News o iT

publicité
C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
EDITO
La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South
News
N°14 Été 2012
Vers de nouveaux développements sur le Biopark
Le développement du Biopark constitue un extraordinaire succès dont
s’enorgueillit notre Université, et que
la Wallonie est fière de présenter à ses
visiteurs du monde entier.
Ce succès est dû à l’articulation entre
une recherche de base de très haute
qualité, le développement d’outils
industriels et de coopération avec les
entreprises, et une contribution de
premier plan à la formation et à l’employabilité. Il a été porté, outre l’ULB,
par les financements publics wallons et
­européens, par la mise en place de partenariats privés et par la collaboration
avec l’UMons.
Aujourd’hui, nous nous préparons
à positionner davantage encore le
Biopark au plan international.
Succès en recherche fondamentale
et dynamisme industriel
De l’excellence de la recherche témoignent les succès remportés dans
deux appels très compétitifs qui
viennent de se clore. En effet, des
équipes du Biopark coordonnent deux
des programmes d’attraction interuniversitaires (PAI) financés par le gouvernement fédéral (sur 47 PAI au total)
et une équipe est partenaire d’un troisième pôle ; par ailleurs des équipes de
Gosselies coordonnent deux des treize
Actions de Recherche Concertées (ARC)
qui viennent d’être attribuées à l’ULB.
Pour les cinq ans à venir, ces seuls appels
en recherche fondamentale représentent un financement pour les équipes
concernées de 3,5 millions d’euros !
Quant au dynamisme du Biopark en
termes de développement industriel,
il suffit de comparer l’occupation actuelle du campus avec le terrain vierge
sur lequel s’était installé l’IBMM il y a
13 ans ! Une douzaine d’entreprises,
dont de nombreuses spin-offs de
l’ULB, le centre collectif de recherche
­ImmuneHealth, l’incubateur d’entreprises Biopark Incubator dont
nous venons d’inaugurer le deuxième
­bâtiment, sans compter le rôle joué
par Biopark Formation dans la formation continuée de nombreux cadres et
travailleurs des entreprises de biotechnologie ainsi que la mise à l’emploi de
travailleurs peu qualifiés – voici un tissu
industriel qui non seulement accueille
dès à présent plusieurs centaines de travailleurs, mais qui constitue la base des
développements futurs.
métabonomique, etc., dont plusieurs
sont déjà disponibles sur le Biopark.
Le projet en préparation dégage des
perspectives puissantes en termes de
valorisation de la recherche et création
d’entreprises, ainsi que de formation.
En outre, il intègrera les dimensions
liées aux sciences humaines et sociales
dans le développement biomédical.
De nouveaux projets de
développement régional
Le développement ultérieur et le
renforcement du Biopark passent
aujourd’hui par un positionnement
international fort, essentiel pour recruter de nouveaux talents et renforcer
la très haute qualité de la recherche,
pour attirer de nouvelles entreprises,
et pour garantir l’accès des équipes
et des entreprises aux financements
d’excellence et aux projets européens.
À cet effet, une réflexion stratégique a été
menée dans le contexte des nouveaux
appels européens de développement
régional (Feder-FSE) en préparation
pour 2014-2020, en étroite collaboration
avec l’UMONS ainsi qu’avec l’intercommunale Igretec. Ses conclusions ont été
présentées au Conseil de la Recherche
de l’ULB ce 22 mai.
Ce positionnement international fort
devrait passer par la création sur le
­Biopark d’un Centre ­Interuniversitaire
de Recherche en Immunologie,
développé en partenariat privilégié
ULB-UMONS mais associant égale­
ment des équipes d’autres universités.
Le domaine de l’immunologie bénéficie d’un support important sur le campus parmi les équipes de recherche,
ainsi que d’un riche environnement
industriel en FWB.
L’institut pourra donc se construire
en partenariat avec un grand nombre
d’acteurs publics et privés. Il s’appuiera
sur des plateformes technologiques
en imagerie (CMMI), génomique,
protéomique, bio-informatique,
Pierre Marage
Vice-recteur pour
la politique académique
et la recherche
Sommaire
Recherche
Au rythme de la recherche
2
Inflammation.
