2010: Année du Poumon 5
restant, les couches de cellules endothéliales et épithé-
liales sont séparées l’une de l’autre par un espace in-
terstitiel contenant un petit nombre de bres conjonc-
tives de soutien, qui forment la partie épaisse de la
barrière. Les capillaires alvéolaires trouvent leur che-
min au travers du septum alvéolaire de telle manière
que leurs portions minces coulissent d’un côté à l’autre,
faisant face alternativement à un espace alvéolaire
et à son voisin—de façon à faciliter les échanges ga-
zeux (voyez plus bas)—alors que les portions épaisses
restent alignées dans la direction des septa.
La résorption d’oxygène et la libération du dioxyde
carbone surviennent chacune par diffusion passive
des molécules par suite des différences des pressions
partielles des deux gaz de part et d’autre de la mem-
brane alvéolo-capillaire. Mais la diffusion est égale-
ment in uencée de manière importante par l’épais-
seur de la membrane, et pour l’oxygène par la distance
entre la source des molécules dans l’espace alvéolaire
et leur liaison chimique nale avec l’hémoglobine à
l’intérieur des globules rouges : la diffusion est d’autant
plus grande que la distance est plus faible. De la même
manière, les échanges gazeux surviennent de manière
préférentielle à travers la portion ne de la bar rière
alvéolo-capillaire alors que les échanges des liquides
et de solubles entre la lumière capillaire et l’espace
interstitiel se produisent dans la portion épaisse. (Nous
n’avons pas assez de place pour discuter ici du fait
que les anomalies des échanges des liquides et des so-
lubles sont à la base de la formation d’œdème pulmo-
naire, le sujet peut-être d’un autre article).
Une caractéristique plus structurelle des unités res-
piratoires terminales mérite une attention particulière :
la totalité de la surface alvéolaire est couverte d’une
couche de l’épaisseur d’une molécule par un matériel
chimique remarquable appelé le surfactant, qui est
synthétisé et libéré par les cellules épithéliales alvéo-
laires de type II. Le surfactant stabilise les alvéoles par
sa capacité extraordinaire à réduire la tension super-
cielle lors de la diminution du volume pulmonaire
au cours de l’expiration. Bien que 90% de la surface
alvéolaire soient couverts par les cellules de type I
ressemblant à un œuf sur le plat, l’épithélium contient
en fait un plus grand nombre de cellules alvéolaires
de type II, productrices de surfactant et de taille plus
réduite, ce qui fait ressortir leur importance fonction-
nelle, particulièrement dans les poumons des nouveau-
nés dont les alvéoles sont nes et susceptibles de se
collaber. Le surfactant stabilise également les poumons
d’adultes, ce qui garantit les échanges gazeux.
INNERVATION
Les poumons se défendent eux-mêmes—et du coup le
reste du corps—par des ré exes de protection, parmi
lesquels le ré exe de toux est le plus évident et cer-
taine ment le mieux étudié. Mais plus on investigue
la toux, plus compliquée elle paraît. La toux chez
l’homme semble déclenchée par la stimulation méca-
nique ou chimique de récepteurs d’irritation à adap-
tation rapide situés dans l’épithélium des voies aé ri-
ennes du larynx aux bronchioles, principalement aux
points d’embranchement, mais dont l’abondance dé-
croit au fur et à mesure de la progression vers la péri-
phérie des voies aériennes. Les mêmes stimuli activent
d’autres récepteurs sensoriels, les fibres pulmonaires
et bronchiques C, et dans une moindre mesure les ré-
cepteurs à adaptation lente dont l’arrivée dans le
système nerveux central, tous via le nerf vague, peut
supprimer ou ampli er la réponse de toux qui en
résulte.7
L’acte de la toux exige une contraction vigoureuse
des muscles thoraciques et abdominaux qui, comme
d’autres muscles striés, sont innervés par les neurones
moteurs, mais qui reçoivent des ordres provenant d’un
« centre du système nerveux central de la toux ». Les
muscles qui contribuent à la respiration, connus dans
leur ensemble comme muscles respiratoires, parmi
lesquels le diaphragme est de loin le plus important et
le mieux étudié, sont particulièrement bien dotés sur
le plan physiologique. Selon McKenzie et coll.,8 les
muscles respiratoires sont substantiellement différents
de leurs équivalents non respiratoires : ils doivent tra-
vailler pour la durée de vie de leurs propriétaires sans
un repos prolongé ; ils sont plus résistants au déve-
loppement de la fatigue et en récupèrent plus rapide-
ment ; ils ont un débit sanguin et une densité capillaire
plus importants ; et leur consommation maximale
d’oxygène est de deux à six fois supérieure.
L’innervation efférente des poumons proprement
dits comporte les bres parasympathiques (choliner-
giques) et sympathiques (adrénergiques) qui condui-
sent aux voies aériennes et aux muscles lisses des
vaisseaux, aux glandes sécrétrices de mucus et à la
muqueuse. L’activité cholinergique est prédominante
dans toutes les espèces de mammifères étudiées, y
compris les hommes, et elle entraîne la broncho-
constriction et la sécrétion de mucus dans les voies
aériennes. Bien que les récepteurs adrénergiques soient
nombreux et répondent à des stimulations chimiques
et au blocage (comme dans le traitement de l’asthme),
les réponses à la stimulation des nerfs sympathiques
sont étonnamment faibles. Des bres peptidergiques
ont également été identi ées, mais leur rôle physiolo-
gique n’a pas encore été dé ni complètement. De la
même manière, la fonction des corps neuroépithé-
liaux des voies aériennes n’est guère connue ; certains
faits suggèrent qu’ils pourraient jouer le rôle de chimio-
récepteurs chez le fœtus et le nouveau-né.
AUTRES STRUCTURES
Vu la place limitée disponible, nous ne pouvons pas
aborder diverses autres structures qui contribuent
de manière importante au bien-être du poumon,
tels les lymphatiques pulmonaires,9 la circulation