cherche H,thod.s de (selon la "simple et directe" H,thod. d'espagnol; je souligne) lorsqu'elle ne sert qu'à marquer quelque idée 267 à positive tout en restant grammaticalement indépendante. En un mot, l'indicatif est le mode de l'énonciation autonome. Il y a subjonctif, en revanche, dès que l'idée, .odifi'. par quelque interprétation, s'exprime en subordonnée; la Sr •••• ir. l'appelle alors conditionn4., et la H4thod~ d'espagnol, d4p.nd.nt •. (Donzé, p. 118; je souligne). (Il me semble "conditionnées" , proprement dit, que la Sra ••• ire appelle les affirmations qui "c ondi t i onné es" "modifiées", relèvent du et non "subjonctif" se rapportant plutôt aux formes L'indicatif, utilisé dans les affirmations "simples", par excellence, est donc, "autonome", le mode "direct", "indépendant" et comme le nominatif dans les noms. Au siècle suivant, Du Marsais appellera mode indicatif, "directes" les propositions énoncées par le et "obliques" les propositions énoncées par les autres modes. Quant aux modes de la volonté, ils dépendent de la dont nous voulons les choses outre l'affirmation; l'action de nostre volonté se peut prendre pour une maniere de nostre pensée, & les hommes ont eu besoin de faire entendre ce qu'ils vouloient, aussi bien que ce qu'ils pensoient. Or nous pouvons vouloir une chose en plusieurs manieres, dont on peut considerer trois, comme les principales. (S.S. R., p. 113). 268 manière IO) si ce que nous voulons obtenir ne dépend pas de nous, il s'agit alors d'un "simple souhait" s'emploie. pas en car "les mesmes & pour l'optatif." inflexions (Ibid. , ajoutaient Utin •• devant le subjonctif, DiflU, qui Ce mode a des inflexions particulières en grec, ma1S latin, subjonctif et c'est le mode optatif pour obtenir le même effet. p. servent 114) . pour Les Romains PICt et les Français, Mais il n'y le a pas, ~ à proprement parler, d'optatif en latin et en français, "puisque ce n'est pas seulement la maniere differente de signifier qui estre fort multipliée, mais les doivent faire les modes." (Ibid.) différentes inflexions signifier", qui Malgré cette déclaration, le point de vue des Messieurs est bien d'abord celui de la de peut de la fonction; la présence ou "manière l'absence inflexions ne les empêchent nullement de reconnaître (de des déduire littéralement) des modes auxquels ne correspond aucune inflexion, comme des espèces naturelles dans un "tableau périodique" qui attendent qu'on les reconnaisse, qu'on leur donne un nom et qu'on leur assigne une place. IIO) lorsqu'on se contente d'accorder une chose qui "concessif" (.odus potltnti.lis, requis. "Les hommes marquer ce mouvement, si c'est alors le mode "potentiel" absolument on ne la désire pas, ou même est inflexion pour aussi bien qu'ils en ont inventé en Grec auroient pa inventer pour marquer le simple désir. Mais ils ne l'ont pas fait, se servent pour cela du subjonctif." (Ibid.). distingue par l'ajout du quit une En français, on le "Qu'il dépense", 269 & ils "Qu'il perde", "Qu'il périsse", rencontré un "Qu ' il mode le fasse", potentiel chez que servirait marqué, Nous Linacre, ( •• V, anglais par des verbes auxiliaires mode etc. qui avons déjà s'exprime en etc.); mais le shou.ld, les Messieurs appellent "concessif" ou "potentiel " , plutôt permission. Il serait en accorder une à franç ai s, par le "que" et les donc terminaisons du subjonctif. Le texte de la 6.G.R. n ' explique pas le rôle du " que" dans ces tournures, s'il est adverbe ou pronom relatif et dans ce dernier cas, quel est l'''antécédent'' (sous-entendu, s'il y a lieu) . IIIO) enfin, lorsque nous voulons une chose qui dépend d'une personne de qui nous pouvons l'obtenir, en lui adressant un ordre ou une prière, c'est alors l'impératif qui doit être utilisé . "C ' est le mouvement que nous avons quand nous commandons, nous prions." (Ibid., personne du proprement p. "parce singulier, soy-mesme"; à 115) . Ce mode n'a pas qu'on n'a pas il ne non se plus de ou que première commande de point troisième personne, "parce qu'on ne commande proprement qu'à ceux à qui on s'adresse & à qui on parle". l'indicatif se prennent Le mode impératif et le futur souvent l'un pour tuerez point"/"ne tuez point! ") , prière rapport se rapportent l'autre ("vous de ne parce que le commandement et la toujours à quelque au moment de l'énonciation. chose de Ce mode n'a pas futur reçu, par en français, de flexion particulière; on le marque en retranchant le pronom personnel "vou.s ai ."z , 270 est une simple affirmation . i •• z un impé rat i fil Cette 116) . (p. procédure "transformationnelle" (effacement) est à rapprocher de celle par laquelle nous formons des questions, en inversant l'ordre naturel des mots entre le pronom et le signifie l'affirmation ai •• -t-iI? .st-c.? mais S1 verbe je "j'ai •• ainsi, dis, cela signifie l'interrogation" (8.8.R. , p. 152) . La concession, l'ordre, présupposent un allocutaire, pensé e" ; ces seulement" ou actes ne la prière, en tant ne sont pas de simples peuvent être par un être solitaire. acc ompl i s Commander qu'ils "actes "en ne de pensé e peut être seulement une "action de notre esprit"; c'est un acte illocutoire qui présuppose tout un contexte d'énonciation ("on ne se commande point proprement à soy-mesme"). impératif, c'est commandons, ou volonté "le mouvement que nous prions", Ce qui est marqué par le que nous c'est que nous avons que l'allocutaire fasse cette "mouvement de Dans quand et ce mouvement, dépend de lui et que nous voulons obtenir. locuteur, avons l'âme" lui, l'esprit la qui du ne se fait pas que dans l'âme. ce classement des modes en modes de l'affirmation et de volonté, nous Si le mode marque un qui se fait tout entier dans le commandement, chose mode la la direction d'Ajustement de l'énonciation semble jouer un certain rôle former notre jugement pour éviter l'erreur trouver la vérité est quelque chose qui djpend da nous, 271 qui et est notre responsabilité de la une "précipitation", "faute" de jugement résulte d'un "défaut" d'attention, "vanité" qui nous retient d'admettre: "je me trompe ri en" (Logi qu.., les modes de la volonté, revient pas au locuteur; l'allocutaire mesure où dans la Providence, ou Premi er di sc ours, pp. souvent ou de la & je ne sais 37-38). Par contre, dans la r •• ponsabilité d. l'ajustam.nt elle ne revient ni au locuteur, l'expression du "simple souhait" , satisfaction du souhait dépend du ne ni à dans la de la sort, et elle tombe sur l'allocutaire dans le commandement la prière et la concession. Le mode concessif une dénégation illocutoire d'une interdiction correspond Cc' est-à-dire, à la dénégation illocutoire d'un ordre de ne pas faire quelque chose) ; que l'action permise l'allocutaire, s'abstenait mais d'agir, soit il accomplie n'encourrait ou non aucune et le locuteur verrait m~me dépend de sanction s'il d'un bon oeil Lancelot n'en cette abstention. Quant traitent aux modes impersonnels, m~me Arnauld pas au chapitre XVI, intitulé et "Des divers Modes ou manière des Verbes", où seuls figurent les modes de l'affirmation et de la volonté. qu'ils ne Ce regroupement me paraît significatif; retiennent pas l'affirmation et qu'ils parce n'expriment aucun "mouvement de l'âme", les modes impersonnels sont traités à part. L'infinitif est traité au chapitre XVII, 272 les participes, au chapitre XX, L'infinitif est "personnels", modes puis les gérondifs et immédiatement chapitre XXI. les modes après sans doute parce qu'il fait partie de la liste des devenue (indicatif, traité supins, classique impératif, depuis les subjonctif, Grecs et optatif et les Romains infinitif) , et aussi parce qu'il retient quelquefois l'affirmation. En effet, certains selon Arnauld contextes, et Lancelot, l'infinitif, joue le rôle d'un pronom relatif en liant deux propositions, fait L'infinitif proposition manière sujet devienne ou C'est fait une en sorte partie de la l'attribut (ou même à Mais substantifs portent et •• 1u • • st fugi.ndu. en fait que la première, de au la même d'une au proposition la plupart du temps, les infinitifs sont des qui ne retiennent pas les marques du nombre, pourquoi verbe) une seconde qu'un pronom relatif joint une proposition incidente "principale". noms Scio seul une proposition, autre. en nos auteurs n'en ont pas l'affirmation, de la personne ni du finalement pas et ne temps. traité au chapitre des modes du verbe. Les participes sont traités comme des "noms adjectifs", parce qu'ils ne retiennent pas l'affirmation du verbe, quoiqu'ils 273 signifient par personne) , c'est-à-dire un certain attribut, pour le genre, ailleurs la m@me chose que le verbe avec des le nombre, le temps et la voix. l'affirmation et la personne à un (hormis la marques Ainsi, lorsqu'on participe on obtient le m@me effet qu'avec un verbe: ••• tus su. Le gérondif est un "nom substantif", qui à la voix active, "adjoC.te à la signification de l'action du verbe, de nécessité ou de devoir. Il (6.6.R., 134) . p. "c'est un nom substant i f qui est pas s i f" (j bi d., = et une autre Quant au supin, p. 135). * * * Les conjonctions, les verbes et leurs modes, et les interjections, nous l'avons vu, ont en commun de ne désigner rien qui soit "hors de l' espri t Il. qui sont Mettons de côté les interjections, "des voix plus naturelles qu'artificielles", l'on peut décrire, suivant Dominicy, comme "rp.atière du jugement possible" conjonctions, aussi en que "des opérateurs non- assertoriques qui s'appliquent 'à vide'll (1984, que la et p. exprimée. Les les modes verbaux et les modalités aléthiques ont commun de Ilcomplexifier" 274 n'est pas parce 167) , selon la forme (et non la matière) les propositions car Y a il forme, dans lesquels "des propositions dont la complexion tombe c'est-à-dire, sur l'affirmation II, propositions quand la ils ont une occurrence; "qui VI, et négation" p. 166), contrairement aux sont complexes selon complexion la sur (ibid.) , la · matière" tombe sur le sujet ou l'attribut de la proposition (comme "Alexandre qui était fils de Philippe vainquit Darius qui était Roi des Perses") . complexe selon la forme, l'attribut, Lorsqu'une c'est au verbe, proposition est et non au sujet ou que se rattachent les propositions incidentes. à Par exemple, dans "Je soutiens que la Terre est ronde", "Je soutiens" ne se rapporte nullement à copule; le "plus "expl ica t ive" est: en la terre ou deux expres sément" , "déterminative". est rond., proposition "principale". Celui comme Ainsi, & l'autre pl us soutient mais à la "incidente" , l'affirmation nous convainquent que ... " la "Je soutiens que la Terre et pas seulement Arnauld et Nicole "Il n'est pas vrai que .. " " "est expressément par le mentionnent d'autres opérateurs transpar.nt. ("Je nie que ... " que .. incidente "la Terre est ronde", et qui dit qu'elle l'est. une II, VIII, p. 176). "Je soutiens" est affirme que la Terre est ronde, ronde" "ronde", l'une à l'ordinaire par le verbe manieres verbe j . souti.ns" (Logiqu., ici la ou à la copule exprime déjà l'affirmation, mais "Je soutiens" fait exprimée "Terre" "Les raisons est qu'il encore "Il est vrai d'astronomie "la Terre est ronde") qui sont aussi des propositions incidentes qui concernent le verbe et la matière de la proposition, avant de toucher quelques mots 275 non à propos des modalités aléthiques. verbaux (autres impersonnels) Comme ces dernières, les modes que l'indicatif, seraient mais en excluant opérateurs des non les modes transparents complexifiant les propositions selon la forme plut8t que selon la matière Terre "Il est nécessaire que la Terre soit ronde" est nécessairement ronde") contiendrait de la (ou même "La façon une proposition "incidente" affectant l'affirmation contenue dans la propos i t i on "princ ipal e" . Port-Royal ne Dominicy signale que "la théorie de sépare pas clairement les modalités des modes" (1984, p. 211); car avec les modalités, dans certains contextes, l'affirmation ou la négation exprimée par la copule (éventuellement niée) fera l'objet d'une "modification" non assertorique, assimilable, .ut.tis .ut.ndis, aux "modifications" que peuvent apporter les modes autres que l'indicatif. Les "incidentes" rendront alors quelques-unes des différentes variétés d'engagements que le sujet parlant contracte vis-à-vis de ses destinataires quant à la vérité de l'inclusion, ou de la non-inclusion, exprimée par la "principale". (Dominicy, 1984, pp. 211-212). Tâchons de faire le point sur le indicatif" savons et le verbe dans les pensé es, être entre le "verbe autres modes personnels nous que les modes autres que l'indicatif sont des "non assertoriques" forme, rapport qu'ils opérateurs qui complexifient les propositions selon servent à exprimer la forme ou la manière de et que les "formes ou manières de nos pensées" indiqué es (ou "consigni fié es") 276 par le verbe la nos peuvent dans l'énonciation, les ou signifiées directement par l'énoncé; modes autres que l'indicatif, verbales, apparaissent accessoires comme comme les autres de plus, inflexions des significations "ajoutées" par rapport à la signification principale du ou verbe (marquer l'affirmation); enfin, la forme de nos pensées, dans les propositions complexes selon la forme (quand la complexion sur le verbe), s'exprime "expressément" par incidentes (l'Je soutiens que", que" , etc.) . "Je nie que", que" , "Je demande si", propositions "Il est nécessaire m~me Pourquoi n'en serait-il pas de personnels autres que l'indicatif? des pour les modes Les hyperphrases "Je souhaite "J'ordonne que", etc. , seraient incidentes marquant explicitement de quelle manière est l'inclusion présentée d'une de l'attribut comme condition subjonctif, d'un ou jugement d'un autre simplement possible fait que l'on comme (pour les le comme énoncé s pour le concessif et l'impératif. l'indicatif) expriment les temps, bien étonnant que les Messieurs plus ment i onné es hyperphrases invraisemblable appellent haut, et et les il n'est diversité des personnes" ce que font les 277 pas les n'est pas il Messieurs et "la diversité des modes "inc ident es" de penser que l'on puisse faire avec l'indicatif Si les "s igni fica t ions des à la signification principale du verbe, que dans l'optatif, dans ajoutées" autres est dépendante catégorique ignore verbales pour les personnes, que modifiée l'inclusion l'indicatif, de l'acte de parole, (autres sujet; des comme "pouvant" ou "devant" @tre une conséquence interrogatifs) flexions le effective dans comme dépendante dans tombe temps", les pour modes "la c'est-à- dire, les rendre "expressément " par des noms et des pronoms (pour les personnes) 102) . Les et par des adverbes Messieurs disent (pour les temps) que ces (6.8.R. , significations ont ajoutées pour satisfaire la tendance des hommes à "abreger expressions" souhaite que", signifieraient bizarrement, "ordonner", Les . 96) . (p. " J'ordonne propositions que", "Je sont les complétives des que etc. , nos grammairiens verbes jansénistes jugements catégoriques ("Je ou soutiens présent que", "Je De quelle façon la conjonction le relatif "que" joint l'incidente au verbe dans ces phrases, cela n'est pas trè s clair la assez appellent affirment "j'ordonne que"). etc.) "souhaiter", alors que ces "incidentes" à l'indicatif suppose que", ("Je et "principales", des leurs que", explicitement le "mouvement de l'âme", ce été "incidentes" permets p. cinquième édition (1~). (Nuchelmans, 1983, p. 82). de 1683 de la Logiqutl (chap. Dans premier, seconde partie; "Des mots par rapport . aux propositions"), Àrnauld et Nicole proposent l'analyse suivante des phrases "Jean répondit "Je suppose que vous serez qu'il n'était pas le Christ", et "Je vous répondit qu'il mot 147) . nom; " de r'pondit, Il "que" "conserve l'usage de lier une dans "Jean proposition, avec l'attribut enfermé dans n"toit p.s 1. Christ, savoir, le dis que vous avez tort" sage", qui signifie fuit r.spondtlns." p. a aussi un autre usage qui est de se "rapporter" à le "que" est donc une contraction de et l'antécédent de ce "qui" est le un "une chose qui est", "réponse" dans "Jean fit une réponse qui est il n'était pas le Christ". Et pareillement dans les autres cas "Je fais une supposition qui est 278 vous serez sage", "Je vous dis une chose qui est: vous avez tort", etc. Si on devait analyser de la même manière les phrases vous marchiez", "Je donne "Je souhaite qu'il parte", un ordre qui est vous "J'ordonne que etc. , c'est-à-dire marchez", etc. , ces propositions ne seraient plus complexes selon la forme, parce que l'incidente est rattachée à l'attribut, substantif obtenu par décomposition plus précisément, lexicale du verbe signifie directement le mouvement de l'âme normalement par modes impératif ou optatif. cette les Dans hyperphrases ne sont pas appelées "incidentes"; plutôt la phrase introduite par "qui est", est" , laquelle (Nuchelmans, 1983, p. 82, incidentes qu.. est pp. 200, 211) dans est "sens = "déterminative"); VIII de la ronde", qui en (1983, tandis que M. y voit plutôt des relatives le chap. chose qui affaibli" Les avis Nuchelmans dit que "la clause introduite seconde dites complexes selon la forme, est l'incidente écrit dil«t.d s.ns.). Ces propositions une clause relative restrictive" "restrictive" indiqué les sont-elles explicatives ou déterminatives? semblent diverger; qui analyse, ou "une n'est "affirmée" que dans une à un comme p. par 81) (où Dominicy (1984, "explicatives". partie, les Mais propositions "Je soutiens que la Terre apparence sont très semblables à celles analysées dans l'ajout de l'édition de 1683 ("Je suppose que vous serez sage", etc.), sont analysées d'une tout autre façon, nous l'avons vu. comme Laquelle de ces deux analyses s'imposent? seule l'intention du certains contextes, trancher la question de savoir quelle partie locuteur d'une permet de proposition est l'''incidente'' et si elle doit être rattachée à l'attribut 279 Dans de cette proposition, intention, en ou être rattachée la à copule; S1 mon énonçant "Tous les philosophes nous assurent que les choses pesantes tombent d'elles-mêmes en bas", est d'affirmer que les choses pesantes tombent d'elles-mêmes en bas, la première partie de la proposition est l'incidente; si mon intention est d'affirmer que les philosophes nous assurent de quelque chose, la seconde partie de l'énoncé constitue l'incidente se rattachant "une chose" via le "qui" dans assurent une chose qui est M. "Tous les philosophes B" Auroux représente simplement représente une "simple "modifiées" ainsi les affirmation'l, les (mt.) est clairement rattachée au verbe, première analyse "incidente" que"), proposition d'Arnauld celui-ci "principale"; opérateur non transparent, l'''incidente''. et est Nicole. un propositions n'absorbe pas lorsque mais B" , où la comme dans la Parfois, opérateur si "A 92) p. modalité soutiens propositions seraient représentées par "A (est + mt.) proposition nous " complexes selon la forme chez Du Marsais (1979, est lorsque transparent l'affirmation l'''incidente'' de la est un l'affirmation est comme absorbée C'est le cas pour les affirmations volonté mouvement chose" (auxquels on peut de l'âme par lequel joindre comme une sorte d'optatif) 280 par "modi f ié es" l'interrogatif "nous souhaitons de la ("Je et "conditionnées" (modes de l'affirmation) et pour les modes la à sçavoir de ce une l'inclusion marquée par le verbe n'est alors plus présentée comme "effective", ou "actuelle". Les modes sont conçus à Port-Royal comme des ne sont pas personne, "communs à tous les verbes" le nombre et le temps car le accidents qui (comme le sont "verbe indicatif" la n'en porte pas la marque), et comme des "significations ajoutées" à la signification "principale" du verbe (à semble-t-il, d'économie, dans le but d'abréger l'indicatif) , le aj outé es , discours, par souci et pas seulement "pour expliquer plus distinctement" ce qui se passe dans notre esprit. C'est ainsi que l'attribut, les personnes et les temps sont présentés (chap. XIII, pp. 96-9798) , les et au chapitre XVI, les modes sont mis sur le même pied que Si inflexions pour les personnes et les temps. permettent d'abréger inflexions, n'est-il rejette ces les autres pas "la 8.6.R. "signification avec "éternelles" exprimant où ellipse pourrait-on ajoutée" où le par et (Dominicy, décharger personnes dans temps et la personne les "mouvement les ne de "incidentes" ("Je souhaite que", encore, selon l'analyse de 1683, 281 le les 1984, verbe de comme on peut le par les modes, les que qu'affectionnaient Lancelot inclus" "expressément " propositions etc.) , Ne temps les excessif d'affirmer explications 14)7 note modes le discours au même titre que grammairiens antérieurs, 178, les p. la faire propositions comptent l'âme" pas, par "J'ordonne en des que", en décomposant le verbe de la principale pour en tirer un terme individuel auquel se rattache l'incidente complexifiant l'attribut? "réduction" du non-déclaratif au déclaratif Mais une telle demeure problématique (dans la première analyse) sans une du raIe sont joué par le relatif "que" "complexes selon la forme", verbe (la copule complexion, + (" i l mj. ") que" est nécessaire = interprétation dans les propositions qui ces cet ajout au verbe, adverbiale suppos e "est toutefois propositions où c'est le qui est complexe. Cette serait donc, au fond, de nature = que" "supposément" , "nécessairement", etc.) , comme les "Je flexions temporelles, qui peuvent être rendues par des adverbes (c'est-à- dire par des syntagmes prépositionnels [prép. + nom]) . Dans la Logiqu. (1, VIII), Arnauld et Nicole disent que les additions que l'on fait à un terme deux sortes mais les (pour en faire un terme complexe) soit des explications, soit des sont de déterminations; additions qu'ils envisagent ne touchent que la matière, et non la "forme ou la manière" des pensées. Et ils ne disent pas si les "additions" faites aux verbes par les "modes" sont des déterminations ou des explications. Les Messieurs ne présentent aucune procédure les comme énoncés non déclaratifs aux déclaratifs, certains reviendront grammairiens aux philosophes procédures du siècle de réduction à 282 pour réduire le feront qui suivant, l'indicatif (et à l'infinitif) d'Apollonius. On peut cependant, d'indications très sommaires, établir de telles le partir à procédures cadre logico-grammatical de Port-Royal sans en dans trahir trop l'esprit, en particulier en adoptant l'analyse présentée en 1683. Les Messieurs, marginalisent excluent conformément le discours à la non tradition aristotélicienne, déclaratif, au l'indicatif des modes proprement dits point (c'est qu'ils le "pÔle non marqué ") , lui conférant la place d'honneur dans la théorie du verbe; par contre, ils ne cherchent déclaratif au déclaratif, et nullement à réduire le non- les modes "l' action de nostre volonté" siègent, à côté autonomie, car Ill es marquer à dans le système des modes, de l'indicatif et des modes de relative servant l'affirmation hommes ont eu besoin avec de une faire entendre ce qu'ils vouloient, aussi bien que ce qu'ils pensoient" p. 113) . Par ailleurs, on peut admettre la réduction du (8.6.R., non-déclaratif au déclaratif sans admettre que toutes nos énonciations expriment toujours et seulement des jugements (c'est ce que fait, J. par exemple, Harris, qui s'inspire largement d'Apollonius, et qui pourtant rapporte à la volonté bon nombre de nos énonciations) . Les modes se présentent donc finalement comme des marqueurs "d'actes de pensée", Iimaniè res ou de notre pensé e ll , ou des "mouvements de s'opposent à la simple affirmation. Nicole ne ou des l'âme", qui des "actions de notre esprit", réduisent pas les Et si Arnauld, énoncés 283 Lancelot interrogatifs, et optatifs, impératifs, etc., à des énoncés déclaratifs, et distinguent comme ils le c'est font les modes de l'affirmation et ceux de la volonté, peut-être à cause de la tradition aristotélicienne l'influence particulier, Arnauld, envers 1f4dit.tions des le paragraphe on le sait, Descartes, idées et souvent .'t.physiqu.s 9 de la de ou Descart es second.) If~ditation de (en (16) ; n'a jamais renié sa "dette philosophique" dont il retient "une série de thèses sur les signes auxquelles il imprime un tour plus explicite; ensuite le cogito, les original et dont il se plaît à soul igner le caractère august ini en" (Dominicy, 1984, pp. 19-20) Du Marsais reprendra pour l'essentiel, irritants, la théorie de Port-Royal; Ilpropositions" (exprimant respecte en sa distinction entre (exprimant des jugements) et "une action de l'esprit" corrigeant les les différente les "énonciations" du la distance placée par les Messieurs entre jugement), l'indicatif et les autres modes, et l'autonomie relative de ces derniers, car lui non "énonciations" à des énoncés déclaratifs. dans la tradition péripatéticienne), marqué contre, entre ne réduit nous le verrons bientôt, plus, les Comme à Port-Royal (et le clivage est les énoncés déclaratifs et point non clairement déclaratifs. Par Beauzée, qui adopte l'approche réductionniste (pour lui, toutes nos énonciations expriment, après analyse, et qui s'emploie à des jugement s) critiquer la distinction de Du Marsais son article "Proposition" de l'Encyclop~di., 284 dans cite à l'appui de sa L'art critique d, p.ns.r d'Arnauld et Nicole et ailleurs s'il admet verbe de lui néanmoins que Il [c'] est surtout à est employé selon sa la arrive 1767) de critiquer sévèrement théorie du verbe de Port-Royal sur la question de il côté à la l'affirmation, l'Indicatif signification que le essentielle & fondamentale ll (6r ••• aire 94n4rale, Livre III, p. 208); il est le seul , qui n'ajoute pas quelque idée parmi les modes personnels, Ilqui est la caractéristique de chaque mode ll . accessoire au verbe L'approche 6r •••• ir. l'usage paraît être ,t r.isonn4e; 94n4r.l, servent à verbales. plus Ilabréger tard les puissance est On peut comprendre qu'un la selon lorsqu'il marque la force Ilaccessoires ll grammairiens le discours ll , dans défini et les modes ne sont que des diront en le verbe qu'on en fait à l'indicatif, assertive, (comme réductionniste comme du verbe philosophes), les autres qui flexions grammairien philosophe de la trempe de Beauzée puisse la développer sans avoir l'impression de trahir Tout l'esprit de l'héritage logico-grammatical de Port-Royal. se passe comme si les héritiers de Port-Royal avaient deux lectures de la même oeuvre, demeurent et développé deux approches qui toutefois incompatibles sur un (nommément Beauzée, Condillac, toutes nos énonciations où le Beattie verbe est point et pour les uns Destutt de Tracy), à un mode personnel (ou Ilfini ll ) expriment des jugements; pour les autres Harris, Gregory), fait (Du Marsais, elles expriment parfois des jugements, parfois des actions de l'esprit autres que le jugement (ou catégorique) . 285 l'affirmation * * * 286 NOTES (1) Comparez cette division des parties du discours avec celle de Vanderveken, 1988, pp. 16-17: "Ainsi, il existe deux espèces différentes de mots et de traits syntaxiques dans les langues naturelles. Certains mots et traits syntaxiques, comme les signes de ponctuation, l'ordre des mots et le mode du verbe, contribuent à la signification des énoncés à l'intérieur desquels ils apparaissent en déterminant les forc.s illocutoir.s des énonciations de ces énoncés alors que d'autres mots et traits syntaxiques, comme le temps et la personne du verbe, contribuent à la signification des énoncés à l'intérieur desquels ils apparaissent en déterminant les cont.nus propositionn.ls de leurs énonciations". Il y a une analogie certaine entre les parties du discours qui marquent les objets de nos pensées et les mots et traits syntaxiques qui déterminent le contenu propositionnel des énoncés, d'une part, et entre les mots qui marquent la "forme ou la manière de nos pensées" et les mots et traits syntaxiques qui déterminent les forces illocutoires, d'autre part. Toutefois les conjonctions, dans la théorie des actes de discours, n'ont pas le même statut que dans la Sr •••• ir. de Port-Royal conjoindre n'est pas un acte que l'on peut mettre sur le même pied qu'asserter, ordonner, promettre, etc. (2) Arnauld & Lancelot ne consacrent que cinq petites lignes aux interjections; elles sont ce qui, dans le langage, est le moins langage. Destutt de Tracy exclura les interjections des jljments d. lA proposition, car elles expriment en fait une proposition entière. Si les interjections sont des "opérateurs nonassertoriques qui s'appliquent "à vide"" (Dominicy), c'est peutêtre bien parce qu'il y a ellipse de la "matière de la proposition", ou parce qu'elle n'est pas encore pleinement développée et analysée. (3) Le Goffic (1978), Nuchelmans (1983) et Dominicy (1984), ont tous remarqué les problèmes causés par l'absence d'explications données par Port-Royal sur la nature de l'acte de juger dans les propositions composées. Souvent, il semble que la force assertive soit exprimée par les "conjonctions" elles-mêmes, plutôt que par le verbe des propositions conjointes; "L'assentiment porte donc sur la matière du jugement dans son ensemble, et ne saurait être exprimé par l'un ou l'autre verbe" (Dominicy, 1984, p. 166). (4) Cf. P. Le Goffic, "L'assertion dans la gr •••• ir. et la logiqu. de Port-Royal", dans Str.t'gi.s discursiv.s, Lyon, P.U. de Lyon, 1978, pp. 235-244; sur "affirmation" et "jugement", pp. 235-236. 287 (5) Dominicy, 1984, p. 164 "Port-Royal osc i Il e entre deux tentations celle d'amalgamer l'inclusion et l'assentiment sous le couvert du mot "affirmation"; celle, toute contraire, de restreindre le concept d'affirmation à la seule inclusion". Dans l'indicatif, le verbe exprimerait l'inclusion + l'affirmation, et dans les autres modes, l'inclusion + un mouvement de l'âme différent de la simple affirmation. (6) G. Nuchelmans (1983; p. 100 et suiv.) attire l'attention sur la distinction médiévale actas exercitas/actas significatas à propos des exemples de Port-Royal (affir.o, Petras affir.at); cette distinction est également reprise par le grand logicien belge Geulinx. Cf. aussi, du même auteur, "The Distinction Actas exercitaslActas significatas in Medieval Semantics", dans Heaning and Inference in Hedieval Philosophy, éd. par Norman Kretzmann, K1uwer AcademicPublishers, 1988, pp. 57-90; en particulier, p. 59, où l'auteur attire l'attention sur le fait que les interjections présentent une nette similarité avec les modes verbaux dans la mesure où elles signifient "some affective state ou emotion in the non-cognitive part of the soul". Un locuteur sincère qui dit "Aïe!" montre qu'il ressent une certaine douleur et ne fait pas que la "signifier"; il ne désigne pas, ne nomme pas sa doul eur: il l'" exprime" . De même, un 1 ocut eur s incè re qui dit "Fais-le!" montre qu'il désire que la chose soit accomplie; il accomplit un commandement et ne le signifie pas comme s'il avait dit "J'ordonne que tu le fasse". La théorie des modes verbaux de H. Reichenbach (cf. notre "Conclusion générale") rappelle par moment ces distinctions. (7) Si l'affirmation est ce qui caractérise le verbe et si l'affirmation est autant dans la pensée que dans les mots, y aurait-il un verbe mental correspondant au verbe oral ou écrit? Les auteurs classiques n'ont pas développé une théorie du "discours mental" comme les médiévaux à partir de Boèce. Il arrive qu'on parle des idées comme si elles étaient à leur tour des signes des choses dans le monde; ainsi, Turgot: "Les idées sont un langage et de véritables signes par lesquels nous connoissons l'existence des objets extérieurs" (Deaxit.e discoars : Sar l'histoire des progrts de l'esprit ha.ain,dans ~aria lingaistica, éd. par C. Porset, p. 129). De même Locke s'exprime quelquefois comme si les idées étaient des signes d'un langage; dans le chap. III (Essay, Livre III, p. 21), il explique que le g4n4ral et l'aniversel n'appartiennent pas aux choses réelles, "but are the inventions and creatures of the understanding, made by its own use, and concern only signs, whether words or ideas". Ce qui intéresse les grammairiens de Port-Royal, c'est d'abord l'expression de la pensée dans le discours, c'est "l'art de parler"; ils n'envisagent pas la pensée elle-même comme un discours; mais apparemment, rien n'interdit d'aller dans ce sens, et certains commentateurs, comme Nuchelmans, parlent quelquefois de "propositions mentales" à propos de Du Marsais (qui parlait de la propo288 sition considérée logiquement comme étant celle de l'entendement). Mais dans l'art. "Déclinaison" de l'Enc'lclop~di., il écrit pourtant: "si nous considérons notre pensée en elle-m~me, sans aucun rapport à l'élocution, nous trouverons qu'elle est trèssimple; je veux dire que l'exercice de notre faculté de penser se fait en nous par un simple regard de l'esprit, par un point de vue, par un aspect indivisible il n'y a alors dans la pensé e, ni suj et, ni attribut, ni nom, ni verbe, &c.". (8) Cf. D. Vanderveken, 1988, où les actes illocutoires sont présentés comme des unités de pensée conceptuelle. (9) Voyez ce qu'Aristote écrit .concernant les "cas" : "De Philon, • Philon, et autres expressions de ce genre, ne sont pas des noms, ce sont des cas d'un nom. La définition de ces cas est pour tout le reste identique à celle du nom, mais la différence c'est que, couplés avec est, ~t.it ou s.r., ils ne sont ni vrais, ni faux, contrairement à ce qui se passe toujours pour le nom. Par exemple, de Philon est ou d. Philon n'est p.s sont des expressions qui n'ont rien de vrai, ni de faux. " (Aristote, D. l' interpr,t.tion , trad. Tricot, Paris, Vrin, 1966, p. 80. Quand je dis qu'un nom ne perd pas sa qualité de nom dans les cas obliques, je veux dire qu'un nom se décline comme un nom, un adjectif comme un adjectif, etc., et non bien sÜr qu'il peut continuer à tenir le m~me rôle qu'un "nom" au sens fort, au nominatif. (10) F. Récanati, dans "Déclaratif/non déclaratif", L.ng.g.s, no. 67 (sept. 1982), essaie de "montrer qu'il n'est pas évident que ce qu'on appelle la "modalité déclarative" soit, comme les modalités impérative et interrogative, un indicateur de force illocutionnaire il n'est pas évident qu'il soit légitime de parler d'une 'modalité' déclarative plutôt que d'une "absence de modalité" qui serait caractéristique des phrases déclaratives par opposition aux phrases interrogatives et impératives." (P. 24). Plus loin "Dans la conception que je défends, la modalité déclarative s'oppose aux modalités non déclaratives en ce qu'elle est (illocutionnairement) 'non marquée'." (P. 30). Récanati fait jouer à la "modalité déclarative" le m~me rôle que l'indicatif dans la 9.8.R •. Dans un autre ordre d'idées, Madame Claude Imbert ("Port-Royal et la géométrie des modalités subjectives", dans Le te.ps de 1. r'flltxion, III, 1982, p. 312) laisse entendre que "l'intention propre du chapitre janséniste (sur les modes verbaux) vise l'inadmissibilité des modalités subjectives"; par "modalités subjectives", il faut entendre ici les modes de la volonté (s'opposant aux modes de l'affirmation), c'est-à-dire l'optatif, le concessif et l'impératif. Les arguments de Madame Imbert sur ce départ des modes d'affirmation et des modes de la volonté sont davantage d'ordre moral que d'ordre grammatical et tentent de mettre en parallèle la doctrine logico-grammatica1e des Messieurs avec les discussions morales du 289 Grand siècle. Toutefois, ces arguments "externes", pour intéressants qu'ils soient, ne me semblent pas jeter une grande lumière sur les questions proprement grammaticales, et je préfère ne pas les discuter ici. (11) Pour un point de vue contemporain sur ce sujet, Zuber, Hon-D.cl.rative Sentences, Amsterdam, John Publishing Company, 1983. voyez R. Benjamins (12) Condillac, dans sa 6ra •• aire (p. 472), illustre assez bien ce point de vue "Mais si au lieu de dire tu fais, vous faites, je dis fais, f.ites, l'affirmation disparaît, et la co-existence de l'attribut avec le sujet, n'est plus énoncée que comme pouvant ou devant être une suite de mon commandement." Notez l.Cl. la pré s enc e des modal i t.s "pouvoir" et "devoir". (13) Robin Lakoff, "La Grammaire générale et raisonnée, ou la grammaire de Port-Royal", dans History of Linguistic Thought and Cont •• por.ry Linguistics, éd. par H. Parret, de Gruyer, 1976, pp. 361-362, montre que Lancelot, dans ses H~thod.s, a souvent recours à l'ellipse pour expliquer les modes autres que l'indicatif; mais elle l'admet elle-même : "there is no evidenc'e of this in the 6.6.R.". (14) R. Donzé, L. gr •••• ir. g4n4r.l. et r.isonn4. de Port-Roy.l, Berne, Francke, 1967, p. 118. (15) Le meilleur parti à prendre est peut-être celui suggéré par M. Dominicy, dont l'interprétation reprend l'analyse de l'édition de 1683 le "que" aurait une fonction métalinguistique en plus de rattacher la proposition incidente à un "antécédent"; ainsi l'énoncé "Je suppose que vous serez sage" est d'abord paraphrasé et rendu par "Je fais une supposition qui est que vous serez sage"; par suite, cette paraphrase se laisse ramener à "Je fais une supposition qui est "Vous serez sage"". Le "qui" rattacherait la proposition " Vous serez sage" à son antécédent, le terme "supposition", ce dernier signifiant la même chose, dans cette phrase, que "Vous serez sage". L'exemple analysé par Dominicy s'apparente fortement à des exemples de "propositions complexes selon la forme", comme "Je soutiens que", etc., et comme le serait, dans notre interprétation, des phrases comme "J'ordonne que", "Je souhaite que", etc. (Je donne un ordre qui est " " Je formule un souhait qui est " " etc.), les propositions "incidentes" (en fait la matière de la propos i t ion "modi fié e") étant cette foi s placé es entre les guillemets. Ainsi, "Marchel" serait paraphrasé en "J'ordonne que tu marches", qui à son tour le serait en "Je suis donnant un ordre qui est "Toi, marcher"", ou quelque chose du genre. Le "mouvement de l'cime" indiqué par le mode est d'abord 290 signifié par un verbe ("ordonner"), puis par un substantif obtenu par décomposition lexicale du verbe ("un ordre") et auquel le "qui" rattache la proposition qu'il introduit. J'ignore pourquoi les Messieurs évitent les explications traditionnelles de ces énoncés par un recours aux ellipses. De toute man1ere, les Messieurs n'ont pas développé cette analyse pour les modes autres que l'indicatif. Mais leur analyse de 1683 . rappelle étrangement l' analyse dite "parataxique" de Davidson ("On Saying That", Synthese 19 (1968-1969), pp. 130-146; et "Moods and Performances", in Ife~ning and Use, éd. par A. Margalit, Dordrecht, Reidel, 1976, pp. 9-29); il analyse ainsi la phrase "Jean affirme qu'il pleut" "Jean fait une assertion dont le contenu est donné par l'énoncé suivant. Il pleut". Le "que " (that) joue le rôle d'un pronom démonstratif ("ceci") qui réfère à l'énoncé qui suit le point; l'échec de la substitution des identiques s'explique par le fait que la référence du "ceci" n'est pas la m@me après la substitution. Les énoncés non déclaratifs s'analysent donc toujours en deux énoncés le premier est toujours à l'indicatif présent, et le second, également à l'indicatif (le plus souvent), est la référence du "ceci". L'interprétation de Dominicy rapproche l'analyse de 1683 que font les Messieurs du qu.. de l'approche "citationnelle" proposée un certain temps par Quine dans Hord .nd Object, Cambridge (Mass.), The M.I.T. Press, 1960; en particulier pp. 211 et suiv.; voir aussi Montague et Ka1ish, "That", dans Montague, For.al Philosophy, New Haven, Yale University Press, 1974; en particulier p. 86, pour un bref exposé des deux principales approches proposées en philosophie contemporaine. (16) Descartes, 1f4dit.tions .It~physiqu.es, 1f4ditation s.conde : "Mais qu'est-ce donc que je suis? Une chose qui pense. Qu'est-ce qu'une chose qui pense? C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent." Ce sont bien là (sauf peut-~tre la conception) ce que Port-Royal appelle des "manières de nos pensées". Zeno Vendler, dans R.s Cogitans (Ithaca, N.Y. et London: Cornell University Press, 1972) fait aussi un lien entre la théorie des actes de discours et ce passage de Descartes. Dans L.s passions d. l' ••• , Descartes fait entrer toutes nos pensées dans deux classes principales "les unes sont les actions de l'âme, les autres sont ses passions" (I, art, 17); toutes nos volontés relèvent de la première, et nos connaissances et perceptions, de la seconde. On retrouvera la m~me division chez Harris (H.r.ts), qui lui s'inspire davantage de la philosophie grecque classique et de la tradition aristotélicienne. * * * 291 CHAPITRE DEUXIEME Avec neutre Du Marsais, DU MARSAIS le verbe reçoit une définition eu égard aux modes. qui Le grammairien attitré de la est grande Encyclop4di. ne dit pas que le verbe sert à marquer l'affirmation (ce qu'il ne fait proprement qu'à l'indicatif), mais et l'existence (réelle ou l'.nonciation (ou l'action de l'esprit) imaginée) du sujet sous telle ou telle qualification. du verbe de d'Aristote Du que bipartite de Marsais est celle de Port-Royal est de plus dit ou chose réelle • Il adopte ou <:2 ) Ilmodifiée" une partie Le signifie imaginée d'un certain attribut auquel est comme soit dans lié e cette Cette conception, contrairement accorde Port-Royal, l'existence, substant i f) , analyse verbe au verbe ca té goréma t ique ll (Nuchelmans, 1983, p. 95) toujours l'analyse une constitue d'autre. imaginée du sujet de la proposition, celle de de "Le verbe est donc le signe de l'existence réelle existence et tout le reste" à (1) proche La théorie car c ' est lui qui indique que quelque de quelque l'existence dans un suj et plus la proposition où le verbe essentielle de l'attribut, chose bien plutôt le l'existence IISocrate est l l une "signification verbe comme , telle soit d'une certaine manière (verbe adjectif), IISocrate marche [est marchant] Il. 292 signifie (verbe l'existence comme dans Dans l'article "Construction", Du Marsais analyse l'idylle "Les moutons" de Madame Deshoulières; et voici ce qu'il écrit à propos du verbe de la phrase "Que vous êtes heureux!" Et,s heur,ux, c'est l'attribut; c'est ce qu' on juge de vous. le verbe ... outre la valeur ou signification particuliere de marquer l'existence, fait connoître l'action de l'esprit qui attribue cette existence heureuse ~ vous; & c'est par cette propriété que ce mot est verbe on affirme que vous existez heureux. le verbe, outre la valeur ou signification particuliere du qualificatif qu'il renferme, marque encore l'action de l'esprit qui attribue ou applique cette valeur à un sujet. Etes : la terminaison de ce verbe marque encore le nombre, la personne & le temps présent. Dans une phrase comme "Dieu est tout-puissant", seulement "tout-puissant" qui est jugé de Dieu, ce n'est pas mais qu'Il est tout-puissant; c'est l'existence avec la toute-puissance. C'était revenir à l'idée des philosophes et grammairiens grecs, avaient fait du verbe "être" le v.rb. d~exi!lit.nce. Du qui Marsais substituera cette conception à celle de Port-Royal (Sahlin, 1928, p. 307) et il la développera surtout dans sa Lettr. d1une jeune langue de.oisell, Dans cette lettre adressée à l'Abbé Girard, Marsais écrit "qu'à la vérité la définition que Port-Royal 293 Du donne du verbe, a besoin d'explication; mais, qu'étant une fois bien entendue, et énoncée selon ce que l'auteur a voulu dire, elle est très juste." mais si tôt Tome troi s ième, après il ajoute que séparé de l'attribut; " [l] dans les (p. 331) cas obliques" (l'existence) , doit pas il en est la partie essentielle, pas une simple liaison ou copule, le prétendent." e verbe ne 330) p. j être et n'est comme la plupart des logiciens Du Marsais compare le verbe aux "noms en plus de le verbe indique sa encore, signification propre par sa terminaison, un certain rapport avec le sujet, une certaine "vue de l'esprit, qui regarde expressément un sujet comme étant de telle ou telle manière" (pp. 330-331) Du Marsais maintient l'idée d'Arnauld et Lancelot qu'il y des mots qui servent à marquer les objets de nos pensées, que d'autres, comme les les articles, a tandis prépositions, les conjonctions et les verbes avec leurs différentes inflexions, ne "vues de sont en usage l'esprit", que pour faire connattre expression qui, dans le cas du verbe, paratt synonyme d"'action de l'esprit" (Sahlin, 1928, d'abord et avant tout le signe d'une particulière de l'esprit"; moins, qu'il différentes marque le verbe, p. 308). "action" ou des autres mots, 294 est "considération dans les modes "finis" du toujours une action de l'esprit. se distingue Le verbe comme C'est par il l'affirme là dans l'article "Conjugaison" de l'Enc'lclop.difl le verbe marque encore l'action de l'esprit qui applique cette valeur [= la valeur particulière de chaque verbe] à un sujet, soit dans les propositions, soit dans les simples énonciations; & c'est ce qui distingue le verbe des autres mots, qui ne sont que des dénominations. Lorsque cette action de l'esprit est une affirmation , locuteur énonce une proposition; dans tous les autres cas, le c ' est une énonci.tion qu'il produit. Du Marsais présente peu d'idées nouvelles modes verbaux; mesure où p. Il concernant mais son approche est justement nouvelle dans les la i l prend pour point de départ la propos i t i on Il CSahl in , 367), c'est-à-dire non la proposition considérée logiquement, mais bien la Ilproposi ti on cons idé ré e grammat ical ement Il quand on considère une proposition grammaticalement, on n'a égard qu'aux rapports réciproques qui sont entre les mots; au lieu que dans la proposition logique, on n'a égard qu'au sens total qui résulte de l'assemblage des mots en sorte que l'on pourroit dire que la proposition considérée grammaticalement est la proposition de l'élocution; au lieu que la proposition considérée logiquement est celle de l'entendement, qui n'a égard qu'aux différentes parties, je veux dire, aux différents points de vue de la pensée; il en considère une partie " comme sujet,l'autre comme attribut, sans égard aux mots... CArt. IIConstruction ll). 295 Tout discours laisse se ramener propositions, d'énonciations rapporter à un but à assemblage de & de périodes, qui toutes doivent se principal" (art. Toute proposition ou énonciation comprend "deux parties essentielles " le sujet, et l'attribut; le verbe" et l'attribut "commence toujours "contient essentiellement par le verbe " . La "proposition considérée grammaticalement", la proposition énonciations assemblage qu'ils au sens que les de mots, ont large qui comprend propositions au sens qui par le concours de entr ' eux, énoncent un c'est-à-dire aussi bien strict, différens jugement ou "est les un rapports quelque considération particuliere de l'esprit qui regarde un objet comme tel." (Ibid.) . Cette considération particulière de l'esprit peut se faire en plusieurs manieres différentes, & ce sont ces différentes manieres qui ont donné lieu aux modes des verbes. Les mots, dont l'assemblage forme un sens, gant donc ou le signe d'un jugement, ou l'expression d'un simple regard de l'esprit qui considère un objet avec telle ou telle modification; ce qu'il faut bien distinguer. (Ibid.) . Nous retrouvons ici le même clivage qu'à Port-Royal entre le discours déclaratif et non déclaratif. "Juger, c'est penser qu'un 296 objet est de telle ou telle façon; c'est affirmer ou nier; c'est décider relativement à l'état où l'on suppose que les objets sont en eux-mêmes. Il Et c'est bien sÛr l'indicatif qui est destiné marquer nos jugements, ré el de l'objet à marquer que nous reconnaissons dont on parle", qu'il est "tel que disons, indépendamment de notre maniere de penser" propositions jugement"; à "l'état nous le "Tout es 1 es exprimées par le mode indicatif énoncent autant de elles énoncent directement quelque chose à propos de l'état actuel d'un objet. Il en va autrement des énonciations. Mais quand je dis Soyez sage, ce n'est que dans mon esprit que je rapporte à vous la perception ou idée d~.tr. s.g.; sans rien énoncer, au moins directement, de votre état actuel, je ne fais que dire ce que je souhaite que vous soyez: l'action de mon esprit n'a que cela pour objet, & non d'énoncer que vous êtes sage ni que vous ne l'êtes point. (Ibid.) Dans les modes autres que l'indicatif, il y a toujours le signe de l'action de l'esprit qui applique, qui adapte une perception ou une qualification à un objet, mais qui l'adapte, ou avec la forme de commandement, ou avec celle de condition, de souhait, de dépendance, &c., mais il n'y a point là de décision qui affirme ou qui nie relativement à l'état positif de l'objet. Tous les modes du verbe, autres que l'indicatif, 297 nous donnent ces sortes d'énonciations, l'infinitif, sur-tout en latin ... (Ibid.) La "proposition considérée grammaticalement" Proposition directe 'nonc'e p~r se le .ode même divise donc en indic~tif; Proposition oblique ou si.ple 'nonciation expri.'e par quelqu'un des autres .odes du verbe. Les modes divers Franç oi s sont besoins différentes de Thurot <3> l'indicatif f ormes l'énonciation", • verbales "approprié es comme le Il semble que dans les et dans le cas de la fiction, existence "imaginée" et non "réelle". dira modes aux plus tard autres que le verbe exprime une Les propositions obliques ne disent rien, du moins directement, sur ce qui se passe dans l e monde. tous Dans ses modes, le verbe marque donc toujours l'action de l'esprit et l'existence réelle ou imaginée du sujet de proposition telle la auquel est attribué telle ou qualification. La proposition considérée grammaticalement se divise donc en proposition proprement dite, qui exprime un jugement catégorique, et en énonciation. Les propositions et les énonciations ont en commun de contenir un sujet et un attribut (qui contient toujours le verbe), et "action d'exprimer une 298 de l'esprit " . Selon Nuchelmans (1983, Marsais (4) s'expriment Nous l'avons , le mode, vu, les et la jugements tous par le mode indicatif et les indépendamment de notre pensée pour les propositions) propositions propositions obliques l'indicatif) , le énonciations (ou plus choses locuteur, aux lien entre le sujet et l'attribut n'est état monde, mots que comme actuel, "adapte" par les modes l'l'action de l'esprit" existant indépendamment de ne vise plus la pensé e, simplement une qualification à un sujet en non supposé s autres présenté de marquées qui d'ajustement ou des Dans les direction catégoriques (direction l'esprit au monde -- pour les jugements choses le il Y a deux critères utilisés par Du expriment renvoient à des états de choses qui sont exister de 91) , pour opérer cette division d' aj ust ement les p, pas tel qu'il est, mal.s tel que ou comme il voudrait qu'il soit, être, ou comme il devrait être, etc, La direction d'ajustement est alors, cas, du monde vers l'esprit un mais présentant le voit le ou comme il pourrait ou enfin comme il serait si"" dans la plupart des (ou des choses aux mots), Le système des modes de Du Marsais est établi dans l'article "Conjugaison", La définition et la liste qu'il donne des n'ont rien de révolutionnaire Par .odes on entend les différentes manieres d'exprimer l'action, Il y a quatre principaux l'impéramodes, l'indicatif, le subjonctif, 299 modes tif, & l'infinitif, auxquels en langues on ajoüte l'optatif. L'indicatif modes et l'infinitif, certaines qui étaient absents du tableau dans la 6ra ••• ire de Port-Royal, reprennent ici la qu'ils avaient dans la grammaire gréco-latine. (ou " suppositif" comme l'appelle Girard [1747]) mentionné <4) subjonctif, et Du Marsais range les formes en écrit-il, énonce conditionnel n'est même pas avec -rais le l'action d'une manière "c'est le seul mode qui forme des propositions, c'est- à-dire qui énonce des jugemens". Royal, place comme Àrnauld et Lancelot. "L'indicatif, absolue"; Le des L'indicatif est, comme à Port- le mode de l'énonciation directe, autonome, indépendante, contrairement aux autres modes qui ont quelque chose d'oblique, d'indirect, de dépendant. La conception du subjonctif qu'offre Du Marsais cependant, selon Sahlin (op. cit., pp. 372-373), l'époque, autre" . avec sa notion de représente un progrès pour "subordination d'une idé e Voici ce qu'il en dit dans l'art. "Conjugaison" Le subjonctif exprime l'action d'une maniere 300 à une dépendante, subordonnée, incertaine, conditionnelle, en un mot d'une maniere qui n'est pas absolue, & qui suppose toujours un indicatif : quand j'ai •• rois, afin que j'ai.asse; ce qui ne dit pas que j'ai •• , n1 que j'ay. ai.'