Hors-série > Microscoop / Numéro 19 – octobre 2010
arables ont besoin de sites de repro-
duction et d’hibernation avec différentes
occupations du sol aux alentours. La
diversité des Carabes permet aujourd’-
hui d’aborder des sujets tels que l’in-
fluence des facteurs du milieu, abio-
tiques et biotiques, l’étude des
populations, la biologie de la repro-
duction, la morphologie en rapport avec
les modes de vie, les régimes alimen-
taires, ainsi que leur rôle dans le
contrôle des insectes nuisibles aux
cultures. Les Carabes constituent donc
un groupe-clé parmi les arthropodes du
sol en raison de leur abondance et de
leur régime le plus souvent prédateur.
La plupart ont un régime alimentaire à
dominante carnivore, ce qui les rend très
intéressants en tant qu’auxiliaires de
cultures. Ils ont un choix d’habitat spéci-
fique et sont sensibles au type d’occu-
pation du sol et à la qualité de l’habi-
tat. Leur pertinence en tant
qu’indicateur de l’état écologique des
terres arables est largement acceptée.
La prise en compte des caractéristiques
du paysage améliore la stratégie de
restauration de la biodiversité à condi-
tion que l’échelle soit correctement défi-
nie en accord avec l’espèce étudiée.
En effet, l’échelle du paysage ne peut
pas être ignorée puisqu’elle explique en
partie les variations locales des riches-
ses d’espèces pour tous les taxons
étudiés. La gestion agricole influence
plusieurs processus de l’échelle, de la
parcelle à celle du paysage. Ainsi, elle
induit des réponses différentes des
communautés d’espèces suivant leurs
caractéristiques écologiques. Ceci peut
être étendu à la macrofaune du sol: pour
la plupart des taxons une large majo-
rité de la variation des espèces locales
dépend de l’utilisation du sol et des
caractéristiques d’habitats, mais égale-
ment du paysage environnant.
Outils de diagnostic de l’état des
écosystèmes terrestres
En Poitou-Charentes, les études du
LEES ont permis de déterminer les espè-
ces présentes, leurs abondances relati-
ves, et l’influence des éléments de
connexion du paysage. La répartition
saisonnière des populations d’isopodes,
l’impact des pratiques agricoles ainsi
que le lien entre les caractéristiques
physico-chimiques des sols et la diver-
sité spécifique ont été décrites. Les
études apportent des outils de diagnos-
tic de l’état des écosystèmes terrest-
res. Ces premières analyses de faisabi-
lité et d’utilisation de la diversité des
isopodes terrestres sur les prairies et les
cultures ont été effectuées sur différents
agrosystèmes du Poitou-Charentes
(Vienne et Deux sèvres). La distribu-
tion et la dynamique des peuplements
de carabes sont modifiées par les pertur-
bations dues à la mise en culture des
sols, leur abondance est ainsi liée au
mode de gestion et à la nature de la
culture. Des analyses statistiques multi-
variées établissent ainsi des corrélations
entre isopodes terrestres et carabes,
qualité du sol et diversité floristique. Les
isopodes (indicateurs de la qualité du
sol) et les carabes (indicateurs de diver-
sité et auxiliaires de culture) sont donc
complémentaires pour élaborer un outil
diagnostique de la biodiversité.
Actuellement, des travaux de thèse, co-
financés par le CNRS et la Région
Poitou-Charentes, s’intéressent à l’effet
de la structure spatiale des zones humi-
des cultivées sur la richesse spécifique
et la composition des communautés
d’arthropodes bio-indicateurs de la
plaine Mothaise (Deux Sèvres). Une
deuxième étude porte sur la biodiversité
dans les parcelles agricoles de 15 exploi-
tations agricoles du Poitou-Charentes
qui ont adhéré au programme Grandes
Cultures Économes du CIVAM (Fédéra-
tion Régionale des Centres d’Initiati-
ves pour Valoriser l’Agriculture et le
Milieu Rural) et comprenant plusieurs
objectifs annoncés dans un cahier des
charges. La biodiversité peut être restau-
rée par une mise en place de rotations
longues (minimum de 4 cultures diffé-
rentes) et d’une alternance de cultu-
res, une limitation des apports en azote,
phosphore et potassium, une utilisation
réduite des pesticides avec un respect
de la Mesure Agri-Environnementale
phytosanitaire, une limitation de la
consommation d’eau, une couverture du
sol maximale et un travail du sol le plus
superficiel possible. La biodiversité est
également favorisée par maintien ou
restauration des « zones Écologiques
Réservoirs » (haies, bandes enherbées,
fossés, bosquets, prairies naturelles) ou
« zones de régulation écologique ». Le
maillage (ou mosaïque) créé par ces
dispositifs pérennes a pour but d’assu-
rer la diversité des habitats et la connec-
tivité spatiale au sein du paysage (corri-
dors écologiques) et de lutter contre la
banalisation des paysages et « l’artifi-
28/
> Biodiversité
Retour d’Armadilidium
vulgare dans une parcelle de
blé avec pratique
respectueuse de
l’environnement : Carabes et
cultures : retour d’espèces
sensibles comme Carabus
sp. et Anchonemus dorsalis
© LEES