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TD/413
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de la désillusion engendrée par les résultats de la libéralisation du commerce en termes de
développement, on a aussi souligné la nécessité de prêter davantage attention aux contraintes
pesant sur l’offre et aux capacités de production des pays en développement, dans le cadre de
l’Initiative dite Aide pour le commerce.
7. Il est intéressant de noter que, paradoxalement, ce regain d’intérêt pour le développement
ne s’est pas manifesté à un moment de crise économique, mais à un moment où l’économie
mondiale apportait de la croissance à beaucoup de pays en développement. Depuis la fin de la
légère récession du début des années 2000, due à l’éclatement de la bulle «dot.com» et aux
attentats terroristes du 11 septembre 2001, l’environnement économique mondial est
exceptionnellement favorable. En effet, les pays en développement, pris dans leur ensemble, ont
enregistré de très bons résultats durant les cinq années écoulées, affichant en moyenne une
croissance de 5 à 6 %. Jamais les pays n’ont été aussi nombreux à pouvoir profiter de ce contexte
favorable. Même les PMA et d’autres pays d’Afrique qui, dans le passé, ont connu une
croissance en dents de scie, progressent à un taux annuel moyen supérieur à 5 %, ce qui constitue
un progrès notable par rapport à la fin des années 90. Mais, tous les pays et tous les secteurs de la
population ne profitent pas de cette croissance, et c’est en partie ce qui explique ce paradoxe qui
fait coexister prospérité et contestation. La vieille question de la croissance dans l’équité a donc
refait surface dans un nouveau contexte, rendant encore plus urgente la nécessité de trouver des
moyens inédits de partager les bienfaits de la mondialisation d’une manière plus démocratique.
8. Il est un autre aspect de cette croissance: elle est liée à un changement fondamental
survenu dans la structure des échanges mondiaux. Alors qu’en 1996, le gros des courants
d’échanges et des flux d’investissement circulaient entre les pays développés, les pays du Sud
se contentant pour la plupart de fournir des matières premières en échange de produits
manufacturés, le tableau aujourd’hui a bien changé. Un certain nombre de grands pays en
développement, tels que la Chine et l’Inde, ont enregistré une croissance spectaculaire au cours
de la décennie écoulée, et sont devenus les moteurs de la croissance mondiale. Leur demande
d’importations a ouvert des perspectives en matière d’exportations aux pays développés comme
aux pays en développement. En conséquence, le commerce Sud-Sud se taille une part de plus en
plus grande dans l’économie mondiale et devient une véritable locomotive de la croissance.
Beaucoup de pays en développement, non contents d’exporter des marchandises, exportent de
plus en plus de produits manufacturés, de services à forte intensité de qualification et de
capitaux.
9. Une deuxième phase de la mondialisation est donc en train de s’amorcer. Elle se
caractérise en particulier par une multipolarité économique dans laquelle le Sud joue un rôle
important. Aujourd’hui, il est inconcevable de négocier le moindre accord économique
international sans que la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud soient présents à la table
des discussions. Le poids économique que certains pays en développement ont acquis ouvre des
perspectives intéressantes au reste du monde en développement. Il met aussi en lumière la
nécessité d’opter pour la diversité plutôt que pour l’uniformité dans le choix des politiques.
10. Mais il ne faut pas baisser la garde. Malgré les succès économiques des cinq dernières
années, plusieurs éléments appellent à la vigilance. L’expansion économique généralisée à
laquelle nous assistons aujourd’hui comporte des risques qu’il convient d’écarter par une gestion
économique attentive. L’un de ces risques tient à l’aggravation des déséquilibres des comptes
courants au niveau mondial. Si ces déséquilibres ne sont pas résorbés d’une manière ordonnée,