Chapitre 2.1.14. — Influenza aviaire
Manuel terrestre de l’OIE 2005 293
membranes chorio-allantoïdiennes à partir des œufs infectés dont les liquides allantoïdiens présentent une
activité hémagglutinante. Les membranes sont ensuite homogénéisées puis broyées finement. Cette préparation
est soumise à 3 cycles de congélation-décongélation, suivis d'une centrifugation à 1 000 g pendant 10 min. Le
culot est rejeté et le surnageant est utilisé comme antigène après un traitement au formol à 0,1 %.
L'utilisation de l’épreuve d’IDG pour démontrer la présence des antigènes de la nucléocapside et de la matrice est
un moyen satisfaisant pour révéler la présence de virus influenza aviaire dans les liquides amnio-allantoïdiens,
mais des méthodes immuno-enzymatiques (ELISA) sont maintenant également disponibles. Il existe un test
ELISA sensible qui démontre la présence de la nucléoprotéine de virus influenza de type A au moyen d'un
anticorps monoclonal dirigé contre la nucléoprotéine de type A (38, 40, 49). Il est disponible sous la forme d'une
trousse de diagnostic commercial.
Toute activité hémagglutinante de liquides stériles récoltés à partir d'œufs embryonnés est la plus
vraisemblablement imputable à un virus influenza A ou à un paramyxovirus aviaire (quelques souches de réovirus
aviaires ou des bactéries, si les liquides ne sont pas stériles, peuvent être hémagglutinants). Il existe 9 sérotypes
connus de paramyxovirus aviaires. La plupart des laboratoires disposent de sérums spécifiques pour le virus de
la maladie de Newcastle (paramyxovirus aviaire de type 1), et du fait de son occurrence répandue et de son
utilisation presque universelle comme vaccin vivant chez les volailles, il est préférable d'évaluer sa présence par
une épreuve d'inhibition de l'hémagglutination (IHA) (voir Chapitre 2.7.13., « Maladie de Newcastle »).
Alternativement, la présence de virus influenza peut être confirmée par l'utilisation de la transcription inverse
couplée à l’amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR) avec des amorces conservées spécifiques de la
nucléoprotéine ou de la protéine de matrice (2, 41). Aussi, la présence de virus influenza de sous-types H5 ou
H7 peut-elle être confirmée par l'utilisation d'amorces H5 ou H7 spécifiques (18, 37, 41, 60).
La méthode recommandée par le comité d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le
sous-typage antigénique de confirmation (61), implique l'utilisation d'antisérums très spécifiques préparés chez un
animal réagissant non spécifiquement de manière minimale (par exemple la chèvre) et dirigés contre les
sous-types H et N (36). Une technique alternative consiste à utiliser des sérums polyclonaux dirigés contre un
panel de virus d’influenza complets. Le sous-typage par cette technique est hors de portée de la plupart des
laboratoires de diagnostic non spécialisés en virus influenza. Une assistance est disponible auprès des
Laboratoires de référence de l’OIE (se reporter à la liste de la partie 3 de ce Manuel terrestre).
2. Évaluation du pouvoir pathogène
Le terme influenza aviaire hautement pathogène suppose l'implication de souches virales virulentes. Ce terme est
utilisé pour décrire une maladie du poulet avec des signes cliniques comme un larmoiement excessif, une
détresse respiratoire, de la sinusite, un œdème de la tête et de la face, de la cyanose sur les parties cutanées
non emplumées et de la diarrhée. Une mort brutale peut être le seul symptôme. Les symptômes peuvent varier
énormément en fonction de l'hôte, de l'âge de l'oiseau, de la présence d'autres microorganismes et des
conditions environnementales. De plus, des virus qui normalement ne causent que des symptômes cliniques
modérés ou inapparents, peuvent mimer de l'influenza aviaire hautement pathogène s'il existe des conditions
d'exacerbation de la maladie.
Lors du premier congrès international sur l'influenza aviaire qui a eu lieu en 1981 (4), il a été convenu
d'abandonner le terme « peste aviaire » et de définir les souches hautement pathogènes sur la base de leur
capacité à induire au moins 75 % de mortalité en 8 jours chez au moins 8 poulets sensibles âgés de 4 à
8 semaines inoculés par voie intramusculaire, intraveineuse ou dans le sac aérien caudal. Cependant, cette
définition s'est révélée non satisfaisante, lorsqu'elle a été appliquée aux virus responsables des foyers
disséminés qui sont apparus chez le poulet en 1983 en Pennsylvanie et dans les États voisins des États-Unis
d'Amérique (USA). Le problème résultait principalement de la présence d'un virus faiblement pathogène au
laboratoire, mais qui s'est révélé tout à fait virulent après une seule mutation ponctuelle. La prise en considération
de telles souches « potentiellement pathogènes » a été ultérieurement incluse dans la réflexion de plusieurs
groupes internationaux chargés d'élaborer une définition.
Les éventuelles recommandations qui ont été faites étaient basées sur le fait qu'à côté de l'existence de
nombreux isolats faiblement pathogènes de sous-types H5 et H7, jusqu'alors toutes les souches d'influenza
hautement pathogènes possédaient une hémagglutinine soit H5, soit H7. Une information supplémentaire
concernant le pouvoir pathogène ou le pouvoir pathogène potentiel des sous-types H5 et H7 peut être obtenue en
séquençant le génome, du fait de l’association de la virulence avec la présence d'acides aminés
basiques (arginine ou lysine) multiples au site de clivage de l'hémagglutinine. Par exemple, la plupart des virus de
sous-type H7 de faible virulence présentent les motifs en acides aminés suivants au niveau du site de clivage
HA0 : .soit – PEIPKGR*GLF – soit – PENPKGR*GLF – tandis que les motifs en acides aminés pour des virus H7
hautement pathogènes d'influenza aviaire sont par exemple : -PEIPKKKKR*GLF-, - PETPKRKRKR*GLF-, -
PEIPKKREKR*GLF- et -PETPKRRRR*GLF-.