Compétences complémentaires 3
Le PAI, un catalyseur
de collaborations
4
Le trypanosome : à la croisée
des recherches
5
Sur la trace des facteurs rhésus
6
Parcours : Alain Lamproye 7
« J’ai dit que je ne reviendrais jamais
en Belgique ! Et pourtant... »
Brèves8
Au rythme de la recherche
Recherche
L’actualité de la recherche a été marquée ces dernières semaines par l’attribution
des Pôles d’Attraction Interuniversitaires (PAI) et des Actions de Recherche
Concertée (ARC). Parmi les lauréats figurent plusieurs laboratoires du Biopark…
2
Pas moins de 300 chercheurs – dont
une soixantaine de doctorants – et
techniciens de laboratoire travaillent
au sein du Biopark et de ses quatre
instituts de recherche académique :
l’Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM), l’Institut
d’immunologie médicale (IMI), le
­
Centre de microscopie et d’imagerie
moléculaires (CMMI) et le ­Laboratoire
de biotechnologie végétale (LBV).
Ces scientifiques – parmi lesquels
on compte un Prix Francqui, un Prix
quinquennal du FNRS et deux lauréats du Human Frontier Science
Program – étudient, analysent, tentent de comprendre les mécanismes
moléculaires fondamentaux à l’origine notamment du sida, du cancer
ou de la maladie du sommeil ; ils s’intéressent à l’immunologie du nouveau-né, aux adjuvants vaccinaux et
aux biomarqueurs immunologiques ;
ils développent des methodologies
d’imagerie de pointe ; ils étudient les
mécanismes moléculaires contrôlant
le développement végétal…
PAI, ARC
Leurs collaborations avec d’autres
laboratoires belges et étrangers
sont nombreuses et au coeur-même
de leur démarche.
Les Pôles d’Attraction I­nteruniversitaires
(PAI) 2012-2017 qui viennent
d’être attribués en constituent
une belle illustration. Financés
par le gouvernement fédéral,
les PAI sont des réseaux d’excellence en recherche fondamentale qui constituent aussi
un levier pour la mise en réseau
des meilleures équipes belges
avec des équipes étrangères.
Les laboratoires du Biopark coordonnent deux PAI et sont partenaires d’un troisième, comme vous
le lirez dans cette Biopark News.
Autre programme très sélectif attribué
ces dernières semaines : les Actions
de Recherche Concertées (ARC)
financées par la Fédération WallonieBruxelles. Là aussi, les équipes du
Biopark se classent très bien : elles
coordonnent deux ARC que vous découvrirez é
­ galement dans ce numéro.
Publications, Congrès
L’actualité de la recherche au
­Biopark ne s’arrête toutefois pas à
ces deux importants programmes.
Elle est faite d’avancées, de questionnements au quotidien. Elle
prend la forme d’articles publiés
dans des revues scientifiques telles
que Science, Nature, PNAS… Une
des dernières en date, un article
signé par Carine Van Lint, responsable du Laboratoire de Virologie
moléculaire (IBMM) dans le Journal
AIDS. On sait que le virus du sida
est capable de rester en veille dans
l’organisme et que ces réservoirs
peuvent se réveiller à un moment
et réactiver par là même la maladie.
Dans son article, la chercheuse de
l’IBMM et ses collègues apportent
une « preuve de concept » du potentiel de l’utilisation thérapeutique des inhibiteurs d’histones
methyltranferases pour réduire ces
réservoirs latents chez des patients
infectés et sous multi-thérapie.
Si elle se déroule en laboratoire, à
manipuler « à la paillasse », à tester
sur une plateforme technologique
ou à plonger dans la l­ittérature
scientifique, la recherche est
­ ussi faite d’échanges d’idées, de
a
mises en perspective, de remises
en question.
Les congrès internationaux sont un
des lieux de ces échanges et aussi de
reconnaissance scientifique lorsque
le chercheur est invité à présenter ses
travaux ou à organiser une session,
par exemple. Là aussi, nous n’en citerons qu’un parmi d’autres, le prochain à l’agenda : le 9e International
Conference on Ribosome Synthesis
qui se tient cet été à Banff (­Canada).