. Du Marsais sémantique, Modistes. lui, semble celle ici du accorder doute ou de car une l'incertitude, valeur comme le subjonctif dépend toujours d'une les chez "propos i t i on et c'est même de là que lui vient son nom. Du Marsais reprend l'idée de Périzonius, "Conjonctif" appelaient est j'aimasse", qu'il cite Anciennement, quelquefois souvent "conjonctif" le précédé d'une "quoiqu'il aimât", les mode l'article grammairiens subjonctif parce ("afin que Mais Du Marsais, comme "l' indica tif est souvent sans cesser pour cela de conjonctions, dans conjonction etc.) . Péri zoni us, rej et te cette idé e, pui sque précédé subjonctif Mais c"est l'idée de subordination qui l'emporte absolue" , qu'il au d'être appellé indicatif"; "ce n'est nullement en vertu de la conjonction que le verbe est mis au subjonctif, c'est uniquement parce qu'il est subordonné à une affirmation directe, exprimée ou sous-entendue". Lorsque le subjonctif est utilisé, c'est toujours op. c it. , p. proposition subordonnée (Sahlin, "mode adjoint li dépendant. 371). d'un sens énoncé par un (art. "Conj onct if") . 301 dans une Il est un indicatif" Du Marsais n'admet pas de mode optatif en latin et en français, car ces langues n'ont pas d ' inflexion particulière pour ce mode et ce n'est pas seulement la fonction qui fait le mode l'ajoute malgré "la différence de service" (Sahl in, op. cit., tout à la liste des modes et le p. 371) . seul ou Il exemple qu'il donne d'une phrase optative est français. L'optatif que quelques grammairiens ajoutent aux modes que nous avons nommés, exprime l'action avec la forme de désir & de souhait : pl~t-à-Dieu qu'il vienne. Les Grecs ont des terminaisons particulières pour l'optatif. Les Latins n'en ont point; mais quand ils veulent énoncer le sens de l'optatif, ils empruntent les terminaisons du subjonctif, auxquelles ils ajoutent la particule de désir utin •• , plüt-à-Dieu que. Dans les langues où l'optatif n'a point de terminaisons qui lui soient propres, il est inutile d'en faire un mode séparé du subj onct if. (Àrt. "Conjugaison") . Dans l'art. "Déclinaison" (Encyclop4ditl) Du Marsais reprend point de vue de Port-Royal concernant l'optatif point admettre "[c]e n'est pas de la différence de service que l'on doit le mode optatif en latin ni la différence des modes dans les verbes". cette on ne françois", subj onct i f en latin et car tirer concessif des ces derniers reconnaissant eux-mêmes pour exprimer le "mouvement de l'âme" signifié par ce utilise, doit C'est sans doute pour raison qu'il ne mentionne m@me pas le mode grammairiens de Port-Royal, que en "on le en français, (pré cé dé de que en franç ai s) . 302 les mode, terminaisons du L'impératif est traité fort brièvement dans l'article "Conjugaison"; Sahlin se contente de citer le passage suivant L'impératif marque l'action avec la forme de commandement; ou d'exhortation, ou de priere; prens, viens, va donc. Dans l'analyse l'article grammaticale "Construct i on" , de l'idylle "Les moutons" de Du Marsais commente ainsi la phrase : "Innocens animaux, n'en soyez point jaloux" C' est ici une énonciation à l'impératif. Soyez, est le verbe à l'impératif c'est la négation. ne point, Jaloux, est l'adjectif: c'est ce qu'on dit que les animaux ne doivent pas être. (Je souligne). L'impératif n'est pas davantage examiné, mais l'analyse ressortir la modalité impliquée par son usage (devoir) Port-Royal, comme jamais elliptiques commençant infinitif) , par les phrases impératives ne ou équivalentes à des phrases "J'ordonne que ... " "Je vous prie de ... ", 303 (ou "Je vous ou sont à fait Comme à présentées l'indicatif ordonne de " "Je vous exhorte de ... " . + Le traitement L'infinitif, point, beaucoup plus les modes autres que l'indicatif, exprimer des énonciations, à auss~ comme de l'infinitif est surtout en sert latin. Du Marsais semble se rapprocher de Port-Royal. qu'il en dit dans l'art. poussé. lui Sur ce Voyons ce "Conjugaison" L'infinitif énonce l'action dans un sens abstrait, & n'en fait par lui-m~me aucune application singulière & adaptée à un sujet; .i.er, donner, V,nir; ainsi il a besoin, comme les prépositions, les adjectifs, &c. d'~tre joint à quelqu'autre mot afin qu'il puisse faire un sens singulier et adapté. Du Marsais semble faire ici de l'infinitif un cas les comme grammairiens grecs, l'infinitif proprement dit ma~s distingue marqué, clairement ("boire", Iimanger"), qui est une forme verbale, de l'infinitif substantivé est toujours un nom (cf. il non art. ("le boire", "le manger") qui "Adjectif" in l'Encyclop'ditl, et Sahl in, op. ci t., pp. 375-376). Dans l'art ic l e "Construct ion", il parle aussi de "phrases énoncé es dans l'infinitif, exprimer partiel qui un sens des énonciations, avec un nom, l'action du verbe, exemple, dans le par L'infinitif sert lui aussi à mais il le fait en formant "un & ce sens est exprimé par une est ou le sujet d'une proposition logique, constitue abstrait "Etre ce qui est très-ordinaire en fertile est nuisible", sujet de la proposition; 304 énonciation ou le terme latin." "être le second cas sens de Par fertile" est plus intéressant faisaient rappelle l'analyse qu'Arnauld de "Scio malum esse fugiendum"; clementem" , constitue "vouloir". des "me esse clementem" dans ("moi '·'Je veux être sage", et dans quelquefois esse indulgent ") désire"), comme qui "détermine" le verbe Cette "détermination" d'un verbe se fait infinitifs, Lancelot "Cupio me être le terme de l'action de "cupio" ("je "être sage" par et par des quelquefois phrases complètes (clauses propositionnelles) Ces sortes d'énonciations qui déterminent un un verbe, & qui en font une application, comme quand on dit j . veux .tre s.9' (.tr. s.ge détermine je v,ux) ces sortes d'énonciations, dis-je, ou de déterminations ne se font pas seulement par des infinitifs, elles se font aussi quelquefois par des propositions même, comme quand on dit, je ne sai qui a fait cela; & en latin nescio quis f.cit, nescio uter, &c. L'infinitif ne fait pas à lui seul un sens déterminé et il doit être mis en rapport avec un verbe à un mode "fini", pp. introduire "infinitif" 377) , Du Marsais personnel ou D'après Sahlin (op. comme le disait Du Marsais. 370, complet; aurait grandement contribué cette répartition des modes en modes "finis" et (Beauzée dira plus tard, modes "persônnels" et "impersonnels") comme on le fait "application" particulière personne déterminée, de à mode encore, dans la Grammaire Générale et dans la grammaire française. Dans tous les modes finis, une cit., l'action un nombre et un temps (cf. du verbe art. il y a à une "Fini" de l'Encyclop4die). Même si le verbe à l'infinitif n'exprime pas une "action de l'esprit", Du Marsais peut néanmoins en faire un mode 305 parce qu'il donne une définition du mode ("les différentes manières d'exprimer l'action") qui est suffisamment générale pour inclure l'infinitif, certaine "manière", car lui aussi exprime l'action d'une précisément d'une manière abstraite. Mais si l'infinitif est bien une forme verbale, il devrait, comme tous les verbes, être le signe d'un acte de l'esprit et de l'existence réelle ou imaginée du sujet sous telle ou telle qualification; comment est-ce possible s'il n'est pas adapté ou appliqué sujet? Du Marsais, dans l'article "Construction", dit que cette lIa pp l i c a t ion" se fait à un "surtout à quelque mode fini" Il Y a dans une période autant de propositions qu'il y a de verbes, sur-tout à quelque mode fini; car tout verbe employé dans une période marque ou un jugement ou un regard de l'esprit qui applique un qualificatif à un sujet. Et plus loin il ajoute J'ai dit sur-tout i qu.lque .od. fini; l'infinitif est souvent pris pour un nom, v.ux lir. : & alors même qu'il est verbe, forme un sens partiel avec un nom, & ce sens est exprimé par une énonciation qui est ou le sujet d'une proposition logique, ou le terme de l'action d'un verbe, ce qui est très ordinaire en latin. (Je souligne). Dans ce passage assez confus, (dans "Je veux lire") est Du Marsais semble dire que "pris pour un nom" "lire" sans cesser d'être verbe; serait-ce parce qu'il nomme l'action qui est le complément d'objet de "Je veux" tout en ou d'une énonciation entière? tenant lieu d'une proposition L'infinitif forme un "sens partiel 306 avec un nom", dit-il d'abord, formé total, équivalent cu.pio). par un un nom" à nom pour parler plus loin, d'un "sens avec un infinitif, ( •• esse c le.ent •• , Sens "partiel" ou sens "total"? sens comme complément de Et où trouve-t-on le nom avec lequel l'infinitif doit former un sens "partiel" ou "total" "Je veux lire", si "lire" figure là comme verbe? Du Marsais dans semble éprouver l.Cl. un problème analogue définissant le verbe par l'affirmation, les est qui modes de problématique; l'affirmation et de même Du Marsais, de Port-Royal en le statut du verbe dans la à volonté devenait en faisant du verbe le signe de l'action de l'esprit et de l'existence, accorde un statut égal au verbe dans tous les modes finis, mais dans son cas c'est l'infinitif qui résiste et fait problème, car. il ne marque aucune "action de l'esprit". Les propositions interrogatives et Dans (interjections) ne sont traitées qu'en passant. "Construct i on" , exclamations les l'article il dit simplement Notre syntaxe marque l'interrogation en mettant les pronoms personnels après le verbe, même lorsque le nom est exprimé. Du Marsais ne nous dit pas quelle "action exprimée par les phrases interrogatives. présentées comme des "adjoints" de est Les interjections sont de la proposition, 307 l'esprit" c'est-à-dire des mots qui n'entrent ni dans le sujet, ni dans l'attribut de la proposition. Elles des émotions. . Ce sont quelquefois des adverbes qui marquent ces sentiments ou heureux!" marquent le plus souvent des sentiments émotions, comme le "que" dans "que est pris adverbialement, "Que vous & vient du ou êtes latin quantu., ad quantu., à quel point, combien: ainsi que modifie le verbe; il marque une maniere d'être, & vaut autant que l'adverbe CArt. "Construction"). Comme à Port-Royal, les phrases non déclaratives jamais décrites comme elliptiques. les (autres que le jugement de catégorique) et diverses caractérisent ne sont jamais présentées comme servant à discours. les l'esprit marques sont directement actions le diverses Elles expriment ne syntaxiques qui les abréger Les propositions de la forme "Je dis que P" sont interprétées comme à Port-Royal Ce mot qu. est encore souvent le représentatif de la porposition (sic) déterminative qui va suivre un verbe: je dis qu.; qu. est d'abord le terme de l'action j . dis, dico quod; la proposition qui le suit est l'explication de qu.; je dis que les gens de bien sont esti.~s. Nuchelmans interpréter une est (1983, pp. 92-93) montre que Du Marsais le "que" à la manière d'Arnauld et contraction de "une chose qui est" les gens de bien sont estimés"). 308 aurait Lancelot, ("Je dis une pu comme chose qui Il arrive aussi que le "que l l soit le terme de l'action du verbe qui "Le livre que je lis". Royal sur les déterminatives, "J'affirme" 6r~ •• aire incidentes dans et on ne trouve pas de Fort-Royal, ou d'expressions l'analyse m~me sur l'interprétation analogues, interprétation de la théorie des modes de Du Marsais, et de de remarque, tentative de réduction du non-déclaratif au déclaratif. ni de aucune Dans son S. Àuroux présente sa doctrine en opérant cette réduction : (1) "vous ~tes sage" et (2) "soyez sage" expriment toutes deux un rapport entre le même sujet À et le même prédicat B; par ailleurs (2) est construit à partir de (1) par adaptation dans (2) du signe de l'affirmation présent en (1); on peut donc écrire (1) comme "À est B" et (2) comme "À (est + ordre) B". La forme propositionnelle générale devient "St. (est + mt,) Pt. I l , où mt. exprime une modalité ajoutée à la copule; dans le cas où il s'agit d'une affirmation mt. = O. Pour distinguer l'acte de l'esprit correspondant à la modalité et la proposition sur laquelle porte cet acte, on pourrait soutenir que l'on dispose d'un certain nombre de propositions de base pz, pz .. . p", et de fonctions propositionnelles F., Fb ... Ft., susceptibles de porter sur ces propositions primitives. Àinsi F. (P1), Fb (P1), Fe: (pd. .. pourraient signifier respectivement "il est vrai que P1 11 , "Je crois que P1 11 , "J'ordonne que P1 I l , etc. Mai s Du Marsais est soucieux de conserver la structure propositionnelle "S est F"; s'il distingue parfaitement le dictum (qui correspond à nos pn) et le modum (qui correspond à nos Ft.) , il s'efforce de faire entrer les deux comme composants d'une structure propositionnelle unique. Dès lors 'nonci~tion et juge.ent ne correspondent ~ ~ucune diff'rence synt~xique. (1979, op. cit., pp. 92-93). 309 Fort- explicatives lui non plus ne fait jamais "performatifs explicites", comme dans la comme Du Marsais accepte la doctrine de propositions mais suit, et = que m~ L'idée 0 me para ft plus conforme à la théorie du des modes de Port-Royal qu'à celle de Du Marsais entrer, contrairement à ses illustres prédécesseurs, verbe qui fait l'indicatif et l'infinitif dans la. listè des "principaux modes". A vrai dire, m~ c'est dans le cas de l'infinitif que = O. sert lui aussi à exprimer des énonciations, Mais si l'infinitif "F" quelle sorte de peut bien lui correspondre? M. Auroux, il est vrai, n'examine pas vraiment la théorie des modes de Du distinction, critiquée énonciation, et logique, et non vu, se l'avons il le par Beauzée, entre grammatical. reflète Mais cette immédiatement peut, les point pas la la même (complexe ou non) , Si on (une envisage, il y celle de l'attribut (ou logiquement), en a (complexe et bien sÜr, la rien il en va et les phrases "vous @tes sage" et "soyez sage!" n'ont même Il complexité ou "structure f onc t i on I l ou le même propositionnelle générale, repré senté e donnée nous y avoir "aucune différence syntaxique", puisque Sémantiquement autrement, vue l'indicatif pour les propositions, et ou non) contenant un verbe et commençant par un verbe, plus. de modes énonciations comme dans les propositions, marque du sujet de et distinction, les la "la proposition considérée grammaticalement", il ne en effet, dans plutôt proposition dans autres modes pour les énonciations. grammairien, mais fait en se plaçant d'un catégorie grammaticale) les Marsais, par l'analyse "S est profonde", "service". Enfin, chez Du Marsais, P" (ou bipartite "S~ (est bi en sG.r la forme est peut-être + de la proposition 310 ni m~) p~ adoptée ") mal étant par le grammairien philosophe; Il {S j. ([ est + mj.] pj.)} Il , nous aurions plutôt IIS~ Il où quelque chose comme représente le terme sujet, "([est + md pj.)", l'attribut, le verbe et ses "modalités" isolés les par on par "11 est vrai que", "modalités" que", Si crochets. etc. , et qu'on analyse le signifie "que" données dans l'article "Construction", que vous "ordonne soyez sage" [suis l'attribut complexe complément le pronom) composé "que" que vous d'un verbe qui représente que", les "J'ordonne selon les indications la proposition "J'ordonne aurait le pronom ordonnant] + étant directement "Je crois et la "Je" pour soyez suj et , sage" transitif complétive et serait ayant pour (comme et la joint au verbe de la proposition principale un (comme une conjonction) . On pourrait également remplacer "que" par "une chose comme à qui est " Port-Royal. Le résultat de cette réduction du non-déclaratif au déclaratif serait une "proposition directe" (comme il se doit) dont l'un des termes serait une énonciation ou "proposition oblique", formée par le subjonctif ou "J'ordonne l'infinitif ( " J'ordonne que vous soyez sage", d'être sage", etc.) L'ennui avec la théorie des modes de l'hétérogénéité de ce qui est appelé "mode". Royal, en catégorie Du Marsais, c'est La théorie de Port- excluant l'indicatif et les modes impersonnels de "mode", lui conférait plus d'unité; les modes la sont alors tous des "modifications " de l'indicatif. En définissant les 311 modes comme "différentes manières d'exprimer l'action du il réintroduit l'infinitif; dans la catégorie "mode" verbe " , l'indicatif et le premier étant le seul mode "direct", l'infinitif figurant parmi les modes "obliques", même s'il n'exprime "inclination" ou aucun "mouvement de l'âme", * * * 312 aucune NOTES (1) Gunvor Sahlin, C~sar Chesneau Du Harsais et son r~le d.ns l"volution d. 1. gr •••• ir. g'n'r.l., Paris, P.U.F., 1928, p. 310 "Par cette conception, Du Marsais se distingue non seulement des grammairiens de son temps, mais aussi des logiciens ... et il représente la conception aristotélicienne dans un état plus pur qu'aucun de ses contemporains. Il a donc retenu d'Aristote l'idée que le verbe exprime l'énonciation, et de plus l'idée que la signification de l'existence est inhérente à tout verbe. Comme il à (sic) en outre retenu l'idée que toute proposition n'équivaut pas à un jugement vrai ou faux, il en résulte que tout verbe n'est pas une énonciation de l'état réel du sujet, et par conséquent n'exprime pas une affirmation. Par ce retour à Aristote, il s'est encore affranchi de la théorie de la copule, qui ne peut que mener la grammaire à des absurdités." (2) C.C. Du Marsais, Lettr. d'un. j.un. de.ois.ll. ~ l'auteur des princip.s d. 1. l.ngu. fr.nç.is., in O.uvr.s d. Du Harsais, Tome troisième, Paris, Imprimerie Pougin, 1797 (an V), p. 331. ~r.is (3) F. Thurot, "Remarques" à sa trad. du H.r.ts de J. Harris, op. ci t., p. 154 "1 e verbe est susc ept ibl e de rec evoir des formes différentes, .ppropri'.s aux div.rs besoins de l'Inonciation: ce sont ces formes auxquelles on a donné le nom de .od.s. Elles peuvent @tre plus ou moins multipliées, selon le génie des langues et des peuples qui les parlentj mais comme une grande multiplicité de formes diverses nuiroit à la clarté et à la facilité de l'énonciation, bien plus qu'elles n'y serviroit, le nombre en sera nécessairement borné. Il y aura seulement, à cet égard, quelque différence d'une langue à l'autre: les unes admettront un mode dont les autres ne connoîtront pas l'usagej les unes croiront devoir exprimer par une forme particulière telle vue de l'esprit, que les autres ne jugeront pas nécessaire de fixer par une distinction expresse." (4) Cf. Sahl in, op. ci t., pp. 368-369 : "Du Marsai s est arrié ré par rapport à son époque en ce qu'il range simplement les formes en -r.is, etc. dans le subjonctif, sans tenir compte du progrès qu'avaient effectué Buffier et Girard dans la conception de la nature de ces formes." Et p. 376: "il n'est pour rien dans un des progrès les plus remarquables que la grammaire générale ait effectués à propos des théories sur le modes, savoir la constitution du mode conditionnel en un mode particulier". Ce sont en effet les théories de Buffier (1709), Restaut (1730) et 313 surtout Girard (1747) qui ont fait avancer la théorie du conditionnel, et de même, plus tard, Beauzée (1767) et Destutt de Tracy (1803). *** 314 CHAPITRE TROISIEME JAMES HARRIS L'ouvrage de J. Harris, Her.es : or, a Philosophieal Inquiry (1751), Coneerning Language and Universal 6ra ••• r est le premier ouvrage important de Grammaire Générale à paraître en Angleterre. L'influence qu'il a eue sur les grammairiens anglais se compare à celle de la 6r •••• ire g4n4rale et raisonn4e du côté des Français, du moins si on en juge par la réception immédiate très positive, qu'on et de par les nombreuses rééditions et en a faites Les essais de (1) Grammaire l'oeuvre, traductions "Universelle" (les Anglais préfèrent le plus souvent l'adjectif "universelle" à , 'générale" pour qualifier la partie théorique des études grammaticales) qui ont précédé le Her.ts de Harris en Angleterre, comme l'Essay TON.rds a Re.l Ch.raeter (1668) de l'évêque Wilkins, retentissement que les a .nd Philosophieal n'ont manifestement pas eu philosophiques idées et grammaticales de Harris. François Thurot, le premier historien de la Grammaire, juge l'oeuvre lui consacrer importante pour recherches philosophiques grammaticale une de Harris assez ou traduction qui sur paraîtra à Paris en 1796 (an IV) les Allemands avaient déjà, de leur côté, une traduction depuis 1788 CHer.es oder philosophisehe Untersuehung connue théorie de über die .llge.eine Herder, linguistique figure 6ra ••• tik), parmi les sources de von Humboldt, 315 en et son probables particulier oeuvre, de la par sa distinction Destutt avis et l'energy entre de le tIIork (chez von Humboldt, Tracy était toutefois d'un sur la portée et la valeur de l'oeuvre de Harris, autre allant même jusqu'à approuver les très sévères critiques que Horne Tooke lui adressait dans ses Diversions of Purley (1786) Mais les (2) critiques visant l'oeuvre de Harris semblent avoir été, large part, effet, son Aristote, etc. suscitées par sa vénération pour les Her.ts est rempli de notes où il cite Ammonius, anglais l"'aristocratisme Anciens; en favorablement Denys d'Halicarnasse, Apollonius, Priscien, A la fin du XVIII- siècle, d'intellectuels pour une c'est une attitude que beaucoup "radicaux", culturel" du qui s'opposaient country savant à gentle.an, percevaient comme "réactionnaire" ou "rétrograde" (cf. Bergheaud, 1985, pp. 150-151, et 1979, p. 20). La théorie de Harris concernant le verbe s'apparente, celle de Du Marsais, aux conceptions aristotéliciennes. par dé fini t i on, principaux (significatifs "absolument") et en (significatifs "par relation") . se soit des attributs de substance, donc mots accessoires Les premiers signifient soit des divisent en substances et attributs. diviseront Tous les significatifs et se divisent en mots mots sont, substances, comme en substantifs et en car tous les ~tres Les mots principaux attributifs. Les se mots accessoires "prennent leur signification de leur union avec un ou plusieurs mots" (p. 30); déterminer le sens, s'ils sont joints à un seul mot pour en on les appelle alors djfinitifs, 316 et s'ils servent à l'union de plusieurs mots, Tous les quatre mots se laissent ramener à l'une ou catégories. attributifs on les appelle Les connectifs. l'autre verbes appartiennent à la de ces classe des (comme l'adjectif et le participe, l'adverbe étant un attributif de "second ordre" (3) ) Les • verbes sont les attributifs qui expriment l'existence; pour qu'un @tre quelconque puisse être imaginé ou décrit comme noir ou blanc, sage ou éloquent, agissant ou pensant, etc., il faut d'abord de toute nécessité qu'il exist., avant qu'il puisse être susceptible de modification; car l'existence peut @tre considérée comme un genre universelle, auquel tous les @tres de toutes les espèces peuvent @tre rapportés dans tous les instants. Par conséquent les mots qui expriment l'existence, ont un droit naturel de prééminence sur tous les autres, comme étant de l'essence m@me de toute proposition, dans laquelle on peut toujours les trouver exprimés ou sousentendus; exprimés, dans les propositions de cette forme, le sol.il EST brillant; sous-entendus, lorsque nous disons le soleil se Itve, ce qui signifie, en analysant les termes, le soleil EST se l eVilnt. (P. 82) Les verbes le exprimer "absolue", genre universel." soit (p. à absolue. ne sert lui seul 82) absolue "modi fié e" ; modifiée dans "Le soleil se lève" "~tre" "sont tous employés etc. , "~tre", (= jamais ne peut L'existence dans "La que soit vé ri té est", Le verbe "est se levant") exprimer est pour l'existence Lorsqu'il exprime l'existence modifiée, "le verbe .tre d'une modification qu'à part icul iè re" , exprimer et simple affirmation." l'existence dans ce cas CP. 83) . , , i 1 n' a guè r e s qu e l ' e f f et d'un e Comme chez Du Marsais et (nous le 317 verrons) Beauzé e, définissent le Condillac, verbe et en général d'abord et avant l'existence (absolue ou modifiée); tout tous ceux comme qui signifiant par là le verbe n'est jamais seulement une copule a fonction cohésive et assertive, car il est toujours chargé d'une signification catégorématique, L'affirmation est-elle un trait essentiel des verbes, comme à Port-Royal? implicitement Harris que dit le verbe substantif contenu dans tous les autres verbes, (ibid.); et plus loin, il précise que c'est la "forme" des verbes qui indique qu'ils partie de qu'il cette général qui fait parce exprime en affirmation "est leur "contiennent essence" implicitement l'affirmation de la coëxistence de l'attribut avec le sujet" 86) , Reste à savoir si cette "affirmation" est propre au verbe à l'indicatif, ou si "affirmation" n'est qu'un "prédication", La puisque distingue différentes Harris "c ons idé ré es seconde interprétation grammaticalement" , indique clairement que le terme chez Harris ("Remarques" être pris du traducteur, Subbiondo (4) ici p, paraît espèces de is the appartiennent des attributs) essence 19) qui écrit, of mot préférable, "proposition" dans toute human (Thurot) (s~nt~nce) étendue" son C'est aussi ce que à propos de la communication", donc à la classe des attributifs pour propositions "The sentence was the result of an act of Harris which "doit autre et que son traducteur nous penser (p, (i l s semble théorie de predication, Les verbes signifient ils signifient l'existence d'un attribut dans un 318 suj et, et ils "consignifient" l'affirmation du verbe, le temps <~) Si on ret ire on en fait un participe, et si on retire du participe l'expression du temps, on en fait un adjectif. Harris distingue ttre, substantif "deux aussi suivant qu'il significations exprime un être du verbe muable ou immuable" (p. 84), muable comme les objets des sens, et immuables comme les objets de la science ou de l'intellect. n'aurait .tre Le verbe donc pas la même signification dans "cette orange est mare" et dans ilIa diagonale du carré est incommensurable avec son côté" (les exemples sont de Harris); verbe Le .tre ne semble pas admettre de modifications dans Her.ts temps principale d'un verbe, ne peut jamais devenir "11 parle", marquer différents temps ("11 mange", qui temps la signification et le m~me "Il mangeait", p4riode parlant I l (p. ou proposition, 12) aristotélicienne etc.), lice chose (p. 89). Le point de départ de l'analyse du langage dans ilIa le verbe, si le temps étoit autre sans doute n'arriveroit pas, qu'une idé e purement acc es s oire" etc.) , le temporelles. car différents verbes peuvent marquer ("11 mange", même dans le second exemple, dont tout le monde fait Her.~s usage est en La proposition est ainsi définie, à la manière Il un certain no.bre de .ots 319 dont l'ense.ble sens" en CP. 16). Le mot est défini comme "une voix articulé qui, vertu d'une convention établie, signification quelconque" (p. comme idles, "un syst •• e de sons mais A 337) . la 318) ; exprime ou de celles qui sont générales" voix des nos (p. animaux lesquels sont "le produit immédiat de organisation naturelle", une à son tour, signes ou. sy.boles de différence des sons émis par la dépourvus de raison, sens et le langage, a,.ticu.l~s~ principalement un les mots sont "le résultat de leur [la] volonté et de certaines conventions" des êtres humains (p. 308). Si les mots étaient premièrement, immédiatement et principalement signes des infinité de idées mots particulières, pour dépasse de beaucoup nos nous aurions besoin d'une exprimer toutes nos conceptions, ce qui capacités cognitives. sera reprise peu après par Monboddo Cette (6) La proposition est "la plus grande étendue dont la grammaire s'occupe" Cp. 12). de jeu conception Harris (de discours) distingue d'entrée Iidifférentes espèces de proposition l l Quant aux différentes espèces de propositions, quel est l'homme assez ignorant pour ne pas connottre, lorsqu'on lui parle dans sa langue maternelle, si l'on commande, si l'on prie ou si l'on desire? (ibid.) Les di ffé rent es espèces de propositions sont (fondées sur le jugement ou la sensation), 320 les affirmatives les interrogatives et les aussi impératives (fondées sur divers sentiments, à l'expression de souhaits --- propositions Pour éviter propositions, de multiplier Harris fonde sa à sa pens"j servent "optatives"). les classification espèces sur "les de deux (aussi bien celle des et la volont •. Un homme qui c'est-à-dire que son discours est sens que celle de l'intelligence), "expliqu.. l'infini la perception facultés actives de l'âme" parle et qui l'exposé ou le développement des affections ou des mouvements son ame. moins C'est en effet ce qui arrive à tout homme qui parle, qu'il ne soit faux ou dissimuléj et encore dans cherche-t-il à en imposer par une sincérité apparente" Par passions mais les 15) . Puisque "énergies" ce (p. Harri sent end "non-s eul ement l' acti on dtr volonté, mouvements de et parler de les div.rs c'est l'âme, (energi es) , que app,titsj exposer les Harris un affections appelle "il est évident, en cas 14) . vou.l oi r , mot et tou.t autres quelquefois soutient-il, à des que tout discours, ou toute proposition, en tant qu'elle représente ce qui se passe dans l'ame, doit par conséquent se rapporter à l'une ou l'autre de ces facultés." (Ibid.) (7') Les propositions affirmatives se rapportent à la perception, 321 car affirmer, c'est "faire connoître une perception des sens ou de l'entendement" (ibid.). Interroger, commander, prier, car être compte propositions autant de différents actes de la faculté celui qui interroge veut être informé, veut des est-ce autre chose que &c. connoftre "faire obéi, que &c . " celui connaître une qui (Ibid.). de vou.loir? qui commande Harris ne semble pas se affirme veut perception ... celui aussi Mais, informer chose faire rendre ou faire certaine, les propositions, chez lui, n'expriment pas toujours des jugements ou affirmations. son Le terme "proposition" le sens plus grammaticalement" Harris étendu, comme doit donc être entendu la "proposition en considérée de Du Marsais. commence l'exposition de sa théorie générale des modes verbaux (Chapitre VIII) par un rappel de ses considérations sur les deux facultés actives de l'âme, et conclut finalement C'est donc des diverses espèces d'affections qu'on a à exprimer, et des différentes manières de le faire, que résulte la variété des .odtts ou .oeu.fs. (P. 133) Plus loin espèces de (p. 136, note (2», il affirme que .odes se déterminent en grande 322 partie "les diverses d'après les diverses espèces de propositions". (Le reste de la note à la classification péripatéticienne des espèces de renvoie propositions et mentionne aussi les travaux des stoïciens en la matière) . Harris traite des modes indicatif, interrogatif, impératif, (L'impératif demande" fait, et déprécatif qu'autant sont naturelles" cite volontiers "[t]ous les chez Apollonius) premier, les modes ont une exprimer les grammairiens sera (p. en particulier, 139) . la classification déprécatif, (à la et celle Cette thèse, déjà (en particulier et Gregory; du nombre des des modes est aussi sensible à le demande 323 un à un supérieur), vérité) que nous modes. d'autres positions relatives des lorsqu'on demande à nature des propositions (catégorique, d'engagement l'âme s'en servira pour exclure l'infinitif, ( i mpé rat if, lorsqu'on commune, Monboddo dimensions de l'interlocution, comme les interlocuteurs ces d'Apollonius gréco-latins aussi reprise par de "di st inct ions ces propriété qui n'exprime aucune "affection de l'ame", Mais "mode "ne sont, dans le définitions d'exprimer les affections de l'ame" présente appelés Les modes 137-138) ; (pp. infinitif. renvoient bien sQr aux diverses affections de Harris Priscien; aussi de formes littérales destinées à naturelles" subjonctif, (precati ve) et dépré cati f Cr.qu.isitiv.) par Harris) . distinctions et le potentiel, ou inférieur, selon hypothétique) et le y attachons la degré Cindica tif, lorsque nous sommes certains, "contingentes", interrogatif, potentiel pour les propositions "pour nous informer lorsque nous doutons d'une chose" (p. 136)) Le 136) , et mode indicatif est également m@me ".ode de science" (p. exprimer les vérités, appelé 151) , en particulier les "dé clara tif" ( p. parce qu'il sert à "vérités nécessaires", et les syllogismes. Quand nous déclarons ou que nous indiquons simplement qu'une chose est ou n'est pas, que ce soit un acte de la perception ou de la volonté, peu importe, cela détermine le mode appelé indiciltif. (P. 134) Nous utilisons absolument l'indicatif pour affirmer positivement "ce que nous regardons comme certain" (p. 136). Il se distingue aussi des autres modes par le fait qu'il " ... le temps tout entier, (p. et renferme et l'expression de ses moindres divisions" 145). Les modes "potentiel" et "subjonctif" sont en étroit rapport les catégoriques, seulement deux servent à faire des affirmations non où un état de choses est présenté comme incertain, possible, indétermination. La contingent ou affecté d'une certaine principale différence entre ces deux 324 modes tient au fait que le mode potentiel est toute la phrase" l' abs 01 u (p. 134), pouvoir ... " subordonné à "le comme dans tandis l'indicatif", que et la fin ou la cause finale" voleurs se lèvent la nuit, dominant de "Quand il seroit vrai que le "sert le marquer mode subjonctif plus (ibid.) , afin qu'ils "n'est souvent comme puiss~nt que [à] dans "Les égorger les voyageurs" cette fin, dans les événements de la vie humaine est toujours un contingent; il est très-possible, malgré toute notre prévoyance, qu'elle ne soit pas conforme à ce que nous imaginons, voilà pourquoi cette incertitude est exprimée avec plus de force, par le mode dont nous parlons ici. (pp. 134-135). Harris s'exprime comme si le potentiel et le subjonctif n'étaient au fond que deux variantes du m@me mode : fois qu'il est ainsi subordonné, "Ce mode, n'est plus toutes appelé les potentiel, mais subjonctif" (p. 135). Un peu plus loin, sans même mentionner le subjonctif, il dit que nous avons établi un "pour les propositions contingentes", Ces modes expriment sorte d'affirmation foible et conditionnelle" pour cette raison, potentiel le subjonctif apparaissant alors comme une variante du potentiel. appelle, mode "mode de (p. 145) conjecture" "une Harris le mode potentiel. Mais potentiel les modes qui relèvent de la et subjonctif) ne suffisent pas 325 perception (indicatif, "pour les besoins et l es "usages de la vi e" • La création des autres modes est motivée, dans les langues humaines, par "la conscience de notre faiblesse" ou pour amener autrui "à se rendre à quelques-uns (p. de nos désirs" 135) si nous interrogeons, c'est le mode int.rrog.tif; si nous exigeons, si nous demandons, c'est encore un autre mode, qui lui-m~me a plusieurs esp.ces subordonnf,s. A l'égard de nos inférieurs, c'est le mode i.plr.tif; à l'égard de nos supérieurs, c'est le dfpr4c.tif. (P. 136) Harris remarque, modes en comparant les modes entr'eux, relevant de la volonté (interrogatif et mode diffèrent de ceux qui relèvent de potentiel) en ceci au réponse, premiers" (p. rôle dans perception de demande) (indicatif et "que ces deux derniers exigent rarement une lieu qu'elle est indispensable pour les deux 139). La direction d'ajustement joue clairement un l'analyse perception la que les forment des modes de Harris; les modes des énonciations qui "s'ajustent de au la monde" lorsqu'elles sont accomplies avec succès, tandis que les modes de la exigent volonté s'ajuster à une "réponse" l'énonciation. Et l'interrogatif au mode de demande, parce si que le monde compare on doit maintenant on constate "qu'ils diffèrent l'un de l'autre, non-seulement par la nature de la rlponse qu'ils exigent, mais à d'autres égards encore" (p. 139) . Àu mode de demande (impératif et déprécatif), on peut répondre tantôt par un discours, tantôt simplement par convenable à une demande du genre 326 une action. La réponse "Donnez une obol e à ce pauvre homme", est une action, un acte de charité. Mais l'interrogatif, lui, exige toujours comme réponse une proposition affirmative". mode dé fini t ive ou Harris remarque qu'il y a une très grande affinité entre les modes interrogatif et indicatif; le Il la réponse exigée par interrogatif est presque toujours une verbe principal est à l'indicatif; "le verbe conserve la même forme, phrase dont le de plus, dans ces deux modes, et ils ne sont distingués que par l'addition ou la suppression d'une particule, ou par un léger changement de position dans les mots, ou quelquefois enfin par le seul changement du ton ou de l'accent de la voix" Harris d'abord, distingue également différents les y.s/no questions, (pp. 140-141). types de questions; qu'il appelle " ques tions simples ou dé fin i es" , comme "Ces vers sont-ils d'Homère?", auxquelles on peut répondre par une proposition affirmative ou négative [ne sont pas] vers sont et d' Homè re") , non; ou, pour abréger, oui "complexes" , comme liCes vers sont-ils d'Homère ou de vers?". comme les questions "indéfinies", On compl exes ne en aux ces questions soit par une complète ("Ces vers sont d'Homère"), soit par une distinctions poursuit sont mais on peut le faire phrase elliptique (simplement "Homère"). ces Virgile?"; "De qui peut répondre par "oui" ou "non" in dé fin i es; et proposition par les ensuite, les questions qu'il appelle " par ticules" et enfin, (' 'Ces des Anciens, en Harris reprend (encore) particulier d'Arnmonius. sa comparaison de l'interrogatif et du mode de expliquant pourquoi le second, contrairement n'admet pas toutes les personnes ni tous les temps la raison toute simple qu'il est aussi absurde, 327 au demande premier, c'est dans les Il "par modes, de se commander à soi-même, que celui parole" (p. c'est que impératif, car qui qu'il le serait, dans les parle devfnt le sujet à qui 142) "le il adresseroit qui 143-144) . commandement ou le dé sir, qui sont et en Harris, Harris observe, comme beaucoup d'autres, que français) des impératifs passés ces formes et le (pp. l'on qu'il (comme on peut en trouver en grec passées ("Àyez fait d' i mpé rat i f ceci à mon expriment, selon "le désir que l'on a de voir la chose faite au moment où l'on parle" (p . 144, dans la note infrapaginale). aussi mode avec de leur nature sont immuables et nécessaires?" dans certaines langues ret our! ") du ne peuvent nécessairement se rapporter qu'au futur commande souvent en utilisant le futur de l'indicatif, existe, la et si l'impératif n'admet pas tous les temps, que peuvent-ils avoir de commun avec le présent et passé, pronoms, "mode d'instruction" le Harris appelle mode interrogatif, et "mode de législation", le mode impératif. L'infinitif, par enfin, se distingue d'abord des autres le fait que le verbe, personne ou à une substance. donnent soif", ne se rapporte pas à une Dans la phrase "Courir et danser me "courir" et "danser" de tout autre mot, faire à ce mode, modes "subsistent indépendamment et il n'est ni nécessaire ni possible de précéder d'un nom de personne ou de substance" Cp. les 146) . Une autre caractéristique importante des infinitifs tient au fait qu'ils "perdent leur caractère d'attributifs", 328 [et] prennent m~me celui de substantifs" commun la l'infinitif propriété (p. 147) . d'exprimer Si tous les modes ont une "affection n'est pas vraiment un mode puisque de en l' cÎme", cette propriété lui fa i t dé fa ut. Harris rappelle la conception des stoïciens et d'Apollonius selon laquelle l'infinitif est la forme simple et verbe, car primitive l'infinitif exprime l'action contenue dans le sans rien y ajouter. C'est pourquoi les verbes, personnels, "se résoudre par l'infinitif, peuvent verbe dans les qui du modes en est comme le prototyp., et par quelque mot ou proposition qui exprime leur caractè re part icul i er" (p. 148) m~me Ainsi, "Ambulo" signifie la chose que "Indico me ambulare" ("Je déclare moi marcher") et "Marche!", la m~me chose que "Je t'ordonne de marcher", etc. L'infinitif a aussi la propriété de se lier "naturellement à tous les verbes qui indiquent quelque tendance, l'ame, nous mais rarement avec les autres" (p. pouvons dire "Je veux vivre", Priscien appelait tendances, dans des v.rb. mal.s pas "Je ces demeurent "Je dé sire exprimant des On peut unir comme alors séparées et bien distinctes. " vivre". dans mais les actions désignées par les autrement avec les "verbes de la volonté" " mange verbes une même phrase des verbes à l'indicatif, "Je demande 329 " de C'est pourquoi 149) . désirs ou la volonté du locuteur. ens eigne et il marche", verbes voluntiva désir ou volonté Il "Il deux en va les phrases "Je veux etc., sont incomplètes et défectueuses tant qu'on ne leur ajoute pas un infinitif exprime "l'action propre vers laquelle elles tendent" Ce n'est qu'alors qu'''elles forment un tout complet, aux lois de la raison et aux règles de la syntaxe" Quant aux interjections, qui 150) . (p. et conforme (ibid.). elles expriment certaines émotions vives (stupéfaction, douleur, etc.), et ne se laissent ramener à aucune du des parties proposition. lancées Les dans discours servant à l'analyse interjections se prononcent à une part, proposition sans en altérer la de ou forme la sont ou la signification. Enfin, assez Harris conforme à présente une conception du celle que l'on a grammairiens philosophes français. déjà pronom rencontrée relatif chez les Il renvoie m@me, sur ce sujet, à la 9r •••• ir' 9'n'ral • • t r.isonn', de Port-Royal (voir p. 72, la fin de la note appelée à la page 70, où Harris réfère au chap . IX à "un excellent ouvrage français, intitulé Le pronom relatif cumule les fonctions du pronom et de la conjonction. Si, au lieu de dire: "La lumière est un corps et la lumière se meut avec une très grande vitesse", nous disons "La 1 umiè re est un corps qu.i se meut avec une trè s 330 grande vitesse", et son intégrité, plus une, non seulement la proposition conserve son unité mais en plus elle "devient, s'il est possible, plus entière" (p. pronom "subjonctif", les autres mais il (ibid.) 70) parce que, En conséquence, il appelle ce dit-il, "il ne peut pas, comme (pronoms), exciter de lui-m@me une idée dans l'esprit; ne sert qu'à unir une idée à une D'ailleurs, autre qui les propositions où figure un tel précède " pronom sont toujours des propositions complexes, avec deux nominatifs et deux verbes. *** 331 NOTES (1) André Joly, qui signe l' "Introduction" de l' édi tion du H.r.ts de 1972 (dans la traduction de Thurot), affirme avoir dénombré pas moins d'une dizaine d'éditions en moins d'un siècle, et cite abondamment des témoignages élogieux de ses contemporains. Il mentionne plusieurs grammairiens anglais importants qui auraient été influencés par Harris, dont Robert Lowth, Joseph Priestley, Monboddo et James Beattie ("Introduction", pp. 8-9), et décrit la réception du H.r •• s en Allemagne et en France. Voir aussi I. Michael (1970, op. cit., p. 172; cité par Joly, p. 9), qui parle du H.r •• s de Harris comme étant "by far the most penetrating of all the works written in the name of Universal Grammar". Sur la réception du Her •• s de Harris en France, cf. P. Bergheaud, "Remarques sur la réception de Harris en France", in Histoir •• Epist~.oIogi •• Lang.g •• Tome 7, fasc. 11, 1985, pp. 149-162; Sur les critiques adressées à Harris par Horne Tooke, cf., du m@me auteur, "De James Harris à Horne Tooke", in Historiographia Linguistic., VI:1, 1979, pp. 15-45. J'utilise, pour mon exposé, la traduction française de Thurot qui est tout à fait fiable, n'ayant pu obtenir l'original anglais à temps. J'indique ici et là les équivalents anglais (qu'on trouve chez d'autres grammairiens) lorsque cela me semble pertinent. (2) Destutt de Tracy ( Sr •••• ir., 1803, p. 116), parle de Horne Tooke comme d'un "grammairien vraiment philosophe", et dans la note 1 (p. 116), il écrit "Aussi réduit-il bien à sa juste valeur son compatriote Harris, qui a été un moment si vanté chez nous, quoiqu'il ne le mérite guère. Au reste, nous ne devons pas nous en plaindre, puisque cela nous a valu la traduction qu'en a faite le citoyen Thurot, et les excellentes notes qu'il y a jointes, qui sont autant de dissertations souvent précieuses, et toujours très-supérieures au texte qui en est la cause occasionnelle". (3) La théorie des "ordres" de Harris a pu être comparée à celle des "rangs" et de la "subordination syntaxique" de Jespersen CTh. Phi Iosophy 0 f Sra ••• r, 1924); cf. l' Il Introduct i on" de Joly, pp. 79-80. Il y a des substantifs de premier ordre ("Jul es", "homme", etc.) et des substant ifs de sec ond ordre (les pronoms); de m@me, les attributifs de premier ordre comprennent les adjectifs, les verbes et les participes, et les attributifs du second ordre, les adverbes. Harris se distingue de la tradition et des autres grammairiens philoso332 phes en rangeant les adjectifs avec les verbes et les participes parmi les attributifs, au lieu de les faire entrer dans la classe des substantifs et de distinguer les " noms substantifs" des " noms adjectifs". Sur la théorie des parties du discours de Harris, cf. A. Joly, "James Harris et la problématique des parties du discours à l'époque classique", in History of Linguistic Thought and éd. par H. Parret, pp. 410-430. Conte.porary Linguistics, New York & Berlin, W. de Gruyter, 1976, (4) Joseph L. Subbiondo, "The Semantic Theory of James Harris", in Historiographia Linguistica, III:3, 1976, p. 279. Sur la réception du Her •• s de Harris en Angleterre, voir p. 285. (5) Cf. A. Joly, "Temps et verbe dans les grammaires anglaises de l'époque classique", in Histoire. Epist4.010gie. Langage. Tome 7, fasc. 11, 1985, pp. 112-113. (6) James Burnett (Lord Monboddo), Of the Origin and Progr.ss of Language (1774), vol. 1, AMS Press, Inc., New York, 1973, chap. 1. Monboddo (p. 8) parle de son "worthy and learned friend Mr Harris"; et en note infrapaginale : "The Author of H.r.es, a work that will be read and admired as long as there is any taste for philosophy and fine writing in Britain". Michael (op. ci t., pp. 430-431) écrit "James Harri s, in 1751, is unusual among writers on universal grammar in making a definite enumeration of moods, firmly based on meaning". Il mentionne l'hypothèse des deux facultés actives de l'âme (Perception et Volonté), et celle qui établit la dépendance des modes vis-à-vis des "espèces de propositions". Il s'étonne ensuite que Harris n'ait pas posé deux modes primaires et qu'il ait présenté au lieu un ensemble de quatre modes dans son analyse des intentions du locuteur (sp.aker's int.ntion). Il écri t aussi que Harris "seems later in the chapter to treat the infinitive as a mood also"; mais il s'agit, semble-t-il, d'une concession à la tradition qui a toujours traité l'infinitif au chapitre des modes verbaux. Mais Harris ne peut en faire un mode, puisque l'infinitif perd même son caractère d'attributif et n'exprime aucune énergie ou affection de l'âme. (7) 1. H.r •• s, *** 333 CHAPITRE QUATRIEME JAMES BURNETT (LORD MONBODDO) Of th. Origin and Progress of Language de Monboddo est oeuvre immense, publiée en six volumes, entre 1773 et 1792. Elle fut partiellement traduite en allemand peu de temps après 1786) avec une introduction de Herder. Il fut (1784l'auteur auss~ d'un autre ouvrage tout aussi gigantesque (Rnci.nt Netaphysics or une th. Science of Universals) mais qui n'eut pas le que le précédent. m~me : impact Monboddo ne cherche aucunement à dissimuler sa dette envers James Harris; bien au contraire, Of th. Origin and Progr.ss of Language est plein de références au H.r.ts de Harris et de commentaires élogieux à son endroit; il avoue de plus qu'il doit largement à son particulier engouement les am~ son goût pour l'étude des langues anciennes et surtout le pour la philosophie grecque langues grec) et (en son classique. Ce chapitre consacré à Monboddo constitue une sorte de trait d'union entre le précédent et s'inspire souvent de Harris, les modes verbaux le suivant; car s~ Monboddo les réflexions de James Gregory sur (chapitre suivant) départ celles de Monboddo. 