rentrer vers minuit, à l’aide d’un passe-partout que lui avait confié madame Vauquer. ». L’emploi du
temps manifeste les nombreuses absences du personnage.
Transition : L’auteur a choisi de présenter son personnage selon trois modes d’observations,
trois approches différentes qui se complètent, pour permettre au lecteur de cerner la réalité : la
conformation physique, la personnalité et les occupations.
II/ La figure de la puissance
1°) La puissance physique
Celle-ci apparaît dès la mention de l’âge, qui indique la plénitude de la maturité : « Vautrin,
l’homme de quarante ans », par opposition avec les très jeunes gens, Rastignac et Victorine, et les
vieillards, Poiret et Goriot. L’expression : « un fameux gaillard » évoque la vigueur physique et
renchérit sur l’aspect de plénitude. De plus, l’impression de puissance est développée par les
énumérations : « les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains
épaisses ». On note la progression du texte, qui dégage une impression d’ensemble, avant de s’attacher
aux détails qui vont la confirmer. La présence de rides vient renforcer cet aspect. En effet, l’adjectif
« prématuré » indique qu’elles apparaissent plus comme les manifestations d’une vie intense, que
comme des signes d’usure.
2°) La solidité mentale
A°) L’étendue du savoir
Celle-ci est soulignée par le pronom indéfini « tout » : « Il connaissait tout d’ailleurs, les
vaisseaux, la mer, la France, l’étranger, les affaires, les hommes, les évènements, les lois, les hôtels et
les prisons. », mis en valeur par l’adverbe et confirmé par la grande variété des connaissances.
B°) La force du caractère
Vautrin semble disposer d’un contrôle total sur autrui : « Comme un juge sévère, son œil
semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments. ».
D’autre part, on note la volonté de surenchère avec les substantifs, pour montrer que rien n’échappe à
l’observation du personnage et à sa perspicacité. De plus, ce contrôle s’exerce sur lui-même : « il
annonçait un sang-froid imperturbable ». L’adjectif « imperturbable » constitue une sorte de
redondance qui manifeste la maîtrise du personnage.
3°) La bonhomie expansive
L’expression : « grosse gaieté », soulignée par l’allitération en /g/ semble correspondre à la
personnalité du personnage. De plus, celui-ci adopte envers autrui une bienveillance affichée et
généralisée : « Si quelqu’un se plaignait par trop, il lui offrait aussitôt ses services ». L’imparfait
itératif associé à l’indice temporel fait ressortir la spontanéité et la serviabilité du personnage,
soulignée par l’adverbe « aussitôt » et le verbe offrir, ainsi que par l’allitération en /s/. Vautrin semble
faire preuve d’une grande sollicitude envers autrui, puisqu’il ne ménage pas ses marques de
sympathie : « Mais aussi était-il au mieux avec la veuve, qu’il appelait maman en la saisissant par la
taille ». Il prodigue des marques d’affection tant verbales que physiques. Il sait se montrer généreux :
« Un trait de son caractère était de payer généreusement quinze francs par mois pour le gloria qu’il
prenait au dessert. ». Il ne ménage pas ses dépenses.