PROTOCOLE DE RECENSEMENT DES EFFECTIFS D’ANATIDES ET DE FOULQUES HIVERNANTS

publicité
PROTOCOLE DE RECENSEMENT DES EFFECTIFS
D’ANATIDES ET DE FOULQUES HIVERNANTS
Objectifs visés
Connaître sur une ou plusieurs entités aquatiques :
- la tendance d’évolution des effectifs hivernants de ces espèces ;
- éventuellement, l’abondance ;
- les dates de départ et d’arrivée des oiseaux ;
- les effets d’une vague de froid
Expliquer en dehors de la période de nidification :
- la distribution des oiseaux ;
- leur utilisation des différents milieux ;
- le degré d’association entre les espèces.
Limites d’utilisation stricte
- Les observateurs doivent être capables d’identifier les 30 espèces suivantes :
canard colvert Anas platyrhynchos, canard pilet Anas acuta, canard chipeau Anas strepera, canard
souchet Anas clypeata, sarcelle d’hiver Anas crecca, sarcelle d’été Anas querquedula, nette rousse
Netta rufina, Garrot à œil d’or Bucephala clangula, fuligule milouin Aythya ferina, fuligule morillon
Aythya fuligula, fuligule nyroca Aythya nyroca, fuligule milouinan Aythya marila, harelde de Miquelon
Clangula hyemalis, macreuse noire Melanitta nigra, macreuse brune Melanitta fusca, oie des moissons
Anser fabalis, oie cendrée Anser anser, oie rieuse Anser albifrons, cygne tuberculé Cygnus olor, cygne
sauvage Cygnus cygnus, cygne de Bewick Cygnus columbianus, harle huppé Mergus serrator, harle
bièvre Mergus merganser, harle piette Mergus albellus, foulque macroule Fulica atra, Eider à duvet
Somateria spectabilis, Tadorne de Belon Tadorna tadorna, Bernache cravant Branta bernicla,
Bernache nonnette Branta leucopsis.
- Le protocole n’est pas valide pour d’autres oiseaux d’eau comme les limicoles, hérons ….
Echantillonnage
-
A l’échelle d’un site (= un plan d’eau ou un tronçon de rivière), le recensement se fait à partir de
points de comptage ou de circuits de manière à obtenir un comptage le plus exhaustif possible.
A l’échelle d’une entité (se composant de plusieurs sites proches géographiquement et entre
lesquels les mouvements d’oiseaux sont fréquents), si tous les sites ne peuvent pas être suivis, un
échantillonnage* doit être mis en place selon une connaissance préalable du terrain. Cet échantillon
de sites doit être fixé une fois pour toute.
Méthode
● Le site est l’unité de restitution des comptages : une fiche est remplie par site et par date de
comptage.
● Chaque site doit être dénombré de manière à obtenir un comptage le plus exhaustif possible à partir
d’un nombre de points d’observation ou de circuits suffisants déterminés par les observateurs
connaissant bien le terrain. Ces points ou circuits sont fixés une fois pour toute. L’observateur ou
l’équipe procédera toujours de la même manière dans l’organisation du comptage. Pour ce faire, un
protocole est rédigé à l’échelle de chaque site ; il précise le contour du site, les accès, la localisation
des points d’observation, le nombre d’observateurs nécessaire, les jours les plus favorables et le
temps de comptage moyen.
1
● Les observations ont lieu dans des conditions météorologiques favorables (pas de vent ou de pluie,
bonne luminosité), les jours de non chasse, en dehors des jours fériés pour limiter le dérangement
touristique. Des jours de remplacement sont programmés en même temps que les dates de comptages.
● Chaque site est dénombré n fois durant l’hiver, si possible par le même observateur ou la même
équipe. Le nombre d’observateurs requis dépend de la difficulté du site à être dénombré (nombre
important d’oiseaux, marées, surface du site, etc…).
● La fréquence des comptages dépend des objectifs à atteindre :
- pour les tendances, une fois par mois, de décembre à février ;
- pour suivre les chronologies d’arrivée et de départ des oiseaux : 1 fois par semaine en octobre novembre et en février - mars ;
- en vague de froid : tous les deux jours pendant la durée de la vague de froid suivie d’une durée
équivalente hors vague de froid (soit le double de la durée de la vague de froid).
● Les oiseaux contactés en dehors des dates de comptages ou à proximité des sites tels que définis
préalablement ne sont pas pris en compte sur la fiche de comptage.
● Des données caractérisant les sites telles que leur position géographique dans l’entité, le type
d’habitat, le type de statut, la présence ou non d’une activité humaine (chasse, pêche, etc …) peuvent
être recueillies sur une fiche complémentaire à celle des comptages (à compléter une fois tous les 5
ans par exemple).