334 prendront pour point de Le premier Volume de Of the Origin and Progr.ss of Language est entièrement consacré au problème de l'origine du langage, l'auteur tente de montrer (premier Livre) que le pas une faculté " naturelle " à l'homme Langage (ou Etat politique) n'est (n'en déplaise à Chomsky qui d'ailleurs ne mentionne pas l'oeuvre de Monboddo), Société où et que la tIc ondi t i on" n'est pas non plus une naturelle à l'homme, bien qu'elle soit une condition nécessaire à l'invention du langage (deuxième Livre). L'homme dans l'état de nature est l'oeuvre de Dieu, mais l'homme vivant en société, doué de raison et communiquant avec ses congénères au moyen de conventionnels, est ce que l'homme a fait de l'homme. décri t les (troisième Livre) premiers inart iculé s avec Condillac, s'il même du indirectement des langues à des la manière connaissait son oeuvre plusieurs il marqué partir langage des gestes un peu à qui il se dit en accord sur ne Enfin, les principales étapes qui ont développements et signes cris de points, qu'imparfaitement et (1) C'est le second volume qui nous occupera ici. Il constitue à lui seul un traité de Grammaire Générale. Le premier Livre traite de l'analyse l'analyse des "partie formelle" de l'ensemble des différentes mots, second, de la ou qu'ils des mots en tant de l'aspect matériel, du langage (c' est-à -dire "manières de signifier " sont signifiants) , le et le troisième, de la syntaxe et 335 de la "composition" en général. Monboddo reprend à son compte et réinterprète des parties du discours proposée par Platon (Le 262a) et Aristote (Traité de parties du discours, ce qui toutes l'interprétation) sont rapportées soit au no., d'une qui inhèrent existence les aux soit au c'est-à-dire "autonome" au contraire, les verbes, imaginaire) ; accidents jouit 26ld- Sophiste, Les noms servent à désigner les substances, verbe. division les huit mentionnées par Denys de Thrace et l'interjection des Latins, tout la (réelle ou servent à désigner les substances, soit 1 es qua 1 i tés , quantités, relations, ainsi que l'action et la passion. En bref, le discours verbe pour Monboddo recouvre toutes les parties qui servent à désigner des êtres tombant sous l'une des catégories d'Aristote, à l'exception de la du ou l'autre substance (les substances étant désignées par les noms). Dans cette conception élargie du verbe, les catégories de l'action et de la passion sont particulièrement importantes la mesure locuteur affection où elles sont intimement liées qui exprime nécessairement dans tout dans l'esprit discours dans du quelque ou "énergie" ("energy of the .ind of the speaker") de son esprit relative à l'action (ou passion) dénotée par le verbe. 336 Tous les mots, les en conséquence, se divisent en ceux qui expriment substances, ceux qui expriment les accidents et ceux qui expriment les affections ou dispositions de l'esprit du locuteur: all speech whatever, besides what it may express concerning the nature of things, does of necessity express some energy, passion, disposition, or, as l would chuse to call it by one word, affection, of the mind of the speaker : for it denotes his joy, grief, surprise, or some other passion; or it communicates his prayers, wishes, commands, or volition of any kind; or it simply declares the judgement of his mind concerning any thing, that is, affirms or denies. As therefore the expression of these accidents or attributes of the mind of the speaker are essential to speech, l would chuse to separate them from other accidents, which may be expressed or not by speech, and to consider them by themselves, calling them th, aff.ctions of th. sp.aker's .ind, and leaving to the accidents of substances the common name of accidents. We may therefore say,that every word expresses substance,or accident, or the affections of the mind of the speaker. The first is what l call a noun, the other two are verbs. (Of the Origin and Progress of Language, vol. II, pp. 32-33). Les noms substantifs, les pronoms et les articles se rapportent à la et toutes les autres parties catégorie du nom, (les verbes proprement dits, les adjectifs, du discours participes, adverbes, conjonctions, prépositions et interjections) à celle du la verbe. suite de Harris, Monboddo s'écarte de tradition en refusant de ranger les adjectifs parmi les noms; s'il peut paraître étrange de ranger les prépositions parmi verbes, in their c'est qu'elles subjects, "denote relations of things ... so that they are qualities considered as having a separate existence" 337 which la et les inherent are (ibid., p. 175) not (2) Il semble bien que toutes les pas (ou ne contribuent pas) parties du discours qui ne servent dénot er à des choses ayant existence autonome sont ici considérées comme verbes. une Et il y a, en conséquence, des verbes qui sont indéclinables. Les verbes "verbes" par "proprement dits" cec~ se distinguent de l'esprit du locuteur. l'esprit est exprimée séparément, no Lorsqu'une c ' est that is, le the par "which denotes speaker, either asserting that the thing is, or co •• andin9, substantif l'existence. Les de une or ",ishin9, that it shou.ld be" (ibid., pp. 33-34). verbe une affection soit soit par le verbe substantif .tr., more than the affection of the mind of prayin9, autres qu'ils expriment à la fois un accident et affection interjection, des exprime affections aussi, comme l'esprit de chez exprimé es Mais Harris, par les interjections sont des "passions", comme la joie, la surprise, la et parce st upé fact i on, etc. ; sentiments non des idé es, et qu'elles les n'expriment interjections que peuvent des être considérées comme les restes des plus anciennes formes de langage parmi les hommes. Les affections ou verbe "énergies" de l'esprit exprimées par le ne sont pas en général des passions, 338 mais plutôt, comme chez Harris, volitions. (Monboddo écrit ".ss.,.tion") des jugements Les volitions peuvent être de deux et des espèces le souhait et le commandement. Ainsi, "there is no verb of this kind (le verbe au sens strict), which does not either assert, wish, or command" (ibid., p. 118). (3) Monboddo place l'interrogation dans la catégorie du souhait ou "simple désir", car, écrit-il, "every man that interrogates, wishes or desires to be informed" la note infrapaginale) . théorie Notons que, de la même façon, des actes de discours, type directif, (Ibid. , dans la les questions sont des actes de une espèce du genre ,..qu.t. (l'allocutaire a une option de refus) ayant le d4si,. comme condition de sincérité. Le verbe, locuteur, en plus d'exprimer une énergie de signifie aussi, l'esprit .t,.e, à l'exception du verbe Monboddo appelle en un mot l'.ction, c'est-à-dire par le L'expression d'une opération l'esprit et action ou lOis essential to every verb in every language" (ibid., les circonstances, le verbe particulière. est de locuteur. Le mot .ss.nti.I ne semble pas des plus appropriés dans p. 118). que énergie que la chose même qui est affirmée, niée, commandée ou souhaitée d'une ce du puisque Monboddo affirme plus loin tt,.. n'exprime aucune action opération ou Mais il précise également plus loin (p. 124) qu'il "essentiel" au verbe d'exprimer un accident (en plus énergie de l'esprit) et que sous les accidents exprimés verbe, à la fois il 122) (p, comprend l'existence 339 et d'une par l'action. le Par ailleurs, il est moins explicite que les Messieurs de sur la manière dont les verbes signifient Port-Royal l'action l'opération, bien qu'il semble aller dans le même sens. qu'il ou Voici ce écrit sur le sujet the action of the verb, is necessarily implied in the signification of the verbj for if we were to affirm, that we do affirm, or did affirm, the energy itself, in such case, would be the thing affirmed. (Ibid.) Les grammairiens de Port-Royal, on s'en souvient, distinguaient, à propos d'énoncés comme affir.o, celle j'affir.e, deux affirmations qu'accomplit le locuteur et qui est exprimée par la du verbe, et celle qu'il conçoit et s'attribue en la directement. forme signifiant C'est, semble-t-il, une distinction de ce genre que Monboddo avait en vue dans le dernier passage cité, car plus loin (p. 167) , il explique que cursus. contrairement à curro, n'est pas un verbe même s'il dénote une action, aucune énergie commandant parce qu'il de l'esprit affirmant que cette qu'elle n'exprime action doive exister ou souhaitant existe, qu'elle puisse exister. Malheureusement, il ne discute aucun exemple où c'est un verbe qui signifie directement une énergie de l'esprit. Les trois principales énergies de l'esprit exprimé es par le verbe, l'affirmation, le commandement et le souhait, sont des opérations (ou actions) qui peuvent devenir la signification principale verbes "affirmer", dit Ilcommander" et "souhaiter". des Mais Monboddo ne pas clairement si les énergies de l'esprit ne peuvent être signifiées directement que par ces verbes utilisés à l'indicatif. 340 Le verbe, exprime reliée en plus des énergies de l'esprit et de l'action, aussi sous souhait. la personne ou la chose à laquelle la forme de l'affirmation, Il exprime aussi, l'action du commandement comme chez Harris, est ou du Du Marsais et plusieurs autres, l'existence de l'action signifiée par le verbe. L'expression de l'existence de l'action dans un sujet est d'autre que également essentielle à tous les verbes, for when we affirm any thing, we assert that it does exist; when we command it, we desire that it should exist; and when we wish for it, it is that it •• y exist. This general idea therefore of being or existence is implied in every verb, whatever the action of i t may b e. (1 bi d., p. 120). Nous l'avons vu, le verbe .tre n'exprime l'action de l'esprit et l'existence. en faisant rien Monboddo suit la du verbe .tr. le plus simple des verbes, tradition tous les autres pouvant se décomposer en verbe .tr. + participe. Enfin, le verbe consignifie le temps. aj outé e" C.djunct) verbes. syntaxique les verbes Reprenant Cette "signification est nécessairement impliquée Aristote, Monboddo dans tous explique par le fait que l'existence est impliquée et que tout ce qui existe ici-bas 341 existe ce les trait dans dans tous le temps; par suite, "monde sublunaire" corruption, ont ~tl, marquer seuls toutes sont les choses qui existent soumises la à dans génération et donc aux grandes divisions du temps ou seront. le notre et à elles sont, Que seuls les verbes aient cette capacité de temps se comprend donc par le fait qu'ils sont à exprimer une énergie de l'esprit affirmant qu'une existe, la commandant qu'elle doive exister ou souhaitant les chose qu'elle puisse exister. Monboddo critique les définitions qui, comme celle de PortRoyal, font du l'affirmation. verbe Cette une partie définition, du dit-il, parce qu'elle ne tient compte que d'une l'esprit exprimées par le verbe, (le discours est seule signifiant "incomplète", des énergies sans mentionner les deux autres commandement et le souhait) . Il ne semble pas accepter plus l'idée (qu'on trouve aussi dans la 6ra •• air. de que les part i es" , énoncés éternels etc.) explique-t-il, ne substantif Port-Royal) l'une de non de ses temps; car, les choses éternels et immuables n'existent peutmais elles ont néanmoins une l'idée de durée (duration) temps. ("Le tout est plus que c ont i ennent aucune marque être pas dans le temps, du de Plus comme dur'., et est à ses yeux plus générale que celle loin cependant (p. 168), il parle du verbe du "verbe métaphysique" qu'il juge particulièrement approprié à l'expression des éternelles "which have nothing to do with time, di spos i t i on of the mind" ... 342 persons, vérités or the Après analyse, Monboddo formule de cette manière sa définition du verbe : It is a word principally significant of accident, of the energy of the mind of the speaker relative to that accident, of the substance to which the the accident belongs, and it is consignificant of time. (Ibid., p. 124). Mais parmi toutes les choses signifiées par le verbe nombre, voix, etc.) , (personne, l'existence et l'énergie de l'esprit sont les seules qui lui soient vraiment nécessaires (cf. pp. 166-167). Cette capacité des verbes d'exprimer sans ambiguïté plusieurs significations constitue selon Monboddo l'un de leurs traits plus remarquables, car elle permet d'éviter une inutile des mots en exprimant un seul. étaient justement, multiplication commodément ces significations primitives à son avis, en la"gu~g~s) fort imparfaites parce qu'elles inutilement les mots et parce qu'elles créaient à fois des mots tout à fait nouveaux au lieu de chercher à multipliaient chaque langues Les les les dériver à partir d'un certain nombre de racines par l'ajout de terminaisons nouvelles. Venons-en Monboddo est enfin ambiguë; aux modes. elle La définition ne dit pas clairement 343 qu'en si donne le mot "modes" s' appl ique aux é nergi es de l' espri t ou aux infl exi ons des verbes chargées de les exprimer. The .odes or .oods of verbs, as they are commonly called, are no other than those energies of the mind of the speaker, which l have sa id are essential to the verb, expressed by different forms or inflexions of i t. (Ibid., p. 161). Cette définition à elle seule laisse supposer l'énergie ou que le mode est l'affection de l'esprit plutôt que l'inflexion qui l'exprime; mais la suite du texte laisse entendre le contraire: Of these l have only mentioned threej affir.ation, expressed by the mood called the indicativej wishing, or praying, expressed by the optativ.j and co •• and, expressed by the i.p.rativ •. The int.rrogative is reckoned by some among the moodsj but as it is not expressed by any different form of the verb, but only by particles, or by a certain arrangement of the words, l do not chuse to calI it a mood ... (Ibid.). Ici ce sont plutôt les énergies de l'esprit qui sont par les modes, inflexions, lesquels sont conçus comme des exprimées et c'est bien un critère morphologique qui détermine ce qui compte comme mode nl. le Cette ambiguïté du potentiel, pour raison, ni l'interrogatif, ne sont des modes pour Monboddo. terme "mode", des cette qui se dit tantôt des énergies de l'esprit, tantôt inflexions qui les expriment, n'est pas relevée par Monboddo. bien qu'assez inoffensive, Nous verrons (chapitre suivant) que Gregory, quelques années plus tard, y sera plus attentif et y échappera en distinguant soigneusement les 344 "modes de la pensé e" des "modes grammaticaux". que Les modes servent donc à exprimer ces énergies de l'esprit sont souhait. l'affirmation, L'affirmation Monboddo est le commandement et exprimée par l'indicatif et le le subjonctif; se distingue ici de Harris et ne reconnatt pas de potentiel, mode celui-ci n'ayant pas d'inflexion qui lui soit propre. Le subjonctif est rapporté à l'affirmation, "for it expresses an affirmation L'indicatif qualified" "absolument" , p. (ibid. , 162) . tandis que le subjonctif affirme "relativement conditionnellement"; son affirmation est liée affirmation ou dépend d'une autre affirmation. de chose de l'optatif, exprimer affirme le une autre Monboddo dit peu sinon que les Grecs s'en servaient de le premier étant utilisé par les Grecs de préférence au dernier lorsque l'affirmation portait sur quelque une chose toutefois de contingent ayant rapport à un désir ou de l'auteur. Dans les langues subjonctif pour exprimer le souhait, fait soit l ' indicatif. et Monboddo déplore peu utilisé ou souvent remplacé pour la plus parfaite des le défini et indifféremment Mais dans la langue des Grecs (qu'il ami Harris, à modernes, on se sert que l'anglais n'ait pas de mode subjonctif bien qu'il son remarqua avec le subjonctif, inclination du il pour l'affinité l'optatif souhait; à et tient, langues, par comme exception faite peut-être du sanskrit), il y a, dit-il, deux subjonctifs le subjonctif proprement dit, et l'optatif, 345 qui était le plus souvent utilisé comme un subjonctif lorsque le temps du verbe principal était au passé. L'infinitif n'est pas un véritable mode verbal pour Monboddo (liAs to the infinitive, l hold it to be no mood, commonly called SOli -- p. exprime simplement l'action du verbe avec, temps comme nom, verbe à participe, fait une verbal <:5> <4> qu'il n'explique pas) (ce ou encore il sert, un autre verbe, partie du car non Il L'infinitif est utilisé comme moyen de syntaxe, à lier un ou un verbe discours à lui l'esprit. dit-il, l'addition du à un comme beaucoup d'autres Monboddo, be 162); la raison de cette exclusion est l'infinitif n'exprime aucune énergie de simple though it part plus n'exprime l'esprit. *** 346 entière, Quant au grammairiens, en nom. et aucune non un énergie mode de NOTES Cl) Of the Origin and Progress of Language, Vol. I, (seconde édition), édit. par J. Balfour, Edimbourg et T. Cadell, Londres, 1774; réimprimé en 1973 par AMS Press, Inc., New York. Dans la suite, j'utiliserai surtout le Volume II, re~mprimé en 1973 par le même éditeur à partir de l'édition de 1809. Dans la "Préface", pp. ix-x, Monboddo mentionne les travaux de Rousseau (le Discours sur l'origine de l'in~galit~, et l'Essai sur l'origine des connaissances hu.aines de Condillac, mais il avoue n'avoir connu ce dernier ouvrage que par les extraits traduits dans la Critical RevieN. H. Àarsleff (The Study of Language in England, 1780-1860, Princeton, Princeton U.P., 1967, p. 37, note 45) nous apprend que les extraits en question furent traduits par Thomas Nugent dans Critical RevieN, II, 1756, pp. 193-218. Il attire aussi notre attention sur le fait que la section première de la seconde partie de l'Essai de Condillac s'intitule justement "De l'origine et des progrès du langage" (cf., Essai sur l'origine des connoissances hu.aines, éd. de G. Le Roy, Oeuvres philosophiques de Condillac, Paris, P.U.F., 1947 (Vol. I), p. 60). (2) Cette conception des prépositions comme "verbes" apparaît bien étrange, certes. Toutefois, on retrouve une conception apparentée chez nul autre que Donald Davidson, dans l'un de ses articles les plus célèbres "The Logical Form of Àction Sentences", dans The Logic of Decision and Iktion, éd. par N. Rescher, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 1966; voir en particulier les pages 91-93. Davidson analyse en effet l'énoncé I l (Ex) (x consists in the fact that l flew my spaceship to the Morning Star) I l de la manière suivante I l (Ex) (FlewCI, my spac eship, x) & To (the Morning Star, x)) I l , où la prépos i t i on Olt 0" est traitée comme un verbe. Castaneda (l'un de ses commentateurs) avoue que cette conception le rend perplexe "beyond limit" (p. 108). Dans sa réplique, Davidson avoue à son tour : "My proposal to treat certain prepositions as verbs does seem odd, and perhaps it will turn out to be radically mistaken" (p. 118); mais il défend néanmoins sa conception de façon à rencontrer les objections de Castaneda en proposant lia special form of "to" which means 'motion-toward-and-terminating-at''', que Davidson appelle toujours un "verbe". Par substitution, on obtient alors I l (Ex) (Motion-toward-and-terminating-at (the Morning Star, x)) I l . Les motivations qui conduisent Davidson à traiter certaines prépositions comme des verbes sont toutefois bien différentes de celles de Monboddo qui ne dispose pas d'outils logicomathématiques aussi sophistiqués. (3) On trouvera une conception 347 analogue dans l'Essai de s' •• ntiqu. [1897] de M. Bréal, Genève, Slatkine Reprints, 1976, p. 342 "le caractère particulier du verbe est de pouvoir, à l'énonciation d'un fait, mêler un élément qui révèle notre propre état d'âme". D'après Bréal, les modes constituent le véritable fond de la conjugaison du verbe indo-européen, son principal "motif", ses plus anciennes formes. (4) Il s'agit sans doute d'expressions composées des auxiliaires .tr. ou avoir suivi, par exemple, d'un participe ou d'un syntagme (nominal, verbal ou prépositionnel), comme "avoir marché deux milles", ".voir à marcher deux milles", ".tre sur le point de marcher deux milles", etc. (5) Cf. Ibid., pp. 173-174 "The participle, though in our common grammars it be set down in the conjugation of every verb as a part of it, yet is truly a separate part of speech; for it does not express any energy of the mind of the speaker, which as 1 have said, is essential to the verb". *** 348 CHAPITRE CINQUIEME : JAMES GREGORY James Gregory était professeur de physique ( 1 ) d' Edimbourg Literary En 1792, Ess.ys (2) attention s'intitule parut 1790 en Edinburgh, juillet , le texte qui retiendra "Theory of the Moods of dans les Tr.ns.ctions of the ma1s fut lu, 1787), devant l'Université il fit paraître des Philosophical and mais • à ici Verbs" Roy.l (3) membres de la qui Society en deux séances (le 18 juin et les notre Société le of 16 Royale d' Edimbourgh. Cet essai de Gregory représente à mon avis, sous sa forme la plus achevée, d'actes de la théorie pensé e. Il des modes verbaux contient comme plusieurs marqueurs innovations intéressantes pour la sémantique et la pragmatique des modes, en particulier par l'introduction du concept d'op4r.tion soci.le de l'esprit, qu'il emprunte à son ami Thomas Reid (4), et qui permet un élargissement du cadre des théories idéationnelles du langage. Le texte de Gregory, qui fait près d'une soixantaine de pages, est l'une des études les plus fines et les plus minutieuses qui ait été consacrées aux modes verbaux par des les grammairiens Lumières. Certaines de ses idées seront retenues par l'auteur de l'article "Sr •••• r " Brit.nnic. (:5) de la troisième édition de qui le cite avec 349 approbation, l'Encyclop.edia sans toutefois réaliser de véritables progrès sur la doctrine du physicien et grammairien philosophe écossais. Les modes verbaux représentent pour Gregory "a very curious and interesting point in the theory of language" qu'il n'a pas grammaticale pleinement qui fait le lui bonheur semble satisfaisante d'entreprendre verbaux. eu Il trop par de rencontrer une vraiment j ust e, cet te ma t iè re, en lui-même (p. 193). cette recherche déplore en particulier que les Parce doctrine complète il sur décida les grammairiens peu d'observations précises sur les faits et de modes aient langue relatifs aux modes, ainsi que le manque de notions distinctes les concernant, l'admission rapide et négligente de principes généraux mal établis, et l'usage vague de termes mal définis et peu éviter de retomber dans il expl iqué s . propose une Pour méthodologie inspiré e des ces erreurs, sciences physiques (vraisemblablement de Newton). On recueille d'abord le plus grand nombre d'observations pertinentes pour notre sujet; ensuite, "déduit" de ces observations certains principes généraux; on enfin, on vérifie ces principes par de nouvelles observations ou par des expériences. texte (pp. Fidèle à cette méthodologie, la première partie du 195-214) expose un certain nombre d'observations relatives aux modes; Gregory en tire six principes ou conclusions (exposés aux pages 214-216) le reste du texte est une discussion de ces principes. 350 Tout au long de son essai, Gregory renV01e à la doct~ine des modes exposée par Monboddo dans le second Volume de Of th. Origin Même s'il juge la doctrine de Monboddo and Progress of Language. très incomplète et par moment très obscure, il la considère néanmoins comme la meilleure (ou la moins mauvaise ... ) qu'il pu lire sur le sujet. théorie des modes, La meilleure façon de faire dans les circonstances, ait avancer la c'est d'essayer de corriger et de compléter la meilleure théorie disponible. Commençons par les "observations" de Gregory concernant les modes. Pour nous l'avons vu, Monboddo, simple "accident" du verbe, fait .ind partie pas un car l'expression d'une .nergy of the l'essence de le mode n'est du verbe. Par conséquent, l'infinitif ne pouvait être qu'un nom verbal, puisqu'il n'exprime aucune attitude du locuteur. Gregory s'écarte de Monboddo sur ce point. Comme d'autres grammairiens (Arnauld, Lancelot, Du Marsais entre autres), contribue il souvent, remarque qu'en en tant que verbe, dans "Non comme L'infinitif est donc un verbe sans mode. of .ood, verb" la à exprimer sed est complètes, conclusion suivante surtout latin l'infinitif des pensées valere vitali. De cela, il tire la "It is only the capacity or susceptibility that can with propriety be said to be essential to a (p. 196). De la même façon, ce n'est pas la division, mais divisibilité qui est essentielle à 351 une ligne géométrique, comme le mouvement et le repos ne sont pas essentiels aux bien que la mobilité et la capacité qui est essentiel au verbe, tel mode. au repos le soient. Ce c'est donc de pouvoir prendre tel ou Lorsqu'un infinitif est utilisé comme moyen de syntaxe pour lier un verbe à un autre, donc d'~tre corps, pas pour autant ou un verbe à un nom, il ne cesse un d'~tre verbe; d'ailleurs, souligne Gregory, les phrases où un infinitif est utilisé de cette manière sont "convertibles" en des phrases synonymes où apparaissent soit soit d'autres parties du des verbes portant la marque d'un mode, comme liTa be or not ta btl, that is the question", discours, qui est "convertible" en une phrase moins élégante et énergique, mais not shall "The question is, synonyme néanmoins Gregory rejoint be". whether we shall be cependant Monboddo affirme que l'infinitif n'est pas vraiment un celui-ci appartient à l'essence des modes d'exprimer qu'il une or lorsque mode et certaine énergie de l'esprit du locuteur(6). Gregory nombre des optatif, n'insiste critique Monboddo pour avoir (indicatif, modes à trois seulement subjonctif se rapportant le pas limité au indûment le impératif et Mais il premier). moins que son prédécesseur pour ne reconnaître, dans une langue particulière, que les modes verbaux explicitement marqués l'anglais, par une comme interrogatif, flexion la verbale plupart ni de potentiel, des caractéristique; langues, nl. d'optatif. 352 n'a pas ainsi, de mode Gregory diverses observe énergies habituellement qu'un même mode peut de l'esprit, exprimées énergies de l'esprit flexions verbales. par ou des d'autres ne sont pas toujours Le subjonctif, pas, dans tous ses usages, "conditionnelles et qualifiées"; où le subjonctif supposition" une énergie énergies du (p. ou 202) , de grec, à exprimer plus, les par des est souvent des affirmations exprime "a very la supposition constituant, autres. l'interrogation et à son avis, De du plain mème, par une particule ou par l'ordre des mots. qu'il distingue soigneusement, et plus clairement aussi les commandement L'originalité de Gregory tient pour une large part au avant lui, ne Gregory donne quelques exemples l'indicatif de sont et le subjonctif peuvent être rendues par des circonlocutions, (Utin •• + subjonctif) qui exprimées même en de l'esprit distincte des souhait, exprimer à énergies modes; utilisé pour exprimer l'énergie du souhait, sert servir les .odes de pens'e (.oods of thou.ght) que fait quiconque (qu'il appelle des quelquefois et les modes grammaticaux correspondent à deux manières d'envisager les (gra ••• tical .oods). Les modes de pensée modes : soit relativement à la pensée (qui est la même partout et pour tous), soit relativement à une 353 langue particulière. Les modes les grammaticaux comprennent toutes les marques qui modes de pensée, particules qu'il s ' agisse de ou de l'ordre des mots. flexions Voici comment expriment verbales, il de présente cette distinction Whatever may be thought of the preceding observations, it must at least be admitted, that the moods of verbs may be considered in two very different points of viewj either with relation to any particular language, or with relation to hu.an thought, which must be supposed the same in aIl ages and nations. For the sake of distinctness, l shall calI the expressions of them, by inflection or otherwise in language, gra •• atical .oodsj and the thoughts, or combinations of thoughts, so expressed, as weIl as similar combinations of thoughts, though not always, or ~erhaps never expressed in the same way, l shall calI energies, or .odifications, or .oods of thought. Cp. 204). Les modes grammaire excède grammaticaux sont de chaque languej de formellement établis par mais le nombre des modes de beaucoup celui des modes grammaticaux, oblige souvent à utiliser le même ce la pensée qui nous mode grammatical pour exprimer différents modes de pensée. Il n'est donc pas étonnant qu'eu égard à l'expression des modes de pensée, toutes les langues humaines présentent de graves dé fic i en ces . Gregory domaine which "in affirme même qu'il ne connaît aucun language is more deficient, than autre in the expressing of those energies or modifications of thought, sorne of which always are, and aIl of which might be expressed 354 by the grammatical moods of verbs." (Ibid.) modes grammaticaux, de Malgré cette déficience la meilleure méthode pour étudier les en modes pensée consiste encore à étudier les modes grammaticaux dans diverses langues, à comparer entre eux les modes de pensée qu'ils servent exprimer, à certains et à examiner les raisons qui font modes de pensée sont ainsi exprimés alors que que d'autres ne sont exprimés qu'indirectement. Il est évident que très peu de modes de pensée sont exprimés par des modes syntaxiques) (types dans la plupart des langues indo-européennes. Toutefois, aucun grammaticaux mode les modes de pensée qui ne sont grammatical caractéristique peuvent exprimé s néanmoins par être signifiés par un énoncé dont le verbe principal est à la première personne infinitif du singulier (une de procédure d'Apollonius Dyscole) l'indicatif de présent, résolution "Je vous exhorte de suivi analogue " à d'un celle "Je vous avise de ... ", etc. L'énumération des modes de pensée présentée par Gregory fort révélatrice et intéressante en elle-même Affirming, denying, testifying, foretelling or prophecying, asking, answering, wishing, hoping, expecting, believing, knowing, doubting, supposing, stipulating, being able, commanding, praying, requesting, supplicating, loving, hating, fearing, despairing, being accustomed, wondering, admiring, warning, swearing, advising, re355 est futing, exhorting, dissuading, encouraging, promising, threatening, and perhaps numberless other modifications of thought, for which l cannot easily find names, aIl admit very readily of being combined with the general import of a verb ... " (pp, 206-207) Sur les trente-six exemples donnés par Gregory, plus de la moitié (environ une vingtaine) sont des verbes illocutoires dénotant des actes illocutoires; d'autres perlocutoires (dissuader, psychologiques haïr, ou savoir, malheureusement l'énumération que disait encourager, attitudes craindre, pas bien des très etc.) , des actes soit à des états propositionnelles admirer, ce etc.) . que que Wittgenstein nous faisons des phrases à (croire, aimer, (On ne viennent disait en dans .bl. des parlant, voit faire being termes dispositionnels comme Ce emplois correspondent soit ou multiples Gregory le (quoique moins catégoriquement) de ses modes de pensée ils sont "innombrables" (nu..berless). Mais sitôt après, il ajoute qu'en raison des différences de degré, et des nombreuses ressemblances et affinités rencontrées parmi les modes de pensée, il est possible Malheureusement, classification très difficile, première Il les Gregory ordonner il nous de les pas procède ne dans son texte; et si aurait légué rien de les modes de pensée peuvent ~tre catégories comme chez Monboddo (affirmer, l'affirmation, une telle moins tâche que la propositionnelles! par ailleurs que le débat autour de ou à une seule, à classifier! s'il avait accompli cette ébauche d'une logique des attitudes ajoute savoir de la question rapportés à de trois souhaiter, commander), "as many philologists think they 356 may" (p. en avons. 207), ne fait guère progresser la connaissance que nous La première tâche à accomplir, avant toute classification, c'est de les examiner soigneusement. Tous ces actes ou modes de pensée ont chose que Gregory appelle, Ce concept d' "énergie" anticipation d'un Et understanding which they les them quelque est clairement une approximation autre concept tous commun après Harris et Monboddo, une energy. "dynamique", illocutoire" (Frege, avant Austin, utilisait sens) . en peuples, perfectly, écrit-il, celui de et une "force Kraft dans le m~me "are capable of language in whether they use a can be expressed by mere inflections or not . I l (p. 209) . Ce qui étonne un peu dans l'énumération des modes de de Gregory présupposent (citée plus haut), une c'est interaction verbale la présence entre (au pensée d'actes moins) qui deux personnes (commander, promettre, supplier, questionner, etc.), et qui ne semblent pas pouvoir se réduire à de simples de l'esprit" "opérations d'un sujet solitaire. C'est ici que Gregory reprend de Thomas Reid la distinction entre les op4rations solitaires l'esprit (telles croire, désirer, douter, etc.), qui peuvent être accomplies l'~sprit de par un sujet isolé, (commander, promettre, supplier, questionner, etc.), qui 357 impliquent une croyance en l'existence d'autres ~tres intelligents auxquels ces opérations se rapportent. D'après Reid, toutes les opérations il dit langues sont faites pour exprimer aussi sociales que les opérations solitaires même, Ifan (1785), dans ses Essays on the bien les de l'esprit; Intellectual Po Ners of que l'expression des opérations sociales de l'esprit lOis the primary and direct intention of language" Gregory (7') reprend cette thèse dans la seconde des "conclusions" qu'il tire de ses "observations" That the energies expressed by the moods of verbs are chiefly the social operations of mind, as they have been very properly termed by Dr Reid; that is to say, such as imply the belief of sorne other intelligent being to whom they relate, and which cannot be supposed to take place in a solitary being. (P. 215). Dans le commentaire que fait Gregory de cette "conclusion" 224-225) , il soutient étrangement (quoique qu'il admette (pp. qu'il puisse y avoir des exceptions) que l'énergie exprimée par le mode indicatif (l'affirmation et la négation), est une sociale de l'esprit No man could be supposed even to for. (not to say utt.r) a proposition, a question, or a command, who did not believe that there were other intelligent Beings besides himself, who might understand him. In general too, (for l admit there may be exceptions to this) the person who utters a proposition wishes to be believed, he who gives a command wishes to be obeyed, he who puts a question wishes to be answered, and aIl of them wish to be understood. These are aIl operations of thought, 358 opération which cannot be supposed to sol i tary Being. (pp. 224-225) L'affirmation mode est l'énergie la plus fréquemment exprimée par grammatical; l'interrogation, que par ensuite le commandement un et cette dernière énergie n'étant souvent exprimée ("merely by the tone of voice of the Enfin, toujours parmi les plus fréquentes et les plus importantes énergies grammaticaux, et viennent l'intonation speaker") take place in a mentales exprimé es par les modes vient le souhait. Le souhait, comme la supposition l'étonnement, n'est pas à proprement parler une opération sociale de l'esprit bien qu'en certaines circonstances on puisse le "These may considérer comme une opération sociale de l'esprit aIl be supposed to take place in Robinson Crusoe in his island, of Rome" (p. 225). a solitary being, like as weIl as in Cicero in the Forum Dans toutes les langues quelque peu évoluées, ces énergies sont exprimées par des modes grammaticaux. Que le commandement et l'interrogation soient de plein droit des opérations sociales de l'esprit, d'autant plus n'admettaient les que pas en grammairiens on le comprend classiques philosophes du "dédoublement " général de aisément, sujet lui permettant, par exemple, de "se commander à lui-même". Mais qu'on ne puisse (affirma t ion) l'existence "former" seulement sans que d'autres dans ce jugement êtres son implique intelligents 359 esprit un la capables jugement croyance de en nous comprendre, c'est là une opinion peu courante dans la philosophique pensé e, classique. Gregory négation, la Dans mentionne, à son énumération croyance (believing) , exemples) . every ou Sur ce point, language, social encore acts, "juger" can be modes de sans préciser s'il y a "affirmer" , et "former (qui ne figure pas Reid est plus clair, a question, des côté de l'affirmation et différence pour lui entre "croire", proposition", grammaire a command, qui écrit a promise, expressed as easily and parmi as de la une une ses "In which properly are as (Reid, op. cit., p. 73). judgement, which is a solitary act." Revenons à la première de ses "conclusions" That the energies, or modifications of thought, expressed by the moods of verbs, are such as may be expressed separately by other verbs, and chiefly by active verbs; or in the phraseology of the author of the essay on the Origin and Progress of Language, That the energies of the mind of the speaker, denoted by the moods of verbs, are truly accidents, and chiefly actions. (P. 214). Ce n'est pas là une nouveauté, procédure insiste Gregory, puisqu'une telle de résolution était déjà bien connue verbes dénotant les énergies mentales des Grecs. Les (ces "actions" de l'esprit) marquées par les modes grammaticaux sont effectivement des verbes actifs ("affirmer", ajoute toutefois tous les "commander", "souhaiter", un bémol à cette conception modes grammaticaux sont, 360 dans une etc.) . Gregory traditionnelle certaine mesure, "c onvert ibl es" (en première personne présent), mais un du au énoncé contenant un singulier ou du sens (r,sol vabl.) , "ré sol ubl es" strict, verbe pluriel dit-il, actif de ils ni même parfaitement à la l'indicatif ne sont pas "convertibles". (L'usage que fait Gregory des termes "convertible" et "résoluble" ne permet pas de dire avec certitude quelle différence entre les deux; de que "convertible", avec en plus analyse ou décomposition de la phrase originale. .odo, quelque phrase une que chose ces procédures laissent de la phrase originale; la l ' i dé e que l'on l'indicatif meaning, trouve également toujours synonymie (exprimant l'affirmation) and chez affirming in the first p.rson échapper entre lOis nearly la parfaite, Beauzée) of course is nearly convertible, d'un e Il semble donc, originale et sa "résolution" n'est donc jamais thèse met "résoluble" semble impliquer un plus fort "degré synonymie" grosso il Ainsi, the same ~n with a verb of of the pr,s,nt of the indicative" (pp. 216-217); h. writ.s est "convertible" en 1 say, we say, that La dernière expression est, he writ.s. "plé onasme" . selon Gregory, un simple Les modes impératif et optatif sont "convertibles" de la même manière et sans trop de problèmes. Le mode résistance. "the interrogatif est celui qui présente Il y a une étape supplémentaire, resolution is still less perfect than in the (p. 217). A la page suivante, il écrit 361 le plus de et même aprè s , other moods" The energy of interrogation, in point of thought, admits of a more close and perfect combination with the conception denoted by a verb, than can weIl be expressed by any circumlocution; c. .. ) This, which is so manifest with respect to the interrogative mood, is equally true with respect to aIl other moods. (Cette combinaison intime entre l'énergie mentale exprimée par le mode et la conception dénotée par le verbe deviendra plus dans un moment) . l'on puisse D'après Gregory, la meilleure approximation que donner d'un l' i mpérAti f claire du mode verbe interrogatif d'affirmation consiste comme prendre à "dire" (d'où nécessité d'une étape supplémentaire dans la résolution) la Ainsi, de la phrase 1) Jules est-il venu? • nous passons d'abord à la phrase 2) Dites-moi si Jules est venu, et finalement à 3) Je vous demande de me dire si Jules est venu. Gregory analyse exprimant auss~ la résolution ou l'étonnement d'énoncés d'autres (iii) exclamatifs émotions comme l'admiration ou la surprise, du genre "Qu'il est cruel, qu'il est doux d'être père" (Diderot), ajoutée au mode indicatif. en exprimé par une Ainsi, "que" "Qu'il fait froid!" se résoud "Je m'étonne qu'il fasse si froid", etc. 362 particule le subjonctif, Enfin, pour Gregory, est ambigu (" i t many words in common language) has different meanings", Il peut exprimer le souhait, Sa la supposition, mentale exprimée. p. 219). la condition, etc. résolution se fera donc au moyen de différents l'énergie Cl ike Il est constamment verbes selon utilisé à la suite, et est dans la dépendance, d'un autre verbe à l'indicatif. Par ailleurs, "the difference of meaning between the subjunctive so and employed, that of the indicative 1n between it and the bare infinitive in others, it is difficult to ascertain it, express it in words" Gustave Guillaume l'indicatif positive, (p. dans 220) . r•• ps and Il et sorne remarque subjonctif s'utilisant (9) de impossible cependant, est préférable lorsque l'affirmation le and is so minute, that perhaps verb. cases, que comme l'usage est to de certaine, préférence lorsque l'affirmation est seulement probable, incertaine, ou peu probable SU1S so.r qu'il viendra" ("Je versu.s "Je ne suis pas so.r qu'il La troisième des conclusions de Gregory est formulée en ces termes That the grammatical moods of verbs are concise modes of expressing sorne of those combinations of thoughts, which occur most frequently, and are most important and striking. (P. 215) Cette dit-il, conclusion est évidente 363 lorsque l'on compare les modes grammaticaux avec les circonlocutions dans lesquelles on les résoud. Comme elle est intimement liée aux deux conclusions suivantes, les "conclusions" pré sente dans il ne la commente pas davantage. En fait, 3, 4, 5 la et 6 mettent en relief la rationalité création et l'utilisation des modes grammaticaux. Voici la quatrième That the number of grammatical moods is limited by the same circumstances which seem to limit the variety, precision, and perfection of language, in other respects; and particularly by the convenience of those who use it, and who in general will have no more moods to their verbs, and no more words or inflections of any kind, than they have absolute occasion for; and, of course, must often employ one mood as they do one word, or one inflection, in various senses, that is, to express occasionally different thoughts. (pp. 215-216). Le nombre des modes grammaticaux ne peut forcément d'un nos ~tre limité par la difficulté représentée grand nombre d'inflexions distinctes, capacités cognitives comment, en infini; par il l'invention par les limites effet, apprendre, rappeler et utiliser correctement un très grand nombre de inflexions, limi té e. dont la plupart n'auraient qu'une de se telles utilité Il n'est donc pas étonnant que les langues ne explicitement que les plus fréquentes de nos est très marquent énergies mentales : "the most frequent of all combinations of thought with that which 364 is the general interrogation, meaning command, of a wish, verb, Occ. such pensée 226) . "désagréables". être, en principe, même énergies paraissent le plus rapide et grammaticaux non seulement qu'il soit très limité, mode puisse être déterminantes and regulated by the utilisé pour mais en plus exprimer diverses Les préoccupations quotidiennes des pour labour of l'établissement mankind in des peuples modes "the and contriving, being their chiefly experience of what they daily had occasion for" 227). La cinquième conclusion de Gregory insiste sur esthétique des modes grammaticaux, la pourrait mais on comprend, en vertu de ce precision and steadiness in employing such moods, (p. le " ennuyeuses" Le nombre des modes trè s élevé; mentales. ingenuity (affirmation, qui sont plus ou moins équivalentes à leur mode grammatical caractéristique, qu'un de et c'est surtout pour ces modes de pensée que les circonlocutions, sont importants moyen de communication le plus simple, qui précède, called etc.) que les modes grammaticaux s'imposent comme plus efficace; et as may be such C'est justement pour ces modes les plus fréquents et les plus interrogation, le (p. affirmation, that are expressed by inflections or variations of the primary verb, grammatical moods" as beauté l'animation et à la perfection d'un et valeur qui contribuent grandement langage, la force qu'ils donnent à 365 la par la l'expression à brièveté, de nos actes de pensée (co.binations of thoughts) les plus faniliers et les plus intéressants, lesquels ne peuvent être exprimés avec les mêmes avantages par les signification 216) , Pour à circonlocutions leur mode grammatical appuyer ses dires, des autres , par grande et d'imprimer avec force dans De même, que l'Rrt d. parler (1675), disait que de l'ame (cité e le Père Lamy dans faute que d'utiliser plusieurs paroles suffit", définition les sentiments profonds dont on est pénétré " ou (p, "L'éloquence est le talent Gregory aux pages 227-228) , Rh'toriqu., en caractéristique Gregory cite la d ' Alembert donne de l'éloquence faire passer avec rapidité , équivalentes "c'est lorsqu'une sa une seule Les modes verbaux sont ainsi présentés comme essentiels à l'éloquence, quel qu'en soit le genre, A cet égard, l'indicatif (incluant ici le subjonctif) , en dépit du fait qu'il soit par ailleurs l'un des plus importants et des plus fréquemment utilisés parmi les modes verbaux, moins intéressant de animé et le moins émotions et passions s'expriment souvent Cl es gest es, le est le Al' opposé, tous, les par le langage d'action ton de etc,) voix, presqu'aussi rapidement qu'elles sont conçues, Un langage fait de sons articulés et (gra ••• tical language) aussi rapide que la aussi concis que la langage d'action (n.tural impossible à réaliser, pensée language) est mais toute amélioration allant en ce sens représente un progrès appréciable: " All the moods of verbs, even 366 the indicative and approximations" the 234 ) . (p. simple subjunctive, are Gregory multiplie les such exemples et citations de grands poètes grecs et latins où les impératifs, les interrogatifs et prépondérante, simplement les et exclamatifs remarque occupent une place que ces poésies deviendraient tout insupportables s'il fallait substituer aux modes les circonlocutions correspondantes. Enfin, la supériorité des d'expression pour dernière modes conclusion grammaticaux de sur Gregory concerne tout exprimer la liaison intime autre et les la moyen relations entre les pensées That grammatical moods of verbs, like other inflections of words, express much better than any succession of words can do, the intimate connection and relation of various thoughts, which are not successive, but simultaneous or coexistent, and which appear unnaturally disjointed, and in some measure altered, when they are expressed by a series of words denoting each of them separately and in succession. (P. 216) Une langue possédant un système de flexions (nominales verbales) fait davantage justice à la liaison intime des pensées dans l'esprit du locuteur que tout autre procédé grammatical, particulier l'ordre des mots, qui semble désunir cette liaison sans pouvoir la traduire adéquatement. et en relâcher Nous rencontré ce phénomène plus haut avec le mode interrogatif. 367 ou avons Gregory lui avoue que pour traiter cette question faudrait une dissertation beaucoup plus nature de la pensée humaine. inventions humaines; à fond il sur la élaborée Les langues sont la plus noble par leur contribution à la précision, à la stabilité des pensées et à l'analyse (deco.position) de la des pensées qui nous assaillent à tout moment, "the chief dans impropres pensées une à certaine l'expression adéquate des pensées utilisés pour les exprimer selon l'espace (pour l'écrit) Il trait l' "idéisme" à contemporains, is person un who hypothesis place; can of que les âtre les signes ordonnés (pour l'oral). ne sont pas la place qu'elles occupent les unes ou "représentationnalisme" lancer ses de le Nay of ideas décrié par son ami Thomas Reid self-evident, of aspect, Et il profite de l'occasion pour par rapport aux autres. order ou le temps doivent (p. et sont alors est évident pour Gregory que nos pensées ordonnées selon la position, "It moins sont simultanées dans l'esprit du locuteur, artificiels un reason" sont t out es imparfaites mesure et sous au masse elles constituent instrument in the improvement of human 240) . Mai s l es langues humaines même, des that thoughts cannot be arranged at least this will be shake off the ideas, or long images of 368 self-evident established things 1n in to the every philosophical the mind, as subservient to thought" 240-241). à l'immatérialisme (Berkeley), Les (10) mouvement Pour les co •• on le N.Y of ideas est une voie de garage Philosoph.rs, soit (pp. Beattie, conduisant soit au scepticisme grammairiens philosophes que l'on peut (Buffier, sense (Hume) rattacher Gregory) ne fondent donc pas Grammaire Générale sur une "théorie des idées" semblable à de leurs contemporains. Les historiens de la qui place font une large "rationalistes" et "empiristes" moins un strapontin aux aux au la celle Grammaire Générale grammariens philosophes ne devraient-ils pas réserver au "grammairiens philosophes du sens commun"? Il y a bien des pensées qui sont ordonnées selon le temps, et cette langage succession oral. ordonné es the et various Mais c et peut être assez bien représentée beaucoup de nos pensées ne sont ordre relations n'ont aucune pas le ainsi "i s perhaps the l east important of aIl of thoughts" 241) . (p. propositions mathématiques expriment des pensées qui par relation au temps et ces Ainsi, les "c o-exi stant es" lit 0 pensées, be conceived rightly or at aIl, must be conceived at once" (p. 243). Les plus diagrammes et les formules algébriques sont les appropriés Il moyens les à cette fin. arrive donc souvent que nous ayons à la fois 369 un grand nombre de pensées diversement reliées les unes aux pouvons d'un vouloir les exprimer toutes ensemble, seul coup, autres. Pour des l'atteinte instruments premier "Hence de ce dernier adéquats, objectif, mal.s pas the superiority of 241-242) , (pp. dire les des langues pour those l'atteinte languages du which, admit of great variety supériorité qui s'exprime dans la poésie et l'éloquence, lui Adam Smith ainsi pour faisant appel à l'ordre des mots having many and distinct inflections, arrangement I l Nous ou encore les analyser les unes à la suite (comme le français et l'anglais) sont autres. of surtout comme l'avait déjà remarqué avant (11) Le système des modes verbaux, commun aux langues anciennes aussi bien qu'aux langues modernes, fait partie de ces inflexions "we express the simultaneous combinations of par lesquelles interrogation, thoughts au moyen (p. 242) ; la même combinaison de pensées, exprimée d'une circonlocution employant au moins deux ("Faites-lei" v.rsu.s "Je vous ordonne de le faire"), ce qui est conçu rendue avec la même promptitude; est cité présenté séparément et successivement. montre assez clairement distinction .odu.s/dictu.