le botulisme Chez les espèCes AviAires 1

publicité
volaille
Le botulisme
chez les espèces aviaires
1
Martine Pelletier-Grenier, agr.
formulation
et nutrition avicole
agri-marché inc.
Qu’est-ce que le botulisme ?
Le botulisme est une maladie pouvant affecter la
majorité des animaux à sang chaud, dont les oiseaux
et les humains. Elle est causée par la neurotoxine
produite par la bactérie anaérobique Clostridium
botulinum. C’est la plus puissante toxine biologique
connue. Lorsque présente dans les élevages de
volailles, cette maladie se traduit par une paralysie
flasque progressive des oiseaux conduisant à de
hauts taux de mortalité.
Les plus affectés sont la dinde et le poulet de chair,
surtout en fin d’élevage. La plupart des cas sont
observés au printemps et en été.
«
Dr Simon Cloutier mv, M.Sc.
Les plus affectés sont la dinde
et le poulet de chair, surtout en fin
d’élevage. les consultants avi-porc
»
Même si la maladie demeure rare, elle doit être
consi­dérée avec sérieux, en raison du taux de mortalité élevé observé chez les lots atteints, du risque
de récidive par la suite et du risque pour la santé
humaine, même s’il est faible.
2
Épidémiologie
La bactérie Clostridium botulinum est présente de
manière naturelle dans l’environnement. Elle se retrouve
égale­­ment dans le tube digestif des oiseaux sains et est
ainsi considérée comme un parasite obligatoire.
Pour développer la maladie, les oiseaux doivent
ingérer de grandes quantités de bactéries et/ou sa
toxine. Par contre, si ingérées en petites quantités,
les spores ne se développent pas ou peu dans le tube
digestif. Toutefois, leur développement massif et la
sécrétion de toxines botuliniques sont possibles en
présence d’une perturbation de la flore intestinale
ou d’immunosuppression.
Les principales sources de contamination sont la
consommation de cadavres d’oiseaux ou de rongeurs,
30 agri-nouvelles
Octobre.08
de larves de ténébrions, d’eau ou d’aliments conta­
minés. De plus, l’introduction dans votre élevage
d’animaux sauvages (petits mammifères, oiseaux)
représente une source possible de contamination.
Il est important de noter que par sa forme sporulée,
la bactérie Clostridium botulinum peut survivre très
longtemps dans l’environnement (résistance à la
chaleur et à la sécheresse).
3
Quelles sont les manifestations
cliniques du botulisme
chez les oiseaux ?
Les symptômes se manifestent par à une paralysie
flasque des pattes qui progresse vers les ailes, le
cou et les paupières. Le cou devient mou, la tête
et le bec reposant sur la litière, les paupières sont
tombantes. Les oiseaux présentent en général un
comportement comateux. La paralysie bilatérale des
pattes entraîne de l’incoordination ou des boiteries.
Les animaux atteints se couchent sur leur sternum
et refusent de bouger. Ils peuvent présenter des
signes de frilosité, un plumage ébouriffé, des diffi­
cultés respiratoires et souvent de la diarrhée. On
peut également observer un aspect sale du bec, lié à
une régurgitation de salive, de mucus ou d’aliment,
sans doute en raison d’une altération des réflexes
de déglutition et du péristaltisme digestif. La mort
survient par défaillance cardio-respiratoire, due à la
paralysie des muscles abdominaux et cardiaques, au
bout de 1 à 8 jours. Le plus souvent, aucune lésion
n’est visible à l’autopsie, ni à l’histologie.
La mort des oiseaux est rapide (quelques heures
à 2 jours) et cette mortalité peut atteindre plus de
40 %. Ces épisodes surviennent généralement entre
2 et 8 semaines d’âge, mais dans notre contexte, on les
voit souvent en fin d’élevage, entre 4 et 5 semaines
d’âge. Souvent, les oiseaux atteints sont localisés à
des endroits précis dans le poulailler.
Note : Malgré l’aspect spectaculaire des signes cliniques,
les oiseaux qui ne sont pas atteints sévèrement
peuvent récupérer et terminer le lot normalement.
volaille
«
… la mortalité
peut atteindre
plus de 40 % »
Un petit vidéo est disponible sur Internet. Il
montre les principaux symptômes du botulisme
chez les oiseaux. Visitez http://www.avicampus.fr/
videos/video%20botulisme.htm.
4
Comment diagnostiquer
la maladie ?
Le diagnostic préliminaire peut être basé sur
l’anamnèse, les signes cliniques et l’absence de
lésion visible à l’œil nu. Toutefois, le diagnostic
définitif requiert la détection de la toxine. À cette
fin, le sang d’oiseaux malades est généralement
privilégié. Le sérum ainsi prélevé sera injecté à des
souris, et l’apparition de signes cliniques et la mort
des souris confirmeront le diagnostic.
5
TraitEments
Tout d’abord, retirer la source de contamination, si
possible. Des traitements antibiotiques peuvent se
faire(mais l’efficacité est mitigée). D’autres essais ont
égale­ment démontré un avantage, comme l’acidi­
fication de l’eau, l’ajout de sélénium, de vitamines
A, D et E, mais les résultats sont inconstants. Selon
l’expérience que nous avons ici, l’intervention qui
semble la plus efficace est de mettre immédiatement
les oiseaux à la noirceur.
6
Prévention
La prévention rejoint toutes les mesures d’hygiène
générale : ramassage fréquent et de manière assidue
des carcasses d’oiseaux morts, bon contrôle des
insectes (surtout les ténébrions) et des rongeurs,
lavage et désinfection (bon protocole et bonne appli­­­
cation), gestion adéquate du fumier (éviter de le laisser longtemps à proximité du poulailler) et, surtout,
être vigilant et réagir vite dès les premiers signes.
En bref Ténébrions
quand suspecter
le botulisme ?
• Forte mortalité avec des symptômes nerveux
sans lésion; le principal signe est une paralysie
flasque débutant aux pattes et progressant vers
les ailes, le cou et la tête. Les oiseaux peuvent
présenter un comportement comateux ou des
signes d’insuffisance respiratoire.
• Épisode antérieur de botulisme dans l’élevage.
• Ramassage insuffisant des cadavres et / ou dépôt
des cadavres à proximité de l’élevage.
• Météo chaude et orageuse.
• Proximité d’un plan d’eau fréquenté par des
oiseaux sauvages.
Références
• Le groupe avi-cunicole de Toulouse Agri Campus :
http://www.avicampus.fr/botulisme.html
• The Caribbean Animal Health Network :
http://www.caribvet.net/upload/botulisme.pdf
• Abrégé de Bactériologie Générale et Médicale
(École Nationale Vétérinaire de Toulouse)
http://www.bacteriologie.net/medicale/botulinum.html
• Diseases of poultry, 11e édition
Oiseaux couchés sur
le sternum et en état
comateux représentant
les principaux symptômes
du botulisme.
Octobre.08
agri-nouvelles 31
Téléchargement