290 Manuel terrestre de l’OIE 2005
CHAPITRE 2.1.14.
INFLUENZA AVIAIRE
RÉSUMÉ
L'influenza aviaire (IA) est causée par des virus bien identifiés, membres de la famille des
Orthomyxoviridae et placés dans le genre Influenzavirus A. Il existe 3 genres influenza : A, B et C ;
seuls les virus influenza A infectent les oiseaux. Le diagnostic se fait par isolement et
caractérisation du virus. En effet, l'infection chez les oiseaux peut induire un large panel de signes
cliniques qui peuvent varier selon l'hôte, la souche virale, le statut immunitaire de l'hôte,
l'exacerbation par tout agent secondaire et les conditions environnementales.
Identification de l'agent pathogène : des suspensions en solution additionnée d'antibiotiques
d'écouvillons trachéaux et cloacaux (ou de fèces) prélevés sur des oiseaux vivants, ou des
suspensions de fèces ou d'échantillons d'organes en mélange provenant d'oiseaux morts, sont
inoculés dans la cavité allantoïdienne d'œufs embryonnés de poule âgés de 9 à 11. Les œufs sont
incubés entre 35 et 37°C pendant 4 à 7 jours. L'activité hémagglutinante des liquides allantoïdiens
de tout œuf dont l'embryon vient de mourir ou est moribond, est testée au fur et à mesure, ainsi
que celle de tout œuf à la fin de la période d'incubation. La présence de virus influenza A peut être
confirmée par une épreuve d'immunodiffusion révélant la réaction d'un virus concentré avec un
antisérum dirigé contre les antigènes de la nucléocapside et la protéine de matrice virale, lesquels
sont tous deux communs à tous les virus influenza A. L'isolement sur œufs embryonnés vient d'être
récemment remplacé, sous certaines conditions, par la technique de la transcription inverse
couplée à l’amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR).
Pour sous-typer le virus, le laboratoire doit disposer d'antisérums monospécifiques préparés contre
les antigènes séparés de chacun des 16 sous-types d'hémagglutinines H1-H16 et des 9 sous-types
de neuraminidases des influenza virus A, qu'il peut utiliser par immunodiffusion. Alternativement,
les nouveaux isolats peuvent être analysés par des tests d'inhibition de l'hémagglutination et de la
neuraminidase, contre tout un panel d'antisérums polyclonaux vis-à-vis d'un large spectre de
souches couvrant tous les sous-types.
Etant donné que les termes influenza aviaire hautement pathogène et peste aviaire se réfèrent à
une infection par des souches virulentes de virus influenza A, il est nécessaire d'évaluer la
virulence d'un isolat pour les volailles domestiques. Tout isolat d'influenza aviaire hautement
pathogène est classé comme virus influenza soumis à déclaration (IAD). Bien que toutes
les souches virulentes isolées jusqu'à présent appartiennent soit à l'un ou l'autre sous-type H5 ou
H7, la plupart des isolats H5 ou H7 ont présenté une faible virulence. En raison du risque de
mutation des virus H5 ou H7 faiblement virulents en virus virulents après infection de volailles, tous
les virus H5 et H7 ont été également classés comme des virus IAD. Les méthodes utilisées pour
déterminer la virulence d'une souche pour les oiseaux, ont évolué ces dernières années, suite à
une meilleure compréhension du support moléculaire du pouvoir pathogène, mais elles impliquent
encore en première intention l'inoculation du virus infectieux à un minimum de 8 poulets sensibles
âgés de 4 à 8 semaines ; les souches sont considérées hautement pathogènes si elles provoquent
plus de 75 % de mortalité sous 10 jours ou si l’index du pouvoir pathogène par voie intraveineuse
(IPIV) est supérieur à 1,2. Il est recommandé de réaliser la caractérisation des souches virales
virulentes suspectes dans un laboratoire assurant la biosécurité adéquate. Tous les isolats virulents
IA sont identifiés comme des virus hautement pathogènes à déclaration obligatoire (IAHPD). Quelle
que soit leur virulence pour le poulet, les virus H5 ou H7 présentant un motif de clivage du fragment
HAo avec une séquence en acides aminés similaire à toute séquence déjà observée chez des virus
virulents, sont considérés comme des virus IAHPD. Les isolats H5 ou H7 qui ne sont pas
pathogènes pour le poulet et qui ne présentent pas un motif de clivage HAo avec une séquence
Chapitre 2.1.14. — Influenza aviaire
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similaire à celle de tout virus IAHPD, sont identifiés comme des virus faiblement pathogènes
soumis à déclaration (IAFPD) ; les isolats IA qui n'appartiennent pas aux sous-types H5 ou H7 et
ne sont pas hautement pathogènes pour le poulet, sont identifiés comme des virus d'influenza
aviaire de faible pouvoir pathogène (IAFP).
