iv
Aux Etats-Unis, les derniers indicateurs d’activité sont très mitigés et confirment que la reprise
économique « solide », sur laquelle se basaient de nombreux investisseurs, est plutôt fragile. Les
données révisées de la croissance américaine sur les trois dernières années montrent que
l’expansion économique a été plus limitée qu’espérée. En Europe, les risques de retombées des
difficultés économiques et financières des pays périphériques de la zone euro se sont intensifiés.
La donne économique varie toutefois fortement selon les pays d’Europe.
Le Luxembourg, en tant qu’économie européenne la plus ouverte et dépendante du
commerce extérieur, est touché de plein fouet par la dégradation du contexte financier et
économique mondial. Au Grand-Duché, l’exposition à cette crise est aggravée par une
dégradation continue et endémique des compétitivités-coût et -prix et par des finances
publiques structurellement non-durables à long terme, mettant en question la capacité de
l’Etat à accompagner le développement socio-économique futur et à maintenir, sur le long
terme, un effort d’investissement conséquent afin de soutenir le niveau de croissance
potentielle nécessaire pour garantir la soutenabilité du modèle luxembourgeois à longue
échéance.
2. Les entreprises sous pression - un budget fondé sur des prémisses conjoncturelles
dépassées
Le premier constat que la Chambre de Commerce se doit de dresser est que le projet de
budget 2012 se base sur des prémisses conjoncturelles largement dépassées. Le taux de
croissance du PIB luxembourgeois y est estimé à 3,2%3 pour l’année 2011 et à 2,1% pour 2012. Le
taux d’inflation, quant à lui, est estimé à 2,5%, alors que les tensions inflationnistes restent fortes
sur les marchés des matières premières, et l’effet d’auto-allumage, après la tranche indiciaire
d’octobre 2011 et - le cas échéant, celle de mars ou avril 2012 - continue à jouer.
La croissance, à laquelle le Luxembourg peut désormais raisonnablement s’attendre en 2012,
tourne plutôt autour de 1%, soit à peine la moitié de la croissance sous-jacente à l’établissement du
projet de budget 20124. Le taux de chômage, qui, après s’être quelque peu redressé au cours du
1er semestre 2011, est de nouveau reparti à la hausse et pourrait se situer aux alentours de 6,5%
de la population active à la fin de l’année 2012, soit 0,3% au-dessus de l’hypothèse afférente
retenue par les auteurs du projet de budget 2012.
Il faut du reste noter que le projet de budget a été élaboré avant la révision substantielle de la
comptabilité nationale du 7 octobre 2011, qui a notamment corrigé vers le bas l’évolution
économique depuis 2008. Cette révision, qui est visualisée grâce au graphique ci-après, a le mérite
de souligner toute l’envergure de la crise économique et financière, un choc profond duquel
l’économie nationale ne s’est toujours pas remise.
3 La croissance au premier trimestre 2011 a récemment été révisée à la baisse pour n’atteindre que 2,9%, au lieu de
4,9%. La première estimation pour le 2e trimestre table sur une expansion de 1,9%. Etant donné la forte dégradation du
contexte économique européen à partir de l’été 2011, un taux de croissance annuel de 3,2% pour l’année 2011 semble
donc difficilement atteignable.
4 « Nombre de clignotants virent au rouge », www.chd.lu, 18 octobre 2011. Voir également les projections de la
Commission européenne de début novembre 2011.