IMPACT DE L’IMPLANTATION DE LA BANQUE COMMERCIALE ZAÏROISE ECONOMIQUE

Annales FLSH N° 18 (2014)
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IMPACT DE L’IMPLANTATION DE LA BANQUE
COMMERCIALE ZAÏROISE
DE BUTA SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIO-
ECONOMIQUE
DU BAS-UELE (1917 -1997)
Par
KOMBO Ngbuka
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ABSTRACT
The Commercial Bank of Congo formerly called the Belgian
Congo Bank was created in 1917 at the colonial epoch the period
corresponding to the industrialization time. It contributed to the socio
economic development of the lower Uele district by the financial
support on behalf of civil servants, cultivators or farmers and traders:
thus improving the population life standing unfortunely. The activities
of the bank were interrupted first by the civil war in 1964. Retaken in
1967, the bank activities stopped again and definitively because of
some political and economic perturbations that our country the
Democratic Republic of Congo ( DRC) has undergone.
INTRODUCTION
La Banque Commerciale est une entreprise spécialisée dans le
commerce d’argent. En raison du poids des activités bancaires dans
l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation
stricte encadrant l’exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter
des dépôts, distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de
paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, etc.),
pour le compte de clients, sont des activités réservées à des
établissements agréés et soumis à l’autorisation préalable pour pouvoir
fonctionner.
Une Banque peut également intervenir dans la réalisation des
opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son
compte ou celui de sa clientèle. On distingue traditionnellement les
activités des banques de dépôt et celles des banques d’investissement
ou d’affaires. Mais il faut noter que beaucoup d’établissements
bancaires se livrent à la fois à ces deux types d’activité. Par ailleurs, la
Banque Centrale est chargée de l’émission des billets, de la garantie
en dernier ressort du système bancaire et, souvent de la stabilité de la
monnaie ( J. KUPAPA MOLA, 2012, p.10 ).
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Assistant à l’ISP-BUTA
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Eu égard à ce qui précède, l’impact de la Banque Commerciale
Zaïroise de Buta (BCZ), alors Banque du Congo Belge pendant la
colonisation, a eu des effets positifs sur le développement socio
économique par l’appui financier en faveur des agriculteurs, des
agents et fonctionnaires de l’Etat, des planteurs dont la plupart furent
des coloniaux.
Décrétée dans le courant de l'année 1974, la « zaïrianisation »
demeure l'un des évènements les plus importants de la politique menée
par le régime mobutiste.
Elle a encouragé la nationalisation progressive des biens
commerciaux et des propriétés foncières appartenant aux
ressortissants ou groupes financiers étrangers. En clair, il s’est agi de
la procédure d’expropriation sans contrepartie financière, ce qui a
constitué une part importante de la dette de l'Etat. En réalité, si cette
mesure s’est inscrite officiellement dans un effort visant à la
réappropriation nationale de l'économie ainsi qula redistribution des
richesses générées pendant la colonisation, elle fut surtout un échec.
Le Bas-Uélé ne possédant pas d’usine de fabrication des
produits finis, toutes les marchandises manufacturées sont importées.
Cet approvisionnement de l’extérieur passe par quelques grandes
sociétés commerciales spécialisées ; puis par de grossistes et de
détaillants. Mais durant la période coloniale, tous ces intermédiaires
sont européens.
La présente cogitation constitue une tentative de ponse à la
question de savoir pourquoi la Banque Commerciale Zaïroise a cessé
d’exister alors qu’elle accomplissait une mission précise dans le Bas-
Uélé et quelle incidence a-t-elle eue sur le développement socio-
économique de cette entité politico-administrative ?
Une banque vit grâce aux productions locales, et avec la faillite
de la deuxième république, nous estimons que la Banque
Commerciale Zaïroise installée dans le Bas-Uélé, aurait manqué des
pourvoyeurs et cela l’aurait poussée à la décadence.