Épreuves sérologiques : comme tous les virus influenza A possèdent des antigènes similaires au
niveau de la nucléocapside et la protéine de matrice, les méthodes d'immunodiffusion en gélose
(IDG) sont utilisées pour détecter les anticorps qui leur sont spécifiques. Des préparations virales
concentrées contenant l'un et/ou l'autre type d'antigène, sont utilisées dans ces épreuves. Tous les
oiseaux ne développent pas des anticorps précipitants détectables. Les épreuves d'inhibition
d'hémagglutination ont été également employées dans le diagnostic sérologique de routine, mais il
est possible que cette technique puisse ne pas détecter certaines infections particulières car
l'hémagglutinine est spécifique d'un sous-type. Les méthodes immuno-enzymatiques (ELISA) ont
été utilisées pour détecter les anticorps spécifiques des influenza de type A.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
historiquement, dans la plupart des pays, les vaccins spécifiquement conçus pour contenir ou
prévenir l'influenza aviaire IAHPD ont été bannis ou déconseillés par les agences
gouvernementales, car ils pouvaient interférer avec les mesures de police sanitaire par abattage.
Au cours des années 1990, l'utilisation prophylactique de vaccins inactivés en émulsion huileuse a
été pratiquée au Mexique et au Pakistan pour maîtriser des foyers IAD largement disséminés, de
même que l'utilisation par le Mexique, le Salvador et le Guatemala d'un vaccin recombinant fowlpox
exprimant le gène HA homologue. Au cours des foyers IAFPD survenus en 1999-2001 en Italie, un
vaccin inactivé présentant une hémagglutinine identique au virus sauvage, mais avec une
neuraminidase différente a été utilisé. Ceci a permis de différentier les oiseaux vaccinés des
oiseaux infectés par le virus sauvage et a abouti à l'éradication du virus sauvage. L'utilisation de
vaccins H5 et H7, à des fins de prévention des infections IAFPD, a été mise en œuvre dans
certaines zones d'Italie et plusieurs pays d'Asie du Sud-Est recourent à la vaccination comme une
aide pour contrôler les infections H5N1 HP.
Si des virus IAHPD sont utilisés dans la production de vaccins ou lors d'épreuves expérimentales,
les locaux devront répondre aux exigences OIE de confinement de pathogènes de groupe 4.
A. INTRODUCTION
L'influenza aviaire soumise à déclaration (IAD) résulte d'une infection par des virus de la famille des
Orthomyxoviridae classés dans le genre Influenzavirus A. Les virus influenza A sont les seuls orthomyxovirus
connus pour affecter les oiseaux. Beaucoup d'espèces d'oiseaux se sont montrées réceptives à l'infection par les
virus influenza A ; les oiseaux aquatiques constituent un réservoir majeur de ces virus, mais la très grande
majorité des isolats se sont révélés faiblement pathogènes pour le poulet et la dinde, qui sont les principales
espèces d'importance économique à être affectées. Les influenza virus A présentent des communautés
antigéniques au niveau de leur nucléocapside et de leur protéine de matrice, mais sont classés en sous-types sur
la base des antigènes de l'hémagglutinine (H) et de la neuraminidase (N) (61). Actuellement, 16 sous-types
H (H1-H16) et 9 sous-types N (N1-N9) sont reconnus. À ce jour, les virus influenza A hautement pathogènes qui
induisent des signes cliniques aigus chez le poulet et la dinde, ont été associés avec les seuls sous-types H5 et
H7 (avec l'exception de 2 sous-types H10 qui auraient aussi rempli la définition précitée pour les IAHPD, bien que
les raisons de cette situation ne soient pas claires). Beaucoup de virus de sous-types H5 et H7 isolés d'oiseaux
ont montré jusqu'à présent une faible virulence pour les volailles (1). En raison du risque pour un virus H5 ou
H7 de faible virulence de devenir pathogène après mutation, tous les virus H5 et H7 ont été identifiés comme des
IAD (62).
