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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
ENTOMOLOGIE
Richard Berthiaume termine un doctorat en foresterie à
l’Université Laval sur l’écologie évolutive des populations
de l’arpenteuse de la pruche.
André Beaudoin est chercheur scientifique en télédé-
tection et modélisation spatiale au Service canadien des
forêts et entomologiste amateur.
Yves Dubuc est entomologiste amateur et auteur du livre
Les insectes du Québec. Il est également technicien en
entomologie au Service canadien des forêts.
Introduction
Le gouvernement du Québec a élevé l’île Garth au
statut de réserve écologique en 2003 et elle est devenue alors
la 68e réserve écologique du territoire québécois. La réserve
écologique de l’Île-Garth couvre la totalité de cette île qui
est située en plein coeur de la rivière des Mille-Îles, sur le ter-
ritoire administratif de la ville de Bois-des-Filion (figures 1
et 2). Cette réserve écologique, d’une superficie totale de
17,23 ha, est constituée majoritairement de zones inonda-
bles (près de 90 % de la réserve). Compte tenu de sa loca-
lisation et des difficultés d’accessibilité, l’île Garth abrite
une végétation naturelle qui a été entièrement épargnée
du développement urbain environnant (figure 1) et qui a
été peu atteinte par des perturbations naturelles (figure 3).
Cette réserve écologique permet de protéger des peuple-
ments forestiers peu représentés au Québec et également
raréfiés dans la région, soit un peuplement de micocoulier
occidental (Celtis occidentalis L.) et une érablière argentée à
caryer ovale (Carya ovata (Mill.) K. Koch. En plus du mico-
coulier occidental, l’île abrite également l’érable noir (Acer
nigrum Michx.) et le staphylier à trois folioles (Staphylea
trifolia L.), qui sont considérés comme des espèces arbores-
centes menacées ou vulnérables (Sabourin et collab., 1995 ;
Tardif et collab., 2005). Par ailleurs, le chêne rouge (Quercus
rubra L.), le chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa Michx.)
et le pin blanc (Pinus strobus L.) sont également recensés sur
le territoire de la réserve écologique, témoignant de sa grande
diversité floristique (Gratton, 1986).
La création d’aires protégées vise le maintien de l’in-
tégrité des écosystèmes et la protection de la diversité biolo-
gique associée à ces derniers (Carpentier et Gaudreau, 2000 ;
Gaudreau, 2001 ; Gratton et Zinger, 2001). Les insectes repré-
sentent près de 65 % de la diversité biologique actuellement
connue sur la planète (Hébert, 1995), mais ne sont jamais
considérés lors de la désignation d’aires protégées. En fait,
Résumé
Un inventaire entomologique nocturne des lépidoptères et des coléoptères de la réserve écologique de l’Île-Garth a été
réalisé dans la nuit du 1er au 2 juillet 2004 à l’aide de pièges lumineux disposés dans quatre stations d’échantillonnage
représentatives de la réserve. Cette réserve écologique, située dans la rivière des Mille-Îles et couvrant 17,23 ha, est consti-
tuée majoritairement de zones inondables. Elle inclut des peuplements forestiers particuliers et des espèces arborescentes
menacées ou vulnérables. L’échantillonnage a permis la capture de 28 espèces de lépidoptères et 29 espèces de coléoptères.
L’ensemble des captures effectuées permet d’ajouter 57 nouvelles mentions d’espèces pour cette réserve écologique. Notons
la capture d’un spécimen de Nymphalidae, l’Asterocampa celtis (Boisduval & Le Conte) qui est considéré comme une espèce
rare et inféodée au micocoulier.
les inventaires sur les espèces d’insectes dans les aires proté-
gées sont pratiquement inexistants. C’est dans cette optique
qu’un premier inventaire entomologique, nocturne, de l’île
Garth a été réalisé au début du mois de juillet 2004.
Matériel et méthode
Dans la nuit du 1er au 2 juillet 2004, un inventaire
entomologique nocturne des lépidoptères et des coléoptères
de la réserve écologique de l’Île-Garth a été réalisé à l’aide
de pièges lumineux disposés dans quatre stations d’échan-
tillonnage représentatives de la réserve. Ces stations ont été
choisies sur la base d’un rapport faisant état de quatre grands
groupements arborescents sur l’île (Gratton, 1986). Il s’agit
de la pinède blanche qui est située à l’extrémité sud-ouest de
l’île (station 1 : 45° 39' 12" N ; 73° 45' 56" O) et qui représente
la portion la plus élevée de ce territoire. Plusieurs essences
feuillues comme le caryer ovale, le caryer cordiforme (Carya
cordiformis (Wangenh.)), le chêne rouge, l’ostryer de Virgi-
nie (Ostrya virginiana (Mill.) K. Koch), l’orme d’Amérique
(Ulmus americana L.) et le tilleul d’Amérique (Tilia ameri-
cana L.) sont associées au pin blanc qui représente cepen-
dant l’essence dominante de ce peuplement. Deux peuple-
ments d’érable argenté (Acer saccharinum L.) (stations 2 et 4 :
45° 39' 27" N ; 73° 45' 41" O et 45° 39' 30" N ; 73° 45' 35" O),
Premier inventaire entomologique dans
la réserve écologique de l’Île-Garth
Richard Berthiaume, André Beaudoin et Yves Dubuc