Il est co-organisé par quatre partenaires a
­ méricains (Scripps Institute,
University of ­Rochester, U
­ niversity
Louisville, ­
­
University Texas) et
un Belge, Denis ­
Lafontaine, responsable du ­
Laboratoire de
­Métabolisme de l’ARN à l’IBMM et
responsable de l’axe « Automation
and ­
Quantitative Morphometry »
du CMMI. Denis Lafontaine tente
de comprendre comment le ribosome est fabriqué et pour ce faire, il
s’intéresse au nucléole, le compartiment de la cellule où est fabriqué le
­ribosome. Seul co-organisateur européen, il représentera par là même
des dizaines d’équipes qui travaillent en Europe sur le ribosome, la
« petite machine » dans nos cellules
qui fabrique toutes nos protéines et
qui valut le prix Nobel de Chimie en
2009, à V
­ enkatraman Ramakrishnan,
Thomas A. Steitz et Ada E. Yonath,
pour leur découverte de la structure
du ribosome à l’échelle atomique.
Nathalie Gobbe
Inflammation
Compétences
complémentaires
Après cinq années d’étroite collaboration scientifique, les laboratoires de Biologie
moléculaire du gène et d’Immunobiologie poursuivent leur recherche commune
grâce au soutien d’une Action de Recherche Concertée (ARC).
Quand un chimiste rencontre un immunobiologiste, les échanges sont
parfois très fructueux, comme nous le
montrent deux équipes de l’Institut de
biologie et de médecine moléculaires,
IBMM...
Nouvelles questions
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais
c’était sans compter sur la curiosité
scientifique… En identifiant une
cible du nicotinamide, les chercheurs ont soulevé de nouvelles
questions : comment précisément
le nicotinamide agit-il dans le processus inflammatoire ? Quels rôles
jouent les enzymes sensibles au
nicotinamide dans la réponse immune innée ? etc. Les deux laboratoires de l’IBMM vont explorer
ces nouvelles questions dans le
cadre d’une Action de Recherche
Concertée (ARC) de la Fédération
Wallonie-Bruxelles.
« Les doctorants de ce projet forment un groupe, une « bulle NAD »
en quelque sorte, au-delà des
« frontières » de laboratoires; ils travaillent tantôt chez Cyril ­Gueydan
ou moi, tantôt chez nos collègues immunobiologistes – Muriel
Moser, Oberdan Leo, Fabienne
Recherche
Il y a cinq ans, le Laboratoire
­d’Immunobiologie travaille sur le rôle
anti-inflammatoire d’une molécule
biologique présente dans toutes nos
cellules, le nicotinamide (NAD). Les
chercheurs tentent de comprendre
comment cette molécule exerce son
rôle anti-inflammatoire. Ils découvrent
que celui-ci est lié à une cytokine, lle
TNF sur lequel travaille le laboratoire
voisin, celui de Biologie moléculaire
du gène. Les deux équipes se lancent
ensemble sur la piste du nicotinamide
et en 2009 publient leurs résultats dans
la prestigieuse revue Nature Medicine.
3
Andris, Guillaume Oldenhove – ;
ils viennent spontanément discuter de leur recherche avec nous…
Les compétences de nos deux
laboratoires sont complémentaires : les chimistes s’intéressent
au mécanisme moléculaire au niveau microscopique tandis que les
immunobiologistes replacent les
observations dans une perspective physiologique plus globale »
souligne Véronique Kruys, responsable du Laboratoire de Biologie
­moléculaire du gène.
Intérêt commun
Et de poursuivre, « Notre collaboration fonctionne parce qu’elle est
née d’un intérêt commun pour
une question scientifique; les
publications ont suivi, les sujets
de thèses conjoints aussi, les réunions de laboratoires sont devenues communes et aujourd’hui,
avec l’attribution de cette ARC,
nous voyons notre collaboration
scientifique reconnue et encouragée puisque nous recevons un
financement pour 5 ans ».
