160 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 4 - avril 2017
Points forts
dont le patient perçoit sa santé et l’impact qu’ont
les traitements ou modifications de son hygiène de
vie sur sa qualité de vie (7). Il existe de nombreux
PROM en dehors de la qualité de vie, tels que la
fatigue (échelle MFI20), la douleur (échelle BPISF)
ou l’anxiété-dépression (échelle HADS). Très récem-
ment, une version des scores de toxicités éditée
par le National Cancer Institute (NCI), renseignés
jusqu’alors exclusivement par les médecins, a été
développée à l’intention des patients (PRO-CTCAE)
afin de permettre une évaluation des symptômes
et toxicités subjectives directement par le patient
lors des essais cliniques (8). Une version en français
est en cours de validation.
La qualité de vie
pour démontrer
le bénéfice clinique
Dans les essais cliniques en cancérologie, la qualité
de vie relative à la santé est reconnue comme second
critère de jugement principal par la Société améri-
caine en oncologie clinique (ASCO®) et la Food and
Drug Administration (FDA) en l’absence d’effet d’une
action ou d’un traitement sur la survie globale (9).
Dans la pratique clinique, évaluer la qualité de vie
du patient est bénéfique et permet d’optimiser l’ad-
hésion aux stratégies thérapeutiques proposées par
le médecin (10, 11).
De nombreux articles sont venus encourager l’uti-
lisation de la qualité de vie comme critère de juge-
ment dans les essais cliniques, et particulièrement
en oncologie (12-14).
Les raisons qui expliquent la place de la qualité de vie
en tant que critère de jugement sont nombreuses :
➤
un bénéfice tumoral sans gain de survie globale
et/ou de qualité de vie n’est pas suffisant car le sens
clinique est incertain ;
➤
les critères cliniques standard ne tiennent pas
compte des aspects physiques, psychologiques,
sociaux et environnementaux dans l’évaluation
d’un traitement ;
➤
les nouvelles molécules développées ne
permettent pas forcément un gain de survie, mais
peuvent améliorer la qualité de vie du patient ;
➤
la qualité de vie est utilisée dans le cadre des
analyses médicoéconomiques de type coût/utilité.
Par conséquent, la qualité de vie comme critère
ou cocritère de jugement principal s’impose d’évi-
dence dans un contexte tel que la cancérologie, où
les possibilités thérapeutiques sont parfois limitées
et où les symptômes peuvent être extrêmement
invalidants, et dans un contexte économique global
de remboursement plus contrôlé.
Les outils de mesure
de la qualité de vie
De nombreux instruments ont été développés et
sont maintenant disponibles. Leur caractéristique
commune est qu’ils font appel à l’évaluation subjec-
tive, de préférence par le patient.
On distingue 2 types d’approche :
➤
L’entretien psychologique ou entretien struc-
turé est un entretien au cours duquel la personne
en charge de l’évaluation interroge le patient sur
l’ensemble de sa vie. C’est l’évaluateur qui dirige
la conversation, mais il laisse le patient parler. Si
ce type d’évaluation permet, d’un point de vue
clinique, d’évaluer la qualité de vie du patient dans
son ensemble, les données récoltées sont, quant à
elles, plus difficilement utilisables et transformables
en mesure, parce qu’il s’agit de “réponses-discours”,
donc non standardisées. Il pose ainsi des difficultés
logistiques, de standardisation et donc d’utilisation
dans des études comparatives.
➤
Les outils psychométriques, constitués d’échelles
ou de questionnaires, permettent une évaluation
plus restrictive de la qualité de vie, mais standar-
disée, et sont plus faciles à utiliser. Ils nécessitent des
instruments appropriés, fiables, validés et faciles à
remplir. Parmi ces outils, on distingue les instruments
hétéro-évaluatifs et auto-évaluatifs :
–
l’hétéro-évaluation : un hétéro-questionnaire est
un questionnaire dans lequel la qualité de vie du
patient est évaluée par une autre personne que le
patient lui-même. La mesure par un professionnel ne
peut pas être considérée comme un gold standard, car
celui-ci a une moins bonne connaissance de la façon
dont le patient perçoit sa qualité de vie et sa santé ;
»
Selon l’OMS, “La qualité de vie est la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans
le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses
attentes, ses normes et ses inquiétudes.”
»La qualité de vie liée à la santé peut être comprise comme la perception par le patient de son propre
état de santé et de ses conséquences sur sa vie quotidienne.
»En cancérologie, la qualité de vie relative à la santé est reconnue comme second critère de jugement
principal par l’ASCO
®
et la FDA en l’absence d’effet d’une action ou d’un traitement sur la survie globale.
Mots-clés
Critères de jugement
Échelles
Qualité de vie
Pronostic
Méthodologie
Highlights
»
According to the World
Health Organization, the defi-
nition of Quality of Life is the
individuals’ perception of their
position in life in the context of
the culture and value systems
in which they live and in rela-
tion to their goals, expecta-
tions, standards and concerns.
»
Health-related quality of
life (HRQOL) includes indivi-
duals’ physical and mental
health perceptions and their
consequences on daily life. The
most accepted definition refers
to a multi dimensional concept
including at least 3 main areas
corresponding to “the subjec-
tive individual’s perception of
their physical, emotional and
social condition after conside-
ring the effects of the disease
and its treatment”.
»
In oncology, HRQOL is reco-
gnized as secondary primary
endpoint by the American
Society of Clinical Oncology
(ASCO) and the Food and Drug
Administration (FDA) when
there is no effect of an action
or a treatment on the overall
survival.
»
HRQOL is a prognostic
factor for overall survival in
many cancers such as breast
cancer, glioblastoma, meta-
static colorectal cancer, pros-
tatic cancer, pancreatic cancer,
lung cancer and hepatocellular
carcinoma.
Keywords
Endpoint
Scale
Quality of life
Prognosis
Methodology