Croisement de deux bases médico-administratives : méthodologie et étude descriptive pour une application à la surveillance
épidémiologique des cancers – INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE / p. 3
1 Introduction
En France, la surveillance épidémiologique des cancers repose principalement sur les données des
registres des cancers qui couvrent, selon la localisation cancéreuse, 18 % à 21 % de la population
générale (période 2007-2009) et la totalité des 0-15 ans.
Les registres procèdent à une recherche active de l’ensemble des personnes atteintes d’un cancer sur
une zone géographique délimitée (en général le département), à partir d’informations nominatives
issues du croisement de plusieurs sources (laboratoires et services d’anatomie et de cytologie
pathologiques, départements de l’information médicale des établissements de soins publics et privés,
échelons locaux des services médicaux de l’Assurance maladie, cliniciens généralistes et
spécialistes), ce qui leur permet d’éliminer les doublons et de valider l’information recueillie. Cette
démarche qualité impose un délai de deux ans et demi entre la mise à disposition de leurs données et
l’année qu’elles concernent. Fédérés au sein du Réseau français des registres des cancers, Francim,
leurs données sont regroupées dans une base informatique gérée par le service biostatistique des
Hospices civils de Lyon (HCL).
De par la démarche qualité mise en place dans les registres, leurs données sont les seules qui
permettent d’attester avec certitude du diagnostic de cancer et de son caractère initial (première
survenue), ce qui leur permet de fournir l’incidence des cancers, c’est-à-dire le nombre de nouveaux
cas de cancer apparaissant chaque année et leur fréquence en population générale (taux
d’incidence). Un nouveau cas de cancer (ou cas incident) désigne une personne atteinte pour la
première fois d’un cancer de localisation déterminée (au niveau d’un sein, d’un poumon, de la
prostate...)
.
En santé publique, cette information est primordiale pour la décision politique. Elle intervient à
différentes étapes du processus de décision : en amont, pour orienter les politiques de prévention et
de planification de l’offre de soins, à travers notamment l’observation des disparités spatiales de
cancer ou la mise en évidence des inégalités sociales de santé ; en aval pour évaluer les politiques et
mesurer l’impact de l’utilisation de nouvelles techniques diagnostiques. Son intérêt se trouve renforcé
par les nouveaux enjeux de la surveillance épidémiologiques des cancers, consécutifs à la mise en
place des dépistages organisés (sein, côlon-rectum, col de l’utérus) ainsi qu’à l’évolution des
connaissances sur les expositions professionnelles, environnementales et les facteurs de risque,
notamment infectieux (hépatites virales, papilloma virus humain, helicobacter…).
Des estimations nationales du taux d’incidence [1] et des projections nationales de ce taux [2] sont
produites régulièrement pour chaque localisation cancéreuse à partir des données des registres et
des données de mortalité recueillies par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès
(CépiDc). La création des registres depuis le milieu des années 1970 permet de suivre les tendances
du taux d’incidence nationale avec une antériorité de plus de trente ans. L’effet de la cohorte de
naissance est étudié. Des études de survie [3] et de prévalence [4] sont également réalisées
périodiquement.
Par opposition à une récidive ou à une rechute. La récidive désigne l’apparition d'un nouveau cancer identique à une
première maladie qui avait été guérie. La rechute ou la récurrence indique plus précisément une reprise de la maladie avant
qu'elle n'ait été déclarée guérie.