Fondamentale, cette recherche
présente aussi un intérêt biomédical majeur lorsqu’on évoque les
nombreuses pathologies d’origine inflammatoire et leurs dégâts : arthrite rhumatoide, maladie de Crohn, choc e
­ ndotoxique
en soins intensifs…
Nathalie Gobbe
Le PAI, un catalyseur
de collaborations
Recherche
Participer à un pôle d’attraction interuniversitaire (PAI), c’est avant tout officialiser
et renforcer un réseau de collaborations. Le Laboratoire d’Immunobiologie et
l’Institut d’Immunologie Médicale participent à un PAI centré sur la différenciation
des lymphocytes T. Pour ces deux labos, le but du programme consiste surtout à
partager des savoirs, des idées, mais aussi du matériel, parfois coûteux.
4
Le PAI coordonné par Oberdan
Leo (IMI) et auquel participe le
Laboratoire d’Immunobiologie de
Muriel Moser (IBMM) s’intéresse
à la différenciation et au rôle des
lymphocytes T dans la réponse
immunitaire, en particulier vis-à-vis
des tumeurs. Un programme dans
le prolongement direct du PAI précédent : « Lors du PAI 2006-2011,
nous nous sommes intéressés au
développement de protocoles de
vaccination anti-tumorale », explique Oberdan Leo. « Nous avons
pu démontrer que ces vaccinations
provoquaient bien une réponse
immune chez les patients vaccinés,
mais que seuls 10 à 15% des cas
aboutissaient à une régression des
métastases. Nous essayons donc
aujourd’hui de comprendre ce qui
freine ce processus ». Parmi les principaux suspects : les lymphocytes T
régulateurs, qui constituent un frein
naturel de la réponse immunitaire.
Ces globules blancs empêchent
notamment notre organisme de
réagir contre ses propres cellules.
Les tumeurs pourraient utiliser ce
frein pour se protéger et échapper
à la réponse immunitaire. Le PAI
vise donc à comprendre les facteurs
qui favorisent l’apparition de ces
lymphocytes régulateurs au détriment de lymphocytes réactifs face
à la tumeur.
Le PAI favorise les échanges…
La collaboration avec les autres laboratoires du PAI permet d’échanger savoirs et matériel pour mieux
étudier ces lymphocytes particuliers. L’équipe de Muriel Moser
a, par exemple, collaboré avec
l’Université de Liège : « Il y a de
nombreux gènes impliqués dans
le fonctionnement de ces lymphocytes T », explique-t-elle. « Pour
étudier l’influence de chaque gène,
on s’est adressé à un labo partenaire de l’ULg, où ils savent modifier le génome des lymphocytes de
manière très efficace. Nous possédons aussi plusieurs lignées tumorales et les outils nécessaires pour
mettre en évidence les lymphocytes
T spécifiques de ces tumeurs provenant de l’Université catholique
de Louvain (UCL). Le PAI favorise
ces échanges ». L’équipe a récemment acquis un FACS trieur, un
appareil capable de « scanner » et
trier les cellules selon différentes
caractéristiques. Un dispositif coûteux, qui sera aussi mis à disposition des membres du PAI. Mais les
collaborations ne se limitent pas au
matériel : plusieurs membres des
deux unités ont effectué des stages
dans les laboratoires partenaires
pour apprendre une technique et
la ramener au Biopark. Des meetings sont également organisés
pour permettre aux chercheurs de
se rencontrer, de discuter des expériences actuelles et orienter les
recherches futures.
… jusqu’en Australie
Le PAI permet donc d’instaurer
plus rapidement une relation de
confiance entre les partenaires et
d’officialiser les coopérations. Un
dispositif intéressant pour la progression des connaissances scientifiques,
selon Oberdan Leo : « Pour confirmer
une hypothèse scientifique, il faut
plusieurs compétences complémentaires et des approches différentes
de la problématique », explique-til. « D’où l’avantage de rassembler
neuf laboratoires différents autour
d’un projet de recherche commun :
on augmente le nombre de compétences ». Le réseau comporte
des unités situées en Flandre et en
Wallonie, mais aussi un labo des
Pays-Bas et une équipe d’Australie,
« entrée dans le réseau cette année
grâce à un contact flamand participant au PAI précédent », précise
Muriel Moser. Le PAI est donc vraiment, et avant tout « un ­catalyseur
de ­collaborations ».
