Alimentation des oiseaux de compagnie : le canari.

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Wauty Jean - Philippe
Médecine vétérinaire aviaire
rue de Trazegnies, 64 ; 7160 Chapelle lez Herlaimont.
(0032)(0)64/44.45.11
Alimentation des oiseaux de compagnie : le canari.
WAUTY JEAN-PHILIPPE, DMV.
Rue de Trazegnies, 74 ; 7160 Chapelle-Lez-Herlaimont. 064/44.45.11.
Introduction.
Vous venez d'acheter un petit canari ou bien vous le détenez depuis de nombreuses années?
Toutes nos félicitations. Cependant, connaissez-vous réellement les besoins alimentaires de
votre oiseau?
Nous avons tous tendance à considérer que le petit oiseau est un animal très vorace. En effet,
dans la nature, il passe le plus clair de son temps à chercher de la nourriture soit pour luimême soit pour ses petits. Néanmoins, en milieu ouvert, l'oiseau doit la recueillir graine par
graine et couvrir parfois de longues distances pour s'alimenter. Il est en outre soumis à la
rudesse du climat
En milieu clos et chauffé comme chez nous, l'oiseau ne fait que de très courts déplacements et
reçoit de la nourriture en abondance : surcharge de graines, quantité de millet, bâton au miel
et au sucre, petits gâteaux. Toutes ces friandises excédentaires entrainent régulièrement des
désordres métaboliques, de l'obésité et des lésions de pattes.
La suite de cet article à pour but de donner quelques bons conseils tant au possesseur d'un seul
animal qu'à l'éleveur d'oiseau. Les données techniques sont issues de la littérature scientifique
reconnue dont une partie de la bibliographie est disponible en bas de page.
Régime alimentaire physiologique.
Un canari va consommer, par jour, une moyenne de 3,23 g +/- 0,33 g tout type d'aliments
confondu par oiseau. Ses besoins métaboliques augmentent avec le stress et le froid. Les
graines sont naturellement carencées en vitamine A, D3, E et K et déséquilibrées en sels
minéraux. Un apport régulier en minéraux et en fruits journalier est vivement conseillé.
Durant la période de reproduction, la part en protéine et en lipidique ainsi que le taux de
carbonate de calcium de la ration doit augmenter. La femelle canari n'augmentera pas
drastiquement sa prise de nourriture. Elle semble totalement adaptée à une fonte musculaire
physiologique. Néanmoins, en élevage de reproduction, l'éleveur moyen cherchera
régulièrement plus d'une portée par an, ce qui risque de fortement déforcer la femelle si on la
laisse à l'alimentation "de base".
En outre, suite à la production massive d' ufs, il peut arriver à la troisième ponte (voir à la
fin de la seconde ponte pour certains spécimens) l'apparition d'hypocalcémies importantes
( ufs cassants, maux de ponte, troubles nerveux) suite à la trop forte mobilisation des
réserves de la pondeuse.
Les "pimkies" (petits asticots congelés) vendus dans le commerce sont une bonne source
supplémentaire de protéine. L'apport de pâtées aux ufs peut également fournir l'appoint
nécessaire. Enfin, la production de graines germées, pour peu qu'elle soit bien faite et
régulièrement rincée, fournira une excellente quantité de vitamines et de protéines. Il ne faut
toutefois pas surcharger les oiseaux d'un apport massif alimentaire. On choisit un des aliments
en surplus et on s'y tient sinon il y a un risque important de voir apparaître des troubles
métaboliques de surcharge.
En période de mue, les besoins en protéines et en acides aminés soufrés augmentent. Une
carence quelconque n'altèrera pas réellement la qualité de la mue mais augmentera le temps
de turnover entre deux plumes et donc augmentera le temps de mue, ce qui peut générer du
stress. Si la carence est grave, des dérives de mues peuvent apparaître (par exemple des kystes
plumeux). Normalement, le canari mue 2 fois par an.
N'oublions pas pour les canaris de couleur carotte et oranger, de supplémenter les rations
en béta carotène, sinon la mue parera bêtement le canari d'un plumage blanc ou très
décoloré.
Un canari consomme entre 20 et 30 degrés centigrade une quantité d'eau allant de 5 à 10% de
son poids. Cette quantité peut monter jusqu'à 20% par jour soit cinq ml par canari et par jour.
En pratique comment nourrir?
a. Corriger le régime alimentaire.
Il faut prendre conscience que dans la nature, les oiseaux ont rarement accès à des chips ou
des frites.
Dans la même optique, il faut diminuer drastiquement la nourriture à disposition pour
l'oiseau. Régulièrement, dans les cages trônent deux ou trois bâtons de graines et de miel,
gâteaux et deux bols de graines remplis à ras bord. Curieusement, les légumes sont souvent
absents. Ce régime est nettement disproportionné par rapport aux besoins du petit animal.
b. Revenir à l'alimentation normale.
Pour un canari, en moyenne, hors périodes spécifiques de mue ou de nidification, on placera
une cuillère à café de mélange de graines dites "de santé" (sachets de diverses marques
disponibles dans tous les bons commerces), des fruits frais, de la verdure et des
légumineuses. Un petit cadeau régulier comme un bâton au miel peut-être envisager du
moment que l'apport soit bien espacé (un à deux mois). Le millet en grappe n'est pas très
calorique, on peut le retrouver en tout temps en complément dans la cage.
Concernant les graines, il vaut mieux piocher dans les marques reconnues, certes un peu
plus chères que le vrac mais dont la qualité de graines et le mélange en proportion exacte est
mieux étudié.
Pour les fruits, on piochera sans risque dans les poires et pommes, en quantité plus limitée
dans les raisins frais, cerises, oranges et mandarines (risque d'irritation de l'intestin)
Pour les légumes, l'épinard, la carotte, la laitue (excellente pour la santé de l'oiseau,
contrairement aux croyances communes), le pissenlit, le chicon sont des verdures
habituellement présentes dans tous les réfrigérateurs qui peuvent satisfaire les besoins de
l'oiseau.
Le chou peut aussi être distribué, spécialement en période de mue (riche en acides aminés
soufrés).
En période de nidification.
Une complémentation avec une pâtée commerciale à base d' uf est un bon appoint. Il faut
rarement passer à autre chose, en tout cas chez le propriétaire lambda qui ne cherche pas
l'élevage intensif.
Un mot sur les graines germées mal préparées qui sont une forte source d'ennui. Elles peuvent
être vectrices de pathologies bactériennes et parasitaires (salmonella, e coli, pasteurella,
giardia) ou pire, plus insidieusement de mycotoxines à action néfaste sur le foie, les reins, la
mue et la reproduction (infertilité). La germination demande un protocole strict de maturation
régulière à 37° durant 48h renouvelés entre plusieurs phases de rinçage. Il vaut mieux les
déconseiller aux propriétaires amateurs.
En période de mue.
Un supplément régulier en produits médicaux à base de choline et méthionine améliorera la
rapidité de la mue.
Bibliographie.
ANDRE J-P. Guide pratique des maladies des oiseaux de cages et de volières. Ed MED'COM
2005. Partie 2 alimentation des oiseaux. P28-32.
ROBERT C. Contribution à l'étude du canari en tant qu'animal de compagnie. Thèse ENVA
2009. P34-41, 68-72.
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