Selon ses dires, pendant la nuit dite «du Destin», à la fin du
mois de Ramadan, l'ange Jebrail (Gabriel en arabe) lui souffle
à l'oreille : «Récite» !
À son retour à La Mecque, Mahomet commence à annoncer
la parole de Dieu (Allah en langue arabe). Il se présente
comme son envoyé.
Outre sa femme, les premiers convertis sont son cousin Ali
(qui sera le quatrième calife), son serviteur Zeïd, un esclave
qu'il a affranchi, et son parent Abou Bekr (qui sera le premier
calife).
Le prophète dans l'adversité
Les commerçants de La Mecque craignent pour leurs revenus, liés aux pèlerinages qui guident des
Arabes de toute la péninsule vers la pierre noire du sanctuaire de la Kaaba.
Ils ne tardent pas à persécuter le petit groupe de disciples. Battus, quelques-uns se rétractent pour
échapper aux violences. D'autres, parmi les plus pauvres, lassés des persécutions et des brimades,
décident en 615 de s'exiler en Abyssinie, de l'autre côté de la mer Rouge, auprès du Négus, nom que
l'on donne au roi de ce pays chrétien (l'Éthiopie actuelle). Ils pourchassent aussi Mahomet et le traitent
de fou. Heureusement, le prophète bénéficie de la protection indéfectible de son oncle, Abou Talib.
Finalement, dans son désir de se rallier les Mecquois (ou Mekkois) rétifs à sa prédication, il lance de
l'esplanade de la Kaaba la sourate dite de l'Étoile. Ses deux derniers versets suggèrent un
accommodement avec les idolâtres :
«Ce sont les déesses sublimes
Leur intercession est admise.»
Les relations s'apaisent aussitôt entre les clans rivaux. Les exilés d'Abyssinie prennent le chemin du
retour.
Cependant, chez les disciples de la première heure qui sont restés à La Mecque, c'est la consternation.
Ils se demandent à quoi ont rimé leurs souffrances s'ils doivent en définitive revenir à un polythéisme (*)
déguisé. Par chance (et sans doute aussi grâce à l'intervention appuyée de ces disciples), l'ange
Gabriel restaure la vraie doctrine en soufflant à Mahomet une sourate dite deYoussouf par laquelle il est
dit que les deux versets incriminés ont été inspirés par Satan.
L'affaire est close... Elle refera surface quatorze siècles plus tard avec la publication à Londres d'un
épais roman intitulé Les Versets sataniques. Son auteur, Salman Rushdie, sera vilipendé et condamné
à mort par l'imam Khomeiny, leader des Iraniens.
Mahomet bénéficie opportunément de la conversion de l'un des hommes les plus puissants de La
Mecque, Omar ibn al-Khattab. Celui-ci apporte au prophète son précieux soutien après l'avoir
violemment combattu (il sera le deuxième calife).
En 619, l'horizon s'obscurcit avec la mort de l'épouse dévouée, Khadidja, ainsi que du puissant Abou
Talib. Se sentant menacé, Mahomet part pour l'oasis de Taïf, à une centaine de kilomètres, mais il en