Natacha Jordens
Le trypanosome :
à la croisée des recherches
Nagana, maladie du sommeil, mouché tsé-tsé et trypanosome : ce sont
les mots les plus fréquemment utilisés
par le Professeur Etienne Pays. Son
laboratoire, l’unité de recherche en
­Parasitologie moléculaire (IBMM), s’intéresse depuis 20 ans à la compréhension des mécanismes de résistance des
trypanosomes, en particulier au mécanisme de variation antigénique. « Ces
parasites ont la capacité de modifier
très régulièrement leurs molécules
de surface. Or, ce sont ces antigènes
qui sont reconnus par les cellules de
notre système immunitaire », explique
Etienne Pays. « Ces trypanosomes ont
donc toujours une longueur d’avance
sur nos globules blancs. L’homme a
acquis la capacité d’éliminer certaines
souches de ce parasite, mais les trypanosomes gambiense et rhodesiense
ont déjoué cette défense et sont
donc toujours capables d’infecter
l’homme ». Pour encore mieux comprendre les interactions entre ce parasite sanguin et son hôte, l’unité s’est
spontanément associée avec d’autres
groupes belges spécialisés dans les
parasitoses, mais possédant d’autres
compétences. « La Belgique n’est
pas un grand pays, sourit le professeur, nous ne sommes que quelques
équipes à étudier les parasitoses.
Le laboratoire de la VUB s’intéresse
plutôt aux perturbations du système
immunitaire et l’Institut de Médecine
Tropicale (IMT) d’Anvers possède une
expertise dans tout ce qui concerne
l’aspect transmission et conséquences
médicales. Nous avons donc des
approches complémentaires ».
Des découvertes surprenantes
Ces collaborations ont été « officialisées » au sein d’un PAI, actif depuis
1997 et qui a permis des avancées
significatives : « Au cours d’un précé­
dent PAI, nous avons démontré que la
protéine codée par le gène SRA du parasite était impliquée dans la résistance
du trypanosome. Nous avons ensuite
mis en évidence l’élément de notre
système immunitaire inhibé par ce facteur : l’apolipoprotéine L-I (apoL-I) ». Les
chercheurs découvriront ensuite une
mutation d’apoL-I résistante au trypanosome rhodesiense, une m
­ utation
semblable à celle retrouvée dans le
génome de populations d’Afrique de
l’Ouest, résistantes à cette variante.
Mais les implications de cette découverte vont encore plus loin : « En collaboration avec une équipe américaine,
nous avons démontré que cette mutation d’apoL-I était impliquée dans
le développement de l’insuffisance
rénale terminale. Il y avait donc un lien
entre la résistance aux trypanosomes
et une maladie des reins. C’était inattendu ! », s’enthousiasme le chercheur.
« C’est vraiment un projet qui rayonne,
avec des répercussions en médecine,
immunologie, etc. ».
Science & Nature
Aujourd’hui, les membres du PAI
comptent approfondir le rôle des
apolipoprotéines (nous possédons six
variantes de cette protéine) dans notre
immunité. Le groupe tente également
de comprendre comment certains animaux parviennent à contrôler le parasite
sans développer de maladies secondaires à l’infection, comme c’est le cas
chez l’homme. Les collaborations avec
d’autres laboratoires ont vraiment eu un
impact positif pour l’unité de parasitologie moléculaire : le groupe a récemment
publié un papier dans Science et prépare deux autres articles, notamment
pour Nature. Tous en relation avec le
travail mené au sein du PAI.
Natacha Jordens
L’unité de recherche en Génétique et Physiologie bactériennes (IBMM) participe au projet
« Microdev », coordonné par l’Université de Gand. Ce tout nouveau PAI s’intéresse aux
mécanismes développementaux des micro-organismes pathogènes. L’unité de Laurence
Van Melderen étudie principalement le phénomène de persistance chez les bactéries.
« Il s’agit d’un mécanisme qui permet aux bactéries d’entrer en état de « dormance »,
explique-t-elle. Lorsque les bactéries subissent un stress, certains gènes provoquent un
ralentissement de leur métabolisme. Elles résistent donc aux antibiotiques, qui agissent
généralement sur des cellules en division ». Un phénomène qui serait notamment
responsable de certaines infections chroniques.
N.J.