•. wish, expressed command, and many others, with the thought or .ccident by any verb" the comment Le Gregory verbes n'est plus simultanément dernier passage concevait La combinaison de pensées exprimée par le mode verbal est une combinaison entre une "énergie" C.odu.s) les diverses la conceptions exprimées par le verbe et 370 les et autres parties de l'énoncé liés par les liens syntaxiques. Il Y a enfin un dernier point très théorie des modes de Gregory remarquable dans il jette les bases de ce que nous appellerions aujourd'hui une "pragmatique des modes" il montre, mis de en multipliant les exemples, En effet, qu'un mode est souvent à la place d'un autre qui exprimerait littéralement le pensée du locuteur. d'un mode grammatical Ilmétaphorique" un autre, (manifestement une Gregory allusion le ari st oté l ic i enne de la mé taphore comme Iitransport, d'un nom qui en désigne une autre" à une (Poftiqu.., 1457b). alors .d onnez 111 j "Etes-vous généreux? de dé fini t ion chose, Ainsi, "Si vous @tes généreux, alors donnezl", lieu de dire dire qualifie la à mode Iitransport ii ou Ce genre de "transfert" à la de m@me, au on peut au lieu d'utiliser l'impératif pour commander, on peut se servir du futur IITu iras 111 de l'indicatif ton menaçant "Iras-tu?". de ce genre IINe pour "pragmatique" des Les fait-il pas fait un temps "Il l'interrogatif avec un ou m@me de , questions rhétoriques sont aussi un superbe modes rappelle temps superbe aujourd'hui?" auj ourd' hui Il, par moment le actes de discours indirects proposé par Searle etc. Cette traitement des (12), développant les indica t ions cont enues dans "Logic and Conversa t i on" (1975) de H. P. Gricej inférences on locuteur". Il mais Gregory doit passer se contente n'indique pas clairement par quelles pour "calculer" la d'illustrer 371 par "signification du des exemples ce transport d'un mode à un autre. L'essai de Gregory se termine sur quelques considérations à propos de l'origine des langues et la genèse modes, afin hypothè se surtout ou "thé ori e de mettre en évidence conjecture de ce genre n'est des modes verbaux" hypothè ses général es première, les sur langues, dépourvues d'inflexions, Les à fruit les manifestés, peuples d'une étaient fort la deux Selon la simples, usage inflexions, invention note l'auteur, faisant par distingue progressivement, Ces partout qu'aucune langues. comme les furent ajoutées lentement, monosyllabiques, fait des et pour une large part monosyllabiques. complexités grammaticales, etc. , Il des l'origine, le présupposée de l'auteur. l'origine hypothétique affixes, aux humaine progrè s ne d'idéogrammes ou délibérée sont se comme chez les de racines pas Chinois ou caractères hiéroglyphiques. Selon l'autre hypothèse, furent words polysyllabiques, of complicated them being meanings, les langues, comme les langues dès leurs début s, amérindiennes, "the of very like phrases or whole sentences of ours " very long, and significant (p. 248), ces très longs mots exprimant d'un coup un grand nombre de pensées, sans séparer le nom du verbe, l'agent et l'accusatif 372 du verbe, évolué en le mode de l'action, décomposant ou en etc. Ces langues fractionnant ces ensuite ont "mots-énoncé s", réduisant ainsi la taille des mots qui pouvaient recevoir par suite de nouvelles l'humanité, articulée, nette et Suivant cette n'aurait pas perçu tous les avantages d'une des parties du discours pour l'aisance de de hypothèse, dans ses premiers efforts pour se donner une l'usage, communication. et pour la clarté et la langue division l'apprentissage précision de la <13) la première hypothèse, Selon selon inflexions. la la seconde, les modes ont été ils ont été retenus ou conservés. .jout4Sj Aucune de ces hypothèses n'est assumée par Gregory, dont le but n'était que d'examiner avec prédécesseurs plus de précision et (en particulier Monboddo) , des modes verbaux. *** 373 de rigueur que ses la nature et la valeur NOTES (1) Ian Michael (1970, op. cit., p. 427) présente Gregory comme un professeur de médecine à Edimbourgh. En anglais, physician peut vouloir dire aussi bien "médecin" que "physicien". Il semble bien que Gregory ait été l'un et l'autre, car l'en-tête du texte que nous examinons ici porte en page frontispice la mention "Fellow of the Royal College of Physicians, and Professor of the Theory of Physic in the University of Edinburgh". (2) Cf., la bibliographie de Charles Porset, 6ra •• atista philosophans, in Joly et Stefanini, 1977, p. 81, qui porte la mention: "1792 Gregory (J.). Philosophical and Lit.rary Essays. Edimburgh, 2 vol." (3) James Gregory, "Theory of the Moods of Verbs" , Transactions of th. Royal Soci.ty of Edinburgh, 2, 1790. in (4) Reid tenait en haute estime Gregory, comme en témoigne la dédicace de ses Essays on the Intellectual PON.rs of Han (1785), Cambridge (Mass.) et Londres, Presses du M.I.T., 1969) i l'ouvrage est en effet dédié à ses chers amis (D •• r friends) Dugald Stewart, et James Gregory ("Professor of the Theory of Physic") i inversement, Gregory retiendra plusieurs idées de Reid Coutre la notion d'opération sociale de l'esprit) dans sa théorie des modes, comme en témoigne les passages suivants tirés de l'ouvrage de Reid : There are, in aIl languages, modes of speech, by which men signify their judgment, or give their testimonYi by which they accept or refuse; by which they command, or threaten, or supplicate; by which they plight their faith in promises and contracts. If such operations were not common to mankind, we should not find in aIl languages forms of speech, by which they are expressed. AlI languages, indeed, have their imperfections; they can never be adequate to aIl the varieties of human thought... CP. 54) (5) Cf. 1. Michael, op. cit., p. 428; selon Michael, l'auteur de 374 l'article en question dans l'Encyclopa.dia Britannica, 1797, p. 66, ne se contente pas de reproduire simplement Gregory sur les questions relatives aux modes; il insiste davantage que lui sur les critères morpho-syntaxiques et lui reproche de faire de l'infinitif un mode verbal; toutefois, nous verrons plus loin que ce reproche n'est pas fondé (cf., note suivante). (6) Il est donc incorrect de reprocher à Gregory d'avoir fait de l'infinitif un mode, comme l'affirme l'auteur de l'article "Grammar" (note précédente) et comme Michael le laisse entendre; sa position est que l'infinitif n'est pas (en tout cas pas toujours) un simple nom verbal, qu'un verbe ne cesse pas d'être verbe lorsqu'il prend les terminaisons de l'infinitif, contrairement à ce que soutenait Monboddo; mais l'infinitif n'est pas un mode pour Gregory, car il n'exprime aucune énergie mentale, propriété commune et essentielle à tous les modes grammaticaux. (7) Cf., Thomas Reid, 1785, op. cit., p. 73. (8) Les intuitions de Gregory semblent ici rejoindre (en partie du moins) celles de Searle & Vanderveken, pour qui 3) implique illocutoirement 1), alors que 1) implique illocutoirement 2) les deux énoncés expriment des actes illocutoires strictement équivalents (ayant les mêmes conditions de succès); par contre, 1) n'implique pas illocutoirement 3). Cf., par exemple, D. Vanderveken, Les actes d. discours, Liège-Bruxelles, Pierre Mardaga, 1988, p. 152 D'un point de vue logique, le type des énoncés interrogatifs n'est donc pas aussi simple que les types déclaratif et impératif, comme cela se montre linguistiquement dans le fait que tout énoncé interrogatif implique illocutoirement un énoncé impératif dont le marqueur syntaxiquement complexe exprime la force directive dérivée de demande. Ainsi, par exemple, l'énoncé interrogatif "Est-ce qu'il neige?" implique illocutoirement l'énoncé "S'il vous plaît, dites-moi s'il neige!". Paris, (9) Gustave Guillaume, 1965, pp. 30 et suiv .. Champion, (10) Cf. Lia Formigari, "Le Nay 0 f i dttas et le langage moral" , dans Histoire. Epist4.olo9i •• Lan9a9., VII-2 (1985), pp. 15-33; en particulier, p. 23. 375 (11) Cf., Adam Smith, "Considérations sur l'origine et la formation des langues" (1759), dans ~aria linguistiea, éd. par C. Porset (op. eit.), en particulier à partir de la page 341. Condillac (nous l'avons vu dans la première partie) insistait également sur ces avantages des flexions casuelles pour la versification. (12) Cf., John Searle, "Indirect Speech Acts", dans Expression and Heaning, Cambridge, C.U.P., 1979; première parution dans Syntax and Se.anties, Vol. 3, Speech Rets, édit, par P. Cole et J. Morgan, Academic Press, 1975. (13) Michel Bréal, dans Essai de s'.antique. Science des significations (1897), Genève, Slatkine Reprints, 1976, p. 357, rapporte qu'on a pu calculer que le verbe sanskrit est susceptible de prendre jusqu'à 891 formes différentes! "Heureus ement , tout n'est pas employé" aj out e-t-i 1 . En comparaison, dans une langue moins "ancienne", comme le grec, le verbe peut prendre jusqu'à 249 formes (sans compter les infinitifs et les participes). Bréal signale lui aussi que les langues amérindiennes (et le basque) ont tendance "à englober la phrase entière dans le verbe" (ibid.), à l'instar du sanskrit. *** 376 SECTION II L'APPROCHE REDUCTIONNISTE DES MODES VERBAUX Dans la théorie des actes de pensée examinée les énoncés non déclaratifs l'indicatif) sont d'exprimer des catégorique. Des commandement, également des (et les modes moyens de pensée autres actes de pensée comme le souhait, exprimés verbaux conventionnels actes l'étonnement, par des énoncés précédemment, autres et que que li ttéraux le jugement l'interrogation, etc. , déclaratifs, le peuvent Ê3tre car peut on déclarer ou affirmer qu'un souhait, une interrogation, etc., "est en nous". verbes, Mais pour le faire, expriment bien Ces énoncés déclaratifs contenant deux verbes des jugements (le plus souvent des "réduit" jugements. forme toutes à les énonciations à des expressions de Tous reconnaissaient parmi les opérations de l'esprit diversité d'actes de pensée, une énonciation, propositionnel". chacun d'expression caractéristique admettaient les jugements mais aucun des auteurs examinés jusqu'ici propos de nous-mêmes) une deux le premier dénotant un acte de pensée, et le second, une action ou un état. ne nous avons alors besoin de pouvant littérale; distinction entre le .odas et le entre un élément trouver modal et tous et dicta. un une d'une "radical Ces grammairiens philosophes ne traitent jamais énoncés non déclaratifs comme des expressions de jugements. 377 "elliptiques" Dans l'approche réductionniste des modes verbaux que abordons maintenant, analyse, toutes les énonciations se réduisent, après à l'expression de jugements, c'est-à-dire à des énoncés susceptibles d'être vrais ou faux, quant nous au "fond de pensée". et qui leur sont Cette approche est équivalents principalement défendue (et sera ici illustrée) par Buffier, Beauzée, Condillac, Beattie et Destutt de Tracy Gébelin, (mais aussi par et quelques autres) Restaut, Court Les énoncés non déclaratifs de sont (pour la plupart de ces grammairiens) des expressions elliptiques de jugements, et le jugement est, à proprement parler, car "nos acte de pensée retenu par ces grammairiens philosophes; jugements, écrit On Beauzée, sont les seuls objets de traduire en termes pourrait options de la manière suivante Du Marsais, Harris, ne être peuvent d'autres ces deux (Port-Royal, Monboddo, Gregory), toutes les énonciations évaluées en termes de dimensions l'oraison" contemporains pour les premiers le seul conditions de l'interlocution doivent être de vérité; prises en compte, car celui qui pose une question, par exemple, ne veut pas seulement affirmer qu'il savoir, veut il attend aUSS1 une réponse, comme le dit clairement Harris. Pour les seconds, toutes les énonciations peuvent être, de conditions de vérité. Cette après analyse, évaluées en termes seconde approche représente, 378 il me semble, une application plus étroite de la "logique classique " à la grammaire; et nous verrons que la notion d'id je accessoire (ou simplement d'''accessoire '' ) y joue un rôle de premier plan. * * * 379 CHAPITRE SIXIEME : BUFFIER La nouveau première partie de la 6ra •• air~ fr.nçois. sur (1709) (1) du jésuite Claude Buffier est un une plan sorte d'abrégé de Grammaire Générale. Ce philosophe du sens commun précurseur des philosophes écossais de la fin du siècle, (2), fut un logicien et un grammairien influent. Pour lui, la Grammaire est "l'Art de réduire à règles le langage ordinaire des hommes" (p. amas de réflexions, faites 1) , certaines ou encore & arrangées pour enseigner "un & pour apprendre une langue" (p. 46); et une langue "est la manière dont une certaine quantité d'hommes sont insensiblement convenus, & ont acoutumé d'exprimer mutuellement leurs pensées par la parole" (p. La perfection d'une langue, 46) . d' aprè s lui, consiste 1° dans l'abondance de ses expressions; 2° dans la netteté ou clarté avec laquelle elle permet de s'exprimer (sans ambiguïtés); dans la brièveté de ses expressions. La tâche d'une grammaire d'''apprendre à parler comme on parle"; 380 particulière est donc elle doit donner les lois qui régissent meilleurs n'est sont fantaisie, le le plus même Sl. la souvent se le fruit ré former. Cour") du Or, hasard et les la " (p. "p art a gé " ; s'applique aux termes qui sont utilisés de la manière par la plupart des locuteurs compétents de la langue "partie sal.ne de la Cour"), varier d'un et l'autre aux cas où l'usage locuteur à un autre. Buffier matière de langue au phénomène de la mode compare de de "raison peut y aVOl.r quelque part. Buffier distingue l'usage "constant" de l'usage premier des c'est à la grammaire ses règles et non à l'usage de usages celui écrivains et de "la partie la plus saine de la pas en accord avec la grammaire, changer 14) l'usage et si l'usage (en particulier l'usage "La raison peut même (la peut en s'y trouver, ou ne pas s'y trouver, que la mode aura toujours le m@me empire" Il affirme que la raison n'a rien à voir (ibid,,) . les langues, sinon pour les étudier; "N'est-il prescri t mais plus loin il demande : pas toujours conforme à la - raison de parler l'usage?". avec comme le (N' est-c e pas là, au fond, une appl ica t i on de la "maxime de stabilité" découverte par Dominicy dans les oeuvres du grand Arnauld?) . de l'usage, il Y Quoi qu'il en soit, en dépit de l'arbitraire a des observations dans la grammaire conviennent à toutes les langues; il y a un "ordre naturel" qui dans les langues comme il y en a un dans nos pensées. Il Y a, selon Buffier, trois espèces de mots nécessaires dans toutes les langues 381 les noms, qui les verbes, sont et les "modificatifs" ajoutent parlons quelque aux (adverbes, prépositions et conjonctions) qui chose au nom ou au autres, verbe le plus souvent, d'un pour dire énoncé. Nous ce nous pensons à. propos de quelque chose que nous concevons. que Puisque la structure du jugement est la même partout et pour tous, il donc que toutes les langues dignes de ce nom disposent de permettant l'expression du jugement. de supplément' " modificatifs, et les "le no. & verb. sont les plus essentielles parties du langage " "termes moyens Mais seuls les noms et verbes sont vraiment "essentiels" à tout langage ces catégories d'expression, faut (p. 49) . le A Buffier ajoute ce qu'il appelle les qui se composent de noms, dont la principale fonction est verbes ou d'abréger le discours. (Abréger le discours, faire beaucoup avec peu, n'est-ce pas instance de notre premier principe de une [P.l , choix rationnel première partie, chapitre premier, section 5], le principe d'efficience enjoignant de faire le choix du "meilleur" moyen [le plus "satisfaisant" dans les circonstances], ce moyen devant être aussi peu "coo.teux" que possible?) . La définition du verbe de Buffier est très proche de de celle Port-Royal 64) . Il insiste sur le fai t que l'affirmation est "essentielle" au verbe (pp. 64 et 75) . Mais il ne dit pas, comme les grammairiens de Port-Royal, que son "principal usage" est de signifier l'affirmation; 382 en fait, pour Buffier, il s'agit de son seul usage. Et il précise que ce qui est ou peut être affirmé du sujet, c'est soit ce qu'il est, soit ce qu'il fait, soit une action. donc soit un état, bien vu Sahlin (1928) premiers et Nuchelmans grammairiens (1983), s'écarter à de Comme l'ont Buffier est l'un des la conception de la proposition de Port-Royal et à favoriser une analyse bipartite en Sujet-attribut. Les modes conséquence, souvent dépendent ils arbitraires arbitraires; car temps du verbe, l'usage a introduites" modes en français encore 71) . (p. que", différentes "Les deux modes L'indicatif, Le subjonctif, lui, que deux appelle qu'il faut & le comme à Port- une d'un "avant que", ne s'emploie qu'en supposant ou à la suite "quoique" , affirmation (ou d'une autre. jugement), Le "que" verbe est le signe d'une 383 d'une etc. , que nous préciserons plus loin) "dépendant e" suite certains sert à exprimer des jugements catégoriques "indépendants" contextes aussi des à en françois sont l'indicatif autre verbe (à l'indicatif) ("afin toujours Buffier ne reconnaft que 71) . particulièrement de tout autre. un terminaisons en & y sont liindicatif et le subjonctif (qu'il conjonctif ou subjonctif" Royal, souvent, mais seulement à énoncer quelquefois "conjonctif") distinguer sont "dépendent de l'usage par des (p. et ne servent pas ils significations particulières; mêmes l'usage de conjonction et dans certains Il exprime donc mais une affirmation (un "modificatif") mis à modification lui apportée la au verbe, comme le "qui" à la suite d'un nom est le signe modification (proposition incidente) apportée au nom. d'une (Le pronom relatif que chez Buffier est donc un "modificatif de verbe") . La grande innovation dans la théorie des modes de concerne les formes en -rais, non au subjonctif, Les formes en -rais qu'il rattache à comme Port-Royal Buffier l'indicatif, (et après lui Du indiquent l'affirmation, et Marsais). s'utilisent sans "que" et ne sont pas mises à la suite et dans la dépendance d'un autre verbe à l'indicatif. de l'indicatif, incertain". ait Buffier fait du conditionnel un temps dont la fonction serait d'exprimer un "temps Buffier est donc l'un des premiers grammairiens sérieusement contribué "c ondi t i onnel-t emps" contemporains comme que l'élaboration à l'on Gustave d'une trouve chez des Guillaume (cf. les linguistique de 9ustave 9uillau •• , 1948-1949, théorie qui du linguistes Leçons de p. 135 et suiv.). Il appartiendra toutefois à Girard (1747) d'en faire, le premier, un mode à part. Buffier ne reconnatt pas de mode impératif en français, car ses terminaisons ne se distinguent pas de celles de ou du subjonctif. "l'impératif (Guillaume [1971, indicatif" et 384 p. l'indicatif 237] distingue de "l'impératif m~me subj onct if") . Relativement au d'abréviation plutôt qu'un verbe; sens, "c'est un terme de supplément et quand je dis fait.s ou cela, ces mots suppléent à ceux-ci, .a volont. ou .on avis est que vous fassiez cela." nous CP, 74) , Les impératifs marquent "la volonté que avons qu ' un autre fasse certaine chose; lui commandons, parce que nous le lui conseillons ou l'en prions. Ainsi, venez signifie Je vo«s ordonne ou je vo«s conseille ou vo«s prie ou je vo«s exhorte de .e venir tro«ver" "Dites-vous cela?" supplée à "Je vo«s de.ande si vous dites cela " , réponses aux supplément" ; à "J. vo«s de.ande quand vous et "non" sont des et " Quand viendrez " , questions sont aussi très souvent des "oui" je Cp, 87), Il en va de mÉ3me des phrases interrogatives vi endrez-vous?" , le "termes abréviations pour Les de des propositions entières, Les interjections sont également des "termes de supplément" qui suppléent soit à un mot ou groupe de mots, soit à des phrases entières, pour exprimer la douleur, " quelque autre mouvement le mépris, l'étonnement, ou l'âme" . de Enfin, les verbes impersonnels sont encore présentés comme des abréviations; ainsi , , ,I 1 gr É31 e" = " La gr~le tombe", nécessité exige", etc, 385 "Il faut" = "Le devoir ou la Seuls l'indicatif grammaire de Buffier, et le subjonctif reçoivent, dans la le statut de mode. Tous les verbes servent ainsi à marquer des jugements, tantôt catégoriques, autonomes et directs, tantôt dépendants et obliques. Pour les autres modes, et pour les énoncés interjections) , et Du Marsais, non déclaratifs (interrogations et Buffier n'hésite pas, contrairement à Port-Royal à recour1r aux explications traditionnelles par l'ellipse. Ce qui n'a rien d'étonnant, puisque son approche, nous l'avons vu, nos est réductionniste, et si on doit montrer que toutes énonciations faire qu'en supplément" . expriment bien des jugements, on ne explicitant ce qui est abrégé par en le "termes de que nos énonciations n'expriment pas toujours des jugements, et que les différents des destinées Il les peut types à va bien sÜr autrement si on admet syntaxiques d'énoncé ne sont abréger le discours. Enfin, pas les formes réflexions de Buffier sur le conditionnel seront plus tard reprises par Restaut deux du conditionnel un temps de l'indicatif se rapportant au futur), et ces Buffier et Restaut -- auront sans doute pavé la voie à la reconnaissance du (1730) et réflexions conditionnel en Destutt français de Tracy (1803) théoriques (qui -- du moins font celles tous de (autrement nommé "suppositif") comme un mode à dans les Vrais principes de (1747) de l'abbé Girard. 386 la langue part française Buffier distingue avec grand soin les contextes subjonctif s'emploie de préférence à l'indicatif. où le Nous avons vu qu'il s'emploie à la suite de certaines conjonctions ("afin que", "avant que", "quoique", bien que", etc.); il mentionne de plus un grand nombre de verbes qui engendrent des contextes intensionnels et qui appellent le subjonctif. On doit en effet l'employer Après les verbes qui signifient quelque mouvement de l'âme; comme je v~ux, je d'sire, je co •• and., je d4f.ns, je prie, je pro.ets, je crains, je dout., &c., ou après les impersonnels, il faut, il est ~ propos, i l est difficile, ou ceux qui ont même signification. .. (P. 227). Les verbes d'attitudes propositionnelles (modalités -- et, en général, psychologiques, les verbes illocutoires (pour les "modalités illocutoires") est épistémiques n'cessaire, etc.) et les "verbes modaux" appellent donc, le plus Cil faut, il souvent, le subjonctif plutôt que l'indicatif. Quand ces verbes ont un nom ou pronom pour régime, on met l'infinitif au lieu "Je vous commande d'agir", et non lorsqu'ils subjonctif sont (e_g_ employé s après régime (._g_ à "Je vous commande que Il par interrogation", "Je ne crois pas que vous rapporte qu'il l'ait vu", même, subjonctif Lorsque les verbes sont précédés de ne ou de si, vous agissiez") ou du on met "S'il mentiez", IIEst-i l certain que cela soi t? I l ) le De • sauf lorsqu'il a un pronom pour "Il •• semble que vous avez peur", par opposition "Ils embl e que vous ayez peur") . De même encore après relatif qui précédé d'un superlatif ou d'un "nom négatif" (e_g_ 387 le "Le ./pilleur parti qui soit", "Le plus beau qui soit", "HuI que je sache") . L'infinitif et le participe, comme l'impératif, ne sont pas L'infinitif ne marque pas l'affirmation (qui non plus des modes. est essentielle au verbe); Buffier en fait un simple "nom substantif". Même chose pour le participe, dont il fait, comme la plupart des grammairiens, un "nom adjectif" (à tout le moins les grammairiens qui n'excluaient pas encore les adjectifs du domaine des substantifs, grammairiens comme anglais le feront plus tard Harris après lui grammairiens français après lui) *** 388 et Condillac et les et les NOTES (1) Claude Buffier, Sr •••• ire françoise sur un plan nouveau, Paris, chez Nicholas Le Clerc, Michel Brunet, Leconte & Montalant, 1709. (2) Emile Bréhier (Histoire de 1. philosophie, II, XVII--XVIIIsiècles, Paris, PUF, 1930 et 1938; 1983 pour la dernière et présente édition), réserve une courte section (pp. 293-295) à Buffier sous le titre: "La philosophie du sens commun " , où il écrit " Cette oeuvre n'a guère été mise en évidence qu'à la fin du siècle, lorsque Reid et les philosophes écossais montrèrent en lui un précurseur de leur propre philosophie du sens commun: la traduction anglaise du Tr.it4 des pre.itres v'rit's (1717), qui parut en 1780, les accusait m~me formellement d'avoir plagié Buffier" (p. 293). Toutefois, Bréhier ne mentionne pas le fameux Cours de sciences sur des principes nouveaux et si.ples, pour for.er le 1.n9.ge, l'esprit et le coeur dans l'usage ordin.ire de la vie, Paris, chez G. Cavelier et P.-F. Giffart, 1732, où Buffier développe son analyse bipartite de la proposition. A ce sujet, Nuchelmans (1983), pp. 90 et 182; cf., aussi pp. 67-68, comme critique de Descartes; et pp. 80-81 et 83, pour sa remarquable interprétation des propositions relatives "explicatives" . Nuchelmans fait voir, en effet, comment Buffier fait intervenir, à la manière de Grice ("Logic and Conversation " [1975]), ou de Benoit de Cornulier (cf., Effet d. sens, Paris, Editions de Minuit, 1985), des maximes conversationnelles pour conserver à l'analyse logique la plus grande simplicité possible. Pour les Messieurs, en effet, la fausseté d'une relative "explicative" ne rend pas toujours la proposition totale fausse; comme "Alexandre, qui n'était pas fils de Philippe, vainquit Darius"; mais pour Buffier, cette phrase s'analyse comme une conjonction de deux propositions : "Alexandre n'était pas le fils de Philippe" & "Alexandre vainquit Darius". Comme la première est fausse, la proposition totale l'est aussi. Mais ce serait "une impolitesse ou une injustice dans le commerce de la vie civile" de contredire le locuteur et de tenir pour fausse son é nonciation! Notons toutefois que les Messieurs mentionnent certains contextes où la fausseté de l'incidente affecte la 389 fausseté de la proposition principale, comme dans "Alexandre, qui n'était pas fils de Philippe, était petit-fils d'Amintas " j dans ce cas, parce que "l'attribut de la proposition principale ( ... ayant ... ) rapport à la propos i t i on inc ident e, "la faus s eté de la proposition incidente (... rend ... ) fausse la proposition principale" (Arnauld & Nicole, L. logiqu.e, ou. l'~rt dit pftnsftr, op. cit, p. 171.). *** 390 CHAPITRE SEPTIEME: NICOLAS BEAUZEE Dans sa Gr •••• ir. g'n'r.l., ~l~.ents ou .xposition du l.ng.ge (1767), n~cess.ires l'encyclopédiste Beauzée (le célèbre successeur du non moins célèbre Du Marsais) longuement Royal la conception du pour verbe des finalement développer une sans rappeller celle de Du Marsais grammairiens critique de conception qui <1>: d.s r.isonn~. Port- n'est pas "les verbes sont des mots qui expriment des êtres indéterminés, en les désignant par l'idée précise de (Gr •••• ir~ attribut" nouveau l'existence ici, ce intellectuelle g~n~r.le, sont les d'''existence intellectuelle", dé signent les êtres idé es indéterminés qui sont dé signent, des eux, etc, relation Ce 402) , p, d' "êtres Les verbes, des "êtres indé terminé Sil indéterminés qui marchent, à un qui est indé terminé s" comme les comme "blanc" désigne , blancs, conçois dans mon "marche", les tous ~tres Par contre, les noms et pronoms êtres esprit; et adjectifs, "déterminés" , L'''existence c'est l'existence qu'a un sujet en tant que intellectuelle", le Tome 1, avec ainsi, un cercle-carré n'a je pas d'existence réelle, mais il a une "existence intellectuelle" dans mon esprit lorsque j'affirme <::z > d' i mp 0 s s i b le" conçue cette existence intellectuelle en relation avec un attribut qui la qualifie de telle telle manière, sujet Enfin, "Un cercle-carré est quelque chose avec La p~rception relation de l'existence intellectuelle à un attribut 391 n'est rien d'autre, est ou d'un pour Beauzée, que ce que les logiciens appellent "jugement". Le caractère distinctif de l'existence attribut. Il du verbe est donc d'exprimer l'idée intellectuelle n'y d'un sujet avec a pas de discours sans relation proposition, à un pas de proposition qui n'exprime un jugement, et comme un jugement n'est pas autre chose que la perception de l'existence d'un sujet avec relation à un attribut, intellectuelle il n'y a pas non plus de proposition sans verbe CSra ••• ir. g4n4r.l., Livre II, chap. IV, p. 395). Plus loin, il écrit Mais puisque les Verbes sont d'une nécessité absolue pour exprimer nos jugements, qui sont nos principales pensées & les seules dont la communication soit nécessaire; il n'est pas possible d'admettre des langues sans Verbes, à moins de dire que ce sont des langues avec lesquelles on ne sauroit exprimer ses pensées, avec lesquelles on ne sauroit parler. Cp. 423) Dans l'article "Proposition" de l'Encyclop'die, Beauzée s'en prend à la 4nonci.tion distinction <::s ) de Du Marsais entre Voici comment il résume la proposition perspective adopte Nous parlons pour transmettre aux autres hommes nos connoissances, & nos connoissances ne sont autre chose que la perception de l'existence intellectuelle des êtres, sous telle ou telle relation, à telle ou telle modification. Si un être a véritablement en soi la relation sous laquelle il existe dans notre esprit, nous en 392 et qu'il avons une connoissance vraie; s'il n'a pas en soi la relation sous laquelle il existe dans notre esprit, la connoissance que nous en avons est fausse; mais vraie ou fausse, cette connoissance est un jugement, & l'expression de ce jugement est une proposition. (P. 585). (Passons sur ce que peut avoir "connaissance fausse"; d'ailleurs, (Livre p. II, chap. IV, 394) de paradoxal l ' i dé e 8r •••• ire dans sa d'un e g'n'r.le il parle plutôt d'un "jugement faux") . Nous ne parlons que pour transmettre nos connaissances informer les autres des perceptions de notre esprit; l'esprit être perçoit ou considère l'existence avec telle relation à telle de distinguer convenir proposition qu'une Il n'y a donc pas lieu "Ainsi, et d'actes La (ibid.) est tot.l. proposition déclarative est donc pour de la parole doit produire une adopte chap. une VI, p. analyse 207) . A la suite de bipartite de la 393 en être pour Du Marsais, proposition la et "tout l'expression d'un jugement intérieur" (8r •••• irl1 g4n4r.ll1, III, dire Beauzée proposition, le jugl1 •• nt" d'un seule unité de communication dans les langues humaines, acte ~tre & je conclus qu'il faut l'expression de conclut-il, il faut qu'il n'y a en effet qu'un jugement qui puisse type ou l'objet d'une proposition, d'un c'est toujours, différents types de propositions pensée comme le faisait Du Marsais. que intellectuelle modification, semble-t-il, sous la forme d'un jugement. et dè s ou Livre Beauzée sujet et attribut; suj et, dans la proposition "Dieu est juste", "Dieu" est le et "est juste", l'attribut; mais il rejette l'idée de son prédécesseur qui énonciations exprimant l'esprit". acceptait, Pour des appuyer côté à et Arnauld sa et particulières de l'esprit" les "énonciations" ou propositions, "c ons idé rat i ons conception, "meilleurs Logiciens ou Métaphysiciens", Malebranche, des Nicole. des part icul iè res il en de appelle aux nommément s'Gravesande, Les (4) "c on si dé rat i on s de Du Marsais qui sont exprimées par "propositions indirectes" (ou "obliques") que ne sont, pour Beauzée, diverses maniè res d'envisager l'existence intellectuelle d'un être avec relation à un attribut, donc diverses manières d'envisager un jugement. L'expression totale d'un jugement peut se faire au moyen de plusieurs moyen idées des (ibid.) ; se mots ordonnés selon les règles de la syntaxe, et propose subordonné peu importe que directement d'une principalement, l'existence telle que accessoires de le jugement faire y aura c'est toujours ou connaître, un jugement intellectuelle d'un sujet, (ibid.). 394 dès sous telle "& l'expression totale, direct, soit du jugement indirect "au attachées" "soit celui que l'on manière quelconque à celui que modification"; proposition" l'usage ou qu'il l'on qu'il soit envisage énonce relation, soit du à jugement & subordonné, est également une Beauzée est d'avis que la Grammaire n'a rien à considérer les propositions modales, exclusives, discrétives, etc. gagner conditionnelles, relatives, exceptives, comparatives, inceptives, "Si ces différens aspects peuvent fournir à la logique moyens de discuter la vérité du fond, peuvent à la bonne heure; être d'aucune utilité dans la grammaire, renoncer" (ibid., p. 591) . des ils & elle y ne doit Le grammairien devra toutefois tenir compte à un moment ou l'autre, des conjonctions, à en particulier au qui introduisent des subordonnées en chapitre exclusives, exceptives, etc. "La forme grammaticale de la proposition, consiste dans les inflexions particulières, respectif des différentes parties Par rapport à la forme, (ibid.) . distinguer ou elle est composé e" le grammairien doit analytique du jugement, "elliptique"; Beauzée, & dans l'arrangement différentes espèces de propositions. l'expression "pl eine" dont selon pleine, cependant Relativement une proposition peut "lorsqu'elle à être comprend explicitement tous les mots nécessaires à l'expression analytique de la pensée" (ibid.). Elle est elliptique, "lorsqu'elle renferme pas tous les mots nécessaires à l'expression de la pensée" (ibid.). En fait, ajoute Beauzée, analytique les expressions "pleine" et "elliptique" se disent plutôt de la phrase que de proposition qu'elle exprime, puisque ces 395 ne "accidents" la tombent moins sur les propositions choses peuvent manière de les dire. aussi varier selon la succession de succession parties, que sur la que leur impose l'ordre Les leurs analytique (ell es peuvent Ê3tre directes ou encore inverses ou "hyperbatiques"). Les propositions dépend peuvent enfin varier selon le sens particulier de la disposition des parties de peuvent Ê3tre (Tout ef oi s, la "expositives" alors proposition; ou dans sa théorie des modes, Beauzée parle encore i mpé rat if' ') . quand elle est l'expression propre du jugement actuel le qui prononce" proposition est (ibid. , interrogative, Beauzée int.rrog.tiv., quand p. 592). simplement Quant est l'expression d'un lequel est incertain celui qui la prononce, le sujet ou sur l'attribut, la à de expositiv. de celui proposition "La proposition la définit ainsi elle elles "interrogatives". , , sen s "La qui est jugement sur soit qu'il doute sur soit qu'il soit incertain sur De nature de la relation du sujet à l'attribut" (ibid.). la cette définition découle une sorte de classification des questions; les interrogations portent soit sur le sujet la terre?"), soit sur l'attribut l'Eglise sur le culte des saints?"), du sujet à l'attribut exemples générale) Logie sont que [1947]) une celle de Beauzée) . il, ("Quelle est la soit enfin sur la nous verrons plus Reichenbach a proposé loin (El ••• nts et de relation (Les (Conclusion of Sy.bolie classification des questions très semblable à Mais la proposition interrogative, n'intéresse le grammairien que par occasion, doctrine doctrine ("Dieu veut-il la mort du pécheur?"). de Beauzée; H. ("Qui a créé le ciel grammaticale étant constitué 396 par ajoute-t- le coeur de la l'analyse de la proposition expositive Tout ce qu'enseigne la grammaire est finalement relatif à la proposition expositive dont elle envisage sur-tout la composition s'il y a quelques remarques particulières sur la proposition interrogative, j'en ai fait le détail en son lieu (ibid.), Beauzée considère en effet les propositions interrogatives des phrases directement elliptiques, "puisque les mots l'interrogation y sont qui comme exprimeroient (ibid. , sous-entendus" p. 591) , Dans l'article "Interrogatif" précise quelque peu le proposition interrogative l'Encyclop'die, de "sens" particulier Beauzé e associé "Une proposition est à la interro~.tiv., lorsqu'elle indique de la part de celui qui parle, une question plutôt qu'une assertion", Il n'y a pas, pour l'encyclopédiste, de mots proprement interrogatifs, en particulier pronoms interrogatifs ("combien", ces mots les soi-disant "pourquoi", "quel", etc,), car assertions peuvent figurer dans des sans aucunement changer de sens, comme dans "Je sais combien coQ.te ce livre", "Je sais etc, pourquoi il ne viendra pas", marques auxquelles on reconnaît Quelles sont qu'une donc proposition interrogative? Beauzée les ramène à trois catégories les est 1) dans la langue parlée, le ton de la voix ou les circonstances du discours sont les indicateurs du sens interrogatif; dans la langue écrite, c'est le point d'interrogation; 2) 397 l'ordre des mots, c'est-à-dire l'inversion simpl es) du pronom personnel et du verbe ou du pronom et composé s) toute-fois, inversion ne de l ' auxiliaire (dans temps les (dans temps les lorsque le verbe est au subjonctif, cette marque pas une interrogation, "mais une simple hypothèse, ou un désir dont l'énonciation explicite est supprimée par ellipse", (comme "Vinssiez-vous à bout de votre dessein " qui se " Je met pour dessein", suppose que vous vinssiez avec des interrogation, verbes l'indicatif, point une mais une assertion ("en vain formerions-nous les sont interrogatifs l'antécédent, verbe à en auss~ 3) enfin, les prétendus fait le signe qui sous-entendu, s'il étoit énoncé". devient, n'indiquent d'une exprimeroit Ainsi, une fois l'ellipse comblée, pronoms ellipse "c et an té cé dent est le complément et l'interrogation livre?" votre etc.). Quelquefois, ces inversions, les plus vastes projets", etc.) d ' un de ou "Puissiez-vous être content!" pour "Je souhaite que vous puissiez être content", même bout à de grammatical directement "Combien coQ.te ce , 'Apprenez-moi le prix que coûte ce livre", où "prix" est l'antécédent en question, complément d'objet du verbe "apprendre", en général, retrouver chez quel est l'antécédent qui doit être Gregory) détermine, suppléé Notez que le verbe qui une phrase "pleine", "directement" Le contexte pour exprime l'interrogation est un verbe à l'impératif (Nous verrons plus loin que l'impératif (comme est mode "direct", contrairement au subjonctif et à l'optatif). 398 un Beauzée procède à une critique en règle de la conception du verbe de Port-Royal. Royal avaient 1 ' idée de Il prétend que les grammairiens entrevu sa conception du verbe l'affirmation; distinctement, ma1s ils affirme-t-il, intellectuelle, en n'ont l' idé e de Port- s'arr~tant pas de vu à assez l'existence et leur conception du jugement ne lui semble pas des plus justes. À la conception du verbe des Messieurs, Beauzée adresse cinq remarques critiques. S1 l'affirmation est Premièrement, parle, un acte de celui qui et si le verbe est un mot déclinable sujet aux lois de la concordance relativement au sujet auquel on le rapporte, alors le .st affirmAtion première? p.tr«s dans .st .ffir•• ns puisqu'il est Beauzée en Il c'est qu'il mon marquer à la troisième personne, conclut que peut se rapporter à moi, peut-il comment et non à la est [s] i quelque chose dans exprime l'existence d'une troisième personne dans mon antandement; ce qui rend en effet mon jugement, confirme ce que j'ai avancé de la Oc nature du verbe" (ibid., p. 397). La seconde remarque d'affirmation. Àrnauld l'affirmation du particulier (le et locuteur verbe .tre) porte Lancelot doit encore ont être tort exprimée L'affirmation est 399 notion la sur de penser par que mot un opposé e à la négation, certes; grammatical" la l'affir •• tion est chaque mal.s notion la Beauzée propose d'affirmation (ibid., destruction" et simple position de & que la nlgation en est, mot, p. 398). d'étendre "dans avance l'idée la "que signification en quelque le manière, de la Ainsi, l'affirmation se manifeste simplement dans l'acte même de la parole; on n'a donc pas besoin, dans aucune langue, l'affirmation. non doctus; sensible .udio: non audio, etc.). Par "si tout mot est affirmatif par sa l'.ffir.ation rendre Par contre, on a besoin d'un tel mot pour marquer la négation (doctus: conséquent, d'un mot particulier pour nature, comment peut-elle être le caractère distinctif du Verbe?" (ibid.) . Beauzée reproche ensuite à la définition du verbe de Royal ("un mot l'affirmation") de restrictions. dont le princip.l us.g. est de Port- signifier d'engendrer un trop grand nombre d'exceptions et En outre, cette définition exclut les modes autres que l'indicatif alors qu'une définition adéquate du verbe devrait tenir compte de toutes les formes verbales modes, sans exception, ont été, dans tous les temps les langues cultivées, "Tous les & dans toutes réputés appartenir au Verbe & en être des parties nécessaires" (ibid., pp. 399-400). Cela vaut également de l'infinitif et du participe; les participes étant assimilés à des "noms adjectifs", et les infinitifs à des noms substantifs, sauf lorsqu'ils retiennent l'affirmation ... 400 Aux yeux de Beauzée, tant d ' exceptions rendent suspecte la définition des Messieurs. Beauzée, contrairement à la plupart des grammairiens philosophes, traite est l'infinitif et le participe comme des formes verbales; il par là plus près de la tradition grammaticale qu'il Cpp. 399-400) système et des grammaires scolaires, des modes, substantifs, et même si, dans son classe des adjectifs. Les il rapporte les infinitifs à la les participes infinitifs et les participes, à celle des invoque sans cesser d'être verbe, font le même effet dans la phrase que les substantifs et les adjectifs. Beauzée trouve encore défectueuse la définition de Royal, parce que l'affirmation peut être signifiée par autres espèces de mots, Ilaffirmation" , comme "affirmer", "affirmativement", Port- plusieurs "affirmatif", "oui"., etc. Beauzée sait bien que les auteurs qu'il critique distinguaient l'affirmation conçue l'affirmation produit. Cactus significatus/actus cette dernière étant caractéristique du verbe. c'est là "se payer des mots", et il estime que de exercitus), Mais le pour besoin recourir à cette distinction pour rectifier leur définition une preuve que cette définition est au moins louche" (ibid., lui, de "est p. 400) . Enfin, parce cette définition souffre encore d'un défaut logique qu'elle n'énonce que la "différence 401 spécifique" (l' idé e d'affirmation) sans mentionner le "genre prochain". Dans définition de Beauzée, le verbe appartient à la même classe les expriment, adjectifs qui eux aussi, des la que "@tres indéterminés"; cette classe (l'union des verbes et des adjectifs) , constitue le genre prochain. soumis Les adjectifs comme les verbes sont aux lois de la concordance en syntaxe qui exigent soient unis aux sujets auxquels on les applique, et c'est par là qu'ils perdent leur "indétermination". ce qui distingue l'existence Cette attribut. les verbes des intellectuelle conviennent idé e qu'ils adjectifs, sujet d'un doit @tre La différence spécifique, c'est avec relation "la source des exclusivement à l'espèce" (ibid., l' idé e à de un propriétés qui p. 404) et il aj oute On verra en effet, quand il sera question de syntaxe, que c'est sur ce fondement que porte la distinction des modes, qui, en multipliant les usages du Verbe dans le discours, justifient de plus en plus le nom que lui ont donné par excellence les grecs & les romains, & que nous lui avons conservé nousm@mes (ibid., p. 404). (Pour les grammairiens gréco-latins comme pour les philosophes, le verbe est en effet "le mot grammairiens par excellence", l'''âme du discours"). Beauzé e suit encore la tradition en distinguant "substantif" des verbes "adjectifs"; 402 le verbe il préfère toutefois parler du verbe "abstrait" renfermant dans et des leur "concrets", signification, l'existence intellectuelle, déterminé, qui n'est substant i f ou abstrai t" verbes "l'idée point en plus de accessoire comprise dans ces derniers l'idée d'un celle de attribut du Verbe Ci bi d., p. 407). Les verbes "concret s" se décomposent, suivant la tradition, en verbe abstrait + participe présent. Le système des modes de Beauzée est exposé dans sa Sr •••• ir. g4n4ral. et dans l'article "Mode" de l'Encyclop'di. Les (:5) modes sont soit personn.ls, soit i.p.rsonn.ls. Seuls les premiers servent à former jugements. respectivement, adjectifs. (indica tif, optatif) . impersonnels, Les appartiennent, des des propositions, Les modes impératif, Enfin, et donc infinitif à exprimer et participe, à la classe des noms et à personnels se conditionnel) des divisent en celle dir.cts et obliqu.s (subjonctif et les modes se divisent encore en modes purs ou fondamentaux (indicatif, (impératif, suppositif contrairement aux mixtes, infinitif et et subjonctif) et .ixtes modes purs, participe) les n'ajoutent aucune idée accessoire à la signification "formelle" ou "spécifique" du verbe. Les modes directs servent à former la proposition princip.l. que l'on veut exprimer. L'indicatif 403 exprime purement et simplement l'existence intellectuelle d'un sujet avec relation un attribut; " formelle" l'impératif le fait en ajoutant à la ou "spécifique" du verbe l'idée volonté de celui qui parle; en ajoutant l'idée accessoire d'une subjonctif "jugement qu'il est un mode oblique accessoire" ne sert à et former, comme sorte d'accusatif. parce qu'il de préalable. n'exprime qu'une que signification accessoire; préservent noms dans les les cas parce proposition complète, d'ailleurs obliques mê!me, particulière. jugement) Cette flexions casuelles, en y analogie ajoutant une la idée modale (qui exprime idée entre les modes noms, une les verbes porteurs d'une flexion la signification du verbe à l'indicatif un les préservent exprimée par le nominatif en y ajoutant de Le qu'un et n'est qu'une partie d'une proposition Beauzée compare la suppositif), modales des verbes et les flexions casuelles des observant alors supposition le plus souvent, qui flexions (ou " subordonné au principal", incid.nt., une signification accessoire et le conditionnel à accessoire verbaux et les que nous avons rencontrée chez Périzonius et entrevue dans la 9r •••• ir. de Port-Royal et chez Du Marsais, nous la retrouverons encore chez Destutt de Tracy. Les modes purs ont un caractère plus "fondamental" que autres modes; verbe; ils sont "plus nécessairement liés à la nature puisqu'on les trouve dans toutes les accordé au verbe des changements de formes." 404 langues qui les du ont (9r ••• aire g'n'rale, Livre III, chap. le même cas, pour les n'ont pas tandi s que n'ont conditionnel, Les modes l'ajout pas mixtes dit Beauzé e, p. subjonctif, 344); le ou "est tronqué l' hébreu et latin se distinguent donc les uns de n'a pas de etc. d'une idée accessoire au jugement principal exprimé par Dans l'article "Mode" de concernant ont les modes mixtes plusieurs un .od. interrogatif, donc non la même à possible par etc.". Les tous les pratiquement l'exception Beauzé e espèce, un .od. concessif, la capacité d'exprimer déclaratifs, l'Enc'lclop~ditt, "il auroit été .odtts de autres des le par exemple, énoncé s (ibid., d'optatif autres d'introduire modes conditionnel, peu de langues ont un optatif comme le grec, l'énonciation. ajoute, de de l' impé rat if, partout de diverses manières" suédois Les modes mixtes ne sont pas dans car plusieurs langues ayant des flexions verbales modes subj onct if, VI, p. 343). peut-être des interjections. nous devons Avant d'examiner brièvement les modes un à un, rappeler rapidement la et théorie de la en particulier sa conception des signification de inflexions Beauzée, morphologiques, afin de déterminer quelle partie de la signification "totale" verbe est affectée ou modifiée par les modes. d'un mot est sa "signification totale"; La du signification celle-ci se divise en signification "objective" et signification "spécifique", ces deux types de signification se divisant à leur tour en idée principale 405 et idé e acc es s oire . La signification objective d'un mot est le contenu sémantique (idée principale) qu'il partage avec d'autres mots "amour" , de différentes espèces, "aimer", comme "amitié", "amicalement", "amical", etc. mots, ~., La racine commune de ces est "le type de l'idée objective" de tous ces mots, est celle de ce sentiment affectueux qui lie bi envei llanc e" diverses "ami", (9ra •• aire inflexions Livre hommes III, "aspect particulier par la Les 346) . p. que reçoit cette racine ajoutent d'un l' idé e objective g~n~rale, les qui qui l' idé e à fait la signification formelle ou spécifique de chaque mot et en vertu de quoi est un verbe, ai.~r un a.ic~l concret, ~.iti~ un nom abstrait, & a.icale.ttnt adjectif, signification spécifique (ou formelle) présente sa signification (d'une parlants un un adverbe". objective à nominale, l'esprit verbale, des suj et s adjectivale, la signification spécifique les mots de cette espèce; l' idé e La est la manière dont le mot celle d'une classe particulière de mots et est la même tous nom etc.). Cette significati"on est "spécifique" car elle adverbiale, est manière a.i fondamentale et expression représentant la fonction cette idée est susceptible syntaxique d'être modifiée pour est d'une par différents "sens accidentels" (idées accessoires) marqués par les flexions pour le genre, et le mode. objective L'ajout d'un sens accidentel à une expression selon cependant, et le nombre, le cas, la personne, le temps pas Bartlett seulement <.) la modifier signification la signification formelle exemple, dans le cas des marques pour le genre et le nombre) 406 peut (par Les modifications de la signification objective s'expriment adverbiales etc.) . habituellement par des adverbes ou ("aimer peu", "aimer beaucoup", des d'un mot expressions "aimer tendrement", Il n'en va pas de même pour les modes verbaux il est évident que ce ne sont pas des modifications de cette espèce qui caractérisent ce qu'on appelle les .odes des verbes, autrement chaque verbe auroit ses .0des propres, parce qu'un attribut n'est pas susceptible des mêmes modifications qui peuvent convenir à un autre ce qui caractérise nos .odes n'appartient nullement à l'objet de la signification du verbe, c'est à la forme, à la manière dont tous les verbes signifient. Ce qui constitue les .odes, ce sont les divers aspects sous lesquels la signification formelle du verbe peut être envisagée dans la phrase. (Art. "Mode" de l'Encyclop4die) . Plus que tout autre sens accidentel des verbes, " semblent moins aux remarque tenir de plus près vues de celui qui s. l'intentionnalité Auroux, du les aux vues de la (art. parle" modes sujet parlant Grammaire, (Gr •••• ire g'n'rale, Livre III, p. 206). 