En fonction de l'âge, du type d'oiseau et de facteurs liés à l'environnement, la maladie sous sa forme hautement
pathogène peut varier depuis une mort brutale avec peu ou pas de signes cliniques manifestes, jusqu'à une
expression plus caractéristique avec symptômes respiratoires, larmoiement excessif, sinusite, œdème de la tête,
cyanose de la peau au niveau des parties non emplumées et diarrhée. Cependant, aucun de ces signes ne peut
être considéré comme pathognomonique. Le diagnostic de la maladie repose par conséquent sur l'isolement du
virus et la démonstration qu'il remplit un des critères définis dans la section B2. L'analyse de sérums provenant
d'oiseaux suspects par des techniques de détection des anticorps peut constituer un moyen supplémentaire de
diagnostic, mais ces méthodes ne sont pas adaptées pour une identification détaillée. À des fins de contrôle
officiel, le diagnostic repose sur le sous-type d'hémagglutinine et la virulence. Celle-ci est évaluée selon des
critères reconnus et officiels basés sur des tests in vivo ou des tests moléculaires ciblant des marqueurs (par
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exemple la présence d'acides aminés basiques multiples au site de clivage du précurseur HA0 de
l'hémagglutinine). Ces définitions évoluent en même temps que la connaissance scientifique progresse.
L'IAHPD et le IAD sont soumis à un contrôle officiel et il y a un haut risque de dissémination du virus à partir de
laboratoires ; en conséquence, il est recommandé de conduire une analyse de risque pour déterminer le niveau
de biosécurité requis pour le diagnostic et la caractérisation du virus. Les locaux devront satisfaire aux exigences
de niveau de confinement approprié, résultant de l'analyse de risque ; comme souligné dans l'annexe I.1.6.1. du
Chapitre I.1.6., « La biosécurité au laboratoire de microbiologie vétérinaire », du Manuel terrestre. Les pays qui
ne disposent pas de l'accès à un tel laboratoire spécialisé, qu'il soit national ou régional, sont invités à adresser
leurs échantillons à un Laboratoire de référence de l’OIE.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
1. Identification de l'agent pathogène
Il est recommandé que les échantillons prélevés sur des oiseaux morts soient constitués de contenu intestinal
(fèces) ou d'écouvillons cloacaux et d'écouvillons oro-pharyngés. Des échantillons de trachée, poumons, sacs
aériens, intestin, rate, rein, cerveau, foie, cœur peuvent être aussi prélevés et traités soit séparément, soit en
mélange.
Les échantillons prélevés sur oiseaux vivants devraient comporter à la fois des écouvillons trachéaux et cloacaux,
bien que la charge virale de ces derniers soit probablement la plus élevée. Pour des oiseaux fragiles de petite
taille, qui pourraient être blessés par l'écouvillonnage, la récolte de fèces fraîches peut constituer une alternative
appropriée. Pour optimiser les chances de succès de l'isolement viral, il est recommandé qu'au moins 1 g de
fèces soit traité, qu'elles aient été récoltées directement ou déposées sur un écouvillon.
Il est conseillé de placer les échantillons dans une solution physiologique tamponnée au phosphate (PBS)
isotonique de pH 7,0 à 7,4, contenant des antibiotiques. Ceux-ci peuvent varier en fonction des conditions
locales, à titre d'exemple de la pénicilline (2 000 unités/ml), streptomycine (2 mg/ml), gentamycine (50 µg/ml) et
mycostatine (1 000 unités/ml) peuvent être employés pour les tissus et les écouvillons trachéaux, mais ces
concentrations doivent être multipliées par 5 pour les fèces et les écouvillons cloacaux. Il est important de
réajuster le pH de la solution au pH de 7,0 à 7,4 après addition des antibiotiques. Il est conseillé de préparer des
suspensions à 10–20 % (poids/volume) en solution antibiotique des fientes et tissus finement hachés. Il est
également recommandé qu'à l'issue d'une période d'incubation de 1 à 2 h à température ambiante,
ces suspensions soient immédiatement analysées. Si ce n'est pas possible, les échantillons peuvent être
stockés à 4°C jusqu'à 4 jours. En cas de stockage prolongé, les échantillons et les isolats devraient être
conservés à –80°C.