Recherche
Un autre PAI coordonné par une équipe du Biopark est celui consacré aux relations
hôtes-parasites, en particulier le trypanosome, transmis par la mouche tsé-tsé et
responsable de la maladie du sommeil. Coordonné par Benoit Vanhollebeke, le projet
est un prolongement direct des collaborations précédentes. Des travaux couronnés par
plusieurs publications majeures. Retour sur ces avancées avec le professeur Etienne Pays,
chef du Laboratoire de Parasitologie moléculaire et précédent coordinateur du PAI.
5
Sur la trace
des facteurs rhésus
Recherche
Une nouvelle Action de Recherche Concertée coordonnée par le Laboratoire de
Biologie du transport membranaire apporte une nouvelle expertise à l’IBMM.
6
Bien connus pour leur rôle en médecine transfusionnelle, les facteurs rhésus font partie d’une famille de cinq
protéines dont trois sont présentes à la
surface des globules rouges et déterminent le groupe sanguin Rh et deux
autres se retrouvent dans différents
organes dont le rein, le foie et l’appareil reproducteur mâle. La fonction des
facteurs rhésus est demeurée inconnue
jusqu’à ce qu’une chercheuse de l’Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM), Anna Maria M
­ arini
(Maître de Recherches ­FRS-FNRS) et
ses collègues établissent un lien de
parenté entre les facteurs rhésus et
les transporteurs d’ammonium de
la levure. En 2008, les chercheurs
franchissent une nouvelle étape : ils
montrent, dans un article publié dans
la revue Nature, que les facteurs rhésus jouent un rôle dans le transport
d’ammonium chez les mammifères.
Plus précisément, ils démontrent sur
un modèle murin qu’un facteur rhésus
intervient dans le contrôle de la fonction rénale et de la fertilité mâle. Le
Laboratoire de Biologie du transport
membranaire élargit depuis son questionnement sur l’organisme dans son
ensemble et tente de comprendre le
rôle physiologique des facteurs rhésus
et leurs éventuels liens avec certaines
maladies humaines.
Analyse structurale
« L’étude du fonctionnement moléculaire des facteurs rhésus, menée depuis 2008 au laboratoire par Mélanie
Boeckstaens (Chargée de Recherches
FRS-FNRS), comprenait le développement d’une analyse structurale de
formes actives de ces protéines. En
effet, les vues 3D existantes étaient
celles de protéines dans des conformations supposées inactives. J’ai
donc contacté un spécialiste de la
Faculté de Pharmacie, René Wintjens
(­Chercheur Qualifié FRS-FNRS). En à
peine un quart d’heure de discussion,
nous voyions déjà clairement les complémentarités entre nos deux équipes :
nous apportions nos connaissances en
biologie moléculaire et en physiologie
animale et il venait avec son expertise
en analyse structurale par diffraction
des rayons X » se souvient Anna Maria
Marini, responsable du Laboratoire de
Biologie du transport membranaire.
La collaboration s’est mise en place
très vite : dès l’été dernier, René
­Wintjens venait à l’IBMM se familiariser
avec les protéines rhésus et Mélanie
Boeckstaens et Alexandre Wohlkönig
(VUB, VIB), collaborateur de l’équipe
partenaire, réalisaient les premières
tentatives de cristallisation.
Application
Aujourd’hui, cette recherche va pouvoir se déployer dans le cadre d’une
Action de Recherche Concertée (ARC).
« Cette ARC est une forme de reconnaissance et une marque de confiance
pour notre travail scientifique. Sans
nous limiter à cette aide – nous allons
solliciter d’autres soutiens belges et
européens –, nous comptons bien
utiliser l’ARC pour « booster » notre
recherche et nous l’espérons, avoir
de bonnes surprises scientifiques »
­xplique enthousiaste Anna Maria
e
Marini, « sans oublier une éventuelle
application pharmaceutique : environ 15% des cibles thérapeutiques
actuelles des médicaments sont des
transporteurs et plus de 50% ciblent
des protéines membranaires ».
René Wintjens développe à présent
une structure d’expression et de purification de protéines pour l’analyse
structurale au sein de l’IBMM afin notamment d’accroître la synergie entre
les deux équipes. A travers cette ARC,
c’est donc aussi l’opportunité qui se
présente à l’IBMM d’intégrer de nouvelles expertises en cristallographie
aux rayons X et plus globalement en
biologie structurale.