407 Comme le davantage à cit.) "un système de temps qui lui *** du ("Actes de pensée op. modes ou " Mode") . tiennent linguistiques dans la Grammaire Générale", chaque mode détermine les et j est actes de plus, propre" Dans sa 6ra •• aire g~n~rale, chaque mode pour lui-même, du français. le fait Beauzée examine longuement mais en se limitant surtout aux modes Nous savons déjà que l'indicatif se caractérise par qu'il exprime purement et directement l'existence intellectuelle d'un sujet avec relation à un attribut. A ce mode, le verbe est fondamentale" ajoutent verbe. une utilisé selon (ibid., p. sa 208) signification "essencielle & tous les autres modes personnels idée accessoire à la signification spécifique du L'indicatif se distingue de ces autres modes "mixtes" en admettant toute la variété des temps verbaux. C'est aussi un mode direct, car il est destiné à l'expression immédiate de la pensée (jugement) principale que l'on se propose de pourquoi il est, vérité , .ptus par excellence, comme l ' appelait sci~ntiis, manifester. le mode de la science et de la Scaliger au XVI- siècle solus pater C'est v~rit.tis) (sol us .odus . *** L'impératif énonce directement l'existence d'un sujet signification volonté 211) . ne avec relation spécifique à du un verbe attribut "l'idée en intellectuelle ajoutant à la de la (ibid., p. accessoire de celui qui parle ou qui est censé parler" Ce mode n'a pas de première personne du singulier, car "on se commande pas proprement à avant lui Arnauld et Lancelot. soi-m~mell, comme l'avaient Il n'a pas non plus de 408 dit troisième personne; nous subjonctif employons pour cela les temps ("qu'il lise", , 'qu' i l a i t lu"), correspondants du et alors, nécessairement une ellipse (" [je veux] qu'il lise", qu' i l a i t lu' ') . Lorsqu'il traite du subjonctif, il y a " [j e dé sir e ] Beauzé e, par prolepse, prévient une objection disant que ces suppléments font disparoître le sens impératif, que la forme usuelle montre nettement; donc ils ne rendent pas une juste raison de la phrase. Il me semble au contraire que c'est marquer bien clairement le sens impératif, que de dire j~ veux, j . d'sir., j . conseill~, &c. puisque c'est expliquer positivement la volonté de celui qui parle ou qui est censé parler, en quoi consiste proprement les en s i mpé rat if. (1 b id., p. 252). Contrairement aux autres modes personnels, l'impératif, c'est français, n'est pas marqué par des flexions particulières; plutôt suppression la des pronoms personnels de la deuxième personne du singulier et des deux premières personnes du qui est la suffit Beauzée pluriel impératif", "forme caractéristique du sens "pour constituer un Mode particulier" (ibid. , et p. s'en prend aux grammairiens (comme l'Abbé Régnier) abusés par la grammaire latine, en ont voulu retrouver en qui 212) . qui, français un futur au mode impératif ("tu liras", "il lira", "nous lirons", etc.) . arrive Ce futur, que nous en fait, utilisions est celui de l'indicatif, le futur de c'est le plus souvent par figur. commander, l'indicatif s'il pour ("par énergie ou par euphémi sme") on s'abstient de la forme impérative par énergie, quand l'autorité de celui qui parle est si grande, ou quand la justice ou la nécessité 409 et Ott> ap :J.1JJns t1,nb l'indiquer pour en attendre l'éxécution & pour affirmer qu'elle aura lieu". (Ibid., p. 213). On s'abstient de la forme impérative par euphémisme, ou afin d'adoucir, par un principe de civilité, l'impression de l'autorité réelle, ou afin d'éviter, par un principe d'équité, le ton impérieux qui ne peut convenir à un homme qui prie. (Ibid., p. 214). Dans l'article "Impératif" de l'Encyclop'ditt, Beauzée signale que si l'on c'est peut quelquefois mettre l'indicatif en partie "directs" parce (qui expriment que le ces deux pour modes l'impératif, sont jugement principal des modes (ou forment la proposition principale) que l'on se propose de communiquer. Si la langue française n'a pas, comme la latine, de futur pour l'impératif, elle a cependant, c 'omme la grecque, un prétéri t ("Ayez lu renvoie ce livre à mon retour!"). forcément l'action commandée, peut ~tre Même à quelque chose qui n'est si le pas commandement encore fait, qui est postérieure au moment où l'on parle, envisagée comme passée, doit suivre l'acte de parole. ou antérieure à une époque qui Ainsi, .yez lu exprime l'action de lire comme pas sé e rela t i vement à une époque posté r i eure à l'acte de parole. L'impératif peut exprimer, commandement, un dé sir, une 411 selon les permission, circonstances, un conseil, un une exhortation, une prière, un avertissement, ou un consentement. Il est curieux que cependant Beauzé e, impératives à la troisième personne, l'ellipse; il ne dit jamais, sauf pour à par exemple, alors qu'il dit clairement propos ellipse des suppléments que "Lisezl" est une expriment etc.] que vous personne, justifier le subjonctif du aj outé s verbe), "clairement le qu'il et y que exprime sens impératif". directement l'existence intellectuelle avec relation à un attribut; sujet avec relation jugements à s ' expriment "expositives" un attribut des d'être Beauzée écrit propositions, des vous un est littéralement sans que nous COHPREHIOHS, dans vraies ou "En effet, ~URIEZ énonciations conditionnel (suppositif) jugement, il est l'une jugement " prédication" , bien, Beauzé e comme fausses. Di~u raison, EST de s. 't~rnel, au subjonctif mais pour équivaut comme l'affirme Nuchelmans l'écrit Dans jugemens". une cela est moins évident. "jugement" (1983, Auroux à propos de la ou d'un phrase De deux large du pratiquement à pp. 96-97), ou conception "(tJout énoncé complet possède une valeur de 412 les RETIRE-toi, sont complettes facile d'en convenir; laquelle et propositions ou bien Beauzée a une conception très dans sujet soit une énonciation compl'te impérative comme "Retire-toi!", choses d'un jugement des Qu'une phrase dont le verbe est à l'indicatif, au mode or, l'existence intellectuelle d'un susceptibles l'article "Mode", a les L'impératif est pour lui un mode "direct", c'est-à-dire, un qui à (nous l'avons vu plus haut) impératifs à la troisième (pour formes n'ait aucunement recours forme elliptique équivalente à "Je veux [ordonne, lisiez", les de vérité " ("Act es de pensé e op. Gé né ra le" , et actes cit ,) , linguistiques dans la Grammaire et dans ce cas, les phrases impératives, comme les interrogatives, sont elliptiques ou possèdent forcément des équivalents Reichenbach) , et plus Cette seconde conforme philosophes par "expositifs" à ce (ou que la tradition des logiciens "Les modalités, ne sont pour lui que des déterminations mode dirait et laquelle se rattache explicitement Beauzée) entend (à du jugement porteur de vérité" (ibid.), que comme interprétation me paraft préférable "jugement" et "proposition", Auroux, "cognitifs" "direct" , exprime écrit encore supplémentaires Si l'impératif, en tant directement le jugement ou la proposition principale que l'on se propose de manifester, il faut bien que jugement ce correspondante) soit (ou proposition la implicitement "contenu" expositive dans la forme impérative, et qu'il soit possible de le rendre explicite par les procédures habituelles de "résolution", Et si l'impératif ajoute spécifique du verbe "l'idée accessoire de la à la signification volonté de celui qui parle", cet ajout devrait pouvoir s'analyser (s e dé c ompos er) forme d'une sous la "expositive", proposition Antoine Court de Gébelin, qui s'inspire largement de Beauzée dans sa théorie des modes, réduction n'hésitera pas, lui, à faire cette "l'Impératif, écrit-il, n'est qu'une forme elliptique substituée à une phrase composée de ri en de pl us" d'effectuer l'hyperphrase (/fonde Pri.i ti f, la résolution "Je veux" deux 1774, p, 409 de la phrase (ou "J'ordonne", Verbes, (7'»), & qui ne dit Si nous t ent ons impérative "Lisez!", " Je dé sir e" , etc ,) , exprimant directement "la volonté de celui qui parle ou est censé 413 parler " , exprime-t-elle incidente? alors une proposition principale l'hyperphrase exprime directement un ajout Si signification spécifique du verbe à l'indicatif, une proposition proposition mais le dans incidente constituant une à on peut y partie mode " oblique" et le jugement principal la lisiez") , verbe de la clause suivant l'hyperphrase apparaît un que alors l'on propose de faire connattre n'est plus exprimé "directement". Auroux note que chez Beauzée, détruit la modalité" (ibid.), "la restitution de la vo~r de expositive obtenue ("[J'ordonne] que vous ou se M. l'hyperphrase et qu'en substituant "l'indicatif à l'impératif 'on fait disparattre le sens accessoire impératif'" (Auroux citant Beauzé e) . l'encyclopédiste, II[l]a Il conclut marque de la modalité c'est pas l'hyperphrase ll et qu'il n'y a pas, explicite. que a~ns~ l'ellipse, de performatif chez lui, Les Ilvues de celui qui parle ll chez (art. IIMode ll ) autre que le jugement ne trouvent donc à s'exprimer que par l'effacement ou l'ellipse de l'hyperphrase qui signifierait les directement. Pourtant, dans le passage cité plus haut, Beauzée affirme que les hyperphrases Ilje veux ll , clairement le sens 11 j e dé sir e 1 l , incidentes introduites assimilées qui, par Par impératif. sl.iotiqa. d.s Encyclopldist.s, p. chez Port-Royal, Ilque ll ) , Ilje comme conseille ll , ailleurs, marquent Auroux (La 95) note que les propositions modifient la Ilje soutiens copule que .. II par Beauzée aux relatives introduites par le Ilqui ll et ne sont donc pas rattachées aux verbes, (celles ma~s sont relatif plutôt au sujet ou à l'attribut de la proposition, ce qui semble bloquer la résolution. Il semble donc que les positions de Beauzée, 414 en. ce concerne l'impératif, manquent quelque peu de clarté ... *** Le conditionnel ou " suppositif" Girard) mixte. est, j~ p. au même titre que l'impératif, Il est direct, proposition car Il spécifique est du supposition c~ un mode direct et "il peut constituer par lui-même la livre." (6ra •• ~ire mixte, verbe, car il l'idée g4n4ral~, ajoute accessoire "il n'énonce l'existence que supposition particulière j~ l'Abbé principale ou l'expression immédiate de la pensée lirois volontiers 225). (comme l'appelait à la Livre III, signification d'hypothèse et dépendamment je lirois volontiers cet de d'une ouvrag~, si l'avois." (Ibid.). Beauzée discute abondamment les errements des grammairiens qui l'ont précédé à propos de ce mode qui ne se trouve que les langues modernes et pour lequel la grammaire dans gréco-latine n'est d'aucune utilité. Il y a d'abord ceux qui, comme Buffier et Restaut, rapportent les temps du conditionnel à l'indicatif les décrivent comme des "temps incertains", Destutt de Tracy qui les décrit, "imparfaits entre "un des temps à venir". Mode qui exprime 415 et comme le fera encore dans sa 6ra •• ~ir~, Beauzée voit là une l'existence d'une comme des confusion manière conditionnelle, avec un autre absolue" (Gr •••• ir. g',,4r.leo, qui l'exprime d'une Livre III, p. 225). L'indicatif et le conditionnel sont deux modes personnels directs, sans doute pour lui la source de la confusion, trouvant dans l'idée manière accessoire ajoutée et c'est là la distinction se au verbe par le suppositif, un mode mixte, l'indicatif étant un mode pur. D'autres grammairiens rapportent les temps du conditionnel au subjonctif (nommément l'Abbé Regnier et La Touche) . par exemple, décrivait "premier futur" du subjonctif", du "je ferais" comme le et "j'aurais fait" comme le "second futur subjonctif. Cette opinion, selon Beauzé e, p. semblent pour n'ont 227) . convenl.r Parce que "je ferais" et "j'eusse fait" pas imaginé que notre langue puisse avoir que la langue latine. franç oi s e" fait" ces , Ild' une Ilj' aurais aussi bien que "je fisse" et rendre le latin "facere. 11 et "feciss •• II composé" provient application gauche de la Grammaire latine à la langue (ibid. , Regnier, grammairiens d'autres modes C'est pourtant là, pour Beauzée, confondre un mode direct et conditionnel avec un mode oblique et absolu; et il ajoute "il n'est pas possible qu'un seul & unique mot d'une autre langue réponde à deux significations si différentes elles dans la n8tre, à moins qu'on ne absolument barbare & informe" Beauzée explique suppose cette entre langue (ibid., pp. 226-227). ainsi la 416 genèse du conditionnel en il français était possible, en latin, elliptique en employant le subjonctif, esse. (Ovide), erat ita français, d'utiliser comme si un posse., sanior si Cres la phrase "pleine" correspondante étant ut] posse., Cres est ita ut] esse. tour sanior; mais l'usage ne nous permet pas de dire elliptiquement en "si je pusse, je fusse plus sage", et nous devons alors avoir recours soit "l'ennuyeuse circonlocution du tour analytique" à chose étoit de manière que je pusse, ("si la chose est de manière que je fusse plus sage"), soit à la formation d'un mode nouveau goat de la brièveté, notre choix; & nous disons par le Mode Suppositif, je Suppositif, p. (ibid., s~rois La nécessité ayant une fois établi ce l'analogie 230). "le éclairé par celui de la précision, a décidé sage si je pouvais. du la lui a accordé tous plus temps les autres .. " Tous les temps du suppositif sont indéfinis, c'est-à-dire, ne tiennent à aucune époque particulière et peuvent être rapportés tantôt à l'une, tantôt à l'autre. Ain si, da n S i l j e me serais révolté si je m'en étais senti la force", "serais" est employé comme un prétérit, tandis que dans "je partirais si j'en avais les moyens", il est plutôt employé comme un demain temps futur, etc. *** Le subjonctif "présente la proposition comme incidente & subordonnée à une autre" 417 qui en (ibid., p. 241) résulte Mais contrairement aux trois modes précédents, le subj onct i f ' 'ne peut constituer par lui-même la proposition principale ou l'expression i mmé dia t e oblique. de 1 a pen sée ." Il s'agit (1 b id.) . C'est aussi un mode mixte, fondamentale du verbe il donc "puisqu'à la ajoate l'idée peuvent ("Achetez subordonné es livre constituer des que je lirais subjonctif ne peut plus jamais, propositions volontiers", lui, constituer principale que l'on se propose d'exprimer; sert à former laquelle d'une incidentes et "Vous tenez le etc.) mais le la proposition la proposition qu'il "est nécessairement subordonnée à une autre, laquelle elle est incidente, à signification L'indicatif et le le livre que j'ai lu", le mode accessoire proposition incidente et subordonnée" (ibid.) suppositif d'un dans sous laquelle elle est comprise, elle est jointe par un mot conjonctif" (ibid., & p. 249) . Cette conjonction est déterminative et exige un antécédent que modifie (ou détermine) subjonctive (ibid., p. 250). au subjonctif que les la proposition incidente ou Cette conjonction est si nécessaire grammairiens qui ont plut8t choisi d'appeler ce mode "conjonctif" n'étaient pas, selon Beauzée, sans avoir de bonnes raisons Partout où l'on trouve le Subjonctif, il y a, ou il faut suppléer une conjonction déterminative, qui puisse attacher la proposition incidente caractérisée par ce Mode, à un antécédent dépendant d'une proposition principale. En latin, c'est la conjonction ut; en 418 françois, c'est que; & chaque langue a la sienne exclusivement destinée à cette sorte de service, nonobstant les assertions des grammairiens, qui en indiquent ordinairement plusieurs autres comme régissant le Subjonctif. (ibid., p. 253). (Nous verrons développera plus loin (chap. un théorie de la conjonction que qui germe de t out es 1 es autres", Comme 6r~ veniez d'arriver", de en Tracy fait "le •• ~i rit, p. 145). les temps du suppositif, également (pour la plupart) vous dixième] que Destutt indéfinis. ceux du Dans Il subjonctif sont je ne croi s pas que "veniez" est utilisé comme un présent, alors que dans "je ne croirai pas que vous veniez d'arriver", s'agit plutôt d'un futur; vinssiez d'arriver", mais dans "je ne croyais pas que nous avons Beauzée appelle "défini antérieur". ici affaire à un il vous temps que Il ajoute cependant que m~me dans ce dernier cas, l'indétermination est possible et qu'au fond tous les temps du subjonctif peuvent ~tre considérés comme indé finis. *** L'optatif n'est pas traité dans la n'en 6r~ •• ~ir. est question que brièvement et en passant dans g'n'r~IIt; la il section consacrée au suppositif, car l'optatif grec peut quelquefois être rendu en franç ai s par le suppositif. 419 Mais on trouve dans l'Encyclop~die doute un bref article signé "N.E.R.M." (le "N." est sans pour "Nicolas") qui lui est consacré. mode personnel & oblique, d'un souhait". qui renferme en soi l'idée être est un accessoire Il dit aussi qu'''[u]ne proposition optative, celle qui énonce un souhait, un désir vif". donc "L'optatif est Une proposition peut optative sans que le verbe soit marqué par ce mode, lorsqu'elle est précédée de la formule "Fasse le Ciel" ou "Plat à Dieu" (en latin Utina.). Comme le subjonctif, il s'agit d'un mode oblique qui ne sert qu'à former des propositions subordonné es, et qui ne sont qu'une partie incidentes de la et proposition principale. Mais, ajoute l'auteur, ce mode est "doublement mixte, puisqu'il ajoute à la signification totale du subjonctif, (cf. aussi l'art. l' idé e "Mode") , en plus d'y ajouter l'idée accessoire (qu'il a en commun avec le subj onct i f) accessoire d'un souhait" d'une proposition incidente et subordonnée. *** L'article "Interjection" de l'Encyclop4ditt (signé B.E.R.M.) débute par une suite de citations empruntées aux Obsttrvations sur les langues pri.itives du Président Charles de Brosses. Beauzée insiste, comme l'Abbé Regnier et de Brosses avant lui, et Destutt de Tracy après lui, interjections par la nature, sur le caractère "naturel" et "primitif" des "Les interjections sont des expressions & qui tiennent à la 420 constitution dictées physique de l'organe de la parole". Elles peuvent exprimer, selon le cas, des sentiments de douleur, de joie, essentiellement indéclinables, d'admiration, etc. Elles sont et parce qu'elles constituent en quelque sorte le langage du coeur plutôt que celui de l'esprit et que la grammaire ne s'occupe que de ce dernier, des diverses espèces d'interjections "est absolument inutile la distinction au but de la grammaire". *** Puisque les modes impersonnels (infinitif et participe) servent aucunement intéressent suffit, guère à l.Cl. former des propositions, et ce que nous en avons pour l'essentiel, ils dit ne ne nous plus haut à faire voir la place qu'ils occupent dans le système des modes de Beauzée. *** 421 NOTES (1) On se rappelle que pour Du Marsais, "Le verbe est le signe de l'existence réelle ou imaginée du sujet de la proposition, auquel est liée cette existence et tout le reste ... "; "et tout le reste", c'est-à-dire, un attribut particulier, et l'action de l'esprit ou l'énonciation. L'existence réelle ou imaginée est devenue, chez Beauzée, l'existence intellectuelle. Sahlin (op, cit., 1928, p. 311), écrit "Beauzée consacre tout l'article l de son chapitre sur le verbe à développer la thé ori e de Du Marsai s ... " . En dépit de différences majeures que nous marquerons plus loin, la filiation paraît évidente. (2) Nuchelmans (op. cit., 1983, p. 95) rapproche l'existence intellectuelle de Beauzée de l'esse obiective des médiévaux "Beauzée takes existence in the sense of esse obiective, that is, as the existence which the objects of acts of thinking have in the understanding as long as they are conceived of. On his view, the personal ending of a finite verb points to a person or a thing that exists only in the weak sense of being actually conceived of as that which is the subject of the attribute denoted by the verb as such". (3) Pour un examen détaillé de cette controverse entre les deux grammairiens encyclopédistes, cf. Auroux, op. cit., 1979, pp. 92 et suiv.. Beauzée, en s'écartant de la théorie classique des actes de pensée, refuse d'admettre que la vérité d'une proposition dépende d'un acte de l'esprit qui la mette en rapport avec la réalité. Il n'y a plus pour lui de distinction entre l'acte de pensée, et l'objet "immédiat" de cet acte, c'est-àdire entre le .odus et le dictu.. Les incidentes introduites par le conjonctif qu. ne sont plus rattachées à la copule; elles sont plutôt, selon Auroux, assimilées aux relatives introduites par "qui". Auroux signale (p. 95) que cette solution est plus "faible" que celle de Port-R'oyal et Du Marsais, et qu'elle conduit à des difficultés. (4) Le fait que Beauzée en appelle aux logiciens et métaphysiciens pour sa conception du jugement me paraît aller à l'encontre de l'interprétation proposée par Nuchelmans; celui-ci écrit "It is clear that Beauzée tended to give the word juge.ent a broader sense than it normally had. In his usage, the word applies indifferently to aIl the various views that the mind 422 can take of a predicative conception of a subject and an attribute that is the common object of aIl those attitudes is viewed in pure form by a judgment in the narrow sense, which is expressed by a sentence with an indicative verb, while the other views, which ~re associated with the non-indicative moods, mix the consideration of the predicative conception with various other ideas. By broadening the meaning of juge •• nt in this way Beauzée succeeded in reconciling the logicians's view that a proposition expresses a judgment with the grammarians' conception of a proposition as any group of words dominated by a finite verb, whether indica t ive or not I l . Pourtant, lorsque Beauzé e introduit les termes jug~.ent et proposition, c'est toujours relativement à des "connaissances", qu'elles soient "vraies ou fausses " , et la théorie du jugement qu'il reprend des plus grands " logiciens et métaphysiciens" (s'Gravesande, Àrnauld et Nicole, Malebranche) ne plaide pas beaucoup en faveur de l'interprétation de Nuchelmans. J'utilise ces deux sources, mais surtout la Sr •••• ire (Paris, Bardou, 1767) qui donne un exposé très complet de la théorie des modes; notez que Beauzée signe habituellement ses articles de l'Encyclop'die par les lettres "B.E.R.M.", sans doute pour "Beauzée, Ecole Royale Militaire"; mais on trouve aussi quelquefois "E.R.M.B.", ou "N.E.R.M". (5) g'n'r.I~ (6) Cf. Barrie E. Bartlett, B•• uz'~'s Sr •••• ir~ S'n'rale. Theory and Hethodology, Mouton, 1975, pp. 51 et suiv .. (7) Àntoine Court de Gébelim, Hond. pri.itif, .nalys' et co.par' I~ .ond• • od~rn~, consid'r4 d.ns l'histoir~ n.tur.II~ de la paroI.; ou Sr •••• ire Univ~rs.II~ ~t co.p.r4, Paris, chez Boudet, Valleyre, Veuve Duchesne, Saugrain, Ruault, 1774, p. 409. .v~c *** 423 CHAPITRE HUITIEME L'intérêt CONDILLAC que présente pour notre enquête les théories logico-grammaticales de Condillac tient surtout au fait qu'elles offrent, selon l'expression de M. Auroux, "un embryon de théorie ( 1 ) i 11 ocut oire" Nous l'avons vu au chapitre premier première partie, l'affirmation, de la pour lui, réside davantage dans la prononciation des mots que dans l'esprit du locuteur; affirmer est donc une action que nous ne pouvons accomplir qu'avec (ou avec des gest es dans les Ilpropos i t ions gest iculé es Il mots langage d'action), semble que (Sr •••• ire, Dictionn.ire nous p. du ou par la prononciation (ou l'énonciation) de en particulier les certains mots, des ne puissions 458) . Mais des synony.es (2) verbes pas car sans verbe, prononcer surtout, un "il jugement ll nous trouvons dans son des analyses d'un grand nombre de verbes illocutoires. Quant à la théorie des modes que l'on trouve dans sa Sr •••• ir. (1775), elle prend moins de trois pages et se limite aux modes du français. Si nous rangeons Condillac parmi les théories "réductionnistes" des modes d'énoncé, parce qu'il affirme à plusieurs reprises défenseurs c'est avant des tout (comme Beauzée avant lui un que "tout jugement ou une suite de jugemens. Or, un jugement exprimé avec Destutt de 424 discours est Tracy après lui), et des mots est ce qu'on nomme proposition. Tout discours est une proposition ou une suite de propositions. " p. donc (Gra •• aire, l, ix, 450). Les seules espèces de propositions qu'il distingue sont subordonnjes et les propositions principales, Les incidentes. propositions principales expriment le jugement principal que l'on se propose d'exprimer et ces propositions se caractérisent par le fait qu'elles font, elles à proposition principale est, latins, des auxquelles qui se un "sens selon l'expression des une oratio perfecta. propositions seules, fini"; une grammairiens Les propositions subordonnées sont rapportent elles sont "subordonnées"; subordonnées n'est pas un sens fini; à d'autres propositions le sens des propositions "il est suspendu, attendre la proposition principale" (ibid., p. 451) ; et fait elles ne font que développer les propositions principales auxquelles elles sont subordonnées, emp l 0 yé II, (i b id. , xxvi i, p. 506). Les propos i t ions inc ident es non à d'autres propositions, se rapportent, une expression; deux et c'est souvent ·à cela que le subj onct i f est comme dans la Gr ••• aire de il Y a, types d ' incidentes; et ne que font déterminé d'une expression. animal qui a si peu de consistance, sont dans le sens déjà bien "L'ortie de mer est un qu'il fond entre les mains " article "Proposition" du Dictionnair, des (exemple de Condillac, synony.,s) , "L'ortie de mer est un animal" principale, " qui a et tandis que les autres sont développer Ainsi, à Port-Royal, les unes sont déterminatives nécessaires pour faire un sens fini, explicatives mais à un mot ou si peu de est consistance" la proposition est l'incidente modifiant le mot "animal", et "qu'il fond entre les mains" est la 425 subordonné e . Par "espèces de proposition", on voit que condillac n ' entend pas la même chose qu'un Harris qui, tradition aristotélicienne, discours". se situant dans différents distinguait "genres de Les propositions peuvent également être "simples" "c omposé es" ; simples, lorsqu'elles qu'un n'ont la sujet ou et un attribut; composé es, lorsqu'elles sont l'expression abrégée de plusieurs jugements, comme la "Jules et Ursule allèrent à campagne" . On ne trouve pas, pensé e relativement 6ra •• aire philosophes qui s'en grammairiens l'interrogation, de théorie des actes de l'interprétation à la Dans déclaratifs. chez Condillac, de des Port-Royal inspirent, la concession, etc., 1e énoncés non et les chez commandement, sont des actes de pensée; chez Condillac, ce sont d'abord et avant tout, à ce qu'il semble, des actes linguistiques certaines phrases. Dans l'esprit, lesquelles nous percevons, disconvenancej l'énonciation accomplis par tout le de phrases. est convenance action d~action de ou une par accomplie cadre Ce qui s'explique en partie par le fait que tout langage dérive pour langage moyen une de entre Condillac déborderait ainsi le des théories idéationnelles du langage. être "prononciation" il n'y a que des idées en jugeant, reste la peutlui du le langage .st d'abord action avant d'être un représenter la pensée. Pour Condillac Wittgenstein qui faisait sien le mot de Goethe 426 comme pour "Au commencement était l'action" <3'. C'est peut-@tre aussi pourquoi il fut, qu'aucun autre grammairien philosophe, des actes que les le analyses sensible langage permet d'accomplir, que nous trouvons dans à plus la diversité comme le montre Dictionn.ire le des synony.es. Nous exposerons, dans l'ordre, la théorie du jugement, celle du verbe, celle des modes, et enfin les analyses des verbes illocutoires du Dictionn.ire des synony •• s. *** l'Ess.i Dans (1746), Condillac sur l'origine soutient des connoissances encore la thèse Locke laquelle il y a deux sources à toutes sensAtion qui fournit réflexion sur les opérations de notre esprit que les "occasionnent" (1754) , il nous en nous. Mais nos nos de suivant connaissances "premières dans le hu •• ines Tr.it4 la pensées", des et la sensations sensations radicalise le sensualisme de Locke et avance l'idée que toutes les pensées et les opérations de notre esprit ne sont que des sensAtions trAnsform'.s : "Le jugement, la réflexion, les dé sirs, les passions, transforme différemment" ouvrage", p. 222) . Les etc. , ne sont que la sensation (Trait4 des sens.tions, qui "Dessein de cet opérations de l'esprit naissent de d'abord, sensation dans l'ordre suivant 427 se nous conna1ssons la les corps par les sensations qu'ils font sur nous et les comme représentant les corps, leçons pr~li.inair,s, se nomment "sensations id4,s" (Pr~cis des Ensuite vient l'attention, qui suppose que l'on dirige les organes du corps sur un objet et que 409) p. l'on remarque plus particulièrement la sensation que fait en nous cet objet, excluant les autres sensations qui peuvent se faire en nous au même moment; fait remarquer 412) . l'attention est donc "une sensation qui et qui fait disparoître les autres" (i bi d. , Lorsque nous donnons simultanément notre attention à objets, que nous les remarquons en même temps et à de tout autre objet, nous les comparons; attention" (sensations) chos es) . donnée ou absentes à deux deux la "comparaison idées de p. l'exclusion donc que l'attention donnée à deux choses" (ibid.) "double se n'est elle est une choses présentes (souvenirs des sensations faites par ces Vient ensuite le jugement, qui naît de la comparaison, car en comparant deux objets, les mêmes sensations ou des sensations nous voyons qu'ils font sur différentes, nous qu'ils se ressemblent ou qu'ils diffèrent, et c'est là juger: "Nos jugemens ne découvrent donc dans les objets que des ressemblances ou différences, rtHl R)Ci on nous des égalités ou des inégalités" (ibid., p. 413). La n'est qu'une suite de comparaisons, faisons sur diverses choses pour des de jugements mieux les que connaître. Lorsque l'attention se porte sur le souvenir d'un objet absent et le représente comme présent, ou qu'elle rassemble en objet diverses qualités appartenant à divers objets, s'appelle imagination. Enfin, le raisonnem.nt seul l'attention n'est chaîne de jugements qui dépendent les uns des autres. 428 un qu'une Toutes ces opérations qui relèvent de l'entendement naissent donc de la sensation. Si l'entendement est la faculté regroupant les qui naissent regroupant les opérations qui naissent du comme l'attention, sensation d'un privation. de le continu, malaise, d'une une besoin. faculté Le besoin, plus particulièrement inquiétude l'objet dont on est privé, d'sir. consécutive et c'est là Lorsque le désir est très on l'appelle passion. est privé, alors est une sensation, est la à une Cette sensation désagréable détermine nos facultés s'occuper appelle la ' volonté l'attention, de opérations vif, celui-ci Enfin, qu'on intense et Si, au désir de la chose dont on on ajoute le jugement "je l'obtiendrai", l'espér~nce. ce à on engendre si à ce dernier jugement on substitue "je ne dois point trouver d'obstacle, rien ne peut me résister", le désir s'appelle alors volont •. C'est par des cris et des gestes que les ont communiqué passions. Ils communiquer. premiers hommes spontanément leurs besoins et leurs sentiments ou ont sans le savoir avant communiqué de savoir Quand ils eurent compris le profit qu'ils pouvaient tirer des signes artificiels, ceux-ci devinrent non seulement des instruments permettant l'expression et la communication des pensées (aussi bien celles qui naissent de l'attention que celles qui naissent du besoin), mais 429 un moyen indispensable pour l'analyse et la formation même des pensées. signes artificiels que considérer un rapport (6ra •• aire, l, dire iv, p. avec art" "faits C'est de l'usage des "nous vient le pouvoir d'affirmer dans les 437) idées que nous ou de comparons " Les signes "artificiels", c'est-à"choisis" et pour l'''analyse'' et la communication des pensées, ont en effet ceci d'avantageux sur les "naturels" signes peuvent être , 'n a t ur e l s " , reproduits quelque pour utilisés au le développement de librement, contraire, sorte, leur comme cause, pas parce qu'ils ou utilisés à volonté, la fumée reproduire qu'une simulation est possible -- crier d'avoir qu'ils (Les signes toujours être signifient, le feu, en ou c'est dans la mesure où l'on peut les l'interjection la douleur; semblant pensée volont •. à peuvent ne la pouvoir Ce mal). ~ie! d'utiliser et faire des artificiels librement deviendra vite ·la clef de tous les signes progrès de notre savoir. Mais il y a plus. Lorsque je perçois qu'un arbre est grand, j'aperçois le rapport de gr~nd immédiate qui s'offre à moi; sont une seule et même et arbre dans dans les grand opé ra t i on et arbr., idées que je compare perception dans ce cas perception et jugement dans l'esprit, toutefois sous deux points de vue différents. le rapport entre la considérée Lorsque j'envisage non dans la perception, et qui me représentent un mais grand arbre comme existant hors de moi, la convenance de ces deux idées 430 est alors jugement représentée devient permettent de la indépendamment de affirmation. Les alors ma perception; signes de considérer les idées séparément et perception en rendant possible la le artificiels indépendamment décomposition (ou l'analyse) des pensées dont toutes les parties sont simultanément présentes dans l'arbre et de sensations rapports, l'esprit du locuteur tout comme la a sa aussi m~me grandeur. la Ainsi, faculté de tout perception de animal juger, qui a des d'apercevoir des si les animaux "ne prononcent pas, comme nous, des jugemens" (S,. •••• i,.~, p. 438). Le jugement et l'affirm.ation (d'un jugement) chez doivent donc Frege ~tre ("Recherches distingués l'un de logiques", "La 1- l'autre, comme pensé e") la "reconntilisstilnce de la vérité d'une proposition -- le jugement" de la "mtilnifesttiltion de ce jugement -- l'affirmation" dans Ec,.its Il logiqu~s y philosophiqu~s, Seuil, 1971). a un parallélisme assez étroit "Puisqu'une proposition jugement, ~t elle doit ~tre proposition 175-176 (pp. est entre jugement l'expression composée de trois mots; et d'un en sorte que deux soient les signes des deux idées que l'on compare, et que le troisième soit le signe de l'opération de l'esprit, lorsque nous jugeons du rapport de ces deux idées" (S,. •••• i,.., p. 452) une proposition est p. d'un 450) , et (ibid. , "un jugement exprimé avec des mots" "[t]oute proposition est verbe et d'un attribut" (ibid.), 431 Ainsi, composée d'un sujet, le verbe étant le signe d'une par opération de l'esprit. des propositions dans le discours, différence jugement 453) . deux Mais si les jugements remarquable ne au niveau de leur se compose pas comme une a toutefois composition proposition" Un jugement est toujours simple; idées que nous comparons. il Y s'expriment une "un (ibid. , p. il ne se compose que de Une proposition, au contraire, peut être composée, "lorsqu'elle renferme plusieurs jugemens dans son (ibid.) , expr e s sion" plusieurs suj ets décomposer en "structure d'autres ou plusieurs plusieurs profonde" de types c'est-à-dire, de lorsqu'elle attributs; propositions l'énoncé. propositions, op. cit., p. 178). peut rendant Condillac comme conjonctives et disjonctives. hypothétiques, on contient alors la explicite la discute pas ne les propositions (Nuchelmans, 1983, Il utilise aussi quelquefois le terme phrase lorsqu'il considère la proposition sur le plan grammatical plutôt que sur le plan logique. raporte qu'à la vérité" la phrase du grammairien stile" (ibid.). La proposition du logicien "ne se (Dictionnaire des synony.es) , tandis que "ne se raporte qu'à la Mais pour lui, correction du les équations, les propositions et les jugements sont fondamentalement la même chose (Nuchelmans, 1983, op. cit., p. 179). *** On trouve deux genèses différentes des verbes (ou, plus précisément, du verbe substantif) dans l'oeuvre de Condillac. Les 432 deux principaux l'Ess.i textes portant sur le verbe se trouvent sur l'origine des connoissances hu.aines de 1746 Sra •• aire de 1775, et Pariente (4), dans et en comparant ces deux textes, a pu montrer que la genèse de cette partie du discours n'est la même dans les deux cas. verbe d'avec .tre Dans est tardive; les adjectifs, l'Ess.i ... , elle résulte d'une l'apparition lente comme le verbe .tre, premier, ensuite et ce des conjuguer. sont les verbes adjectifs pensées" du de Dans "l'âme du discours", "est présenté , introdui t s dans l es langues' l'expression pas séparation alors que le verbe substantif servait terminaison aux adjectifs leur permettant de se la Sr •••• ire, la (p. (Pariente, 467) citant qui se afin la sont d'abréger Sr •••• ir. de Ce qui distingue le plus fortement la théorie du verbe de Condillac, op. cit. p. 258). Condillac des théories antérieures, c'est la nature de l'opération qui s'accomplit par le verbe dans le discours; car le verbe n'est pas seulement signe d'une opération de l'esprit (jugement), en plus il "prononce l'attribut du sujet" (Sra •• aire, p. Le verbe "prononce", c'est-à-dire, il rend une pensée 453) . distincte et Dictionn.ire seul ement articuler, publique (Pariente, des synony •• s, un renvoi selon distinctement les aux op. à l'entrée "Prononcer", entré es le Dictionnaire de différences; 433 et "Articuler" Condillac, on dit qu'on (Dans 260) cit., on le trouve "Déclamer"; c'est prononce marquer un mot lorsqu'on le profère en articulant; déclamer s'oppose à la fois à réciter et à prononcer on déclame "avec plus d'action" qu'on ne récite, et on peut réciter bas et en silence alors qu'on prononce "haut et en public") . Da n s I ' Es s ~ i . .. II, (I I , vi i i) , le jugement est défini, comme c'est souvent le cas dans la tradition, et la négation; le mot "est " convenance; révèle aprè s l es avoir comparé es nions de lier deux idées Ainsi, l'affirmation. dans rapport caractère réside est de ce mot entre deux le que sensations nous les deux idées issues de est nous comparons se représente le rapport entre comme existant indépendamment de notre perception, (Sr~ •• ~ir. , Ile' l , de est xiii, encore p. rapport affirmer 456) 434 marquer que ces le dans la perception; sensations choses entre ce verbe apercevons qu'on l'attribut, appelle Dans la Sra •• aire, compare les un marquer qu'on lorsqu'on un avons mot) d' .tre jugement n'est encore qu'une simple n'est pas seulement apercevoir idées prononciation du Lorsque leur deux pour ce davantage dans la l'esprit du locuteur. perception, (l e (Essai . .. , II, l, ix, p. 85). l'affirmation que le perçu Dans les deux cas nous "Voi là à quoi répond celui manière affir.er. avoir c'est le verbe .tr. qui est employé l'affirmation Cette et lorsque la comparaison des non-convenance. Et jugement. l'affirmation nous affirmons lorsque nous lions deux idées par nous leur par et représentées alors le rapport juger sujet et existe" "Voilà donc le jugement, qui, après avoir été une simple perception, cette devient affirmation; affirmation emporte que l'attribut existe dans et sujet" le (ibid.). Le Dictionnaire des synony.es, au mot Juge.ent, donne la "Perception d'un raport, définition suivante en affirmant perception ou en niant" (p. 350) . et qu'on exprime le Si jugement le jugement comme affirmation sont une et m@me opération, le premier, malgré tout, comme seule et précède nettement le second. En fin de compte, pas l'affirmation modes) , mais sujet"; voilà le propre du verbe est de (comme nous le verrons dans plutôt "la co-existence de la marquer, non théorie des l'attribut dans pourquoi il a été "choisi" pour "prononcer" le tous nos jugements. Une proposition est affirmative si elle affirme la co-existence de l'attribut dans le sujet, et négative, si elle affirme que l'attribut ne co-existe pas dans le sujet. Les verbes sont bien sûr, comme dans la tradition, susceptibles de modifications pour marquer les personnes, les temps et les modes, en plus des autres modifications adverbiales. Notons enfin que Condillac distingue clairement ~tr~ le comme "notion grammaticale" et comme "notion lexicale" Il ne faut pas confondre le verbe substantif avec le verbe .tr., pris dans le sens d'~xist~r. Quand 435 verbe (~) on dit qu'une chose existe, on veut dire qu'elle est réellement existante. En pareil cas, on peut se servir du verbe .tre, et on dira fort bien: Corneille ~toit du te.ps de Racine, c'est-à-dire, existait. Mais quand je dis, Corneille est poëte, il ne s'agit pas d'une existence réelle, puisque Corneille n'existe plus; et cependant, cette proposition est aussi vraie que du vivant de Corneille : peut-être l'est-elle plus encore. La co-existence de Corneille et de po~te n'est donc qu'une vue de l'esprit, qui ne songe point si Corneille vit ou ne vit pas, mais qui voit Corneille et po.te comme deux idées co-existantes. (6r •• - *.aire, ** p. 457). *** La co-existence de l'attribut avec le sujet peut être "envisagée" de différentes manières Mais si j'affirme cette co-existence, lorsque je dis, vous .tes tranquille; je ne l'affirme plus lorsque je dis, sois tranquille, je voudrais que vous fussiez tranquille. Les verbes prennent donc encore différentes formes, suivant la manière dont nous envisageons cette co-existence. Ce sont ces formes qu'on appelle .odes, mot synonyme de •• nitre. (ibid., pp. 467-468). Tous les temps de l'indicatif "affirment la l'attribut avec le sujet" (ibid., donc p. 471) co-existence "L'affirmation est l'accessoire qui caractérise le mode indicatif" (p. 472) . L'affirmation n'est plus ici qu'un "accessoire" qui distingue mode des autres modes où elle "disparoît". de Dans le un Dictionnaire des synony.es, le mot "accessoire" est entré en tant qu'adjectif, comme dans "idée accessoire"; mais 436 Condillac précise que Il [c] e mot s'employe souvent avec ellipse, c'est-à-dire, sans son substantif". L'utilise-t-il dans sa théorie des modes d'une façon elliptique pour "idée accessoire", à la manière de Beauzée qu'il a lu attentivement et invoque à quelques reprises dans sa théorie des temps)? dans sa théorie des temps, fait prendre au verbe, (6) C'est en tout cas ce qu'il fait affirmant que ajoute quelque qu'il Beauzée, en va de même dans 1 e suj et p. les l' indica tif est un mode "pur" i dé e a c ces soi r e . verbe" pour "[c]haque forme qu'on idée accessoire à principale dont il est le signe" (ibid., croire (en particulier 469) ; modes. tout porte à Cependant, pour auquel ne s' aj out e aucune L'affirmation de la co-existence de l'attribut "n'est donc pas partie intégrante de l'essence (Pariente, op. c it. , p. 262) . Celle-ci et l'affirmation n'est qu'une manière de comme Beauzé e, du consisterait seulement à marquer la co-existence de l'attribut dans le ne dit pas, l' idé e l'envisager. sujet, Condillac que le sens indicatif d'un verbe est plus fondamental que les autres. Voyons ce qu'il advient de cette co-existence lorsque verbe est à l'impératif Mais s~ au lieu de dire tu f.is, vous faites, je dis, f.is, fait.s, l'affirmation disparaît, et la co-existence de l'attribut avec le sujet, n'est plus énoncée que comme pouvant ou devant Cet accesêtre une suite de mon commandement. a fait donner à saire, substitué au premier, cette forme le nom de .ode i.p4,.atif. (S,. •••• i"', p. 472). 437 le Si les verbes "prononcent" tous nos jugements, ils prononcent également, semble-t-il, nos commandements, et bien d'autres actes de parole. Si, comme l'affirme la Sra ••• ire, tout discours est un jugement ou une suite de jugements (exprimé s par des propositions), les commandements en sont-ils une espèce qui ne se distingue du jugement l'énonciation? l'impératif Le que sur commandement le plan est du discours l'accessoire du p. 472) . "Je se que jugements verbe catégoriques, à où l'impératif la prononce être ébauche de explicite dans "l'affirmation De disparoît", toute discours n'est semble que non, 1982) soulignent rend l'attribut traite manière, à et celle-ci paraît act es de pensé e, une serait mais Condillac n'est pas du tout jugement exprimé par le discours. des qui La proposition exprimée par l'impératif modales. sujet comme l'indicatif cette question et sa Logique ne sur propositions thé ori e nous avons ici les modalités affectant la co-existence de alors une proposition "modale"; explicite le "comme pouvant ou devant "réduction" de l'impératif à le sujet. non Dans le passage cité plus cette co-existence est présentée une suite de mon commandement"; à pourrait-il co-existence de l'attribut dans ne soit plus présentée comme actuelle? haut, des à fais Si le verbe l'indicatif prononce des jugements catégoriques, le de verbe comme l'affirmation l'est de l'indicatif; affirme, ou des l'impératif, constitutive du Doit-on voir là un retour à la une entorse au qu'un jugement ou une suite car les commentateurs (Auroux, clairement le fossé qui 438 pas principe de que le jugements? Il 1986, sépare Pariente, Condillac de Port-Royal; sont pas selon rien (A ur 0 ux, 1 986, 0 opération p • ci t . ) . Si le l'esprit de l'affirmation qui acte Beauzé e, de ne mais des actes de au contenu représentatif de entre deux sensations ou simple l ' affirmation et le commandement des actes de pensée, n'ajoute[ntJ une Auroux, deux idées, pensée. est résultant de la n'est pas traite jugement il jamais cela, comme la la " qui perception " bien un acte ou simple comparaison m~me n'en va pas de (tout comme Malgré langage ne prononciation) Condillac, elliptiques tout de un comme phrases les impératives. Les temps de l'impératif sont tous, vral.s futurs". pour Condillac , "Fais!" paratt au présent "parce que "de celui qui commande, semble vouloir que la chose se fasse à l'instant même " , mais "on comme commandement" , ne peut obéir que postérieurement s'agit bien d'un futur. il au C'est pourquoi nous commandons souvent avec le futur de l'indicatif. Il en va de même pour "Ayez fait!"; "Ayez fait, quand j'arriverai!" est équivalent à "Vous aurez fait quand j'arriverai". commandement qu'il positif", permet exprimé pas l'indicatif par exprime d'appeler" aurait un exprimé par l'impératif. modifiée une le futur de Condillac note l'indicatif Le (ibid.) degré de puissance ou supérieur Notons enfin qu'une phrase 439 à du ne par celui impérative commandement, et alors l'objet interdiction, on exprimé commandement le "plus est "une volonté pl us abs 01 ue dont par une négation n'exprime plus un défense que verbe mais le précède "Ne le faites pas!". "J, f.is affirme, mais fais commande, l'affirmation n'est pas positive, elle est conditionnelle affirme aussi; j , ferois comme dans l'indicatif, je ferois, si j1avois le te.ps. Cette condition est l'accessoire d'un mode que l'on nomme conditionnel" (ibid.) . Le verbe au mode affirmation conditionnelle. temps les présents, du conditionnel A la suite de Beauzée, conditionnel sont passé s ou prononce futurs "indéfinis" "suivant les et donc une il note que peuvent circonstances être du discours". Il remarque aUSS1 que si l'usage préfère "viendrait" à "viendra" c'est dans "Je l'attends, il m'a promis que "l'exécution de ce qu'on promet, qu'il viendrait", dépend toujours quelque conditions exprimées ou supposées" (ibid.). dit rien de Condillac ne des conditions dont dépend l'exécution de ce qui est constituer des commandé .. L'indicatif et le conditionnel peuvent propositions principales. Mais dans les propositions subordonnées où le verbe est "indéterminé " et au subjonctif, le "c et te indé termina t i on est constitue le mode qu'on nomme su.bjonctif." rapports rapport d'antériorité, temps est l'accessoire qui (ibid., au p. 473). Les d'actualité et de postériorité dans 440 le subjonctif dépendent davantage des circonstances du discours des idées accessoires différentes formes distinguer les proposition associées aux formes du subjonctif qu'à temps, sont du verbe mo~ns subordonnée au verbe de la " les dest iné es la subordination du verbe proposition que de à la principale " (ibid., p. 473). Au chapitre des conjonctions, Condillac explique la règle suivant subordonnée laquelle le choix du mode doit se faire de la lorsque le verbe de proposition la principale "affirme positivement et avec certitude", celui de la proposition subordonnée principale être à l'indicatif; doit "exprime quelque doute, mais si le quelque verbe crainte, de la quelque incertitude" (ibid., p. 498), le subjonctif est préférable; nous disons, par exemple, "Je sais qu'il qu'il soit surpris " . ~st surpris", et " Je doute Il en va de même pour les conjonctions qui laissent dans l'esprit incertitude et "suspension", comme pou.rvu., afin, avant, etc., qui appellent le subjonctif. Le l'infinitif verbe à "est dépoui llé accessoires qu'il avoit dans les autres modes"; de en tous les conséquence, "il ne peut plus être qu'un substantif, qui exprime une action ou un état" (ibid., mensonge l'on p. 474) est un crime". retrouve en "Mentir est un crime" se dit pour "Le Les participes sont des adjectifs décomposant soustraction du verbe substantif. 441 les verbes adjectifs que par Les interjections sont des éléments d'action et à celui des sons articulés. rapides, la langage Ce sont "des expressions n'a rien à remarquer sur ces espèces au sentiment à les proférer à L'~rt au équivalentes quelquefois à des phrases entières"; "grammaire c'est communs d"crire propos" de (ibid. , mais mots p. 499) (p. 573) revient brièvement sur les exclamations, mais sans rien ajouter à ce que dit la 6ra __ aire. Le Dictionnaire au mot "acclamation", nous dit qu'il s'agit d'une Il j oi e qui se témoigne par des cri s. lJi Vtt est le mot qui en parei l cas est dans la bouche du peuple". Quant aux phrases interrogatives, pas d'indications sur il n'y a la manière de les pratiquement interpréter dans la Dans la 6ra __ aire (p. 492), on apprend que "Où allez-vous?" est une phrase elliptique; la phrase pleine "Quel est le lieu auquel serait lieu vous allez?". Condillac ajoute que dans un tel exemple, on voit "que l'adjectif où est équivalent à un conjonctif suivi de son substantif, une proposition qui le pourroit précéder. (je souligne) Malheureusement, "supprimé e" proposition directement l'acte interrogative. L'~rt et accompli d"crire S1 par servirait l'énonciation à supprime " mais qu'on il ne dit pas quelle est elle et cette exprimer à d'une phrase (p. 573) traite de l'interrogation, mais comme figure de rhétorique (comme le fera encore 442 Fontanier) et non comme mode d'énoncé l'expression propre aux sentimens; reproches", l'adjectif tour des qui marque elle parott ~tre Dictionn_ir~ Le "Interrogatif", (" l nt err oga t i on ") par "L'interrogation contribue encore à le tour d~s plus synony.~s, dit simplement qu'il "[s]e dit une interrogation"; l'article nous dit qu'il s'agit d'une celui qui a l'autorité, vérité d'un autre, le d'un suivant "[dJemande ou qui se l'arroge, ou pour juger de son savoir l l , à faite pour tirer la et renvoie le lecteur à l'article "Demander", * *** * Le Dictionn.ir~ d'analyses impressionnant d~s de synony.