La méthode de choix pour multiplier les virus influenza aviaire A consiste en l'inoculation d'œufs embryonnés de
poule exempts d'agents pathogènes spécifiés (EAPS), ou indemnes d'anticorps spécifiques (SAN pour Specific
Antibody Negative). Les surnageants des suspensions de fèces ou de tissus résultant de la clarification après
centrifugation à 1 000 g, sont inoculés dans la cavité allantoïdienne d'au moins 5 œufs embryonnés de poule
EAPS ou SAN de 9 à 11 jours d'incubation. Les œufs sont incubés entre 35 et 37°C pendant 4 à 7 jours. Il est
conseillé au fur et à mesure de la mortalité embryonnaire, puis pour les embryons survivant jusqu'à la fin de la
période d'incubation, que tous les œufs correspondants soient d'abord refroidis à 4°C et que l'activité
hémagglutinante des liquides allantoïdiens soit testée (voir section B.3.b). La détection d'une activité
hémagglutinante (HA) indique une forte probabilité de présence de virus influenza A ou de Paramyxovirus aviaire.
Il est recommandé de faire un nouveau passage des liquides allantoïdiens qui se révèlent négatifs par inoculation
à une nouvelle série d'œufs.
La présence de virus influenza A peut être confirmée par des épreuves d'immunodiffusion en gélose (IDG) en
démontrant la présence des antigènes de nucléocapside et de matrice, lesquels sont communs à tous les
Influenzavirus A (voir section B.3.a). Les antigènes peuvent être préparés en concentrant les virus contenus dans
les liquides allantoïdiens ou en extrayant les membranes chorio-allantoïdiennes infectées ; ceux-ci sont testés
vis-à-vis d'antisérums positifs. À partir des liquides allantoïdiens, les virus peuvent être concentrés par
ultracentrifugation ou par précipitation en condition acide. Cette dernière méthode consiste en l'addition de HCl
1,0 M au liquide allantoïdien infecté, jusqu'à ce qu'il atteigne un pH d'environ 4,0. Le mélange est alors placé
dans un bain de glace pendant 1 h, puis clarifié par centrifugation à 1 000 g à 4°C. Le surnageant est rejeté. Les
virus concentrés sont repris dans un tampon glycine/sarkosyl consistant en une solution à 1 % (poids/volume) de
lauroyl/sarcosinate de sodium tamponnée à pH 9,0 avec de la glycine 0,5 M. Ces concentrés contiennent à la fois
les polypeptides de la nucléocapside et de la matrice.
Des préparations riches en nucléocapside peuvent être aussi obtenues à partir des membranes
chorio-allantoïdiennes pour être utilisées dans l’épreuve d’IDG (6). Cette méthode implique la collecte des
Chapitre 2.1.14. — Influenza aviaire
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membranes chorio-allantoïdiennes à partir des œufs infectés dont les liquides allantoïdiens présentent une
activité hémagglutinante. Les membranes sont ensuite homogénéisées puis broyées finement. Cette préparation
est soumise à 3 cycles de congélation-décongélation, suivis d'une centrifugation à 1 000 g pendant 10 min. Le
culot est rejeté et le surnageant est utilisé comme antigène après un traitement au formol à 0,1 %.
L'utilisation de l’épreuve d’IDG pour démontrer la présence des antigènes de la nucléocapside et de la matrice est
un moyen satisfaisant pour révéler la présence de virus influenza aviaire dans les liquides amnio-allantoïdiens,
mais des méthodes immuno-enzymatiques (ELISA) sont maintenant également disponibles. Il existe un test
ELISA sensible qui démontre la présence de la nucléoprotéine de virus influenza de type A au moyen d'un
anticorps monoclonal dirigé contre la nucléoprotéine de type A (38, 40, 49). Il est disponible sous la forme d'une
trousse de diagnostic commercial.
Toute activité hémagglutinante de liquides stériles récoltés à partir d'œufs embryonnés est la plus
vraisemblablement imputable à un virus influenza A ou à un paramyxovirus aviaire (quelques souches de réovirus
aviaires ou des bactéries, si les liquides ne sont pas stériles, peuvent être hémagglutinants). Il existe 9 sérotypes
connus de paramyxovirus aviaires. La plupart des laboratoires disposent de sérums spécifiques pour le virus de
la maladie de Newcastle (paramyxovirus aviaire de type 1), et du fait de son occurrence répandue et de son
utilisation presque universelle comme vaccin vivant chez les volailles, il est préférable d'évaluer sa présence par
une épreuve d'inhibition de l'hémagglutination (IHA) (voir Chapitre 2.7.13., « Maladie de Newcastle »).