Nathalie Gobbe
Alain Lamproye
« J’ai dit que je ne reviendrais jamais
en Belgique ! Et pourtant… »
De la Belgique à la France, en passant par la Suisse et les Etats-Unis, Alain Lamproye,
le nouveau CEO de Novasep Belgique, est de retour dans son pays natal.
Depuis le début de sa carrière Alain
Lamproye a baroudé professionnellement. Tout commence avec une
licence en sciences botaniques à
l’Université de Liège obtenue en 1984
et une thèse de doctorat (qu’il ne présentera finalement pas) dans le Service
d’Hormonologie végétale de l’ULg.
Alain Lamproye décide de quitter le
monde académique pour rejoindre
celui de l’industrie où il a toujours eu
envie de travailler. Il devient ­Scientist
chez Eurogentec, spin-off de l’ULg et
travaille sur le développement d’une
hormone de croissance destinée
aux… saumons d’élevage. Faute de
financement européen, le projet est
finalement arrêté et Alain Lamproye
intègre le laboratoire de purification
­d’Eurogentec avant de devenir trois
ans plus tard, directeur de l’unité de
production pharmaceutique. Alors
que sa carrière est stable et que tout
semble bien tourner, une opportunité surgit : un poste de responsable
du laboratoire de p
­ urification de la
société Serono.
Le début de l’aventure
Déménagement, direction Vevey
en Suisse pour diriger une équipe
d’une vingtaine de personnes.
« J’avais 40 ans à l’époque », explique-t-il, « à cet âge-là, vous vous
posez beaucoup de questions ; c’est
le moment ou jamais de changer.
Serono était l’opportunité de revenir
en R&D après 4 années de production et de travailler dans une grande
société internationale ». La qualité de
vie suisse lui plait ; pourtant, en 2009,
promu directeur adjoint de département, il s’envole pour les Etats-Unis.
A ­Boston, deux missions l’attendent :
diriger une soixantaine de personnes
et préparer la reconversion du site
de production. Malheureusement
après 2 ans d’audit, Merck Serono
décide de fermer le site et d’investir dans celui de Bordeaux. Début
2011, retour en Europe. « Pour moi
il s’agissait d’un vrai changement
de mentalité. Les Suisses sont des
personnes extrêmement flexibles et
travailleuses. Le bien de l’entreprise
passe avant tout et on avance sans
se poser de questions. Aux EtatsUnis, pas besoin de négocier. Vous
arrivez avec un projet, le personnel
adhère et quelques minutes après
on est déjà dessus. En France, il
faut expliquer, négocier, convaincre.
Mais on y arrive ! » compare
Alain Lamproye.
Quelques mois plus tard, le
groupe Novasep lui propose
de devenir directeur général de
­Novasep B
­ elgique, issu du rachat
d’Henogen, spin-off de l’ULB sur
­
le Biopark. Le futur CEO accepte
de relever ce nouveau défi. Cap
sur la Belgique et plus précisément
Charleroi. « Je connaissais la société
Henogen lorsque je travaillais chez
Eurogentec. Il s’agissait là d’une
belle opportunité, même si un retour au pays ne m’intéressait pas au
départ ! », avoue-t-il. « J’avais bien
dit que je ne reviendrais jamais en
Belgique. Et pourtant… ». De nouveaux challenges s’offrent maintenant à lui : faire passer Henogen
du statut de spin-off universitaire
à celui de filiale d’une multinationale, d’une culture belge vers une
culture française. « Ma mission
est de faire évoluer ­
l’organisation
de l­’entreprise, de la guider sur
une voie industrielle et d’intégrer ­Novasep Belgique au sein
du groupe Novasep avec tous les
changements culturels que cela implique », nous explique le nouveau
CEO. « Le seul moyen d’y arriver est
de prendre le temps d’expliquer, de
faire comprendre la stratégie d’acquisition, les objectifs du groupe et
d’obtenir l’adhésion des collaborateurs et un esprit d’équipe au-delà
des frontières, notamment en amenant les chercheurs des deux sites
à travailler sur des projets communs
et à se rencontrer fréquemment.