~s verbes contient un illocutoires, nombre Mais analyses sont encore bien rudimentaires en comparaison de que l'on trouve aujourd'hui dans les théories de signifient acte linguistique que l'analyse vise à identifier sans l'aspect "performatif" en est absent Condillac l'ajout distingue d'une sincéri té, mode celles l'énonciation; ces verbes ne sont appréhendés que par le fait qu'ils un des condition (Auroux, apparenté s verbes préparatoire, d'une condition sur le contenu d'accomplissement, d'une ces plus; 1986), Par contre, (' 1 d'une synonymes I l ) par condition de propositionnel, intention perlocutoire ou degré de puissance à l'un quelconque de ces verbes qui paraît plus simple et le moins "chargé 443 d' idé es accessoires l l , d'un d'un le Nous présentons ici la plupart de ces verbes en insistant sur ceux qui nous paraissent les plus importants, indiquant ici et là ce qui distingue des verbes synonymes en utilisant la terminologie de la théorie des actes de discours, à la manière de Vanderveken (1988, chap. VI); ma1S quelquefois, souvent illocutoire nous qui le nous nous reconstruisons le verbe en entier, contentons d'indiquer distingue du précédent. On la composante ne devra pas s'étonner de trouver des verbes qui ne sont plus en usage ou dont la signification a changé considérablement; le Dictionn.ir. a été rédigé à Paris entre 1756 et 1767. Nous suivrons le plus souvent l'ordre alphabétique du Dictionn.ire . "On ab.ndonnll ce qu'on a parce qu'on ne s'en met peine; pas en on renonce a une chose qui a été chère ou qui doit l'@tre ou à une chose à laquelle on a des droits" abandonner + condition préparatoire 4) . (p. et/ou [Renoncer condition sur = le contenu propositionnel] . ~bdiqa.r se dit surtout d'un prince; alors qu'un particulier s. d'.lIt d'une tient donc à ~bjarllr où l'on une condition sur le un charge. contenu prince [La abdique, différence prop.]. consiste à "[r]enoncer solennellement à une erreur étoit sur la religion, c'est-à-dire, à une hérésie" (p. 444 renier est son synonyme, 7) ; part on notre ren~e ma~s il ne se prend qu'en mauvaise par crainte, on abjure en suivant les lumières de raison. différence [La tiendrait un à mode d'accomplissement et/ou à une condition de sincérité] ~bolir et son abolit a pour synonymes abroger, annuler, casser, sens général est "mettre une chose on abroge une loi, une coutume, hors d'usage"; on annule un testament, une procédure, on casstl un arr@t" se distinguent donc à chaque fois par an~antir, (ibid.). une "On acte, un [Ces verbes condition sur le contenu propositionnel] . ~ffir.er a en général le sens donne comme synonymes les Condillac , , d ire mots qu'un ch 0 s e pr4tendre, est" ; soutenir, ~ffir.er. C'est dire une chose parce qu'on la croit; pr4tendrtl c'est la dire parce qu'on veut qu'elle soit crue; soutenir, c'est la défendre contre ceux qui la nient; assurer, c'est la dire à des personnes sur la confiance desquelles on pense devoir compter, attestttr c'est rendre témoignage d'une vérité à ceux qui sont intéressés à la connoitre, cttrtifier, c'est .ssurttr une chose a (sic) des personnes qui en étoient prévenues sans en être surs, confir.er, c'est en donner une nouvelle assurance a (sic) des personnes qui la croyoient déjà. Garantir un fait, une nouvelle, c'est l'assurer en s'en rendant garant, en répondant de sa vérité, c'est dire je vous l'assure, prenez vous en à moi, si vous êtes trompé. (P. 30). [Prétendre, c'est donc affirmer + 445 intention perlocutoire de convaincre; soutenir, c'est affirmer + condition préparatoire que l'allocutaire a affirmer condition + déjà nié ce qu'on préparatoire l'allocutaire en soit convaincu; d'accomplissement Cl' allocutaire (en veut affirme; est c'est utile que attester, c'est affirmer + mode + témoignant) connaître qu'il assurer, le condition contenu préparatoire propositionnel) ; certifier, c'est assurer + condition préparatoire (l'allocutaire n'est sG.r pas condition et veut savoir) ; confirmer, préparatoire (l'allocutaire savait c'est assurer déjà); + garantir, c'est assurer + mode d'accomplissement (en se portant garant)], Condillac précise plus loin Cp, 141) que l'on " con fir.fI ce qui a été assuré, on ratifi. un acte, traité, lorsqu'on aprouve ce qu'un autre a fait en notre nom 11 Condillac distingue l'affirmation par une intention perlocutoire on dit qu'une chose est, qu'on le pense; et on veut seulement , CP, 60) llest plus fort 11 qu'affir •• tionj , celle-ci de llPar l' .ffir.ation faire par l'assflrtion on dit qu'elle est, que les autres en soient convaincus 11 un connoître et on veut Condillac souligne ainsi [asserter = affirmer + intention perlocutoire + degré de puissance (+1)], c'est llprévenir quelqu'un sur quelque chose, afin qu'il écarte, qu'il éloigne les accidens qu'il doit craindre 11 Cp, 446 74) . Condillac distingue l'aveu de la confession par le fait que le premier peut ne pas être volontaire (tirer des aveux torture) tandis que la seconde l'est toujours. par la c'est Confesser, "faire une confession". c'est [t]rouver bon qu'une chose se Rpprouver, qu'elle soit faite" (p. coupable d'une faute, 53) . ou Recuser, c'est "déclarer quelqu'un d'un crime, d'une négligence, l'accusation "se fait à un tiers; 19) ; fasse, etc." (p. le reproche se fait à la personne même que l'on blame"; "On taxe quelqu'un, lorsqu'on veut faire retomber sur lui une faute, un crJ.me dont il pourroit n'être pas coupable". c'est "faire un blasphème". Le commandement se distingue de l'''ordre'', du "décret", l'''injonction'' et de la "jussion" . de Tous ces termes renvoient à "l'exercice de l' autori té du supérieur sur l'inférieur" (p. 132). Le commandement s'étend également à tous ceux lesquels sur s'exerce l'autorité d'une personne, tandis que les ordres varient selon les inférieurs; mais il donne composent. Le supérieur arrête un général a le commandement de son armée, différents ordres aux différents décret "est une résolution ce qui sera fait dans tel corps par ou tel préceptes sont des ordres qui ne visent personne en 447 qui la laquelle un cas". Les particulier; à chacun de juger s'il doit suivre ou non le L'injonction "est un ordre émanant d'un tribunal", "émane du souverain", ordonne exerce et la jussion Si un parlement résiste aux ordres du roi, on le contraint par des "avoir l'autorité", précepte, Co •• ander, "lettres de jussion", "Celui qui co •• ande a l'autorité, l'autorité, qui celui c'est celui qui prescrit détermine exactement quels sont ses ordres, il marque ce qu'on doit faire, et on les limites commande à dans lesquelles doit ceux qui sont présents, se renfermer", "on mande à celui qui On est absent; ainsi, .ander c'est proprement envoyer un ordre", "On co ••• t la conduite d'une affaire à quelqu'un, lorsqu'on lui en laisse le soin, On le co ••• t désigne pour la suivre, réfléchi, on On la lui confi" qu'on voit ent iè rement sur lui," à un entreprise lorsqu'on le peut sans lorsqu'après y inquiétude s'en avoir reposer CP, 133), Cons.ill.r, c'est "[d]onner un conseil", Cons,ntir, 144) , c'est "permettre qu'une chose se fasse", cP, Cont,st.r, c'est simplement "[a]voir une contestation", la contestation étant une "contradiction entre des personnes qui ont sentiments des intérêts ou des "faire un personnes autres" Cp, contrat", s'engagent 151) , contraires" , Contract,r, un contrat étant "l'acte réciproquement Contr,dire, les unes c'est par lequel des à l'égard des c'est "[dl ire le contraire de ce 448 qu'un autre a "[p]rendre dit ou de avec ce quelqu'un qu'on les a mêmes dit". Convenir, sentimens, c'est les mêmes résolutions, les mêmes partis, y venir pour ainsi dire ensemble". (P. "Convier se peut dire lorsqu'il s'agit de prier à une 153). fête, inviter et lorsqu'il s'agit de toute convie par l'attrait du plaisir, chose. On on invite par des raisons, par des prières ou par les plaisirs qu'on promet". inviter faire une chose en employant tous à croit propre à d'accomplissement] déterminer". "c'est moyens inviter qu'on mode + "Solliciter est invitt#r quelqu'un à faire une chose dont il craint de se mêler ou qui peut danger". Exhorter, les = [Exhorter autre l'exposer à quelque (On exhorte au bien, on sollicite au mal). inviter + condition préparatoire] . [Solliciter = "On incite par l'instruction, par l'exemple". Et "rt#co ••• ndtlr c'est tlxhorttlr quelqu'un à donner particulièrement ses soins à une affaire, intérêts". = [Recommander à une personne, exhorter + condition sur le à ses contenu propositionnel] . L'article en ce qu'il distingue un grand nombre "On apparenté s . pas bien" (p. de "Désapprouver" est particulièrement intéressant = peine critique trouve il exprime en plus du mécontentement désapprouver + condition de sincérité] [condamner en i 11 ocut oires 197), mais celui qui "improuve" ne se contente pas qu'on trouve mal, une verbes d'saprouvt# (et on i.prouvtt) ce qu'on ne juger défavorablement, [improuver de lorsqu'on = bl~mer + mode bl~me décernant d'accomplissement]. montrant ce qu'il y a de bien ou de 449 en mal dans "On une chose. NI prend On faute, en avertissant quelqu'un qu'il trouv~ ou qu'il a un défaut. On lorsque ~ fait a une redire à ce qu'il a fait sans le blâmer en tout on le reprend en quelque chose." On corrige quelqu'un "en lui aprenant les moyens d'etre mieux faire mieux, de ou en l'y obligeant par des censure en conda.nant ses moeurs." = reprocher R'pri.ander quelqu'un, + condition sur le contenu Reprocher, d' acc ompl i s sement] . reproche" (p. 492), et .~n.c~r, c'est simplement "faire des menaces" (p. 197) le c'est [Réprimander propositionnel + mode "faire un (p. 379). "On longuement et avec peu 'pilogue lorsqu'on censure à tout propos, de fondement" On chatimens. lui reprocher ses torts et le menacer de punitions. ou c'est "[c]ondamner aux peines D•• n"r, éternelles" (p. 172). D'cl.rer, c'est "[f]aire connoître ce qui est ignoré, ou ce On d'cl.re sa volonté, qu'on suppose n'être pas assez connu. qu'on est déterminé à faire, qu'on a fait soi-même. ce qu'on veut qui soit fait, d'cl.r~r, 178) . d'cl.r~ on quelque action. On d'cl.re la guerre, d'cl.r, ses complices" (p. toujours Ainsi ce mot est D'couvrir, ce ou ce relatif ses péchés. à On à la différence de est relatif aussi bien aux pensées qu'aux actions (ou à tout ce qu'on pouvait tenir caché). D'nonc.r, c'est déclarer à un juge qu'une l'auteur personne a accompli une action [Dénoncer propositionnel = déclarer + condition + condition préparatoire] . c'est d'couvrir un secret. Protester, 450 dont sur on le R'v'ler (ou cherchait contenu 'venter) c'est d'cl.rer hautement ou avec serment contre une chose mode d'accomplissement + [+ condition sur le contenu propositionnel] c'est Conseiller, comme "[d]onner dissuader, un conseil" Cp, consiste à détourner 144 ) , quelqu'un d'une entreprise; "mais celui qui déconseille donne seulement son conseil, et celui qui dissuad. détermine à le faire " [+ intention perlocutoire], vivement "l'esprit, D'crier quelqu'un, les moeurs de quelqu'un" décr'ditt# en faisant tomber son crédit " , Cp, 179) c'est critiquer Cp, 180), et "on le "On dédit quelqu'un en retirant la parole qu'il a donnée pour nous, en disant qu'on veut le contraire de ce qu'il a dit, On le contredit en soutenant une proposition qui combat directement ce qu'il a avancé, On le dédit sur ce qu'il a promis, porte" Cp, 181) on le contredit sur les [condition Employé pronominalement, par le fait témoignant qu'on le sur le contenu jugemens qu'il propositionnel], s. d'dire se distingue de se contredire se dédit en connaissance contraire de ce qu'on a dit", de cause, alors "en qu'on se contredit "en avançant des jugemens tout-à-fait opposés, et on le fait parce qu'on ne sait pas ce que l'on " fa ire un dé fi" Cp, 183) ; c ' est dit", un dé fi est une "[i]nvitation laquelle nous proposons à une personne de faire une chose, en lui faisant sentir que nous pensons qu'elle n'est pas de faire signifie quelqu'un, aussi souvent bien que nous. provoquer un C'est pourquoi combat" c'est le faire descendre ou d'un rang. 451 Cp, faire 182) , honteusement d ' une par mais capable un dé fi D'grilder dignit é a De •• nder pour synonymes insister [sur une demande], interrogation, postuler, interroger, questionner, et requ'rir. "On de.ande en adressant la parole pour obtenir une réponse, mot, un bienfait, faire une une grace, une dette, toute chose en un qu'il est au pouvoir d'un autre de nous accorder" Cp. 188). On insiste lorsqu'on demande avec instance et sans cesse ce qu'on obtienne ce que l'on veut elle est autorité instruite"; de préparatoire] la [mode d'accomplissement]. la vérité d'une personne, interroge pour tirer l'interrogation part de jusqu'à celui ou pour juger si présuppose une qui la "On certaine [condition fait "On qUflstionne en faisant plusieurs de •• ndes curiosité et dans le dessein de "demander à être admis dans un s' instruire " . couvent I l Postuler, par c'est Ile' , est faire une demande à un tribunal I l . c'est donne à qu'elle Il rd] onner un dément i Il Cp. 189) ; une personne en l'accusant de dire le contraire sait vrai I l [démentir = quelqu'un, c'est lui retirer être accuser "on le de ce condition + préparatoire] . DI.ettre destituer, "D'poser c'est la lui enlever pour cause une de charge; malversation; ne se dit que des destitutions faites par une ecclésiastique" [condition préparatoire] . 452 le autorité " ne pas convenir d'un fait, d'une dette, sommes apelés en justice" (p. plus et en général de ce que 190) c'est compter sur une chose que l'on s'étoit promise" c'est D~roger, convention, "annuler par une une loi précédente" nous nouvelle "ne 194) . (p. disposition; (pp. 195-196). Un d~saveu "acte par lequel on déclare qu'on n'a pas dit ou fait une une est un chose, ou que nous n'y avons pas autorisé celui qui l'a dite ou faite en D~savou,r, notre nom" (p. ce a dit ou fait, qu'on 198) . nous" [désavouer ou fait = quelque 1 ocut eur) ] c'est donc "faire un désaveu de de ce qu'un autre a dit ou nier + condition préparatoire chose qui a un certain "On d4silvoutl aus s i quelqu'un, fait (quelque a rapport avec pour dit le lorsqu'on ne veut pas le reconnoître pour ce qu'il est par raport à nous". On l'idée dlttlr.in. "le sens d'un mot qu'on y attache" connoître faisant par (p. 205) ; une qualité en "on marquant d~finit qui exactement une chose en renferme la toutes les tout les engagement' , (p. autres". c'est volontés d'un autre, "[f]aire voeu de suivre et renoncer à tout autre en 207) . Disculptlr quelqu'un, c'est c omml. s la faut e dont il est accusé" faire (p. "voir qu'il n'a pas 214); excus,r quelqu'un, c'est reconnattre la faute qu'il a faite en prouvant qu'il mérite d'@tre pardonné; et on le justifie "en montrant que ce qu'on lui 453 reproche comme une faute, fait que ce qu'il a n'en est pas une, da faire". Disgracier, quelqu'un la faveur qu'on lui avait accordée" Dispenser, c'est ou que même il c'est n'a ôter "à (ibid.). "accorder une dispense ou une exemption", c'est-à-dire, "une permission par laquelle on est soustrait à une loi" (ibid.). Enjoindre, comme accordtrr nous demande" et c'est "faire une inj onct ion" octroyer, et (p. 17), se dit "octroyer" signifie (p. 247). "faire une grace mais "exaucer" se dit surtout d'un supérieur qui Ex.u.c~r, accorde qu'on de Dieu, une grâce [condition sur le contenu propositionnel] . Exig~r, l' @tre" c'est "[d]emander une chose due, [demander + condition (p. 268) c'est "[d]demander l'aumone" le contenu (p. 308) larmes" (p. 325) Infor.~r j [demander + préparatoire]. /IIendier, [demander + condition c'est propositionnel]. ou qu'on suppose "demander sur avec mode d'accomplissement]. consiste à "faire connoître une chose telle qu'elle est" (p. 336). Inj u.ri er , offensantes" (p. c'est "[d]ire des injures, des paroles 337) . Innocenter, c'est "[d]éclarer innocente une personne accusée d'un crime" (p. 338) j [déclarer + condition préparatoire] . 454 "On insinue lui à quelqu'un ce qu'il doit faire, lorsqu'on le fait entendre adroitement et en prenant des détours. lui suggere, l'y le lorsqu'on lui en donne l'idée ouvertement, et qu'on détermine par des raisons ou par la confiance qu'on inspiré e" (p. maJ.s peut suggérer une idée sans en avoir formé on On 339) ; lui pour insinuer, il faut en avoir le dessein, le projet. Instiguer, c'est "solliciter secretement une personne à nuire une (p. autre" a Insulter, 340) . c'est "faire une insul te l' à (p. 341) "On nous interdit les choses qui en elles-mêmes ne sont pas mauvaises, avions" (p. lorsqu'on terme cela et 342) . nous de loi" se fait en nous ôtant le droit que "On d~fend nous ce qui est mal nous en "Prohiber ordonne de ne le pas faire". y soi, est un (quelque chose est prohibé par les ordonnances de l'Eglise ou de l'Etat); "un supérieur interdit, lorsqu'il empêche un homme d'exercer les fonctions de sa charge, lorsqu'il interdit pour un tems marqué" [suspendre il = susp~nd, interdire + mode d'accomplissement] . Jurer, un jure.ent, promettre avec serment, c'est "[a]ffirmer, un juron. Sacrer imprécations, ou en blasphemant" d'accomplissement]. c'est jur~r (p. 351). (Condillac, on le voit, [Sacrer 455 = des jurer + mode met ensemble l'usage assertif et l'usage engageant du verbe jurer). "[d]onner sa malédiction à quelqu'un, faisant en faire Hiludire, ou faire des c'est imprécations contre lui" (p. 375) . c'est "faire des médisances" Cp. 377) . Henacer, étant une "parole ou action par laquelle on c'est "faire des menaces" Cp. 379) , fait une menace craindre, ou l'on veut faire craindre sa colère". "On cr1.e .erci à celui qu'on a offensé, point d'user de toute sa supériorité, demande merc1. grâce avec instance et = demander + c'est-à-dire, s oumi s sion " mode et qui est sur le Cp. d'accomplissement qu'on 382) ; + lui [cri er condi tion préparatoire] . "On nj. une proposition, il sembloit qu'on devoit tomber d'accord, un crime, est on disconvient d'un principe dont un dépet. On refuse une chose qui est demandée offerte. durement. On r.broue une personne, lorsqu ' on la ou qui refuse lorsqu'on Le peuple dit regoul.r. la r.brou. avec assez de force, pour la faire désister de ce qu'elle a avancé, pour lui en donner de la honte. On la r •• b.re lorsqu'on repousse fortement les attaques, et qu'on prend l'offensive avec supériorité" (p. 402). c'est "[d]onner un nom à une chose, qu'elle a"; act e" Cp. d~no ••• r, ou dire celui c'est nommer quelqu'un par son nom dans un 404) . 456 Objecter, c'est "faire une objection" (p. 407). Obliger, c'est "faire contracter à quelqu'un une obligation, ce qui signifie, suivant les circonstances, lui faire une loi, ou une nécessi té de se conduire d'une certaine manière" Pardonner, c'est "[a]ccorder le pardon à (p. 408). quelqu'un" (p. 421) . "On pr'voit ce qu'on voit d'avance, on le pr'dit lorsqu'on l'annonce à ceux qui ne l'auroient pas pr'vu, lorsqu'on le pr4dit en vertu d'une inspiration divine, on le conjecture, lorsqu'on ne l'assure pas, et qu'on en juge seulement sur des vraisemblances" (p. 458). "On prie pour demander comme une grâce" ; une chose qu'on ne peut obtenir que [condition préparatoire] . demande avec soumission"; "On suplie, si on la [mode d'accomplissement] ; si on la demande au nom de ce qu'il y a de plus "on conjure, cher, de plus respectable. On interctde, quand on prie auprès de quelqu'un pour un autre. On invoque, lorsqu'on apelle à son secours des lorsqu'on invoque puissances supérieures" (ibid.) celui sur le secours duquel on croit devoir compter". c'est "[a]ssurer par un acte ou par un discours qu'on fera une chose" (p. 463) . 457 (Promettre serait donc, selon cette définition, un acte de type assertif puisque c'est le de l'acte dénoté par "assurer" "On permettent prouve une sont évidentes. ... ). chose en pas d'en douter. cas donnant des raisons qui On la dl.ontre lorsque les On persuade quelqu'un, ne ra1sons lorsqu'aux preuves qu'on donne, on joint des motifs capables de lui faire desirer que les choses soient telles qu'on lui dit. On le l'entraîne par le seul poids des raisons" convainc lorsqu'on Cp. 465). c'est "faire un remerciement" Cp. 485) . "On retracte ce qu'on a di t, en 1 e dé savouant ou en avouant qu'on a eu tort de le dire. déclarant nul, On rlvoque ce qu'on a fait, en le en déclarant qu'on ne veut plus ce qu'on a voulu" Cp. 497). "On rlvoque un ambassadeur, en lui 6tant ses pouvoirs, on 1 e rap.ll. en lui ordonnant de revenir" c ' est ' , fa ire un sa 1 ut, CP. 499). une révérence, ou quelque 506) . compliment équivalent" Cp. T4.oign.r se distingue a1nS1 de dlposer "on d'pose en déclarant un fait en justice. On le tl.oigne en le dlposant comme en ayant été le témoin" c'est Cp. 193) . "[b]lâmer quelqu'un en public". 458 se distingue de louer de la façon suivante "On vante une personne pour lui procurer l'estime des autres, ou pour lui donner de la réputation. On la loue, pour témoigner l'estime qu'on fait d'elle, ou pour lui aplaudir" dire bien des gens et leur beaucoup quaI i té s ... " ; ce qu'ils de "signifie attribuer de louer "c'est aprouver avec une sorte ont dit ou ce qu'ils hautement "louer Cp. 551); vanter "c'est quelqu'un, quelqu'un louer ont fait". à d'admiration c'est Pr'coniser, et plus qu'il ne par-tout, grandes mé ri te" ; tout propos prtJntlr et avec affectation" (ibid.). (Jouer "L'idée chos e voue se distingue de d'vouer, commune d'dier à tous ces mots est l'offre pour marquer s on amour ou s on respect" à qu'on Cp. fait 563) Dieu et au public lorsqu'on s'engage à donner d'une "On tous se ses momens à l'un ou à l'autre, et on voue une chose à Dieu lorsqu'on la lui offre en sacrifice. se donne entièrement, que les siens. Dieu; mais l'invocation On se d'voue à une personne à qui de sorte qu'on n'a plus d'autres On d'die une église à un Saint, d'dier d'un c'est Saint. proprement Ainsi d'exclusion, qui n'est pas dans D'dier". *** 459 intér~ts on la consacre à consacrer consacrer on à emporte Dieu sous une idée NOTES (1) S. Auroux, "Actes de pensée et actes linguistiques dans la Grammaire Générale", op. cit.; par là Àuroux laisse entendre, non sans raison, qu'il y a, avec Condillac en Grammaire Générale, un déplacement des actes de pensée vers les actes linguistiques, accomplis par la prononciation (ou l'énonciation) de mots ou de phrases. Mais la théorie des actes illocutoires reconnatt nous avons eu l'occasion de le faire remarquer qu'il y a des actes illocutoires qui sont des actes de pensée. (2) Toutes les références renvoient à l'édition des O,uvr,s phi1osophiqu,s d, Condi11.c de G. Le Roy, que nous avons utilisée tout au long de ce travail; nous avons, comme toujours, laissé l'orthographe inchangée. (3) Cf . L. Wittgenstein, De 1. 1976, le paragraphe 402; Gallimard, 229 et 422. C,rtitude (1969), Pari s, voir aussi les paragraphes (4) J.-C. Pariente, "Sur la théorie du verbe chez Condillac", dans J. Sgard (dir.) Condi11.c ,t 1,s prob1t •• s du 1ang.g" op. cit •. (5) Cf. E. Benveniste, '''Etre' et 'avoir' dans leurs fonctions linguistiques", chap. XVI des Prob1t.,s de 1 inguistique g~n~r.1" op. cit., p. 188. Comme notion lexicale, .tre a pour valeur "avoir existence", "se trouver dans la réalité", et elle s'oppose à la notion grammaticale dont la fonction est celle de la copule. Auroux et l . Ros i er , "Les s ourc es (6) Selon Àuroux (c f. S. dans historiques de la conception des deux types de relatives", "Condillac a travaillé avec L.ngages, no. 88, déc. 1987, p. 22) la 6r •••• ir' de Beauzée sous les yeux". *** 460 CHAPITRE NEUVIEME James Beattie (1735-1803) co •• on sense philosophers etc. Professeur l'Université de Essay Campbell on critiquant est généralement rangé parmi avec Reid, philosophie d'Aberdeen, il Gregory, morale fut et Dugald-Stewart, de à avec, entre autres, Reid, et (l'auteur de Philosophy of Rhetoric). Avec son Tru.th (1770) , le scepticisme il s'est fait de David un de logique fameuse d'Aberdeen, membre les la Philosophical Society George JAMES BEATTIE ennemi Hume; célèbre celui-ci en rédigea l'''Avertissement'' (édition de 1777) justement pour faire Ir Reid et à ce sot bigot de Beattie" connu pour en poé si e; comme ses un travaux en morale Grammaire Universelle, "disciple effectivement très direct souvent de "une réponse complète Beattie fut surtout (1) et plus encore (2) on le Harris" présente (3) (ainsi que son mais nous verrons qu'il s'écarte sa quelquefois qu'il ami par mentionne Monboddo) reprenant de lui sa division des parties du discours et les qu'il leur donne; au en noms sensiblement de Harris dans sa théorie des modes verbaux. The parties; ( la première a pour titre : 461 .... ) se compose "Of the Origin and de deux General Nature of Speech", et la seconde, "Of Universal Grammar". à la seule qui nous intéresse : La première partie est surtout consacrée des questions de phonétique et de phonologie, thèse de biblique l'origine divine du langage en accord du Paradis Terrestre ("our first received it by immediate inspiration", Babel. Dans la [1790] Science ouvrage de 1783), mais en et présente section II du chap. (qui résume les p. avec parents 101) Ides le récit must have et de la Tour de Ele.ents principaux la of résultats Horal de son il reprend la théorie de l'inspiration divine, y ajoutant quelques bémols qui rappelent la cinquième Partie du Discours de la .4thode de Descartes Man is the only animal that can speak. For speech implies the arrangement and separation of our thoughts; and this is the work of reason and reflection. Articulated sounds resembling speech may be uttered by parrots, by ravens, and even by machines; but this is not speech, because it implies neither reflection, nor reason, nor any separation of because, in a word, of successive thoughtj the machine or parrot does not, and cannot, understand the meaning of what it is thus made to utter. (Ele.ents ... , pp. 13-14). Et plus loin Hence Artificial Signs have been universally adopted, which der ive their meaning from human contrivance... (p. 16). La seconde partie de la Theory of a de peuvent L~ngu.ge commun à toutes les langues, résider dans les sons ou le s'occupe de ce qu'il y et ces éléments matériel des communs mots, seulement dans leur signification et leur usage (p. 125). 462 ne ma1S À la suite de Harris et Monboddo, pronoms dans la classe des Beattie met les noms "substantifs", et les participes et verbes dans celle des Ilattributifs". et adjectifs, Les premiers servent à désigner les personnes et les choses dont nous parlons; les seconds, les qualités, caractères et opérations des personnes et des choses. participes dé notent modifications grammairiens part Les adjectifs dénotent de simples temporelles. qui entière auss1 des qualités, Beattie qualités; mais appartient avec donc font des participes une partie du plutôt qu'une forme verbale. complexe que le participe; Le verbe des à ces discours est et peut former, lorsque joint à un nom, un un moment du temps et une assertion an énoncé complet, une proposition. Le verbe dénote ainsi trois choses attribut, lie (présent, passé ou futur), ma1S en plus il renferme une assertion ou affirmation (co.prehends assertion) à plus lui aussi exprime un attribut et cet attribut à un moment du temps les (affirmation un ou négation). Voyons maintenant brièvement la théorie de l'esprit et du jugement qui sous-tend cette conception du verbe. We are endowed, not only with senses to perceive, and with memory ta retain; but also with reason and judgment, whereby we attend to things, and compare them together, so as to perceive their characters and mutual relations. Thus l not only perceive the men whom l see to-day, and re.e.ber those l saw yesterday; but also for. judg.ents concerning them: and those judgments l express, when l say, that one is strong, another weak; one tall, another short, one young, another old; one good, another bad; one wise, another foolish, &c. 463 (Pp. 184-185). Les trois sage ", mots qui composent l'énoncé complet constitue l'expression retire le verbe .st, "Salomon totale d'une pensée; nous n'avons plus un énoncé, on en car c ' est la fonction de ce mot d'affirmer la sagesse de Salomon, sage" ( ou " sage Salomon " ) n'est pas un énoncé n'accepte donc pas, validité comme la plupart de ses des phrases nominales; si est et "Salomon complet. Beattie contemporains, la fonction assertive du la verbe est ainsi définie relativement au plan morphologique (plutôt syntaxique) . que Par suite, on peut dire que it is the nature of a verb, first, to express an affirmation; and secondly, to form, when united with a noun and a quality, a complete sentence. (P. 185). Plus loin (p. 191), il définit encore le verbe A word, necessary in every sentence, and signifying affirmation. A strictement parler, le seul verbe qui soit nécessaire est verbe appelé par les Romains "substantif", les Grecs (pour commodité paraissent la l'indicatif d'existence", et c'est mais mieux nommé seulement "abréger le discours") que les par par autres leur verbes A la n'aurions besoin que du verbe d'existence dans sa indispensables nous limite, forme "verbe le plus pure, présent, à l'expression des à la troisième personne mais l'expression de nos 464 pensées. du singulier pensées de serait alors souvent éternelles") . (sauf (dénotant des attributs) nombre permettant alambiqué e pour les "vérité s C'est pourquoi le verbe d'existence s'est aux participes certain trè s de d'inflexions et (nombre, s'est chargé personne, en plusieurs. Finalement, d'un temps, dire élégamment en un mot ce qu'on maladroitement combiné mode) devrait le verbe dire est ainsi dé fini A word, necessary in every sentence, signifying the affir.ation of some attribute, together with the designation of ti.e, nu.ber and person. (P. 198) . Beattie met en relation les énoncés complets de la grammaire comprenant un substantif, un adjectif et un verbe, avec les propositions de la logique comprenant une chose (sujet), qualité la une (prédicat) et une affirmation ou une négation marquée par copule. Il Y a affirmation lorsque le prédicat et négation lorsqu'il ne convient pas, car nier mais toute proposition implique qu'il y a affirmation, qu'une chose est, is c'est affirmer qu'elle n'est pas to affir. that it is not). "convient" La (to deny that copule des propositions négatives est cependant complexe; elle se compose du verbe et d'une particule de négation ("La pauvreté n'est pas crime") . 465 un Il Y a différents peu importe la classe types à d'énoncé s; laquelle même qu'un seul il appartient, mot, peut faire le même effet qu'une proposition complète exprimant une affirmation. Cela vaut même des articles et des conjonctions, prendre matériellement; les "Quelle est la ou nonobstant ainsi, conjonction on c'est-à-dire "Cependant" , peut la Une question comme plus usitée simplement répondre "Cependant est des deux conjonctions adversatives celle qui est la plus usitée". articles) . de en réponse à la question adversative cependant?", à condition préposition (Même chose pour les peut tenir lieu de réponse à une "Est-ce que Locke vient avant ou après Hobbes?". Réponse: "Après" (c'est-à-dire "Locke vient après Hobbes"); et ainsi parties suite pour les autres de remarque qu'une interjection, un énoncé complet, comme du discours. Beattie dans certains contextes, vaut pour "Hé las!" pour "Je sui s dé sol é " . Lorsqu'un mot isolé est utilisé pour faire une réponse à ce genre de questions, comblé e, nous il y a toujours ellipse et lorsque toujours retrouvons un verbe celle-ci marquant est une affirmation. Le verbe est donc et qui "un mot nécessaire dans signifie l'affirmation". tout Beattie ne dit pas, énoncé comme les grammairiens de Port-Royal, que signifier l'affirmation n'est que le principal usage de ce mot; il s'en tient plutet à la seule affirmation. Par conséquent, tous les énoncés dont le verbe n'est pas à l'indicatif devront se résoudre par l'indicatif. 466 Beattie établit une d'''énoncés étroite simples" relation entre les (si.ple sentences) , et différents types les modes divers verbaux : Every sentence contains a verb expressed or understood; and that verb must be in one or other of those forms , which Grammarians calI .oods. Now every mood has a particular meaning, and gives a peculiar character of the sentence; and, therefore, simple sentences may be divided into as many sorts, as there are supposed to be moods in a verb. (P. 189) On doit donc pouvoir retrouver une affirmation énoncés complets, à l'indicatif. négatifs) is good, y compris He is not good . Une phrase dont Nheth~r is to.e unknoNn. qu'il pas est appelle (or modaux in Il en va de même his comme Th.t he pour les comme Is he good?, et impératives, comme qui se résolvent, respectivement, desire to be infor.ed, Nhether he be good, it is .y entreaty, his potentiel To be good is contiennent également une affirmation phrases interrogatives , au se résoud, après Les phrases optatives, good is Nh.t 1 Nish for. Be thou good.' , verbe ou He ought to be good, exprime ou To be good is his duty. #fay he be good, le comme He qui est rendu en anglais par des verbes des propositions ou affirmations be n'est That he is good Le mode auxiliaires dans He .ay be good, should verbe he be good, une phrase déclarative et aussi le les servent bien sûr à exprimer des affirmations , en goodness) dont tous Les énoncés simples à l ' indicatif (affirmatifs ou subjonctif, comme 1 knoN not analyse, ceux dans .Y et It is .y co •• and ou that thou shoulds be good. 467 par It is (Les exemples sont tous de Beattie) . Peu importe le mode du verbe, tous les énoncés simples expriment donc, après analyse, des affirmations. Quant à l'infinitif, il a davantage la nature d'un nom abstrait que celle d'un verbe, puisqu'il n'exprime aucune affirmation et est dépourvu de toute considération de nombre et de personne. Les modes font connattre nos idées en y ajoutant chose qui l ocut eur , tient du tempérament, des dispositions quelque d'esprit ce quelque chose modifiant l'affirmation exprimée du par le verbe : In speaking, we not only convey our thoughts to others; but also give intimation of those peculiar affections, or mental energies, by which we are determined to think and speak. Hence the origin of Nodes or Noods in verbs. They are supposed to make known our ideas, with something also of the intention, or temper of mind, with which we conceive and utter them. CP. 259) Les modes sont une source d'élégance par la brièveté et l'énergie avec lesquelles ils permettent d'exprimer nos idées. Comme système une autre, le Beattie tente des modes varie d'une langue à s'en tient à une explication générale de leur nature et essentiels au d'établir dans quelle mesure langage. 468 ils sont Pour affirmer positivement ce qui est conçu comme passé ou futur, on utilise le mode indicatif ou présent, d~clar.tifi c'est le mode de la science et de l'histoire, et il est nécessaire dans toutes les langues. mode potentiel sert aussi à exprimer Le mais modifiée; volonté, le pouvoir, le devoir, etc. , la possibilité, durst, He should h.ve acted otherwise, n'est pas au liberté, la 1 •• Y write, 1 .ight h.ve 1 could live on vegetables, essentiel la sont de telles modifications surtout exprimées par des verbes auxiliaires been consulted, une affirmation, langage; particulière ni en grec ni en latin, 1 would spe.k if etc. il n'a Le mode pas 1 potentiel d'inflexion et on peut le résoudre par l'indicatif et le subjonctif. Si ce qui est signifié n'est pas affirmé absolument, mais on fait seulement relativement à un autre verbe dont il dépend, usage du subjonctif, aussi appelé quelquefois conjonctif. Ce mode n'est pas bien marqué en anglais; l'absence du du singulier (if h. go), dans whether à la troisième la forme infinitive du verbe he b. alive, marques de ce mode. s 1 know not, sont les .tre, be principales Le subjonctif est, avec l'indicatif, le seul autre mode jugé nécessaire par Beattie; l'indicatif exprimant des affirmations absolues, et le 469 subjonctif, des affirmations relatives, dépendantes ou conditionnelles. Tous les autres modes peuvent être résolus par ces deux là. On se rappelle que Buffier, un précurseur de la philosophie du sens commun, avis. Mais même, à la rigueur, langues certes Le Beattie Ci 1 en reconnaî:t un peu plus loin pas. mais les inconvénients qu'on pourrait même que certaines Nous perdrions seraient mode optatif est marqué par des inflexions grec, du se passer du subjonctif et mentionne l' hébreu) n'en ont élégance, était minimes. particulières en et il est supposé exprimer un souhait ou un désir Cis said to express a Nish or desire) ; ma1s même en grec, un souhait peut être exprimé par d'autres modes et souvent ne peut être exprimé seul par ce mode sans l'aide d'auxiliaires. conclut Beattie en que ce mode est superflu, même en grec; et comme on ne le trouve dans aucune autre langue, il ne peut être essentiel au Il exprime souvent la signification du potentiel langage. ou du elliptique de s'exprimer qui implique une "affirmation absolue" exprimable par subjonctif. Le mode l'indicatif, i.p'ratif n'est qu'une façon quoique moins brièvement et moins énergiquement. Il n'est donc pas essentiel lui non plus. L'infinitif not) , n'est pas un mode Ca .ood it car il n'exprime aucune intention ou énergie 470 certainly is mentale, en particulier l'affirmation qui est un caractère verbe. Bien qu'il ne soit pas une forme verbale, néanmoins la fondation de tout le système verbal lequel Il s~élève est un lequel no. verbal ou le no. du l'infinitif est (le terrain verbe comme sur disaient les il exprime abstraitement un attribut sur se grefferont toute la variété des morphèmes marquer les modes, d'un du un édifice n'en fait pas partie souligne Beattie) . grammairiens; anc~ens essentiel substantif destinés à les temps, les personnes, etc. Il s'agit donc abstrait; a~ns~ Scire tuu. nihil est est équivalent à Scientia tua nihil est. Beattie manifestement modes s'en Harris) prend certains à auteurs qui ont voulu multiplier le en incluant un mode interrogatif et un mode lequel se divise à son tour en "déprécatif" L'interrogatif réquisitif, d'obtenir exprimerai t le I.e dé sir désir d'être assisté, quelque chose d'un commandement à un inférieur. et nombre en i mpé rat if. verbale; le déprécatif, et des " r équisitif", d'information supérieur, vise (i l le le dé sir l'impératif, Mais le déprécatif ne diffère le pas dans ses formes de l'impératif et l'interrogatif n'est pas marqué par des flexions l'intonation, latin (ne) progresser sans lui ou verbales, encore ma~s par l'ordre par l'ajout d'une particule Cette multiplication des modes, l'art grammatical, ajouter des au lieu le rend plus confus et grand-chose. Beattie estime ou comme en de faire difficile préférable réduire leur nombre le plus possible (deux ou trois) 471 mots de et de rendre les autres par l'usage d'auxiliaires. Les interjections sont moins les signes des pensées que des sentiments ( p. 314) . Ce n'est pas une partie du discours nécessaire, car on peut la remplacer par d'autres mots ou par une phrase entière les (Rl~s! interjections = 1 ~. sarry) . sont des cris de Beattie rejette l'idée que la nature compréhensibles partout et pour tous; car, si on fait exception de quelques mots, tels Rh!, Oh!, etc., les interjections diffèrent grandement d'une langue Elles servent non seulement à exprimer à une autre. émotions vives (joie, surprise, douleur, etc.) , mais aussi des à proférer des imprécations et des blasphèmes. Beattie note m@me en passant qu'on blasphémait beaucoup sous le règne de Charles et que sa Majesté (p. 319). "Queen Elizabeth was addicted *** 472 to II, swearing" ! NOTES (1) C'est l'expression utilisée par Hume dans une lettre à son éditeur W. Strahan lui demandant d'insérer l'''Avertissement'' dans les exemplaires restant en librairie; l'''Avertissement'' fut joint dans l'édition de 1777. Un extrait de la lettre est cité dans la traduction française de l'Enqu.te ••• , Paris, Aubier, 1947, p. 37, note 1. (2) James Beattie, EIe.ents of #foraI Science (1790), re1mpression en fac s imi lé (avec une introduct i on de R. Irvine), Scholars Facsimiles & Reprints, Delmar, New York, 1976. Dans son "Introduct i on" , Irvine pré sent e ains i notre aut eur "James Beattie, poet, critic, popularizer of Thomas Reid common sense philosophy, and a professor of moral philosophy, was a major contributor to Enlightenment thought in Scotland" (p. vi); il ajoute que sa poésie était connue à travers toute l'Europe. (3) C'est ainsi que le présente A. Joly, dans "Temps et verbe dans les grammaires anglaises de l'époque classiques", Histoire. Epist4.010gie. Langag., VII-2 (1985), p. 122. Cependant, Irvine, dans son "Introduction" aux EIe.ents of /foraI Science, cite un passage de la correspondance de Beattie (une lettre datée du 17 décembre 1779) où il écrit, à propos d'un traité de grammaire qu'il prépare: "1 have drawn a good deal of information from Mr. Harris's H.r •• s, and Lord Monboddo on 'Language'; but my plan and my sentiments differ in many particulars from both" (pp. viivi ii) . (4) J'utilise la seconde édition de 1788, parue à Londres, selon la réimpression en facsimilé de 1973, Ann Arbor (Michigan), par University Microfilms. *** 473 CHAPITRE DIXIEME : DESTUTT DE TRACY (1803) Le premier tome, (1) théorie de l'esprit de Condillac, de le second tome des El'.ens parus en quatre tomes à Paris chez Courcier de 1801 à d'Id~ologi. 1815 est dans est Idêologie propre.ent dit., la lignée de Locke, et une surtout que Destutt considère comme le véritable fondateur l'idéologie ("le fondateur de la science que nous Id'ologie propre •• nt dit., Tome l, p. 214) est une Logi qu.. , et le quatrième, étudions", Le troisième tome (2). un Trait' de la volontê et de ses effets. D'après Aarsleff ("Wilhelm von Humboldt and the Linguistic Thought of linguistiques Destutt qui the French des Idéologues, est (::s> ) , Id'ologu..s " et les particulièrement théories celles de mouvement, incontestablement auraient exercé une certaine influence sur von Humboldt alors que celui-ci résidait Humboldt Idéologues, eut à Paris vers la fin effectivement mais il nous de nombreux paraît exagéré un principe de "relativité linguistique" 474 des (4). années contacts de leur 1790; von avec les attribuer Si l'Idéologie est la science des idées, la Grammaire la "continuation" de cette science (6ra •• aire, p. "t out idé es, discours connaissance est la manifestation de parfaite nos de ces idées qui peut "t out système de signes est un langage", langage, tout émission Grammaire de discours" (ibid.) . de signes est Destutt sera 1); parce que seule découvrir la véritable organisation du discours" c'est faire 21). Comme emploi d'un <l5> discours" "l'analyse de toutes les L'ld~olo9ie propre.ent dite la nous (p. et "tout un est la espèces de s'occupe l'origine et de la formation de nos idées, de de l'expression de nos idées dans le discours. Destutt intelligence je puis réduit à deux le nombre des opérations C'est notre existence toute entière" sentir" Cp. condillacienne 22) entre nos idé es" une autre" notre "Sentir et juger, voilà toute notre intelligence: dire voilà tout notre être, tradition de j (ibid.) , 23) , que (pp. du sensualisme, plus précisément, Cp. tout ce que 21-22) . "juger nous sommes. Mais dans c'est "c'est sentir des la encore rapports c'est "sentir qu'une idée en renferme l'idée que nous avons d'un être quelconque renferme une qualité, une propriété, une circonstance; la faculté de juger est "la faculté spéciale de sentir entre idée et une autre le rilpport du. contenilnt ilU. contenu." (p. une 24) . Àvoir une idé e, c'est sentir, avoir une perception; juger, c'est distinguer propriété, une une circonstance 475 particulière dans cette perception. Cette faculté, depuis Port-Royal, très grande importance pour la Grammaire Générale, "car c'est à et c'est à elle surtout que se rapporte l'artifice du discours; manifester ses résultats uniquement destiné" (p. qu'il est est d'une principalement, sinon 22). Destutt, après Condillac, réaffirme en effet le principe voulant que "[1] 'essence du discours est d'être composé de propositions, d'énoncés de jugemens. Ce sont là ses vrais élémens immédiats; les é lémens , et ce que l'on appelle improprement les parties du discours, ce sont réellement les élémens, les parties de la proposition" (pp. 33-34, aussi p. 29). Mais les langages articulés, dans leur évolution, "ont été si travaillés, si tourmentés, si sophistiqués; ils ont revêtu des formes si variées, S1 syncopées, S1 détournées, que l'on a peine à reconnaitre, à travers tant de déguisemens, en quoi consiste la expression véritable un parfois moment déguisements, les siècles, "pour rendre de la pensée" (p. de réflexion pour 36-37) . Il retrouver, instruments l'expression de la pensée plus donc sous ces Àu cours des l'expression d'un jugement complet. peuples ont forgé les faut indispensables complète et plus fac i l e" (p. 67). Le nombre de nos perc ept ions, idé es et jugement s excède de beaucoup le nombre des moyens linguistiques dispose pour signes" que les exprimer. En c onsé quenc e, les sont les langues ne sont efficaces et Il dont on systèmes de viables que dans la mesure où ils permettent de faire beaucoup avec peu. Pas 476 étonnant, remarque l' idé 01 ogue, qu'une bonne partie de ce nous exprimons demeure sous-entendue (cf., les mots pp. 43 et 117), qui reviennent le plus souvent dans le discours indéclinables, comme les conjonctions et les prépositions) presque toujours, que que que (les soient dans toutes les langues,des monosyllabes, et les mots déclinables aient la capacité d'exprimer significations, comme l'attribut, temps, le les verbes, qui le nombre, la plusieurs peuvent exprimer personne, la voix, l'existence et le jugement, et les noms, qui peuvent exprimer, en plus de leur signification principale, le nombre, le genre et le cas. Tous nos discours expriment souvent sous asymétrie une forme elliptique. l' idé 01 ogue pour opérations de notre esprit. ou "Je veux", cette volonté, donc entre le des Il y jugements, quoique a jugement intéressante et nous exprimons le jugement que cette ~st en nous. etc. ; les autres "Je souffre", Lorsque nous disons souffrance, Pour exprimer un désir, un souhait, un doute, etc., il suffit de le nommer en disant souhaite", une "Je veux", "Je mais pour exprimer un jugement, cela ne suffit Pour pas. exprimer un jugement, il faut énoncer le sujet, l'attribut, et le signe de l'affirmation (p. Si on dispose de ces signes, on 26) . peut alors exprimer tous les autres actes de pensée simplement en affirmant diverses qu'on les a (cf. p. 25) Nos idé es que les objets qu'elles représentent; 477 sont il faut aussi donc à chaque fois des signes différents pour l'opération qui consiste à juger est les représenter. toujours Mais m~me, la peu importe les idées que le jugement unit; un seul signe suffit donc à marquer tous nos jugements. C'est le verbe qui marque l'affirmation, qui est le qu ' une idée est sentie comme comprise dans une autre; c'est "la forme du verbe" @tre grand", "La mal.s verbe, jugement, d~finis pas un expression d'un verbe doit sens le jugement. Pour l'un fois un exprimer un des modes Le verbe est nécessaire dans c'est lui qui détermine le sens proposition dans laquelle il entre. déterminer " Pierre il Y a chaque porter la marque de Cc' est-à-dire personnels) . toutes les propositions; ou plutôt, Cp. 27), car dans les phrases pèche que je tiens", signe d'une de la Les différentes manières de proposition ont été marquées par différents modes. Pour établir la "véritable valeur de toutes les possibles", propositions formes différentes 44) . Pour montrer il suffit Cque le verbe) que tout donc d'examiner est capable de discours est rev@tir" l'expression jugement, Destutt doit montrer, à la manière de Beattie, conditionnel, modes indicatif, interrogatif, et dubitatif, . subjonctif, servent jugements. 478 tous "les Cp. d'un que les optatif, impératif, à exprimer des Pour l'indicatif, il n'y a pas de doute t out es les phrases dont le verbe (exprimé ou sous-entendu) est à l'indicatif expriment bien des jugements. on l'a souvent appelé C'est pourquoi, nous dit "mode énonciatif" Même des phrases comme "Je veux", etc. , des énoncés de sont exprimer "Vous jugements, propositions incidentes, un est conditionnel "il l'est jugement "mode judicatif". souffrez", "Il désire", quoiqu'elles des sentiments et non des jugements; que ces sentiments sont dans un sujet. bon" ou elles (ou suppositif) paraissent signifient Cela est encore vrai comme "L'homme qui est bon"; dont "qui" Destutt, est le des "qui sujet. est Le mode exprime lui aussi un jugement, mais dans une forme qui fait attendre quelque condition, supposition, ou restriction, qui modifiera l'attribut et en fera partie" 46) . (p. Ainsi, dans une phrase conditionnelle "Cette opération serait bonne si elle était so.re" , que dans l'idée de cette op4ration est renfermée bonne s'il a stiret'" y (ibid.) ; conditionnellement la seconde. mode la première "je comme prononce l ' i dé e idée d' • t re renferme Nous reviendrons plus loin sur ce que Destutt considère comme un temps de l'indicatif plutôt que comme un mode proprement à part, comme Girard et Beauzée. Le mode dans jugement; "Il faut que je sois entendu", "je sois entendu" exprime un jugement, vrai". subjonctif sert lui aussi à exprimer un comme "Dans , 'c el a est vr ai' , les deux cas, le que 479 cela est qui précède marque que ces dans "Je pense que phrases dépendent première encore d'une autre ("je sois entendu"), phrase. Seulement, on a jugé à propos de par une nuance dans la forme du verbe, certaines occasions, c'est l'usage en français" dans la l'indiquer parce que, dans (pp. 46-47) Nous verrons plus loin que le subjonctif n'est qu'un cas "oblique" du mode indicatif. Les phrases optatives, vous m'avez dit!", que "Que n'ai-je fait expriment encore des (respect i vement) jugements; la m@me chose que "Je vivement de n'avoir pas fait ce que vous m'aviez dit", affligé de ne pouvoir vous suivre", vous réussissiez". malgré pour Destutt, elles regrette "Je suis "Je souhaite ardemment Il Y a donc toujours expression de que le forme en soit changée. d'un mode verbal, ce que "Que ne puis-je vous suivre!", "Fasse le ciel vous réussissiez!", signifient comme jugement, Il ne s'agit pas mais d'une "locution que vraiment abrégée" . "Faites cecil", "Allez làl", expriment la m@me chose que "Je veux ( 0 u j e dé sir e) qu e vou s fa s sie z c e ci" , l a, " . "J'énonce l ' i dé e de .0 i , que je sens, désirer, etc., etc. mode optatif, dans les idées qui "Je veux que vous composent alliez actuellement je remarque celle de vouloir, celle de C'est encore un jugement" (p. 48). Comme le le prétendu mode impératif .n'est qu'une abrégée" . 