
INTRODUCTION
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« Should Scotland become an independent country ? », telle est la question sur
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laquelle les cinq millions d’écossais devront se prononcer le 18 septembre 2014. Sept ans
après son arrivée au pouvoir en Ecosse, et trois après avoir gagné la majorité absolue des
sièges au Parlement d’Holyrood , le Scottish National Party (SNP, ou Parti National
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Ecossais) est tout proche d’atteindre son but historique: l’Ecosse est aux portes de
l’indépendance, plus de trois cent ans après son entrée dans l’Union avec l’Angleterre.
Alex Salmond, le talentueux First Minister de l’Ecosse, s’est appuyé sur les réussites de
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la dévolution que son parti n’avait pourtant soutenue que du bout des lèvres, pour
construire la légitimité de son gouvernement à négocier l’indépendance de la nation
écossaise. Quatre-vingt ans après la création du SNP, celui-ci a su opérer sa mue pour se
porter jusqu’au pouvoir et de ce fait entrer à la table des négociations .
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Ce succès électoral et politique d’un parti indépendantiste est significatif à plus d’un
titre. Premièrement, il s’inscrit dans un mouvement plus large au niveau européen de
reconstruction de l’identité politique dans les démocraties occidentales. Catalans,
basques, flamands, et dans une moindre mesure, bretons, corses ou bavarois, affichent
leurs différences par rapport aux pouvoirs centraux et réclament la reconnaissance de
Le référendum a été négocié entre les gouvernements écossais et britannique, représentés respectivement
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par Alex Salmond, le First Minister écossais, et David Cameron, le Premier Ministre britannique, lors d’un
accord connu sous le nom d’Edinburgh Agreement (accord d’Edimbourg). Signé le 18 Septembre 2012,
celui-ci encadre, outre la question posée, la tenue du référendum, dont les modalités et l’organisation ont été
confiées à la commission électorale du Parlement écossais. Celle-ci a déterminé la formulation exacte de la
question. Si le gouvernement écossais a réussi à étendre la franchise électorale aux jeunes de 16 ans,
réputés plus enclins à soutenir l’indépendance, le gouvernement britannique a imposé que le référendum ne
contienne qu’une seule question sur l’indépendance, et non une deuxième portant sur l’approfondissement
de la dévolution, ce qui aurait donné un mandat aux indépendantistes en cas de réponse positive à cette
deuxième question pour négocier plus de pouvoirs.
En 2007, pour la première fois depuis 1999 et la réouverture du Parlement Ecossais, le SNP remporte les
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élections pour un siège (47 sur 129) devant le Labour (46) et forme un gouvernement minoritaire. Alex
Salmond devient le quatrième First Minister. En 2011, le SNP remporte cette fois la majorité absolue des
sièges (65), loin devant le Labour (38).
Le Parlement écossais est également appelé Holyrood Parliament, ou Parlement d’Holyrood, du nom du
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quartier qui abrite son siège, en bas de l’artère principale d’Edimbourg, le Royal Mile, et juste en face d’un
autre symbole de pouvoir, le Holyrood Palace, résidence officielle de la couronne britannique en Ecosse.
Salmond est considéré par la presse britannique comme l’un des meilleurs hommes politiques de Grande-
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Bretagne. Voir notamment, «#L’homme qui veut libérer l’Ecosse!», Le Monde.fr, 07.04.2012, disponible ici:
http://abonnes.lemonde.fr/archives/article/2012/04/07/l-homme-qui-veut-liberer-l-
ecosse_4325335_1819218.html
Pour une histoire du SNP, voir Mitchell et al. (2011) The Scottish National Party : Transition to Power.
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Oxford University Press, Oxford