Nous nous proposons de présenter sous peu l’historique de
l’implantation de la Banque Commerciale dans le Bas Uélé avant de
mettre le cap sur les effets de cette opération sur le développement
socio économique de ce district de 1960 à 1997 (soit 37 ans
d’existence).
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1. Historique de l’implantation de la Banque Commerciale
Zaïroise dans le Bas-Uélé
Fondée en 1909 à Matadi, la Banque du Congo Belge établit
rapidement son siège social à Léopoldville. En 1911, elle obtint le
privilège d’émission pour le Congo belge, privilège qu’elle conservera
plus de 40 ans. L’Agence de Buta fut créée en 1917, au même
moment que l’Agence de Coquilhatville (Mbandaka).
Durant toute la période coloniale, l’économie congolaise en
général et celle du Bas-Uélé en particulier fut dominée par quelques
groupes : Société générale de Belgique avec ses filiales, dont la
BELGIKA (implantées partout dans la colonie et considérées comme
la colonne vertébrale du Congo économique), le groupe Lambert, la
Société Commerciale et Minière (Cominière), la Société des Chemins
de fer Vicinaux du Congo, La COTONCO, etc. On dénombrait aussi
des groupes non belges. C’est le cas notamment des exploitations
dépendant du Groupe Unilever Yaligimba l’Equateur),
COMUELE et PLANTADEM (en Province Orientale). Toutes ces
entreprises étaient contrôlées depuis la Belgique. ( G. MOULAERT,
1934, p. 460)
Le groupe de la Société générale jouait un rôle prépondérant
dans la mise en valeur de la colonie. Les valeurs coloniales
représentaient près de la moitié de son portefeuille. La part des
sociétés du groupe dans les exportations congolaises était très élevée :
elles produisaient du cuivre, du zinc, des produits cobaltifères, de
l’argent, du diamant et du cadmium de la colonie, mais aussi : l’huile
de palme et des amandes palmistes de Yaligimba (Equateur), Dembia,
Kana, Wela (Province Orientale dans le District du Bas-Uélé) , du
cacao, du caoutchouc, du café, des fibres de coton, du bois, du maïs,
de l’or (Kilo-Moto, Baye). Sur l’ensemble des produits agricoles
exportés, le groupe en produisait près du tiers. Il en était de même
pour les minerais et métaux exportés et dont la production était de plus
de trois quarts. Le taux de profit moyen de l’ensemble des entreprises
coloniales du groupe dépassait ±30%. Mais les sociétés minières
avaient un rendement encore supérieur : il était de l’ordre de 50% à
60%. ( http. www. Wikpedia, 25 mars, 2013)
La colonie, dont la comptabilité était entièrement séparée de
celle de l’État belge, détenait une participation financière dans de
nombreuses entreprises.
En 1939, grâce à sa colonie, la Belgique était le premier
producteur mondial de radium, de diamant, de cobalt, de copal et
d’ivoire, le deuxième pour les noix palmistes, le troisième pour l’huile
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de palme, le quatrième, le sixième et le treizième respectivement pour
le cuivre, l’étain, l’or et l’argent.
Les richesses minières et agricoles congolaises avaient provoqué
l’éclosion, en Belgique, de nouvelles branches d’industrie et la
création de nombreux emplois. La Société métallurgique d’Hoboken
(traitement des métaux non ferreux) fournissait à elle seule du travail à
près de 4 000 ouvriers belges tandis que le traitement du diamant
employait 15 000 ouvriers environ. Mais le Congo assurait également
d’importantes retombées économiques pour la Belgique dans les
secteurs des transports maritimes, de l’ingénierie. Tout ceci
occasionnait un impact à la fois direct et indirect sur l’économie
belge. Ajoutons que quelque 112 000 Européens vivaient au Congo,
dont 90 000 Belges. L’exportation de biens et services vers la colonie
donnait aussi de l’emploi à quelques 75 000 Belges travaillant en
Belgique.