480 "locution Même traitement en ce qui a trait au mode "Rv"z-vous fini? interrogatif veulent dire je vous demande, .tes-vous prt-t? je désire savoir si, etc. , etc. Ce sont autant de jugemens portés sur moi -même que je vous exprime" (p. 48). I l s ' agi t donc enc ore , non pas d'un véritable mode verbal, ma~s d'une locution abrégée, d'un " terme de supplément " comme l ' aurait dit Buffier. De tous les grammairiens dont nous avons traité Destutt est le dubitatif. seul à ma connaissance qui jusqu'ici, envisage un mode Il introduit d'ailleurs ce mode sur un ton dubitatif "Je ne crois pas que l'on doive faire un mode particulier de ces tournures de phrases, pas essayer? Mais si l'on veut, peu importe. oSflr.is-jfl observ"r? ne pourrait-on Par leur forme, elles sont interrogatives, et rentrent dans ce que nous venons de dire " (ibid.). ne sais", Ces phrases signifient la même chose que " je doute " , "j e "je crois pouvoir", etc. Ce sont donc, encore, des locutions abrégées mises pour des expressions de jugements. Lorsque le verbe est au mode participe, expression de jugement; il n'y a pas le verbe à ce mode est un adjectif, mais cette forme, nous le verrons plus loin, est "sa forme essentielle et fondamentale" c'est (p. 49) . un substantif verbe lui-même" (ibid.) L'infinitif n'est pas un mode verbal; "[c]'est le nom par lequel on désigne l'infinitif ne forme donc pas, 481 le lui non plus, de proposition. Nous voyons donc, par ce qui précède, qu'à chaque fois que le verbe est à un mode défini, il y a expression d'un jugement. Si les interjections ont un caractère marginal grammairiens philosophes antérieurs, dans la théorie discours ne sont de Destutt. A l'origine, 70) . (p. "Toutes les seul etc." (p. 32). content, m~me ne du sont un seul geste je veux ou je vous demande secours ou je souffre, ou un je SUl.S Le langage d'action ne distingue aucune des idées qui composent ces propositions. le et "un seul geste dit je vous appelle, dit centrales parties celles-là, avec le langage d'action, ou je vous montre cela, crl. autres les et à la ré s oudre dans ses é lémens" exprime une proposition entière cela, elles deviennent que des fragmens de destinées qu'à la décomposer, pour Les interjections ont effet. Destutt entend par interjections non seulement les "interjections proprement dites", mais "tous les mots qui forment à eux seuls une proposition toute entière" 69) , (p. le cas d'adverbes ou de particules comme oui et et non. Les interjections "renferment implicitement un sujet et un verbe qui c'est s'y trouvent confondus" (ibid.); isolé es dans syntaxe et le discours, ne ne donnent lieu à peuvent avoir Lorsqu'on sépare confondu, elle devient par là l'interjection, d'une par suite, elles sont forcément nl. aucune conjugaison nl. interjection le sujet m~me l'exclamation, 482 un verbe le cri qui règle de déclinaison. s'y trouve "Quand je dis ouf, ouf, signifie la proposition entière j'4touffe. Dès que je dis je signifie plus que l'attribut Itouffe" (p. 81). ouf, ouf C'est ainsi ne que furent trouvés les verbes. Examinons de plus près la nature du verbe, le Ilverbe d'existence" l'énoncé d'un jugement; et en Toute proposition est consiste à sentir qu'une idée existe dans notre esprit et qu'une autre idée existe dans qu'une celle-là" proposition (p. 51) . Par conséquent, renferme deux signes existante par elle-même, comme "tout jugement particulier "l'un représentant une idée et l'autre représentant une autre idée n'existant que dans la première. élémens nécessaires du faut il discours" C'est-là (pp. sfrrement 51-52). deux Rappelons - le, Destutt est un partisan d'une analyse bipartite de la proposition en Sujet-Attribut (l'attribut renfermant essentiellement le verbe). Les noms représentent des idées qui ont dans l'esprit une existence absolue et indépendante, peu importe que les êtres représentés aient une existence réelle et positive , ou fictive et imaginaire; Olt ous l es autres é lémens du di sc ours ne repré sent ent que des idées relatives à celles-là, comme (p. et ne les représentent existantes dans les sujets auxquels elles 52). 483 se que rapportent " Au premier abord, bons candidats pour il semble que les adjectifs former la seconde indispensables à l'expression complète d'un repré sente isolément une et idée, non classe Cp. des "attributs complets", plus cette notion d'existence" 55) . de jugement, existante indépendamment de toute autre faisant partie d'un sujet" pas comme soient par idé e, signes puisqu'il elle-même, "mais comme Mais les adjectifs ne car les adjectifs de sont " ne renferment Cp. 56). Car pour signifier complètement qu'une idée est renfermée dans une autre, il faut auparavant signifier qu'elle est, qu'elle existe. Or, c'est-là une propriété dont, par une abstraction singulière, tous nos adjectifs se trouvent dépouillés, et qu'il faut qu'ils recouvrent pour redevenir des attributs complets. (Ibid.). Le seul adjectif qui renferme cette idée d'existence est 4tant ou existant. Pour qu'un adjectif devienne un "attribut complet", ou, dit autrement, pour qu'il devienne un verbe, il Un verbe renfermer implicitement l'adjectif Itant. rien d'autre qu'un "les adjectifs proprement dits sont des verbes mutilés, seuls attributs complets, repré sentent complètement une donc n'est donc adjectif renfermant l'adjectif Itant. verbes sont des adj ect ifs ent i ers" "les devra Ainsi, et Cp. 57). Les verbes sont ains i c'est-à-dire les seuls mots qui idée comme une existante dans autre. Voilà pourquoi il n'y a pas de proposition sans verbe" 65). A la rigueur, l'adjectif 4tant est seul attribut", les m~me (p. "le seul verbe et le puisque tous les verbes le contiennent; il n'y a 484 donc pas de proposition sans cet adjectif, lorsque celui-ci est utilisé dans un mode défini. L'idée d'existence est donc nécessaire pour faire un verbe et tout verbe la renferme. puissent avoir des existantes qui modes, parce il faut premièrement positive, ou conditionnelle, avant tout exister" (p, 58) , seuls qu'''il n'y a puissent avoir des modes; certaine manière, manière On comprend que les verbes que les choses car pour ~tre, être d'une Pour exister d'une ou su.bordonnée, il faut Et parce que l' "idé e de duré e est aussi un mode de l'idée d'existence", il n'y a que les verbes qui puissent aV01r des temps. Il semble bien que pour seuls les modes indicatif, conditionnel et subjonctif des modalités subordonné e) , servent d'existence et (positive, que tous les autres souhaite que Il ou "Je regrette que "Je désire que vous fassiez" désire savoir si, (dubitatif) , On ," voit qu'avec présumés jugements qu'ils expriment commencent par J.. loin chez Destutt, toujours dont demande", serait équivalent à "Je perçois vert", Parce tous (sais, à toujours et nécessairement contenu dans toute 485 les du est propositions vois) que cet arbre propos "Je Nuchelmans va plus L'énoncé "Cet arbre est "préambule" "Je Je ne sais ... " modes, y compris pour les le verbe est à l'indicatif. le "Je le sujet ultime de toute proposition le locuteur lui-même, que définis nous-m~mes "Je doute", ces modes " (optatif); "Je veux", (impératif); " (interrogatif) ; expriment conditionnelle, présumés à former des propositions à propos de l' idé ologue, locuteur proposition, vert" est est nous ne sentons jamais le besoin de l'exprimer explicitement. On se rapproche ainsi fortement de l'''hypothèse performative". Dans la théorie des modes verbaux que présente Destutt au chapitre " Des Déclinaisons des Verbes", il entreprend de faire un grand peut ménage dans les dénominations avoir trois substantif, substantif "états" adjectif, ou et (infinitif) ne traditionnelles. "fonctions" attribut. peut il Le avoir verbe de Le verbe peut @tre l'état à suj et; mais de "son expression n'est ni définie ni indéfinie; la preuve en est, qu'il peut lui -même @tre le suj et d'une phras e" état, le 181) ; dans cet verbe est susceptible de toutes les modifications qui forment les "déclinaisons" (genre, (p. nombre, cas) des substantifs. Dans l'état d'adjectif, le verbe doit "marquer les nombres et les cas, et il doit avoir les trois genres s'accorder avec les substantifs, (pp. 178-179) . Enfin, et cela, circ onstanc es" dans toutes les lorsque le verbe pour pouvoir est dans l'état d'attribut, "il faut qu'il exprime le rapport de concordance avec son suj et" (p. 179); rarement les genres dans cet état, il ne marque jamais les cas, (comme en hébreu et en suédois), nombre et les personnes. toujours les temps. le verbe Dans ces trois états, Compte tenu de ces toujours le trois marque "états" ou "fonctions" des verbes, et parce que les anciennes dénominations des modes ("infinitif", " par tic i p e", "dé fin i ", " i n dé fin i ", etc. ) ne lui paraissent pas plausibles, 486 il estime que ces trois fonctions du existence, et substilntif, Reste verbe que sont "des modes ces modes seraient .od;e · adj;ectif, maintenant bien très-bien et .ode attributif" déterminer à distincts les de son nommés, (pp, 181-182) , subdivisions du mode attributif, Les prétendus dubitatif modes optatif, interrogatif, "ne s ont que des 1 ocut ions ab ré gé es, impératif dans lesquelles, lorsqu'on remplit les ellipses, on ne retrouve toujours que modes indicatif, et subjonctif" (p, conditionnel, reste donc plus qu'à examiner les modes et subj onctif l'attributif) d'attribut (qui Dans sont ces indicatif, dernières trois derniers, 182) , I l ne conditionnel sous-divisions le verbe les a le de rôle "il signifie également que l'idée qu'il exprime est comprise dans un sujet" cette les et idée dans absolument"; d'incertitude", autre verbe", celle le (ibid.), Dans l'indicatif, l'existence de du sujet conditionnel et le subjonctif, est ajoute dite au "positivement verbe "une "une idé e de dépendance De cela, Destutt tire deux conclusions 1° que le mode conditionnel n'est qu'une nuance, un usage particulier du mode indicatif, nuance qui est plutôt un changement de temps qu'un changement de mode; car le conditionnel a toujours quelque chose de futur, ou du moins d'éventuel, puisque ce qu'il énonce doit être, mais ne sera que quand une telle chose aura lieu, 2°, Que le mode subjonctif est absolument le mode indicatif à un cas oblique, précisément comme Petri est le même nom que Petrus, en y ajoutant seulement l'idée de dépendre d'un autre nom, Car quand je dis, je suis, je sois, je dis exactement 487 et idée d'un la même chose, à cela près que, dans le second cas, j'exprime que ce jugement dépend d'un autre. (pp. 182-183). En fin de compte, le pas de vra1S modes du verbe; part icul iè re, font "conditionnel et le subjonctif ne sont donc tous mais l'un est une et l'autre un cas oblique du mode trois partie du mode attributif" circonstance indicatif. (pp. Ils 183-184 ) . L'indicatif ne semble se distinguer aucunement de ce que Destutt appelle le mode attributif. Mentionnons en terminant la très intéressante théorie des conjonctions avancée par Destutt. D'après lui, la conjonction que ~tr(1 "est proprement la conjonction unique, comme le verbe verbe unique" "d'exprimer la (p. 132) . La signification propre liaison d'un verbe avec un propos i t i on avec une autre l l Ci bi d .) . entre le que deviennent autre de co... corr.ctif, supposition qu •••• que la phrases; des conjonction il par là même conjonction. Ainsi, la il que" ; et si signifie revient au moins (p. 131) une fois "dans énoncés comme arguments et composant un nouvel dans la ces prenant énoncé. La façon est Destutt pense qu'elle s'est introduite dans le langage 488 faut On voit ces conjonctions sont clairement des foncteurs seule conjonction qui ne puisse être analysée de cette que; d'une Tous les mots dans lesquels faut conclur. qu•••• " qu. est que verbe, conjonction .ais signifie ajout.r est le sur le modèle des prépositionsj expressions (comme de propositions, cette première comme mais au lieu de lier des noms ou des dans "le livre de Pierre") , elle lie dans "Je vois qu.e vous êtes là", conjonction trouvée, l'ajout de diverses idées accessoires, *** 489 les autres Une suivirent des fois par NOTES (1) J'utilise l'édition parue à Paris en 1970 à la Librairie Philosophique J. Vrin, qui reproduit telle quelle l'édition de 1817 chez Courcier. L'Idéologie propre.ent dite est d'abord parue en 1801 sous le titre: Projet d1élé.ens dlIdéologie à llusage des Ecoles centrales de la République française, toujours chez Courcier. (2) L'idéologue souligne toutefois que Condillac n'a jamais donné à sa doctrine une forme achevée et un exposé définitif; au lieu de cela, on trouve divers exposés de sa doctrine, rédigés à différents moments selon différentes préoccupations, épistémologique, grammaticale, logique. (3) Dans Fro. Locke to Saussure. Essays on the Study of Language and Intellectual History, Minneapolis, Univ. of Minnesota Press, 1982, pp. 335-355; ce texte est d'abord paru en français dans La 6ra •• aire général.. Des Modistes aux Idéologues, éd. par À. Joly et J. Stéfanini, Presses de l'Université de Lille, 1977, pp. 217241. Le texte anglais est une version révisée. (4) Àarsleff écri t "The central doctrine both in their philosophy (celle des Idéologues) and in Humboldt's is the socalled principle of linguistic relativity with its associate doctrines of the ultimate subjectivity of speech and its social nature" (p. 335). Les Idéologues, en particulier Destutt de Tracy, et plusieurs autres se situant dans ce que Àarsleff appelle "la Tradition de Condillac" n'admettaient sarement pas le principe de relativité linguistique; nous l'avons vu au chapitre premier de la première partie, le philosophe classique qui s'en rapprochait le plus est Maupertuis, qui ne fut approuvé ni par Turgot, ni par Condillac, ni par Maine de Biran (pourtant proche des Idéologues). L'assertion de Àarsleff me paratt donc exagérée. (5) Condillac disai t déjà, dans sa 6ra •• aire (p. 443), que "le du langage est dans chaque homme qui sait parler". La distinction langage (système de signes)/discours (emploi de signe) esquissée par Destutt nous semble anticiper les distinctions contemporaines langue/parole (de Saussure) , langue/discours (Guillaume), et compétence/performance (Chomsky); ceci dit, bien sar, en faisant abstraction des nuances et de toute la prudence qui s'imposent lorsqu'on discute et compare ces oppositions. syst~me 490 (6) Le t ext e pré sentant l'argument est 1 e suivant "pour exprimer une sensation, un sentiment, un désir, simples ou complexes, actuels ou passés, il suffit de les nommer, soit avec un seul signe, soit par le moyen de plusieurs réunis ... Pour nos jugemens au contraire, cela ne suffit pas. Quand nous aurions un signe particulier uniquement destiné à représenter l'acte intellectuel qui consiste à juger, nous répéterions éternellement ce signe qu'il ne signifierait rien. Il marquerait que nous jugeons, mais il ~e dirait pas ce que nous jugeons; il n'indiquerait jamais de quelles idées il est question. Il faut donc, pour exprimer un jugement, énoncer les deux idées dont l'une contient l'autre, plus l'acte de l'esprit qui aperçoit ce rapport". (Pp. 25-26). *** 491 TROISIEHE P~RTIE : CONCLUSION GENERALE LA SEMANTIQUE IDEATIONNELLE DES MODES D'ENONCE: L'HISTOIRE DES THEORIES DE L'ENONCIATION SA PLACE ET SON DANS ADEQUATION EMPIRIQUE La catégorie du mode verbal est un véritable nid de dans la Grammaire Générale. elle renvoie à la morphologie, la pragmatique, aléthiques, Elle A la croisée de plusieurs à la syntaxe, la rhétorique, à de entretient plus des au traitement liens avec chemins, à la sémantique, à des modalités du locuteur. actes de parole et aux attitudes aux guêpes d'autres catégories verbales, comme celles d'aspect et de temps. Nous tenterons, dans cette conclusion capital d'idées verbaux dans qu'occupent relativement mentionnées chemin Grammaire Générale, deux approches certaines plus haut. parcouru l'adossant Ensuite, à de mettre un peu d'ordre que nous a fourni notre enquête sur la les générale, dans des que nous la de le travail, en première. toucherons quelques mots du traitement des 492 statut rapidement à l'occasion aux résultats obtenus dans la nous modes catégories et ce le di st ingué es avons mesurons partie les précisant disciplines Mais d'abord, la deuxième en dans modes chez les comparatistes, puis chez les linguistes et contemporains. en critères Enfin, d'adéquation ressortir les con s i dé ra n t empirique, dé fauts les plus un nous philosophes certain nombre essaierons importants de de la de faire sémantique idéationnelle des modes d'énoncé. *** Nous avons présenté, partie) de la section (deuxième un premier groupe de grammairiens philosophes partisans théorie pensée. dans la première des modes verbaux comme marqueurs d'actes de Cette théorie du langage s'appuie sur une philosophie de l'esprit où les "actions de l'esprit", les "mouvements de l'âme", ou les "énergies mentales" directement et s'expriment ou littéralement caractéristiques. par des peuvent s'exprimer flexions verbales Ces actes de pensées sont les mêmes partout et pour tous, et tous ces actes affectent, chacun à leur manière, le mode (ou de prédication des énoncés qui les expriment. l'affirmation), le commandement, le Le souhait (ou désir), la prière, l'interrogation, les émotions vives par les interjections diversement, souhait, Que et les comme le dit Searle (et de l'existence) parle. et le les exclamations) , (1) émotions vérité dont on non catégorique), le "actes de vives puissent être 493 "posent" la question de la (catégorique ou simple (exprimées etc. , de l'attribut vis-à-vis de l'objet jugement jugement des pensé e" au sens strict, commandement, actes on le comprend aisément; l'interrogation, la prière, mais pour et bien d'autres du même genre qui ne peuvent être accomplis par des "solitaires", cela est moins évident. le êtres Mais nous avons vu comment James Gregory, avec sa notion d'''opération sociale de l'esprit", avait la théorie des actes de enrichi des aspects sociaux de ces actes; effet, des ces opérations impliquent, communication. expriment les divers actes de pensée déclaratifs l'action Gregory) commençant (ceux de Port-Royal, énoncés pensée énoncés qui une hyperphrase dénotant mais les grammairiens Du Marsais, dont Harris, Monboddo, ne traitent jamais les énoncés non déclaratifs modes autres que l'indicatif) ces Les sont tous équivalents à des par accomplie par le locuteur; nous parlons en croyances à propos de l'existence d'autres personnes impliquées dans le procès de la énoncés pensée pour tenir compte (ou les comme des énoncés elliptiques, expriment simplement et directement autres que le jugement catégorique. Les des et actes de définitions du verbe données par ces grammairiens font surtout appel à la notion d'existence, et lorsque l'affirmation est invoquée, comme à PortRoyal, n'est on en fait le jamais limité "principal usage" à cet usage. Il du verbe, y a donc, et celui-ci dans cette approche, une réelle autonomie du discours non déclaratif. Dans les seconde section, théories "ré duct i onni st es" exposé es dans tous les énoncés expriment des jugements. 494 la Nous avons toutefois rencontré, philosophes, quelques particulier chez clairement que dans ce second groupe de grammairiens résistances à cette Beauzé e tout et interprétation, Condillac. discours exprime des Beauzé e en affirme jugements et rien d'autre, mais nous avons noté quelques ambiguïtés dans sa théorie de l'impératif; le verbe, à l'impératif se distingue du verbe à l'indicatif en ajoutant à l'idée de l'existence intellectuelle du sujet avec relation à un attribut l'idée accessoire de la volonté de celui qui parle ou est censé parler. Et jamais Beauzée n'offre d'équivalent "expositif" des énoncés impératifs, sauf dans le cas des énoncés impératifs (utilisant le subjonctif) à la troi s ième personne du singulier ou du pluriel; mais pour ceux à la deuxième personne du n'explique singulier, et les deux premières pas en quoi ils expriment des du pluriel, "jugements". il Quant à Condillac, il semble s'écarter sensiblement du cadre des théories idéationnelles et s'avancer, vers une des actes de parole. Pour est une suite de propositions exprimant discours qui théorie plus qu'aucun autre à affirment l'attribut dans l'affirmation accessoire la le (ou coexistence suj et. Mais la à lui l'impératif époque, tout aussi des jugements non-c oexi st enc e) dans sa théorie n'est que l'''accessoire'' "disparaît" son des modes, de l'indicatif et pour faire de cette place au commandement. Lui non plus ne "réduit" pas les énoncés impératifs à des ra1son phrases déclaratives. que Aussi, ce n'est peut-être pas sans Nuchelmans voit chez Beauzée une extension "proposition" ; accordé aux termes "jugement" et va-t-il de même chez Condillac. du sens et peut-être en Mais il Y a un certain nombre de 495 ral.sons qui nous paraissent démentir cette interprétation. théorie du jugement de ces grammairiens est clairement aux logiciens, véri té et grammaticale, ne fausseté; renVOl.e la pas proposition, et seulement les jugements, forcément à la vérité eux, présentent et dé fin i s sen t réductionniste la entité et à la les jugements, s'expriment dans le discours par propositions. Quoi qu'il en soit, Tracy, à comme fausseté, mais Beauzée et Condillac sont formels de emprunté e et le jugement renvoie à la connaissance, la à La d~s les Buffier, Beattie et Destutt sans équivoque le verbe en une approche insistant sur sa fonction assertive. Mais là aussi les modes affectent directement l'affirmation, modifient le rapport de l'attribut au sujet, en ajoutant quelque chose à l'acte de juger à la base de toutes nos énonciations. non Toutefois, dans cette approche, le discours déclaratif n'a pas de véritable autonomie. Dans la première partie de notre travail nous avons insisté sur le postulat de l'universalité de la pensée et sur le principe de rationalité appliqué à la formation des langues et à l'usage normal de la parole. Nous avons pu constater à plusieurs reprises que les actes de pensée (pour le premier groupe de ou le jugement et les idées accessoires mêmes partout de rationalité, dans et que l'expression pour tous; les (pour le second) sont les et en ce qui concerne le principe modes verbaux des pensées grammairiens) (qui 496 permettent une économie autrement devraient être exprimées par d' "ennuyeuses circonlocutions") et augmentent aussi l'efficacité de la communication en donnant plus plus d'élégance à l'expression des pensées. modes (leur économie et leur deux grandes modes d'élégance, La une telle leur valeur grammairiens illustrant les économie et Mais si sont une les source pourquoi les trouve-t-on partout en si petit nombre? raison en fut donnée des et approches que nous avons distinguées. permettent et La rationalité des simplicité) esthétique furent confirmées par les d'''énergie'' flexions conjugaison, (Gregory, Beattie) verbales complique une multiplication d'autant le système de provoque une inflation des formes linguistiques, et rend plus difficile l'apprentissage aussi bien que l'usage de la langue. de Il est "préférable", maintenir linguistiques et toute la variété "mode verbal" de diversifier les des "mouvements de l'âme". "opérations de le nombre moyens des d'exprimer l'esprit" et des Gregory étendit à cette fin la notion de pour inclure dans les "modes grammaticaux" l'ordre l'intonation, mots, plus "efficace", un niveau de complexité acceptable à formes des plus simple, et même les (performatifs) verbes signifiant per .odu. conceptus l'acte de pensée du locuteurj tous ces moyens linguistiques concourent à l'expression d'une diversité d'actes ou de C'est qu'évolue ainsi marqueurs "opérations la d'actes de penséej théorie des la "modes modes même de sociales de l'esprit" de Gregory, fin pensée". verbaux elle comprend à la fin, tous car avec les comme les actes illocutoires, des actes perlocutoires et d'autres dispositions ou modes de pensée dont la plupart ne sont pas 497 exprimés bien qu'ils puissent approche l'être -- par des parait plus aristotélicienne, marques conforme à la qui distingue spécifiques. tradition les énoncés de la Cette logique susceptibles vérité et de fausseté des autres "genres de discours". de Il semble bien que les langues naturelles aient eu effectivement tendance à ne marquer explicitement (par des flexions verbales ou autrement) que les marqueurs de force illocutoire les moins plus un indicateur de dire, modifié par diverses d'accomplissement, propositionnel, pui s sanc e) , force illocutoire est effectivement omp 1 ex e complexe condition moins Y il marqué par un de a comme ajouter un mode sincérité ou de Sil (c'est-à- une condition préparatoire ou sur le une et opé rat ion s , Ile chances un pour syntaxique mode contenu degré qu'il ou une de soit flexion verbale, qui sont des marqueurs d'un type assez simple. Les modes verbaux marqueraient donc, les plus simples, jour à rationalistes, les actes de pensée les plus fréquents et les plus importants pour La théorie de la rationalité que nous la vie en société. mise pour la plupart, (premiè re part i e) et qui est avons commune aux empiristes et aux philosophes du sens et permet ainsi d'expliquer pourquoi il y a des modes, aux commun pourquoi leur nombre est partout restreint. Pour Beauzé e indiquant et le second groupe de Condillac) , l'interprétant direct les divers modes du verbe sont des "consignifiées" par le verbe, 498 (en grammairiens des des idées valeurs particulier morphèmes accessoires aj outé es à un jugement; ces idées accessoires déterminent divers modes et sont le plus souvent équivalentes à une hyperphrase qui, placée devant la clause propositionnelle, compose une phrase déclarative. Tous les énoncés non déclaratifs pourraient être distinctement marqués par des morphèmes exprimant de telles idées accessoires. modes verbaux permettent ainsi la même économie que les Les flexions temporelles et casuelles. Reprenons brièvement, un à un, le traitement des principaux modes verbaux dans la Grammaire Générale. L'indicatif est partout présenté comme le mode le plus fondamental, langage; toujours signifie il existence "positive", réelle ou verbe à l'indicatif est sa Royal, même Beauzé e) ; pas flexion un un "signification que les autres catégorique, fondamentale" nous l'avons flexions par qu'en Ce n'est une La signification du le caractérisant plutôt verbale pour les modes. l'indicatif jugement "imaginée". les Messieurs, mode, le plus nécessaire au vu, CPort- n'en font l'absence de s'opposant à apparaissent comme des "modes". Dans l'approche réductionniste, ce trait est encore plus marqué; d'abord parce que tous les énoncés expriment jugements et que c'est à l'indicatif qu'il revient d'exprimer jugement sous sa forme la plus pure; autres jugement ne font qu'ajouter présent dans tous modes accesso1res les le ensuite, parce que tous les des idées énoncés. Cet a le plus souvent pour conséquence de 499 des accessoires ajout au d' idé es suspendre le caractère positif "disparaître" sC1ence et et c atégorique l'affirmati on ) de l'histoire; du jugement L'indicatif ( ou de est le mode il admet le plus grand de la nombre de divisions temporelles et ses temps sont tous " définis" à une époque déterminé e) . Même s'ils furent diversité des types syntaxiques, accordent malgré tout un les certain faire attentifs grammairiens privilège ( relatifs à la philosophes à l'indicatif, conformément à la tradition logique qui a toujours eu tendance marginaliser les énoncés non déclaratifs de Austin) . (la descriptive à fallacy Dans la Gra •• aire g4n4rale et raisonn4e, qui accorde pourtant une certaine autonomie au discours non déclaratif, "principal" usage du verbe est celui qu'il a à l'indicatif; le tous les autres sont des usages "secondaires " . Le traitement du subjonctif, avec la Grammaire Générale. me semble - t-il, a Il n'est plus interprété progressé (sauf en de rares occasions) comme exprimant une attitude du locuteur, comme le comme doute, marquant sont mais plutôt, la subordination. toujours l'indicatif lui seul surtout à partir de Du subordonnés Les jugements qu'il sert à à d'autres jugements (et quelquefois le conditionnel). un "sens "indéterminati on " son t i n dé fin i s . qui Marsais, complet" ; il est marqué exprimer exprimés Il ne fait pas à d'une se manifeste dans le fait que certaine ses Les grammairiens philosophes remarquent temps souvent que le choix du subjonctif de préférence à l'indicatif tient 500 par non seulement au conjonctions à la fait qu'il vient la à de certaines (afin que, pourvu que, avant que, etc.), mais aussi suite de certains verbes qui "commandent" parce qu'ils expriment une incertitude, ou une faible probabilité. [1929] et suite les Leçons le une simple subjonctif éventualité, Gustave Guillaume (Te.ps de li ngui sti ques l et [1971] ) verbe précisera l'explication anticipée par les grammairiens philosophes axe où plus le possible et le certain constitue les deux sur un extrêmes, on se déplace vers le possible (via le probable) , subjonctif devient nécessaire. On dira "Je suis plus sQ.r qu' il viendra", ou même "Il est probable qu'il viendra", mais pas est possible qu'il viendra", propositions principales etc. ne connues à ce principe qu'il vienne" pas "visée" du lorsqu'ils ne constituent pas un milieu "transparent" (Guillaume), préférence à l'indicatif. "Il Ainsi, lorsque les verbes des permettent locuteur atteignant la "réalité", une le subjonctif s'emploie Il Y a toutefois des exceptions "J'espère qu'il viendra" vs "Je Quoi qu'il en soit, de bien crains pourquoi l'indicatif dans le premier cas, subjonctif dans le second? le et le les grammairiens philosophes, après les errements de la tradition qui lui attribue une valeur psychologique distinctive inclut (en français) meilleure (doute, les formes en -rais, compréhension du subjonctif; incertitude) son t arr i vé s d'abord en à une isolant le conditionnel pour temps de l'indicatif, ensuite en cernant plus précisément sa fonction de en faire un mode à part subordination, enfin en recensant ou et y un (comme chez Buffier) bon nombre de contextes où il s'utilise de préférence à l'indicatif 501 (verbes volitifs, de crainte, etc., propositions adverbiales introduites par que, sans que, bien que, pour que, etc.) . philosophes langues savaient que certaines subjonctif (hébreu, suédois) lui Buffier ne mais deux grammairiens n'ont et en conséquence, pas jugé nécessaire au langage; commun" Les pas ce mode n'était "grammairiens du sens attribuent un statut presqu'égal l'indicatif à reconnaît que ces deux modes en français (tous autres n'étant que des "termes de supplément"), et Beattie de "résolvent" même parce que tous les autres l'indicatif et le subjonctif. plus reconnue par Gregory; jugement (lorsque ("qu'il vienne!") souhait, etc. est "résolution" par subjonctif fut de l'indicatif) , de fait en effet, exprime tantôt un Il s'agit enfin d'un mode par là, tantôt un ordre des qui n'exprime que et l'usage qu'on en modes autres que clairement le caractère "oblique", des ou d'un jugements le subjonctif, plus que tout autre mode, "moyen de syntaxe" un L'ambiguïté du de l'indicatif, "accessoires"; se les ou encore une concession, une supposition, un (2) , 'c a s ob l i qu e " précédé modes ce mode, de l'indicatif "intensionnel" fait pour la fait ressortir des modalités (attitudes propositionnelles et modalités illocutoires) impliquées dans ces modes. Le Générale progrès le plus spectaculaire sur conditionnel n'avaient pour la théorie (ou des modes suppositif). Les concerne sans grammairiens ce mode aucun modèle dans 502 en accompli la Grammaire doute le classiques grammaire gréco- latine. On Marsai s) le rapporta d'abord au ou à l'indicatif un mode à part entière subjonctif (Buffier, Restaut) (Girard, Beauzé e ) . associé à l'idée accessoire d'hypothèse, d'exprimer c h argé grammairiens un jugement philosophes ( Port-Royal, avant de supposition Destutt par exemple, du Guillaume (1971, de d ' autres o nt tout comme les 135 p. est Tracy ) distingue le conditionnel-mode ( " Vous conditionnel-temps ou "futur hypothétique" et Mais clairement aperçu l'aspect " temporel" de ce mode, linguistes contemporains. d'en faire Le conditionnel est " c onditionnel". ( Buffier, Du et suiv, ) , réussiriez ") ("Je savais qu'il viendrait") qui s'oppose au "futur catégorique"; le conditionnelmode "porte une surcharge d'hypothèse" l'indicatif Cp. 135) , surcharge dont Beauzée compte par sa notion d'idée accessoire. s'en voyaient souvient, dans le l'indicatif, un "temps incertain " temps à venir" (Destutt) (:s ) traitements Ce temps. contemporains mode, voulait Buffier et conditionnel rendre Destutt, un temps on de CBuffier), ou un "imparfait des On trouve donc encore, d'idées sur les modes, capital absente dans le futur de des conceptions dans notre anticipant du conditionnel comme mode et qui n'existe que dans un nombre restreint les comme de langues, ne peut être considéré comme nécessaire au langage. Le mode potentiel n'est discuté que par anglais. Ce mode les ne concerne pas la morphologie grammairiens verbale mais l'usage des "auxiliaires modaux" en anglais. C'est Thomas Linacre 503 qui introduisit anglaise, et (à la Renaissance) ce mode dans la grammaire poussa même l'audace jusqu'à reconnaître potentiel dans la langue grecque. un mode Ce mode sert à exprimer, selon Beattie, des affirmations "modifiées" par la considération pouvoir, d'une possibilité, d'une liberté, d'une volonté ou d'un devoir. Ce mode n'est pas non plus nécessaire au langage. linguistes contemporains auxiliaires comme "pouvoir" et "devoir" et ceux-ci ne traités comme un mode appellent verbal d'un Les "modaux" mais plutôt les sous sont le pas titre "modalité" (cf. Ducrot et Todorov, 1972, pp. 393 et suiv.) Les principaux modes considérés jusqu'ici sont des de l'affirmation" tous expriment des jugements, "modes catégoriques, subordonnés ou dépendants, "conditionnés", ou enfin "modalisés". le subjonctif et le conditionnel Destutt sont dira que l'indicatif, des modes exprimant des modalités conditionnelle) , subordonné e, alors d'existence que tous les autres "définis" servent à former des propositions que fait le à propos de lui-même. Les modes que (positive, nous allons modes locuteur maintenant considérer sont les "modes de la volonté" qui mettent en cause le plus le souvent les positions du locuteur et de l'allocutaire procès de la communication plutôt l'attribution d'une valeur de vérité. 504 que les conditions dans de L'i.p~ratif est traité assez différemment dans la théorie des actes de pensée et dans les théories réductionnistes. Pour le premier groupe directement de grammairiens, l'impératif exprime toujours un acte de la volonté particulier et indépendant du jugement, soit le commandement, la prière, ou la concession selon le cas. Pour le second groupe, dégui sé ; on le considère soit comme un "terme de supplément" l'impératif exprime un jugement une phrase elliptique (Buffier, Beattie, Destutt), jugement chargé indiquant la son affirmation. celle soit comme un d'une idée accessoire marquée par volonté du sujet parlant tout un en suspendant (et autres comme celle de Stenius s'inspirant de Wittgenstein), l'énonciation illocutoire littérale (acte de d'un énoncé pensée) distinct de les énoncés impératifs par obtiennent d'effacement" profonde à il les emprunte propre; l'indicatif, et quelquefois au subjonctif, la "transformation une le en plus structure suppression des différentes de souvent à C'est surtout par distingue de "déduit" pratiquement les modes de la pronoms personnels qu'il Port-Royal n'a pas pour certains verbes comme .tre, avoir, savoir, pouvoir et vouloir. des acte générativistes dans de nombreuses langues, terminaison volonté un Les deux groupes de grammairiens sont parfaitement (4) l'indicatif. à théories, l'assertion; partir d'une phrase déclarative conscients que ce mode, la .odo associant à impératif seconde approche se compare davantage à celle des qui morphème La première approche correspond grosso de la théorie des actes de discours ou "manières de vouloir" sos se ou d'envisager l'objet de concessif la volonté pour en obtenir et l'impératif, concessif ne sont pas les division de cela même "marqués " langues modernes. (requi si ti ve ) et trois l'optatif, si l'optatif et en français et en général Harris englobait dans le mode de l'impératif et le déprécatif le le dans demande (precative) , cette étant commandée par le statut respectif du locuteur l'allo c utaire, ou par la responsabilité de l ' ajustement et du monde et de l'énonciation. L'interrogatif est souvent considéré comme mode grammairiens philosophes, correspond . de le comme les même si aucune flexion verbale ne lui Les peuples auraient pu, s'ils avaient jugé à propos faire, pour par créer des flexions verbales n'importe quel autre mode. souhait ou un désir de connaître, certaines informations. Ce pour l'interrogatif mode marquerait de recevoir Beauzé e, de l'allocutaire et surtout Gregory, note de la complexité de l'interrogatif <:5>, un prennent qui ne se laisse pas " résoudre" aussi facilement que les autres modes par l'indicatif. D'un énoncé interrogatif, on passe d'abord à un énoncé à l'impératif dont le verbe principal est un verbe de parole (c omme dire ou apprendr~, un énoncé déclaratif verbe de parole de etc.); puis, de cet énoncé, on arrive enfin à commençant par "Je demande" et contenant le l'énoncé précédent à l'infinitif suivi clause propositionnelle. 506 d'une L'optatif, comme mode verbal, n'existe (à ma connaissance) qu'en grec. Mais le latin et les langues modernes ont des phrases optatives équivalentes (Utina. + subjonctif, + subjonctif, "Plût à Dieu" "Fasse le ciel" ou "Que n'ai - je davantage de chanc es au jeu!", etc.), qui sont résolues par l'indicatif et le subjonctif. Ces nom, phrases expriment des souhaits, et ce mode, comme le mode grec du comme le subjonctif, produit que de "simples énonciations" Enfin, considérées interjections les comme des modes émotions vives. interjections naturelles", "oblique"; il ne (Du Marsais) . et excla.ations, sans (sauf pour Gregory qui en "mode grammatical" parmi d'autres), d'exprimer certains est même sont malgré tout des "mouvements de l'âme", en être fait un moyens particulier des Pour bon nombre de grammairiens philosophes, les (~h.' une , ~ie.', Hill as.' , suite de notre etc.) sont des "voix "conformation naturelle"; on peut les énoncer sans aucune intention de communication. Certains grammairiens philosophes en font, grammaire latine, ce statut entière. pour qui comme dans la une partie du discours; d'autres lui refusent parce qu'elles équivalent souvent à Mais il y a des grammairiens, les na t ur e Il es" , interjections ne sont tradition de la une proposition en particulier pas de simples Beattie, "voix car elles varient d'une langue à une autre. Destutt 507 de Tracy insiste interjections plus expriment que tout autre sur le fait des propositions entières que et les comptent parmi les formes d'expressions linguistiques les plus primitives, les parties n'étant du que des exclamations grammaire; etc.) , discours les plus importantes fragments sont ces des (Vive les Roi! différence des et verbe) interjections. souvent traitées phrases la à plus tardifs (nom en rhétorique ~tes Que vous interjections monosyllabes), ont un contenu plus explicite, Les qu'en belle!, (souvent des bien qu'il ne soit pas toujours équivalent à une proposition entière (quelquefois un simple acte de reférence) . Ce sont là les principaux modes traités dans les grammaires générales. Il n'y a guère d'autres modes pris en compte par les grammairiens philosophes, à l'exception du dubitatif chez Destutt de Tracy; et (roumain?, on gilyak, l'''expérience promissif ne trouve etc.) , indirecte") , rien sur les (en "évidentiel" injonctif et (comme mode syntaxique en modes turc, hortatif coréen), présomptif pour (rus s e) , etc. Les le modes impersonnels, dans la mesure où ils ne servent pas à former des propositions (considéré es peu d'intérêt brièvement, pour grammaticalement) , sont notre enquête et nous ne les avons surtout pour montrer classiques les opposaient aux modes 508 comment , 'dé fin i Sil. les de traités que grammairiens D'après Julien (1979, op. cit., p. 471), ce qu'il y a de nouveau dans la théorie des modes verbaux à partir de Port-Royal, c'est une "pragmatique du mode". Il entend par là "l'insertion du mode dans théorie une théorie des actes de parole". a eu quelques prédécesseurs à la Et même Renaissance Scaliger), c'est seulement avec Port-Royal que fois si cette (comme "pour la premiè re une théorie générale des actes de parole condescend à des exemples, et surtout à des exemples tenant compte de la diversité des langues" de (ibid., p. 472). Toutefois, cette théorie des actes parole est soucieuse de limiter la multiplication par une constante s igni fi er" avec confrontation des diverses la morphologie des langues, des "manières car ce n'est seulement ces diverses manières de signifier qui font les mais aussi Messieurs. modes les inflexions, comme l'expliquent de pas modes, clairement les Mais ce "frein morphologique" à la multiplication des n'empêche pas les grammairiens philosophes d'envisager un certain nombre de modes possibles qui ne sont priori modes a marqués par aucun morphème dans aucune des langues qu'ils connaissaient. Dans cette sémantique idéationnelle des modes d'énoncé, les énoncés composé s non déclaratifs correspondent à des énoncés ou syntaxiquement complexes contenant intensionnels" (6) des déclaratifs , , opé rat e ur s (verbes ou c onj onct ions). On peut le voir dans la théorie des propositions incidentes de Port-Royal où certaines 509 incidentes complexifient le verbe d'un énoncé l'attribut), que, comme Je soutiens que, Je souhaite que, ordonne, pas, souhaite, etc. ) ayant la que, J'ordonne etc. Celui ou celle qui soutient (suppose, etc.) que P, ne soutient pas valeur de vérité (ou ne suppose que P. propositions L'interprétation qui fait des modes verbaux autres que l'indicatif "opérateurs non assertoriques", modes de l'affirmation pour -rais Je suppose également et indifféremment toutes les même Dominicy, (et non le sujet ou les affirmations, (le subjonctif, Messieurs) tandis nous apparaît donc que (ou modes de "manières de vouloir", différentes des les comprenant les formes en suspendent les fondé e; de la "modifient") volonté des expriment ces deux sortes de modes se répartissant selon les deux directions d'ajustement fondamentales entre le langage et le monde. Rappelons-nous que pour Du Marsais, les toutes sont propositions dont le verbe n'est pas des propositions "obliques" ou de simples Le phénomène de l'intensionalité des modalités des modèle de l'oblicit. dans les théories réductionnistes, discours fut i 11 ocut oires) modalités des idées saisi, flexions l'indicatif à "énonciations". (et en particulier semble-t-il, casuelles. sur Dans le les les modes verbaux introduisent dans le accessoires qui altèrent pareillement la "signification spécifique" du verbe, c'est-à-dire l'existence (ou la coexistence) positive (Beauzé e, encore l'affirmation (Buffier, Beattie) *** 510 Condillac, Destutt) ou Comment les modes ils analysés par les ( et les énoncés non déclaratifs) comparatistes, les linguistes et philosophes contemporains? structuralistes, Ont-ils retenu chose de la Grammaire Générale et qu'y ont-ils ajouté? pas l'intention de ma~s seulement connus de furentles quelque Je n'ai répondre à ces questions de façon exhaustive, de sé l ect i onner chaque mouvement quelques important représentants pour bien discuter trè s Psychologie, ihre brièvement leurs conceptions. Steinthal Prinzipien und ihr (6ra •• ati k, ~erhaltnis Logik und zueinander, 1855) insiste sur les logique et grammaire , entre la "La pl us différences entre logique la proposition grammaticale et division logique du jugement en affir.ation et en n4gation. <7') distinction" De subjonctif (Conjunctiv) , aucunement aux modalités problématique, peuvent être rendues "~a.' qualité La grammaire ne connatt pas cette les modes les (indicatif, verbaux correspondent (assertorique, trois modalités par mais un du l'indicatif. d'après lui au jugement apodictique, 4cris.' important e la (kantiennes) du jugement forme aucunement un jugement, Satz). selon optatif et impératif) ne apodictique) ; toutes correspond même s'opère proposition bien simple énoncé jugement L'impératif qu'il ne (nur einen ne sont pas des jugements, mais sont pourtant des énoncés nécessaires" <e), peut-être parce que seul un énoncé 511 "nécessaire" peut rendre le caractère d'obligation catégorique de l'impératif. CSatzarten) de la grammaire ne correspondent pas non plus à différentes espèces de jugements logiques . et "narratifs" CErzahl-Satz ) n'appartiennent pas à la logique, Steinthal Les différentes espèces d'énoncé en CZ/IJecksatze ) Les invoquant Aristote. und ou jugement, est Les et les énoncés faux, comme sorte particulière car la liaison d'une fin avec un fait ou une des jugements; "mais dans la mesure lui-même, de la personne et de l'état de choses, il ne contient, la de la où indépendamment comme le et par suite aucun jugement" classification des énoncés, être personne et elle échoit à l'énoncé téléologique est considéré en Dans Mais dans "té lé 01 ogiques" peuvent né anmoins souhait, ni vérité ou fausseté, afin énoncés optatifs et impératifs ils n'expriment aucune habituelle note "té lé 0 logiques " c onjonctions, un simple énoncé déclaratif (Russage) , catégorie optatifs Befehl-Satze) ne sont ni vrais ni faux. la mesure où les énoncés vrais impératifs, -- impliquant certaines que, en vue de, etc. -- , (Hunsch- énoncés les grammairiens du (9) XIX· siècle, contrairement à ceux des Lumières, commencent à faire une place aux énoncés téléologiques et causaux, et Josef (le "grammairien philosophe" du Cercle de Vienne) , tradition dans sa classification des types d'énoncé Hermann Paul dé fini t Schachter sUl.vra cette (10) (Principles of the History of Language) l'énoncé en des termes qui ne diffèrent pas beaucoup 512 ( 11 ) de ceux des sentence the grammairiens philosophes du siècle 1.S the linguistic expression or symbol, combination effected means précédent of several ideas or groups of 1.n the mind of the speaker; denoting ideas has and at the same contemporains, explications (p. Paul ayant 111). Toutefois, n'est pas très enthousiaste recours à l'ellipse et tout énoncé doit contenir un verbe "fini" personnel) ; "Moi, un menteur?" fait acceptable. l' idé e des que est à ses yeux une phrase tout à Nous disposons de divers moyens pour l'ordre des mots, in linguistes vis-à-vis dénonce the (c'est-à-dire à un mode linguistiquement des combinaisons d'idées mots, ideas comme les that been time of reproducing the same combination of the same the mind of hearer" "The exprimer la juxtaposition des l'emphase, le contour accentuel -- pour les phrases assertives et interrogatives --, le temps, les "motsliaisons" (link-~ords) verbes auxiliaires, idé es; les conjonctions et et les inflexions. Les phrases assertives se comme expression de la connexion dé fini s sent deux comme les prépositions, phrases de demande (ou séparation) (sentences of de de.and) expriment les requêtes, les commandements, les interdictions, les conseils, et avertissements, C'est le ton de la voix qui désapprobations. quelle utilisés doivent optative nuance par de est être signification doit le locuteur. parfois encouragements, concessions, prières, s'ajouter énoncée Les énoncé s à cette influence sur la réalisation du souhait; Paul, attachée impliquant liste en espérant que doit aux mots un souhait lorsqu'une phrase l'énonciation dans ce cas, l'expression du souhait équivaut à une demande. 