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Sous-section 3
Des Temps modernes au 19
e
siècle
1. Quelques organisations ponctuelles
531 – On considère généralement que la première véritable expérience d’une organisation entre
différents États remonte aux conférences d’Osnabrück et de Münster, qui se déroulent entre 1645 et
1648 et qui aboutissent aux Traités de Westphalie. Ceux-ci mettent fin à la guerre des Trente ans
(1618-1648) et à la guerre des Quatre-vingts ans
1
(1568-1648), c’est pourquoi on parle également
de la Paix de Westphalie. Pour la première fois dans l’histoire, des représentants d’États se
rassemblent pour négocier en vue de solutionner un problème relativement global. Les
principaux participants sont le Saint Empire romain germanique, l’Espagne, la France, les
Provinces-Unies et la Suède. Les traités conclus à cette occasion reconnaissent notamment
l’indépendance des Provinces-Unies et des cantons suisses, ils tracent de nouvelles frontières
entre les grandes puissances européennes et reconnaissent l’existence de trois confessions
chrétiennes dans le Saint Empire : le catholicisme, le calvinisme et le luthéranisme. Les Traités de
Westphalie créent ainsi un nouvel équilibre entre les États.
D’autres réunions de représentants d’États sont organisées sur un modèle semblable au cours des
siècles suivants.
Ainsi, le Congrès de Vienne réunit en 1814-1815 les vainqueurs
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de la guerre contre Napoléon ; ceux-ci y décident de
rendre aux États leurs frontières antérieures à la Révolution française, avec quelques aménagements.
La Conférence de Berlin
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, qui se tient en 1884-1885, constitue un autre exemple du genre : dans l’intention de régler
un certain nombre de litiges relatifs aux conquêtes coloniales en Afrique, les puissances européennes décident de
garantir la liberté de commerce dans le bassin du Congo, la neutralité des territoires qui y sont compris, ainsi que la
liberté de circulation sur les fleuves Congo et Niger. L’Acte de Berlin du 26 février 1885, le fruit de ces négociations, a
également imposé le principe de la possession effective pour reconnaître une annexion. Quatorze États participent à
cette Conférence, à savoir l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne,
les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie et la Suède. C’est par ailleurs
en marge de ces tractations que l’État indépendant du Congo – qui appartient à l’époque en propre au Roi L
ÉOPOLD
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– est reconnu comme entité souveraine par les principales puissances.
2. Idées et utopies de certains penseurs de ce temps. Un exemple : Kant
532 – Plusieurs penseurs et philosophes développent des théories de rapprochement entre les
Peuples et les États. C’est le cas d’E
RASME
(Desiderius E
RASMUS
) (1468-1536) ou de Hugo
G
ROTIUS
(1583-1645).
Emmanuel
K
ANT
(1724-1804) considère la paix comme un objectif de développement dans un
texte intitulé Projet de paix perpétuelle (« Zum ewigen Frieden ») et publié en 1795. Pour mettre fin à la
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Révolte du peuple d’une région correspondant aujourd’hui aux Pays-Bas, à la Belgique, au Luxembourg et au Nord de la France
contre la monarchie espagnole.
2
Principalement l’Autriche, la Prusse, le Royaume-Uni et la Russie.
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Voy. à cet égard Jean S
TENGERS
, « Les cinq légendes de l’Acte de Berlin », in : Congo – Mythes et réalités, Bruxelles, Racine, 2007,
pp. 87-98.
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L’article 87 de la Constitution permet en effet au Roi d’être chef d’un autre État que la Belgique, à condition de recevoir
l’assentiment des deux Chambres à cette fin. Ce territoire ne devient une colonie de l’État belge qu’en 1908 (voy. la loi du 18
octobre 1908 réalisant le transfert à la Belgique de l’État indépendant du Congo, Moniteur belge, 19-20 octobre).