Tout cela est en cours ». Et quand
on lui demande ce qui le motive, il
répond sans hésiter « L’imprévu ! ».
Sandrine Rubay
parcours
Le retour au pays
7
Portes ouvertes :
destination Europe
Et de 1000 !
Les bonnes nouvelles se succèdent pour Biopark
Formation. Le cap du 1000e stagiaire a symboliquement
été franchi fin avril. Et rien que depuis le début de cette
année, le centre de formation du Biopark a déjà accueilli
plus de 400 stagiaires ! Pour faire face à la demande
croissante, Biopark Formation se renforce d’un nouveau
collaborateur : Aurélien Caballero vient de finir sa thèse
au Royal College of Surgeons de Dublin et rejoint le
groupe en tant que formateur. L’équipe planche sur de
nouveaux programmes de formation en français et en
anglais qui seront proposés dès septembre. Mais chut !
Nous n’en dirons pas plus. Rendez-vous à la rentrée pour
un numéro spécial pour célébrer les 4 ans d’existence du
Biopark Formation.
brèves
N.J.
8
>
Nous vous en parlions dans le précédent numéro :
Biopark Formation lance également un programme de
formation en management de type « mini-MBA », en
collaboration avec la Solvay Brussels School of Economics
and Management et le pôle de compétitivité BioWin.
La première session d
­ ébutera le 21 septembre prochain.
> Plus d’informations sur www.biopark.be/formations
Des invités de marque
Le 9 mai dernier, Dominique Demonté, directeur du
Biopark, accueillait l’ambassadeur des Pays-Bas lors
d’une visite officielle. Le but de cette visite était d’exposer les nouveaux développements économiques et
scientifiques entamés sur Charleroi. Après une brève
introduction sur la province de Hainaut et l’Aéropole,
Dominique Demonté a présenté le Biopark. La délégation s’est ensuite rendue dans le nouveau Biopark
Incubator 2 à la découverte de jeunes spin-offs dont
MaSTherCell. Pour clore cette matinée académique,
tous se sont rassemblés autour d’un déjeuner officiel.
L’après-midi était, quant à elle, consacrée à une partie plus culturelle avec la découverte du Musée de la
­Photographie à Mont-sur-Marchienne.
S.R.
academie universitaire wallonie-bruxelles
Venus de Mons, Charleroi, Namur ou
même Liège, ils étaient 80 curieux à
découvrir le Biopark le 6 mai dernier.
Le campus ouvrait ses portes dans le
cadre du « Week-end de l’Europe », un
évènement visant à mettre en évidence
les projets financés par le Fonds européen
de développement régional (FEDER) et
le Fonds social européen (FSE).
Trois parcours de visite étaient
proposés pour découvrir les initiatives
et équipements financés au Biopark.
Dans le parcours dédié à la recherche
académique, les visiteurs ont notamment
pu comprendre le fonctionnement
d’un microscope à fluorescence, d’un
microscope électronique ou d’un
ultramicrotome. Les plus curieux ont
prolongé leur visite par un circuit consacré
à la recherche en milieu industriel,
avec une présentation des activités de
l’Office de Transfert Technologique
de l’ULB (TTO), de la spin-off ­
Delphi
Genetics et du centre de recherche
ImmuneHealth. Enfin, Biopark Formation
accueillait les personnes intéressées
par les offres de formation en sciences
du vivant.
Adultes, enfants, ados, le public semblait
ravi par les visites et l’accueil qui leur
était réservé. La majorité se dit d’ailleurs
partante pour une nouvelle édition. Allez,
à l’année prochaine ?
N.J.
Biopark Online
Après un relooking, le nouveau site
Internet du Biopark est en ligne
http://www.biopark.be/
Vous pouvez y découvrir notamment les
actualités et les offres ­d’emploi du Biopark.
Bonnes vacances à tous !
C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
Périodicité trimestrielle
Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Bruno André, Dominique Demonté, Patrick Di Stefano,
Nathalie Gobbe, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Sandrine Rubay, Arnaud Termonia, Luc Vanhamme
Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Maquette et impression : Paragraph - Fleurus
Contact : ULB-Département des relations extérieures, Communication Recherche : [email protected],
+32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be
Téléchargement