Alternativement, la présence de virus influenza peut être confirmée par l'utilisation de la transcription inverse
couplée à l’amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR) avec des amorces conservées spécifiques de la
nucléoprotéine ou de la protéine de matrice (2, 41). Aussi, la présence de virus influenza de sous-types H5 ou
H7 peut-elle être confirmée par l'utilisation d'amorces H5 ou H7 spécifiques (18, 37, 41, 60).
La méthode recommandée par le comité d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le
sous-typage antigénique de confirmation (61), implique l'utilisation d'antisérums très spécifiques préparés chez un
animal réagissant non spécifiquement de manière minimale (par exemple la chèvre) et dirigés contre les
sous-types H et N (36). Une technique alternative consiste à utiliser des sérums polyclonaux dirigés contre un
panel de virus d’influenza complets. Le sous-typage par cette technique est hors de portée de la plupart des
laboratoires de diagnostic non spécialisés en virus influenza. Une assistance est disponible auprès des
Laboratoires de référence de l’OIE (se reporter à la liste de la partie 3 de ce Manuel terrestre).
2. Évaluation du pouvoir pathogène
Le terme influenza aviaire hautement pathogène suppose l'implication de souches virales virulentes. Ce terme est
utilisé pour décrire une maladie du poulet avec des signes cliniques comme un larmoiement excessif, une
détresse respiratoire, de la sinusite, un œdème de la tête et de la face, de la cyanose sur les parties cutanées
non emplumées et de la diarrhée. Une mort brutale peut être le seul symptôme. Les symptômes peuvent varier
énormément en fonction de l'hôte, de l'âge de l'oiseau, de la présence d'autres microorganismes et des
conditions environnementales. De plus, des virus qui normalement ne causent que des symptômes cliniques
modérés ou inapparents, peuvent mimer de l'influenza aviaire hautement pathogène s'il existe des conditions
d'exacerbation de la maladie.
Lors du premier congrès international sur l'influenza aviaire qui a eu lieu en 1981 (4), il a été convenu
d'abandonner le terme « peste aviaire » et de définir les souches hautement pathogènes sur la base de leur
capacité à induire au moins 75 % de mortalité en 8 jours chez au moins 8 poulets sensibles âgés de 4 à
8 semaines inoculés par voie intramusculaire, intraveineuse ou dans le sac aérien caudal. Cependant, cette
définition s'est révélée non satisfaisante, lorsqu'elle a été appliquée aux virus responsables des foyers
disséminés qui sont apparus chez le poulet en 1983 en Pennsylvanie et dans les États voisins des États-Unis
d'Amérique (USA). Le problème résultait principalement de la présence d'un virus faiblement pathogène au
laboratoire, mais qui s'est révélé tout à fait virulent après une seule mutation ponctuelle. La prise en considération
de telles souches « potentiellement pathogènes » a été ultérieurement incluse dans la réflexion de plusieurs
groupes internationaux chargés d'élaborer une définition.
Les éventuelles recommandations qui ont été faites étaient basées sur le fait qu'à côté de l'existence de
nombreux isolats faiblement pathogènes de sous-types H5 et H7, jusqu'alors toutes les souches d'influenza
hautement pathogènes possédaient une hémagglutinine soit H5, soit H7. Une information supplémentaire
concernant le pouvoir pathogène ou le pouvoir pathogène potentiel des sous-types H5 et H7 peut être obtenue en
séquençant le génome, du fait de l’association de la virulence avec la présence d'acides aminés
basiques (arginine ou lysine) multiples au site de clivage de l'hémagglutinine. Par exemple, la plupart des virus de
sous-type H7 de faible virulence présentent les motifs en acides aminés suivants au niveau du site de clivage
HA0 : .soit – PEIPKGR*GLF – soit – PENPKGR*GLF – tandis que les motifs en acides aminés pour des virus H7
hautement pathogènes d'influenza aviaire sont par exemple : -PEIPKKKKR*GLF-, - PETPKRKRKR*GLF-, -
PEIPKKREKR*GLF- et -PETPKRRRR*GLF-.