513 indiquer aura une souligne On peut être tenté de considérer les énoncés assertifs comme les seuls énoncés "normaux"; mais, insiste l'auteur, les énoncés de demande sont aussi assertifs. énoncés anciens, Les de sinon plus anciens, que les premières paroles des enfants sont demande et on trouve fréquemment de énoncés souvent tels des énoncés dépouvus de verbe Rttention! R gauche! Tout le .onde à bord! En voiture.' etc. , Ru feu!, etc. Le même mot anglais, Fire!, peut être, selon les circonstances, un cri d'alarme ou un commandement donné classe comme autres la guerre ou à un à peloton d'énoncé est celle des les interrogations. grammariens philosophes, formes d'interrogation, d'exécution. et les La Paul yes/no troisième distingue, des questions d' aprè s lui, la principale marque de l'interrogation réside, semble-t-il, dans l'intonation. Les énoncé s l'admiration. assertifs, exclamatifs Ils expriment empruntent souvent les impératifs ou interrogatifs. statut des énoncés impersonnels etc.) , souvent (" l l la surprise formes des énoncé s Paul discute aussi faut .. Il "Il Ei"st.ig.,,/ même l'infinitif peut servir à donner des le grê le.. " et prend note du fait qu'en allemand (et quelques langues) , ou autres ordres ("En voiture!") criait le chef de gare en Allemagne. Otto Jespersen (La Philosophie de la gra •• aire, 1924) <12> se situe à mi-chemin entre la tradition comparatiste et celle la linguistique post-saussurienne point de <13>. Son examen prend départ les cinq modes de la tradition de pour grammaticale indicatif, subjonctif, impératif, infinitif et participe. "Il est 514 pourtant évident, même catégorie écrit-il, que l ' on ne peut pas réunir dans une les infinitifs, les participes formes auxquelles on donne le nom de modes" plupart des titre de grammairiens philosophes, "modes" propositions. Pour qu'a (p. 447) il préfère lui, Comme la réserver le des différentes mais plutôt le locuteur à l'égard du contenu de autres former les modes n ' expriment pas Dans le cas du subjonctif cependant, (ibid.) . les aux formes verbales qui servent à relations entre le sujet et le prédicat, attitudes et "certaines la phrase" il admet que son emploi n'est pas déterminé uniquement par l'attitude du locuteur, mal.S "par la nature de la proposition et par l'uni t au nexus principal dont elle dépend" pour que l'on puisse parler de locuteur apparaisse est un la relation (ibid.). Toutefois, " mode", il faut que l'attitude du "dans la forme même du verbe". mode de la volonté, "mais seulement L'impératif et c'est là un dans la mesure où le locuteur entend point essentiel qui par là influer sur le comportement de celui à qui il s'adresse; dans les autres cas, en d'autres moyens" la volonté du effet, (p. 448) . la impératif à locuteur peut l'indicatif, "At t ent i on! ") s'exprimer de bien Mais d'autres et même le participe la volonté façons, (IJorgesehen.' du par = Les impératifs expriment aussi la permission, et "Oignez vilain il vous poindra, même quelquefois "la condition" poignez vilain il vous oindra" vous poindra, par "aller du commandement le plus prière la plus humble". l'infinitif, s'exprime L'impératif sert avant tout à donner mais ceux-ci peuvent des ordres, locuteur etc ... ) . (= si vous oignez vilain, alors il Jespersen critique les théories qui font 515 de l'indicatif un mode qui présente un fait comme réel, parce qu'en employant la phrase "Deux fois trois font sept", on énonce, avec l'indicatif, "s'il pour est tout malade. indiquer le contraire d'un fait l'indicatif " un fait réel. réelle de l'existence imaginaire, et n'est pas non plus (Toutefois, philosophes distinguaient souvent, réel; les utilisé grammairiens nous l'avons vu, l'existence pour tenir compte du fictif ou des prédications ayant pour objets des dans discours Le fig_enta). subjonctif, pour la plupart de ses emplois, peut être caractérisé comme '" le mode de la réserve' par opposition à une que l'on pourrait dire 'catégorique'" ne caractérise pas tous les emplois (p. 454). Mais la "réserve" du subjonctif, utilise parfois "pour des choses 'catégoriquement' irréelles" j'étais encore (ibid.) riche") , "pour (en aIl. H~re l'on en fr. èirconstances, des choses 'catégoriquement' que imaginaires ou ich doch reich! en d'autres et affirmation on ré elles" "Si l'utilise ("J e suis heureux que tus oi s venu"). Le subj onct i f est en fait susc ept ibl e extrêmement d'emplois si véri té dans les langues indo- en conséquence, "[o]n se rapproche beaucoup plus de europé ennes; la différents l'on considère l'indicatif comme le mode qu'on emploie lorqu'aucune raison ne milite en faveur d'une autre forme et le subjonctif employer l'autre" dans (pp. tendances europé ennes" comme celui que l'on peut ou des circonstances qui 454-455) . qui sont varient Il y a néanmoins communes à (p. 455) 516 toutes que d'une l'on doit langue à "un certain nombre de les langues indo- On emploie généralement l'indicatif dans les relatives et dans les propositions introduites par des conjonctions de lieu et de temps comme où, quand, pendant que, sauf pourtant, dans certaines langues, lorsqu'on veut indiquer une idée d'intention ou que la proposition exprime la pensée de quelqu'un d'autre que celui qui parle ou qui écrit. Dans les conditionnelles, le subjonctif s'impose le plus souvent s'il y a une idée d ' impossibilité, comme par exemple dans les propositions qui rejettent une condition ou qui expriment une condition contraire à la réalité, bien que même dans ce cas on ait tendance en anglais à ne pas employer le subjonctif. (Pp. 455-456). Jespersen donne au passage quelques indications intéressantes sur l'histoire XIX - du mode dans la grammaire siècle (Jespersen écri t, allemande. Au début en 1924, "voici plus d'un siècle") des grammairiens allemands tentèrent d'organiser les modes en système Wolff, cohérent en prenant les théories de Wolff puis de dans son possibilité, la donne 'modal i té s' , trois né ces s i té" (p. "possibilité parlait ontologie, "trois de nécessité et la contingence, 456) . Ainsi, objective" "possibilité subjective", nécessité objective la le du Kant. modalités, alors que la Kant et la on aurait fait correspondre à la possibilité, "conjonctif" l'''optatif''j l'existence un (subjonctif) , de la même manière, à la "la qui correspond aux verbes adjectivaux en -teos du grec -- et la nécessité subjective -- ou 'impératif'. Il y a peu d'intérêt, théories". ajoute l'auteur, à examiner l'histoire de ces (Ibid.) 517 Jespersen s'emploie pour sa part à distinguer les "modes notionnels qui comportent un élément de volonté" de ceux qui n'en comportent aucun, Parmi les premiers on retrouve: L'ordre ("Vasy! ") , la contrainte ("Il faut qu'il y aille"), l'obligation ("Il devrait y aller, Nous devons y aller"), bien y aller") , ("Allons-y") , promesse le conseil la prière ("Vas-y, s'il te plaît") ("J'irai, ça sera fait") , le encore aller") , vivant!), notionnels nous avons "souhait né ces s i té riche") , la quatre") , probabilité probablement"), puisse ("Deux y le doute ("Il est peut-être Cette pensé e" , laisse de c8té, de son propre aveu, d'autres utilisations" Il conclut donc sÜr , nombre de des font formes effectivement dans une langue" Gregory "modes", verbales (p, 458), 518 ~tre (" Il est "Il le riche"), la ("S'il était riche"), et la par moment celle que fait relativement deux l'affirmation rappelle grand et volonté, ("Il est probablement riche", ("Bien qu'il soit riche") , un de la nécessité intuitive ("Il doit ("Il sait parler"), l'irréel concession trouver ("Si seulement il ("Pour qu'il logique pour dépenser autant d'argent"), capacité la réal i sabl e" (qui ne comportent aucun élément 1a nécessairement saura veux"), (Les exemples sont tous de Jespersen), Pour les autres modes riche et l'intention devras l'exhortation la permission ("Tu peux y aller si tu ("Pourvu qu'il soit encore vivant!"), le regret était ("Tu de énumération, de ses "modes un grand suffit, quitter le l'on de nombre "Il que qui pour terrain rencontre Chez changé les comparatistes, considérablement. thé ori es des faits langues) changent et sont des "organismes" influence langue Même i dé a t ion n e 11 es, description de s~ contexte on concepts les épistémologique demeure dans le cadre (de langue s'enrichissent. utilisés diverses L'idée que mo~ns philosophes, l'ellipse, comme ont aussi contribué grandement à "aprioriste" que de langues celle d'une façonner des jugement et de la volonté, la a priori rupture du .le L'approche est grammairiens en témoignent le refus des explications le peu de considérations grammatical" la familles -- et l'idée de "forme interne" nouveau visage des sciences du langage au XIX-. beaucoup des pour les a (introduite par Schleicher et Becker) du darwinisme? (Humboldt) le sur la par nature du "parallélisme logico- et l'autonomie croissante de la linguistique vis-à- vis de la logique. Par ailleurs, le souci de la confrontation des diverses familles de langue et cel~i de la description rendent grammaire de plus en plus suspecte la valeur des catégories de gréco-latine et franç ai s e pour langues autres qu'indo-européennes. of Languag. (1867) ( 14) la description Dans Language and the de W. D. Whitney, l'histoire du verbe indo-européen, Whitney étant d'examiner la genèse des de vue la morphologie verbale. 519 la des Study par exemple, les modes ne sont invoqués que deux ou trois fois et uniquement en avec génétique le principal rapport souci de modes sans jamais perdre Pour et le verbe g4n4rale, classe R. Jakobson ("Les embrayeurs, les catégories verbales russe" des mode dans les Essais de linguistique est une catégorie appartenant c'est-à-dire, e.brayeurs, impliquent des à expressions de (1~) "Le mode caractérise la relation entre l'énoncé et ses protagonistes par la qui une référence au procès de l'énonciation et/ou à protagonistes procès le 1963) , (1957), référence ses le aux protagonistes du procès de l'énonciation: dans la formulation de cette Vinogradov, catégorie 'reflète la conception qu'a le locuteur du caractère de la relation entre l'action et son acteur ou son but'" 183) . Le mode est dans la même classe que les personnes grammaticales, les temps et le "testimonial" (discours indirect) ; (p. plus précisément, classe des "connecteurs" pour notre qualité logique l'énonciation) une langue affirmatif, 195) . mode est un embrayeur le statut, Cp. du 182) . particulière, pré sompt if, appelle, suivant l'énoncé et non Jakobson illustre cette catégorie notant la la c'est-à-dire, tIc e qui dé fini t (de procès" de L'autre catégorie importante propos est celle que Jakobson terminologie de Whorf, la (p. le qu'''en gilyak, les de sur statuts négatif, interrogatif, et interrogatif- négatif sont exprimés par des formes verbales spéciales" (ibid.). Le statut s'exprime assez souvent sur le plan syntaxique en russe, statut cf. p. correspond aujourd'hui "modes 186), ainsi, et non sur le plan grosso d'énoncé" ou 520 .odo, "types à (comme morphologique. ce qu'on Le appelle syntaxiques", par opposition verbale. aux On divise philosophes verbal". modes aux distingue c:onditionnel, produire, ainsi traitaient Quant Jakobson verbaux qui relèvent qui un verbaux mode signale (p. 188) ; L'injonctif mode se participation dans "des procè s est procès de morphologie grammairiens catégorie du grammaire "mode russe, Cl' indicatif) , qui un pourraient sans qu'ils se et un injonc:tif, 187) aussi la les la marqué divise encore en au que non procès de l'énoncé ce ce du sujet parlant, effectivement produits" (p. "que le ( .. deux sous l'uni té de la modes l'avis de en de se soient qui signale .. ) est imposé au protagoni st e" en opposition hortatif, l'énoncé", et l'indicatif. à qui en signale "une impératif, qui "réclame une participation au procès de l'énoncé": "à l'impératif le destinataire est toujours impliqué, qu'il soit au singulier ou au pluriel et qu'il y ait ou non participation tandis que destinateur" l'hortatif (ibid.). implique le du destinateur, destinataire et/ou le De "toutes les formes verbales, l'infini tif est celle qui véhicule l'information grammaticale minimale. Il ne dit rien n1 sur le protagoniste du procès de l'énoncé, ni sur la relation de ce procès aux autres procès de l'énoncé ou au de l'énonciation. nombre, entrer L'infinitif exclut la personne, l'ordre et le temps" dans la théorie des (p. 191) . modes aux autres modes (cf. l'idée Julien, le genre, Le structuralisme d'opposition signification d'un mode n'est pas dans son emploi, opposition procès 1979, le fait la mais dans son p. 13) < 16) , • l'opposition marqué/non marqué en particulier devient importante, mais nous avons vu qu'elle l'était également à 521 Port-Royal, qui sépare nettement l'indicatif des autres modes, élève de Saussure, cara c térisait l'indicatif toute addition au thème (Principes de gra •• aire la c atégorie dé c l a rat ifs (1 Chez et A. Meillet, un du temporel " g~n~rale, mode, ni Quant (17) 1928) du "par l'absence à L. Hjelmslev il ne discute même reste les de énoncés pas non a > • les philosophes (avant le Wittgenstein "seconde manière"), plus précisément chez les empiristes logiques (Russell et Reichenbach) , la discussion tourne souvent autour de la barre d'assertion "barre de jugement", (ou " expressif" caractère Signification et v~rit~ des (1940) énoncés (19), Urteilsstrich) non et sur le déclaratifs. Dans Russell présente la " phrase " en ces termes Qu'est-ce qu'une phrase? Il se pourrait que ce fût un mot isolé, mais, ordinairement, c'est un certain nombre de mots disposés ensemble selon les lois de la syntaxe; et ce qui la distingue c'est qu'elle exprime quelque chose qui par sa nature est une affirmation, un refus, un impératif, un désir ou une question. De notre point de vue, ce qui est plus remarquable concernant une phrase c'est que nous pouvons comprendre ce qu'elle exprime, si nous connaissons la signication des divers mots qui la composent et les rè gl es de la syntaxe. (P. 20). Et plu s loi n optatives, pouvons (p. 40) "Les phrases peuvent être interrogatives, exclamatives ou impératives, voire indicatives. nous borner au cours de presque tout le 522 reste de Nous nos discussions aux indicatives car ce sont les seules qui soient vraies ou fausses". Toute énonciation a un aspect "subjectif", et un autre "objectif" "Dans toute assertion il faut séparer deux aspects. Côté subjectif, l'assertion exprime un état du locuteur; côté objectif, réussit quand elle prétend c'est vrai" "indiquer" un "fait" 30) . (p. Les et "fins" elle y auxquelles répondent les énoncés non déclaratifs et les modes se déterminent simplement de la manière suivante Le langage répond à une triple finalité 1) indiquer des faits; 2) expri.er l'état du locuteur; 3) alt~rer l'état de l'auditeur. Cette triple finalité n'est pas toujours réunie. Si, solitaire, je m'écorche le doigt et que je dis "aie!", seul (2) intervient. Des énoncés impératifs, interrogatifs et optatifs comportent (2) et (3), mais pas (I). Des mensonges comportent (3) et en un sens (I), mais pas (2). Des exclamations poussées dans la solitude, ou sans préoccupation d'un auditeur, comportent CI) et (2), mais pas (3). Des mot s i s olé s peuvent c omport er t outes les trois. Ainsi, S1 je découvre un cadavre dans la rue et que je m'écrie "A l'assassin!" (p. 225) La "fonction expressive" et/ou l'intention perlocutoire d'altérer l'état du locuteur seraient donc caractéristiques des modes autres que l'indicatif, et des énoncés non déclaratifs. Reichenbach insiste lui aussi sur le caractère "expressif " des modes Conversational dans le fameux chapitre VII ("Analysis Language") des Ele.ents af Sy.balie 523 Lagie of (20) Les signes sont soit " dé no ta tif S i.l , premiers signes répondent Il soi t Il expres s ifs" ; à la fonction "cognitive" expres s ifs I l sont des qui termes "capacité pragmatique" ( prag.atic capacity) combination an instrument of the speaker. they do not say it; they are, their instrumental funct i on" la langage. agissent selon une Because they do "cognitive" "expressifs") . entre la signification "émotive" la L'usage cognitif/expressif que fait of On reconnaît l'allusion à chère aux néopositivistes, et this, merely expressive distinction de Wittgenstein entre .ontrer et dire, distinction, Les "They make the sign therefore, (p. 336). du seuls les rappelle l'opposition de actus à la signification (celle Reichenbach et des termes l'opposition exercituslactus significatus des médiévaux (reprise par Port-Royal qui fait de la l ocut eur) , copule le signe de l'affirmation accomplie par le la signifier et distinction entre signifier per .odu. affectus ou per .odu. conceptus. Le premier groupe de termes pragmatiques est constitué par et les le signe d'assertion de Frege mots oui et non. verbe, et (ou "barre de jugement"), Le signe d'assertion n'est pas la copule ou le mais le "point final" (period sign) dans le langage écrit langue l'intonation descendante (falling inflection) dans la parlé e. Russell avait utilisé le signe d'assertion Il indiquer qu'une proposition pest assertée ("I-- pourrait aussi bien adopter la convention qu'une formule sur ligne une séparée est par 524 là assertée. p"), La pour l --" mais raison on écrite pour laquelle Reichenbach considère le signe d'assertion comme un mode pragmatique (prag.atic .ood) tient au fait que l'expression qu'il compose ne peut être authentique) j niée ( comme peut l'être toute proposition tout ce qu'on peut écrire, c'est ceci 1) 1-- pj on ne peut écrire 2) 1-- p. Dans la syntaxe logique de Reichenbach, dépourvue de sens dire, affirmer 2) (.eaningless expression) qu'on est une ce serait, pour ainsi j "1-- p" n'affirme pas. expression n'exprime donc pas une proposition, contrairement à son "corrélat cognitif " que l'auteur formule ainsi 3) ass(Je, et qui, lui, peut être nié "Je , p'), n'asserte pas que Les p". expressions qui contiennent un signe pragmatique ne sont pas des propositions the fact "They are not true or false, that they cannot be negated. They constructed by the help of propositions. pragmatique expression est as Il lS are (p. d'assertion, en un .ode assertif. assertif" ne sont fonctions de vérité et Les expressions 525 Seule la Un énoncé dans le cas pas susceptibles d'être binaires. instruments 337) un opérateur qui transforme un dans un .ode prag.atique, shown by signe en du une signe "dans un mode combinées conjonction par les a un équivalent 11 j pragmatique ux ta po si t ion" . correctif transforme négation a dans le mot non qui, pragmatique sens La ( prag.atic après cette l'assertion analogue) dans toutefois son la simple équivalent lorsqu'il est employé dans d'une phrase un déclarative, assertion en une assertion de la négation de groupe de l'assertion première. Les "termes assertifs" constituent le premier signes pragmatiques. Les modes des verbes constituent le groupe. fait entrer dans la catégorie du seuls Reichenbach "modes de l'affirmation" indicatif, second mode subjonctif les et conditionnel While the period sign and the words 'yes' and 'no' constitute the first group within this subclass, the second group is given by the moods of verbs : the indicative, the subjunctive, and the conditional. Of these, the indicative expresses assertion, whereas the subjunctive and conditional express either absence of assertion or the assertion that the clause is false, i.e., the assertion of the negation of the clause. (P. 338). Le indicatif est donc bien lui aussi mode (plus précisément, assertif) . would have conséquent "mode assertif" il compose une expression prise dans un Dans la phrase anglaise helped un you" , (conditionnel) "If he were your friend, he l'antécédent (subjonctif) et sont tous les deux niés par leur 526 mode le mode respectif. Reichenbach l'indicatif et du subjonctif (qui s'emploient note pour l'autre indifféremment); nié e, aussi en anglais, la fausseté de affinités quelquefois de l'un lorsque la clause est l'antécédent est suffisamment marquée on utilise l'indicatif. si, Il mentionne aussi l'existence d'un mode particulier en turc destiné à "a les on a tendance à conserver le subjonctif, mais en français, parce que par lui mood marquer la probabilité, expressing that the truth of the sentence is weIl establ i shed" -.ish (21 ) (ibid.) , Reichenbach pragmatiques les interrogatifs, indiqué inclut dans termes int~rrogatifs, les d'interrogation, mode adverbes ce second le groupe comme d'interrogation s'ajoute auxquels par l'ordre none morphème de termes les et pronoms le des too point mots. Les questions sont des expressions dans un mode pragmatique (le .ode interrogatif) , expriment un l'auditeur. souhaite par puisqu'elles désir Leurs du ne peuvent locuteur être d'obtenir nié es. une corrélats cognitifs sont de la connaître la réponse à cette question". elle-même, classification réponse expri •• des ce désir, questions que elle ne présente le forme dit pas) Reichenbach we have three kinds of questions, we ask for an argument, a function, 527 "Je quest i on, La est "Since the term will be in one of the three main categories of object language, de (La pratiquement la même que celle présentée par Beauzée missing Elles the according as or a logical term" (p . 340). (Chez Beauzé e, les questions portaient soit sur le sujet, soit sur l'attribut, soit sur le rapport entre le sujet et l'attribut, c'est-à-dire sur l'assertion qui constitue, principal "terme logique" demandé pour Reichenbach par une question) questions portant sur un argument sont de la forme ("Quel est le x qui est tel que ... ?") . des fonctions, comme sont de la forme maison" , termes = et "C" logiques [f (xd qu'on appelle les (où C(f)] " ~yes~/~no~ maison?", "votre = Le plus important des peut être l'objet dernière sorte est l'assertion. (x)" Les questions portant sur le prédicat "couleur") qui Les "(?x) f "Quelle est la couleur de votre "(? f ) le d'une question de la Ces questions correspondent à ce q«estions; elles sont simplement de la forme "? p". Le troisième groupe de signes pragmatiques est celui des comprenant le mode verbal impératif, certains verbes modaux (comme "devoir", sho«ld, shall), à la troisième forme "! p " impératif Une expression (où "!" marque le commandement) et fassiez pli. son corrélat cognitif est est dans "Je désire une "! p "). permission. de la un mode que vous Ces expressions ne peuvent non plus être niées ne peut écrire exprimant personne ("Qu'il parte! ") . et le subjonctif (on Dans le même groupe il y a les termes "Permission" a deux significations; selon la première, quelque chose est permis lorsqu'il y a absence de commandement contraire; selon la seconde, 528 une permission est une invitation faire à quelque chose suivant en sa propre décision ("Vous pouvez fumez. Faites comme vous l'entendez!"). La .ay permission est souvent exprimée par des verbes modaux (comme en anglais) et Reichenbach dit que le mode optatif était utilisé cette à fin, bien que l'optatif souvent à ses yeux une soit catégorie superflue dans les modes. La quatrième classe de termes pragmatiques est termes comme excla •• tifs, emotional because outl et of interjections, the speaker. They are n ' est car douleur", pas é qu i val en t cette "Aie!11 ne le peut. en "used it " (p. à "J'ai signification dernière phrase peut être niée des as expressive they perform this outlet but do not say " Aie! " alors an terms 343) . une que "Aie! Il est plutôt "un signe indexical pour la douleur ll (p. ressent une douleur. (cf., les celle 344) Si quelqu'un crie IIAie!ll, nous savons qu'il "Aie! Il signifie donc per .odu. affectus Nuchelmans, 1988) travaux de Wittgenstein (1953) Les largement contribué, on le sait, à (1962) et Austin remettre en ont question l'opposition signification cognitive/signification émotive et ses conséquences méthodologiques. Les 529 philosophes du "courant logique", souvent motivés par un souci épistémologique, avaient jusque là construit la compétence du locuteur comme une à déterminer déclaratifs les conditions de véri té des capacité seuls énoncés Mais la diversité et l'importance des jeux de (22) langage mises en évidence par Wittgenstein et les philosophes "courant ordinaire" la compétence opposition imposa une conception beaucoup plus large de linguistique. Austin, "constatif"/"performatif", illocutoire un constituant de la énoncés des langues naturelles. finalement pris fait en dépassant sa propre fait la force a de signification de et cause pour une théorie (1971), C'est ainsi, John (1984b) Lyons traitent syntactic .oods) Les R. que des R. usages p. et Zaefferer .oods tandis énoncés 9). Les modes d'énoncé classifient (cf. que les ou les Davidson, (indirectement) les actes de discours lorsque les énonciations sont littérales; lorsqu'il y signification a écart entre de l'énoncé, signification ou illocutoire. classifient des actes illocutoires que l'on peut faire des de Huddleston (sentence modes syntaxiques classifient des énoncés, divers les philosophes en rapport avec la notion de force illocutoires actes D. Hausser (1980) tous des modes d'énoncés forces 1976, par exemple, (1977), tous Les linguistes contemporains ont discours qui fut un temps le lot quasi exclusif des du langage. du du le mode de l'énoncé locuteur n'indique mal.s et plus l'acte il1ocutoire principal accompli par le locuteur. La théorie des actes de discours est aujourd'hui conçue comme un une "Grammaire Uni versell e" (au complément sens indispensable à Montague) "langage idéal" de la Grammaire Universelle le 530 de doit en effet être illocutoires assez riche possibles et i Il 0 c ut 0 ire" de t 0 pour représenter toutes ainsi les le forces "potentiel u sIe s é non c é s, dé c 1 a rat ifs et non dé c 1 a rat ifs , (cf., Searle dans quelque langue que ce soit p. nommer & Vanderveken, 1985, 8). Les linguistes contemporains distinguent contrairement aux grammairiens philosophes, (celui des .odes d~4nonc4) le plan tous, syntaxique du plan morphologique (celui des .odes Ces deux plans ne sont pas clairement distingués dans la Grammaire modes d'énoncé Générale. Les modes verbaux (possibles) (possibles) sont, pour ainsi dire, et les en bijection : il n'y a pas de modes verbaux interrogatif, dubitatif, concessif, déprécatif, ou minatif, les peuples auraient pu en décider puisque les modes verbaux et les Peu importe, autrement. d'énoncé ma~s (ou modes syntaxiques) assument la même modes fonction; ils peuvent donc être traités sous la même rubrique. Les grammairiens philosophes mode dans (pas sont sensibles aux critères morphologiques une langue particulière sans une de inflexion caractéristique correspondante); mais dans le cadre d'une théorie g4n4rale i dé a t ion ne Il e fonction ou du sens, des modes qui se situe au niveau de ce qui compte, "manières" ou "formes de nos pensées" "modes de pensé e" (Gregory), les "modes grammaticaux" qui ce sont les la diverses (Port-Royal), ou les divers dépassent largement en nombre ( syntaxiques ou verbaux). C'est pourquoi 531 les mêmes modes grammaticaux peuvent exprimer différents actes de pensé e et (Gregory) ; même c'est donner lieu le contexte, locuteur et de l'allocutaire, des à usages l'intonation, etc., par tel ou tel mode. la situation du qui déterminent en général quel acte de pensée (ou quelle idée accessoire) "marqué " limé taphoriques Il est effectivement Il n'est donc pas surprenant que plusieurs commentateurs (Julien [1979], Dominicy [1984], Pariente [1985], Auroux [1986]) aient vu dans la Grammaire Générale une "pragmatique générale". *** Quels critères d'adéquation une théorie des modes (verbaux et syntaxiques) théorie devrait-elle idéationnelle des raisonnablement modes que nous satisfaire? avons tenté La de reconstruire les satisfait-elle, et dans quelle mesure? Dietmar Zaefferer ("Theorien der Satzmodi", 1984a) donne une liste de critères que nous prendrons comme point de départ en retenant les principaux. Ces critères formulent problèmes qu'une théorie adéquate devrait résoudre. différents Une adéquate des modes d'énoncé d'une langue naturelle L doit, Zaefferer <2:5) 532 théorie selon CA 1) sous-catégoriser les énoncés complets (selbst~ntigen ) de L selon les modes d'énoncé de L, c'est-à-dire, définir extensionnellement chaque mode d'énoncé de L comme sous-ensemble de l'ensemble des énoncés de L. Elle doit, par suite, tenir compte des phénomènes suivants CA 1.1) les relations structurelles ("transformations ") entre les énoncés de L ayant différents modesj CA 1.2) les relations structurelles entre les énoncés de L ayant différents modes et leurs clauses enchâssées (eingebetteten Entsprechungen) (s'il y a lieu) j CA 1.3) les rapports syntaxiques entre de telles clauses enchâssées (s'il y a lieu) et les structures enchâssantesj CA 1.4) les règles de distribution (Vorko •• ensbeschrankundes modes d'énoncé ou indicateurs de force illocutoire pour des expressions comme les particules de négation, particules modales, adverbes d'énoncé, etc .. gen) Une théorie adéquate des modes doit, de plus CA 2) définir pour chaque mode d'énoncé M de L la signification structurelle de M de telle manière qu'elle corresponde convenablement à la signification intuitive de Mj Cette théorie devra tenir compte des phénomènes suivants CA 2.1) les ambiguïtés éventuelles des modes de Lj CA 2.2) les propriétés logiques des modes de L, de même que les relations logiques entre eUXj 533 Tous CA 2.3) la relation de signification entre les modes de L et leurs clauses enchâssées (s'il y a lieu); CA 2.4) le fait que la signification de telles clauses enchâssées co-détermine la signification des structures enchâssantes. ces critères valent pour une théorie des modes une langue particulière. des Comme on peut le voir, critères d'ordre syntaxique, d'ordre sémantique. Zuber (1983, p. 3) à les CA 1 ... sont et l es CA 2 ... , Zaefferer en ajoute un, attachée qu'il des cri tè res reprend de et qui s'applique cette fois-ci à une théorie universelle des modes CA 3) Une théorie universelle des modes d'énoncé doit rendre compte du nombre et de l'identité des modes d'énoncé possibles. S. Lappin (1982, p. 559) donne pour sa part deux conditions d'adéquation que devrait satisfaire une théorie des modes (i) Une théorie des modes doit donner une explication systématique et unifiée de la manière suivant laquelle le mode d'un énoncé " interagit avec le composant véri-conditionnel de sa signification de façon à fournir une interprétation complète de l'énoncé; (ii) La théorie doit exhiber ce qui est particulier dans la manière par laquelle chaque mode détermine l'interprétation des énoncés dans lesquels il figure. (Ma traduction) . 534 On peut trouver encore d'autres critères , questions, Heaning chez Vanderveken (1988, and recoupent Speech Rets, plus pp. sous formes 8-9 et 38-39; à paraître en 1989 chez ou moins les précédents. En et sémantiques discours, comme introduites qui particulier, une par la théorie l'analyticité, véri-conditionnelles et la cohérence illocutoires, diverses des et et dans C.U.P.) théorie des modes grammaticaux devrait tenir compte des notions de actes de l'implication caractériser structure logique de l'ensemble des force illocutoires. la Voyons maintenant dans quelle mesure la théorie idéationnelle des modes d'énoncé satisfait ces différents critères. En ce qui concerne CÀ l, les grammairiens philosophes sont pour une large part redevables à la tradition aristotélicienne et à sa classification des énoncés. peut varier d'un grammairien à un autre, importants partout reconnus. identifiés ponctuation, ma1s les types les plus Les traits syntaxiques, morphologiques qui permettent deI es dé fin i r (modes verbaux, ordre des affixes, etc.) , mais sont mots, Renaissance) . peut Àussi, attendre intonation, jamais leur approche n'est les définitions des types syntaxiques des grammairiens philosophes la précision et la rigueur formelle qu'on 535 et clairement syntaxique ou morphologique (comme les ramusiens de purement d'avoir d'énoncé (déclaratif, impératif, interrogatif, exclamatif) sont phonologiques l'on types Le nombre des sont peut la que loin trouver chez un Montague suffisaient (pour largement pour sommaire et intuitive. reste le type les déclaratif), besoins Reichenbach traditionnelle" d'une elles classification La Grammaire Générale classique, comme du la logique à la même époque, formelles. ma1.s pour ne sont pas des critiquait son usage justement d'une entreprises la "grammaire logique vétust e et impuissante à résoudre certains problèmes liés à la formalisation du "langage conversationnel". philosophes ne langage objet guère le (c f., travail syntaxique progrè s distinguaient de la Auroux, de Ajoutons que pas non plus 1979, p. et Grammaire Générale ( en est beaucoup le 91) formalisation, enregi stré s) les m01.ns grammairiens métalangage du ce qui ne facilite que la dépit composante des dé ve l oppé e quelques que sa composante sémantique. Pour ce qui est de CA 1.1, les seules relations syntaxiques entre les modes envisagées dans la Grammaire Générale classique concernent les rapports entre les énoncés non déclaratifs et énoncés déclaratifs et renvoient en traditionnelle de "résolution" procédure n'est pas, général à la d'Apollonius Dyscole. me semble-t-il, fait appel au sens, à la synonymie. 536 les procédure Mais cette purement syntaxique; elle Une remarque analogue s'impose dans le cas de CA 1.2 et 1. 3. La composante syntaxique de la Grammaire Générale est peu développée pour satisfaire pleinement ces indique bien comment les flexions critères. verbales CA trop Beauzé e modifient la signification "spécifique" du verbe, mais la "morpho-sémant ique" de Beauzée demeure intuitive en comparaison, par exemple, celle de H.-H. Lieb <24> Dans le cas de CA 1.4, on trouve bien, ici et là, remarques pertinentes dans la Grammaire Générale, sur les particules de négation et des verbes relativement aux impératifs nombre de ces philosophes la position marqueur avec remarques demeure les quelques en particulier compléments d'objet (interdictions) ; mais le 1 imi té . Les grammairiens ne discutent pratiquement pas de l'occurrence et de ce que nous pouvons de force illocutoire", appeler c'est-à-dire des locutions adverbiales comme s'il te pla1t, des interjections comme Hélas.' "modificateurs (cf. , adverbes de de ou franche.ent , etc., ou Vanderveken, 1988, pp. 23- 24) . la Grammaire Chaque mode se voit attribuer Dans le cas des critères d'ordre sémantique, Générale une de s'en tire un peu mleux. signification typique qui correspond intuitivement ses principaux usages littéraux (CA 2 et le critère 537 à celle (i i) de Lappin) . Les principales ( en Mais grammairiens philosophes signalent clairement ambiguïtés pouvant survenir dans l'usage particulier pour le subjonctif et l'impératif ) des modes ( CA 2,1 ) , l' é tude des propri é t é s logiques des modes et des l ogiques entre modes ( CA 2.2 ) n'a pas beaucoup sans dé faut, mais parce que dans le c adre d'une théorie idéationnelle comme celle de la Grammaire Générale, modes relati o ns progressé, doute parce que les instruments l ogiques faisaient surtout le s d'une manière syntaxiques satisfaisante lorsque le but est les mots ont été associés aux opérations de des atteint ou traits l'esprit qu'ils sont censés exprimer, Les relations de signification entre les modes et c lauses propositionnelles (CA 2,3 et CA 2.4 et le critère ( i ) Lappin) dans la se traduisent, Grammaire par Générale, relations entre les propositions incidentes affectant les les de les verbes ou l'affirmation ("Je soutiens que", "Je suppose que", etc, ) , que nous avons mises sur le même pied que les modes, l'énoncé seraient (la "matière d'un jugement possible") "déterminat ives Il plutôt j "J'ordonne que S équivalent à "S ( est + plo est plo , ces Il Le qu.e s'analyse "Je "Je donne un ordre qui est 538 serait tout comme "Je suppose que S est équivalent à "S ( est + supp,) P", supposition qui est (elles soit pro dans ces cas-là comme signifiant " une chose qui est" une de incidentes qu' "explicatives" affectent la valeur de vérité ) ordre) et le reste fais I l etc. Le comme dan s l' analy s e "para taxique" qu.e, de Davids on, tient à la fois le rôle d'un pronom et d'une conjonction. Enfin, est le dernier critère mentionné par largement satisfait par la Grammaire Zaefferer (CA Générale, qui 3) tente, comme on l'a vu à quelques reprises, de réduire et d'expliquer le nombre et la nature des modes en les rapportant aux facultés de l'esprit, judicative, principales volitive et émotive. Mais la structure logique de l'ensemble des actes de pensée n'est jamais rigoureusement points fondamentaux dé fini e, alors que c'est un des de la théorie des actes de discours qui donne une définition récursive de l'ensemble des forces illocutoires. Somme prisonniers néanmoins l'étude toute, d'un sérieuse ne philosophes à des ébranler; familles commencera malgré de leur langues qu'avec le déclin autres de la progresse faiblesse de la logique qu'ils resté s qu'ils bonne Générale qui n'a pu alors réajuster ses concepts plus, sont cadre (la grammaire gréco-latine) contribué europé ennes les grammairiens la volonté, qu'indoGrammaire thé oriques . utilisaient, a philosophes ont proposé des analyses des 539 pu Mais en dépit de ces contraintes et limitations inévitables pour l'époque, grammairiens De laquelle beaucoup moins que la Grammaire à cette époque, être un frein au progrès de la Grammaire Générale. ont faits les de langue qui anticipent parfois les nôtres d'une façon mais comme l'écrit S. Àuroux étonnante; "Jusqu'à ce qu'on s'intéresse à l'énonciation, les théories de Port-Royal étaient plus puissantes que celles dont on disposait" <2:5) ce n'est donc peut-être pas si étonnant après tout ... Les modes grammaticaux, dans la Grammaire Générale, marquent les forces illocutoires les plus importantes et les plus fréquemment utilisées; ils déterminent si l'usage littéral énoncé doit compter comme expression de souhait, affirmation, etc. Mais le mode ne géné raI, une exemple, il n'indique pas si une une force d'un caractère prédiction ou un reportage, impérative exprime une concession, une d'une prière. question, d'ajustement; complexe; en par affirmation est un témoignage, ou s~ l'usage d'une phrase un ordre, un commandement, ou et par le fait même sa direction mais ils laissent indéterminés certains paramètres illocutoires (le mode d'accomplissement du but conditions préparatoires, propositionnel discuter pas, Les modes déterminent avant tout le but illocutoire énonciation littérale, sincéri té) commandement, marque relativement d'un et le les degré de conditions puissance illocutoire, sur des le les cont enu conditions de Ce qui n'empêche pas les grammairiens philosophes de à l'occasion de ces autres paramètres, l'identification est renvoyée au contexte d'énonciation, d'aborder des questions relatives 540 à la pragmatique des dont et même modes (comme l'a fait Gregory). constitue peut, donc La théorie générale des modes verbaux un véritable embryon de théorie en dépit de ses lacunes et limites, illocutoire être considérée comme le digne ancêtre des théories actuelles de l'énonciation. *** 541 et NOTES 0 ) John Searle, Speech Rcts, Cambridge, C. U. P., p. 122 "the illocutionary force indicating device operates on a neutral predicate expression to determine a certain mode in which the question of the truth of the predicate expression is raised visà-vis the object referred to by the subject expression". L'acte de référence est un acte "autonome" (a separate speech act ) relativement à l'acte illocutoire (la force ne l'affecte pas), contrairement à l'acte de prédication qui n'est pas autonome et est directement affecté par la force illocutoire de l'énonciation. (2) C'est en fait l'opposition indicatif-subjonctif, davantage que le subjonctif lui-même (qui marque la subordination), qui est ambiguë; par exemple, l'opposition de "Il vient" et "Qu'il vienne!" n'est pas du même ordre que l'opposition entre "Je cherche une maison qui a un jardin" et "Je cherche une maison qui ait un jardin". La première opposition dépend de la position du locuteur et de la direction d'ajustement (assertion-ordre), tandis que la seconde dépend des quantificateurs utilisés et ne marque pas différentes forces illocutoires. L'usage du subjonctif relativement à la quantification ne fut pas examiné par les grammariens philosophes; les choses eussent peut-être été différentes s'ils avaient disposé d'une autre "logique" . (3) Il est remarquable que Destutt appelle les temps conditionnels des "imparfaits des temps à venir" (Sra •• aire, p. 210); Guillaume 0971, p. 139), en comparant "J'aimais""J 'aimerais "; "Tu aimais"-"Tu aimerais", etc., conclut que "[1] 'imparfait, c'est le futur hypothétique moins le -r- du futur: j'ai.e(r)ais > j'ai.(e)ais > j'ai.ais". (4) Cf., par exemple, Th~orie globale des descriptions linguistiques , de Katz et Postal, Paris, Mame, 1973 (pour la traduction), en particulier pp. 119-120 "On fait l'hypothèse que ces phrases impératives ([5] "Go home!", [7] "Eat the meat! ") sont dérivées d'IS (indic ateurs syntagmatiques) sous-jacents aux phrases déclaratives du type [9] You will go ho.e [10] You will eat the .eat.. . etc. par une transformation qui efface le constituant auxiliaire et supprime optionnellement le syntagme nominal sujet." Voir aussi J.J. Katz, La philosophie du langage, Paris, Payot, 1971 (1966 pour l'original anglais chez Harper & Row) , pp. 118-119. Selon J.R. Ross, "On Declarative Sentences", 542 dans Readings in English Transfor.ational Gra •• ar, éd. par R.A. Jacobs et P.S. Rosenbaum, Walthan (Mass. ) , Ginn & Co., 197 0 , c'est un performatif abstrait qui est effacé par la transformation. (5 ) Cf., Vanderveken , 1988, op. cit., p. 152. ( 6) Cf., R. Zuber, Non-Declarative Sentences, Amsterdam , J ohn Benjamins Publishing Company, 1983, p. 7 : "The intensi o nality ( or opacity ) of t he operator making up the c omplex e xpression 1S manifested by the imp o ssibility of replacing the argument expression of the c omplex expression by a semantically equi v alent argument expression without inducing a change in the semanti c v alue of the whole expression." (7 ) H. Steinthal, Gra •• atik, Logik und Psychologie, ihre Prinzipien und ihr ~erhaltnis zueinander, Hildesheim, Georg Olms Verlagsbuchhandlung, 1968 ( reproduction de l'édition de 1855) "Die wichtigste logische Eintheilung der Urtheile ist die nach der Qualitât in b e j a h e n d e und v e r n e i n end e. Die Grammatik kennt diesen Unterschied nicht" (p. 175 ) . p. 176 "Geh .' schreib.' sind keine Urtheile, aber ( 8) Ibid., doch nothwendig Sâtze". Selon Jespersen ( 1924 ) , des grammairiens allemands du début du XIX- siècle ont tenté de systématiser les modes en les associant aux modalités Wolffiennes et Kantiennes et dans ce cadre, l'impératif correspondrait à la "nécessité subjective". ( 9) Ibid., p. 178 "insofern aber der Zwecksatz an sich betrachtet wird, abgelëst von der Person oder Thatsache, enthâlt er, wie der Wunsch, weder Wahres oder Falsches, ist folglich kein Urtheil". (10) Josef Schâchter (1935) Prolego.ena to a Critical Gra •• ar, (Prolego.ena zu einer kritischen Gra •• atik, trad. angl. de F. Foulkes, avec l'introd. de l'éditeur Moritz Schlick, Dordrecht, Reidel, 1973, Part Two, chap. III "Kinds of Sentences". Schâchter analyse les phrases (élémentaires) "indicatives" , "subjonctives", "causales" ( avec parce que), les énoncés à propos des fins et des motifs, les phrases interrogatives, dubitatives, impératives, optatives, les conseils (advices) , les phrases négatives, existentielles ( Il y a ... ), et relationnelles ( suivant le théorie des relations de Russell), qu'il fait suivre d'une théorie de la copule. ( 11 ) Hermann Paul, Principles of the History of Language 543 ( trad . angl. des Prinzipien der Sprachgeschichte, selon la seconde édition de 1890), College Park (Maryland), McGrath Publishing Company, 1970, chap. VI. ( 12 ) Otto Jespersen, La Philosophie de la gra •• aire ( trad fr. de The Philosophy of Gra •• ar, Londres, George Allen & Unwin Ltd, 1924), Paris, Ed. de Minuit, 1971, chap. XXIII. Jespersen présente aussi, chap. XXII, une classification des énoncés qui s'inspire largement de celle de Brugmannj nous n'avons pu consulter l'oeuvre de Brugmann sur ce point. (13 ) Cf., Paul Laurendeau, "Jespersen et l'imposture des parties du discours", dans Histoire. Epist~.ologie. Langage, VIII-I (1986), p. 142 "L'idée que l'on se fait spontanément du linguiste Jespersen est celle d'un précurseur des idées fondamentales de la linguistique contemporaine. Or en réalité ce grammairien ter.ine, épistémologiquement parlant s'entend, le XIX- siècle bien plus qu'il n'annonce le XX_II. ( 14) W. D. Whitney, Language and the Study of Language, réimpression selon la 6~·m- édition de 1901, New York, AMS Press, 1971, pp. 268 et sui v.; par exempl e "Moods were added by degrees : a conjunctive, having for its sign a union-vowel, a, interposed betweem root and endings, and bearing perhaps a symbolical meaningj and an optative, of which the sign is i or ia in the same position, best explained as a verbal root, meaning , wish, des ire'. From this optative descends the "subjunctive" of aIl the Germanic dialects" (p. 268). (15) R, Jakobson, "Les embrayeurs, les catégories verbales et le verbe russe", chap. 9 des Essais de linguistique g~n~rale, Paris, Editions de Minuit, 1963. (16) Cette idée d'opposition a transformé radicalement les théories idéationnelles du langage; si les idées ou concepts sont toujours les significations des mots dans le structuralisme, les significations ne se déterminent plus isolément, mais dans les oppositions mutuelles entre les termes concurrents qui s'alignent sur le même paradigme (axe de sélection) "En réalité, l'idée appelle, non une forme, mais tout un système latent, grâce auquel on obtient les oppositions nécessaires à la constitution du signe. Celui-ci n'aurait par lui-même aucune signification propre" (de Saussure, Cours de linguistique g~n~rale, op. cit., p. 179). (17) A. Meillet, indo-europ~ennes Introduction ~ l'~tude co.parative des langues University of Alabama Press, 1964, p. ( 1903), 223. 544 (18) Louis Hjelmslev, Principes de gra •• aire g~n~rale, 1. r édition, 1928, 2 ~.~- édition, 1968, Copenhague, Kommissionnaer Munksgaardj l'auteur affirme dès le départ que "[l]a grammaire générale est une science nouvelle. Elle n'a encore ni principe constant ni méthode assurée. Une théorie grammaticale est encore inexistante". .. (p. 3). Plus loin, il par l e des lois de la logique aristotélicienne c omme de lois "impératives"; elles "sont semblables aux lois sociales en ce qu'elles sont impératives" (pp. 19-20) , et réclame une "logique descriptive " (plutôt qu' "impérative", "normative" et a priori ) qui serait une partie de la psychologie. "Les faits grammaticaux sont des faits psychologiques" (p. 25); "[l]a grammaire étant par définition une branche de la psychologie" (p. 26). Dans le Chap . III "La catégorie grammaticale", il explique que le verbe est une "catégorie fonctionnelle", ou plutôt "un groupe de catégories d'une variété quasi infinie" (pp. 205-206). Dans l'énumération qu'il donne des "sous-catégories", on retrouve "les verbes d'affirmation absolue et d'affirmation conditionnelle" (p. 206), à côté des verbes actifs, passifs, causatifs, désidératifs, intensifs, itératifs, fréquentatifs, momentanés, verbes négatifs, impossibles, verbes d'état, verbes potentiels, relatifs, verbes de spontanéité, de simultanéité, de proximité, d'éloignement, verbes indiquant la direction de l'action, etc., etc. L'auteur ajoute que ces catégories ne sont pas toutes réalisées dans tous les états de langue. Plus loin encore il prend sérieusement ses distances vis-à-vis de la "grammaire traditionnelle", applaudissant les critiques que lui adressait Meillet sur "la place donnée par la grammaire traditionnelle à l'impératif, dans le système du verbe. L'impératif est au fond, du moins dans quelques langues, la forme essentielle du verbe; le système traditionnel ne lui donne donc pas la place qui lui revient. A notre connaissance, le grammairien danois Peder Syv est le seul qui ait placé l'impératif en t~te du système du verbe. Le système de la grammaire traditionnelle a été trop fort pour qu'il ait pu avoir des successeurs" (p. 249). Mentionnons tout de m~me que Leibniz, Court de Gébelin et quelques autres à l'âge classique étaient d'avis que l'impératif des verbes devait ~tre la forme la plus primitive du verbe, parce que l'impératif du verbe est presque partout monosyllabique et il constitue de ce fait le radical sur lequel se grefferont les morphèmes des autres flexions verbales. Il prend encore ses distances vis-à-vis de la méthodologie traditionnelle en critiquant Brugmann (pp. 309-310), parce celui-ci "voit la différence essentielle entre le verbe fini et le verbe infini dans la flexion personnelle. Cela semble ~tre un résultat typique de sa méthode, qui consiste à se borner aux anciennes langues du groupe indo-europé en" (p. 309); page suivante "[m]ais ce qui rend impossible d'adopter le critérium de Brugmann, c'est qu'il y a quantité de langues non-indoeuropéennes où le nom ordinaire se pr~te à une flexion de personne" (Hjelmslev mentionne le finno-ougrien) . 545 (19) B. Russell, Signification et v~rit~ (1940), Paris, Flammarion, 1969 (trad. fr. de Rn Inquiry into Heaning and Truth) . ( 20) Hans Reichenbach, Ele.ents of Sy.bolic Logic (1947), New York, The Free Press, 1966; section 57 "Logical terms in a pragmatic capacity".Voir aussi W. E. McMahon, Hans Reichenbach's Philosophy of Gra •• ar, . La Haye-Paris, Mouton, 1976; pp. 216-223 pour l'analyse des "termes pragmatiques" de Reichenbach. McMahon présente Reichenbach comme un " universal gra •• arian " dans le sens traditionnel de l'expression. Il aurait renouvelé la Grammaire Universelle en adoptant une nouvelle logique qui reconnaît l'existence des relations, et en faisant usage de la notion russellienne de "fonction propositionnelle" et de la distinction frégéenne fonction/argument, qui aurait manqué grandement à la Grammaire Générale classique. (21) Cf., D.I. Slobin et A.A. Aksu, "Tense, Aspect, and Modality l.n the Use of the Turkish Evidential", dans Tense-Rspect : Between Se.antics & Prag.atics, éd. par Paul J. Hopper, Amsterdam/Philadelphie, John Benjamins Company, 1982; les formes en -.ish seraient avant tout destinées à marquer l'expérience indirecte, par opposition aux formes en - di qui marquent l'expérience directe; ainsi, "Kemal gel -di" ("Kémal est venu") signifie que le locuteur a rencontré Kémal "en chair et en os" (expérience directe), tandis que "Kemal gel -mish" (également "Kémal est venu") signifie que le locuteur a inféré la venue de Kémal à partir de certains signes, ou qu'on lui a rapporté la venue de Kémal (expérience indirecte); dans certains cas, les formes en - .ish s'emploient aussi pour marquer la surprise. L'interprétation de Reichenbach se justifie dans la mesure où l'expérie"n ce indirecte n'est jamais "certaine" et n'est souvent que "probable" . (22) On ne doit cependant pas né gl iger l es "dé clara t ions programmatiques"; ainsi, même si Montague s'est limité à la reconstruction de fragments déclaratifs de l'anglais comme les philosophes du courant logique dont il s'inspire largement, il signale néanmoins, dans "The Proper Treatment of Quantification in Ordinary English" (cf ., R. Montague, For.al Philosophy, éd. par R. Thomason, New Haven, Yale University Press, 1974, p. 248, note 3) que les conditions de vérité et d'implication (entail.ent) sont inappropriées pour les énoncés impératifs et interrogatifs et qu'il faudrait les remplacer par des conditions de "satisfaction" ( fulfil.ent conditions ) et une caractérisation du contenu sémantique d'une réponse correcte. Zaefferer & G. Grewendorf, "Theorien der Satzmodi", (23) D. Wunderlich et A. von article du manuel Se.antik édité par D. manuscrit daté de juin 1984. J'ai traduit du mieux que Stechow; 546 j'aie pu les critères recensés par Zaefferer. (24) Cf ., par exemple, Hans-Heinrich Lieb, "Principles of Semantics", dans Syntax and Se.antics (vol. 10), Academic Press Inc., 1979, pp. 353-378; en particulier la section 2 sur les "significations morphologiques". L'approche de Lieb demeure assez tradi tionnelle ("perhaps shockingly SOli - - p. 359), en proposant une conception psychologique des significations morphologiques, mais elle s'en écarte en utilisant les ressources de la théorie des modèles à la manière de Montague . (25) S. Auroux, "L'histoire de la linguistique", fran ç ai s e , déc. 1980, p. 9. *** 547 dans Langu.e BIBLIOGRAPHIE Aarsleff, (1967): The Study of Language in England, 1860, Princeton, Princeton U. Press. H. 1780- (1970) : "The History of Linguistics and Professor Chomsky", dans Language , XLVI, pp. 570-585; aussi dans Fro. Locke to Saussure. 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