Traitement des résultats
Abondance et tendances d’évolution : Elles peuvent être estimées par deux méthodes qui font
aujourd’hui référence et des logiciels de traitements sont mis à disposition gratuitement par les
auteurs (** et ***). Le premier (TRIM) permet de traiter les données mois par mois et de détailler
les tendances par modalités d’un paramètre donné (ex : zone chassée et zone non chassée). Le
second (UINDEX) permet de traiter tous les mois simultanément. Les données sont traitées espèce
par espèce, pour un site, une entité ou plusieurs entités d’un département, d’une région ou de France
et pour une période définie de plusieurs années (au moins 5 années). Le modèle linéaire (linear
trends) et la méthode pas à pas (stepwise) sont les options qui conviennent le mieux. [Les données
manquantes correspondent aux sorties non effectuées sur les sites à une date donnée. A chaque
sortie non effectuée, 30 données sont manquantes pour un site (une donnée par espèce)].
Chronologies des arrivées et des départs : Le traitement est le même que pour les tendances pour
compléter si besoin le jeu de données et pour calculer les indices. Le modèle linéaire sans l’option
« pas à pas » sera choisi pour ne faire ressortir que les variations importantes d’effectifs et
simplifier l’allure de la courbe formée par les indices.
Vagues de froid : Les effectifs bruts sont utilisés sans traitement préalable compte-tenu de la
rapidité d’action qu’il faut avoir dans cette situation.
Restitution
Abondance et tendances d’évolution : Pour chaque espèce et pour chaque mois, les effectifs
corrigés sont donnés année par année (effectifs bruts + estimation des données manquantes). Les
indices annuels d’abondance sont calculés d’après l’année de référence choisie (en général la
première année de la série pour que les autres paramètres statistiques soient interprétables).
Chronologies des arrivées et des départs : Même restitution que pour la problématique
abondance.
Vagues de froid : Le ratio ((effectif en vague de froid - effectif hors vague de froid)/effectif hors
vague de froid *100) est calculé espèce par espèce afin de faire ressortir toutes les différences
importantes avec la période de référence.
Le même ratio peut être calculé entre deux dates consécutives de comptages en vague de froid pour
apprécier l’évolution des stationnements. Les espèces indicatrices de vague de froid sont traitées en
priorité (bernache nonnette, canard siffleur, sarcelle d’hiver, harle piette, garrot à œil d’or).
2
Interprétation
Abondance : Les effectifs corrigés donnent directement le niveau d’abondance d’une entité si
presque tous les sites importants qu’elle comprend sont suivis. Par contre, si c’est un échantillon de
sites de l’entité qui est suivi, ou une partie seulement de la surface en eau d’un site, les méthodes
habituelles d’extrapolation de données selon la méthode d’échantillonnage choisie* peuvent être
employées à partir des effectifs corrigés.
Tendance d’évolution : D’après les indices annuels, un taux moyen de variation est calculé par an
et un autre pour toute la période étudiée ; ces deux taux s’inscrivent dans une fourchette de
précision (estimation des valeurs extrêmes haute et basse du taux). Le diagnostic final sur la
tendance d’évolution dépend de la largeur et de la présence ou non de la valeur 1 dans cette
fourchette de précision ainsi que du nombre d’année de suivi considéré.
Expliquer les tendances : L’utilisation de données complémentaires caractérisant les sites permet
de tester l’influence potentielle de certains paramètres sur la distribution des oiseaux et l’évolution
des effectifs hivernants. La méthode développée par Pannkoek & van Strien (2001) est
particulièrement adaptée à cette approche.
Chronologies des arrivées et des départs : Les variations marquées de la valeur des indices dans
la série temporelle permettent de dater le début et le pic des arrivées et des départs d’oiseaux sur les
sites suivis. Ces évènements seront d’autant plus visibles que les sites seront bien placés sur la voie
de migration et qu’ils n’accueillent pas de trop gros effectifs en hivernage.
Vague de froid : Certains sites vont être désertés (eau prise en glace) et d’autres vont se remplir à
la fois des hivernants français et des hivernants des autres pays poussés par le froid sur des sites
refuges en France (cours d’eau, littoral, grands lacs). En conséquence, les ratios des sites vont
diminuer (jusqu’à 0) ou augmenter (plus de 80% d’effectifs en plus) au cours de la vague de froid.
Plus les écarts à la situation de référence sont grands, plus les mouvements d’oiseaux sont marqués
et plus la vague de froid touche une large partie de l’Europe et dure dans le temps. Le suivi de
l’évolution des ratios permet de détecter le début d’un retour vers une situation normale
correspondant à la re-dispersion des oiseaux vers les sites en dégel.
* Frontier S. eds (1983) – Stratégies d’échantillonnage en écologie. Collection d’écologie n°17. Masson, les
presses de l’université Laval : 494 p.
** Pannkoek J. & van Strien A. (2001) – TRIM 3 Manual (Trends and Indices for Monitoring data). Stat.
Netherlands.
*** Underhill L.G. & Prys-Jones R.P. (1994) – Index numbers for waterbird populations. I. Review and
methodology. Journal of Applied Ecology 31: 463 – 480.
3
Téléchargement