L’apogée de leur gloire fut atteinte en 1956, lors de la
célébration du 50ème anniversaire des trois sociétés sœurs fondées en
1906 à l’initiative du roi Léopold II et sous le patronage de la Société
générale : le chemin de fer du Congo-Belge, l’Union minière du Haut-
Katanga, la Forminière. La Générale se considérait d’ailleurs, depuis
1906, comme mandatée par la Couronne pour développer le Congo
économique. Tacitement ou explicitement, son leadership sur
l’économie coloniale fut reconnu pendant des décennies par les
gouvernements successifs. L’économie métropolitaine était-elle liée à
l’économie coloniale ? Quoi qu’il en soit, le Congo fut, pour la
Belgique, un réservoir de matières premières. ( http. www. Wikpedia,
25 mars 2013, )
Par ailleurs, la densité du réseau des activités européennes dans
le Bas-Uélé représentait à cette époque une caractéristique
remarquable. En dehors des activités administratives, missionnaires et
scolaires, plusieurs sociétés avaient investi dans la culture de coton,
les plantations de caféiers, les palmeraies, l’exploitation de l’or et dans
diverses autres activités commerciales. Tous ces investisseurs
coloniaux, qui se sont fait des entreprises dans le Bas-Uélé, recevaient
des emprunts en Banque en Francs Belges remboursables dans le délai
imparti. Pour pouvoir fonctionner, toutes ces sociétés engageaient un
nombre important de personnel, et s’occupaient bon gré mal gré de
son encadrement tant matériel que social par le système de cantines, la
création des dispensaires ou infirmeries pour les soins de santé,
l’octroi des facilités d’obtention des crédits à la Banque afin de relever
le standing de vie.
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D’une manière générale, le Bas-Uélé était marqué, sur le plan
socio-économique, par une grande prospérité grâce aux sociétés
privées d’une part, aux commerçants coloniaux et aux missions
religieuses d’autre part. Parmi les principales sociétés sponsorisées par
la Banque Commerciale du Congo, nous trouvons :
La société des chemins de fer Vicinaux du Congo (C.V.C) fut
constituée le 7 mai 1924 avec comme but : l’exploitation de chemins
de fer vicinaux, de transports sur route et, avec l’autorisation du
gouvernement, de transport par eau. Cette société disposait des
véhicules qui assuraient le transport sur le réseau routier à travers le
district du Bas Uélé. Le transport des courriers était également
assuré par les véhicules de ladite société. En son sein, tout comme au
sein des autres sociétés, il fallait assurer l’encadrement des travailleurs
pour concourir à leur épanouissement. L’entreprise disposait de
grands hôpitaux, des maisons d’habitation, de cercles amicaux pour la
distraction, des cantines pour l’approvisionnement en produits de
première nécessité, des écoles privées pour enfants blancs dont le
confort dépassait de loin celui des autres institutions. Certains
s’achetaient même des voitures par le système de crédit bancaire.
(G.,MOULAERT., p. 460-470 )
Outre ce qui précède, la Banque Commerciale intervenait dans
beaucoup d’autres entreprises par l’octroi de crédit bancaire. On peut
citer entre autres :
La société commerciale de l’Ubangi et de l’Uélé (COMUELE)
avait comme activité, le commerce de gros. Elle gérait plusieurs
comptoirs dont les principaux furent situés à : AKETI, BUTA et
Paulis (ISIRO). Plusieurs plantations à Ekwangata, Wella ( Aketi ),
Maliabwana (près d’AKETI), Mawa, Egbunda sur le chemin de fer
en direction de Paulis (ISIRO). Elle comptait en outre plusieurs
usines destinées au traitement du café et d’huile de palme.
La Société Coopérative des planteurs de café des Uélé
(COOPLANTU) créée en 1932 dans le but de grouper les planteurs
de café des Uélé, de façon à imposer sur le marché un produit ayant
des qualités bien définies, obtenues aux meilleures conditions
possibles.
La Pétro Congo était une société chargée de commercialiser le
produit pétrolier (Pétrole, essence, gasoil) et des huiles de moteur,
elle avait sa station de stockage à Aketi et des pompes implantées
partout à travers le Bas-Uélé.
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