sang, avec ce pain: « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel: si quelqu'un mange
de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le
monde ait la vie » (Jn 6, 51). Jésus se manifeste ainsi comme le pain de la vie, que le Père
éternel donne aux hommes.
Don gratuit de la Sainte Trinité
8. Dans l'Eucharistie se révèle le dessein d'amour qui guide toute l'histoire du salut (cf. Ep 1,
10; 3, 8-11). En elle, le Deus Trinitas, qui en lui-même est amour (cf. 1 Jn 4, 7-8), s'engage
pleinement avec notre condition humaine. Dans le pain et le vin, sous les apparences
desquelles le Christ se donne à nous à l'occasion du repas pascal (cf. Lc 22, 14-20; 1 Co 11,
23-26), c'est la vie divine tout entière qui nous rejoint et qui participe à nous sous la forme du
Sacrement. Dieu est communion parfaite d'amour entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Déjà
dans la création l'homme est appelé à partager d'une certaine manière le souffle vital de Dieu
(cf. Gn 2, 7). Mais c'est dans le Christ mort et ressuscité et dans l'effusion de l'Esprit Saint,
donné sans compter (cf. Jn 3, 34), que nous sommes rendus participants de l'intimité divine.16
Par conséquent, Jésus Christ, qui, « poussé par l'Esprit éternel, (...) s'est offert lui- même à
Dieu comme une victime sans tache » (He 9, 14), nous communique dans le don eucharistique
la vie divine elle-même. Il s'agit d'un don absolument gratuit, qui répond seulement aux
promesses de Dieu, accomplies au-delà de toute mesure. L'Église accueille, célèbre, adore ce
don dans une fidèle obéissance. Le « mystère de la foi » est mystère d'amour trinitaire, auquel
nous sommes appelés à participer par grâce. Nous devons par conséquent nous aussi nous
exclamer avec saint Augustin: « Si tu vois l'amour, tu vois la Trinité ».17
Eucharistie: Jésus véritable Agneau immolé
La nouvelle et éternelle alliance dans le sang de l'Agneau
9. La mission pour laquelle Jésus est venu parmi nous s'accomplit dans le Mystère pascal. Du
haut de la croix, d'où il attire à lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32), il dit, avant de « remettre
son Esprit »: « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Dans le mystère de son obéissance jusqu'à la
mort, et à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8), s'est accomplie la nouvelle et éternelle alliance. La
liberté de Dieu et la liberté de l'homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair
crucifiée en un pacte indissoluble, valable pour toujours. Même le péché de l'homme a été
expié une fois pour toutes par le Fils de Dieu (cf. He 7, 27; 1 Jn 2, 2; 4, 10). Comme j'ai déjà
eu l'occasion de l'affirmer, « dans sa mort sur la croix s'accomplit le retournement de Dieu
contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l'homme et le sauver – tel est l'amour
dans sa forme la plus radicale ».18 Dans le Mystère pascal s'est véritablement réalisée notre
libération du mal et de la mort. Au cours de l'institution de l'Eucharistie, Jésus lui-même avait
parlé de la « nouvelle et éternelle alliance » scellée dans son sang versé (cf. Mt 26, 28; Mc 14,
24; Lc 22, 20). Cette fin ultime de sa mission était déjà bien évidente au début de sa vie
publique. En effet, lorsque, sur les rives du Jourdain, Jean le Baptiste voit Jésus venir à lui, il
s'exclame: « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Il est
significatif que la même expression revienne, chaque fois que nous célébrons la Messe, dans
l'invitation faite par le prêtre à s'approcher de l'autel: « Heureux les invités au repas du
Seigneur! Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus est le véritable
agneau pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice pour nous, réalisant ainsi la
nouvelle et éternelle alliance. L'Eucharistie contient en elle cette nouveauté radicale, qui se
propose de nouveau à nous dans chaque célébration.19