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Un examen détaillé des soldes des administrations publiques démontre d’ailleurs que la
situation des finances publiques luxembourgeoises est moins saine qu’il n’y paraît au premier
abord. Elles enregistreraient certes un excédent de 1,1% du PIB en 2009, mais ce résultat est
bien en retrait du surplus de 3,2% enregistré en 2007. Cet excédent de 1,1% du PIB repose par
ailleurs sur une hypothèse de croissance de 3% en 2009. Dans ses prévisions d’automne,
certes postérieures au dépôt du projet de budget, la Commission Européenne prévoit pour sa
part une croissance du PIB luxembourgeois de 1,2% seulement en 2009. Cet écart de 1,8%
entre la croissance prévue au projet de budget et celle qu’anticipe la Commission devrait induire
un manque à gagner de l’ordre de 0,7% du PIB au niveau des recettes budgétaires.
Enfin, l’excédent de 1,1% est imputable à de confortables excédents de la sécurité sociale,
l’administration centrale accusant quant à elle un déficit de 1,8% du PIB en 2009 selon les
autorités. Or l’équilibre de la sécurité sociale est menacé à terme, sous l’effet notamment du
vieillissement prévisible de la population. De nombreuses institutions nationales et
internationales ont mis en exergue le poids insoutenable des engagements futurs du régime
général de pension. Un comportement bien plus responsable en la matière s’impose, d’autant
que la présente crise financière pourrait entamer le potentiel de croissance à long terme de
l’économie luxembourgeoise.
Si le gouvernement s’est comporté de manière exemplaire face aux problèmes de court terme,
certes d’une acuité sans précédent, il convient donc de ne pas perdre de vue divers défis que la
société luxembourgeoise devra inévitablement affronter sur un horizon de moyen et long terme.
Ces problèmes sont successivement abordés dans les lignes qui suivent, à l’occasion du
passage en revue des administrations publiques dans leur ensemble, puis des trois
composantes de ces dernières : l’Etat central et l’Administration centrale, les pouvoirs locaux et
enfin la sécurité sociale. Les principales recommandations de la Chambre de Commerce en
matière de lutte contre la crise seront synthétisées dans une dernière partie.
1. Les administrations publiques : situation enviable à court terme, risques
considérables à long terme
Les administrations publiques se composent de l’Administration centrale (qui résulte
schématiquement de la consolidation de l’Etat central et des fonds spéciaux), des pouvoirs
locaux et de la sécurité sociale. Chacun de ces sous-secteurs est abordé dans les sections qui
suivent. Le graphique 1 confronte les recettes et les dépenses des administrations publiques,
toutes deux exprimées en pourcentages du PIB. Il apparaît tout d’abord que les recettes sont
habituellement supérieures aux dépenses, ce qui signale une position tendanciellement
excédentaire des administrations publiques luxembourgeoises. Seules les années 2004 et –
dans une moindre mesure – 2005 se distinguent à cet égard.
La Chambre de Commerce tient cependant à rappeler que cette situation excédentaire est le
reflet des importants surplus de la sécurité sociale, qui devraient s’estomper graduellement dans
le futur. Il en est d’ailleurs de même des recettes émanant de la vente d’hydrocarbures, d’alcool
et de tabac (« Tanktourismus ») et de la TVA liée au commerce électronique, cette dernière
ayant été particulièrement dynamique en 2008. Enfin, les données du graphique qui se
rapportent à 2008 et 2009 n’intègrent que partiellement l’impact probable de la crise financière
sur les finances publiques.
De surcroît, la crise financière affecte négativement le produit de la taxe d’abonnement et les
impôts directs à charge des sociétés. S’y ajoutera l’incidence des importants allègements
fiscaux présentés lors du dépôt du projet de budget 2009, qui se montent à environ 600 millions
d’euros, soit plus de 1,5% du PIB.