Chapitre 2.1.14. — Influenza aviaire
294 Manuel terrestre de l’OIE 2005
Le séquençage des acides aminés des sites de clivage des isolats d'influenza de sous-types H5 et H7 de faible
virulence pour les oiseaux, devrait permettre d'identifier des virus, qui, comme les virus de Pennsylvanie, ont la
capacité, suite à une simple mutation, de devenir hautement pathogènes pour les volailles. Pour classer les virus
d'influenza aviaire comme hautement pathogènes, l'OIE a adopté en 1992 des critères reposant sur le pouvoir
pathogène pour le poulet, la multiplication en culture cellulaire et la séquence en acides aminés au niveau du
peptide de jonction (33). L'Union européenne a adopté des critères similaires en 1992 (14).
Les critères ci-après, qui correspondent à une modification de la procédure OIE précédente, ont été adoptés par
l'OIE pour classer un virus d'influenza aviaire comme IAHPD :
a) Une des 2 méthodes suivantes visant à déterminer le pouvoir pathogène pour le poulet est utilisée. Un virus
IAHPD est :
i) tout virus influenza qui est létal1 pour 6, 7 ou 8 poulets sensibles dans les 10 jours consécutifs à une
inoculation par voie intraveineuse de 0,2 ml d'une dilution stérile de liquide allantoïdien infectieux.
ou
ii) tout virus dont l’index de pouvoir pathogène par voie intraveineuse (IPIV) est supérieur à 1,2. La
procédure pour le test IPIV est la suivante :
un liquide allantoïdien frais avec un titre HA > 1/16 (> 24 ou > log2 4 quand exprimé comme
l'inverse de la dilution) est dilué au 1/10 dans une solution saline stérile isotonique ;
0,1 ml du virus dilué est injecté par voie intraveineuse dans chacun des 10 poulets EAPS ou SAN
âgés de 6 semaines ;
les oiseaux sont examinés à 24 h d'intervalle pendant 10 jours. À chaque observation, chaque
oiseau est affecté d'un score de 0 s'il est normal, 1 s'il est malade, 2 s'il est sévèrement atteint,
3 s'il est mort. (L'appréciation de « malade » ou « sévèrement malade » repose sur une
observation clinique subjective. En principe, des oiseaux « malades » présenteront un des signes
mentionnés ci-après alors que des oiseaux « vèrement malades » présentent plus d'un des
signes suivants : manifestation respiratoire, dépression, diarrhée, cyanose des parties cutanées
exposées ou des barbillons, œdème de la face et/ou de la tête, signes nerveux. Les individus
morts doivent être affectés du score de 3 à chacun des jours d'observation restants après la
mort2) ;
l'index du pouvoir pathogène par voie intraveineuse (IPIV) est la moyenne des scores par oiseau
par observation sur la période des 10 jours. Un index de 3,00 signifie que tous les oiseaux sont
morts en 24 h et un index de 0,00 signifie qu'aucun oiseau n'a présenté de symptômes pendant la
période des 10 jours d'observation.
b) Pour tous les virus H5 et H7 de faible virulence chez le poulet, la séquence en acides aminés du peptide de
jonction de l'hémagglutinine doit être déterminée. Si la séquence est similaire à celle observée pour les
isolats IAHP, l'isolat en cours d'analyse sera considéré hautement pathogène.
L'OIE a le système de classification suivant pour identifier les virus soumis à déclaration et à mesures de gestion
(62) :
a) tous les isolats IA qui répondent aux critères précités sont identifiés comme virus influenza aviaire
hautement pathogènes soumis à déclaration (IAHP).
b) les isolats H5 et H7 qui ne sont pas virulents pour le poulet et qui ne présentent pas au niveau de leur site
de clivage HAo une séquence en acides aminés similaire à l'une de celles observées dans des virus IAHP
sont identifiés comme virus influenza aviaire faiblement pathogènes soumis à déclaration (IAFPD).
c) les isolats IA non virulents pour le poulet, de sous-types ni H5 ni H7, sont identifiés comme virus influenza
aviaire faiblement pathogènes (IAFP).
Une variété de stratégies et de techniques ont été utilisées avec succès pour séquencer les nucléotides situés à
la portion du gène HA codant le site de clivage de l'hémagglutinine des sous-types H5 et H7 de l'influenza aviaire,
ce qui permet de déduire les acides aminés à ce niveau. La méthode utilisée la plus communément a été la
RT-PCR utilisant des amorces d'oligo-nucléotides complémentaires des régions du gène situées de part et
1 Quand les oiseaux sont trop malades pour manger ou boire, il est recommandé de les tuer sans souffrances.
2 Quand les oiseaux sont trop malades pour manger ou boire, il est recommandé de les tuer sans souffrances et de les
comptabiliser comme mort à l’observation suivante.
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